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Le chemin de la rédemption
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Charlotte Beauchamp

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Charlotte Beauchamp
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Mer 20 Mar - 17:40
Rappel du premier message :




  • Type de RP: normal
  • Date du RP : 25/04/66  
  • Participants : Shappa & Charlotte
  • Trigger warning : mort, violence, sang, agression sexuelle possible
  • Résumé : Charlotte accompagne un convoi de bêtes jusqu'à Bodie et va essuyer une attaque de natifs.

Shappa

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Ven 13 Sep - 23:17
C'était comme si le silence s'était matérialisé entre eux, comme une troisième personne. Shappa fumait son tabac et observait Epi de blé s'activer à la réalisation du diner, comme les femmes sur son camps. Il n'était pas dupe et savait qu'elle avait accepté de s'y plier uniquement pour pouvoir manger aussi. Pour les blancs, les natifs étaient considérés comme de stupides animaux, à tort. Elle le détestait, le miwok le sentait dans son ton même si ses paroles n'avaient aucun sens pour lui, dans ses gestes, son attitude.
Sa captive aux cheveux d'or dépeça ses lièvres d'une brillante technique qui l'amusa. Il sourit à la regarder faire et se disait qu'en plus de s'habiller comme un homme, elle était dotée d'une polyvalence que toutes les femmes ne possédaient pas, chez son peuple.
La lame plantée dans la terre sonna une pause qu'elle s'accorda d'elle-même. Shappa la regarda faire sans broncher ni bouger d'un cil. Les marques sur le dos d'Epi de blé le rendait curieux mais il n'avait pas la capacité de lui demander d'où elles venaient ni de comprendre une potentielle réponse si jamais il parvenait à se faire comprendre. Sa mère, cette sorcière aux dons particuliers, avait toujours dit que les envahisseurs étaient des ennemis mais qu'en apprendre sur eux, sur leur intimité, leur façon de voir la vie et les membres de leur famille, était importante pour les combattre. Powaqa n'avait jamais désiré se mêler à eux de la sorte mais ce n'était pas ce qu'avait voulu dire Pamuya. Les tolowas, eux, avaient bien plus côtoyé les blancs. Ils savaient indubitablement des choses qu'eux ignoraient.
- Tu as du sang sur le visage, disait Shappa en pointant la femme du menton. Mais même comme ça on ne pourra pas te confondre avec l'une des nôtres, avait-il rajouté dans un rire presque insolent, tes cheveux ont la couleur du soleil. Il avait fini son herbe et se détendait maintenant contre le tronc, les bras levés au dessus de sa tête, qui entouraient l'arbre. Ses muscles étaient tendus, ils reflétaient la bataille spirituelle qui défiait sa raison. Il ignorait ce qui se passerait si quelqu'un de sa tribu le voyait partager un repas avec une blanche non ligotée. Loya lui ferait peut-être des remontrances, Ninovane le tuerait sans l'ombre d'un doute, Talinka le pardonnerait à coup sûr...

Les galets étaient bien chauds et offraient une délicieuse odeur aux narines, lorsque Shappa décida de se rasseoir. Le corps frissonnant de froid n'avait pas échappé à Shappa, les tétons d'Epi de blé s'étaient durci par la fraîcheur environnante. Lui avait l'habitude des deux extrêmes de températures mais elle paraissait peiner pour ne pas grelotter. Mais aussi, pourquoi gardait-elle un pantalon trempé qui ne la réchauffait même pas un peu ? Nue, elle aurait déjà plus chaud qu'ainsi.

- Wagmiza... C'est quoi ?
Il ne répondit pas tout de suite. Shappa détaillait la natte qui longeait son buste. Elle s'était recroquevillée sur elle-même, empêchant la continuité de sa contemplation. C'était frustrant.
Comme elle avait relevé son regard vers lui, il fit de même. Dans la position où elle se trouvait, s'il avait été naïf, il aurait pensé à une capitulation. Mais elle était pour l'instant fatiguée de lutter, la faim ayant raison de ce calme. Lui avait déjà été capturé par des ennemis, tout comme il en avait déjà capturé aussi, le guerrier savait exactement comment tout se passait. avant le désespoir et la résignation finale, il y avait tout un processus commun à l'homme et son désir de garder la liberté, la vie.
- Wagmiza, répéta-t-il en pointant du doigt sa captive. Epi de blé est Wagmiza. Wagmiza est Epi de blé. Il sortit la mèche blonde précédemment coupée et la montra en disant : Epi de blé. C'était de là que lui venait son nom et sous lequel elle serait connue de lui, son peuple.

Puis il se leva pour rejoindre son cheval qui broutait plus loin et prit sa peau de bête. En se rasseyant il mit la fourrure sur ses épaules, la chaleur l'enveloppant instantanément. Il eut un soupir de bien-être sans la lâcher de ses yeux sombres. Si elle voulait en profiter, elle devrait venir. Shappa la testait et il savait qu'elle échouerait. Tous, échouaient. Elle avait ce regard braqué sur lui, forçant le miwok à se demander quelles idées lui traversaient l'esprit. S'ils pouvaient communiquer, qu'aurait-il aimé pouvoir lui dire ?
Il l'ignorait, mais la question lui sembla intéressante, ne serait-ce que pour lui-même.

Trop pressé de manger et affamé, il prit un morceau de viande qui n'avait pas achevé sa cuisson sur le galet et mordait dedans. Cela lui brûla la langue et il s'énerva encore, avant de finir de mâcher. La faim le tenaillant, le natif ne cherchait pas à apprécier la nourriture, mais juste à remplir son estomac.


Le chemin de la rédemption - Page 3 F3cp

Charlotte Beauchamp

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Sam 14 Sep - 15:05
Dans un premier temps, seul le silence répondit à sa question. Elle avait ignoré le rire qui avait secoué le sauvage tandis qu'elle s'était dirigée à la rivière pour se laver les mains, lui adressant seulement un regard condescendant. À présent qu'elle était recroquevillée sur elle-même, dans cette atmosphère plus intime et à la fois effrayante, elle repensait à ce rire et à ce sourire qu'il avait eu.
En réalité, elle avait été surprise de voir qu'il était capable de le faire tout simplement.
Son rire lui avait semblé moqueur mais le sourire qu'il avait affiché avait quelque peu ébranlé sa conviction de persister à le voir comme un monstre. C'était d'autant plus perturbant de fait, d'envisager qu'un humain puisse lui faire subir tout ça. Elle aurait préféré qu'il soit réellement un monstre.
Mais les monstres ne laissaient pas manger leurs proies, les monstres ne tenaient pas leur prisonnière sans lien et ne leur donnaient pas de couteau.
Cette ambivalence dans son attitude la plongeait dans l'incompréhension, la frustration et la colère. Reverrait-elle les siens un jour ? Qu'allait-il faire d'elle ? S'il avait voulu la tuer, il l'aurait déjà fait plutôt que de s'embarrasser d'elle.
Elle le regardait toujours, ses yeux posant les questions muettes auxquelles elle pensait.
Lui aussi avait son regard fixé sur elle et enfin, il la pointa du doigt en répétant "Wagmiza".
Epi de blé est Wagmiza. Wagmiza est Epi de blé.
Il sortit sa mèche de cheveux en répétant les mots. Alors quoi, Wagmiza était le mot de sa langue pour désigner du blé ?
Elle soupira en resserrant son étreinte sur elle-même pour se réchauffer, presque déçue qu'il la compare à un brin de blé, juste à cause de la couleur de ses cheveux.
Comme il se levait, elle se crispa davantage, inquiète qu'il puisse venir à nouveau lui imposer une proximité. Il n'en fut rien et elle fut soulagée de le voir se diriger vers son cheval. Les deux montures broutaient non loin.
Son soulagement ne fut que de courte durée, lorsqu'elle le vit revenir avec une lourde peau de bête qu'il fit glisser sur ses épaules avant de se rasseoir contre son arbre, sans la quitter des yeux. Le soupir de contentement qu'il lâcha alors fit voir rouge à Charlotte.
Quel sale petit enfoiré songea-t-elle.
La colère se mélangeait à son dédain. Il voyait bien qu'elle grelottait, elle était à moitié nue bon sang, par sa faute !
Et il osait la narguer comme ça ? À s'emmitoufler bien au chaud.
Son sang ne fit qu'un tour et comme il venait de se brûler en voulant manger, elle releva le menton et afficha un petit sourire narquois.
Armée du couteau qu'elle reprit en main, elle retourna les morceaux de viande restant pour achever la cuisson sur la pierre. Elle en profita pour écarter autant que possible les doigts et ses paumes vers les flammes pour se réchauffer un peu. En vain.
C'était peut-être la fièvre qui la rattrapait, la fatigue, la faim, ses nerfs à vif, allez savoir, mais le froid ne la quittait pas. Il s'agrippait à sa peau, à tout son être comme un oiseau de mauvais augure. Charlotte savait qu'il y aurait des conséquences à tout ce que son corps subissait depuis l'attaque. Mais elle en avait vu d'autres, son corps s'en remettrait.
Du bout de la lame, elle récupéra un morceau de viande, sur lequel elle souffla longuement avant de le glisser dans sa bouche, jetant sur lui un regard qui en disait long sur sa capacité à manger comme une personne civilisée.
Le goût de la viande était exquis, la chaleur la revigora instantanément. Elle savoura le jus et la texture du lièvre tandis qu'elle le mâchonnait lentement, les yeux clos.
Elle savait bien qu'en réalité, ce plat était d'une simplicité de goût déconcertante mais dans l'état où elle se trouvait, c'était un mets de roi.

