Le grognement d'Epi de Blé était semblable à celui d'un animal sauvage, qu'il soit blessé ou terrifié. L'énergie qu'elle dépensait pour montrer encore et encore de la résistance aurait été honorable si sa peau avait été moins claire. Le guerrier ignora son comportement inutile, vain. Elle aurait pu tenter d'attraper le vent, qu'elle aurait eu de meilleur résultat.
La blanche soutenait son regard et Shappa ne lâchait pas le défi qu'elle paraissait lui imposer. Est-ce qu'elle aussi était fascinée par lui, tout comme lui l'était par elle ? Cela n'avait rien d'une fascination qui la mettait sur un piédestal, ou alors il l'ignorait encore. C'était plutôt, une curiosité immense qui lui trottait dans l'esprit, une envie de savoir ce qu'il ne savait pas. Nulle voix d'outre tombe ne lui avait murmuré de la tuer, il sembla légitime au miwok qui arborait deux visages, de se poser la question : pourquoi ? En vie, quel intérêt lui apportait-elle ? En attendant de le savoir, Epi de Blé avait la vie sauve.
Alors qu'il rangea sa peinture, une légère bourrasque souffla dans sa direction. Il ne bougea cependant pas et prit le temps de remettre comme il le fallait, le pigment blanc dans sa toile. Shappa ne sentait plus la présence de la femme blanche à ses côtés et la hâte qu'elle mit à se relever ne donna aucun doute sur sa fuite. En tournant à nouveau le regard dans la direction de l'étrangère qui courait à contre-courant, il vit en premier lieu les vêtements déchirés et les cheveux volant dans un tourbillon de lumière. Cette image était gravée dans l'esprit du miwok, la force qui émanait de ce visage pâle avait ce quelque chose de transcendant qu'il recherchait dans ses quêtes de vision. Etait-elle une illusion offerte et dont il ne comprenait pas le sens ? Si tel était le cas, quel contact devait-il entreprendre pour nourrir son ignorance ?
Dans un naturel nonchalant, le guerrier se releva et commença à marcher de ses pas de géants, vers Epi de Blé. Il marchait comme s'il avait trois cents ans derrière lui et trois cents ans devant lui, un proverbe Navajo que sa mère lui cita il y a des années et qu'il n'avait jamais oublié.
Shappa ignorait où elle comptait aller comme ça, assoiffée et affaiblie, mais elle seule savait si c'était un bon jour pour mourir. Sa taille imposante et sa résistance à la vie désertique lui donnait l'avantage sur le terrain, c'était pour quoi il ne courrait pas. Ce n'était pas sa philosophie, de courir après la vie ou courir pour fuir la mort. Le seul cadeau que la nature offrait était le moment présent et pour être en harmonie avec soi-même, il fallait l'être avec cette abondante nature. Le reste ne pouvait compter plus que cette simple vérité.
- Après quoi, toi courir ? fit-il en la rattrapant avec aisance. Sa race, son peuple, ignorait tout du cadeau qui leur était offert. L'aura qui entourait ces envahisseurs étaient noires, ou grises dans le meilleur des cas. Ils ne saisissaient pas l'ampleur et le précieux de ce que cela signifiait d'être en vie. Ils gaspillaient leur temps dans la tromperie, dans les mauvais actes qui se perpétuaient sur des années et des générations. Ces terres autrefois sacrées finiraient par n'être qu'un monceau de malédiction. De gré ou de force, il fallait leur apprendre. Il arriva à la hauteur de la femme et la tira brutalement vers lui. Il avait chaud, lui aussi, il était fatigué et il avait tout aussi soif. Elle n'était vraiment pas facile à supporter, ce peuple ne comprenait rien. Leur dieu ne leur enseignait-il rien sur toutes ces choses essentielles ?
- Epi de Blé laisse hier prendre trop de place sur aujourd'hui. Cela signifiait qu'elle était visiblement incapable de lâcher prise sur le passé. De vivre le présent. D'avancer vers le futur. Il serrait sa prise, dardant son œil noir sur les yeux clairs de cette silhouette fantomatique. Mais les visages pâles n'avaient pas de sorcières, alors Shappa ne craignait rien. Son regard observa la chemise déchirée qui laissait découvrir la peau de sa captive, que la respiration haletante sous cette poitrine, hypnotisait le miwok. Il ne voulait pas ressentir cela, mais son intérêt s'intensifiait au contact de la blanche.
En colère, Shappa la tira dans la direction opposée, là où quelques minutes plus tôt ils étaient assis. Il la jeta à terre et laissa choir sur elle ses billes sombres, ternissant un visage qui se voulait impassible. Dans un silence presque religieux, il lui tourna une nouvelle fois le dos pour vérifier la quantité d'eau qui avait monté dans la petite fosse creusée. Joignant ses mains sous l'eau qui était potable, et qui étanchait la soif des plantes et des plus petits mammifères, il but et s'arrêta avant que la satisfaction ne le comble.
Puis, le guerrier retrouva sa place à l'ombre.
Charlotte Beauchamp
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Lun 15 Juil - 19:47
Charlotte s'était relevé, ses bottines dérapant sur la terre aride. Elle voulait courrir mais son épuisement la faisait au mieux, trottiner. Ses enjambées n'étaient pas efficaces, la jeune femme avait la sensation que chaque pas s'enfonçait davantage que le précédent. Le cheval lui semblait loin, sa vue se brouillait par intermittence, affaiblie qu'elle était par la fatigue, la soif et la faim. Elle se sentait fiévreuse et malgré les efforts surhumains qu'elle tentait de déployer pour atteindre la liberté, elle demeurait embourbée sur place, comme dans un sol mouvant. Cétait frustrant et terriblement décourageant, pourtant, son caractère entêté la poussait encore et encore, puisant en elle les dernières forces que chacun de ses muscles pouvait encore lui fournir. En vain. Elle avait pris le risque de se retourner une fois et avait vu le sauvage la suivre avec une nonchalance qui frôlait l'arrogance. Il savait qu'elle était à sa merci, il savait qu'elle ne pouvait lui échapper. La rage de la jeune femme se décupla mais malgré cela, ses jambes ne l'éloignèrent pas davantage. Après quoi, toi courir ?
Dans d'autres circonstances, elle lui aurait simplement dit qu'elle courait vers sa liberté avant de disparaitre à dos de cheval. Des circonstances où elle n'était pas la proie et où il n'était pas le prédateur. C'était bien la première fois qu'elle se considérait comme telle. Même lorsqu'elle avait vécu sans homme à la maison, elle n'avait jamais craint l'autre sexe. Elle se savait capable de se défendre. Aujourd'hui, sa vulnérabilité suintait à travers tous les pores de sa peau, parce qu'au fond d'elle, elle avait conscience de n'être qu'en sursis face à lui. Tôt ou tard, il prendrait ce qu'il voulait, elle en avait la certitude.
Alors qu'elle se tournait une nouvelle fois pour se rendre compte de la distance entre eux, il lui saisit le bras avec une force brute et l'attira vers lui. Ses pieds dérapèrent, manquant de la faire tomber. Elle tressaillit et grimaça sous l'effet de la douleur tandis que son regard s'ancrait à nouveau au sien, le visage relevé vers lui. Sa vue se floutait par moment, sous l'effet de cette fièvre naissante. Et pourtant, pourtant elle percevait la chaleur qui se dégageait de son corps immense tant ils étaient subitement proches.
Elle se contenta de le toiser en serrant les dents pour conjurer la douleur de la prise sur son bras, pour faire taire sa peur et la renvoyer au plus profond de ses viscères. Epis de Blé laisse hier prendre trop de place sur aujourd'hui. À nouveau Charlotte tressaillit, la voix grave du sauvage résonnant à ses oreilles tandis qu'il raffermissait sa prise sur elle.
Là, en plein soleil, alors que ses cheveux collaient sur son visage trempé de sueur, elle le regardait toujours dans un mélange de crainte et de fascination certaine. Il était différent de tout ce qu'elle avait vu jusqu'à maintenant et dans ce court laps de temps, peut-être portée par la fièvre, elle se demanda à quoi son visage pouvait bien ressembler sans cet horrible peinture. Le temps sembla se délier un moment sous cet aveuglant soleil, laissant un vague répit à la jeune femme. Il la tira vers l'ombre et la jeta par terre où elle s'écrasa sans grâce à cause de ses mains liées. Elle se retourna à nouveau, et s'écarta jusqu'au tronc d'un arbre qui lui barra le dos avec force. Sa lèvre lui faisait mal et en portant ses doigts dessus, elle remarqua le sang qui mouillait délicatement la pulpe de sa peau. Son coeur battait fort, elle n'osait plus bouger même lorsqu'il se mit à boire elle n'osa pas y aller quand bien même son corps lui hurlait de le faire. À nouveau, elle essaya de déglutir et passa sa langue sur sa lèvre coupée.
– C'est justement à cause d'hier, que je suis ici aujourd'hui, souffla-t-elle sans être certaine qu'il la comprenne. N'était-ce pas à cause de sa faute impardonnable qu'elle se retrouvait dans cette situation ? Ce sauvage était sa punition et quand il en aurait fini avec elle, alors, elle serait pardonnée et sa famille ne craindrait plus rien. Les menaces de ce démon ne tiendraient plus, car elle aurait payé sa dette. Pauvre sauvage qui ignorait tout des plans du Seigneur et qui sans le savoir, permettrait à Charlotte d'expier sa faute. Restait à savoir ce qu'il envisageait comme punition.
– Que comptes-tu faire de moi ? Est-il vrai que vous collectionnez des morceaux humains ? Oreille, doigts, langue, cheveux... Elle montra chacun des organes de ses mains liés avant que son regard ne se porte sur la ceinture du guerrier et sur sa mèche de cheveux blond qui pendait au milieu d'autres bien plus foncés.
Shappa avait pensé que sa captive se ruerait sur l'eau, mais elle n'en fit rien. Il se disait alors qu'Epis de Blé souhaitait montrer qu'elle n'était pas une femme qu'on pouvait soumettre d'une manière ou d'une autre. Ou, qu'elle avait accepté son destin qui pourtant était loin d'être tout tracé. Sa femme ne l'aurait jamais admis, mais Ninovane elle-même dont le caractère était fort, aurait réagi à l'identique. Insoumise, pas même par son mari. Avant de devenir mère, elle se serait laissée mourir plutôt que laisser croire un Blanc qu'il avait un quelconque pouvoir sur elle. Mais maintenant que leurs enfants étaient là, sa première femme était comme une louve féroce qui défendrait sa vie uniquement pour rester auprès de ses petits.
