Correspondances

Margaret,

j'ai cru avoir perdu ce cahier que tu m'as offert, pendant la route jusqu'à la base.

j'ai bien failli fouiller les sacs de tous mes frères d'arme pour remettre la main dessus, avant de le retrouver dans la poche intérieure de mon uniforme. je l'ai mis là pour avoir toujours sous la main de quoi t'écrire, c'est ce que je t'ai promis avant de partir.

à la fin de cette maudite guerre, j'aurai arraché toutes les pages et les retrouverai en te revenant, bientôt j'espère. d'ici là garde les et relis les à chaque fois que tu penseras à moi.

mon seul regret est de ne pas avoir été assez courageux avant de partir, pour te dire que je t'aime. je me sens bien bête à présent d'être obligé de te l'écrire.



Owen





                                                                                                 

Owen,

Je suis si contente que tu aies retrouvé le cahier, il me ferait une bien grande peine de réaliser, au bout de mois, que tu n'as pas eu de moyens pour me communiquer. Au moins le temps de recevoir un remplaçant.

De mon côté, j'ai décidé de visiter ta mère, mais moi qui pensais ne faire qu'un court arrêt, elle ne m'a pas laissé filer avant que je ne l'aide avec le barattage du beurre. Nous avons même préparé ensemble une soupe de poireaux et de pommes de terre. Au bout du compte, tout s'est déroulé si vite et j'ai adoré mon temps en sa compagnie.  

Je suis contente de t'écrire, même si monsieur Ferguson ne cesse de me reprocher d'être tête en l'air durant nos sessions, c'est parce que je n'arrive pas à t'enlever de ma tête. Je prie pour toi tous les jours, que tu puisses me revenir sain et sauf, mon courageux soldat.

Je t'aime aussi, plus que je ne m'aime moi-même et je ne t'oublie pas, jamais.

Ma Maggie,

Excuse-moi d'avoir mis autant de temps à te répondre.

mais bon sang... comme ça me fait plaisir d'avoir ta lettre. tes mots me réconfortent plus que tout autre chose. Je suis dans le Comté de York, on y a livré bataille il y a quelques jours. Ca a été terrible, Margaret, et je n'ai fait que penser à ton visage pour avancer sans me perdre. Je m'inquiète tous les jours de te savoir en sécurité, toi et nos familles.

Merci de passer du temps avec ma mère. tu n'y es pas obligée mais ça me réchauffe le coeur de la savoir en ta compagnie. Elle t'aime beaucoup tu sais hein ? Quand tu lui donneras de mes nouvelles, parle-lui que des bonnes choses. Elle n'est pas aussi forte que toi.
Toi Margaret, je sais que je peux tout t'écrire.
Quand tu auras le temps, regarde dans le dernier tiroir de ma commode. Sous la pile de vêtements tu trouveras une arme. Je t'ai appris à t'en servir, alors je veux que tu me promettes de l'utiliser si les choses se gâtent par chez nous.

Ici le temps semble s'être arrêté. Notre défaite a emporté beaucoup de mes amis... la solitude commence déjà à me peser. Mais ça va.

Tu ne vas pas être contente, mais pour me réchauffer j'ai commencé à fumer. Et là tout de suite, je donnerai tout pour t'entendre me faire un sermon. Excuse les ratures, j'ai les doigts gelés.

je t'aime                                                                                               

Owen                                        

Owsie,

Je continue de lire ta lettre après t'avoir envoyé la mienne, pour ces mots qui me brisent le coeur... Même s'il me fait toujours plaisir de voir ton nom inscrit sur le dessous de l'enveloppe, tu ne sais pas à quel point je me sens peinée de te savoir souffrant, puis si soulagée que tu sois encore en vie. Sinon, oui, je reste forte pour ta mère. Je lui dirai que tu te portes bien et que les choses avancent normalement. Ici la vie reste agréable, sois-en rassuré.

Et je n'oublie pas le ce qui est caché dans la commode.

