Messages : 228 Feuille de personnage Disponibilité RP: Oui Dialogue: #cccc33 Age: 25 Métier: Gérante du ranch Beauchamp Caractéristiques:
Gérante du ranch
Mer 20 Mar - 22:33
Charlotte acheva de charger la dernière caisse dans le chariot. Elle s'épongea le front du revers de la main. Le soleil pointait à peine à l'horizon et elle l'observa un court instant, comme si elle attendait son approbation avant de terminer les préparatifs. S'agiter de la sorte pour les préparatifs lui avait donné chaud. Hank et Austin achevaient de regrouper les cent-cinquante têtes de bétail qui seraient vendues dans les infrastructures prévues à cet effet à Bodie. Tout le monde n'avait pas les moyens de se payer le luxe du bœuf mais Bodie, avec sa population relativement aisée avait contracté un accord avec Charles. Le drive auquel Charlotte participerait ne durerait pas longtemps, à peine une semaine, un peu plus peut-être. Et ce n'était pas si mal, compte tenu des récents événements.
Déroulant une carte sur le coté du chariot, elle aplatit le cuir contre le bois pour s'assurer de bien voir le trajet. La piste à suivre était toujours la même, les plaines, la poussière et des étapes régulières pour faire boire les bêtes à des points d'eau définis. Elle connaissait la musique, ce n'était pas une première pour elle. Toutefois, depuis le retour de Charles, elle n'avait pas eu l'occasion de repartir pour un drive et profiter ainsi de la solitude qu'elle affectionnait. Dans les plaines, il n'y avait personne pour la juger à part elle, ce qui lui permettait de relâcher un peu de pression quand à ce terrible drame qui la hantait. Aussi, elle était chargée d'excitation autant que d'appréhension avant ce départ. Laisser Gabrielle ne lui plaisait guère, même si elle savait pertinemment que Charles veillerait au grain. Elle comptait de son coté, se renseigner auprès d'un médecin à Bodie sur le mal qui rongeait sa sœur et profiterait du voyage pour le faire. Elle enroula la carte et la glissa dans sa besace qu'elle lança sur le banc du chariot puis plissa les yeux en direction de ses hommes entrain de terminer leur round up.
Le dernier animal venait de rejoindre les autres et Hank lui fit un signe de la tête à une vingtaine de mètres, indiquant ainsi qu'ils étaient prêts. Charlotte inspira profondément, enfonça le chapeau de son père sur son crâne jusqu'à ses oreilles et grimpa dans le chariot. Se saisissant des longues rennes, elle les fit claquer en même temps que sa langue dans un "yipyip" qui fit démarrer les deux chevaux. Dans un léger nuage de poussière qui s'élevait des larges roues, elle se retourna et fit un signe de la main en direction de la maisonnette pour dire au revoir à Gaby, puis se concentra sur le chemin à venir.
Pour l'occasion, elle était habillée comme un homme pour des raisons pratiques. Un pantalon marron et une chemise beige ayant appartenus à son frère et ses cheveux relevés dans son chapeau lui donnait des allures de jeune garçon. Les convois se déroulaient toujours de la même façon. À moins d'être un cowboy qui guidait le troupeau loin devant, le préposé à la cuisine s'ennuyait ferme à faire avancer le lourd chariot rempli des denrées, matériel et couvertures pour les repas et les nuits. Pas Charlotte cependant, elle appréciait la solitude que le poste de marmiton lui offrait. Qui plus est, elle avait beaucoup à songer. La veille, elle avait apporté une lettre au Colonel Anderson pour mettre un terme à leur relation, si l'on pouvait appeler ça une relation. Elle ne savait pas vraiment comment le définir mais avait préféré couper court, se sentant perdre pied dans ces étranges échanges en si peu de temps. Pourtant, elle ne cessait depuis de s'intérroger. Avait-il lu la lettre ? Qu'en avait-il pensé alors ? Évidemment, à cet instant précis, elle ignorait encore qu'il lui avait répondu, le coursier n'arriverait qu'en fin de matinée. Elle avait également pensé au shérif Cooper et à toute cette histoire tragique de hors la loi qui avait sévi et dont elle était convaincue qu'ils étaient déjà loin. Sur son chariot, elle se sentait en sécurité. Qui pourrait bien les attaquer ? Les brigands n'auraient rien à y gagner quand aux sauvages, les chemins empruntés les évitaient. Dans tous les cas elle portait à sa taille un petit couteau et à ses pieds, trônait bien évidemment le fusil de son père, dont elle ne se séparait jamais. Dans sa besace se trouvaient des munitions ainsi que sa gourde d'eau. Les cowboys n'avaient pas d'armes, seulement quelques lassos et fouets pour faire avancer les bêtes. Un coup de feu pouvait les effrayer. Les bœufs étaient placides, jusqu'à un certain point, mais lorsqu'une centaine de têtes chargeaient, c'était une autre paire de manche.
Le soleil se levait et un sourire délicat ourla ses lèvres roses tandis qu'elle portait sa main à hauteur d'yeux pour se protéger de son éclat. Elle écarta les doigts cependant, s'amusant de cet aveuglement temporaire. Le vent caressait son visage, les herbes chuchotaient sur le passage du chariot et les chevaux étaient calmes. La journée se déroula sans encombre, lorsque le soleil atteignit son zénith, elle stoppa le chariot et prépara à manger pour ses deux employés et pour elle. Puis ils reprirent leur route, pressés de pouvoir s'installer pour la nuit à venir. En milieu d'après-midi, ils parvinrent à un premier point d'eau tandis que le ciel se couvrait. En reprenant le chemin, ils se hatèrent donc pour éviter la pluie à venir sans grand espoir. La nuit allait tomber et un grondement déchira le ciel avant qu'un éclair ne l'illumine en un flash aveuglant.
Les nuages s'amoncelant masquèrent les derniers rayons, donnant une allure étrange à l'atmosphère devenu lourd malgré l'orage qui finalement poursuivit sa route sans eux. Charlotte en fut soulagée et tandis que Hank et Austin s'assuraient que les bêtes ne s'éloignaient pas, elle alluma un feu et prépara le repas. Des œufs et des haricots à la tomate. De temps en temps, une goutte d'eau claquait sur son chapeau et elle se hâtait alors, d'achever les préparatifs avec sa cuillère en bois. S'il se mettait à pleuvoir sérieusement, le chariot couvert ferait un bon abri. Du moins pour un temps, les cowboys dormaient toujours près des bêtes, triangulant le troupeau. Elle n'avait pas peur du noir mais n'était pas à l'aise à l'idée que contrairement à elle, ses employés passeraient leur nuit sous la pluie.
Les premières lueurs de l'aube teintaient l'horizon, et sur la crête de la colline, se tenait le natif aux Deux-Visages. Guerrier de la tribu miwok, il était aussi un marcheur-de-l'Aurore. La fraîcheur du matin, la terre encore endormie, le silence à l'état brut. Shappa aimait ce cadeau journalier offert par Mère-Nature, elle l'incitait à la réflexion et à la détente. Au sommet de la colline, sa silhouette se découpait contre le ciel naissant. Il portait sur son visage les marques rouges qui le définissait, lui et sa mère. Très tôt, il avait décidé que ses peintures seraient inspirées de Pamuya. Eux deux étaient de ceux qui entendaient et comprenaient les esprits, alors, il était naturel de porter son identité profonde sur sa chair.
Ce matin-là, il se dressait là-haut le cœur battant. Ses yeux scrutaient en contre-bas avec la vigilance d'un faucon, il observait le monde qui s'éveillait lentement sous la caresse des premiers rayons du soleil. Il avait eu besoin de s'isoler du reste des siens, son cœur et ses épaules étant lourds sous le poids des mensonges et des responsabilités. La chasse était un bon moyen de se vider l'esprit des tourments, Ninovane l'avait obligé à quitter la maison et de ne revenir que lorsque la pointe de ses flèches seraient aussi rouges que la terre cramoisie du désert. A sa première femme, peu importait le temps que cela prendrait, tant qu'il le faisait bien. Au printemps, les chasseurs approvisionnaient la tribu après les rigueurs de l'hiver. Les troupeaux de bison étaient nombreux sur les plaines au mois d'avril et de mai, mais ce n'était pas cet animal que Shappa visait, seul avec son cheval il n'y arriverait pas. Il aurait pu jeter son dévolu sur les oiseaux migrateurs, les poissons remontant les rivières, ou d'autres animaux se déplaçant vers leurs zones de reproduction. Mais encore une fois là, n'était pas le but du guerrier.
Sur les plaines, vivaient une famille de visages pâles. Ils possédaient une maison en bois dont la disposition était différente d'une maison normale, car elle y abritait beaucoup de chevaux et de bétails. Plusieurs fois déjà, Shappa les avait épié depuis les hauteurs. Parfois seul, parfois avec un frère. Il savait que viendrait le moment de conduire le bétail à travers les plaines, vers le Nord... Il était là pour les suivre au loin, attendant le moment. Un instant dans le temps, une voix dans la brise.
Quand le soleil devint un tyran implacable et que le sable se transforma en un tapis ardent, les hommes blancs s'étaient arrêtés pour une première halte. Quand le ciel se couvrait d'un manteau gris, un point d'eau les força à un deuxième arrêt nécessaire pour se remettre de l'écrasante chaleur qui se nourrissait de l'énergie vitale de l'Homme. Quand les grondements des esprits s'élevaient au-dessus de leur tête, Shappa comprit qu'il avait pris le bon chemin. Le tonnerre et les vents violents étaient interprétés comme des manifestations, et les orages étaient des moments propices pour communiquer avec le monde spirituel. - Aŋpétu wasté yuhá. Je vous écoute. Lorsque les éclairs et les orages se mêlaient au vent, c'était que les ancêtres étaient présents à travers la nature. Il sourit, hâtant son cheval plus près du campement établi par les Blancs pour la nuit. La pluie était salvatrice et une alliée, elle masquait son odeur et le bruit de ses pas.
Le miwok savait se faire discret, le désert était sa maison. Cette nuit, il s'approcherait du campement pour une observation plus profonde. Il n'allait pas les voler à la dérobée, ce n'était pas digne d'un guerrier... La pluie battante commença par tomber. L'heure tardive était avancée et Shappa choisit ce moment pour marcher très tranquillement jusqu'aux trois visages pâles, laissant son cheval à quelques mètres au cas où il devrait fuir. Car le natif savait que l'homme blanc n'avait que faire de la dignité et qu'il se ferait tuer sur-le-champ.
(C) LAURA
Charlotte Beauchamp
Inscris le : 07/09/2023
Messages : 228 Feuille de personnage Disponibilité RP: Oui Dialogue: #cccc33 Age: 25 Métier: Gérante du ranch Beauchamp Caractéristiques:
Gérante du ranch
Jeu 28 Mar - 22:40
La pluie se mit à tomber avec force. Charlotte releva la tête pour vérifier les nuages. Elle porta la main à son chapeau pour s'offrir une visière supplémentaire face aux gouttes qui fouettaient l'air. Au loin, elle aperçut Hank et Austin qui arrivaient au grand galop. Sans attendre, elle récupéra la marmitte qu'elle hissa jusqu'à l'arrière du chariot, à l'abri de la toile huilée qui couvrait ce dernier. L'eau commençait à traverser ses vêtements et elle frissonna. Elle avait oublié son manteau huilé, persuadé que le temps ne lui ferait pas défaut. Une erreur visiblement, elle risquait d'en payer les conséquences dans les jours à venir, quand le rhume ou la grippe la clouerait au lit pour quelques jours.
Pendant que les hommes descendaient de leurs montures, Charlotte grimpa dans le chariot, à l'abri et leur servit deux auges. Elle se débarassa de son chapeau et attendit ses employés. Hank fronça les sourcils en entrant, avisant ses mains vide. Elle haussa les épaules en affichant un sourire insolent. Austin fit moins de manière à voir la jeune femme sans assiette. Elle mangerait bien après eux, que pourrait-elle faire d'autre ? Ce n'était pas elle qui allait se tremper la gueule toute la nuit.