Le guerrier inspira profondément l'air chaud tiédit par l'ombre, dans ses narines. Ses pensées étaient chaotiques : certaines avaient un début, sans qu'il n'arrive à une fin. C'était le cas d'Epis de Blé, qu'il avait emmenée avec lui, guidé par un instinct dont il ignorait encore la teneur. Tout ce qu'il savait, c'était qu'elle était irritante et fascinante, que le soleil éclairait ses cheveux comme personne avant elle, qu'il faisait réfléchir sa lumière sur sa peau blanche d'une manière délicate.
Shappa posa un regard impassible sur elle, qui s'était adossée au tronc sec d'un arbre qui tenait encore debout dans ce milieu aride. Mère Nature faisait bien les choses et dotait ses créatures de toutes les ressources nécessaires pour qu'ils survivent.
– C'est justement à cause d'hier, que je suis ici aujourd'hui. Avant de chercher à deviner par mots clés ce qu'elle avait dit, il s'étonna qu'elle sache parler sans hurler. Sa voix était moins mélodieuse et rythmée que celle de Ninovane ou les femmes parlant la langue maternelle miwok en général. Shappa avait remarqué que la langue des envahisseurs avaient des tonalités très différentes de la leur, qu'ils qualifiaient sans honte de "sauvage". Son timbre était grave, résonant, avec une maturité certaine. Ce genre de voix appartenaient à ceux qui avaient croisé la mort. Il en était sûr, car il possédait la même. Il pensa avoir compris ce qu'elle voulut dire : hier comme aujourd'hui, la mort avait plané sur elle d'une façon ou d'une autre. – Que comptes-tu faire de moi ? Le guerrier continuait de la regarder sans répondre, il ne comprenait pas. Cependant l'expression sur son visage ne laissait pas la Blanche deviner qu'il n'avait pas saisi, tant il paraissait imperturbable. Il ne put s'empêcher, par la suite, à hausser un sourcil interrogateur face aux gestes de sa captive. Quel animal essayait-elle d'imiter ? Quand elle pointa du doigt sa ceinture, il jeta un coup d'œil à la mèche de cheveux blonds. - Tes cheveux ont brillé de mille couleurs au soleil. Avec ça, dit-il dans sa langue natale en soulevant la cordelette qui entourait la mèche blonde, je pourrais revoir ces couleurs et les montrer à ceux qui ne me croiront pas. Ninovane les brûlera si elle les trouve. Il fallait qu'il soit plus autoritaire avec elle. Même si Shappa aimait la personnalité de sa première femme, elle devait apprendre à le respecter. Estime toi heureuse que ce n'est pas ton scalp qui pend à ma ceinture. Il haussa les épaules. Son regard se baissa sur les lèvres asséchées de la blanche et la soif évidente qui la consumait. Si elle devait mourir cela ne serait pas par manque d'eau, mais de sa main pour l'avoir trop défié ou de la Mort elle-même venue chercher un dû dont il ignorait tout. Shappa se leva pour aller prendre de l'eau entre ses mains jointes. Il marcha jusqu'à la femme et tendait ses paumes vers sa bouche. - Epis de Blé, boire. Mourir seule, si pas eau. Guerrier à deux visages rentrer chez miwok. Il s'agenouilla d'un genoux à terre face à elle et la regarda de plus près. Sans autre âme qui vit aux alentours, sans personne pour les épier, Shappa se sentait plus à même de laisser la part secrète de sa personnalité ressurgir. - Mort prendre qui, hier ? Aujourd'hui elle avait pris l'homme blanc qui accompagnait Epis de Blé, mais avant cela ?
Charlotte Beauchamp
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Mar 16 Juil - 16:56
Le sauvage la regardait sans bouger. Avait-il compris ses paroles ou même ses gestes ? Elle en doutait. De son côté Charlotte n'était pas non plus certaine d'avoir vraiment souhaité communiquer. Pourquoi le faire ? Ces monstres ne pouvaient pas comprendre...Quand même bien elle fut tentée de lui expliquer. Elle ne lui devait rien et il lui avait bien fait comprendre que sa vie désormais, serait soumise à sa bonne volonté. Il savait où la trouver, il connaissait les moyens de faire pression sur elle et userait aisément de menaces en ce sens. Même s'il la relâchait aujourd'hui, elle ne serait plus jamais libre à part en quittant cette contrée.
La chaleur était étouffante, la fièvre et la fatigue l'amenuisaient minute après minute, seconde après seconde. Il baissa le visage sur sa ceinture qu'elle pointait et se mit à brailler des propos incompréhensibles. Des mots qui aux oreilles de la jeune femme n'en étaient pas, des sons qui ne ressemblaient à rien de ce qu'elle connaissait. Il n'était qu'un animal déclamant son chant. Un chant à la voix grave et musicale, aux tonalités envoûtantes autant qu'effrayantes. Charlotte ferma les yeux un instant, appuyant davantage sa tête en arrière sur le bois. Par moments, elle se sentait partir vers l'inconscience mais puisait encore dans ses réserves pour ne pas devenir une proie trop facile. Même si elle savait qu'il avait gagné, elle ne voulait pas lui concéder cette victoire. Il devrait la lui arracher.
Le bruit qu'il fit en se levant lui fit ouvrir un œil, juste pour vérifier qu'elle ne manquerait pas le moment où il déciderait d'en finir. Contre toute attente, il se pencha sur la source improvisée et revint vers elle, les mains en coupe, pleines du liquide vital.
Epis de Blé, boire. Mourir seule, si pas eau. Guerrier à deux visages rentrer chez miwok.
Elle le contempla longuement, les sourcils froncés, tandis qu'il s'agenouillait devant elle pour lui présenter son offrande. À quoi jouait-il ? Était-ce une nouvelle forme de torture ? Mourir seule...avec ou sans eau, il s'arrangerait bien pour l'y aider n'est-ce pas ? Guerrier à deux visages rentrer chez miwok. Allait-il l'abandonner là, au milieu de nulle part ? Elle ignorait tout de sa situation et ne pensait de toute façon pas survivre jusqu'à chez elle. Miwok....miwok, il fallait qu'elle se souvienne du nom de son peuple. Quelque chose la poussait à essayer de s'en rappeler comme si cette information était cruciale.
Même agenouillé face à elle, il la dépassait d'une bonne tête. Ses cheveux long et noir encadrant son visage anguleux formaient comme un rideau de ténèbres, lui donnant des allures de messager de la mort. Elle n'osait plus rien dire, elle n'osait pas bouger, presque subjuguée par cette proximité imposée qui la rendait anxieuse. L'eau gouttait sur elle, depuis les mains tendues dans sa direction. Elle ne pouvait pas boire ainsi, pas directement depuis sa peau, pas depuis un contact direct avec ce représentant de la mort. Les battements de son cœur, furieux, s'étaient emballés. De peur, de faiblesse ou d'autre chose. Qui pouvait bien le savoir ? Pourquoi cherchait-il à la faire boire après l'avoir frappé et malmenée ? Elle ne comprenait pas où il voulait en venir et lorsqu'il parla encore, d'une voix plus grave, presque plus intime, un frisson la parcourut.
Mort prendre qui, hier ? Ses yeux s'écarquillèrent et son souffle s'accéléra. Elle y était. C'était ce moment que le Seigneur lui préparait depuis tout ce temps ? Devoir dévoiler la vérité à un sauvage, se soulager et réclamer l'absolution à un monstre qui n'hésiterait pas à la couper en morceaux. Voila la punition pour avoir cessé de croire, pour avoir renié son créateur. D'un geste lourd et sans force, elle repoussa les mains du guerrier sur le côté, faisant jaillir les dernières gouttes précieuses. Il fallait qu'elle en finisse elle-même, avant que lui ne le fasse. Les poings toujours liés, elle bascula en avant pour venir saisir le couteau à la ceinture du guerrier mais avant même qu'elle n'y parvienne, un vertige la saisit et la fit s'écraser contre son torse.
- Mon père...murmura-t-elle d'une voix souffreteuse. C'était moi. Ma faute, à moi...
Ses paupières étaient trop lourdes pour tout ça et petit à petit, les bordures de sa conscience s'effacèrent au profit de la nuit. Il n'y avait plus de peur, ni de sauvage. Juste un soulagement d'enfin lâcher prise et de subir ce qui était mérité et qu'elle avait cherché à fuir depuis trop longtemps. Elle vacilla et emportée par la fièvre, la soif et l'épuisement, s'évanouit.
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Mer 17 Juil - 23:28
Charlotte flottait dans une rivière sombre. Ici, tout était paisible, il n'y avait plus aucune douleur, aucune peur. La sensation était difficile à cerner, ce n'était ni agréable, ni désagréable, cela avait juste le mérite d'exister, de lui rappeler qu'elle vivait. Mais dans quelles conditions ? Une douce tiédeur caressait sa peau, comme le soleil lorsqu'elle se baignait nue dans l'étang au Nord du ranch et que les rayons de l'astre habillaient sa peau diaphane. Tout semblait paisible, à sa place. Peut-être même était-ce là sa place ? Dans les ombres, loin de tout. Est-ce que tout était fini ? Elle n'arrivait pas à se souvenir et plus elle forçait, plus elle s'éloignait. Dans l'obscurité, elle entendit la voix du shériff lui tonner que rien de tout cela ne serait arrivé, si elle s'était mariée comme toute femme de son âge, elle vit le visage du Colonel qui la regardait avec son éternel sourire mais une pointe de pitié dans le regard. Elle inclina la tête et il froissa le mot qu'elle lui avait écrit avant de disparaitre. L'âme de Charlotte étouffa un sanglot et elle tendit la main pour se saisir du vide dans l'illusion de l'instant. Elle regrettait d'avoir écrit, à la place elle aurait dû lui dire...oui lui dire. Lui dire quoi ? Qu'elle avait eu tort. Elle avait eu tort, même le shériff avait raison. Rien de tout ça ne serait arrivé. Ça quoi ? Dans les ténèbres, elle aperçut alors sa silhouette sur la crête, son visage alors qu'elle était à terre recroquevillée sous la douleur, la lame qui tranchait ses cheveux, le visage de Hank tourné vers le sol, le sang, la peur, la panique, la rage, la colère, le désespoir. Elle inspira d'un coup en ouvrant les yeux, comme un nouveau né découvrant son nouveau souffle. De la poussière inonda sa gorge dessechée et elle toussa, les yeux grands ouverts cherchant à s'ancrer dans la réalité. Ses doigts crispés et affaiblis aggripèrent la terre sous elle. Pourquoi était-elle sur le ventre, qu'est-ce qui tirait son pantalon ainsi jusqu'à ses chevilles ? Elle chercha à sa retourner mais un poid l'en empêchait. Ses avants bras étaient nus, ses poignets toujours attachés, sa chemise avait disparu, seule sa camisole de cotton demeurait, trop courte pour camoufler entièrement les quatre grandes cicatrices qui barraient son dos, vestige des coups de ceinture charitablement admonestés par son père, suffisament long pour masquer sa poitrine. Elle hurla et son cri déchira le ciel avant de résonner dans le vide. Personne ne viendrait, elle était seule et à la merci de...c'était lui, encore.
