Le soulagement de Jane en voyant Stella revenir en un seul morceau était presque le même qu’une mère envers sa fille. Son propre enfant n’était plus là pour recevoir tout l’amour maternelle dont elle disposait, et toute cette attention avait tendance à se répercuter sur la jeune courtisane. P’tite chanceuse pourrie gâtée ! s’extasiait la vigile, ravie. La blonde fut prise dans les bras de sa protectrice, qui la serra un tantinet trop fort. Après quoi, ensemble, elles regardaient la prestation d’Octavia Lafayette. C’était une petite gamine du cirque, que Jane ne connaissait pas spécialement. C’était bien pour cela qu’elle se ravisait à faire un quelconque pari, car on ne jugeait pas à l’apparence, pas vrai ? Et contre toute attente, ce petit bout de femme avait même fait mieux que Stella, avec neuf bonnes secondes à son actif. Des acclamations retentissaient un peu partout, plaçant la barre haute.

Allez, c’est à moi ! Connaissant la poisse qui la suivait depuis un moment déjà, elle ne demanda pas qu’on lui souhaite bonne chance. C’était limite si ces mots ne lui ferait pas défaut.
Mr. Chandler lui présenta l’étalon sauvage qui s’impatientait derrière la barrière. Très à l’aise dans cet environnement qui lui était connu, Jane grimpa sur la clôture avant de se hisser sur le dos musclé de l’animal. Son pelage noir était splendide, mais l’heure n’était pas à la contemplation du mustang indompté. Le coeur de Jane battait déjà si fort, bien que ce n’était pas la première fois qu’elle s’essayait à cette activité. Mais le rodéo était quelque chose d’unique à chaque fois, de très imprévisible. On pouvait avoir une longue expérience derrière soi, cela ne signifiait pas que la prochaine fois se déroulerait sans difficulté.

Le silence revenait dans la foule. Jane passa une main sur la crinière du cheval, se recueillant avant le grand saut. Ok mustang, tout doux… tout doux, murmura-t-elle. Il n’y avait aucune anxiété dans son coeur, pas de peur qui vous paralysait, pas de stress qui coupait le souffle. Une petite appréhension, une petite prière, et c’était parti. La barrière s’ouvrit, avec l’animal sauvage qui ne perdit pas de temps pour s’encourir. Tout se passa très vite pour Jane ; une première bousculade, son pied sorti de l’étrier malgré les cuisses compactes de la jeune femme contre le corps robuste de l’étalon. La violence de son destrier têtu lui fit lâcher le socle, et elle fut projetée quelques mètres plus loin, des cowboys accourant déjà pour la mettre hors de danger tandis que d’autre récupérait l’animal.

Une seconde. Une… unique seconde. Si elle ne souffrait pas autant du dos à cause du claquage, elle aurait bien rougi de honte, mais c’était le dernier de ses soucis.

Le spectacle qui se jouait sous ses yeux lui arracha un sourire à peine perceptible, tandis que son regard paraissait lointain. Ferdinand se demandait quel homme il serait devenu, s’il était né parmi ces gens avec qui ils n’avaient aucun point commun. Sans doute qu’il porterait ces mêmes vêtements très usés et ces chapeaux typiques. La beauté de ces chevaux dans leur état sauvage était splendide, les observer était réellement une activité passionnante pour ce politicien qui avait plus l’habitude de voir les quatre murs d’un bureau. L’usage qu’il faisait des étalons s’arrêtaient au strict minimum, il n’était pas de ces maîtres à aller voir leur animal dans l’écurie, cela était un travail pour ces employés. Et ça ne changerait pas. Ce fut le bras de Victoria se calant au sien qui le sortit de ses divagations infernales. Du coin de l’oeil, il l’observa, appréciant la vue de son profil. Voilà là, un spectacle bien plus attrayant que ce rodéo.