Deux morceaux plus tard, elle reposa le couteau et soupira de contentement en glissant chaque bout de ses doigts dans sa bouche pour en sucer les derniers sucs. Dans le même temps, elle venait d'avoir une idée qui lui permettrait peut-être de se réchauffer. Aussi, elle se leva, essuya ses doigts sur son pantalon toujours humide, puis se dirigea vers le peau rouge avant de bifurquer vers son cheval à elle.
Là, elle tendit la main vers l'animal et attendit qu'il vienne la renifler de ses naseaux largement ouverts. La reconnaissait-il ? Elle lui gratouilla le chanfrein avant de caresser sa ganache puis sa joue. Alors, elle s'avança encore sur le côté de son encolure et l'enlaça en se collant le plus possible contre son épaule, la joue posée sur la fourrure de l'animal. Elle ferma les yeux, sentant déjà la chaleur de l'animal se diffuser sur son être, la faisant frissonner de plus belle.
Cette proximité soudaine avec un élément familier et réconfortant lui tira les larmes et elle se mit à pleurer en silence contre l'animal.
Elle ne pourrait pas dormir debout mais elle pouvait peut-être se réchauffer suffisamment pour survivre à cette nuit menaçante. Rapidement cependant, elle essuya ses larmes du revers de la main parce qu'elle ne voulait pas qu'il voit cette faiblesse, elle avait peur qu'il en profite.
Elle se força à se montrer forte, se répétant intérieurement qu'il y avait bien pire, c'est à ce moment-là qu'elle remarqua la trace sur sa main. Elle frotta son visage à nouveau et chercha à comprendre d'où cela pouvait bien venir. En vain. Après tout, elle n'était plus à ça près.





Shappa

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Jeu 19 Sep - 0:04
Ils avaient mangé dans le silence, l'un et l'autre obnubilé par ses propres parts. Shappa mangea une quantité correcte de viande et s'arrêta avant de se sentir rassasié. Il n'aimait pas le sentiment d'être plein, préférant l'état juste avant cette étape où la gourmandise prenait le dessus et réduisait ses capacités. Le natif jetait parfois un coup d'œil à sa captive qui plantait son couteau dans sa viande, elle-même lui jetant des regards lourds de sens. Cette femme blanche avait un regard très expressif et Shappa n'avait aucun mal à lire en elle, la haine, la peur, l'incertitude. Que lisait-elle, en lui ? Il se posa cette question en souhaitant réellement connaître la réponse, mais comment la formuler ? De tous les étrangers rencontrés, le guerrier savait comment ceux-ci les voyaient. Comme des bêtes, des sauvages, des monstres qui n'ont pas été créé par leur Dieu sur la croix mais par un démon et ils étaient à leur image. Qui détenait la vérité ? Son peuple, ou celui de Wagmiza ? Ce devait être le sien. Cela ne pouvait en être autrement. Alors pourquoi les esprits les mettaient-ils autant à l'épreuve ?

Son attention se concentra sur Epi de blé quand elle se leva.
Il fronça des sourcils et suivit la trajectoire de la femme jusqu'au cheval. Elle se colla à l'animal, le caressant là où il appréciait. Shappa pouvait comprendre ce besoin de contact, lui aussi appréciait leur compagnie. Il ne se doutait pas qu'il s'agissait d'un énième geste de survie de sa captive, pour lui, il n'y avait pas mort d'homme. Si elle avait faim, elle pouvait manger. Si elle avait froid, elle pouvait se réchauffer. Wagmiza n'avait-elle pas encore compris que s'il souhaitait la tuer, son corps froid serait déjà recouvert par le désert ?
Agacé, le guerrier se leva à son tour, sa fourrure tombant de ses épaules. Il marcha d'un pas déterminé vers Epi de blé pour lui saisir le poignet qui caressait la bête, la fixant comme on fixait un enfant qu'on s'apprêtait à gronder. C'était en vérité pour lui, une raison qu'il avait trouvée de la malmener, car elle n'avait pas céder à lui supplier une place sous la grande fourrure. Son orgueil fut durement touché et mêlé à son impulsivité, Shappa ne l'acceptait pas. Pourtant une part de lui était impressionné qu'un bout de femme à la peau claire, puisse faire preuve d'autant de volonté et d'orgueil, aussi.
- On ne touche pas le cheval d'un guerrier sans le lui avoir demandé, grognait le miwok dans sa langue. Il était énervé qu'elle ne comprenne rien, aussi énervé que lui-même qui ne la comprenait pas. Un guerrier de sa tribu nommé Meturato parlait mieux la langue des blancs, il l'avait apprise pour les comprendre eux et leur volonté de les nuire. C'était intelligent et Shappa hésitait de plus en plus à se perfectionner, pour ne pas être pris de court, pour ne pas se laisser avoir par des messes basses.

Dans sa main, Epi de blé avait la peau glacée. Si elle ne mourrait pas de froid cette nuit, la maladie finirait par l'emporter. Shappa avait vu beaucoup des siens mourir lors des longs hivers, de maladies qui les laissaient inertes au lit, fiévreux et hallucinant. Tant que son totem n'était pas plus clair dans ce qu'il cherchait à faire comprendre au miwok, il n'allait pas laisser Wagmiza s'endormir pour l'éternité. Suivre les voies du Cerf étaient si faciles que nager à contrecourant de sa vraie nature, celui du guerrier qu'il s'était forgé. Faire semblant tant d'années lui avait endurci le coeur jusqu'à se convaincre soi-même qu'il était réellement, comme ça.

- Viens ! ordonna-t-il d'une voix grave et puissante. Il tira Epi de blé vers le feu, l'obligeant à s'asseoir. En reprenant la peau de bête, il la posa sur leurs épaules. Elle était assez large pour contenir trois adultes, alors aisément Shappa pu la refermer sur eux pour ne laisser que leur tête visible. Son bras toucha celui de sa captive, qui pour lui n'en était plus une, car ses liens étaient défaits. Le miwok regardait droit devant lui, les flammes qui dansaient sur le bois. Les bûches finiraient par vite se consumer et il devrait aller en chercher plus, pour la nuit. A ses côtés il sentait Wagmiza peu à l'aise, mais si elle restait là, c'était la chaleur qui la retenait prisonnière et non lui. Tu es têtue comme le burro mais tu ne seras jamais plus têtue que moi, lâcha-t-il en reprenant la mèche de cheveux précédemment coupée d'Epi de blé. Il mêla cette mèche blonde à l'une de ses propres mèches sombres, tressant les deux ensemble avec soin, en silence. Ce geste était une revendication. Comme s'il s'agissait d'un jeu, il tourna son visage vers le sien, désormais proche. - Si un jour tu réussis à la couper, tu pourras me demander une unique faveur, murmurait Shappa dont les traits étaient éclairés par la lumière chaude du foyer.
- Cheveux sacrés, pour miwok, expliqua-t-il. Quoi sacré, pour femme blanche ?
Et il l'observa, attendant une réponse.


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Charlotte Beauchamp

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Jeu 19 Sep - 13:34
La nuit était tombée sur le petit campement clandestin. Déjà, quelques insectes nocturnes stridulaient non loin marquant la fin définitive de la journée. Le chant de quelques oiseaux se mêlait au concert, accompagné par la brise qui faisait bruisser les feuilles tout autour de Charlotte. En fond, comme un murmure, l'écoulement de la rivière plus calme et plus profond apportait une touche finale à ce tableau naturel. La chaleur du cheval contre lequel était toujours appuyée la jeune femme était à la fois revigorante et apaisante. Charlotte aurait pu tout simplement s'allonger et dormir dans la minute qui suivait. Son corps grelottait encore mais les tremblements avaient perdu en intensité et en fréquence. C'était bon signe.
Les yeux fermés, elle écoutait le chant de la nuit, comme une berceuse prête à la guider en son sein, vers des rêves loin du cauchemar éveillé qu'elle subissait.
Après tout, elle aurait pu mourir ici, c'était agréable, bien plus que le désert aride et la morsure du soleil.

À l'orée de son attention, elle perçut le bruit de pas du sauvage qui semblait se diriger vers elle. Lorsqu'elle ouvrit les yeux, il était là, devant elle à la toiser avec dureté. Son premier instinct fut de se protéger de ses bras lorsque sa main vint saisir son poignet mais elle était si lasse, si fatiguée qu'elle n'avait plus la force de rien.
Oui, mourir ici lui semblait une bonne idée.
Alors elle serait libérée de tout ça.
Ses yeux clairs accrochèrent les siens dans une énième tentative de rébellion. Celle-ci à présent était teintée d'épuisement et d'usure.
Usée, oui c'était cela, elle était usée par sa violence, par ses mots incompréhensibles et par son attitude lunatique.
À présent il la grondait, à en juger par la tonalité de sa voix et après ?
Elle émit un sifflement douloureux comme sa prise appuyait sur ses brûlures sans chercher à se libérer, afin de ne pas compliquer les choses.

Viens !
L'ordre était sans appel, la voix grave et autoritaire ne lui laissait d'autre choix que de le suivre, quand bien même elle aurait préféré rester là, loin de lui.
Les jambes flageolantes, elle le suivit en prenant soin de ne pas tomber et se laissa guider jusqu'au feu où il lui imposa de s'asseoir.
Ah...il ne voulait pas la savoir loin peut-être, songea-t-elle intérieurement. Ce type ne cherchait que le contrôle, il cherchait à la contrôler, elle.
Finalement, il n'était pas si différent des hommes avec lesquels elle vivait : toujours à décider pour elle.

