Résumé : Alors qu'elle souhaitait rendre visite au Colonel Anderson à Fort Crimson, Victoria fait face à un incident avec sa diligence qui force l'arrêt de son trajet en plein milieu des plaines. Et Dieu seul sait qui d'autre pourrait bien se trouver là...
Messages : 458 Feuille de personnage Disponibilité RP: Non Dialogue: #ffcc99 Age: 37 Métier: Militaire Caractéristiques:
Colonel
Sam 12 Oct - 11:44
Ses bottes soulevaient légèrement la poussière sur le plancher de bois brut. La lumière du jour mourant baignait la petite pièce de sa chaude lumière, adoucissant les contours des meubles simples qui l’entouraient. Par la fenêtre ouverte, une brise légère faisait danser les rideaux usés. Il ne fit pas attention aux quelques éclats de rire, ou au claquement des sabots des chevaux. Nous avons en effet fort à faire concernant l’étiquette, Colonel Anderson… Ces mots tournaient en boucle dans son esprit alors qu'il venait de refermer la porte de sa chambre derrière lui. Jamie se laissa porter par le bois derrière lui qui le soutenait alors qu'il défaillait de honte d'avoir osé proposé une telle chose à Victoria... une femme mariée. Cela partait d'une bonne intention, il ignorait si se retrouver au milieu de centaines d'hommes n'allaient pas la mettre en mauvaise posture. Mais la société préférait une centaine d'hommes vêtus que d'un seul bien qu'à moitié dénudé. Cela finissait pourtant par le faire sourire car elle ne s'était pas sentie insultée et elle avait raison. Il bénissait le ciel qu'elle le connaisse assez pour savoir qu'il n'avait pas désiré être inconvenant. Ces fameuses règles sur l'étiquette étaient un casse-tête sans fin pour Jamie qui n'en comprenait que rarement les rouages... les intentions, voire même, les nécessités. Tout était plus simple, en bas de la pyramide.
Sur une table en bois reposait une bassine d’eau et un miroir piqué par le temps. Le colonel s'y avança, détaillant sa barbe, ses cheveux, ses traits. La perspective de cette soirée lui avait ôté la fatigue, il était presque capable de voir cet éclat d'enthousiasme dans son propre regard qui n'était dû qu'à Victoria. D’un geste nonchalant, il défit les boutons de sa chemise maculée de sueur, de tâches et de poussière, puis la laissa tomber au sol dans un froissement léger. Il s’approcha de la bassine, l’eau avait été changée récemment et elle était aussi limpide que celle qui fut autrefois, un diamant. Jamie plongea ses mains dans l’eau avant de lentement se rafraichir le visage, puis le long de son cou et de ses épaules. Les filaments glissèrent sur ses abdominaux marqués, dessinant des sillons éphémères sur sa peau. Il se rhabilla d'une autre chemise en lin, ajustant les bretelles brune sur celle-ci pour tenir son pantalon. Ses bottes en cuir, montantes et pratiques pour l'équitation tout comme elle statuait de son rang, furent rapidement essuyées d'un torchon peu humide pour leur donner un meilleur aspect. Il n'aurait pas été jusque là s'ils n'avaient été qu'entre soldats, mais ne ferait pas plus : sauf une situation qui l'obligeait, comme une présence requise à un évènement mondain, Jamie ne sortait pas la redingote, ni la montre à gousset, ni les boutons en nacre ou les plastrons amidonnés. Il n'avait en vérité que faire de l'étalage de tous ses biens matériels, alors il ressortit très simplement de sa chambre en laissant la porte grincer derrière lui.
- J'espère ne pas vous avoir fait attendre trop longtemps, Victoria, dit-il en arrivant. Il observa le lieutenant Harris à son post, qui avait su protéger leur invitée des officiers les plus jeunes et les plus flatteurs. Sur ce laps de temps où il s'était rapidement préparé, quelques musiciens étaient debout sur les tables où leurs camarades grignotaient en attendant que sonne le début des festivités.