- Comment vont les bêtes ? demanda-t-elle tandis qu'ils enfournaient les cuillères. - Ça va, grommela Hank. Elles se trempent, comme nous.
Charlotte hocha la tête et ouvrit légèrement la toile du chariot pour voir l'extérieur. Avec les nuages amoncelés, la nuit semblait tomber plus vite. Elle se sécha comme elle le put, soupirant de temps en temps en pensant à la chaleur de son foyer. Et dire qu'elle n'était partie que depuis le matin... Le repas expédié il fallut repartir. À présent il faisait nuit noire, la pluie tombait toujours. Charlotte releva ses cheveux nattés qu'elle plaça dans son chapeau pour éviter de les mouiller, renfila son manteau encore mouillé et prépara deux lampes tempêtes pour les cowboys tandis qu'ils achevaient leurs préparatifs. Ajustant un châle sur ses épaules, elle alluma une troisième lampe qu'elle laissa dans le chariot puis sortit sous la pluie, donner la lumière, l'espoir dans l'obscurité.
Hank et Austin repartirent, non sans quelques paroles rassurantes. Charlotte avait ri. Elle ne craignait pas la nuit et puis que pouvait-il bien lui arriver sur cette voie loin des territoires sauvages. Qui plus est, elle était armée et savait se servir de son fusil. En revenant vers le chariot, elle avisa le feu, éteint depuis longtemps et soupira à nouveau. Rajustant son châle qui commençait à peser sur ses épaules avec le poids de l'eau, elle grimpa à nouveau et chercha à installer la lampe en hauteur dans le chariot. C'est alors qu'elle le vit.
Dehors, dans l'obscurité, il y avait quelqu'un de grand qui marchait dans sa direction. Très certainement un homme. Elle sentit sa gorge se nouer et la peur se distilla dans ses veines, créant une panique qui lui coupa le souffle dans un premier temps. Lorsqu'elle inspira à nouveau dans un petit couinement incontrôlé, elle osa glisser sa main le long de la toile huilé pour voir ce qu'il en était. Peut-être avait-elle imaginé cet homme avec les ombres de la nuit ? Non, elle n'avait pas rêvé. Ses yeux s'écarquillèrent et elle se précipita à l'avant du chariot pour récupérer son fusil. Chaque pas lui semblait lourd et bruyant mais elle n'avait plus le temps d'être discrète. Quelqu'un s'approchait sans s'annoncer. Et ça...ça n'était pas bon signe. Sur le moment, elle fut tentée d'éteinte la lampe mais elle ne voulait pas se retrouver dans le noir complet. Devait-elle hurler ? Non, Hank et Austin étaient loin et avec cette pluie, elle n'était même pas certaine qu'ils entendrait le coup de feu. Non, elle était seule. Seule pour affronter son destin. Se recroquevillant au fond du chariot face à l'ouverture de la toile, elle s'accroupit derrière un tonneau, et patienta. Son fusil armé bien en place, calé contre elle et posé sur le support de bois qui lui servait de bouclier, son doigt sur la gachette n'attendait qu'un signal de sa part. La peur battait à ses temps, la rendant presque sourde à l'environnement extérieur et ses pensées l'accablèrent. Etait-ce une punition ? Etait-ce là la réponse de Dieu pour son crime ? Bon sang, il en avait mis du temps ! Elle se surprit à songer cependant, que si c'était le cas, alors elle l'accepterait.
Les plaines étaient sa maison. Les miwoks ne craignaient pas la sécheresse, ni les tempêtes de sable. Lorsqu'une d'elles parcouraient leur terre, ils n'allaient pas courir se réfugier dans un trou, non. Ils marchaient au milieu de ces vents chauds qui fouettaient les visages et mettaient à rude épreuve les esprits. Quand il n'y avait nulle peur et que les craintes laissaient place au respect, la communion qu'entretenait les miwoks avec leur mode de vie était infaillible. Cette connexion avait bien sûr sa limite, Shappa ne voyait pas dans l'obscurité mais avait l'oeil plus affûté qu'un visage pâle qui s'éclairait constamment par la lumière d'un feu crépitant, d'une flamme jaillissant sous un verre protecteur. Ils arrivaient à faire tenir une petite lumière durant des heures, à l'aide d'il ne savait quelle incantation. Leur chaman ne possédait pas ce pouvoir, on ne pouvait soumettre les éléments à sa guise et c'était ce que faisait les blancs, avec tout.
Shappa avait marché vers le campement. Il n'allait pas attaquer tout de suite, il souhaitait voir de plus près de quoi étaient faits ces hommes. Trois envahisseurs pour un guerrier miwok, ce n'était rien. Mais il n'était pas comme Ohanzee, à plonger dans le précipice comme s'il se savait protégé par le Grand Esprit. Il était prudent, avisé, parfois calculateur, ou plutôt anticipateur. A l'égal de son vrai totem, Shappa réfléchissait avant d'agir inconsciemment. Plus le natif s'approchait, plus il entendait ces bruits que seul un pied humain pouvait faire. C'était surprenant, mais on l'avait repéré, il y avait quelqu'un qui l'avait vu même dans les ombres. Devait-il voir dans ce premier échec qu'Akba-Atatdia, le Coyote qui se changeait en vieil homme dans les déserts, n'approuvait pas ce rapprochement ? Devait-il s'effacer et continuer de les suivre, jusqu'au prochain signe ?
Shappa se stoppa. Il était assez près pour distinguer ce chariot et l'esprit mouvant qui s'y cachait. Il sentait la peur, qui ne venait pas de lui. La pluie effaçait les traces du gibier traqué, mais pas l'odeur d'un être vivant qui frissonnait. - Wíyokisni, dit-il sous le torrent qui s'abattait sur son corps trempé, ce qui signifiait "Je te sens". Ses yeux continuaient à scruter la scène silencieuse, en dehors de la pluie. Si l'homme l'avait vu venir, pourquoi restait-il caché ? N'avait-il pas la fièvre du combat qui faisait sortir la bête de son trou, pour défendre son territoire quand bien même il avait été volé ? - Háŋ mitȟáŋka kiŋ héčha.Cette nuit, tu peux dormir.- Aŋpétu kiŋ, yuŋ miwók wówaža wí.Demain tu verras le visage du miwok. Le silence revenait alors qu'il cessa de parler et que lentement, il rebroussait chemin sans tourner le dos au Mal. Un blanc pouvait tirer dans le dos d'un ennemi, ils ne ressentaient pas la honte de la lâcheté.
(C) LAURA
Charlotte Beauchamp
Inscris le : 07/09/2023
Messages : 228 Feuille de personnage Disponibilité RP: Oui Dialogue: #cccc33 Age: 25 Métier: Gérante du ranch Beauchamp Caractéristiques:
Gérante du ranch
Lun 8 Avr - 16:40
Combien de temps resta Charlotte ainsi, prostrée, les doigts crispés sur son arme ? Le coeur battant, sourde à sa raison, le bruit de l'eau crépitant sur la toile cirée du chariot l'empêchait de penser avec clarté. Il y eu un grondement de tonnerre et elle sursauta en retenant un cri qui se mua en un couinement ridicule entre ses lèvres. Elle avait mal aux joues à force de serrer les dents, son corps tout entier la faisait souffrir, courbaturé par la tension exercée par sa propre peur. Elle patienta que l'ombre s'avance et déploie le pan de tissu. Oh elle lui ferait bon accueil, d'un coup de fusil. Mais le temps passa et rien ne vint. Alors elle se demanda si elle n'avait pas imaginé tout ça, tremblante de froid comme de peur, elle se déplia et s'avança à quatre patte jusqu'à l'arrière du chariot. Là, d'un doigt tremblotant, elle écarta le tissu pour se donner l'pportunité d'y voir. Seul l'obscurité lui répondit. La nuit était dense et la pluie formait un rideau épais dans le noir. Avait-elle rêvé ? Non, il y avait bel et ben eu quelque chose, ou quelqu'un. Quelqu'un état plus à parier, pourtant, son regard balaya le sol à la recherche de la moindre trace mais le sol détrempée par les eaux avaient camouflé le passage.
Elle se recroquevilla à nouveau, le pouce dans la bouche qu'elle mordilla d'anxieté. La nausée la gagnait, en même temps que l'impression de devenir folle. Ses vêtements étaient trempés et le froid s'imisciait dans le moindre centimètre de sa peau. Elle allait mourir gelée à ce rythme mais elle n'osait pas sortir, ni même se changer. Parce que cela voulait dire lâcher ce fusil, même un court instant. À l'abris dans son chariot, la pluie finit par offrir ses dernières larmes et à l'aube, le soleil perça les nuages. Charlotte n'avait pas bougée et les yeux rougis par une nuit sans sommeil, elle observa les premiers rayons. À force de rester recroquevillée, elle s'était réchauffée, un peu. C'était cependant sa peur qui lui donnait chaud et qui la maintenait aux aguets. Elle avait vu quelqu'un, il n'y avait plus de doute à sa certitude. Le bruit de chevaux au galop attira son attention et elle descendit du chariot, manquant de se casser la figure tant elle avait gardé ses jambes pliées durant des heures. Les étirer lui faisait un mal de chien. Hank l'observa un moment en descendant de cheval, il fronça les yeux.
- Tout va bien ? Elle hocha la tête et se décida à refaire un feu avec le bois sec de réserve dans le chariot. Austin grommela que le café n'était pas près et Charlotte s'activa davantage. Elle s'enquit des bêtes et de ses hommes. Tous étaient trempés mais en vie. Ils mangèrent les restes de la veille, en silence. Charlotte n'osa pas parler de l'épisode nocturne, de peur qu'ils la prennent pour une folle. Elle n'avait pas le droit d'être faible en de pareils moments ou alors ils le lui rappeleraient toute sa vie.
Après le repas, les garçons repartirent pour relancer le troupeau. Charlotte rangea le bivouac, étouffa le feu. Malgré ses vêtements mouillés, elle ne s'était pas changée, gardant chemise, veste et pantalon humides. Le chapeau de son père était trempé mais il conservait toujours ses longs cheveux blonds bien rangés à l'intérieur. Etait- l'arrivée du jour ? Ou bien celle du soleil ? À moins que le simple fait d'avoir vu ses hommes sains et sauf qui avait suffit à la rassurer un peu ? Oui, le soleil éteignait quelque peu ses craintes. Son fusil n'était pas loin, posé contre la roue arrière et elle lui lançait régulièrement des regards quand elle n'observait pas les environs à la recherche du moindre mouvement. Dans le même temps, elle se hâta de remonter la marmite qu'elle nettoirait au prochain arrêt pour faire boire les bêtes. La semelle de sa bottine poussa la terre humide sur le foyer du feu, transformant les braises en un filet blanc évanescent qui s'éleva dans les airs. Il y avait un certain apaisement à l'observer. Elle devait se hâter, les garçons avaient dû prendre un peu d'avance et même si le troupeau n'avançait pas vite, elle non plus du haut de son chariot et des deux chevaux. D'autant plus que le sol était devenu boueux à cause de toute cette pluie. Elle était sale et détrempée, habillée comme un homme et non peignée. La fatigue cumulée s'était invitée sur ses traits et ses gestes en patissaient : moins précis, moins rapides. Elle subissait de plein fouet le contrecoup de cette adrénaline qui l'avait gardée éveillée, toute la nuit.