Je pense toujours à toi, en me remémorant de ton parfum chaque fois que je m'affaire à mes devoirs en classe ou à la maison le soir. Laisse-moi te sermoner lorsque tu reviendras à moi, en attendant, tu auras remarqué le petit cadeau que je t'ai laissé dans l'enveloppe: que cela puisse te porter chance, mais aussi te rappeler, en ces moments difficiles, que je suis toujours là, à tes côtés.

Ma chérie,

Ne pleure pas. C'est une torture pour moi qui suis si loin et qui ne peux te consoler. Quand je pense à toi, je me rappelle des bons moments. De ton si joli regard quand tu m'observes en pensant que je ne te vois pas. Je souris en écrivant ces lignes, et ça me fait un bien fou, parce que tout autour de moi est sombre et triste.
Je suis heureux que tu me dises que tout va bien chez nous, car tes yeux si innocents n'ont pas à subir la dure et laide réalité à laquelle je suis confronté chaque jour... à laquelle je participe.

Est-ce que seulement tu m'aimeras encore, si je te reviens ? Cela fait cinq mois et je ne me reconnais déjà plus, Margaret. J'ai fait des choses horribles, des choses qui me hantent la nuit. Pourras-tu encore aimer celui que je deviens... ?

Je n'arrive pas à croire que tu m'aies envoyé ce charme. Je sais à quel point tu y tiens, et je n'ai rien à t'offrir en retour. Il n'y a rien de beau par ici... excepté ce que j'ai glissé dans l'enveloppe. Elle doit être toute écrasée au moment où tu la tiens entre tes doigts, mais sa couleur a dénoté avec tout le reste dans les tranchées et je t'ai sentie près de moi. Tu me manques tellement. On aurait dû se marier avant mon départ... J'ai été stupide d'attendre, Maggie, maintenant je le sais.

Le commandant n'annonce que des mauvaises nouvelles, les batailles affluent de tout part. Je n'ai aucune idée de quand cette guerre prendra fin.
Excuse-moi pour le papier sale, on ne garde l'eau que pour boire, mes mains sont toutes noires. Même parmi dix hommes tu ne me reconnaitrais pas, si tu voyais ma barbe !

J'ai hâte de te lire à nouveau                                              

Owen  

Mon cher Owen,

Je ne peux pas exprimer à quel point tes mots apaisent mon âme, et j'ai tellement de choses à te dire depuis ma dernière lettre que même un livre ne suffirait pas pour tout te partager. Déjà, le froid commence à s'installer dans la région, son vent aigre me ramène au jour où tu as retrouvé mon bonnet. Toi qui avait l'air si jeune, si innocent et timide... Je peux même entendre parfois le tintement de ta voix juvénile.

Seulement, cette fois-ci je dois affronter cette aride température seule, privée de la chaleur de tes mains et de ta présence, qui me manquent terriblement. Je suis peinée de comprendre que les conflits de la guerre ne s'apaisent pas et que la situation n'éclaircisse pas. Je prie tous les jours pour que cela cesse et que tu me reviennes plus rapidement.

Ne crains pas, cela dit, car tu auras beau avoir changé, que je t'aimerai toujours de la même façon, et ce au travers de toutes les embûches du monde. De surcroît, je me tâte déjà de refaire ta connaissance et de retomber amoureuse une nouvelle fois.

PS: ta fleur est absolument magnifique, je vais la conserver précieusement pour toutes ces fois où je m'ennuie.

Margaret,

Pardonne-moi mon silence ces trois derniers mois. J'ai bien reçu ta lettre et elle m'a donné cette énergie, cette confiance en moi, qui me manquait. Tes mots sont aussi doux et apaisants que l'effet de tes prières, qui j'en suis certain, me garde en vie.