Ce n'est que lorsqu'elle sentit le poids de la peau sur ses épaules qu'elle comprit. Stupéfaite, elle le regarda tandis que lui-même s'installait juste à côté, si près que leurs épaules se touchaient.
Ce nouveau contact fit trembler son corps tout entier, de cette peur qui ne la quitterait plus jamais.
Le souffle court, elle peinait à reprendre contenance, à lui montrer qu'elle restait cette prisonnière farouche qu'il ne dompterait jamais. La force commençait à lui manquer.
Il ne la regardait pas, son visage était tourné vers le feu, comme si tout ceci relevait de son quotidien. Peut-être était-ce le cas en réalité ?
Elle en revanche, ne cessait de le dévisager, ou plutôt, ne cessait d'observer la façon dont la lueur des flammes se projetait sur sa peau foncée. Les reflets mordorés habillaient ses longs cheveux ébène d'une teinte particulière, éclairaient la ligne de son nez et de ses lèvres. Son visage était fermé et dur, comme s'il était constamment en colère.

D'une certaine manière et sans qu'elle ne puisse se l'expliquer, la nuit le rendait moins effrayant à ses yeux. À moins que ce ne soit ce moment en particulier. La beauté de la nuit offrait cette parenthèse, comme si l'univers avait décidé de s'arrêter un instant pour la laisser reprendre son souffle.
Après de nouvelles paroles incompréhensibles, elle le vit saisir sa mèche de cheveux, coupée la veille afin de la tresser avec l'une de ses mèches sombres. Passé la surprise de découvrir qu'un homme était capable de natter des cheveux, elle fronça doucement les sourcils, observant avec curiosité ce lien qu'il venait de créer.
Dans un autre contexte, on aurait pu croire à deux amoureux qui venaient de conclure un pacte. Elle se demanda alors, si par cet acte, il jugeait qu'ils étaient liés, qu'elle lui appartenait et qu'il avait tous les droits sur elle.
Elle se renfrogna doucement, les lèvres pincées et recula son visage instinctivement quand lui tourna le sien dans sa direction.
Alors, elle croisa son regard sombre, un éclat doré dansait au coin de son regard éclairé par le feu. Il murmura quelques mots, comme s'il lui partageait un secret. Elle demeura là, mal à l'aise parce qu'il était trop près, parce qu'elle s'attendait à tout, sauf à ce qu'il parle et qu'elle n'avait aucune confiance en lui.
Dans un coin de sa tête cependant, une toute petite voix murmurait : S'il avait voulu te tuer, ce serait déjà fait.
Et une autre répondait : Il veut simplement te torturer, la cruauté coule dans ses veines.
Ce fut sa voix à lui qui rompit les pensées.

Cheveux sacrés, pour miwok. Quoi sacré, pour femme blanche ?

Surprise qu'il lui pose cette question, elle ne répondit pas immédiatement, préférant se détourner de lui pour observer le feu. Elle sentait également, la chaleur qui émanait de son corps à lui et qui réchauffait la peau. Sans qu'elle ne s'en rende compte, elle avait cessé de grelotter.
Devait-elle rester silencieuse ? Elle n'avait pas envie de lui parler mais elle ne voulait pas non plus qu'il se mette en colère à présent qu'il l'avait détachée, qu'il lui avait donné à manger et qu'il la réchauffait.
Sa première idée fut de répondre "la foi". Voilà ce qui guidait les femmes blanches, mais ce n'était plus ce qui la guidait, elle.

- Les liens, murmura-t-elle sans quitter le feu des yeux. Les liens de sang. Ma soeur. Mon frère. Sacré pour moi.

Elle se tourna vers lui à son tour, s'humecta les lèvres et répéta :
- Les liens. Famille
Alors elle lui désigna du doigt la mèche de cheveux tressés, espérant qu'il comprendrait le sens du mot tandis que son regard questionnait la nécessité de faire ça.
- Pourquoi moi ? demanda-t-elle alors qu'un craquement de bois dans le feu résonnait.
Elle ne saisissait toujours pas ce qui l'avait conduit ici en vie, ni ce qui le poussait à la maintenir captive après ce qu'il lui avait fait subir.

Shappa

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Dim 29 Sep - 13:11
Les étoiles, habituellement si vives dans cette immensité, semblaient s’être éteintes sous l’emprise de ce froid cruel. Shappa, en tailleur près du feu mourant, observait Charlotte du coin de l’œil. Ses lèvres tremblaient, son souffle s'éparpillait en volutes blanches dans l'air glacé. La peau de bête, qu’il avait jetée sur elle un peu plus tôt, serait pourtant suffisante pour contrer les morsures du gel. Sous l'épaisse fourrure, il s’immisça doucement aux côtés de la blanche, son corps taillé par la vie dans la nature se pressant contre le sien, tout frêle, fragile face à l’immensité de cette impitoyable nuit. Dans quelques minutes, elle cesserait de grelotter autant contre lui. Pour l'heure, la contemplation du miwok était toute livrée à cette nature. Elle pouvait être bienfaitrice, salvatrice et parfois aussi dangereuse que les cornes du bison.
Epi de blé n'avait pas répondu à sa question à la hâte, comme si elle avait pris le temps de réfléchir. "Les liens", elle avait dit, alors que Shappa la regardait sans comprendre. Il grogna, ne pas saisir la réponse le frustrait et ses sourcils froncés témoignaient de son état. Il lui dit qu'il ne comprenait pas, alors Wagmiza se tourna vers lui, le surprenant. Jusqu'alors elle se tenait à l'écart, par peur ou dégoût, le miwok ne pouvait le deviner. Lui au contraire, malgré ses aprioris et les constats faits sur des générations envers les envahisseurs, essayait d'une façon ou d'une autre de s'approcher d'elle. C'était la faute à ses longs cheveux qui reflétaient au soleil et qui l'avait fasciné, la faute à une beauté qui devrait le répugner mais à laquelle il avait à présent goûté. Quand le visage d'Epi de blé se tenait si prêt du sien, il se recula brièvement. Chez eux ils n'étaient pas coutumiers d'une telle proximité et cela le mit d'abord mal à l'aise.

- Famille, précisait-elle. Ce mot, Shappa le connaissait bien, pour lui aussi sa famille était sacrée. Mais ces étrangers avaient-ils la même signification du mot "sacré" qu'eux ? Alors il hocha de la tête, démontrant qu'il avait compris maintenant.
- tiyospaye, dit Shappa. Famille. tiyospaye. Ce mot englobait non pas que le premier cercle familial avec les parents ou les enfants, mais aussi les oncles, les grands-parents, les amis proches et même des alliés. Dans sa tribu, la famille était tous les membres. Il lui serait impossible d'expliquer cela, mais tiyospaye était sacré aussi.
- Pourquoi moi ?
A la question, Shappa détourna le visage vers le lac endormi face à eux. Il sentit alors quelque chose changer, de façon presque imperceptible. Ses muscles se tendaient comme ceux d’un prédateur sur le qui-vive. Il respirait par le nez et sentait les battements s'acharner dans sa poitrine. Il n'aimait pas qu'elle le regarde et qu'elle lui pose des questions. Cette question. Alors le miwok haussa les épaules et prétexta ne pas comprendre ce qu'elle cherchait à savoir. Il ne pouvait pas répondre tant qu'il n'avait pas la réponse, la seule qu'il aurait à lui offrir, ne suffirait certainement pas. Elle avait brillé sur cette plaine comme une étoile dans le ciel.
Maintenant qu'elle ne grelottait plus, Shappa recula pour ne plus être en contact avec la peau de Wagmiza. Un frisson l'avait parcouru, mais ça n'était pas le froid qui l'avait saisi. C'était une sensation nouvelle et désarmante.
- Wagmiza parler trop, lâcha Shappa en lui lançant un regard aux sourcils toujours si froncés par l'incompréhension et la frustration. il rentrerait à la tribu avec plus de questions et ce n'était pas bon pour la tranquillité de son quotidien car ses épouses étaient comme des pies martelant l'écorce de l'arbre jusqu'à ce qu'elles trouvent de quoi becter pour assouvir leur faim. Dormir.
Le miwok n'allait pas se laisser bercer par le sommeil cette nuit, il resterait éveillé tant que le manteau sombre recouvrait les plaines. Ces terres ne faisaient pas parties du territoire de sa tribu et les mauvaises rencontres, il les éviterait, quitte à devoir veiller. Il avait besoin, aussi, qu'Epi de blé ne soit plus consciente à ses côtés pour pouvoir réfléchir à sa vision. Un totem n'apparaissait jamais au hasard à un moment si spécial comme celui qu'ils avaient eu dans l'eau, Shappa devait en connaître la signification. Concernait-elle lui personnellement ? Cela lui paraissait égoïste, son peuple n'était pas individualiste. Alors peut-être concernait-elle sa tribu de façon générale ?

Un petit tami rayé passa par là, la gueule chargée de victuailles.
Le natif l'observa tourner autour de leur campement, à la recherche de quelques nourritures à chaparder, mais rien de ce qui entraient dans ses aliments fétiches ne semblait être là pour le contenter. Shappa commença alors à creuser la terre à ses pieds, grattant au plus profond. Ses petits mammifères étaient occasionnellement amateurs de vers et par chance, il en trouva un qui se tortillait une fois découvert. Le guerrier l'attrapa entre le pouce et l'index, tendant l'aliment vers le tami qui s'approcha par petit bond jusqu'à subtiliser le ver et s'enfuir en courant. Un petit sourire en coin des lèvres, Shappa reboucha le trou creusé, pensif.
Il tourna son visage vers Wagmiza afin d'être sûr qu'elle dormait.