Après sa visite nocturne, Shappa était reparti récupérer son cheval. Sous le torrent de pluie, les deux acolytes n'avaient pas trouvé d'abri mais un véritable miwok était conscient que le désert n'était pas toujours un ami raisonnable. Il prit la large peau de bête cousue pour former un lourd manteau imperméable sous lequel il se cacha. Son mustang autrefois sauvage était assez résistant pour tenir bon le temps que l'averse si c'en était une, cesse ce déchaînement. Il s'endormit assis en tailleur, les bras croisés et la tête tombant vers l'avant. Cette position n'en avait pas l'air mais elle était confortable, ses muscles tiraient sur plusieurs endroits et le détendait. Mais à son réveil, cette immobilité prolongée avait l'habitude de rendre sensible le bas de sa nuque.
Les sens étaient en alerte dans ce vaste désert, et comme promis à l'homme blanc de la veille, aujourd'hui il verrait le visage du miwok. Le ravitaillement de la tribu était sous la responsabilité de tous les hommes valides, Shappa n'allait pas y échapper. La pluie avait cessé et de nature généreuse, laissa derrière son passage une boue qui compliquait ses plans et une odeur fraîche et agréable dans l'air. Il sourit doucement, humant les yeux fermés, le visage tourné vers le ciel. C'était cette communion particulière entretenue avec la nature et le souffle du vent, que son père prenait pour une faiblesse. Mais le guerrier des guerriers, qui engendra à son tour des fils, n'avait pas à s'en faire. Shappa avait choisi la voie la plus simple et la plus logique pour un miwok descendant d'une longue lignée de combattants. Il ne ferait pas honte à son père.
Dans une volée de sable, natif et étalon quittèrent le logement de fortune. Ils s'étaient éloignés des envahisseurs pour ne pas être surpris de nuit, même si les chances étaient faibles. Shappa retourna sur les lieux à présent vide où s'était tenu sa rencontre silencieuse avec l'homme caché dans son chariot. Il descendit du mustang et approcha jusqu'au feu de camp, où il s'accroupit. Le miwok plongea le bout de ses doigts dans le charbon tiédit qui fumait encore il y a quelques minutes.
- Ils ne sont pas loin, murmura Shappa dans sa langue natale.
La boue offrait un moyen très efficace pour que le pire des pisteurs trouve la trace de sa proie. Les natifs étaient des experts dans la lecture de terrain et choisissaient soigneusement leurs itinéraires, aussi Shappa dut se forcer à avancer dans cette direction. Il ne s'inquiétait pas, le soleil allait rapidement faire durcir la boue, c'était pour cela qu'il attendrait avant de charger. Ce territoire n'étant pas celui des miwoks, il resterait vigilent. Le soleil miroitait plus haut dans les nuages quand il vit ces ombres à l'horizon. La terre bien asséchée, Shappa prit de la vitesse, tonnant à son fidèle compagnon de galoper toujours plus vite. Ses sabots martelaient le sol aride où les empreintes de bétails se confondaient par centaine... Puis, une flèche fendit l'air, se plantant plusieurs mètres plus loin. Ce n'était pas lui qui avait tiré, mais bien l'un des siens. Les sourcils froncés et mécontent, il dut ralentir jusqu'à accueillir le nouvel arrivant d'un regard glacial.
- Mais que fais-tu là, Mingan ?! L'autre guerrier, un peu plus jeune que lui, le toisait pour sa part d'un regard qui se voulait un peu plus bienveillant. - Talinka m'a demandé de veiller sur toi. Tu es parti sans prévenir personne. Sa seconde femme avait toujours peur qu'il lui arrive malheur. Shappa n'était pas content mais ne pouvait déverser sa colère sur un geste qui partait d'un bon sentiment. - Ninovane m'a demandé de partir pour veiller moi-même, sur moi. Tu peux t'en aller, répondait le guerrier qui reposa ses yeux sur le convoi de bêtes un peu plus loin. - Je pourrais t'accompagner pour la chasse. - Ce n'est pas une chasse. Il allait se servir à juste titre, car pour le miwok, ces animaux appartenaient à la terre sacrée et non à un "ranch". - Ravitailler la tribu est l'affaire de tous. Je suis là, maintenant, dit Mingan avec un sourire qui déplut à Shappa. Mais l'instant présent n'invitait pas à la querelle. Shappa fit volte face et reprit sa course. Il n'avait pas senti la présence de Mingan qui le suivait depuis de longues heures déjà. Avait-il été trop absorbé par ses pensées ? Il s'en voulait, il avait failli. Si Mingan avait été un ennemi, il serait sûrement mort...
Le natif serrait les rênes, incitant son mustang à accélérer encore plus, ses muscles puissants se tendant sous lui. Avec habileté, il navigua à travers les dunes de sable et les rochers dispersés, gardant le chariot en ligne de mire. Sa gorge déploya son cri de guerre lorsqu'il fut à portée, décochant une première flèche en pleine course. Il visa la roue du chariot, y plantant avec succès sa pointe aiguisée qui déstabilisa la trajectoire du Blanc.
(C) LAURA
Charlotte Beauchamp
Inscris le : 07/09/2023
Messages : 228 Feuille de personnage Disponibilité RP: Oui Dialogue: #cccc33 Age: 25 Métier: Gérante du ranch Beauchamp Caractéristiques:
Gérante du ranch
Mer 1 Mai - 15:57
Le chariot avançait lentement sur le sol boueux. Le mouvement berçait presque Charlotte, éreintée par cette nuit de peur. À plusieurs reprises, elle avait piqué du nez, relevant le visage en sursaut dès que l'adrénaline fournie par la peur refluait. Elle n'était plus chez elle, cette terre était inconnue même s'il s'agissait du cheminement habituel, on ne savait jamais sur quoi on pouvait tomber. Les quelques fois où elle avait participé, Charlotte s'était rassurée avec la présence des hommes et de son fusil. Cela avait suffi mais peut-être que l'on se croyait injustement rassuré parce qu'il ne nous était rien arrivé ? Après cette nuit, la jeune femme n'avait plus l'esprit tranquille. La fatigue, la tension et la peur nourrissaient son imagination et contractaient chaque parcelle de son corps. Elle ne se sentirait en sécurité qu'une fois arrivée à bon port. Serait-elle même capable d'effectuer le chemin du retour ? Oui, Hank et Austin chevaucheraient à ses côtés. Tout irait bien. Elle observa l'horizon et ce soleil qui commençait à dessécher le sol de terre battue. Au loin, il lui sembla apercevoir le léger nuage de poussière soulevé par le troupeau, diminué par l'humidité. Le temps de tout ranger, elle avait pris un retard considérable sur le convoi et instinctivement, elle força un peu le pas des chevaux pour tenter de rattraper petit à petit la distance qui la séparait du troupeau.
Le chariot était lourd et ses chevaux n'étaient pas des bêtes de somme. Elle ne souhaitait pas les épuiser mais sa crainte la poussait à l'imprudence. En relevant les yeux, elle vit un oiseau de proie effectuer de larges cercles non loin et machinalement, son regard se posa sur son fusil juste à côté. Soudain dans un soupir qui se mua en un rire nerveux, elle lança pour elle-même : - C'est ridicule... Comment voulait-elle être prise au sérieux si elle paniquait sans aucune preuve tangible ? Était-ce là la gérante d'un grand ranch ? Avec amertume, elle songea que son père lui aurait collé un coup de pied au cul face à cette attitude de pleurnicharde. Elle devait se reprendre. C'était la solitude et la peur qui lui avait fait imaginer des choses cette nuit, rien de plus. Un nouveau rire un peu plus léger franchit ses lèvres roses avant de s'éteindre net à l'écoute de ce grand cri qu'on venait de pousser dans son dos. Instinctivement, elle se pencha sur le côté pour regarder à l'arrière du chariot. C'est alors que sa peur explosa. Les yeux écarquillés, elle contempla, immobilisée un instant par la frayeur, ce démon surmontant un cheval qui galopait dans sa direction. Son propre cri s'était coincé dans sa gorge quand bien même elle était terrifiée. Sa plus grande peur venait de se matérialiser juste devant elle. Même s'il était encore loin, elle put reconnaître les cheveux sombres, le corps peint et cette peau mate. Voilà à quoi ressemblait l'envoyé de la mort. Son coeur battait à tout rompre, son souffle se fit plus court. Il serait bientôt là, un homme à cheval seul irait forcément plus vite qu'un chariot. Ils étaient deux d'ailleurs. Pourtant, ces doigts agirent sans la consulter en relevant les guides pour lancer les chevaux au galop. Pourrait-elle rattraper le convoi ? La question ne se posa pas, tandis qu'elle se penchait à nouveau pour vérifier la distance entre les sauvages et elle, elle le vit décocher une flèche et se recroquevilla sur le banc de bois espérant qu'il viserait mal ainsi lancé dans sa course. C'est alors que le chariot bascula d'un côté, manquant de la faire tomber. Elle se rattrapa in extremis et chuta lourdement sur le côté opposé. Dans sa chute, elle avait lâché les guides et les chevaux ralentirent avant de repasser au pas.
- Non non non non....couina-t-elle les yeux piquant de larmes en réalisant qu'il serait vain de les relancer désormais. La sueur baignait son dos malgré le froid de ses vêtements encore humides et son souffle lui manquait. Pourtant, dans un élan désespéré, elle se saisit du fusil de son père avant de sauter du chariot. Hank et Austin étaient trop loin pour l'entendre hurler mais un coup de fusil peut-être, suffirait à les faire revenir. Arriveraient-ils trop tard ? Elle leva rapidement les yeux vers le ciel avant de le reporter sur les deux hommes qui approchaient dangereusement. La peur au ventre, elle arma le fusil à son épaule et visa. Bien que son corps tout entier tremblât, son doigt écrasa la gâchette avec certitude. Elle mourrait sûrement ici et si c'était sa punition pour avoir tué son père, alors elle l'accepterait. En revanche, elle ne partirait pas seule, voilà l'unique promesse qu'elle pouvait faire. Déjà condamnée à l'enfer, que risquait-elle de plus ?
Spoiler:
Jet bien réussi 4/14 je te laisse décider ce qu'elle touche, sachant qu'elle n'aurait certainement pas le temps de recharger avant que vous ne soyez à sa hauteur
[size=32]La femme au visage pâle et le natif[/size]
Le Blanc l'avait vu. Il s'était retourné sur son chariot et même si Shappa n'avait pas su lire la peur dans ses yeux, il la devinait facilement aux accélérations qu'il tentait de faire. Les semer ? Comment le pourrait-il, un miwok déterminé était un miwok qui obtenait ce qu'il voulait.
Le vent soufflait sous ses cheveux, son corps arqué sur le mustang était tendu. Shappa saisissait la vitesse, un chariot était lent comparé à un natif sur son destrier et pour l'heure, rien ne pouvait arrêter le guerrier si ce n'était une balle en plein cœur. Ses cris retentissaient encore, son guttural sonnant l'appel du sang et de la destruction, parfois la mort. Le chariot devant se retrouva à terre, isolé du reste du convoi. Shappa savait que l'homme blanc tenterait de se défendre et il n'en attendait pas moins de ces étrangers dénués d'intérêt pour les autres créatures que portaient la Terre, excepté eux-même. Son cheval s'approchait dangereusement et Mingan le suivait de près, traçable au bruit des sabots de sa monture et de ses cris.
Depuis le dos de son mustang, Shappa vit le Blanc s'armer d'un fusil. Il sourit. Le combat n'était pas loyal car ce n'était justement, pas un combat. Le sang des siens avait trop été versé car tués les mains liées, leur méthode de sauvage n'était pas moins barbare que celle des miwoks. De cela il en était convaincu. En voyant la trajectoire du fusil, le natif commença à zigzaguer avec son étalon. D'un geste, il intima à Mingan de faire pareil, il leur fallait avoir une avancée non linéaire pour amoindrir les chances du Blanc.