Notre troupe s'est replié en campagne pour panser ses plaies, dans un hôpital de fortune en plein territoire confédéré. On a essuyé une défaite qui m'a cloué au lit quelques temps, j'ai failli perdre ma jambe. Désolé, je te dis tout ça si brutalement. Mais je ne sais plus faire la différence entre la normalité et la violence. Mais toi je peux tout te dire, pas vrai ? Tu es ma Maggie. Je suis rétabli mais j'ai constamment mal. Les fois où ça va, c'est quand tu berces mes pensées. N'en parle pas à mes parents.

D'ailleurs comment vous allez, à la maison ? Ton père a pris un autre bucheron pour me remplacer ? Dis-lui bien qu'il m'a si bien formé que je suis devenu irremplaçable !

Et tu sais, y a deux jours, j'ai parlé de toi avec un ami. On était planqué à faire le guet durant toute la nuit, et on discutait. Lui de sa fiancé, moi de la mienne. On a eu une conversation tellement banale à argumenter chacun sur sa princesse, pour prouver qu'elle était meilleure, qu'on a oublié pendant un instant les tirs et les hurlements. Ca a été agréable.

J'en reviens pas que cela fasse 8 mois que je n'ai pu te serrer dans mes bras, t'embrasser, caresser tes cheveux. Leur parfum me manque terriblement. Je me suis accroché à ce souvenir dans la grange, pour me sentir encore chaud et bien vivant. Car il n'y a que toi qui me feras revenir.
                               

Owen  

Owen,

Je suis contente de recevoir de tes nouvelles, je t'avoue que ça a été un peu difficile pour moi de ne pas sombrer dans les conclusions hâtives lorsque tu as cessé de répondre... Je suis au même titre soulagée de savoir que tu guéris bien. Surtout concernant ta jambe, je remercie notre puissance supérieure chaque jour depuis tes dernières nouvelles, de t'avoir épargné cette souffrance qui aurait pu devenir perpétuelle...
Sinon, j'espère que cela peut adoucir tes tourments, mais la famille se porte comme à l'habitude, mon père a effectivement dû se payer un apprenti le temps de ton retour, il ne rajeunit pas, mais tu conserves ta place dans tous les cas. Moi? Quand je ne t'attends pas, je me languis de tes lettres, ou je noie ma mélancolie dans les devoirs... Je m'inquiète chaque jour, chaque seconde pour toi, mais j'essaie de ne pas laisser aller mes angoisses, tu mérites que je tienne tête pour nous deux, même si cela reste plus réalisable pour moi que pour toi... Je sais que tu en es capable, bien plus que tu le penses. Parfois, je me demande comment tu arrives encore à voir en moi une force d'âme supérieure, lorsque tu peux te regarder dans la glace chaque jour.
J'espérais célébrer noël en ta compagnie, mais le simple fait que tu sois encore là pour m'envoyer des lettres me suffit. Je suis impatiente de te retrouver, ces mois ont été trop longs, et je n'imagine même pas comment tu dois te sentir, là-bas.

J'ai aussi discuté de toi à quelques de mes amies, qui semblent partager mon chagrin, car elles aussi attendent leur mari. Je veux aussi te dire que je ne t'en veux pas de ne pas m'avoir épousé avant ton départ, je préfère le faire lorsque tu reviendras

que je puisse apprécier pleinement mon nouvel époux entre deux champs de blé.

Malheureusement, je n'ai rien à t'offrir qui puisse rentrer dans les plis de ce papier, mais du moment où ce sera terminé, je te le garde pour quand tu reviendras, je suis sûre que tu apprécieras, c'est moi-même qui l'aie fait après avoir harcelé une artisante que j'apprécie beaucoup. Toutes les heures passées dessus m'ont permises de penser plus véritablement à toi, aussi sera-t-il réellement imprégné de mon amour à ton égard.

J'ai fait un voeux sous une étoile pour toi d'avance, que tu puisses passer un joyeux noël malgré ces temps sombres,

Maggie,

Quelque soit mon silence il trouvera toujours une explication. Si je ne t'écris pas, c'est que quelque chose m'en empêche, mais je reviendrais toujours. Je défie même Dieu d'oser se mettre entre nous. Ne fais jamais de conclusions hâtives, il faut que l'un de nous soient plus fort... et on sait tous les deux que tu as ce mental d'acier de fille de ferme, pas vrai ?