- ARRETE, cria-t-elle encore en cherchant à se retourner pour lui faire face malgré les entraves. ARRETE ! À travers son visage marqué par la terreur la plus abjecte, de nouvelles larmes roulèrent sur ses joues sales et poussiéreuses, traçant de larges sillons sur sa peau pâle. Il était plus fort qu'elle, c'était une évidence, il était armé et elle était encore attachée. Charlotte cependant, détenait la force du despespoir, capable de vous faire soulever des montagnes, capable de transformer n'importe quel chien domestique en loup aux crocs acérés. Charlotte ne voulait plus accepter sa punition. Mourir oui, mais ça...ça c'était l'envoyer en enfer sans même la tuer.
- Ne fais pas ça, supplia-t-elle en grognant tandis qu'elle cherchait à se faufiler pour s'échapper de son emprise.
Elle haletait et gémissait comme un animal coincé mais refusait d'abandonner. Jamais. Et tandis qu'elle se débattait, elle réussit par un miracle certain à lui donner un coup de genou bien senti entre les jambes. Profitant de cette opportunité, tandis qu'il relachait son emprise, elle se dégagea et chercha à se redresser pour s'enfuir mais son pantalon baissé sur ses chevilles, seulement maintenu par ses bottines la fit basculer à nouveau et elle s'écrasa au sol. Mue par l'urgence, galvanisée par l'adrénaline à nouveau, elle remonta son pantalon et se releva tant bien que mal, une seule idée en tête, celle de s'éloigner le plus possible de lui jusqu'à trouver une solution capable de se débarasser de lui et de l'emprise qu'il faisait flotter sur sa tête. Au loin, les chevaux broutaient toujours. Elle avait chaud, soif et elle ignorait où elle se trouvait mais ce cheval lui apparaissait comme sa dernière chance de mettre de la distance entre eux.
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Jeu 18 Juil - 22:53
Le cheval releva la tête dans sa direction en la voyant courir à moitié débraillée. Durant une fraction de seconde, Charlotte pensait réussir à se sauver.
Le miwok avait repris son souffle et il laissa Epi de Blé se laisser glisser le long du tronc, tremblante. Il était sûr qu'à présent, elle ne tenterait pas de s'échapper en vain. Il était certain que maintenant, elle avait pleine conscience de sa petitesse, de sa situation. Sa main dans les cheveux blonds de sa captive relâcha son étreinte quand elle échoua sur le sol. Il se détourna d'elle pour retourner à sa place, s'asseyant sans plus un regard vers elle. Posséder une blanche ou une indienne ennemie avait une autre signification que quand il montait ses femmes, c'était évident, mais au-delà de la signification de son geste quelque chose le tracassait. L'obsédait.
Les yeux noirs de Shappa retrouvaient la silhouette d'Epi de Blé, qui poussa un cri déchirant à lui faire hérisser les poils. Cela le rendit nerveux qu'elle hurle à s'en décrocher les cordes vocales, mais le natif resta de marbre. Il se contenta de la regarder avec la curiosité et le dégoût destiné à l'envahisseur. Chez eux aussi, c'était le peuple qui souffrait plus que ses chefs. Mais c'était à la réaction ou l'inaction de ces chefs envers la souffrance de son peuple, qu'on pouvait connaître sa valeur. Les blancs n'en avaient aucun, cela Shappa le savait déjà.
Il savait aussi qu'après ça, elle lui appartenait aujourd'hui comme demain.
Les heures défilèrent, Shappa avait fumé et fermé les yeux. Il ne pensa à rien durant ce temps, si ce n'était les échos du cri. Lorsque le soleil était descendu et que la fraîcheur d'une soirée à venir refroidissait sa chair, il s'en retourna chercher de l'eau. Il remplit sa gourde en peau d'antilope dans un silence glacial, puis se rapprocha de sa captive. En s'agenouillant près d'elle, le miwok la força à ouvrir la bouche en serrant sa mâchoire de part et d'autre pour que ses lèvres forment une ouverture suffisante pour y verser l'eau fraîche.
- On n'apprend rien sans peine, disait l'amérindien dans sa langue natale. La barrière de la langue n'était pas une fin en soi et si elle ne comprenait pas maintenant, la vie le lui apprendrait tôt ou tard, si ce n'était pas déjà fait.
La nuit arrivait et dans l'ouest, elle amenait avec elle les ténèbres. Plus rien n'était visible à l'œil nu à moins de deux mètres de distance. L'air était à présent froid, aussi froid que la tension qui liait l'homme à la peau rouge et la femme blanche. Sans défaire les liens d'Epi de Blé, il la fit se coucher sur un parterre de feuilles, de peaux et de mousse. Un toit fait de bois et de cuir rattaché à ses extrémités les protégeait du vent et de son sable qu'il faisait voler sur des centaines de kilomètres. Shappa s'était endormi à côté d'elle, tenant les cordes dans une poigne ferme même lorsqu'il s'assoupit. Dormir profondément dans le désert était improbable chez un natif miwok qui avait l'habitude de migrer en fonction des troupeaux de buffles.
Charlotte Beauchamp
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Lun 5 Aoû - 22:55
Ce jour là, le temps s'était arrêté pour Charlotte. Son cri de désespoir et de perte avait franchi ses lèvres et résonné dans ce lieu de désolation. Au delà de la douleur physique, son esprit persistait à chercher une explication à tout ceci. Pourquoi ? Pourquoi ? La question tournait en boucle, sans réponse, annihilant tout autre raisonnement sensé. Elle ne savait plus, elle n'arrivait pas à penser de manière pragmatique, ni même de penser tout court. Tout semblait flou, noyé dans une forme de réalité qui la faisait sombrer dans les méandres de sa propre situation desespérée. Son souffle s'était étrangement calmé tandis que son coeur battait fort et vite. Il n'y avait plus de larme, juste le silence de sa propre respiration et son regard perdu dans le vide face à elle. Appuyée contre le tronc, elle se demanda alors si tout ceci était bien réel, si ce n'était pas un cauchemar duquel elle ne tarderait pas à s'éveiller. Alors elle attendit mais rien ne changea. Peut-être était-elle morte finallement ? Et voilà à quoi ressemblait son enfer. La fièvre commençait à la faire délirer.
Il n'était plus là, mais le souvenir de ses mains sur elle imprimait encore sa chair, l'illusion de son souffle dans ses cheveux lui fit fermer les yeux. Ce n'était que le vent pourtant. Elle ne voulait plus le voir mais il fallait bien qu'elle sache où il se trouvait, puisque son corps, ce traitre, refusait de mourir après tout ça. Tremblante, elle releva la tête du tronc sur lequel elle s'était appuyée et le vit plus loin, les yeux clos. Il semblait dormir assis. Ses doigts crispés, les uns enroulés aux autres se détachèrent lentement et elle essaya, tant bien que mal, de remonter son pantalon jusqu'à sa taille, ignorant la douleur et l'inconfort. Les poignets toujours attachés, elle se recroquevilla à nouveau tout en masquant sa poitrine laissée nue, comme elle le pouvait. Combien de temps s'égrena ainsi ? Elle n'aurait su le dire, puisque le temps n'avait plus d'importance, il n'existait plus. Elle non plus, elle n'existait plus. Elle avait perdu son honneur, sa vertue, son innocence, sa propre vie qui ne lui appartenait plus. Il lui avait tout pris. Pourquoi ? Parce qu'il avait pu le faire et qu'il savait qu'il en était capable. Elle était trop faible et lui trop fort. Elle n'était qu'une femme et lui...non, elle ne pouvait se résoudre à le considérer comme un homme. Il n'était qu'un animal, un prédateur qui avait trouvé sa proie.
Le soleil déclinait et la fraicheur la fit greloter tandis qu'il s'agitait, balayant ses pensées. Il revint vers elle et elle détourna les yeux, dans l'incapacité de croiser son regard. Elle n'était pas certaine de sa réaction dans le cas contraire. D'une poigne de fer, il lui fit ouvrir la bouche, blessant ses joues, ignorant les égratignures dont sa peau était couverte. L'eau coula dans sa bouche, elle voulu la cracher mais son corps, toujours ce traitre, lui fit déglutir le liquide précieux, maintenu par un instinct de survie. Les mots qu'il prononça n'avaient aucun sens pour elle, ils ne parlaient de toute façon pas le même langage. Ni des mots, ni du corps.
Le silence qui suivit avait quelque chose d'oppressant. Les derniers rayons de soleil s'étaient éteint depuis un long moment, lorsqu'il la fit se lever en tirant sur la corde. Là, il la força à se coucher à même le sol, sur un tapis d'herbes et de peaux. Elle n'avait d'autre choix que d'être obéissante. La fièvre et le Sauvage ne lui laissaient guère d'alternative. Alors, toujours frisonnante, la peau nue, elle s'allongea sur le coté et se recroquevilla face à lui pour mieux surveiller ses faits et gestes. Il ne fit rien cependant, en dehors de tenir la corde. Peut-être qu'avec un peu de chance, elle pourrait fuir durant son sommeil. Il faisait nuit noire, la Lune et les étoiles ne suffisaient pas à éclairer l'alcove formée par des branches qu'il avait fabriqué. Pourquoi lui donner à boire ? Pourquoi l'abriter et la faire dormir ? Comptait-il la torturer ainsi avant de la tailler en pièce ? Il fallait qu'elle tienne le coup, qu'elle lutte contre son propre sommeil, cependant, son corps souffrait, son esprit aussi et ensemble, ils la firent sombrer dans les ténèbres à son tour. Malgré la peur, malgré le froid ou peut-être à cause de tout ça, son corps céda enfin pour un sommeil sans rêve, probablement le dernier de son existence.