Le coup partit, puissant et sonore, un bruit que Shappa haïssait. Il se sentit toujours aussi vivant après le tir, une bénédiction lui arrachant un autre cri de rage et de victoire. Mais derrière lui, le cheval de Mingan fut touché et s'écrasa à la renverse en emportant son cavalier avec lui. Par-dessus son épaule, il avait observé la scène, jaugeant de son niveau de dangerosité. La chute avait eu l'air terrible et son ami ne semblait plus bouger. Furieux, Shappa qui arrivait sur place sauta de sa monture pour avancer d'un pas déterminé vers l'homme blanc qui venait de tuer son ami. Ses sourcils étaient froncés par la colère et ses yeux voilés par la fureur, contre lui-même, contre Mingan qui l'avait suivi, contre sa femme qui l'avait envoyé. Tout cela n'aurait pas dû se passer ainsi.
- MEURTRIER ! hurla-t-il dans sa langue natale, ses poings serrés. Leur arme était puissante mais nécessitait un temps de recharge qui pouvait leur coûter la vie. Shappa n'eut donc aucun mal à cogner sans retenue l'homme blanc, d'un coup de poing qui l'envoya par terre. Il n'avait pas prévu de combat à main nue, mais si Mingan était décédé, alors il le tuerait en arrachant de ses dents cette jugulaire palpitante dans ce cou. Avançant vers ce corps qui paraissait si frêle et petit, Shappa se demanda s'il ne s'agissait pas d'un adolescent à la fleur de l'âge qui se la verrait faucher si tragiquement. Il n'avait sans doute jamais cru mourir des mains d'un miwok. - A quoi bon vous parler si vous n'entendez rien, pestait-il, rancunier. Il faisait allusion à ses dizaines et dizaines d'années où les natifs avaient tenté d'entrer en communication, jusqu'à signer des traités, tous bafoués. A combien de bœufs tu estimes ta vie, pauvre fou ? continuait de rétorquer Shappa, pointant du doigt le convoi au loin. Il s'était agenouillé près de l'homme, l'empoignant brutalement par le col. Ce qu'il découvrit le décontenança quelques secondes...
(C) LAURA
Charlotte Beauchamp
Inscris le : 07/09/2023
Messages : 228 Feuille de personnage Disponibilité RP: Oui Dialogue: #cccc33 Age: 25 Métier: Gérante du ranch Beauchamp Caractéristiques:
Gérante du ranch
Jeu 23 Mai - 23:19
La détonation percuta le ciel dans un bruit assourdissant. Charlotte avait légèrement fermé les yeux en prévision de l'impact sonore sur ses tympans, un réflexe qui pourtant ne l'épargna en rien. L'un des deux hommes chutta en pleine course tandis que l'autre poussa un nouveau cri. Elle n'eut pas le temps de se réjouir, elle ne voulait pas se réjouir, prendre une vie même sauvage ne lui plaisait pas. Elle devait bien se défendre cependant et quelque chose lui disait que ces deux là ne venaient pas prendre le thé. Les doigts tremblants, elle chercha à recharger son fusil, son regard oscillant entre l'homme qui se rapprochait toujours plus vite et ses mouvements imprécis, mus par la peur panique qui la secouait. D'un main elle chercha dans sa poche une munition, en vain. Tout était resté sur le chariot. Son regard dévia un court instant sur celui-ci, instant qui fut bien trop long lorsque ses pupilles accrochèrent à nouveau le sauvage qui venait de sauter à terre pour se diriger droit sur elle.
Elle recula dans un mouvement désarticulé et lent, ses jambes refusant de lui obéir tout à fait. Aux coins de ses yeux, de nouvelles larmes menacèrent de troubler sa vue tandis que ses doigts se crispait sur l'arme, dernier rempart entre elle et le démon qui lui faisait face. Il hurla un mot qui la fit sursauter et la tétanisa davantage. Perdue, elle était perdue et chaque pas qui le rapprochait d'elle la menait à sa perte. Pourquoi son corps refusait-il de bouger ? Son esprit lui, partait dans tous les sens. La menace fondit sur elle avec une dextérité et une vitesse qui lui sembla surréaliste, elle qui se sentait déjà sourde au monde extérieur, tant son coeur battait fort à ses tempes. Dans un mouvement désespéré, elle leva le fusil pour se protéger de lui sans succès. Le choc du coup qu'il lui porta lui fit décoller les pieds du sol et elle fut projetée en arrière, le souffle coupé. Lorsque son dos heurta le sol avec violence, elle poussa un gémissement douloureux coupé net par son manque d'air. Ses doigts avaient laché le fusil qui s'était écrasé plus loin soulevant un nuage de poussière dans la trainée qu'il avait effectué. Les yeux mi-clos, elle cherchait à reprendre son souffle tandis que des nuages sombres dansaient devant ses yeux, au bord de l'inconscience. La voix l'invectivait toujours mais elle ne comprenait pas ce qu'il lui disait, sa tête lui semblait lourde comme prise dans du coton. Le son arrivait de loin, couvrant à peine les battement furieux de son coeur affolé. Elle voulait se relever, essayer de fuir par elle ne savait quel miracle et ses paumes raclèrent le sol, ses doigts dérapant sur la poussière en vain.
L'instant d'après, il fut sur elle, saisissant son col et la redressant d'un coup. Alors son chapeau, déjà de travers par sa chute, acheva de quitter sa tête, dévoilant la blondeur de ses cheveux longs encore humides. Ses yeux essayèrent de faire le point alors que sa bouche happait l'air en un nouveau gémissement douloureux. Elle croisa ses pupilles sombres, bien enfoncées au milieu de ce maquillage rouge comme issu de l'enfer. Sa peau mate, son nez droit et sa bouche large si caractéristiques de son espèce. Et ses cheveux...aussi sombres que la nuit elle même.
Elle inspira par à-coup, reprenant peu à peu des couleurs sur son visage, rendu livide par la terreur et le manque d'air et sa vision se stabilisa. La force avec laquelle il l'empoignait était terrifiante, il était terrifiant et un frisson la secoua. Ses larmes ne coulaient plus, sa peur allait au delà. Elle aurait pu hurler, lui cracher au visage ou encore le supplier. Elle n'en fit rien car il n'y avait plus d'espoir. Voilà le sort qu'on lui réservait là-haut. Fort bien.
Plantant ses yeux verts dans les siens, elle croisa son propre reflet et observa un très court instant la poussière qui salissait son visage. Alors elle fit l'effort d'aggriper la main maintenant son col de la sienne, se rendant compte d'à quel point elle était ridiculement petite en comparaison et sans quitter le sauvage des yeux, avait relevé le menton dans sa direction, offrant ainsi son cou et toute sa conviction.
- Tue moi, avait-elle murmuré la voix tremblante sans savoir s'il la comprenait. Resserrant sa prise, elle reprit plus fort, les yeux piquants et la mine résignée. - Allez, qu'est-ce que tu attends ! TUE-MOI qu'on en finisse !
Puisqu'il était là pour ça et qu'elle n'avait aucun moyen de se défendre, qu'il en finisse et vite. Le faire rapidement serait une bénédiction, pouvait-il au moins lui offrir ça ?
Le chapeau porté par l'homme tomba piètrement à terre. Miwok comme tolowa, et comme beaucoup de voisins natifs des Plaines ou des montagnes, portait une longue chevelure. Chaque membre affichait son appartenance à sa tribu par le biais de la longueur de sa natte. Femme et homme savait que garder ses cheveux longs offrait une protection, témoignait de sa force, affinait les intuitions. Pour Shappa c'était encore plus significatif, comme pour sa mère. Il croyait aussi à l'extension de sa spiritualité via ses cheveux ; plus ils étaient longs, plus la communication avec les esprits étaient aisées.
Les nerfs vifs, il ne relâcha pas sa prise sur le col mais pensait à tout cela alors que s'étalait ces mèches blondes comme le blé qui reflétait la lumière du soleil. Le guerrier pouvait lire la terreur paralyser celle qu'il avait prise pour un homme. Il n'en était pas encore sûr, parfois les jeunes gommes portaient les traits délicats d'une femme. La faible poigne de cette petite main enroulant son bras aurait pu finir de le convaincre qu'elle était une fille menant le troupeau comme un mâle.
« Tue moi ». Shappa comprit ses mots, l'homme blanc était un fervent partisan du verbe tuer. Il y avait aussi piller, violer, mentir, trahir. C'était les premiers colons qui avaient ouvert le bal sanglant, il y a très longtemps et en réponse la tribu miwok n'avait fait que s'y adapter pour survivre face à cette hostilité croissante. Le visage d'Epis de blé était résigné face à la mort. Elle n'aurait pas dû tirer, il ne voulait qu'un bovin pour nourrir la tribu et maintenant un cheval, aussi. Celui de Mingan ne bougeait plus. Si Mingan lui-même était mort, elle le paierait de sa propre vie malgré l'étrange fascination pour sa couleur de cheveux qui miroitait au soleil. « Allez, qu'est-ce que tu attends ! TUE-MOI qu'on en finisse ! » Shappa prit son couteau, le manche était taillé dans le bois de façon brut, comme inachevé. Mais il l'aimait comme ça, son poignard. De nombreuses vies, il avait ôté. Lentement il approcha la lame du visage de la Blanche qui accueillait la mort. Si elle était tombée sur Ohanzee, il l'aurait tuée. Le guerrier aux deux visages n'était pas mécontent d'être seul à cet instant, il n'avait pas à porter le masque du guerrier miwok impitoyable. Ce poids était lourd et bien qu'il respectait son père pour qui il agissait contre sa nature, sa mère se tenait au-dessus de tout être vivant dans la pyramide de ce qu'il chérissait... aussi, il attrapa une mèche d'Epis de blé pour la couper d'un geste sec et assuré. Puis, il l'attacha à une cordelette en cuir.
Shappa était ami depuis des années avec Meturato, un autre guerrier qui n'avait plus à faire ses preuves et qui maniaient les armes des étrangers à la perfection, ainsi que leur langage dans une moindre mesure. Il pouvait ainsi se faire comprendre d'un blanc même si l'utilisation de la langue était basique et du niveau d'un petit enfant. « Epis de blé est femme. » Ses mains s'attardèrent sur le vêtement de la Blanche qui s'habillait comme un homme. Comme lui, prétendait-elle être quelqu'un d'autre ? Il mit une main au niveau de sa poitrine pour sentir s'il y avait un sein, lorsqu'il en eut la preuve, sa lame retrouva sa ceinture. Sa mère lui avait appris qu'une femme blanche ne devait rencontrer la lame d'un miwok que si elle en tuait un. Il devait encore vérifier que son frère d'arme respire. « Fougueux trotteur mort par toi. Donne » dit-il en désignant du menton l'un des chevaux qui tiraient le chariot de l'américaine. Son ton n'appelait à aucune négociation. En pointant son index vers le ciel pour désigner un unique boeuf à lui offrir, il rajouta. « Marcheur massif, donne » de gré ou de force, le guerrier allait repartir avec son du. Mieux valait-il pour elle, pour eux, qu'ils coopèrent.
Shappa jeta un regard par-dessus son épaule pour voir si Mingan avait bougé.