On sait que Noël ne ressemblera pas aux autres années, alors j'ai voulu te faire un cadeau avec les moyens du bord. J'ai un ami ici qui dessine à ses heures perdues, c'est sa façon de tenir le coup. Il fait du troc en échange de portrait, alors je lui ai filé mes cigares pour t'en offrir un. Ce n'est pas grand chose, mais j'espère que ça te plaira. Il faut que ça te plaise, ma chérie, je n'ai plus rien à fumer pour me détendre ! Tu trouveras ton présent sur la seconde page. Je lui ai demandé de te dessiner en te décrivant au mieux, mais il n'a pas su mettre ton visage parfait sur papier.

L'année va se terminer, notre prochaine lettre sera cachetée de l'année 1862. J'espère qu'elle sonnera la fin de la guerre, je garde toujours espoir malgré les nombreux déploiements qu'on nous fait faire. A pied, en train, dans la boue, sous la pluie et la neige... Je suis fatigué, Margaret. Tous les jours un peu plus. Au fil du temps je garde mon énergie pour faire ce que je dois faire sur le terrain ou à la base. Je parle de moins en moins, mais j'en pense davantage.

 Je te souhaite à toi et nos familles, un joyeux noël. Tu es l'amour de ma vie.                              

Owen  

Owsie chéri,

J'ai encore de la difficulté à m'exprimer lorsque mes yeux croisent les tiens par le biais de ce papier. Tu offriras mes plus beaux compliments à l'artiste, qui a su retracer les traits que j'ai connu et aimé... Néanmoins, tu avais raison sur une chose: je ne te reconnais plus sur ce portrait, tu as si changé, je peux même déceler dans ton regard toute la tristesse qui te tenaille. Tu as même de nouveaux plis, je me trompe? N'empêche que, moi j'ai eu raison sur une autre chose; je suis belle et bien retombée amoureuse du dessin prenant vie contre mon mur, je ne peux m'empêcher de sourire niaisement chaque fois que je te revois dans ma chambre, même si partiellement... Je ne saurai jamais exprimer ma gratitude envers ton sacrifice, aussi bénéfique soit-il pour ta santé. Tu ne pourras pas le voir dans la lettre, pour que cela ne soit pas matériel, mais toute la famille m'incluant, tienne comme mienne, t'envoie son amour. Nous avons prié pour toi lors du grand souper des fêtes et ils te souhaitent tous une très belle nouvelle année. Ta mère fait dire qu'elle s'ennuie de son bébé, elle a très hâte de pouvoir te serrer dans ses bras. En outre, comme ta plus récente lettre fut ma dernière de l'année, celle-ci sera, j'espère, ta première. En l'honneur, je fais voeu que tu te portes bien, en attachant à ce papier ma joie, pour t'aider à subsister malgré les temps terribles.

En te souhaitant le meilleur des nouvels-ans.

31 janvier 1862ton amour, Maggie

Maggie,

Ces lettres que tu m'envoies ont une telle importance à mes yeux, tu n'imagines pas. Je les relis tous les jours, quand c'est possible, et je les connais par coeur. Comme toi, je te connais. Elles me tiennent en vie, elles sont les seules choses qui me retiennent à toi, en dehors de cet amour que je te porte et qui jamais ne mourra.

Ces temps-ci, nous avons eu du répit, mes journées sont surtout rythmées par les réveils très matinaux et les entrainements. Du matin au soir, c'est la même rengaine, mais au moins nous sommes loin des batailles. Mon commandant ne laisse rien entrevoir, son visage est neutre. Il essaie de garder la face, mais je sais que si tout allait bien, il aurait accepté les quelques permissions qui lui ont été demandées. Dont la mienne. J'ai ressenti ce besoin viscéral de venir te revoir, même une seconde, juste pour embrasser tes lèvres et sentir ton coeur battre quand je te serre si fort.