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Charlotte Beauchamp

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Dim 29 Sep - 22:09
Charlotte regardait l'homme avec intensité. Elle attendait sa réponse, son regard vert pénétrant le sien. Dans ce moment d'accalmie entre eux, elle luttait contre le sommeil qui la titillait sans cesse. Son corps était épuisé et son esprit aussi nécessitait ce calme bienvenu. Pourtant, la curiosité de l'instant la maintenait toujours éveillée. Si on lui avait annoncé qu'un jour, elle se retrouverait à demi-nue, sous la peau d'un bison en compagnie d'un sauvage, elle en aurait ri d'incrédulité. Et pourtant...voilà qu'à la tombée de la nuit, malgré cette aventure traumatisante, elle en était là.
Perdue dans cette forêt humide et froide, son corps se raccrochait désespérément à ce qu'il connaissait malgré elle : la chaleur d'un corps, le confort d'une couverture, un repas chaud.
L'homme qui s'était installé à ses côtés lui avait donné tout cela, ce qui la plongeait dans l'incompréhension la plus totale.
Plus étrange encore, il avait entamé un dialogue, comme si lui aussi cherchait à apaiser les tensions entre eux.
Charlotte avait alors partagé ses pensées, plus par épuisement que parce qu'elle le voulait réellement. Lasse de se battre, elle renonçait à chercher à le contrarier.
Ses réponses n'avaient demandé que peu de reflexion. Les liens, la famille, voilà ce qui importait au yeux de la jeune femme. L'avait-il compris ? Peut-être aurait-elle du faire plus de gestes, nouer ses doigts, montrer une proximité entre ses mains ?

Il répéta alors le mot famille, avant de prononcer quelque chose dans sa langue natale et elle sut que le message était passé. Savoir qu'ils pouvaient communiquer à minima la soulagea.
- Tillauspailler, murmura à son tour Charlotte, pensive.
Cette langue était difficile à parler et pourtant, elle était d'origine française ! La complexité des mots et des structures, elle connaissait ! Mais dans ce cas, les sonorités étaient différentes, chaque syllabe lui semblait crachée plutôt que prononcée. Communiquer allait être complexe, non pas qu'elle souhaitait apprendre son langage ou lui parler de la pluie ou du beau temps non, elle voulait juste comprendre, pourquoi il l'avait kidnappée, pourquoi il avait abusé d'elle et savoir ce qu'il comptait faire d'elle pour la suite. Cette compréhension devenait une nécessité afin de ne pas se perdre dans les tourments qui la tiraillaient en boucle et la plongeaient dans un désarroi profond.
Son regard se perdit dans le feu à nouveau, attendant la réponse à la seule question qui important vraiment. Pourquoi elle ?
Il s'absorba à son tour dans les flammes et dans un silence de plomb.

Wagmiza parler trop, dormir.

La déception l'accabla avec violence. Et elle ferma les yeux un instant pour accuser le coup. Wagmiza veut des réponses, se surprit-elle à penser. Wagmiza veut comprendre.
Elle ne prononça aucun mot ceci-dit et posa simplement sa joue sur ses genoux repliés, les bras enroulés autour de ses jambes.
Comment pourrait-elle seulement dormir en le sentant si proche ? Recroquevillée sur elle-même, bercée par la chaleur et la danse des flammes, elle crut pourtant que son corps allait renier ses pensées.
Alors elle reprit son observation, détaillant chaque trait de son profil aux reflets dorés.
Il était beau, à sa manière.
Regrettait-il son geste envers elle ? Est-ce que se montrer gentil était le signe d'une culpabilité ? Elle savait que jamais elle ne pourrait le lui pardonner, jamais. Elle n'était pas assez bonne pour ça, non pas assez bonne. La vie l'avait déjà trop éprouvée pour être gentille et pour accueillir le pardon en son sein.
Avait-elle envie de se venger pour autant ? Non, la vengeance n'apportait rien de bon et appelait la vengeance en retour. Se venger, c'était mettre un pied dans un cycle dangereux et sans fin.
Qu'est-ce qu'elle souhaitait alors ?
Elle n'en avait pas la moindre idée.

Un mouvement de la part de l'homme la tira se ses pensées, il creusait le sol avec son pied, faisant bouger la peau de bête qui l'abritait.
Intriguée, elle suivit du regard ce qu'il faisait. Lorsqu'il attrapa le vers de terre, elle fut horrifiée à l'idée qu'il puisse le manger et resta sans bouger, les yeux simplement écarquillés dans l'attente de cet acte ignoble.
C'est alors qu'elle remarqua le petit écureuil qui se précipita vers lui et de ses petites pattes, saisit le vers avant de repartir aussi sec.
Depuis quand avait-il remarqué le petit animal ?
Comment pouvait-il avoir tant de proximité avec une créature sauvage ?
Elle aurait du se dire qu'entre animaux, ils se comprenaient peut-être, cependant, un sourire se dessina sur ses lèvres meurtries tant la scène lui sembla adorable.
Lorsqu'elle allait se baigner à l'étang plus au Nord, elle avait remarqué la présence de visons. Ces petits mustélidés étaient vraiment très mignons toutefois elle n'avait jamais réussi à en approcher un. La plupart détallaient comme des lapins dès qu'elle était dans les parages. À ce souvenir, elle sourit d'avantage et se promit que si elle survivait, elle y retournerait pour essayer de réaliser le prodige qu'il venait de montrer.

Relevant ses yeux verts dans sa direction, elle remarqua qu'il la regardait. Immédiatement, elle effaça le sourire sur ses lèvres et ferma les yeux, pour lui faire croire qu'elle dormait.
Aucune chance qu'elle y parvienne dans cette position mais il ne voulait plus qu'elle parle.
Déglutissant avec force, elle sentit la peur revenir à l'assaut. Allait-il la punir pour ça ? Son corps frissonant la somma d'ouvrir à nouveau les yeux pour lui faire face et affronter son destin.

Shappa

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Lun 30 Sep - 21:49
Epi de blé avait tenté de répéter après lui, mais l'essai ne fit qu'arracher une grimace à Shappa. tiyospaye n'avait rien de plus compliqué que la langue de l'envahisseur. Il douta un moment, à se demander si lui aussi était si ridicule quand il usait de quelques mots anglais ? Partagé entre le rire moqueur et le soupir las, ce fut la surprise de la voir essayer qui le garda d'abord silencieux. Il l'observa une seconde écorcher le mot, puis il répéta en épelant, agacé.
- ti-yo-SH-pa-yeh ! Ce n'était pas si difficile ! Il leva les yeux au ciel et n'insista plus, de toute façon, qu'est-ce qui lui prenait de vouloir lui apprendre sa langue ? Cela aurait de l'intérêt s'il la prenait comme esclave dans la tribu, mais ce n'était pas son intention. Elle ne lui serait d'aucune utilité, Wagmiza avait bien plus de valeur si elle restait dans sa maison à cultiver et élever le bétail, pour qu'il puisse venir prendre ce dont il avait besoin aux moments opportuns pour sa tribu. En hiver, ils avaient souvent faim et froid. C'était la période hivernale qui rappelait au créateur les plus petits, les cris déchirant des mères en deuil berçant le campement les nuits suivantes... Le miwok se dit qu'il n'aurait jamais du la garder aussi longtemps avec lui. Il n'aurait pas du chercher à faire comme les autres guerriers de sa tribu. Qu'elles soient femmes de tribu ennemie ou blanches, ils les retenaient captives avant de leur trancher la gorge. Shappa savait depuis un moment qu'il n'en ferait rien. Sa vie avait pris un tournant qui n'avait pas de retour possible. Tout s'était joué ce jour funeste où il devint un homme. A présent, appréciait-il le miwok qu'il était devenu ? La colère dans son cœur, contre son père et contre lui-même, dirait non.

Au départ du tami rayé, Shappa s'assura que Wagmiza s'endormait. Au lieu de la trouver assoupie, elle souriait. Malgré la nuit noire, son sourire avait éclairé tout son visage. C'était comme s'il découvrait une seconde personne, sous cette couche de boue et de sueur, de terre et de poussière. Mingan lui n'aurait pas été si interloqué par elle. Il l'aurait violé plusieurs fois puis relâchée pour qu'elle répande la terreur auprès des siens ou tuée pour que ce soit son cadavre nu gisant dans le désert, qui le fasse. Lors des réunions où les ancêtres contaient les histoires les plus anciennes, il se racontait que les premiers visages pâles avaient été pris pour des démons qui saignaient rouges, comme eux, afin de les induire en erreur. Longtemps ils avaient cru à une avalanche de monstres venus pour stériliser leur terre après avoir volé tout ce qu'elle contenait. C'était pour quoi ce sourire était surprenant.

Impassible, le miwok ne lui avait pas rendu son sourire, alors qu'en lui une tornade ravageait toutes ses pensées, les laissant sans dessus-dessous. Il fronça des sourcils en la voyant faire mine d'être endormie, avant de se raviser et rouvrir les yeux pour le fixer. Il eut un mouvement de recul, ne comprenant pas ce qu'elle était en train de faire. Était-ce un jeu ? ou une énième manière de défier son autorité ?
- hiŋgná ye ! Dormir ! répéta-t-il. Shappa désirait son moment de solitude pour réfléchir tranquillement et consciente, elle rendait ses pensées chaotiques. Ce n'était pas pour rien que les quêtes se réalisaient en solitaire durant des jours, à jeun, dans les endroits calmes et reculés. Agacé, il quitta le nid douillet de fourrure après avoir remis ses mocassins et se leva pour longer la rivière jusqu'à ce que le pied des arbres offrent de quoi nourrir le feu. Il marchait ainsi de longues minutes à faire des allers retours, sans trop s'éloigner, revenant à chaque fois les bras chargés de bois. Mais à chaque fois qu'il revenait, Wagmiza était encore éveillée. Quand le feu brûlait et réchauffait de ses grandes flammes crépitantes, il se découragea de la ténacité de sa femme blanche et se rassit sous la fourrure. La lune maintenant brillait de toute sa splendeur. Il avait gardé dans ses mains une branche de bois dont il effilait l'extrémité, pensif. Il se demandait pourquoi elle ne profitait pas de la nuit pour se reposer, tout en elle démontrait une fatigue extrême. Alors par une déduction logique, il en devina la raison. Sans lâcher du regard son activité, il parla d'une voix un peu plus douce mais toujours ferme.