(C) LAURA
Charlotte Beauchamp
Inscris le : 07/09/2023
Messages : 228 Feuille de personnage Disponibilité RP: Oui Dialogue: #cccc33 Age: 25 Métier: Gérante du ranch Beauchamp Caractéristiques:
Gérante du ranch
Lun 3 Juin - 16:54
Alors que le désespoir de Charlotte venait d'ordonner la mort, seul le silence lui répondit. Ses côtes lui faisaient mal à moins qu'il ne s'agisse de son estomac. Elle ne savait plus trop, la douleur était sourde et diffuse, cependant, elle avait le mérite de lui rappeler que pour l'instant, elle était encore en vie. Enfin, le sauvage bougea et saisit un couteau qu'il approcha de son visage avec une lenteur terrifiante. La respiration de la jeune femme s'accélera mais elle ne se retracta pas. Le menton toujours pointé vers lui, comme si elle le défiait, elle tentait de réprimer les tremblements de peur et les larmes qui menaçaient de la submerger. Lorsqu'il relacha son col, elle crut sa dernière heure arriver et elle ferma les yeux, vaincue. C'est alors qu'elle sentit une légère tension dans ses cheveux suivit d'un crissement délicat qui marquait la taille d'une mèche de ses cheveux. Elle rouvrit les yeux, confuse, les sourcils légèrement froncés. Ses yeux ne pouvaient quitter l'homme qui lui faisait face et elle savait qu'à partir de ce jour, son visage hanterait ses nuits et chaque instant où elle aurait les yeux clos, comme à l'instant. C'était comme si son image venait de se graver sur ses rétines au fer blanc, soulignant la douleur de cette crainte qui ne la quitterait plus jamais, à moins qu'il n'achève sa requête.
Il l'avait relaché mais elle n'osait toujours pas bouger, paralysée par sa terreur et par le comportement étrange du démon qui lui faisait face. Voilà qu'il venait tout juste d'attacher sa mèche de cheveux avec une cordelette en cuir. Etait-ce un trophée ? Un souvenir ? Elle avait entendu dire que les sauvages coupaient les cheveux de leurs victimes et les conservaient pour en faire aller savoir quoi. Dans sa mémoire peu fiable du moment, elle ne savait plus si la pratique impliquait la mort ou non.
« Epis de blé est femme. » Il avait parlé, encore, dans sa langue pour changer. Elle ne comprit pas immédiatement pourquoi il lui parlait de blé et de femme, pourquoi il lui parlait tout court en réalité. N'était-il pas là pour la tuer ? Aussi, lorsque ses larges mains palpèrent ses vêtements jusqu'à trouver l'un de ses seins, elle émit un couinement à la fois surpris et offusqué. Les yeux écarquillés, toujours incapable de bouger, elle l'observa ranger son arme et comprit qu'il allait certainement la violer. Son regard avisa rapidement le ciel, lourd de repproches. Même si elle appelait la rédemption de ses voeux, elle jugea la punition bien trop sévère. Quitter ce monde aussi jeune et sans rien avoir connu de la vie de femme ne suffisait pas ? Un sanglot étouffé la fit grimacer alors que le sauvage lui parlait. Comme il lui désignait le chariot derrière elle, son visage suivit le mouvement. Il voulait un cheval, qu'en était-il d'elle ? Allait-il lui laisser la vie sauve ? Puis il pointa le ciel du doigt et lui indiqua vouloir autre chose. Un marcheur massif, mais elle ignorait de quoi il parlait. Ce qu'elle n'ignora pas en revanche, c'est qu'il détourna l'attention un instant pour observer son acolyte, toujours au sol. C'était peut-être le moment ou jamais. Elle devait trouver la force de bouger, elle devait se forcer à agir. Reculant lentement dans la poussière, elle saisit son propre couteau attaché à sa taille tandis qu'il reportait son attention sur elle. Le brandissant entre eux deux, elle lâcha d'une voix hésitante : - Non. Tu n'auras rien du tout. Je ne te dois rien ! Les jointures de ses doigts aggripés au petit manche blanchirent à mesure que la lame s'agitait entre eux, poussée par le mouvement de balancier induit par la peur. Un seul cheval ne pourrait pas tirer le chariot. Si elle le laissait partir avec, elle se condamnait à abandonner le chariot pour regagner Bodie, le drive en serait fortement compromis. Son être tout entier, bien que têtanisé, tenta alors le tout pour le tout. - Mes hommes ont du entendre le coup de feu, ils ne tarderont pas. Va-t-en...VA-T-EN !
La peur avait hurlé les derniers mots, les larmes dévalant ses joues pâles. Que pouvait-elle bien faire avec son canif ? Que pouvait-elle bien faire contre un démon ? À nouveau elle détailla son corps, ses muscles saillants et son visage implacable. Que pouvait-elle bien faire face à la volonté du Seigneur qu'elle reniait depuis des années ? Etait-ce un rappel à l'ordre ? Une nouvelle chance ? Non, la vie ne laissait jamais de seconde chance. Il fallait se battre encore et encore. Elle s'était battue pour sa soeur, elle se battait encore pour sa place, alors s'il fallait se battre pour choisir sa propre mort, elle le ferait. - Regarde moi bien Seigneur...murmura-t-elle en français. Si elle devait vraiment mourir aujourd'hui, alors ce ne serait pas des mains d'un sauvage. Sa dernière chance serait peut-être de retourner son propre couteau contre elle.
Trois secondes à détourner le regard et voilà qu'Epis de blé s'était lamentablement éloignée, soulevant un nuage de poussière, la main brandissant un couteau. La scène ne le fit pas trembler de peur, elle ne faisait pas peur. Elle avait peur. Cela ne lui enleva pourtant pas le courage de refuser les exigences de Shappa. Il avait compris "Non", il savait ce que ça signifiait. C'était un mot beaucoup employé par les étrangers à la peau pâle, aussi malade que leur âme fétide. Elle n'avait pas l'air de craindre sa propre mort, sauf si comme beaucoup de femmes miwoks elle le cachait derrière ses sourcils froncés et les rides creusant son visage paralysé.
- Mes hommes ont du entendre le coup de feu, ils ne tarderont pas. Va-t-en...VA-T-EN !
Le guerrier aux deux visages saisit surtout les deux derniers mots. Ses propres femmes n'avaient pas à lui donner ce genre d'ordre, ce n'était pas une étrangère qui allait commencer. "Va-t-en" ? Pour aller où ?
- Ici, chez moi, grognait le miwok dont le regard se durcit. D'autres étaient avec elle et Shappa devina qu'elle le menaçait, mais la menace était risible. Il n'était pas un tueur né, n'était pas avide de sang, mais savait et pouvait tuer avec beaucoup d'aisance. Ses tatouages le prouvaient, ses victoires et sa force étaient contés sur sa peau et ses plumes comme la plus terrible des histoires qu'on aurait pu raconter à Epis de blé.
Plus loin derrière son épaule, il entendit les plaintes de Mingan qui se relevait. Il n'était pas mort, mais les cris de rage qu'il lançait au ciel lui fit comprendre que le cheval l'était bel et bien. C'était une tristesse infinie que de perdre son compagnon des plaines. C'était un bel étalon qu'il serait difficile de remplacer, un mustang sauvage qui avait accepté d'être monté par une autre créature vivante, avec qui il avait tissé un lien. Mingan serait en deuil longtemps.
Sans détourner son regard alors que les cris transperçaient le vent, Shappa resta concentré sur la blanche aux cheveux d'or. Si sa propre mort ne lui faisait pas peur, ce dont il doutait de par les larmes ruisselant sur ses joues, alors... - Si toi mourir maintenant, moi prendre tout, dit-il en désignant son chariot, ses bêtes, son arme, ses vivres. Peut-être même qu'il ramènerait son corps à la tribu pour que Kaliska se fasse une joie de faire en sorte qu'il n'y ait plus aucune trace d'Epis de blé, comme si jamais elle n'avait existé. - Prendre autre épis de blé aussi.
Ces mots avaient été prononcé plus sèchement. Pas de malice dans la voix ou son regard, il ne tuait que par nécessité. De son index il montra la direction du ranch. Le ranch où plusieurs fois, Shappa avait épié les deux femmes et l'homme depuis les hauteurs. Il savait qu'il avait été repéré, cela était voulu, pour que ces voleurs n'oublient pas qu'ils vivaient sur les terres d'un autre peuple.
Elle n'avait pas peur de sa mort, alors menacer un membre de sa famille lui redonnerait raison. L'autre épis de blé avait l'air plus fragile, du moins de loin, Shappa la comparait à une petite brebis égarée. Leur ranch était facile d'accès et peu protégé. Des soldats guettaient mais n'étaient pas là tout le temps. Ce serait l'histoire de quelques minutes pour les déposséder de tout.
Les pas de Mingan se rapprochaient.
(C) LAURA
Charlotte Beauchamp
Inscris le : 07/09/2023
Messages : 228 Feuille de personnage Disponibilité RP: Oui Dialogue: #cccc33 Age: 25 Métier: Gérante du ranch Beauchamp Caractéristiques:
Gérante du ranch
Lun 17 Juin - 20:36
Quelques mots s'échappèrent de la bouche du Sauvage à moins qu'il ne s'agisse d'un grognement. Les oreilles de Charlotte bourdonnaient, transies par la peur, son être tout entier tremblait, galvanisée par l'adrénaline et anesthésié par la crainte. Pourtant, elle ne renonçait pas, pas encore. - Ici, chez moi
Avait-elle ben compris ses propos ? Elle n'en était pas bien sûre. Dans tous les cas, qu'il s'estime chez lui ne lui donnait pas le droit de l'attaquer, de détruire la roue de son chariot et en plus d'exiger un de ses chevaux. Elle ne faisait que passer bon sang, et cette route était sensée être sûre pour convoyer les troupeaux.
Il mentait forcément et à cette idée, son regard se fit plus dur. Elle ne cèderait rien, il n'aurait rien d'elle volontairement. Pas même sa mort. Elle préférait le faire elle-même au besoin. Allez savoir ce que ces Sauvages faisaient subir aux siens. Elle avait entendu des histoires sordides à propos de chair arrachés, de doigts et de cheveux tranchés. Quand au viol, elle préférait ne même pas y penser.
Cette simple idée lui donnait la nausée. Qu'un seul de ses animaux la touche lui était insupportable, elle se sentait capable de l'égorger pour se protéger. Alors pourquoi son couteau tremblait autant entre eux ? Pourquoi son corps menaçait de ne plus lui obéir le moment venu ?
Un rugissement, non des cris de rage s'élevèrent derrière le monstre et Charlotte sursauta, manquant de faire tomber son arme. Ses doigts crispés lui faisaient mal, pour autant elle se sentait incapable de relâcher le manche en bois.
Elle voulait observer ce que fabriquait l'autre, mais la corpulence massive de celui qui lui faisait face lui barrait la vue et comme il ne la quittait pas des yeux, elle ne voulait pas détourner le regard et lui laisser l'opportunité d'agir par surprise. Elle persistait donc à plonger dans ses yeux sombres, même quand l'autre hurla d'avantage, même lorsqu'il indiqua que si elle mourait, alors il prendrait tout ce qui lui appartenait.
Alors qu'attendait-il ? Ne lui avait-elle pas demandé de la tuer plutôt que de lui faire subir tout ça ? Toute cette peur, cette indécision...était-ce une forme de torture, de la laisser espérer en vain ? Elle mourrait d'envie de se retourner pour regarder vers l'horizon l'arrivée de ses hommes. Ils avaient forcément entendu le coup de feu n'est pas ? N'est-ce pas ?
Elle préférait mourir plutôt que de le voir repartir avec ses biens, mourir plutôt que d'avouer à son frère qu'elle n'avait pas été à la hauteur. Après ça, il la cantonnerait au ranch pour de bon, ou pire...il la marierait dans le mois. C'est alors que le Sauvage lui dit autre chose. - Prendre autre épi de blé aussi.
Elle ne comprit pas immédiatement et continua à le regarder, les sourcils légèrement froncés. Épi de blé encore...autre épi de blé...que voulait-il dire ? Son ton avait changé, il était plus brut si cela était possible avec sa voix grave et caverneuse. Lui réclamait-il à manger ? Elle était dans un tel état de panique que son cerveau avait du mal à rester lucide. Alors il pointa un endroit du doigt, c'était de là-bas qu'elle venait et...L'image de l'homme qu'elle avait vu de nombreuses fois au ranch lui revint en mémoire. Grand, les cheveux sombres et longs, comme tous ceux de son espèce et pourtant, pourtant...
- C'était toi, murmura-t-elle d'une voix étranglée.