Lorsque le lendemain elle ouvrit les yeux, elle sursauta en réalisant la proximité du monstre. Un rapide coup d'oeil alentour lui indiqua que le soleil était entrain de se lever. À travers les lueurs de l'aube, elle l'observa en silence, le plus discrètement possible. Dormait-il ? À sa ceinture, se trouvait encore son couteau. Si seulement elle avait pu s'en emparer pour mettre fin à ses tourments ! Ses poings liés l'en empêchaient. Son regard dévia du couteau sur son ventre, puis remonta le long de son torse massif pour vérifier sa respiration et s'assurer que le sommeil le tenait encore en otage, comme elle l'était elle-même. La luminosité semblait jouer avec le tracé de ses muscles à chaque inspiration et Charlotte observa ensuite son épaule, son bras, jusqu'à sa main qui tenait toujours la corde. Son regard remonta jusqu'à son profil et elle se redressa légèrement pour s'assurer une dernière fois de son sommeil. Il sentait le cuir et les épices, très légèrement la fumée. Son maquillage rouge était toujours présent, ses longs cheveux noir s'étaient éparpillés autour de lui. Du bout des doigts, elle entreprit de faire son propre état des lieux malgré l'entrave. En touchant sa pomette, la douleur la fit grimacer mais ce n'était rien comparé à son corps tout entier, l'hématome sur ses côtes s'était étendu, le tissu de son pantalon collait à son entre jambe qui lui cuisait toujours. Aussi, dès qu'elle perçut un semblant de mouvement de sa part, elle se recula aussi loin que la corde le lui permettait en se trainant sur le sol. Son corps lui parut si lourd, à bout de force et comme pour le lui confirmer, un gondement sourd s'échappa de son ventre.
De nature matinale, Shappa garda tout de même les yeux clos. Il resta un court instant dans cette position alors qu'à côté de lui, Epi de Blé s'agitait à il ne savait quelle activité. Tous les envahisseurs, tous les Blancs réagissaient-ils de la sorte ? Ne prenaient-ils pas la peine d'apprécier les secondes qui défilent ? Il savait que leurs deux peuples n'appréhendaient pas le temps de la même façon et pourtant cela l'étonnait toujours. Quand il eut besoin de s'étirer les membres, il le fit, dans un grognement appréciateur. Sans un regard pour la visage pâle qui s'était reculée aussi loin qu'elle le put, il se leva, tirant sur la corde pour qu'elle en fasse de même. A la lueur du jour, Shappa prit alors quelques secondes pour l'observer. Elle était sale et sa chair mise à nue semblait la déranger. Chez lui, les femmes pouvaient bien marcher seins nus, c'était la normalité. Ce qui était normal, aussi, était de se rafraichir après le réveil. Sans tourner sur lui même, son regard sombre s'attardait sur le lointain, sur les collines, sur les bancs d'oiseaux qui volaient vers un sens, sur la direction prise par le vent... Puis le miwok prit sa décision.
Après avoir attaché la corde à sa ceinture, par embarras à devoir la tenir constamment, il put récupérer l'usage de ses mains et commencer par rassembler et ranger ses affaires. Il alla au petit point d'eau pour s'en abreuver, laissa le loisir à sa blanche de faire de même, puis rejoignait son cheval. Il dut souvent tirer sur la corde car sentait une résistance à suivre ses pas. Assis sur la couverture, Shappa avait installé Epi de Blé face à lui. Elle était encore sauvage dans ses gestes et ses intentions, il préféra avoir un oeil sur elle. Mais ce n'était pas sa présence qui l'empêcherait de remercier le Grand Esprit pour ce nouveau jour. « Kola mahel ya un, taku ki le on weya, Woksape kin le, wotakuye mahel » Il lui demanda de lui accorder sagesse et paix dans son cœur, car ce n'était pas le cas, quelque chose de lourd pesait en lui. « He miye, ohitika kin kte, Anpetu ki le kte ka ta » Le chant qu'il fredonnait entre ses lèvres n'avaient pour but que d'apaiser son esprit. C'était une prière qu'il avait apprise à ses enfants, son plus vieux fils l'entonnait aussi quand la rosée du matin perlait sur les piques des cactus. « Mitakuye Oyasin » Cette dernière phrase lui donna à réfléchir. "Nous sommes tous liés", Wakan Tanka parlait-il aussi des Yeux-Clairs comme il le faisait de la flore et de la faune ? Tout séparait son peuple de ces envahisseurs sans morale, mais qu'en disait le Grand Aigle dans les cieux ? Les deux égarés chevauchaient des heures avec quelques haltes. Des collines et des arbres finissaient par apparaître, Shappa s'y enfonça jusqu'à tomber sur une rivière. Il dut à nouveau délasser la corde pour pouvoir descendre et ensuite rattacher Epi de Blé. Il ignorait si elle avait reconnu ces paysages, mais ils n'étaient pas loin de la maison avec bétails d'Epi de Blé. Cet endroit était le lieu depuis lequel il avait surveillé leur développement. Toi aussi entrer. Le miwok se parlait en sujet-objet-verbe, le guerrier n'avait aucune raison de penser qu'il se fourvoyait dans son anglais approximatif et pauvre. Il fut le premier à se mouiller, obligeant sa captive à le suivre dans l'eau froide. Shappa plongea entièrement son corps et n'en sortit que lorsque ses poumons s'étaient vidés d'oxygène. Sa tête apparue alors, sans le maquillage qu'il avait frotté sous la surface. Il n'avait plus lieu d'être aujourd'hui, ou au moins, pas celui-là qui signifiait quelque chose de sombre en lui qu'il ne ressentait pas aujourd'hui. Il voulait nager mais la corde et le poids d'Epi de Blé l'en empêcha, chose qui le frustra et le fit froncer des sourcils. Shappa n'avait pas confiance en elle pour la lâcher.
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Dim 25 Aoû - 22:26
Le démon s'étira, semblant savourer cet instant, sinon pourquoi grogner ? Par méfiance, elle resta en retrait et patienta, sur le qui vive malgré son corps meurtri, malgré sa faim grandissante. Il se leva et elle fut contrainte de faire de même, à moins de se laisser trainer sur le sol. Elle ne doutait pas une seule seconde qu'il en aurait été capable. Là, il l'observa un instant et par pudeur, elle cacha sa poitrine comme elle le put, sans cesser de le regarder avec hargne. Après avoir attaché la corde qui la maintenait captive à sa taille, il s'affaira à ranger ses affaires. Charlotte l'observait sans mot dire, se demandant simplement combien de temps allait encore durer ses tourments. Qu'attendait-il d'elle ? Qu'attendait-il pour la tuer ? Après l'abjecte humiliation qu'il lui avait fait subir, elle ne pourrait plus vivre comme elle l'avait toujours fait. Son corps et son esprit étaient souillés, seule la mort pourrait la délivrer de cette horreur désormais. Alors elle l'observait toujours, le dégoût et la haine incrustés dans ses pupilles claires tandis qu'il buvait de l'eau. Dès qu'il eut fini, elle s'accroupit à son tour et bu aussi bien pour calmer sa soif que sa faim. Elle ne fit aucun effort pour soutenir le rythme que le sauvage lui imposait. Déjà parce qu'elle n'avait pas envie de lui donner ce petit plaisir mais aussi parce qu'elle en était tout simplement incapable. Elle était épuisée, elle souffrait et elle avait faim. La seule bonne nouvelle semblait être cette fièvre qui l'avait quittée, du moins pour le moment. Il l'installa face à lui sur la couverture et avec la plus mauvaise volonté du monde, elle obéit. Son regard se porta sur l'espace qui les enveloppait, tandis qu'il baragouinait tout un charabia dont elle ne comprenait rien. Il... chantait ? Comment pouvait-il seulement chanter après l'enfer qu'il lui faisait vivre ?
Elle soupira et décida de l'ignorer, les bras toujours repliés sur son buste dans une ultime tentative de retrouver sa dignité. L'aversion profonde qu'il déclenchait en elle, supplantait la peur qu'il lui inspirait. Enfin, il se mirent en route et Charlotte retint un hurlement lorsqu'il lui fallut chevaucher. La douleur lui vrillait les trips à chaque mouvement de l'animal. Elle tint bon cependant, juste pour ne pas donner satisfaction à l'autre. Il ne la regardait que rarement de toute façon, ce qui lui laissait le loisir de grimacer en douce.
Le paysage changea, la végétation devint de plus en plus présente, remplaçant les cactus par des feuillus, le sable par de l'herbe grasse. La forêt apparut et ils s'y engoufrèrent. L'ombre et la fraicheur lui firent un bien fou après cette longue marche dans le désert, d'autant plus que sa peau la tiraillait à cause du soleil, de ses blessures et de la crasse. Elle ignorait leur localisation mais quand la rivière apparut, son esprit douta. Alors il tira sur la corde pour lui imposer de descendre, chose qu'elle fit dans un gémissement plaintif. Toi aussi entrer Surprise par ses paroles, elle n'eut pas le temps de réfléchir à leur sens, que déjà il venait de plonger, lui imposant de venir se mouiller. Charlotte portait toujours son pantalon, seul élément qui lui permettait de conserver un semblant d'hummanité mais s'enfonça dans l'onde fraiche. Elle s'immergea totalement et profita d'un peu de mou sur sa corde pour se débarasser de son pantalon sous l'eau. Elle le sortit hors de l'eau et l'essora, avant de le jeter sur la berge. Comme il ne s'interessait plus à elle, elle en profita pour masser ses chairs meurtries et réaliser une toilette sommaire. Alors que le sauvage réaparassait plus loin, au centre de la rivière, la corde se tendit entre eux et elle plongea à son tour. L'eau froide la revigora instantanément, calmant ses douleurs et forçant son coeur à battre plus vite pour conserver sa chaleur. Elle secoua la tête en arrière alors qu'elle réaparassait à son tour, essayant de chasser les mèches blondes collées sur sa peau abimée.
Ouvrant les yeux, elle papillona un instant pour chasser les dernières gouttes sur ses cils et fronça légèrement les sourcils en observant son tortionnaire. Le rouge avait disparu, à présent il n'était...qu'un homme. Un homme différent mais un homme tout de même. Elle inclina la tête doucement, presque stupéfaite par cette découverte. Pourquoi était-elle si surprise après tout ? Elle l'avait déjà longuement observé, fascinée malgré la terreur qu'il lui inspirait. À ce moment là, il lui sembla si humain qu'elle peinait à le croire. Ignorant la chair de poule qui parcourait sa peau et ses seins durcis par le froid, elle lança : - Qu'est-ce que tu comptes faire de moi ? Elle fit un pas dans sa direction, faute de pouvoir nager. - Me tuer ? Nouveau pas. - Me violer...encore ? Juste parce que tu en es capable ? Me soumettre à ta volonté ? Et après ? Tu rendras mon cadavre à mon frère ou me laisseras pourrir ici ?
Elle ignorait s'il comprenait un seul de ses mots. Peut-être un sens global à la limite mais elle s'en moquait bien. Cette situation la rendait folle, elle ne comprenait toujours pas ce qu'il cherchait à accomplir. N'avait-il pas obtenu les chevaux ? La vie de Hank ? Le bétail ? Alors pourquoi persistait-il à la trainer jusqu'ici ? Pourquoi ne mettait-il pas un terme à son supplice ?