- Pas peur. Pas faire mal toi.
Il finissait d'effiler sa branche et s'allongea, emportant la fourrure avec lui qui tomba des épaules d'Epi de blé. Shappa s'installa de sorte à être couvert, un bras sous la tête en soutien. Puis il se mit à observer la myriade d'étoiles en commençant à mastiquer son bout de bois pour se nettoyer les dents.


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Charlotte Beauchamp

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Lun 30 Sep - 23:14
Visiblement, il n'appréciait pas sa façon de prononcer sa langue, pas plus qu'il n'appréciait de le voir toujours éveillée.
Les sourcils froncés, il lui avait répété de dormir mais comment aurait-il pu seulement y parvenir ? Chaque haussement de ton la faisait tressaillir, remuant la peur au fond d'elle tel un serpent pernicieux.
Lorsqu'il se leva d'un bond, elle se recroquevilla d'avantage, craignant sa colère. La leçon avait été bien apprise, avec cruauté cependant. Lui tenir tête n'était pas la solution, il avait déjà montré sa domination.
C'était dur pour Charlotte, de faire taire sa peur et encore plus, de faire taire la colère et la rage qui hurlaient en elle de lui faire face, de ne pas se laisser faire. Son corps toutefois, ne voulait plus obéir et son esprit avait fini par renoncer, comme une ultime protection. Peut-être que si elle restait silencieuse et docile, il lui ficherait la paix.
Elle le regarda s'éloigner, intriguée par cette attitude. Lorsqu'il revint avec du bois, elle comprit qu'il rempilait le stock pour la nuit. Un profond soupir plus tard, elle avait rajusté la peau de bison sur ses épaules, cherchant à conserver la chaleur. Force était de constater que l'absence du corps de l'homme se faisait sentir. Le vide laissé prêtait au froid de quoi s'engoufrer.
Charlotte préféra ignorer ce détail qui n'en serait surement plus un dans quelques heures.
À nouveau, elle observa les flammes et osa glisser ses doigts hors de la couverture pour les approcher du feu dans l'idée de se réchauffer.
Systématiquement, dès qu'il revenait, il la regardait comme s'il attendait quelque chose. Elle l'ignorait, concentrée à se maintenir éveillée. Le sommeil l'appelait mais elle luttait encore pour rester sourde à son appel.

Lorsqu'il revint enfin, il reprit sa place sous la peau, laissant la nuit glacée s'engouffrer entre eux. Charlotte frissonna et serra les dents pour ne rien montrer.

Pas peur. Pas faire mal toi.

Elle tourna son visage vers lui puis le toisa sans retenue. Evidemment qu'elle avait peur, il fallait être folle pour ne pas avoir peur après ce qui s'était passé, après ce qu'il lui avait fait subir. Nourrir un écureuil n'y changeait rien. Il l'effrayait.
C'est alors qu'il se laissa aller sur le sol, emportant avec lui la peau qui glissa des épaules, puis du dos de la jeune femme. Sa peau en contact avec le froid ambiant se para de chair de poule.

- Hey ! cria-t-elle par réflexe, avant de tirer la peau vers elle.

Tout son être ne demandait qu'à s'allonger, son mental s'y refusait.
Voyant qu'il ne cédait pas la fourrure, elle finit par consentir à s'allonger sur le côté pour lui faire face. Incapable de lui tourner le dos par manque de confiance, elle souhaitait le garder à l'oeil. Prenant soin de garder une distance respectable en se trémoussant jusqu'à la frontière extérieure de la peau, elle l'observa un instant, avant de suivre son regard vers la voûte celeste.
Comment pouvait-on vivre un moment si desespéré dans un décor aussi beau ? Est-ce que les étoiles l'observaient de là-haut ? Est-ce que sa mère avait pitié ? Ou jugeait-elle que tout ceci était mérité ?
Que n'aurait-elle pas donné pour se blottir dans ses bras une dernière fois...Refoulant un sanglot menaçant, elle demeura là, fascinée par l'éclat brillant des astres, prenant conscience de l'immensité qui l'entourait et de la petite chose insignifiante qu'elle représentait. Quelques grillons chantaient, le feu crépitait et le vent chuchottait des paroles incompréhensibles.

- J'ai peur, murmura-t-elle en observant la nuit. Toi tuer, toi prendre sans demander.
Et elle ne parlait pas que des chevaux.
Elle ferma les yeux un instant et une larme roula le long de sa tempe avant de se perdre dans ses cheveux blonds.
- Peur, répéta-t-elle. Pas de mourir. Peur de perdre tiyoshpayeh. Peur de t'appartenir...
Sa voix se brisa.
Et s'il décidait de la garder captive toute sa vie ? S'il décidait d'user d'elle jusqu'à ce qu'il en ait marre et décide de se débarasser d'elle ? Après ses cheveux, quel autre morceau d'elle garderait-il ?
Un nouveau sanglot la secoua et rompu de fatigue, elle se mit à pleurer à chaudes larmes en silence. De ses mains, elle cacha son visage et se recroquevilla un peu plus, ignorant la douleur de ses côtes, et de chaque blessure de son corps abimé, ignorant le froid mordant et la détresse qui peu à peu la gagnait.

Shappa

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Sam 5 Oct - 19:50
Dominant la Sierra Nevada, les arbres majestueux s'élevaient dans la lumière douce de la lune, jusqu'à devenir de longues et sombres silhouettes dans la nuit. Le doux parfum de vanille et de résine qui s'échappait de l'écorce des pins ponderosa, le chant des grillons, les crépitements du feu. Tout l’accompagnait dans cette tranquillité qu'il cherchait à avoir pour apaiser son esprit. Mais les étoiles suscitaient en lui des réflexions profondes qui allaient plus loin que les sages paroles du chaman. Il se posait des questions sur cette immensité, sur ce qui s'y cachait au-delà de ces lumières lointaines ? Étaient-ils seuls dans cette vaste étendue ou étaient-ce comme les envahisseurs, qui venaient par millier ? Lorsqu'on pensait qu'ils étaient trop, d'autres arrivaient, ignorant les plaintes.

Quand Shappa voyait à quel point tout ça était d'une grande beauté, il se disait que le créateur avait eu raison de le rendre inaccessible aux Hommes, mais surtout aux Blancs. Au vu de leur capacité à croire que tout leur appartenait, ils auraient fini par détruire aussi ce monde hors de leur portée. Pensant à ces pairs, il tourna naturellement le visage vers Epi de blé qui s'était allongée à ses côtés. Elle n'avait pas eu la force de tirer sur la peau pour la récupérer, alors elle avait consenti à retrouver la chaleur en s'y blottissant. Wagmiza lui faisait face et il devina qu'elle ne lui tournait pas le dos par manque de confiance. Hors entre eux, il ne pouvait y avoir aucune espèce de confiance. Elle était blanche et il était ce qu'appelait le peuple pâle avec beaucoup de condescendance, un "peau rouge". C'était dévalorisant, c'était insultant, et ça ne visait qu'à les déshumaniser.
Epi de blé observait aussi la voûte céleste et Shappa en profita pour détailler son profil, une nouvelle fois, sous cette nouvelle lumière. Celle de la lune offrait des détails qu'on ne voyait pas de jour, comme cette tristesse dans ses yeux emplis de larmes. Ils brillaient et elle tentait de le cacher.
-  J'ai peur. Pourtant il venait de lui dire qu'elle ne devait pas avoir peur... mais comme il l'avait pensé plus tôt, entre eux la confiance ne pouvait exister, pourquoi le croirait-elle ? Le miwok fut surpris de s'être soi-même contredit. Toi tuer, toi prendre sans demander. C'était l'essence de la guerre et Wagmiza paraissait étonnée d'en être victime. D'un souffle dirigé sur le côté de sa couche, il jeta le bâton à mâcher et se tourna à nouveau vers la femme, intrigué par sa prise de parole, par le tremblement de sa voix et le sel au coin de ses yeux. Un homme blanc avait été tué et une partie du bétail volé, Shappa estimait ne pas avoir été aussi vengeur qu'un autre. Elle pouvait s'estimer être heureuse de ne pas être tombée sur le groupe de Warbringer. Lui, ne faisait aucun cadeau.

Puis, Shappa se rappela ce cri déchirant, transperçant toute âme, qu'avait poussé Wagmiza lorsqu'il la prit contre cet arbre. Accoudé sur le sol, il poussa un soupir en détournant le visage. Un miwok n'aurait pas honte de son acte, mais sa mère l'aurait giflé et c'était l'avis de cette sorcière qui comptait plus que tout pour lui. Si on ne tuait pas pour la tribu, il n'était pas nécessaire de faire souffrir inutilement le peuple des blancs. Pour Pamuya, c'était la source qu'il fallait attaquer. Beaucoup de femmes et d'enfants, de vieillards natifs, avaient été massacrés par les colons car ils étaient des proies faciles. Mais ils agissaient comme des bêtes sauvage. En rentrant au camps, elle lirait en lui et exigerait qu'il raconte son voyage. Cette pensée ne lui donna pas envie de retourner dans sa tribu.
- Peur. Pas de mourir. Peur de perdre tiyoshpayeh.
Il avait menacé la famille de Wagmiza, il n'avait pas oublié et elle non plus. Shappa pensait être dans son droit, si les colons habitaient leur terre et volait les ressources, ils devaient alors accepter que les miwoks en tirent profit. C'était une règle de la nature, celle du plus fort, mais toutes créatures n'agissaient que pour survivre. Il resta silencieux. Peur de t'appartenir...
Shappa fronça des sourcils. Il ne comprenait pas ce mot. "Appartenir", il l'avait déjà entendu ? Qu'est-ce que c'était, sa signification ?