La bile inonda sa gorge et elle dut la ravaler dans un nouveau frisson. Depuis combien de temps les observait-il ? Qu'avait-il prévu pour le ranch ? Moi prendre tout, prendre autre épi de blé... L'idée la frappa et elle s'en sentit sonnée. C'était elle l’épi de blé et l'autre, c'était...
Les yeux écarquillés elle le fixa un long moment, la bouche ouverte et pourtant incapable de parler. L'autre avançait toujours mais elle ne s'en préoccupait pas. La seule chose à laquelle elle pensait à ce moment précis, c'était qu'il menaçait de faire du mal à Gabrielle. Elle aurait dû consentir à lui donner ce qu'il voulait, elle aurait dû lui dire de prendre un cheval mais...son instinct lui soufflait que si elle consentait cette seule fois, alors il viendrait encore et encore la menacer, la piller et lui pourrir la vie. La seule pensée qu'il pouvait s'en prendre à Gabrielle transforma sa peur en une rage sourde et soudain, elle se jeta sur lui dans un mouvement désespéré.
- NE LA TOUCHE PAS ! hurla-t-elle en brandissant le couteau au-dessus de sa tête, faisant basculer son poids dans sa direction.
- Je te l'interdis, ne la touche pas ! Jamais !
De ses yeux roulaient des larmes de colère et de fureur, son visage trahissant ses émotions avec force, faisant rougir sa peau si claire. Le petit couteau aurait dû se planter dans ce cou de buffle, fort et palpitant mais Charlotte n'était qu'une femme, pas bien grande et pas bien forte. Elle ne savait pas se battre et en tombant sur lui de toute sa faible constitution, elle se heurta aux muscles solides et durs de l'homme qui devait bien faire une tête de plus qu'elle et au moins deux fois sa largeur.
La petite lame effleura la chair en une estafilade ridicule tandis que la jeune femme s'effondrait en se cognant la joue sur l'épaule de son bourreau. Elle chercha à se redresser pour lui assener un nouveau coup mais déjà ses forces déclinaient, consumées par la peur, par le désespoir mais aussi par une force invisible pour protéger ce qui lui était cher, une volonté qui lui avait fait commettre l'irréparable bien des années plus tôt.
Le Grand Esprit, quelque soit le nom que toutes les tribus existantes lui donnaient, était le même car il n'y avait qu'une seule Nature, la même pour toute créature vivante. C'était à cause de cet équilibre fragile qu'il était tenu de respecter, que la blanche vivait encore. Son sixième sens, celui dont sa mère et le chaman était doté aussi, ne lui inspira pas de prendre cette vie. Cela n'aurait eu aucune utilité, même en vie, il pouvait la dépouiller. Encore que ce n'était pas la première pensée qui vint à l'esprit de Shappa.
- C'était toi. Le murmure d'Epis de blé n'était qu'un faible souffle mais il l'entendit et hocha de la tête, l'air grave. Le visage de la blanche changea lentement, elle comprenait peut-être ce qu'il venait de lui dire. Lentement, elle s'horrifia et Shappa pouvait désormais lire de la rage lui traverser le regard. Cette puissante émotion pouvait être dévastatrice et le guerrier la connaissait bien, parce qu'elle animait beaucoup de coeurs miwok, dont le sien. Il ne l'exprimait pas de la même façon qu'Ohanzee ou Kaliska, laissant penser les autres à tort qu'il en était dépourvu. "Les autres", c'était principalement son père, qui aurait aimé avoir un fils comme ceux du chef. Depuis que Shappa était devenu un homme, il avait tout fait pour que son père soit fier de lui, pour ça il avait dû parfois mettre de côté qui il était vraiment. - NE LA TOUCHE PAS ! Elle bondit, le heurta de ses petits poings insignifiants. D'une main brusque mais agile, il lui attrapa le poing armé d'un couteau. Il en observa la pointe aiguisé. - Tu es comme une enfant qui agite un objet sans savoir en faire usage, répliqua-t-il sèchement dans sa langue natale. C'était la caractéristique des étrangers. Ils étaient impulsifs et ne réfléchissaient pas. Bien sûr certains des leurs aussi, mais l'éducation de la tribu apprenait à canaliser cette énergie pour la ressortir au moment opportun. Et ce moment, au grand damn des envahisseurs, commençaient à pointer l'horizon. - Je te l'interdis, ne la touche pas ! Jamais ! Shappa lui arracha l'arme, c'était maintenant la sienne. Le couteau se nicha dans sa ceinture alors que la femme perdait en force, déclinant contre lui, amoindrie. Le guerrier miwok lui serrait toujours avec force un poignet, alors que son autre main attrapa brutalement la mâchoire d'Epis de blé, l'obligeant à le regarder de près. Il la détailla d'abord en silence, elle n'était pas comme leurs femmes à eux. Son nez était plus fin, sa bouche dessinée d'une autre façon, la couleur de ses yeux qu'il n'avait jamais vu chez une miwok. Au même moment Mingan le rejoignit. - Fougueux Trotteur est mort, dit-il. Elle doit mourir. - Je l'aurai tué si tu étais mort, répondait Shappa qui avait toujours le regard noir plongé dans ceux d'Epis de blé. Il la regardait avec un mélange de dédain pour tout ce qu'elle représentait de son peuple et un soupçon de captivation. - Ses amis ont entendu, ils arrivent. Le grand natif décrocha une seconde son regard pour observer par-dessus l'épaule de la femme, fermement tenue. Il serrait si fort que ses ongles pénétraient la chair de ses joues rouges et humides. Il n'avait pas plaisanté une seule seconde lorsqu'il avait menacé l'autre épis de blé. Elle le savait et aussi, elle savait qu'elle ne pourrait pas indéfiniment protéger la plus jeune. Cela pouvait arriver demain, dans une semaine ou un an, mais Shappa tiendrait parole. Mingan s'empara du fusil. - Que dis-tu de les tuer avec leur propre arme ? Shappa réfléchit. Il n'était pas chef et ne comprenait d'abord pas pourquoi Mingan demandait son approbation. Puis, la lumière éclaira son esprit : Mingan pourrait se décharger sur lui si les choses tournaient mal, ou le faire tomber avec lui. - Elle va venir avec nous le temps de les distancier, ils ne feront rien si elle est là. Tu n'as plus de cheval alors détache les siens et prends-les. Le miwok s'exécuta et dans sa tâche, il trouva le sac de l'étrangère par terre. En l'ouvrant il découvrit une carte avec des chemins tracés et des points d'arrêt. C'était l'itinéraire emprunté, mais l'emprunterait-elle encore après tout ça, si elle survivait ?
Shappa déchira un morceau de tissu sur le vêtement d'Epis de blé pour la bâillonner. - Silence.
(C) LAURA
Charlotte Beauchamp
Inscris le : 07/09/2023
Messages : 228 Feuille de personnage Disponibilité RP: Oui Dialogue: #cccc33 Age: 25 Métier: Gérante du ranch Beauchamp Caractéristiques:
Gérante du ranch
Ven 28 Juin - 21:23
Enhardie par une rage sourde, Charlotte s'était jetée sur le sauvage. C'était stupide, elle n'avait ni la force, ni la capacité de le faire plier à sa volonté en l'état. Et puis, même si elle arrivait à quelque chose avec ce premier monstre, le second semblait patienter, attendant son moment juste derrière. Elle n'avait pas réfléchi, dans son esprit, tout s'était enchainé très vite, trop vite. Après s'être rendu compte qu'il était celui qui les observait depuis tout ce temps, elle avait compris immédiatement l'emprise qu'il aurait sur elle désormais. La menace d'une attaque, celle de prendre tout ce qu'il voulait, vie comme dignité ne la quitterait plus jamais. Elle le savait et pourtant, dès lors qu'il avai évoqué Gabrielle, elle avait bondi dans un élan desespéré et protecteur. Charlotte avait toujours songé que le passé la hanterait, que son acte finirait par trouver une justice quelconque. Un accident ou bien la corde. Malgré tout ce qu'elle faisait pour conserver son secret, une petit voix au fond d'elle persistait à lui souffler que c'était vain et qu'un jour ou l'autre, elle devrait payer. Aussi, elle n'attendait plus grand chose de la vie, se contentait de la vivre en attendant ce jour fatidique. Cet état d'esprit l'incitait à repousser celles et ceux qui cherchaient à la connaître mieux, à se rapprocher d'elle. Mais Gabrielle avait toute sa vie devant elle, elle était jeune et ne méritait pas de connaître pareil destin.
Alors même sans garantie de victoire, Charlotte avait souhaité montrer à ce démon, qu'elle ne se laisserait pas intimider, ni maintenant, ni après. Pourtant, le démon n'avait pas sentit l'entaille. Pire, il avait saisit son poignet avec ue facilité déconcertante. Charlotte accusait encore le choc sur sa machoire qui avait rencontré l'épaule solide du Sauvage mais en la retenant de manière si brutale, il avait au moins le mérite de l'avoir redressée face à lui. Il lui avait arraché le couteau comme on retire une lame à un enfant trop impétueux et elle s'était alors sentie honteuse, d'avoir seulement essayé. Son poignet lui faisait mal et instinctivement, elle observa un bref instant la main enroulée sur celui-ci qui l'empêchait par sa force de tenter de sen débarasser. Elle avait envie de lui hurler de la relâcher mais n'en eut pas l'opportunité, son autre main, tout aussi massive s'abattit sur son visage écrasant ses joues contre ses dents tandis qu'il l'aggripait par la machoire pour la rapprocher plus près de son propre visage. Cette proximité lui fit écarquiller les yeux, déjà rougis par la fatigue et les pleurs. Elle sentit la brûlure de ses pupilles sur elle, alors qu'il la détaillait sans aucune scrupule, son souffle s'échouant sur son visage. À nouveau, elle put voir son reflet dans ses iris sombres et banda sa volonté pour paraitre moins chétive et plus tenace. De la même façon qu'il ne se gênait pas pour la regarder, elle braquait elle aussi ses yeux sur lui, entrant parfaitement dans son jeu, juste pour savoir lequel des deux abandonnerait le premier. Malgré sa terreur et son envie de vomir, Charlotte était bornée et caractérielle. À bien y regarder, il ressemblait à un homme comme elle en croisait tous les jours. Son faciès cependant lui semblait légèrement plus plat, ses pomettes plus hautes et ses yeux se dessinaient légèrement en amande. Son nez était plus large, tout comme sa bouche. Tout à son observation, elle en avait oublié le second qui en parlant la fit tressaillir.
Ils échangèrent quelques mots qu'elle ne comprit pas et tout comme lui, ne détourna pas le regard. Il lui offrait un dédain évident et quelque chose d'indéfinissable, elle se fit un point d'honneur à lui en offrir tout autant. S'il n'avait pas maintenu sa machoire, elle lui aurait craché au visage. La poigne sur sa chair était trop forte, elle sentait chaque doigt pénétrer sa chair mais ne s'en plaignit pas, juste pour ne pas lui donner ce plaisir. C'est alors qu'après de nouvelles paroles de son acolyte, il regarda par dessus son épaule. L'espoir illumina alors les traits de la jeune femme car cette direction indiquait ses hommes qui devaient être visibles à présent, se précipitant enfin à son secours. Ce sentiment ne fut que de courte durée toutefois, car l'autre se saisit de son fusil et fouilla son sac, surement à la recherche de munitions. Ses hommes n'étaient pas armés, s'ils arrivaient jusqu'ici, il y avait fort à parier qu'ils ne repartiraient pas en vie. Ignorant la douleur qui lui broyait le visage, amoindrie par l'adrénaline, elle suivit l'autre du regard tandis qu'il détachait ses chevaux. Peut-être finiraient-ils par partir avant que ses employés n'arrivent ? Elle devait y croire, il le fallait. Lorsqu'il la relacha enfin, elle songea que c'en était fini. Ils allaient partir avec ses chevaux mais au moins, tous trois auraient la vie sauve. C'était plus qu'inespéré. Mais le guerrier démon n'en avait pas décidé ainsi. Sans prévenir, il déchira sa chemise et elle sursauta en couinant. Cet acte dévoila son ventre diaphane qu'elle tenta de protéger de ses mains sales, avant qu'il ne se serve du tissu comme baillon. Il lui imposa le silence et pour la première fois, elle se montra docile. Sa seule volonté était d'éloigner le duo le plus loin possible de ses hommes, même si cela impliquait de ne jamais revoir les siens. Quelque chose lui disait toutefois que s'ils avaient voulu la tuer, ça serait déjà fait. Elle se raccrochait à cette pensée comme à la flamme d'une bougie en plein hiver.