L'observation que la captive entretenait depuis de longues secondes sur lui commençaient presque à le mettre mal à l'aise. Il lui lança un jet d'eau, sans un mot, pour qu'elle arrête de le fixer. Shappa voulait qu'elle prenne ce temps de pause pour se laver, la baignade matinale offrait beaucoup de bienfaits. Mais Epi de Blé, dans toute la splendeur de sa nudité qui fascinait le guerrier, avait l'air d'avoir choisi insolence et entêtement. Il fronça des sourcils quand elle se mit à parler et qu'il ne comprit peut-être, qu'un mot ou deux. Elle avait employé le mot "tuer" et il n'avait pas cotoyé assez les blancs pour que l'intonation dans la voix de la femme lui fasse penser à une question. Alors il se mit à rire, croyant qu'elle lui disait qu'elle allait le tuer. Son rire trouva un écho entre les arbres de la colline, avant que le silence ne les replonge dans ce duel de regards.
- Et comment tu feras pour me tuer ? tu utiliseras ce même regard qui me transpercerait, si c'était possible ? Shappa haussa les épaules, toujours face à la femme blanche qui s'approcha de lui. Le tuer, pour quoi ? Pour lui avoir volé des bêtes ? C'était une pensée qui n'avait pas de sens, les tribus se volaient par tous temps des chevaux. On pouvait tuer pour venger, mais pas pour cela. Il lui aurait bien expliqué l'illogique de son peuple mais la langue était un frein et en vérité, il ne désirait pas plus apprendre cet anglais qui colonisait ces terres. Pour l'instant ce qui le dérangeait le plus, c'était qu'un autre pas venait de rapprocher Epi de Blé. Recule ! Il l'éclaboussa d'un nouveau jet d'eau pour l'obliger à reculer, c'était son moment de tranquillité. Recule !
A nouveau elle parlait, et Shappa restait figé à la regarder. Il décelait quelque chose dans sa voix, une fragilité qu'elle ne pourrait plus jamais lui cacher. Peut-être qu'elle avait peur et qu'elle défiait sa propre peur en venant à lui. C'était maintenant, qu'elle comptait le tuer ? Il était concentré, le regard interpellé le moindre mouvement brusque. Une arme sortie de nulle part ? un morceau de pierre prit à même le sol de la rivière ? Mais rien ne venait de plus que les accusations s'échappant de sa gorge.
- Vous avez réduit à l'esclavage beaucoup de mon peuple, affirma Shappa en se pointant du doigt bien qu'il faisait référence à tous les indiens d'Amérique. Vous leur avez pris tout et plus encore. Pourquoi je ne ferai pas la même chose avec toi et ta maison de bétails ? Lui aussi s'était approché de la blonde, s'imposant d'une tête de plus, la jaugeant de tout son long. Elle pouvait sentir son souffle se fondre sur sa peau. Si mon peuple a faim, je te vole encore une bête. Si je veux te prendre, alors je te prends. Si je veux te tuer, je te tue, déclarais le miwok dans sa langue natale. Et, comme dans une intention maladroite de résumer ce qu'il venait de dire, il termina dans son anglais basique. Parce que Epi de Blé à moi. Il était sûr qu'elle le comprendrait. Il n'avait pas besoin de la tuer si elle pourvoyait à des besoins. Contrairement à beaucoup de tribus, la sienne ne marchandait pas avec les blancs et manquait souvent de tout lors des hivers impitoyables par exemple. Lentement, il leva une main pour toucher une mèche de ses cheveux. Ils étaient maintenant mouillés et n'avaient plus l'éclat d'hier, sous le soleil. Presque déçu, il relâcha la mèche. C'était là qu'un craquement derrière son dos attira son attention. Shappa resta droit, immobile, et sa main s'était posée sur la bouche d'Epi de Blé pour qu'elle ne crie pas. Le guerrier l'avait attiré contre lui, elle serait capable de se débattre si un des siens venait à son secours et nu comme un ver sous l'eau il n'avait pas de quoi se défendre. L'indien tourna le visage pour voir de quoi il s'agissait et fut pris d'une boule au ventre à la vue du majestueux cerf, image de son véritable totem. Son cœur commença à battre fort sous sa poitrine. Il se rappela la supercherie de son épreuve, la honte qu'il avait ressenti quand le Grand Manitou décida qu'il ne prolongerait pas la lignée de guerriers de son père.
Ses muscles se détendirent. La présence du cerf n'était pas anodine et il avait décidé de se montrer à un moment spécial. thahca, dit-il en montrant l'animal de son index. Il avait relâché Epi de Blé et répéta le mot cerf en miwok. tah-hcha, articulait le natif qui avait un petit sourire. Revoir son totem à des moments clés de sa vie était une aubaine qui n'était pas donné à tout le monde. Il ne restait qu'à lui, d'en comprendre la signification. Il poserait la question à sa mère, à son retour, elle ne le jugera jamais.
Charlotte Beauchamp
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Ven 6 Sep - 0:58
Il rit. Charlotte l'invectivait, cherchant désespérément à savoir ce qu'il adviendrait d'elle et il riait. La fureur inonda ses yeux clairs. Après tout ce qu'il lui avait fait subir, voilà qu'il lui jetait à présent du mépris en plein visage. Elle releva le menton, malgré sa peur, malgré l'idée persistante qu'il pouvait la tuer, là, en une fraction de seconde. La jeune femme voulait garder le peu de dignité qu'il lui restait. Elle persista à le fixer, à avancer vers lui, à poser des questions sans jamais baisser le regard, sans jamais baisser le menton. Il pouvait bien lui prendre tout, elle resterait debout, elle resterait suffisamment forte pour ne pas lui donner satisfaction. Alors il l'arrosa et elle fronça les sourcils, surprise par cet acte si...puéril. Pensait-il lui faire peur avec quelques jets d'eau dignes de jeux d'enfants ? Il lui donna un ordre, qu'il répéta, toujours en l'arrosant comme s'il voulait qu'elle s'en aille. Elle n'en comprenait pas le sens, juste le ton mais elle n'obéit pas. Les mains liées devant elle, elle se tenait droite, bien campée sur ses jambes à le dévisager avec hargne. L'attitude de l'homme changea un peu, comme si...comme s'il craignait quelque chose. Avait-elle dit les mots qu'il fallait ? Elle en doutait, leurs deux peuples ne se comprenaient pas vraiment et ne se comprendraient certainement jamais. Comment le pourraient-ils ? Et comme pour le lui prouver, ce fut son tour de se lancer dans un monologue dont elle ne saisit aucun traître mot. Il s'était approché pendant qu'il parlait, fendant la rivière tel une créature mystique jusqu'à ce qu'il lui fasse face, son souffle s'échouant sur elle. Là encore, elle ne cilla pas, masquant du mieux qu'elle le pouvait la peur viscérale qu'il lui inspirait. Son propre souffle était chaotique, saccadé, son cœur battant au rythme de l'affolement à mesure que le temps bien conscient de la menace qu'il représentait, s'égraine. Pourtant, ses yeux s'étaient écarquillés lorsqu'il avait énoncé qu'elle lui appartenait.
À nouveau, elle avait froncé les sourcils et avait commencé à ouvrir la bouche, stupéfaite et en colère, pour lui dire combien il se trompait, qu'il n'avait aucun droit sur elle. Ni maintenant ni jamais. Aucun son ne sortit, coupé dans son élan par le nouveau mouvement qu'il venait de réaliser vers elle. Instantanément, elle se raidit et son souffle se coupa. Elle fut tentée de fermer les yeux pour mieux renier ce contact mais toujours dans sa tentative de rébellion, elle persista à les garder ouverts, papillonnant légèrement pour chasser cette nouvelle peur. C'est alors que subitement, il lui plaqua sa large main sur la bouche, la tirant vers lui. Paniquée, elle ne comprit qu'en apercevant la bête majestueuse qui s'offrait à leur vue ce qu'il se passait.
Le cerf était d'une beauté à couper le souffle. Elle n'en avait jamais vu d'aussi imposant avec ses 12 cors et ses poils légèrement plus longs au niveau de l'encolure qui lui faisaient comme un élégant manteau. Elle en oublia la posture dans laquelle elle se trouvait, totalement nue contre son ravisseur qui l'était tout autant. Elle en oublia de ressentir les battements de coeur de cet homme qui s'étaient alourdis. Subjuguée par l'animal, sa bouche s'entrouvrit légèrement tandis que son tortionnaire la relâchait. Elle n'osait plus bouger de crainte de faire fuir cette apparition sublime. Tah-hcha disait le sauvage en le montrant du doigt, ce à quoi elle ne put que répondre d'une voix émue : - Il est magnifique.
L'animal s'avança vers la berge sans les quitter des yeux, but tranquillement, puis redressa sa tête couronnée. À nouveau, il gratifia le natif et l'envahisseuse d'un regard curieux et sans jugement, puis il disparut dans les fourrés comme il était venu. Charlotte demeura un moment à contempler le vide avant de se tourner vers le sauvage. Elle s'humecta les lèvres et repoussa l'homme du plat des mains de toutes ses forces, avant de quitter la rivière. Trop vite, la corde se tendit alors qu'elle émergeait sur la berge, nue comme une nymphe aux seins ornés de deux boutons de rose.
- Je n'appartiens à personne, lâcha-t-elle avec mépris. À toi moins qu'à tout autre. Et pour être certaine qu'il la comprendrait, elle reprit : - Epi de blé pas à toi. Jamais. JA-MAIS.
Après un dernier regard dédaigneux, elle se retourna, ses longs cheveux mouillés fouettant son dos dans le mouvement, pour quitter l'eau. La corde qui l'entravait se tendit à nouveau et elle jura entre ses dents en français. Alors elle entreprit de tirer de toutes ses forces, mais à cause des galets glissant de la berge, elle ne parvint qu'à chuter.
Ses douze cors, aussi imposants que magnifiques, semblaient presque irréels. Comme s'ils appartenaient à une créature mythique, la même que celle dans les histoires merveilleuses de la vieille grand-mère, contée lors des soirs d'hiver glacials. L'animal se pencha délicatement pour boire l'eau claire, se doutant de la présence humaine non loin de lui. Il avait peut-être l'habitude d'être détaillé ainsi ? Ou simplement n'avait-il pas peur que quoique ce soit ne lui arrive, car de toute évidence, la Nature protégeait ses trésors.