Puis, pour la première fois depuis qu'il l'avait retenue captive, elle se mit à pousser des sanglots. Il ne pouvait voir ses larmes, elle les cachait de ses mains. Chez eux lorsqu'on causait du tort envers un membre de sa communauté, il y avait l’écoute silencieuse qui était une forme de profond respect. Il pouvait la laisser pleurer sans qu'elle ne soit dérangée. Ou alors, il fallait au plus vite réparer son tort mais Shappa ne comptait pas rendre le bétail volé, c'était pour sa famille. Il ne pouvait pas non plus rendre la vie à un homme mort, c'était impossible. Chez les blancs c'était toutefois possible, il avait entendu parlé de cet homme ressuscité.

Elle ne faisait pas partie de sa tribu mais il l'avait à présent nommée, elle était Wagmiza, celle qui brise les liens. Elle resterait en vie pour subvenir à ses besoins vitaux, elle en avait la possibilité avec sa grande maison de bétails. Il ne trouvait pas sa demande exigeante, c'était un bien petit prix pour rester en vie.
Rester en vie... il n'avait pas envie de la tuer.
En se tournant totalement vers elle cette fois, il posa sa main sur celles de sa femme blanche pour lui faire comprendre de ne pas se cacher. Mais sa délicatesse étant peu naturelle et parfois inexistante, le guerrier prit un des fins poignets qu'il baissa pour enfin l'apercevoir. Wagmíza, taku iyúhan kte sni, souffla-t-il d'une voix basse. Ses doigts, rugueux mais étrangement doux, frôlèrent la joue de Wagmiza pour effacer la trace salée des larmes. Shappa ignorait comment lui dire qu'elle avait gagné le droit de rester vivante. Elle ne craignait rien si elle acceptait de partager. Lui aussi, prenait des risques. Une telle association qui perdure dans le temps, si elle était découverte, lui causerait du tort. Son père lui dirait qu'en tant que guerrier, on tuait et on prenait. Mais doté d'une intelligence plus subtile, Shappa se disait que si on tuait, on ne pourrait prendre qu'une seule fois.

La peine d'Epi de blé déferlait dans la forêt à coup de vagues invisibles, qu'il ressentait tout de même. Le miwok était très connecté à ce qui l'entourait et sa sensibilité envers les autres, même s'il avait toujours cherché à l'étouffer, revenait au galop. Pour revenir sur ce qu'elle disait et d'une certaine façon s'en défendre, il reprit :
- Shappa prendre marcheurs massifs. Mingan tuer homme blanc. Mais Shappa tuer aussi. Il avait déjà tué des yeux clairs, évidemment. Mais il n'avait pas tué celui dont elle l'accusait. Pas peur. Pas faire mal toi, dit-il, la main proche de ses cheveux dorés, répétant ses précédents mots car il pensait qu'elle n'avait pas compris.


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Charlotte Beauchamp

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Lun 7 Oct - 19:54
Les paupières serrées, Charlotte pleurait à chaudes larmes, complètement démunie. L'espoir l'avait définitivement quitté, elle ne voyait plus aucune issue heureuse à cette histoire. Comment avait-elle pu croire, dès le début, qu'elle s'en sortirait indemne ? C'était trop tard, bien trop tard, le mal était fait et il persisterait jusqu'à ce qu'il y mette un terme.
Ce moment arriverait-il bientôt ? Quand cesserait-il seulement de la torturer ? En attendant, elle se cachait pour pleurer, par honte et par abandon, mais aussi parce qu'elle ne voulait pas qu'il en tire une satisfaction supplémentaire.
Évoquer ses peurs à voix haute la rendait plus légère et donnait à ses peurs une consistance tangible afin qu'elle puisse mieux les affronter.
Ce faisant, Charlotte acceptait ses peurs et se préparait à en assumer les conséquences. Se moquerait-il ? Précipiterait-il sa souffrance ? Elle l'ignorait, toutefois, elle ne voulait plus se battre.

Lorsqu'elle sentit qu'il lui saisissait le poignet et bien au-delà de la douleur que ce mouvement lui provoqua, elle écarquilla les yeux, subitement tétanisée par la peur que suscitait ce nouveau contact.
Wagmíza, taku iyúhan kte sni.
Secouée par un tremblement de terreur, elle ferma les yeux, serrant aussi fort que possible ses paupières bordées par ses cils humides. Le contact de ses doigts sur sa joue la fit couiner comme un animal acculé. Allait-il l'étrangler ? Entailler ses chairs ? L'égorger vive ? Sa voix grave et basse caressa les oreilles de la jeune femme, la faisant tressaillir. Son cœur fit une embardée, accélérant sa respiration de façon désordonnée. Et s'il décidait de recommencer ? De lui imposer son corps en plus de sa présence ? Elle ne survivrait pas à un deuxième assaut, c'était certain et en réponse à cette caresse, son corps se tendit, alerte.

À nouveau, elle ouvrit les yeux, les plantant dans les pupilles sombres qui lui faisaient face. Sa bouche entrouverte laissait échapper ce souffle agité par l'angoisse et la peur, dont seules la nature et la nuit qui les entouraient, étaient témoins. Ses larmes s'asséchèrent, soufflées par la crainte qui submergeait tout son être.
Il lui parla encore, usant de propos qu'elle peina à comprendre. Qu'est-ce qu'étaient les marcheurs massifs, qu'est-ce qu'était Mingan ou Shappa ? Son cerveau effrayé peinait à remettre les mots dans le bon sens et à comprendre leur signification. Il était indéniable qu'il cherchait à communiquer et elle aurait été bien sotte de l'ignorer. Peut-être que parler pouvait lui rendre sa liberté.

Pas peur. Pas faire mal toi
Son souffle marqua une pause et elle fronça les sourcils avait de déglutir. Il lui avait déjà dit ça. Mais alors...pourquoi ? Pourquoi agissait-il ainsi ? À quoi tout cela rimait ? Qu'est-ce qu'il voulait vraiment ?
Inspirant à nouveau, il lui sembla comprendre. Elle repoussa les doigts sur sa joue avec hésitation d'abord, craignant les conséquences, avant d'user de plus de fermeté pour mieux repousser la nausée que ce contact accompagnait.
- Pas toucher moi, murmura-t-elle d'une voix faible, souhaitant imposer une limite malgré le son ridicule de sa situation.


Ses précédentes paroles firent leur chemin dans son esprit.
- Shappa, répéta-t-elle. Nom à toi ? Moi donner toi boeuf. Marcheur massif. Toi jamais toucher autre épis de blé. Jamais tuer hommes de moi.

Elle accompagna ses mots de gestes, le désignant lui ou bien elle, en fonction de ce qu'elle tâchait de lui faire comprendre, allant jusqu'à mimer la marche à quatre pattes pour les bœufs de ses doigts abimés.

- Toi comprendre ? Jamais toucher autre épis de blé.
Inspirant profondément, elle ferma les yeux un instant, sa décision prise. La main posée sur sa propre poitrine sous la peau de bête.
- Toujours Charlotte. Wagmiza.


Reniflant silencieusement, elle étouffa un nouveau sanglot, se demandant véritablement s'il venait de comprendre le marché qu'elle lui proposait. Elle lui donnerait à manger, en échange, il ne devait s'en prendre à personne, sauf à elle si vraiment, il devait en arriver là.
Ce sacrifice, elle était prête à le faire pour sa famille, sa sœur, son frère et même pour les employés du ranch.
À présent qu'elle savait de quoi il était capable, elle souhaitait juste éviter qu'il s'en prenne aux siens. Hank en avait déjà fait les frais.
Elle préférait mourir plutôt que de voir sa sœur vivre la même tragédie qu'elle.