Après avoir détaché les deux chevaux du chariot, le second sauvage s'avança vers elle et lui attacha les mains avec une longue corde avant de la forcer à se reveler. Elle s'executa sans broncher, la peur au ventre et ses douleurs se réveillant dès le premier pas. Elle grimaça sous son baillon et gémit avant de serrer les dents. Hors de question de leur donner cette satisfaction. Aussi, lorsqu'il sauta sur l'un des chevaux dans une mouvement souple, à cru, elle n'eut d'autre choix que d'avancer tandis qu'il lançait les chevaux au trot.
Les chevaux étaient détachés et leur captive blanche destinée à faciliter leur fuite, bien attachée. Shappa lançait des regards furtifs vers elle, non pas pour s'assurer qu'elle ne tente rien d'irresponsable car elle était bien maintenue sous son joug, mais parce qu'il restait le regard très expressif d'Epi de Blé qu'il n'avait pas rendu esclave de sa volonté. Et ce regard, pour Shappa, il était aussi compréhensif que des mots miwoks. Etait-ce la présence de ses hommes qui se rapprochaient, qui rendait la Blanche aussi docile tout à coup ? Au vu de la férocité animale avec laquelle Epi de Blé s'était défendue, le guerrier avait pensé que tout serait plus compliqué. Mais enfin, elle avait peur. Elle devait être terrifiée de voir que personne ne pourra réellement l'aider, que personne hormis les esprits eux-mêmes, ne viendront à son secours. Car seuls eux avaient la possibilité de faire baisser à Shappa, son tomahawk. Pendant qu'il tira les liens de la femme étrangère vers un des chevaux, Mingan lui avait trouvé les munitions et portait le fusil droit vers les arrivants qui se précipitaient dans des cris. Il avait un fin sourire qui se dessinait sur la moitié de son visage, trop heureux en cet instant de pouvoir affronter ces enfants de pilleurs, ces monstres. Il visa l'un des deux hommes, se concentre. Le bruit après la détente pressée le fit légèrement sursauter, tout comme le recul, et il éclata de rire sous le choc d'adrénaline. "Wouhou !" qu'il scandait en dansant joyeusement, après qu'un des blancs ne se soient écrasés sur le sol.
Shappa leva les yeux au ciel et reporta son attention sur Epi de Blé. Il tapota le dos de l'animal pour qu'elle comprenne qu'il fallait maintenant monter. Ses mains étant liées il l'y aiderait avec la délicatesse d'un ours, mais elle devrait s'en accommoder. Si elle refusait de s'installer, il la tirerait sur des kilomètres à travers les plaines et comme cela, elle aura choisi elle-même sa propre mort. C'en était une bien trop belle, même.
- J'en ai touché un, je crois qu'il est mort, se vanta Mingan. Shappa ne l'écouta que d'une oreille. - Laisse l'autre en vie. Il ne faut qu'un seul survivant pour aller porter un message. - Quel message ? demanda Mingan en s'approchant de son aîné. - Celui qui dit que les miwoks sont partout et qu'ils n'hésiteront pas à protéger leur terre par le sang. Gare à l'étranger qui s'égare, il pourrait être tué comme celui-là ou enlevée comme-là. Voilà ce qu'il ira dire aux siens. Mingan hochait de la tête avant de porter son regard sur la blanche maintenue par les liens. Le miwok lui caressa les cheveux, sans doute lui aussi attiré par la différence qu'elle représentait. - Je pourrais l'essayer si toi tu ne veux pas ? Shappa ne partageait pas sa couche avec les blanches, qu'elles veuillent ou non. Mais il n'était pas chef pour empêcher un autre de goûter aux plaisirs qui se cacheraient chez les femmes ennemies. - Elle ne restera pas avec nous très longtemps de toute façon. Allons-y ! Il garda la corde qui tenait fermement Epi de Blé sous son autorité et grimpa sur son mustang. Que la Blanche soit à pied ou à cheval, le lien restait scellé et ils avançaient côte à cote. Les deux amérindiens et leur captive marchaient vers les deux hommes pour les contourner afin de repartir en sens inverse. A leur niveau, Shappa observa l'un des homme sur le corps du second.
- Ici, chez nous, répéta-t-il ce qu'il avait dit à Epi de Blé. Vous, partir loin. Son regard sévère n'appelait à aucune discussion ni négociation, ces choses étaient pour la tribu de leur voisin tolowa. Epi de Blé, à nous, rajouta Shappa en lançant un regard à la femme. Elle serait à lui, même de loin, et il allait veiller à ce qu'elle craigne chaque jour qu'il lui laisserait vivre sur ces terres sacrées. Si elle voulait la tranquillité d'esprit, elle devrait partir. - Mingan, va chercher quelques boeufs pour la tribu, on te devance. Alors que le plus jeune s'activait, Shappa restait immobile à observer les deux blancs la face pleine de sable. Il repensait à leur propre mort et ne ressentit aucune pitié à l'encontre de ces trois là. - Epi de Blé suivre nous, toi la laisser. Son tomahawk à sa ceinture, près de sa main dominante, menaçait de faire couler le sang. Sa lame scintillait au soleil comme si elle ne désirait pas être oubliée. Le guerrier ordonna le pas et tira sur la corde de sa prisonnière pour continuer leur route.
(C) LAURA
Charlotte Beauchamp
Inscris le : 07/09/2023
Messages : 228 Feuille de personnage Disponibilité RP: Oui Dialogue: #cccc33 Age: 25 Métier: Gérante du ranch Beauchamp Caractéristiques:
Gérante du ranch
Dim 7 Juil - 21:41
Heureusement, c'était un faux départ. À l'allure des chevaux, elle avait cru qu'ils allaient la trainer dans la terre jusqu'à ce que ses bras se démembrent d'eux-même. La fatigue peut-être et la douleur amenuisaient ses pensées. Charlotte n'était plus qu'un animal blessé et vulnérable, incapable de réfléchir avec toute sa lucidité. Elle avait soif, elle avait mal et surtout, elle avait peur. Lorsqu'au loin, elle perçut une voix masculine qui criait son nom dans le silence de la plaine, elle ferma les yeux, desespérée. S'ils la trouvaient, ils se feraient massacrer. Aucun de ses vachers n'étaient armés et la seule arme...c'était la sienne qui se retrouvait maintenant entre les mains de ce sauvage, le plus jeune. Au même moment, elle put se rendre compte que ce dernier venait de trouver les munitions dans sa besace. Il réussit à armer le fusil et plaça en joue les hommes du ranch. Charlotte aurait voulu crier, se précipiter sur lui pour l'en empêcher mais le baillon l'empêchait de parler, la corde l'empêchait d'être libre de tout mouvement de course. À la place, un son semblable à un rugissement brisé s'échappa de sa gorge. Immédiatement elle fit un pas en avant, comme si elle avait pu courir pour se jeter dans la direction de Hank et Austin. Elle devait trouver un moyen de leur dire de faire demi-tour, de...de les protéger oui, c'était cela ! Les protéger voilà pourquoi elle se montrait subitement si docile. Aussi, lorsque le corp de l'un d'entre eux s'effondra au sol, elle émit un gémissement plaintif tandis que le meurtrier exultait non loin. Les yeux bordés de larmes, rougis par ces récents événements et par une nuit dénuée de sommeil, elle lui lança un regard assassin. Avait-elle encore des pleurs à verser ? Elle n'en était plus sûre, seule une rage brûlante la maintenait debout. Alors quand l'autre tapota le dos du cheval pour l'inciter à monter, elle le toisa avec tout le mépris qu'il lui inspirait et recommença à marcher. Sans ce baillon, nul doute qu'elle lui aurait craché au visage.
Les deux monstres échangèrent quelques mots qu'elle ne comprit pas, la langue des démons sonnait de manière abrupte à ses oreilles. Ils se hissèrent alors à cheval et elle du stopper pour qu'il lui laisse de la longueur de corde. C'est alors que le jeune caressa ses cheveux. Elle se dégagea, l'oeil furibond, ses mèches blondes en bataille dont certaines lui barraient le front, collés par la transpiration et la crasse. Cependant, ce nouveau contact l'inquiéta, réaffirmant cette étrange oppression en son sein. Elle avait peur qu'ils la souillent, peur d'être forcée à les laisser user de leurs corps sur elle avan de certainement lui trancher la gorge. Les lèvres pincées, elle détourna le visage, préférant se concentrer sur Hank et Austin, desquels elle se rapprochait. L'effort qu'elle devait faire pour ne pas se précipiter vers eux devenait inhumain mais Hank gisait sur le sol et la trace qui jongeait le sol et qui s'étendait sous lui ne laissait rien présager de bon. Austin la regardait, puis regardait les deux sauvages, effrayé. Le coeur au bord des lèvres, Charlotte ne pouvait détacher ses yeux de Hank. Hank qui avait travaillé pour son père, Hank qui la connaissait depuis qu'elle n'était qu'une gamine, Hank qui l'avait épaulée après le décès de son père. Hank encore qui aujourd'hui mourrait de l'arme de sa famille. Elle renifla bruyamment, la poitrine comprimée par la douleur alors que de nouvelles larmes glissaient sur ses joues avant de se faire absorber par le tissu au coin de sa bouche.
Son agresseur tenait toujours la corde et énonça les termes du marché. C'était un marché n'est-ce pas ? Sous couvert de menace, il négociait. Elle aurait pu en rire dans un autre contexte, des sauvages, capables de négocier, qui l'eut cru ? Il voulait qu'ils partent mais voulait la garder elle. Et pendant qu'il donnait ses directives et que l'autre disparu, Charlotte comprit que son destin était véritablement scellé et que la volonté du Seigneur, serait qu'elle souffre avant de le rejoindre. Une punition pour ses méfaits, une expiation de ses fautes, qu'elle comptait bien assumer. Epi de Blé suivre nous, toi la laisser.
Elle releva son visage vers l'homme au visage rouge et comprit la nouvelle menace, de sa petite hachette accroché à son épée. Alors sans hésiter une seule seconde, sans laisser le temps à Austin de rétorquer, elle se hissa sur le cheval en se donnant l'impulsion d'un bond agile. Une fois installée, elle prit le risque d'aggriper le tissu qui entravait sa bouche afin de parler. Ce n'était pas aisé et là encore, le baillon lui scia le coin de sa bouche. Elle se força à ignorer la douleur, de toute les façons, tout serait bientôt fini.
- Rentre, ordonna-t-elle. Et dit à ma famille que je les aime et que je suis désolée.
Relachant le baillon, qui bien que quelque peu détendu l'entravait toujours, elle pressa ses mollets sur les flancs du cheval pour commencer à le faire avancer. Une petite victoire mesquine d'une décision qu'elle ne voulait pas lui concéder. Il pensait tout contrôler ? Elle voulait lui montrer qu'elle pouvait encore prendre des initiatives, même dans cette situation. Le sauvage lui avait tout pris ou presque. Il avait volé son arme, détruit son matériel, tué un de ses proches et menacé sa famille. Il avait instillé en elle une peur qui ne la quitterait jamais à moins que sa propre vie, qu'elle lui offrait, puisse peser suffisament dans la balance pour qu'il laisse le ranch en paix. Un sacrifice, un moyen de se rattraper aux yeux du puissant qu'elle pensait avoir renié. Ce viellard avait décidément une façon bien à lui de se rappeler à son bon souvenir. La mort de Hank était une leçon trop chère payée.