La première femme à chevaucher la bête, en la voyant telle qu’elle, le Gouverneur n’aurait absolument pas parié plus d’une seconde. Il fut davantage étonné par la performance de la seconde citoyenne, dont les tatouages l’interpella  tant qu’il avait même plissé les yeux pour tenter de mieux voir cette encre sous la peau. Il n’avait jamais vu de près une femme qui avait offert son corps à l’art, et pour être honnête, Feridnand n’était pas certain de qualifier ça comme de l’art. Il ne voyait pas une artiste, mais la profanation d’un corps qui à l'origine était parfait. N’était-ce pas ce que la parole divine nous enseignait ? La chute de la troisième participante lui arracha une grimace. Le claquage fut particulièrement violent, mais la vue de Mr. Riagal était un soulagement ! L’exclamation de Victoria fit doucement rire Ferdinand, qui tourna vers elle un regard qu’on pourrait dire, amusé. Je vous en prie, laissons les saints du ciel en dehors de la barbarie des hommes sur terre. Vous avez raison, allons nous installer à nos places, nous serons plus à l’aise. Il plaça une main au bas du dos de sa femme, la touchant à peine, et de l’autre se frayait un passage vers l’estrade. Ferdinand attendit que Victoria soit installée avant de prendre place à son tour. Un regard vers la récompense du champion le rassura, celle-ci était toujours sous l’oeil attentif de ses protecteurs. Eugène le rejoignit un court instant, chuchotant à son oreille quelques mots inaudibles pour sa femme. Il lui tendit ensuite un télégramme, sur lequel Ferdinand jeta un rapide coup d’oeil avant de l’enfoncer dans la poche intérieur de sa veste.

Il hocha la tête et Eugène disposa. C’est bien le genre d’évènement extrême qu’on ne voyait jamais à San Francisco, dit-il finalement. Un domestique arriva à leur hauteur, servant un autre verre de vin de sa propre provenance. Mais vous et moi, pouvons amener le mode de vie citadin jusqu’ici. Cela prendra dès années, mais j’ai besoin de vous entendre dire que vous m’épaulerez quoiqu’il arrive. Si Ferdinand parlait de cela, c’était parce qu’il avait parfois l’impression que son épouse se méprenait sur le temps passé à Crimson. Au lieu de paraître trop brutal en lui jetant les informations à la figure, au gré de ses humeurs, il choisit cette façon plus délicate de lui faire passer une pilule sans doute dure à avaler.

Avec ses amis, Ricardo se tenait le plus près possible d’Octavia, pour qu’en se voyant entourée à chaque seconde la solitude ne la gagne pas. Elle n’était qu’à quelques mètres mais semblait ne pas le voir - ou peut-être faisait-elle semblant, ce qui n’aurait pas étonné l’artiste. Malgré l’agitation de la foule, il tenta par tous les moyens d’attirer son attention pour lui montrer qu’il était là ! En levant les bras et brassant l’air, en sautillant sur place, il cria même son prénom. Rien n’y faisait, la princesse était recroquevillée dans son monde.

VAS-Y OCTAVIAAAA ! lançait Ric lorsque ce fut son tour de passer sur le bronco. Avec ses camarades, ils comptaient les secondes qui rapprochaient leur amie de la victoire, et hurlèrent de joie lorsqu’elle atteignit les neuf secondes. C’était assez incroyable et il fut bien content, à ce moment là, qu’Octavia alla au bout de l’envie folle et déraisonnable de participer à ce rodéo. T’ES LA MEILLEURE PRINCESSE !! YIIIIHA ! Mais l’engouement du jeune trapéziste attisa la colère de certains. Il savait que leur présence n’était pas acceptée par tous et il fallut, pour lui et ses amis, qu’ils fussent entourés par ces idiots intolérants. On les bousculait en dehors des spectateurs, les insultant d’étrangers et de bizarres. Barrez-vous, on n’veut rien avoir affaire avec un putain de cirque clodo ! Mais Ricardo n’était pas connu pour se laisser piétiner, et bien que sa force physique était souvent la plus faible face à un adversaire, il répliqua en poussant de toutes ses forces.

Il ne réussit pas à faire tomber le connard en chemise à carreaux usée, mais par contre réussi à déclencher la bagarre qui était inévitable. Moins d'une dizaine d'hommes étaient à présent dans un coin, à s'échanger des coups de poings chaque fois plus brutaux tandis que dans l'enclos, le médecin prenait soin de la première victime du mustang.