Je suis content que mon cadeau t'ait plu, j'ai fait passer tes compliments à Samy. Il est tout enorgueilli, je doute que ce soit une bonne idée de lui lancer des fleurs.

S'il te plaît, Margaret, peux-tu verser quelques gouttes de ton parfum sur ta prochaine lettre ? Cela fait si longtemps... j'imagine que si je ferme les yeux en humant cette odeur agréable qui est tienne, j'aurai l'impression que tu es juste là. Raconte-moi encore ce que tu fais de tes journées, mon amour ? Est-ce que tu retournes parfois t'asseoir dans ce champs de blé, à regarder le soleil se coucher à l'horizon ? Ce sont des moments simples, les meilleures que j'ai pu passer avec toi et qui me manquent...

Je te donne rendez-vous à la prochaine pleine lune. On la regardera ensemble, qu'en dis-tu ?
                               

Owen  

Owen,

Oh, mon Owen... Je m'excuse de ne pas t'avoir contacté plus tôt, c'est la saison folle par ici, avec beaucoup d'examens à affronter. Monsieur Ferguson ne m'a pas laissé de répit. Impitoyable, il m'a fait travailler, devoirs par dessus devoirs... Pour la prochaine fois que je tarde à te répondre, je t'envoie maintenant le dernier ouvrage que m'a partagé mon professeur; Pride and Prejudice. C'est le seul étant suffisamment petit pour rentrer dans l'enveloppe, je suis désolée au passage si tout semble froissé. Ça parle de l'histoire d'Elizabeth Bennet, en 1900 à Hertfordshire. C'est très romancé, un peu avant-gardiste comme mentalité, mais basé sur le futurisme de son thème, c'est plausible. J'ai beaucoup aimé, je me suis dis que peut-être l'aimeras-tu également. Je n'ai sinon pas oublié pour le parfum, je ne sais pas seulement si la nuance du lilas supportera le délais du transport. J'espère que oui. Et tu me manques également, j'ai tout gardé de nos échanges; je les lis chaque fois que je te sens loin de moi. Je ne suis pas retournée au champs très souvent ceci-dit, depuis ton départ, par ce fait d'être trop occupée, mais aussi chaque fois ramenée à la triste réalité que tu n'y es pas pour m'accompagner. Je ne dis en revanche pas non à ton rendez-vous, je chuchoterai dans l'oreille d'une étoile, qu'elle puisse partager le mot jusqu'à toi. D'ici-là, liste-moi ce que tu apprécies le plus de ma personne, je ferai de même sur ma prochaine lettre. Je t'aime ♡

18 mai 1862Margaret

Mon amour,

j'ai eu si peur qu'il te soit arrivé quelque chose. Ma raison me disait sans cesse de ne pas envisager le pire et de rester calme, car ta vie continue et que tu as tes études à mener à bien, mais cette longue attente m'a rendu fou. Le parfum imprégné dans le papier m'a apaisé, instantanément. Il a bel et bien survécu au transport bien qu'à présent l'odeur soit légère, mais cela me suffit, je ne demandais que ça. Les autres ont bien ri à me voir la tête plongée dans ta lettre, ricanant mais m'enviant néanmoins. J'essaie de ne pas m'attarder sur notre situation et la distance, mais plutôt sur la chance que j'ai d'avoir ma fiancée qui m'attend à la maison, avec qui je vivrais un bonheur indescriptible. Tu m'as déjà donné un avant-goût de toute cette vie que je m'imagine avec toi, Maggie, et je ne peux que y aspirer et te couvrir de compliments. Tu es douce, intelligente, forte. Tu es compréhensive avec moi, et d'une patience inégalée, excepté par ma chère mère. Belle. ta beauté m'a coupé le souffle au fil des ans. Comment il pouvait en être autrement ? je suis le bucheron aux mains rugueuses qui a la chance de pouvoir avoir un ange qui partage ses sentiments. J'espère que tu ne te rendras jamais compte à quel point tu peux avoir plus et mieux que moi. Je ris en écrivant ces lignes car je sais que tu vas sourire. Miss Bennet et Mr Darcy n'ont qu'à bien se tenir, notre histoire d'amour est aussi digne d'un roman.