Shappa en était retourné. Il aurait pu vaciller si Epi de Blé ne le stabilisait pas en étant contre lui. Les yeux du guerrier détaillaient chaque aspect du cerf, du velours de ses bois à son pelage brun doré, luisant sous la lumière. Un mélange d'émerveillement et de crainte l'envahissait, car il savait que cet animal n'était pas seulement un habitant ordinaire de la forêt. Son véritable totem l'observa d'un œil curieux avant de disparaître, laissant derrière lui le bruit des feuilles et de branches qu'on déplaçait sur son passage. Le miwok aurait voulu le suivre, et c'était presque ce qu'il fit quand sa captive s'éloigna de lui. Il avait fait un pas dans la direction de l'animal, il voulait s'excuser du massacre commis contre un innocent, il y a des années maintenant. Des années peut-être mais la chaleur du sang s'écoulant sur sa main armée, il la sentait toujours. Le vide prenant place dans la pupille du cerf, l'engloutissait encore. Cette première vie innocente, il l'avait prise par pure égoïsme afin d'agir dans son propre intérêt.
Epi de Blé s'en allait vers la berge, Shappa ne retenait pas encore la corde, trop absorbé par la vision qui s'était offerte à lui. N'était-ce pas ce qu'il cherchait en ayant quitté sa tribu il y a deux jours ? Ninovane l'avait interdit de rentrer à la loge s'il n'avait pas eu de visions, de compréhensions, de tout et n'importe quoi qui puisse alléger le poids dans son coeur. - Je n'appartiens à personne. À toi moins qu'à tout autre. Dans la continuité de ses pensées, il tourna la tête vers sa captive, nue sur la berge. Son corps de femme blanche le saisissait encore, il était si différent. L'avoir prise avait assouvi quelque chose de primaire en lui, mais c'était tout ce que ça avait fait. Le reste de sa fascination était malheureusement toujours intact et présent. - Epi de blé pas à toi. Jamais. JA-MAIS. Shappa avait compris ce qu'elle venait de crier. Elle refusait de lui appartenir mais tout avait déjà été accompli, et un jour il le savait, elle mourrait entre ses mains ou lui des siennes. Le regard noir qu'Epi de Blé lui lança aurait fait peur à un lapin mais Shappa resta impassible, nullement impressionné, sauf si ce n'était par la longue chevelure tombant sur le dos de sa blanche. Elle tira sur la corde sans que ça n'affecte les pieds du natif bien ancrés dans le sol. La chute d'Epi de Blé sur les galets devait être douloureuse, cela lui était arrivé et quand le choc ciblait les genoux on ne pouvait pas même retenir les larmes coincés au bord des yeux. - Tu es maladroite, disait Shappa en entreprenant une marche lente vers la berge. Combien de temps tu dois être attachée pour comprendre que tu ne peux pas m'échapper ? Il enroulait la corde autour de son coude replié à mesure qu'il s'approchait d'Epi de Blé. L'empoignant par le bras il le souleva, les sourcils froncés, le regard plongé dans les yeux verts. Soudain, alors que Shappa la fixait, il prit conscience que ces yeux étaient verts. La symbolique de cette couleur rejoignait celle de son totem et cela l'effraya car elle imposait quelque chose qu'il n'avait pas envisagé. Tout comme le cerf symbolisait la nature, la fertilité, les cycles de vie, le renouvellement, la transformation, l'abondance. La couleur vert représentait la nature également, la force de la vie, le renouveau.
Mais qui était cette femme mise sur son chemin ? Il aurait dû laisser Mingan la tuer. A présent qu'il avait répondu à quelques questions, des dizaines d'autres le torturaient.
Shappa avait les doigts crispés sur le bras de sa captive. Il détacha son regard du sien pour le glisser jusqu'à la poitrine frémissante d'Epi de Blé, de ses boutons roses pointant vers lui, accusant la température froide de l'eau et humide de l'air. A cette vue, son sexe se tendit sous l'effet de l'attirance malsaine et tout de suite, le guerrier la relâcha pour lui tourner le dos et remettre son pantalon en daim. Il ne lui adressa plus la parole tout le temps où il entreprit d'allumer un petit feu pour se réchauffer. Qui disait forêt, disait petit gibier. Shappa allait chasser mais la présence bruyante de la blanche éloignerait toute opportunité de proie.
Il n'avait pas le choix que de la laisser ici. En regardant autour de lui, il chercha un arbre dont le tronc ne comportait aucune branche sur plusieurs mètres en hauteur. Il le trouva et commença à y grimper, la plante de ses pieds cherchant un appui sur l'écorce, jusqu'à atteindre une première branche. Il y fit un solide nœud puis redescendit afin de vérifier que ça tenait parfaitement bien. Shappa ne la bâillonna pas, même si elle criait et que quelqu'un l'entende, il serait le premier sur place à défendre ce qui lui appartenait car il avait son exact position.
- Rester ici.
Le miwok s'absenta une vingtaine de minutes. Sa chasse fut rapide, la flèche de son arc visant par deux fois sa proie en un seul et unique essai. Il revenait au campement avec deux lièvres pendant sur le dos...
Charlotte Beauchamp
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Lun 9 Sep - 19:50
Un des galets roula sous son pied et Charlotte trébucha. Ses genoux et ses poignets heurtèrent la pierre avec violence car le fait d'être attachée ainsi ne lui permettait pas de se rattraper. Dans un couinement étouffé, elle s'effondra, des larmes de douleur bordant ses yeux clairs, déjà rougis par la fatigue et le soleil de la matinée. La voix du sauvage lui parvint tandis qu'il avançait dans sa direction avec lenteur. Une lenteur angoissante, tel le prédateur vers sa proie. La jeune femme savait qu'elle n'avait aucune chance, elle l'avait bien compris. Il lui avait bien montré à quel point il pouvait la dominer sans peine, la plier à sa volonté d'un geste plutôt que d'un mot. Pourtant...elle ne comprenait pas pourquoi il la maintenait en vie. Il l'avait empoigné avec rudesse, malmenant la chair de son bras pour la relever. Elle glissa encore un peu avant de se stabiliser debout et comme il ne la lâchait toujours pas, elle releva ses yeux verts dans sa direction. Il la fixait sans rien dire et elle soutint son regard jusqu'à ce qu'il dévie le sien vers sa gorge. Avait-elle réussi à le faire céder ? Avait-elle gagné cette bataille silencieuse ? Il la relâcha de la même manière qu'il l'avait agrippé, sans douceur. Elle demeura là, sans trop savoir quoi penser, debout dans le froid, l'observant tandis qu'il allumait un feu. Sans le quitter des yeux trop longtemps, pour surveiller ses faits et gestes, elle récupéra son pantalon trempé, puis se contenta de venir s'installer face au feu. Les mains tendues vers les flammes, bien que toujours liées, un soupir de satisfaction lui échappa des lèvres comme la chaleur s'imprimait dans ses paumes. Ignorant ce qu'il était entrain de faire (grimper à un arbre, vraiment ?), Charlotte entreprit d'essorer et de natter ses cheveux sur le côté pour ne pas qu'ils la gêne. Mettre son dos meurtri à nu ne l'enchantait guère, la honte des marques laissées par les coups de ceinture de son père était bien trop vive. Peut-être que cela dégouterait suffisament le sauvage pour qu'il ne la touche plus ? Penser à son père lui pinça le coeur. Elle avait perdu son fusil au profit de l'autre démon et puis, Hank était mort. À croire que Charlotte n'apportait que le malheur sur cette famille... En proie à une peine non feinte, elle glissa ses genoux repliés entre ses bras et posa sa joue sur sa peau encore fraiche.
Rester ici. Les paroles du sauvage la tirèrent de ses pensées moroses. Et où pouvait-elle bien aller ? Elle soupira en le regardant s'évaporer dans la forêt. L'espoir de revoir sa famille disparaissait d'heure en heure. Peut-être qu'il ne fallait même plus lutter ? Oui, elle allait rester ici et attendre qu'il revienne. Alors, il ferait d'elle ce qu'il voudrait. Encore. Peut-être pouvait-elle être plus docile pour éviter la torture ? Peut-être pouvait-elle tenter de le séduire pour obtenir sa liberté ? Cette idée la fit rire nerveusement. Elle ignorait même comment s'y prendre... En essayant de s'installer confortablement, une pointe de douleur attira son attention au niveau de ses poignets. La corde avait entaillé ses chairs à différents endroits. Profitant de sa solitude, elle envisagea alors un rapide état des lieux de son corps, du moins de ce qu'elle pouvait voir. À tâtons, elle inspecta son visage, ses cotes, ses doigts...Son regard se posa à nouveau sur la corde qu'elle suivit jusqu'à l'arbre. D'un mouvement des bras, elle tira pour s'assurer de la quantité de mou qu'il lui avait laissé. Peut-être que... Elle réfuta cette idée tandis que son regard se perdait dans les flammes. Il fallait qu'elle tente. Ce serait sa dernière tentative car il ne la laisserait pas vivre après ça. Relevant ses yeux vers la forêt, là où elle l'avait vu pour la dernière fois, elle se décida à passer à l'action. De toutes ses forces elle tira sur la corde, suffisament pour ammener ses poignets vers le feu. Le chanvre mordait sa chair et elle serra les dents pour contenir son hurlement. Une flamme lécha sa peau et elle gémit de douleur, avisant son épiderme qui gagnait en couleur. Elle devait recommencer, encore et encore, elle devait faire vite. Qui savait dans combien de temps il reviendrait ? À nouveau, elle approcha ses poignets du feu en grognant. L'odeur de chair brûlée lui parvint en même temps qu'un bruit de grésillement. Sa peau lui cuisait mais il lui semblait que la corde grinçait différement en la frottant. Munie d'un morceau de bois qu'elle coinça entre ses dents pour éviter de crier, elle fit l'effort d'essayer de faire céder la corde malgré la douleur sur sa chair à vif et brûlée. Après plusieurs tentatives, elle réussit seulement à détendre la corde suffisament pour pouvoir s'en delester mais à quel prix ? (jet agi réussi) Ses poignets étaient en sang et certains endroits boursouflaient à vue d'oeil. En sueur, le visage baigné de larmes, elle se leva pour se précipiter vers la berge afin de plonger sa peau dans la fraicheur de l'onde et soulager sa souffrance.
Un bruit attira son attention dans son dos et sans réfléchir, elle cracha le baton et plongea dans la rivière.
La chasse avait été fructueuse mais le retour sur le modeste campement le fit redescendre de son nuage. En sortant des fourrées et après avoir remarqué l'absence d'Epi de Blé, sa première réaction fut de rester immobile. Seuls ses yeux s'activaient dans les recoins des arbres, détaillaient le feu et la corde végétant au sol. Puis, son regard glissait sur les petites ruissellements de la surface de l'eau, comme si un animal venait d'y faire son plongeon. Shappa marcha jusqu'au brasier encore fumant et jeta ses proies sur le côté. Les corps gisant des deux lièvres tombèrent dans un bruit sourd, soulevant un peu de poussières de terre autour d'eux. Les sourcils froncés, le natif ragea intérieurement, il sentait monter en lui la colère d'avoir été trompé par une femme blanche. Aucune trace de pas par terre ne suggéra qu'elle soit partie par la forêt, alors, la seule possibilité résidait dans la rivière. Les cheveux encore humides de sa baignade, ruisselaient sur son dos aux muscles tendus. Il attrapa son tomahawk et dans un cri, le jeta non loin de la position de sa captive. Elle était repérable aux simples bulles d'air qui éclataient à la surface.