La première épreuve avait été un succès, le public fut gâté en spectacle ! Des accidents ou des surprises sur lesquelles on aurait pas misées, nos participantes s'étaient donnés au maximum. Jane Richardson n'avait cependant pas eu de chance, les plus curieux avaient hâte qu'elle puisse s'exprimer sur ce qui avait pu se passer une fois la barrière ouverte, elle qui pourtant chevauchait tous les jours son propre cheval. Voilà une mission pour Jeffrey Thompson qui se fera un plaisir d'étaler le mystère dans la Gazette du mois ! En attendant que le médecin de la ville ne donne son feu vert, ou pas, à la cavalière, le jeu continuait !

La seconde épreuve s'annonçait alors, n'attendant pas que les tensions se calment parmi la foule. Si les bagarres en troisième plan ne semblaient importuner personne, le début du match qui reprenait, lui, captivait l'attention des spectateurs... Gare à eux pourtant, car dans l'ombre le loup guettait sa première brebis égarée.

Les hommes de loi quittaient pour cette manche leur poste de surveillance afin d'aller séparer les citoyens qui cherchaient à faire partir les membres du cirque. Cette intolérance n'était pas acceptable à Crimson et pour sûr, cela valait bien une intervention en bonne et due forme pour montrer l'exemple. Mais pendant ce temps, le butin du concours restait sous la seule surveillance des hommes du Gouverneur, qui étaient à moitié investis par leur devoir... L'alcool, le rodéo et les femmes étaient des distractions qui pouvaient s'avérer fatales.

Ah, comme Jane se sentait vivre, là tout de suite ! Rien de mieux que la douleur pour vous rappeler votre fragilité, votre mortalité. Pour une femme comme elle, dont l’égo était parfois démesuré, c’était difficile d’admettre  cet échec. Comment cela avait-il pu se produire, pour elle qui était quasiment née sur la selle d’un cheval ? Une grimace déformant les traits de son visage, elle se mordait la lèvre, tentant d’ignorer les lancements aigus de son dos. Lorsqu’on tenta de la déplacer, elle traita ces grands gaillards de tous les noms jusqu’à ce qu’ils la mettent à l’abris. Toujours allongée contre le sol, Jane regardait le ciel, aveuglée par le soleil. Le médecin vint lui rendre la vue en cachant l’astre, affichant une mine inquiète.

Salut Doc… maugréa-t-elle, écoutant d’une seule oreille les questions de Mr. Riagal. Comme demandé, ses pupilles finissaient par croiser le regard du professionnel. Elle était réactive et consciente, et s’exécuta lorsqu’il l’invita à bouger des jambes et des bras. Elle le fit en ravalant ses larmes, car Jane le savait ; la suite du concours dépendait du médecin. S’il ne l’autorisait pas à remonter sur selle, les Chandler s’en tiendront à son avis d’expert. J’ai pas d’vertiges… par contre, j’ai très envie de continuer, rétorqua la brune en fronçant des sourcils. Je peux pas rester sur cette défaite, c’est hors de question ! Bordel, mais une seconde ?! Elle se frotta le visage, se demandant pourquoi l’univers la punissait autant. Écoutez, fit-il en se redressant avec peine, le dos en compote. J’ai mal, oui. Mais je prendrais le temps de me soigner après le concours. J’ai besoin de cet argent. Si elle avait la même faculté de Stella à faire les yeux doux, sans doute que Jane aurait essayé d'amadouer cet homme charmant. Mais hélas, elle était dépourvue de ces talents de séduction.

Elle serait toujours avec lui ; pour le meilleur comme le pire. Ces quelques mots rajoutés sous-entendaient-ils que leur arrivée à Crimson était le pire que Ferdinand avait pu lui faire ? L’envie de lui poser la question était bien présente, mais le sujet était peut-être trop sérieux pour une journée festive. Certes, il y avait beaucoup de choses qu’ils ne pouvaient faire comme à San Francisco, cela était véridique. Mais quand bien même, il était certain que Victoria finirait par aimer ces terres chaudes. Lui-même était en pleine transition, si on lui posait la question, son choix serait vite fait. Mais il avait beaucoup d’autre engagement en dehors de son propre mariage. Le Gouverneur hocha la tête, satisfait de la réponse de son épouse, et tourna son attention vers l’enclos. On mentionna la prise au lasso, qu’il était moins brutal mais tout aussi difficile à accomplir dans un temps requis. Tout comme la foule, Ferdinand applaudissait à la fin de chaque représentation, tant pour faire bonne figure que parce qu’il appréciait réellement ces matchs entre cowgirl du coin. Ces spectacles dénotaient de son quotidien et lui faisait un bien fou.