- Messieurs ! lança l'un des soldats armé d'une guitare usée. - Et mesdames ! rajouta un autre qui saluait Victoria depuis sa chaise en agitant son bras. Ces prises de parole attiraient toute l'attention sur le centre de la cour où Jamie, déjà tout sourire, s'attendait au pire. - Regardez ! notre bon colonel ne porte plus ses galons ! Tous les officiers se tournaient vers lui en tapant de leur gobelet vide sur le bord des tables. Et qu'est-ce que font les souris quand le chat n'est pas là ? - Elles boivent ! - J'ai pas entenduuuu ! répéta-t-il en joignant sa guitare au brouhaha des hommes. - Elles boivent ! elles boivent ! S'en suivirent des cris et des rires tandis que les verres se remplissaient déjà. Le lieutenant Harris, toujours en tenue de travail, s'approcha des deux avec des boissons. Il avait pris soin pour la jeune mère d'apporter du vin, et du whiskey pour son supérieur.
- Harris, enlevez donc cet uniforme et profitez de la soirée ? Le jeune homme eut un petit sourire et répondit sans changer le ton qu'un soldat adoptait pour s'adresser à son patron direct. - Merci, chef, mais permettez que je décline. Je préfère rester en service pour que vous puissiez ne pas l'être, et m'assurer que tout aille bien, mon colonel. Jamie lui accorda cela d'un signe de tête.
Les hommes s’agitaient tout autour d’elle, cherchant à attirer son attention de bien des manières ou simplement désireux de l’approcher d’un peu plus près, elle, l’épouse du gouverneur Stanford. Elle a l’air plus gentille que je ne le pensais. J’ai rarement vu une femme aussi belle. Elle ressemble pas du tout à son époux. C’est parce que t’as jamais vu ma sœur. M’dame, si votre mari devait pas vous convenir, je me propose pour assurer votre protection. Elle avait du mal à percevoir d’où venaient chacune des voix, doucement intimidée par cette présence massive que représentaient les plus jeunes recrues du Fort, se faisant centre d’une attention à laquelle elle n’était pas autant habituée que d’ordinaire. Mais fort heureusement pour elle, Victoria n’était pas exactement seule. « Allons, camarades ! Un peu de retenu dans vos propos ! Pensez seulement à ce que le colonel pourrait bien dire ! » Forcément, la mention de leur supérieur força quelques-uns des présents à lever les yeux vers la fenêtre, comme pour mieux s’assurer qu’il ne les entendait pas. Et intuitivement, le regard de la future mère suivit le leur, se délectant alors du spectacle qui s’offrait à ses prunelles.
La décence l’aurait poussée à baisser le regard pour mieux oublier ce qu’elle venait de voir à la dérobée. Mais il n’y avait plus la moindre décence quand ses pupilles se posèrent sur l’homme au torse nu qui était affairé à se préparer. Les lèvres de la jeune femme s’entrouvrirent machinalement, la contemplation que lui offrait cette si petite fenêtre étant alors aussi plaisante que frustrante. L’imagination de l’épouse raisonnable se fit alors rebelle, s’aventurant dans des contrées mystérieuses et la laissant découvrir un pan de désir inavoué, rouvrant sur son passage la douloureuse cicatrice d’un amour inavoué autant qu’impossible. De longues secondes, elle l’observa s’animer, probablement occupé à mieux se préparer, ignorant tout bonnement qu’elle était là, le regard levé vers sa stature, vers ce corps qu’elle détaillait en plissant presque les yeux… Un rire à ses côtés manqua de la faire sursauter, la poussant à reprendre contenance de la même manière qu’une enfant l’aurait fait alors qu’on la surprenait en train de commettre un impair. Se raccrochant à la situation, elle comprit rapidement que l’un des hommes avait dû faire la plaisanterie de trop quand, dans un soupir, le lieutenant Harris l’invita à le suivre, un peu plus loin, sous les huées de ses pairs moins responsables. « Excusez-les, madame. Ils peuvent être un peu… Bruyants… » Elle plaqua un sourire sur ses lèvres comme pour mieux aller dans son sens, ignorant pourtant de quoi il parlait. « Puis-je vous offrir mon manteau ? Les soirées peuvent être fraîches, par ici. » « Je vous remercie mais je n’ai pas froid… » Bien au contraire, le feu brûlait ses joues et venait faire trembler son corps tout entier sans qu’elle n’en ait le contrôle ou une explication autre que les rêveuses pensées qui ravivaient les images de l’homme à cette fenêtre.