Les poings serrés, le guerrier pénétra dans l'eau froide sans sourciller. Epi de Blé ne manquait pas d'audace, malgré sa colère il se sentit d'apprécier la force de caractère de sa blanche. Les femmes miwoks en étaient dotées aussi et c'était Wakan Tanka lui-même qui offrait ces dons. Sa générosité s'étendait sur les envahisseurs, qu'est-ce que cela signifiait ? En même temps que ses pensées le tourmentaient, lui qui n'avait pas encore de réponses à ses questions, il plongea à son tour les yeux grands ouverts sous l'eau. D'abord floue, sa vision s'éclaircit. Ce fut encore les cheveux jaunes qui trahirent la femme. Il nagea jusqu'à elle, comme un requin silencieux fondant sur sa proie, attiré par le sang s'écoulant de sa chair. Elle avait attendu ce moment, ce mince espoir de fuite, depuis la seconde où il avait mis la main sur elle.
Les envahisseurs choisissaient toujours la fuite, comme première solution. Ensuite ils choisissaient l'affrontement comme deuxième solution car ils leur étaient impossible d'essayer de les comprendre, eux, surnommés à tort des sauvages. C'était pourtant eux qui avaient fait des miwoks, ce qu'ils étaient aujourd'hui. Le regard de son totem le prit de court alors que sa main se ferma sur Epi de Blé. Il la remonta avec facilité, tombant directement nez à nez avec elle. Elle avait pleuré, ses yeux étaient rouges et boursouflés. La température froide de l'eau allait s'occuper de les décongestionner, mais cela n'était qu'une partie de solution à ce problème de taille humaine : cette femme tenue avec possessivité entre ses mains, que Shappa regardait sans pouvoir détourner les yeux et qu'il avait par-dessus tout décidé de ne pas tuer. La présence de son totem y était pour beaucoup. Il émit un soupir alors qu'il se demanda combien de fois encore il devrait se retrouver face à elle, à se faire dévisager tout autant qu'il la dévisageait. Il sentait sa peur mais pourtant elle ne détournait pas le regard, cherchant à l'affronter, cherchant peut-être même à le défier. Elle aurait tort de faire ça.
Avec la vision de la corde calcinée, Shappa n'avait eu aucun mal à saisir la façon dont elle s'y était prise pour défaire ses liens, aussi il agrippa ses poignets pour constater des dégâts. Avide de liberté, déterminée à rentrer chez elle, la douleur du feu ne l'avait pas arrêtée. Le guerrier qui d'abord grogna en la fixant comme s'il allait la mener à son dernier souffle, marmonna quelques mots, soufflés et emportés par le vent. - Wagmíza, taku iyúhan kte sni. Elle était Epi de blé, celle qui brise les liens. Il la pointa de son index contre sa peau, répétant Wagmiza. Shappa se détesta de ressentir un semblant d'intérêt pour sa femme blanche. Le visage dur et aussi impassible, il se mit à tourner autour d'elle, tâtant du pied sur le sol rocailleux pour retrouver son tomahawk. Puis, le miwok attrapa Epi de blé par la taille pour la ramener sur la berge. Elle ne pesait pas lourd sur son épaule mais dès qu'il le put, la laissa retrouver pied à terre. A nouveau mouillé et gelé par la faute de l'inconsciente, il glissa à son tour sur les galets. Il voulut se retenir à Epi de blé mais sa main brassa l'air et le natif se retrouva étalé sur les centaines de pierre aux nuances de gris. Il se fit terriblement mal et sa grimace était là pour le faire savoir. Cette chute l'énerva encore plus et Shappa commença à émettre des sons rauques et fervents, que si sa captive avait compris, l'aurait traduit par des interminables jurons pour passer sa colère. L'instant ne dura que quelques secondes où il ignora le regard de Wagmiza. Cette fois-ci, il ne la rattacha pas mais l'obligea à se rasseoir en la repoussant. Il prit les lièvres et les posa face à elle, avant de s'asseoir à ses côtés, un peu reculé, contre le tronc d'un arbre. Il tenait son calumet entre ses doigts, bien content de pouvoir enfin se reposer. Ses enfants lui manquaient mais le visage de ses femmes ne se reflétaient pas dans sa tête lorsqu'il fermait les yeux. Ninovane lui avait dit de l'oublier tant qu'il n'était pas en accord avec lui-même, qui qu'il puisse être réellement.
En voyant qu'Epi de blé ne faisait rien des carcasses, Shappa se redressa, l'air un peu perdu. Chez eux, c'était les femmes qui cuisinaient. Les deux lièvres étaient transpercés d'une flèche en pleine tête, ils n'avaient pas eu le temps de souffrir. Cela le réconfortait. - Tu peux commencer, je les ai déjà remerciés de nous nourrir, dit-il en rajoutant son tabac à sa pipe.
Charlotte Beauchamp
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Messages : 228 Feuille de personnage Disponibilité RP: Oui Dialogue: #cccc33 Age: 25 Métier: Gérante du ranch Beauchamp Caractéristiques:
Gérante du ranch
Mar 10 Sep - 22:10
L'eau glacée pénétra son être tout entier, lorsque Charlotte plongea. Ses brûlures irradiait à ses poignets et elle manqua de relâcher son souffle à cause de la douleur et du froid. Elle devait tenir bon, s'éloigner, fuir aussi vite que possible, aussi loin que son état le lui permettrait. Son corps était épuisé, affaibli par les privations. Elle avait faim et elle avait mal. Même l'adrénaline ne suffisait plus à revigorer ses muscles. Malgré ses gestes, il lui semblait faire du sur place, elle avait la sensation que ses efforts restaient vains. Peut-être valait-il mieux en finir ? Elle pouvait se noyer, ce serait toujours préférable de mourir ainsi plutôt que de ses mains à lui. Elle persistait un peu plus toutefois, usant de ses dernières forces, jusqu'à épuiser la dernière goutte de sa volonté. Lorsqu'elle sentit la vibration de l'eau d'un poids tombé non loin d'elle et qu'elle perçut un cri étouffé, elle se figea un court instant, la peur glaçant son estomac trop vide. L'instant d'après, il s'aggripait à elle et la faisait remonter à la surface. C'était fini. Elle avait perdu. Ses yeux humides d'eau et de larmes se relevèrent vers lui et le dévisagèrent un long moment. Elle n'avait pas pied ici et seul sa prise la maintenait hors de l'eau. Après toutes ses tentatives, elle se résignait enfin à affronter son destin, sa mort ou peu importe ce qu'il souhaitait faire d'elle. La peur était imprimée sur ses traits mais aussi, cette défiance naturelle, qu'elle cultivait depuis l'enfance : son regard sombre malgré l'éclat vert de ses yeux, son menton légèrement relevé, sa bouche entr'ouverte. Charlotte n'était plus qu'un animal blessé et acculé, trop fatigué pour réellement mordre mais qui persistait à sauver les apparences afin de faire croire qu'elle en était encore capable. Une éducation rigide l'y avait aidé. Au ranch, il fallait se faire sa place au milieu d'hommes. Et surtout la garder.
Il soupira et elle fronça les sourcils, surprise par cette réaction improbable. Elle avait pensé qu'il allait la violenter, la soumettre et lui crier dessus. Rien ne l'avait préparé à ce simple soupir bien trop...spontané. Lorsqu'il saisit ses avant-bras, elle tressaillit par ce contact non souhaité mais se laissa faire. Il observa ses brûlures boursoufflées et les entailles laissées par la corde. La douleur de l'air sur ses chairs à vif la fit grimacer et lorsqu'il se mit à grogner, elle ferma délibérément les yeux, terrorisée. Le murmure qui lui parvint alors lui sembla étrangement doux et elle ouvrit les yeux Wagmíza, taku iyúhan kte sni. Evidemment, elle ne comprenait rien à son charabia, puis il pointa son index sur elle, frôlant sa peau en répétant un seul mot. Wagmiza. Elle l'observa en se mordillant la lèvre, tandis qu'il tournait autour d'elle à la recherche de ce que lui seul savait. Pour la première fois depuis qu'il avait croisé son chemin, elle voulait comprendre sa langue.
Subitement, il la saisit par la taille et la souleva sur son épaule pour la ramener sur la berge. Là, il la déposa avant de glisser et de chuter violemment sur le sol de galets juste comme elle plus tôt. Etait-ce la chute ou la douleur qui le faisait autant râler ? Elle n'en avait pas la moindre idée mais ne put s'empêcher de le regarder de haut et de prononcer du bout des lèvres en français : - Bien fait. C'était mesquin elle le savait bien, mais quelle satisfaction de le voir se tordre et pester à ses pieds, même si elle n'en était pas la cause ! Il se redressa enfin et la poussa pour qu'elle s'assoit face au feu. Le regard de Charlotte ne pouvait se détacher de lui, elle restait dans l'attente d'une corde ou d'un geste brutal. Il n'en fit rien cependant et déposa à la place les lièvres morts devant elle. Voilà qu'il lui faisait des offrandes maintenant !
Ses yeux passait des animaux morts au sauvage installé non loin d'elle contre le tronc avec son étrange pipe. Que devait-elle faire de ça ? Lorsqu'il ouvrit un oeil et qu'il remarqua que rien n'avait bougé, il se redressa et baragouina de nouveaux mots en montrant les lapins. Elle songea à celui de sa petite soeur et à la première idée qu'elle avait eu en le voyant : en faire un ragout.
- Ooh..dit-elle instinctivement, pensant comprendre. Il voulait qu'elle prépare à manger. À cette simple idée, elle sentit la salive affluer dans sa bouche et son estomac gronda. Gênée, elle pinça les lèvres et regarda l'homme. - Comment suis-je censée le dépecer ? Avec les dents ? Alors elle soupira et tendit la main vers lui. - Couteau. Pour couper, reprit-elle en joignant le geste à la parole, mimant la découpe du lapin.