Les plaines désertiques s'étendaient à perte de vue, vastes et impitoyables. Un royaume de sable et de roches où régnait le silence. Pour Shappa, seuls les chuchotements des esprits s'y répandaient à l'aide du vent chaud qui sillonnaient entre les canyons. Le sol aride, craquelé par une chaleur implacable, se fissurait en motifs torturés sous les sabots de son mustang. La soif incessante de cette terre, qui ne recevait que le sang de ses enfants. Çà et là, des buissons épineux et des cactus robustes défiaient la sécheresse. À l'horizon, les montagnes escarpées dressaient leurs sommets nus, teintés de bruns et d'ocres. Le miwok en connaissait ses courbes par cœur, sous ce ciel d'un bleu profond et sans nuage, qui amplifiait la sensation d'infini.
A n'en pas douter, une beauté sans pareille, entachée par la présence des envahisseurs. À ses côtés, la captive chevauchait avec difficulté, ses liens ne l'aidant pas dans sa posture ni ses mouvements. Ses vêtements étaient déchirés et poussiéreux, sa bouche toujours bâillonnée par son propre tissu de vêtement. Shappa ne savait pas si ces yeux de couleur vert étaient éteints à cause de la fatigue, la condition de leur voyage ou la peur ? Epi de Blé avait su montrer une force de caractère surprenante. Malgré ces questions, le regard du miwok resta fixé droit devant lui. Il s'était persuadé de l'avoir emmené pour des raisons très claires, par exemple celle qui consistait à laisser le temps au survivant d'aller chercher "de l'aide". Peu importe quelle serait cette aide, de qui elle serait composée, tous allaient mourir. L'intervention déclencherait au mieux, une bataille qui justifierait de prendre les armes. Powaqa n'aurait alors pas le choix que d'agir. C'était @Kaliska, Ohanzee et certainement @Loya qui seraient ravis de l'opportunité.
Les heures passaient et le soleil était à son zénith, avec lui son pic de chaleur le plus intense de la journée. Il faisait chaud et pour l'heure, Shappa savait que les chevaux avaient besoin de repos et d'eau. Il lui fallait couper leur trajet en ligne droite pour un détour vers les rochers où fleurissaient quelques végétations et avec elle, son lot d'humidité propice à la vie. Dans un claquement de langue il dévia leur trajectoire, sans un regard pour sa prisonnière. Après quarante cinq minutes, les premières ombres offertes par la nature le firent sourire. Il était soulagé et reconnaissant, car si le désert pouvait être bienfaisant, il était surtout sans pitié. Son regard acéré se posait sur chaque détail, à la recherche d'indices que seule une vie passée dans ces étendues arides pouvait lui révéler. Il observait la végétation avec attention, car ici, même la plus petite plante pouvait indiquer la présence d'eau sous-jacente. Les buissons plus verts et les cactus plus vigoureux étaient des signes prometteurs. Ses yeux se fixèrent sur un groupe de buissons particulièrement robustes, dont les racines plongeaient profondément dans le sol à la recherche de l'humidité vitale.
Descendant de son cheval avec la grâce d'un guerrier, il se dirigea vers les buissons. Shappa s'agenouilla et écarta soigneusement les branches épineuses. En touchant le sol, il sentit une légère fraîcheur. Un sourire se dessina au coin de ses lèvres et, de ses larges mains il commença à creuser, utilisant une pierre plate comme outil improvisé. Ses mouvements étaient méthodiques, précis, expérimenté. Aucun regard vers Epi de Blé jusqu'alors, la lueur d'intelligence décelée chez la Blanche lui faisait dire qu'elle n'irait pas se perdre seule, assoiffée et ligotée, en plein désert. À mesure qu'il creusait, le sol devenait de plus en plus humide. Après un moment, une minuscule nappe d'eau apparut, suintant lentement des profondeurs. Il ne restait plus qu'à attendre que le fond se remplisse d'eau. Ce n'était que là qu'il accorda son attention à la femme aux cheveux blonds, qui n'avait de cesse de fasciner Shappa, tout autant que sa peau décolorée. Il s'avança vers elle et lui attrapa le bras pour la tirer et la forcer à descendre. - On doit attendre ici, disait-il dans sa langue natale, peu concerné de savoir si elle l'avait compris ou non. A l'ombre, il s'installa en tailleur. Il eut une pensée pour ses femmes et ses enfants. Ninovane le tuerait deux fois si elle le savait auprès d'une blanche.
De ses effets personnels, le miwok sortit une poudre de gypse, bien blanche. Elle était mélangée à un oeuf, un liant naturel utilisé pour donner cette consistance à la peinture. Il y trempa son index avant de baisser le bâillon d'Epis de Blé pour la marquer de trois points blancs sous les lèvres. Si elle s'échappait et tombait sur un miwok, il saurait qu'elle appartient à quelqu'un. La peinture blanche symbolisait le deuil, pour Epis de Blé, c'était le deuil de sa liberté.
(C) LAURA
Charlotte Beauchamp
Inscris le : 07/09/2023
Messages : 228 Feuille de personnage Disponibilité RP: Oui Dialogue: #cccc33 Age: 25 Métier: Gérante du ranch Beauchamp Caractéristiques:
Gérante du ranch
Mar 9 Juil - 17:07
Le décor défilait à perte de vue. Des plaines désertiques, du sable et de la roche, tout un environnement hostile destiné à montrer que l'Homme ne maîtrisait pas tout. La chaleur devenait étouffante au fur et à mesure que les chevaux persistaient à avancer, soulevant la poussière avec leurs sabots. Le sol semblait souffrir du manque d'eau, tout comme Charlotte, perchée sur son cheval sans selle, ni filet. Ses doigts s'accrochaient faiblement à la crinière de son cheval, sa bouche peinait à s'humidifier à cause du bâillon. Et si au début, elle avait serré les mollets pour diriger du mieux sa monture, après plusieurs heures, elle se sentait tel un poids mort sur le dos de l'animal. Peut-être le serait-elle bientôt si le sauvage qui chevauchait à ses côtés persistait à traverser cette étendue désertique. Au début, elle l'avait observé à la dérobée, juste pour voir s'il la surveillait. Pas une seule fois il n'avait tourné son visage dans sa direction, se contentant d'avancer tout droit, la corde qui maintenait Charlotte captive entre les mains. Ainsi, elle avait observé son profil et s'était même demandé à quoi il pouvait bien ressembler sans tout ce maquillage. Ses longs cheveux noirs tombaient dans son dos en un rideau épais, c'était presque ridicule de voir à quel point ils étaient différents. Ses propres cheveux, secs depuis longtemps à présent, caressaient le bas de son dos, dénudé par son vêtement arraché. Avec le soleil, les reflets d'or devaient la rendre visible de très loin. À aucun moment elle n'entendit quoi que ce soit, en dehors de quelques vautours ou reptiles audacieux.
Ses pensées s'étaient concentrées sur Austin d'abord. Avait-il inhumé Hank comme il se devait ? Avait-il pu rentrer au ranch en sécurité ? Ou bien était-ce un leurre de la part des deux sauvages pour mieux les séparer afin de les tuer ? Le souvenir du corps de Hank sur le sol lui donnait la nausée à moins que ce ne soit la fatigue ? Elle était épuisée, bien trop pour pleurer à nouveau. C'était comme si la source de ses larmes s'était tarie, comme s'il fallait renflouer sa réserve pour qu'elles puissent couler à nouveau. À la place, une rage. Sourde, brûlante, exacerbée par la peur. Le soleil n'avait qu'à bien se tenir. Comment pouvait-elle encore tenir debout après tout ça ? Elle ne se l'expliquait pas, mais à mesure que l'adrénaline se dissipait de ses veines, la lassitude, puis la fatigue la rendaient molle et somnolente. Elle aurait pu chercher à s'enfuir mais à quoi bon ? Il aurait suffi à l'autre de tirer sur la corde pour la faire basculer. C'est à peine si elle remarqua qu'ils s'étaient arrêtés, bercée par le mouvement du pas tranquille de son cheval, ses yeux clairs avaient papillonné à de nombreuses reprises. Concentrée en elle-même, elle cherchait à réfléchir à un moyen de fuir cette situation mais le mal de tête causé par l'astre diurne ne l'aidait en rien. La soif la rendait folle. À plusieurs reprises, il lui avait semblé apercevoir des étangs ou même des mares, comme celle au Nord du ranch dans laquelle elle se baignait souvent. Mirages cruels qui lui donnaient envie de boire et qui affaiblissaient son mental déjà éreinté. Elle avait fermé les yeux un court instant, encore et elle vacillait lentement sur son cheval lorsqu'une poigne de fer lui saisit le bras pour la faire descendre. Le retour à la réalité fut brutal et elle retomba sur ses jambes comme elle le put, en serrant les dents pour minimiser le gémissement de douleur que cela lui provoqua. Ses jambes tremblèrent un peu, de fatigue, du contrecoup de l'agression mais aussi de cette chevauchée. Heureusement il la fit s'asseoir au sol, à l'ombre. Elle n'avait pas compris ses mots et ne s'en préoccupa pas. Comme la majorité des hommes, il devait aimer s'écouter parler. Était-ce bien un homme d'ailleurs ? Elle en doutait même si les éléments visibles pouvaient le lui laisser croire. Il ne pouvait qu'être un monstre pour se comporter de la sorte avec elle, un monstre ou un démon.
Elle avisa le décor autour d'eux mais n'avait pas la moindre idée de là où ils se trouvaient, ni la moindre idée de ce qu'elle pouvait faire. L'assommer ? Avec quoi ? Son regard se porta sur la ceinture du Sauvage qui portait toujours son couteau non loin de ses haches. Il s’était saisi d'un sac et trempait son doigt dans une mixture blanche, dont Charlotte ignorait tout. Les sourcils légèrement froncés, elle le regarda faire jusqu'à ce que de sa main libre il ne vienne baisser, enfin, le bâillon. Immédiatement, Charlotte ferma la bouche pour tenter de saliver afin de calmer la sécheresse de ses muqueuses. Elle glissa ensuite sa langue sur ses lèvres devenues sèches dans un léger soupir salvateur. Presque dans le même temps, le Peau-Rouge venait de tracer quelque chose sur son menton. Elle détourna le visage sans savoir qu'il avait fini et repoussa sa main de ses deux poings liés. Le mouvement était faible, tout comme elle mais il avait le mérite d'exister pour illustrer sa rébellion.
- Ne me touche pas, grogna-t-elle d'une voix rendue rauque par le manque d'eau. Si elle n'était pas aussi assoiffée, elle lui aurait certainement craché au visage. Visage dont elle avait pourtant un mal fou à détacher son regard. Aussi fascinant qu'effrayant. Ses pupilles claires semblaient jeter des étincelles même si son état général trahissait le contraire. Ses cheveux emmêlés et couverts de poussière, sa chemise déchirée qui devait camoufler un hématome conséquent non loin de ses côtés, son visage rougi par le soleil et sa peau luisante de sueur. À nouveau, elle tangua, son corps puisant dans ses dernières ressources. Elle ne pouvait pas sombrer maintenant. Que lui ferait-il subir si c'était le cas. À nouveau, elle observa ses mains aussi larges que des rames, ses muscles saillants et son visage impassible au regard si pénétrant. Sa dernière chance, c'était maintenant, il ne tenait plus la corde. Dans un mouvement désespéré, elle se retourna et se mit debout d'un bond pour se précipiter sur son cheval.