Pour les nouvelles moins chaleureuses, celle-ci est tombée il y a peu. Nous allons combattre les forces du Commandant Lee à Richmond dans le Comté de Henrico. Je sens très mal cette bataille, peut-être car on a déjà subi de lourdes pertes. Aussi c'est la raison pour laquelle je te dis cela. Merci pour tout cet amour partagé. Sache que je n'ai jamais aimé que toi et que cela sera ainsi jusqu'à ma mort.

Tu ne me dois rien, mais... si cette lettre est la dernière, pourras-tu toujours garder une petite place pour moi, dans ton coeur.
                               

Owen  

Mon héro,

Reviens-moi, je t'en supplie. Je fais tout pour que les chances soient de ton côté, en priant dès lors trois fois par jour pour que la bataille soit gagnée. Ces confédérées ne savent pas ce qu'ils affrontent. Vous le faites pour une bonne cause, forcément, dieu sera peut-être de votre côté. J'ai tout fait -même le trajet jusqu'au centre de poste principal- pour que la lettre puisse partir la journée même et se rendre à toi le plus tôt possible, cette fois-ci. Je refuse que cela soit la dernière, avec ces mots de ta main qui me disent que tu ne mérites pas une place à mes côtés, car c'est moi qui suis choyée de mériter ton amour. Tu es un héro pour tous les esclaves de ce pays, pour tous ces gens qui comptent sur vous, nous autres pauvres et ordinaires roturiers y compris. Sois fier d'être qui tu es, Owen, sois fier comme je le suis. J'ai ri, mon amour, mais je crois sincèrement que même l'homme le plus riche du monde, le plus cultivé et à l'apparence la plus exemplaire ferait bien piètre à flanc de ta grande âme et de ton coeur plus pur que le diamant récolté sous un volcan. J'accepte d'être l'ange dans cette relation, mais seulement si cela signifie que tu ne rejoindras pas les cieux de si tôt... De plus, c'est bientôt ton anniversaire, tu ne veux pas manquer la chance de recevoir ton cadeau.

Bonne anniversaire, mon coeur,

10 juillet 1862ton ange

Owen,

Je ne sais pas si tu es toujours  Si tu as reçu ma plus récente lettre, mais je voulais savoir de tes nouvelles, si tu es vas bien, si tu es revenu de terrain? Ta mère s'inquiète beaucoup, elle est venue me voir avec le bulletin de ce matin, nous ne savons pas trop quoi en penser... Je prie très fort qu'il ne te soit rien arrivé. Même si je reste dans le noir pour les mois à venir, la seule chose qui m'importe c'est que tu sois bien et en vie. Je ne sais pas ce que je ferais dans la réalité où je t'ai perdu. Je ne sais même pas si mes lettres se sont rendues jusqu'à toi.

Je ne sais pas quoi penser je


Je t'aime très fort, Owen.


Très fort.

14 juillet 1862Margaret

Margaret,

je suis vivant. Je n'ai pas pu t'écrire avant, après Henrico, j'étais dans un sale état. Et j'ai perdu beaucoup de frères. Il a fallu aider à la recherche des corps et des identités, pour prévenir les familles. Tout de suite après, nous avons marché 3 jours jusqu'au comté du Prince William. En Virginie... à deux nuits de toi. Je n'ai jamais été aussi près de toi que lors de cette bataille. On l'a perdue, je ne sais pas comment j'ai fait pour ne pas y passer. C'était violent.  Ils sont moins nombreux que nous et leur commandant use de stratagèmes et de pièges qui leur vaut la victoire.

à deux nuits de toi...

si j'avais la force de bouger, je viendrais tout de suite. je suis fatigué

je t'aime
                               

Owen