Mais après ses multiples tentatives de fuite et maintenant qu'elle était sans attache, accepterait-il de lui laisser une lame ? Elle avait bien trop faim pour une nouvelle escapade de toute façon, il lui fallait prendre des forces et puis...la dernière fois qu'elle avait réussi à lui planter son couteau dans la peau, elle n'avait réussi qu'à réaliser une ridicule estafilade. Attendant qu'il se décide, elle songea à sa cadette qui devait la croire morte et peut-être qu'elle le serait vraiment d'ici peu. Charlotte avait froid, la chaleur du feu ne suffisait pas à réchauffer sa chair abimé et mise à nue. Bon sang mais comment faisait-il pour rester ainsi torse nu ? Et puis, pourquoi ne mettait-il pas de vêtement pour cacher cette demi nudité ? C'était indécent. C'étai vraiment se comporter comme un animal. Et elle alors ? Blessée, à moitié nue, usée par l'abus qu'il lui avait fait subir, prête à couvrir ses mains de sang en dépeçant une proie, ses cheveux devaient être emmêlés et elle se sentait sale. Il était entrain de faire d'elle un animal, une sauvage.
Quel était le problème, les femmes ne cuisinaient pas, chez les envahisseurs ? Ils ne mangeaient jamais ? Pourtant les troupeaux de bisons étaient peu à peu décimés par leur faute ! Il la regardait aussi curieusement qu'elle le faisait, sans comprendre ce "Ooh" que sa captive venait de souffler. Il avait faim, et bien que Shappa pouvait faire une croix sur la nourriture plusieurs jours durant, en ce jour son corps réclamait une ration suffisante pour tenir jusqu'au retour. Il était grand, endurant, et ces jours avaient été plus physiques que son quotidien au campement. Il fallait dire que Ninovane et Talinka étaient des épouses en or, elles veillaient sur leurs enfants et leur mari comme une seule et même personne. L'une avait des qualités que l'autre n'avait pas, elle se complétait et Shappa les respectait beaucoup pour le travail fourni au jour le jour. Mais parfois il se sentait de trop dans sa propre famille. Il n'y avait qu'aux côtés de sa mère, descendante de puissantes sorcières, en qui il trouvait confiance et compréhension. Elle le voyait tel qu'il était. - Comment suis-je censée le dépecer ? Avec les dents ? Il termina de remplir sa pipe de tabac et ignora Epi de blé que de toute façon, il ne comprenait pas. Couteau. Pour couper. Le geste qu'elle mima lui fit comprendre qu'elle avait besoin d'une lame pour pouvoir espérer commencer sa tâche. Toujours affalé confortablement sur son tronc d'arbre, le miwok sortit d'un mouvement sec son couteau de sa ceinture. Il le tournoya entre ses doigts le temps de sa réflexion. Donner une arme à Wagmíza n'était pas une très bonne idée mais ne pas la donner n'en était pas une non plus si cela le privait de nourriture. Il se pencha vers elle le temps d'attraper un des lièvres pour faire une incision nette le long de l'abdomen du cadavre, en prenant soin de ne pas percer les organes internes.
- Retirer ça, dit-il, ça. Il pointait du doigt les entrailles du mammifère inerte. Ca. Lui ne pouvait pas y toucher, sortant de l'eau par deux fois, il se sentait propre et désirait le rester. Shappa tendait le couteau à sa femme blanche, sans rien dire de plus que ce que son regard ne faisait déjà en cet instant, pendant qu'il fixait Wagmíza. Il sera de plus en plus obligé de la tuer si elle répétait encore ses tentatives, que ce soit pour s'échapper ou le tuer. La présence du cerf la sauvait, et en vérité sa fascination malsaine tout autant, mais l'impulsivité du natif avait parfois raison de lui et ses sages pensées.
Il reprit sa position et alluma la pipe. Le tabac n'était pas seulement une plante à fumer, mais un moyen de communication entre l'humain et les esprits. Shappa voulait rencontrer spirituellement son véritable totem, mais le moment était mal choisi. Il jetait quelques bois dispersés autour de lui pour que le feu prenne de l'ampleur. Comme pour la cérémonie sacrée du calumet, sa première bouffée n'était pas inhalée mais offerte aux esprits pour qu'ils le guident. Epi de blé était présente et cela nuisait au bon déroulement de sa quête spirituelle mais il ne pouvait pas faire autrement.
- Les peaux de lièvres deviendront des petits sacs. J'y transporterai mon tabac ou des herbes. Ses yeux sombres s'arrêtèrent sur la blanche et son ton était sérieux quand il parlait. Même si elle ne comprendrait pas un traître mot, elle pourrait deviner qu'il expliquait quelque chose d'important. Les miwoks utilisent tout de l'animal qu'il chasse. On ne jette rien, c'est irrespectueux. Avec les tendons, du fil solide. Avec les os, des petits objets. Les pattes ou les griffes devenaient des ornements. Pour qu'elle comprenne, il se pencha encore vers elle en lui prenant le couteau des mains le temps d'arracher la plus grosse griffe d'une des pattes antérieures. Il la tendit à Wagmiza qui pouvait récupérer l'ornement, une longue et épaisse griffe noire incurvée. Ce n'était pas un cadeau, ce n'était rien. Elle était l'une des leurs, elle ne pourrait pas comprendre. C'était comme s'il venait de se rappeler que sa peau était blanche et que tout un monde les séparait. Déçu, il n'attendit pas qu'elle saisisse la griffe et la laissa tomber.
- Même si on parlait la même langue tu ne comprendrais pas, murmurait le natif en haussant les épaules. La fumée sortait de sa bouche comme de ses narines la minute suivante.
Charlotte Beauchamp
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Gérante du ranch
Ven 13 Sep - 22:12
Le sauvage accéda à sa requête en tirant un couteau de sa ceinture dans un mouvement sec. Charlotte sursauta légèrement mais ne le quitta pas du regard. Il sembla hésiter, faisant jouer la lame entre ses doigts et la jeune femme sentit son coeur accélérer. Réfléchissait-il à lui donner la lame ou bien à l'user sur elle ? Sa décision prise, il se pencha légèrement vers elle pour attraper un lapin et elle recula son buste naturellement pour éviter tout contact, toute approche non souhaitée. Elle se méfiait de lui, de ce qu'il pourrait faire. L'impulsivité de cet homme lui faisait peur. Son père avait été comme ça, sous l'emprise de l'alcool, à commettre des actes improbables, dire des choses sans aucun sens tout comme le sauvage le faisait depuis qu'elle avait eu le malheur de croiser sa route.
Il incisa lui-même l'animal et lui indiqua quoi faire. Elle le toisa avec mépris. Que croyait-il ? Qu'elle ne savait pas cuisiner ? Qu'elle avait besoin qu'il la guide ? Sa colère se disputait à l'incompréhension. Pourquoi accordait-elle tant d'importance à tout ça ? Après un cours laps de temps, il lui tendit le couteau, qu'elle attrapa d'un geste vif, plus pour éviter le contact avec sa peau qu'autre chose. Comme il s'était reculé à nouveau, pour fumer son horrible herbe, Charlotte entreprit de vider les entrailles de l'animal sans un mot. Elle essayait de concentrer ses pensées sur autre chose que l'odeur de la fumée qui lui rappelait son souffle dans ses cheveux, sur sa tempe tandis qu'il la maintenait sous son emprise et qu'il lui volait sa dignité. Elle déglutit avec diffuclté, sentant la bile remonter dans sa gorge en une acidité reconnaissable. Alors elle regarda ses doigts poisseux et couverts de sang.
Il se mit à parler dans son langage de démon puis se pencha vers elle et à nouveau, elle eut un mouvement instinctif de recul. Là, il lui retira le couteau des mains pour s'occuper du lapin à qui il ne retira qu'une griffe, qu'il porta à son regard, comme un cadeau. Elle fronça les sourcils dans l'incompréhension la plus totale tandis qu'il lachait l'objet. Elle observa un instant la griffe au sol, entre les brins d'herbe et les petits cailloux sans trop savoir quoi en faire. S'il voulait lui donner un souvenir, elle n'en voulait pas, son corps en était déjà marqué. Récupérant le couteau qu'il avait tout autant abandonné, elle entreprit de retirer la peau du lapin comme on le lui avait enseigné, c'est à dire d'un seul mouvement. Saisissant les pattes, elle tira la peau vers le bas, récupérant ainsi la précieuse fourrure en un seul morceaux. Avec une agilité propre à l'expérience, elle en fit de même avec le second animal. Cela faisait beaucoup de viande pour deux songea-t-elle avant de se dire que peut-être il ne la laisserait pas manger.
De temps à autres, elle relevait son regard vers lui, juste pour le surveiller. Ses doigts oeuvraient à leur tâche et concentrée, elle détailla plusieurs morceaux de viande prêts à être grillé. Le silence s'était imposé pendant qu'elle réfléchissait à la marche à suivre. Une mèche lui chatouilla la bouche et machinallement, elle se frotta les lèvres jusqu'au nez d'un revers de la main, sans se rendre compte qu'elle venait d'y laisser une trainée de sang. L'odeur de ce dernier commençait à l'entêter et tout ce rouge qui innondait ses mains la mettait mal à l'aise. Elle planta la lame dans le sol et se leva d'un bond les yeux rivés sur ses doigts ensanglantés. Là elle remarqua quelques tâches sur sa poitrine toujours nue et s'avança lentement vers la berge. En prenant soin de ne pas glisser, elle nettoya ses mains, sa poitrine et attacha ses cheveux en une natte lache sur le coté. Comment faire griller cette viande ? L'idée lui vint de faire chauffer quelques pierres. Elle prit un gros galet, ses poignets lui faisaient mal mais elle ne broncha pas. L'appel de l'estomac était bien plus fort que la douleur physique. Revenant vers le feu, elle le posa à moitié sur le feu. Des flammes tentèrent de lécher ses avants bras mais elle réussit à esquiver. Elle récupéra une second galet qu'elle plaça de la même manière, alors elle se rassit et posa la viande dessus. Elle ne s'était toujours pas rendu compte du sang qui barrait son visage mais elle avait froid ainsi, à demi nue. Son pantalon était encore mouillé et elle frissonna.
- Wagmiza...dit-elle tout bas en regardant le feu avant de relever le regard vers lui. C'est quoi ?
Bien entendu, elle n'avait pas spécialement envie de lui parler mais, sa curiosité l'emportait. Etait-ce une insulte dans sa langue ? La viande commençait à dégager un parfum délicieux. Charlotte replia ses genoux devant elle et les encercla de ses bras. Un moyen de se protéger du froid et de son regard. Un moyen peut-être de faire patienter son estomac. La joue appuyée, le visage incliné sur ses genoux, elle le regardait toujours, cherchant à lire en lui pour comprendre. Comprendre pourquoi il lui faisait subir tout ça, comprendre pourquoi il ne l'avait toujours pas tué, comprendre pourquoi malgré ses actes innomables, il prenait soin de la laver et de la faire manger.