Shappa

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Dim 13 Oct - 21:04
La main de Wagmiza le repoussa et il eut tout d'abord un geste de recul. Un soupir lui échappa et le natif se ravisa de recommencer. Il ne trouva aucune consolation ou apaisement de vengeance dans les larmes de la femme blanche, c'était peut-être ce que sa mère avait tenté de lui expliquer. Les hommes en bleu, ceux avec des armes, ceux qui étaient la tête pensante devaient être égorgé vif. Si elle avait en effet été armée au moment de l'attaque de son convoi, elle n'était en rien une dirigeante aboyant ses directives. Wagmiza était une paysanne. Mais les paysans étaient nombreux et volaient leur ressource... Tout cela était bien trop compliqué. Tout cela irritait Shappa qui souffla du nez, les sourcils froncés, montrant toute l'incompréhension qui le submergeait à chaque fois qu'il posait les yeux sur elle. Sa vie aurait été d'une simplicité enfantine s'il avait été comme tout le monde, si la rage et la haine le consumait tellement qu'il ne se poserait aucune question, qu'aucune nuance ne viendrait altérer sa vision.
Bien qu'il s'était écarté à petite distance possible dans la configuration offerte par la fourrure, le miwok continua de fixer Epi de blé.
- Shappa. Nom à toi ?
Il hocha brièvement la tête en tapant aussi lentement que doucement, du poing contre son torse.
- Shappa, répéta le natif. Il l'écouta parler, tentant de comprendre ce qu'elle essayait vainement d'expliquer dans un dialecte plus que restreint. La plupart des mots utilisés lui étaient connus et Shappa n'eut pas de mal à saisir le message. Il ne dit pourtant rien, se contentant de la regarder presque sans cligner des paupières, sentant qu'elle n'avait pas terminé.
- Toi comprendre ? Jamais toucher autre épis de blé.
"Jamais", un mot complexe pour le miwok. Comme hier et et midi définissait le temps et le temps étant relatif pour la tribu, "jamais" faisait parti de ces mots considérés étranges par les locaux. Wagmiza lui demandait-elle de formuler une promesse pour l'éternité, puisque c'était ce que suggérait ce jamais ? Il ne pouvait pas. Il ne pouvait pas promettre une telle chose car il serait bien orgueilleux de prétendre savoir ce que l'avenir réservait. L'avenir... un autre mot donnant des frissons à l'amérindien, le regard voilé par les quelques mèches à présent sèches qui lui couvraient une partie du visage.
- Toujours Charlotte. Wagmiza.
Il releva la tête. Ca, c'était un mot qu'il ne connaissait pas, qu'il n'avait jamais entendu dans la bouche d'un envahisseur. Shappa haussa un sourcil et ouvrit la bouche de son accent natif.
- Sha-lot. Il n'aimait pas ce mot, cela ne voulait rien dire du tout. Serait-ce le nom anglais de Wagmiza ? Il la pointa du doigt, peu convaincu. Sha-lot être Wagmiza ? s'assura-t-il d'avoir bien compris. Quelque soit sa réponse, pour sûr qu'il s'en tiendrait à Wagmiza. Celle qui brise les liens ne pouvaient porter un nom si ridicule et insignifiant. Le langage des signes était chez les tribus un moyen de communication parfait pour que toutes tribus puissent se comprendre, mais les Blancs en ignoraient les signes, une preuve en plus qu'ils ne cherchaient pas eux, à s'adapter au monde qu'ils envahissaient.

Mais Epi de blé avait accepté le marché qu'il lui avait proposé. N'ayant toujours pas répondu, à présent que ses paupières devenaient lourdes et qu'il voulait s'abandonner au sommeil, Shappa reprit d'une voix calme.
- Wagmiza donner marcheur massif, Shappa pas faire mal. Le marché était scellé, il l'avait été même si elle n'aurait pas donné son accord. Cela se serait simplement passé dans des circonstances où il aurait été obligé de se peinturlurer la face de rouge. Il fit signe que oui, de la tête, puis lui tourna le dos et ferma les yeux. Il ne s'endormirait pas tout de suite, pas avant d'entendre la respiration régulière de sa femme blanche qui l'assurerait d'un sommeil profond. Cependant il fit mine de quitter le berceau de la terre pour celui des esprits, laissant ses pensées voyager sur ses derniers jours vécus avec elle auprès de lui.


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Charlotte Beauchamp

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Lun 14 Oct - 8:36
C'était bien son nom. Shappa. Est-ce qu'il l'écouterait davantage à présent qu'elle avait un nom à poser sur un visage ? Charlotte l'ignorait. Dans un souci de communication, elle avait tenté de lui proposer un marché, de passer un accord avec lui. Souhaitant protéger sa sœur, elle voulait la promesse que si les choses devaient mal tourner, elle serait la seule responsable, la seule à payer de son corps ou de sa vie.
Pour cela, elle avait usé de mots simples et avait donné son nom à elle afin qu'il puisse reconnaître le blé dans la fratrie.
Lorsqu'il avait essayé de le prononcer, elle avait froncé doucement les sourcils et s'était retenue de le reprendre comme lui l'avait fait.
Après tout, jamais il ne l'appellerait par son prénom et vu l'expression sur son visage, ça ne lui plaisait pas de toute façon. Elle confirma simplement, en hochant la tête, que Charlotte était Wagmiza, même si elle se doutait qu'à ses yeux, elle ne resterait que cet Épi de blé, cet otage dont il pouvait faire ce qu'il lui plaisait.

Enfin, il consentit à sa requête. En échange de bœufs, il ne leur ferait pas de mal.
Le soulagement la submergea brièvement. Est-ce que Charles accepterait ? De combien d'animaux on parlait ? Et pendant combien de temps ? Pouvait-elle lui faire réellement confiance ?
Finalement, sa tentative d'apaiser la situation lui sembla stupide et naïve. Il avait déjà pris ce qu'il voulait : des chevaux, un boeuf, la vie de Hank, son innocence à elle. N'était-elle pas en train de se jeter de la poudre aux yeux ? Comment pourrait-elle seulement expliquer tout ça à Charles ?
Et si...et s'il n'y avait en réalité aucune issue possible ?

Shappa bougea à nouveau et Charlotte se raidit instantanément. Sans rien ajouter, il lui tourna le dos.
Elle demeura un moment à regarder ses longs cheveux sombres, baigner ses épaules et ses omoplates. De là où elle se trouvait, elle ne voyait pas la tresse effectuée avec ses propres cheveux. Ce trophée qu'il n'hésiterait pas à brandir auprès des siens.
Elle observa la respiration du Peau-rouge et la façon dont ses épaules remuaient à chaque inspiration, puis à chaque expiration. La fatigue l'asticotait, cependant la peur et le manque de confiance la maintenait encore dans un état d'alerte.
Enfin, elle se tourna sur le dos et posa son regard sur les étoiles qui scintillaient au-dessus d'eux, témoins silencieux qui ne chantaient que pour la Lune.
Une main posée sur son ventre, l'autre repliée à proximité de son visage, paume vers le ciel, ses paupières se firent plus lourdes, comme hypnotisées par la beauté de la nuit et le chant des insectes rythmé par le crépitement du feu.
Elle ne voulait pas dormir. Elle aurait dû profiter de son sommeil à lui pour s'enfuir. À quoi bon ? songea-t-elle en inspirant plus profondément, gagnée par l'assoupissement.
À quoi bon se battre en sachant qu'elle avait perdu ? Cet accord ne lui permettait que de limiter la casse au final.
Dès lors, elle se souvint de ses mains sur elle alors qu'elle sortait de l'inconscience, de la manière dont il avait exploré son être, sans aucune retenue. Son corps frissonna, au rappel de la violence avec laquelle il ne lui avait pas laissé le choix. Aucun.
Elle rouvrit les yeux, dans un dernier sursaut de conscience, avant de sombrer à nouveau, devenant la proie de multiples cauchemars qui seraient les premiers, du reste de sa vie.

La lueur de l'aube traversa ses paupières qu'elle ouvrit péniblement. Quelque chose fouissait le sol non loin. Sa vision encore floue se stabilisa sur l'imposante apparition. Le Cerf était à nouveau là, broutant le sol à moins de dix pieds.
Fascinée, elle se redressa lentement, la peau de bison glissant de ses épaules pour la laisser nue et frissonnante de froid. Ses longs cheveux blonds caressèrent son dos meurtri en glissant doucement.
De fins nuages de vapeurs s'élevaient de sa bouche chaude tandis qu'elle observait l'animal majestueux. Il releva soudain le museau et croisa son regard avant d'expirer bruyamment par les naseaux dans un nuage blanc. Le ciel se teintait de rose et de violet au loin, à travers les frondaisons. Jamais elle n'avait vu pareil spectacle, un spectacle si beau que ça ne pouvait-être qu'un rêve ou bien sa propre mort.




Shappa

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Sam 19 Oct - 20:33
C'était un sommeil comme Shappa n'en avait pas connu depuis longtemps. Aucune pensée perturbante n'était venue troubler sa tranquillité, aucun son n'avait brisé la paix qui régnait autour de lui. Le chant des grillons, au  contraire, l'avait bercé tout du long. Il n’y avait que le noir infini derrière ses paupières et une étonnante quiétude dont il n'avait pas le secret : elle venait et partait sans qu'il n'ait un contrôle sur elle. Mais les gardiennes lumineuses veillant sur le guerrier aux deux visages, sa nuit avait été calme. Quand il se réveilla, ce fut comme un retour en douceur à la réalité. Il émergea lentement de cette torpeur paisible, sentant la fraîcheur de l’aube avant même d’ouvrir les yeux. L’air était pur et vivifiant, chargé de l'odeur apaisante des grands arbres. Le miwok s’étira, encore enivré par la sérénité de la nuit passée, contre toute attente. Il laissa ses paupières se soulever lentement, la mémoire lui revenant : il avait suffit du même temps qu'il prenait à l'éclair de s'abattre sur la terre pour que ses deux derniers jours ne l'assaillent.

A ses côtés, il avait senti le froissement de la fourrure et le corps de Wagmiza qui s'en dégageait. Ce mouvement avait laissé pénétrer l'air frais et il s'était senti frissonner de tout son long. La douce lueur de l’aube teintait le ciel d’un dégradé d’or et de rose, baignant leur coin de verdure d’une lumière onirique qui pouvait laisser penser qu'il rêvait toujours.

Shappa vit d'abord Epi de Blé, à moitié nue et tremblante, ses longs cheveux retrouvant leur éclat après leur baignade et sous la lumière du jour. Il revoyait ces reflets qui avaient retenu son attention, l'hypnotisant presque. Sa cicatrice était là, marquant sa peau. Si c'était un rêve, est-ce que ce détail serait apparu si distinctement ? Il en douta vraiment. Des rêves qui paraissaient réels, il en avait déjà vécu et on s'y perdait complètement. Mais surtout, on n'y voyait ce qu'on désirait le plus... ou ce qu'on craignait le plus.