Oh, celle qui est tombée a l’air de remonter sur selle ! Les femmes d’ici n’ont pas froids aux yeux, souligna-t-il en plissant les yeux pour mieux observer son analyse. Lui préférait définitivement l'allure de son épouse, qui était une femme de la haute, connaissant les règles et les moeurs sur le bout des doigts. Ses connaissances étaient variées grâce à une excellente éducation. Son élégance était délicate et non pas comparable à un buffle en pleine course. En somme, à Crimson, elle était l'unique.

Son verre de vin en main, il leva légèrement le visage vers le ciel, où le soleil tapait doucement de ses rayons. Un bain de lumière qu'il s'offrait quelques instants, la sensation était agréable et apaisante pour lui qui ne profitait, au final, que peu des choses qui l'entouraient. Le travail lui demandant un temps considérable, il se devait à s'autoriser des pauses.

La femme tatouée avait fait un record de 16 secondes. C'était pas le meilleur mais c'était pas mal ; un homme aurait sans doute fait mieux. Bien dommage que ce rodéo ne ressemble plus à une farce qu'autre chose, l'année prochaine il fallait absolument des participants masculins ! Je rêve où elle vient de se moquer de nous ? s'enquit Ferdinand qui se redressa sur son siège. Il tourna un visage déstabilisé vers Victoria. Tu as bien vu ? C'était dirigé pour nous, ça ?! Le gouverneur souffla du nez. Ce n'était pas la première fois, ni la dernière, qu'on affichait de l'animosité à son encontre. Dans tous les cas, le cirque allait peut-être bien finir dans sa ligne de mire, s'il se donnait le temps pour les futilités.

La reconnaissance que Jane éprouva envers le doc sembla, sur le moment, infinie. Elle avait hoché doucement de la tête lorsqu’il lui recommanda de venir le voir, après le rodéo, si quoique ce soit n’allait pas. Cela était évident, bien qu’ennuyeux de devoir perdre des jours de travail au saloon. Mais si elle gagnait le pactole, plus besoin de trimer parmi les soulards sympathiques du coin ! Merci, doc. Ca avait été les seuls mots, un peu tremblants, qui sortirent de sa bouche. Tandis qu’on l’avait aidé à se relever, elle patienta dans le corridor en bois que son nom soit appelé, à jurer sur plusieurs générations. Ces camarades s’en étaient bien sorties, mais elle avait ce but en plus qui lui faisait pousser des ailes et gravir la montagne de douleur qu’était son dos.

En prenant place sur la selle de l’étalon, Jane ne pouvait contenir les grimaces sur son visage et les gémissements étouffés. Le sable décorait toujours sa longue tignasse et une partie de son visage crispé, mais la cowgirl n'en sentait pas les désagréments plus que ça. Un petit bain s'imposerait juste, une fois sa victoire annoncée ! Elle remercia les hommes qui l’avaient aidée à monter puis attendit, presque religieusement, que la barrière s’ouvre. Entre ses doigts, la brune serrait le lasso, en le pesant et jouant un peu avec, histoire de le sentir, de voir comment le lancer selon son poids. Les cuisses serrant l’animal, ses yeux froncés concentrés sur ce qui se passait à l’avant, Jane s’élança derrière le veau. Le lasso tournoyait au-dessus de sa tête, avant de s’abattre précisément autour de son large cou poilu. Alors que la pauvre bête se tortillait au sol, Jane descendant de cheval en lâchant un cri au moment de l'impact de ses semelles sur sol ferme. Elle n'y avait pas été de main morte, pendant une seconde elle avait oublié que son dos était en compote. Agenouillée au-dessus du veau, elle lui attrapa les trois pattes sans ménagement ou délicatesse. Pas de chichis que seule une femme pouvait faire en pareille circonstance, cela serait donner raison à ces hommes qui regardaient les participantes de travers.

Elle ne savait pas encore combien de secondes ce cirque lui avait pris, els résultats seraient annoncés à la fin, mais dans son esprit tout lui était paru si long. Puis, penaude, elle traina ses bottes jusque derrière l'enclos en laissant les employés du ranch s'occuper du reste. Retrouvant Stella, elle se tint contre elle et déclara d'une voix lasse ; Putain.