Puis, son totem, revenu depuis les fonds obscurs de la forêt. Avait-il oublié quelque chose ou s'amusait-il simplement à torturer le miwok pour tous les actes innommables de sa vie ? Shappa pouvait sentir la fraîcheur de l’air du matin sur sa peau et entendre le bruissement des feuilles sous la brise. Et pourtant, il doutait de la véracité de ce qu’il voyait. L'animal semblait trop parfait, trop serein... trop proche. Jamais, il n'en avait été si proche et jamais il ne l'avait rencontré plusieurs fois en si peu de temps. Pour en avoir le cœur net, il décida de se lever lentement, sans brusquerie, de peur de rompre cet instant fragile. Emportant sur lui la fourrure, le sol sous ses pieds était encore frais de la rosée du matin. Shappa était un homme grand aux épaules larges, mais ses pas étaient légers, à peine perceptibles dans le silence de la clairière. Il s’approchait de la scène, son cœur battant doucement contre sa poitrine. Il était maintenant tout près de Wagmiza, suffisamment pour voir le léger frémissement de sa respiration, sa peau hérissée par le froid. Alors qu'il se questionnait sur la réalité de sa vision, il posa une main sur l'épaule de la jeune femme. La différence de température créa un léger choc sous sa paume, lui avait le sang chaud. De si près, de jour, il put poser son regard noir sur ses cheveux. Ses doigts glissaient le long de son épaule vers sa nuque, frôlant les mèches jaunes comme le maïs. Le guerrier voulait simplement s'assurer qu'il ne rêvait pas. Aux frémissements qui le parcoururent, et qui le firent retirer immédiatement sa main, il comprit que tout ça était vrai.

Son regard allait du cerf à Epi de blé.
Elle était si proche de son totem qui ne fuyait pas, qui était paisiblement là à les observer, semblant confiant sur le fait qu'ils ne puissent lui faire aucun mal. Shappa esquissa un sourire, c'était peut-être le moment où jamais de trouver un peu de rédemption. Il tendit doucement la main vers le museau de l'animal sauvage, sans trembler, sans dévier le contact visuel qui s'était créé. Epi de blé était juste là à ses côtés, il sentait sa présence et la vit du coin de l'œil sans pouvoir dire si elle aussi, l'émotion l'avait submergée.

- Wa cheen yan kte, murmura-t-il quand il sentit le poil de l'animal sous sa pulpe. Il lui demandait pardon pour ce qu'il avait fait. Puis, Shappa courba l'échine. Baisser légèrement la tête, chez cet animal, signifiait qu'on le respectait et il avait coeur à le lui faire comprendre. En retour... son totem fit de même et cela lui fit rater un battement. Ses yeux, écarquillés comme deux lunes éblouies, n'arrivaient plus à se détacher de la beauté dégagée par le cervidé. Sous ce ciel aux couleurs pastels, prenait fin cette rencontre avec le cerf qui repartit de son côté. Le miwok était resté un instant figé, la main encore tendue dans le vide, qu'il baissa lentement. Il n'en revenait pas d'avoir obtenu une réponse.

Il devait partir. Et vite. Il devait rentrer voir Pamuya pour tout lui raconter.
Shappa se tourna vers Epi de blé. Sa bouche, à demi ouverte, laissa échapper un souffle inaudible. Encore surpris par ce qu'il venait de vivre, le natif put difficilement reprendre contenance. Il enleva la peau de bête sur ses épaules et la déposa sur Wagmiza, avant de tourner silencieusement les talons vers le campement. Finissant de rassembler quelques affaires, il monta un cheval tout en gardant l'autre à proximité avec la corde.
Avant de partir, Shappa arrêta son regard sur Wagmiza, sans jamais qu'un traître mot ne vienne briser cette aube mirifique. Puis, d'une légère pression des jambes contre les flancs de l'animal, celui-ci se mit à avancer. Shappa laissa Epi de blé derrière lui, seule au milieu de ce bout de terre, les braises du feu encore tièdes.


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Charlotte Beauchamp

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Dim 20 Oct - 16:54
Charlotte avait beau cligner des yeux, l'animal demeurait là, paisible, tourné vers elle. Vers eux.
Sa proximité lui donnait envie d'essayer de le toucher, cependant elle craignait de rompre le charme et la magie qui opéraient. Était-ce un rêve ou bien la réalité ? À ce moment précis, elle était bien incapable de le dire. La lumière diffusée par l'aube, le chant du vent et le murmure des insectes donnaient un caractère onirique au décor. Le sauvage, Shappa, s'agita dans son dos, s'éveillant très certainement. Elle ne prit pas la peine de se retourner pour voir ce qu'il faisait, subjuguée par la vision qui lui faisait face.
Lorsqu'elle sentit sa main chaude sur son épaule, elle tressaillit toutefois et se recroquevilla doucement. Elle prit conscience alors du froid environnant grâce à la différence de température entre leurs peaux. Et tandis que la main de l'homme, trop large et trop chaude, gagnait sa nuque, elle cessa tout bonnement de respirer, inquiète à l'idée de ce qu'il pourrait lui faire subir à nouveau. Le contact de sa peau contre la sienne, lui tira un haut le coeur qu'elle étouffa pour ne pas lui donner satisfaction. Elle ferma les yeux un court instant afin de s'évader de cette situation qui heureusement, ne dura pas. Le froid reprit possession de tout son être avec encore plus de violence, lorsque Shappa se leva, emportant avec lui le reste de la peau de bison.
Il s'avança vers le cerf et comme avec l'écureuil la veille, prit contact avec l'animal, simplement, comme s'il parlait son langage.
Charlotte ne s'était pas trompée, elle avait affaire à une bête, une bête capable de ce prodige.
Fascinée, elle se demanda s'il était capable de communiquer avec tous les animaux. Elle le vit s'incliner face à la prestance du Roi de la forêt et chose encore plus improbable, le Roi fit de même envers le sauvage.
La blonde referma la bouche et déglutit, incapable de comprendre les tenants et aboutissants de ce que cela représentait.

Alors le cerf s'en alla aussi sereinement qu'il était arrivé et le sauvage demeura un instant là, debout, la main encore tendue. Se pouvait-il que lui aussi, peine à croire en cette rencontre ?
Subitement, il se tourna vers elle et elle sursauta. Il semblait bien pâle malgré sa peau mate et ses yeux étaient toujours légèrement exorbités, comme s'ils venaient d'être témoins de l'impensable.

La suite se déroula trop vite pour que Charlotte ait le temps de l'analyser. Sans plus attendre, le sauvage posa la peau de bête sur les épaules de la jeune femme, regroupa ses affaires et se dirigea vers les chevaux.
Elle ne comprit pas tout de suite ce qui était en train d'arriver. Devait-elle se lever et le suivre ?
Leurs regards se croisèrent après qu'il fut monté sur le dos de son cheval, d'un bond souple. Le temps sembla se mettre en pause une nouvelle fois, seul témoin de ce dernier échange silencieux.
Alors, sans rien ajouter, il pressa les flancs de l'animal et disparut dans la forêt.

Charlotte restât là à attendre. Il allait très certainement revenir n'est-ce pas ? Elle s'emmitoufla davantage dans la peau de bête pour se réchauffer, le regard toujours tourné vers la forêt et le vide qu'il venait de laisser derrière lui.
Combien de temps s'écoula ? Elle n'aurait su le dire mais lorsqu'elle cligna à nouveau des yeux, elle se rendit compte que ceux-ci piquaient légèrement.
Les braises du feu qu'ils avaient partagé, étaient froides depuis longtemps, le chant des oiseaux avait changé et le soleil lui paraissait haut. Devant les cendres gisait toujours la griffe de lièvre qu'il lui avait montré et qu'elle n'osait plus toucher.
Elle se leva, l'idée qu'il ait pu lui rendre sa liberté commençant seulement à tracer un chemin dans son esprit.
Revenant sur la berge, elle but puis observa la forêt qui l'entourait.
Libre, elle l'était assurément, sauf qu'elle n'avait pas la moindre idée de sa localisation.
Libre et perdue, voilà ce qu'il venait de faire d'elle.

Sans savoir où elle allait, elle se mit à déambuler dans les bois qu'elle trouva bien plus effrayants à présent qu'il n'était plus là. Serrant la peau de bison sur elle, elle se borna à marcher, encore et encore, décidant d'une direction puis en changeant, pétrie d'incertitudes.
À plusieurs reprises, elle se mit à pleurer et l'instant d'après, elle riait comme une folle à lier.
Elle était libre, elle avait survécu et voilà qu'elle allait peut-être mourir de froid, de faim, dévorée par un loup ou bien par un ours, qui pouvait bien le savoir.

La journée passa et le soleil était déjà bas lorsqu'elle parvint enfin à quitter la forêt. Devant elle, les plaines s'étendaient à perte de vue. Et au loin, elle reconnut des champs et les barrières qu'elle avait construites elle-même. D'encore plus loin, la vision d'une maison entourée d'étables et d'écuries lui provoqua un sanglot étouffé. Incrédule, elle porta sa main à sa bouche.

C'était chez elle. Elle avait réussi.

Malgré la fatigue, la douleur et la faim, Charlotte pressa le pas en direction de son foyer. Elle ne pouvait pas courir mais chacun de ses pas la rapprochait de la sécurité et de l'odieuse vérité qu'elle devrait affronter.
Celle d'avoir vu mourir Hank, celle d'avoir perdu une part d'elle-même, celle d'avoir échoué dans sa mission familiale et de trahir encore les siens, avec cet accord improbable.

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