La dernière épreuve est la plus difficile et la plus déterminante pour la nomination de la Championne de Crimson Rodéo 65.

Dans l'enclos, les cowboys du ranch Chandler déplaçaient les mustang vers les écuries. Durant quelques courtes secondes, le silence pesait, offrant à la tension de s’intensifier et à l’adrénaline de couler dans les veines des participantes. Tous connaissaient l’ultime épreuve, la plus dangereuse de toute si on ne restait pas accroché de toute ses forces.

Le vent soufflait, emportant dans son bal aérien les grains de sable, poussières et terres. Le bruit distinctif des lourds pas s'abattant sur le sol faisaient frémir les spectateurs, qui cherchaient déjà du regard dans quelle direction le brahma allait faire son entrée. Tous voulaient voir arriver cet imposant et fier animal, un taureau brahma rouge de presque une tonne, dont les cornes noires et épaisses s'élançaient vers le ciel sur des dizaines de centimètres. A côté d’une telle merveille, l’homme se sentait tout petit et insignifiant, conscient de sa fragilité face à cette force de la nature. Une telle bête ne supportait pas d’être monté ; que les plus courageux tentent donc de défier cette incarnation de puissance !

Les cowboys le préparaient, entourant le large corps du bovin d’un câble tressé munie d’une cloche. Cette solide corde sera le seul outil des futurs championnes auquel elles pourront s'agripper pour éviter une chute qui pouvait s’avérer mortelle, si elles venaient à se faire piétiner ou encorner. En cas de chute, bien évidemment, les cowboys étaient priés d’entrer sur scène pour détourner l’attention du taureau ; on les appellait les clowns et on espérait toujours ne pas avoir besoin de leur intervention…

Les esprits s’étaient calmés dans la foule, davantage lorsque le taureau était entré sur scène. A la vue de cet énorme animal, Ricardo fut prit d’inquiétude et abandonna ses amis du cirque pour rejoindre Octavia. Il aurait le temps de venir à elle, la courtisane devait passer son tour et d’ici là, il pourra attrapa son amie et déguerpir avant qu’elle ne se tue de la plus stupide des manières. Longeant les barrières et se frayant un chemin parmi les citoyens captivés par le rodéo du brahma, il lui était difficile d’avancer à la seconde. Puis, le nom d’Octavia retentit dans la bouche de Mr. Chandler  et il écarquilla les yeux en les tournant vers l’enclos. Hein déjà ?! lâcha-t-il pour lui même. Ah, Stella avait capitulé, au moins elle avait eu la décence de ne pas tenter le diable. Mais Ricardo connaissait assez la princesse pour savoir qu’elle n’en ferait rien ; d’ailleurs la voilà qui grimpait sur le mastodonte ! DESCENDS DE LA ! criait-il le cœur battant, mais c’était inutile, avec les bruits d’exclamation des centaines de gens ici présent c’était comme si ses lèvres restaient scellées. OCTAVIAAA ! On le poussa en lui disant de la fermer, et il resta figé ces quelques secondes où cette fille qui lui plaisait, dansait dans les airs avant d’être propulsée. Telle une artiste, sa légèreté et sa pirouette clôturaient son spectacle. Le soulagement que Ricardo ressentait était tel qu’il en avait les mains moites.

En la voyant arriver, le mexicain au regard bienveillant croisa les bras dans un léger déhanché. Non sans blague ? lui répondit-il, mi-amusé. Il ne cacherait pas la peur qu’il avait éprouvé tout au long de ce rodéo. Un concours bien trop brutal pour une fille comme elle. T’as pas tenu huit secondes, non, mais tu m’as épaté, princesse. C’était la vérité, personne n’aurait pu croire qu’un petit bout de femme puisse aller si loin. Ricardo s’avança et l’entoura de ses bras, dans un calin qui se voulait rassurant - sans doute plus pour lui que pour Octavia. J'ai malgré tout fait mes calculs et sans vouloir paraître trop optimiste, tu as toutes tes chances ! Il la relâcha et croisa son regard pétillant. Bon, viens, on va boire un truc en attendant les résultats.