Fort heureusement, elle n’eut pas à se justifier davantage car un pas régulier se fit entendre dans l’escalier derrière elle. Se retournant, elle ne put aucunement contrôler son regard quand ce dernier plongea vers le bas pour mieux remonter, détaillant ainsi l’allure simple dans laquelle Jamie paraissait devant elle. Une chemise, des bretelles et un pantalon. Elle dut se concentrer pour ne pas le matérialiser sans le tissu qui ornait son torse. J’espère e pas vous avoir fait attendre trop longtemps, Victoria. Elle ouvrit la bouche avant de sourire, telle l’enfant qu’elle avait pu être jadis, s’amusant de ces pensées qui lui faisaient bien défaut. « N’ayez crainte, j’ai su utiliser ce temps de la meilleure des façons… » A nouveau, elle rougit, tentant volontiers de retenir ses émois mais ne pouvant que détourner le regard de l’officier qui s’était approché d’elle à nouveau. Le lieutenant Harris assista à la scène, moins certain que ce temps fut utilisé à bon escient mais ignorant alors que les remarques des jeunes gens aient pu l’atteindre d’une manière ou d’une autre.
Messieurs ! L’attention de Victoria, comme celle de Jamie, se porta sur la voix qui s’élevait depuis une table. Et mesdames ! Les rires se fit à nouveau entendre alors que le salut adressait à Victoria faisait mouche, cette dernière offrant l’opportunité à certains de quelques sifflets en initiant une salutation appuyée de la tête envers celui qui avait eu cette attention pour elle. Regardez ! notre bon colonel ne porte plus ses galons ! Elle tourna tout autant que les autres le regard vers Jamie, retenant son rire amusé par le tintamarre qu’ils produisirent en tapant le métal sur le bois. Jamais elle n’avait vu tel spectacle et si d’autres se seraient certainement agacé devant pareille scène – elle songea nécessairement à son époux – elle e voyait dans cette scène que la joie partagée de bien des hommes. Et qu’est-ce que font les souris quand le chat n’est pas là ? Elles boivent ! J’ai pas entenduuuuu. Cette relance eut raison de la jeune femme qui rit de bon cœur, le regard brillant de mille étoiles face à cet instant qu’elle vivait pleinement, sans avoir nécessité d’une quelconque retenu plus grande que celle des autres. Son regard se promenait sur toutes ces âmes vaillantes et courageuses qui partageaient un instant de liesse autour de leur supérieur, admirant la ferveur qu’ils avaient et la loyauté qu’ils éprouvaient à son égard.
L’extase qu’elle ressentait n’était pas réellement la sienne, l’empathie la poussant à plonger dans cette même humeur que celle de tous ces hommes, s’amusant d’une scène pour le moins cocasse à laquelle elle n’avait jamais assisté. L’alcool coulait à flots, déjà, et il était évident qu’il ne tarderait pas à enivrer les cœurs. Finalement, la seule différence avec les soirées auxquelles elle était habituée, c’était que personne ici ne s’évertuait à porter un masque. Le lieutenant Harris lui tendit un gobelet remplit de vin et elle le remercia doucement. Harris, enlevez-donc cet uniforme et profitez de la soirée ? Sur la réserve, le lieutenant déclina, soulignant qu’il valait mieux que quelqu’un garde le Fort si le Colonel n’en était plus en charge. « Ce n’est pas un habit qui fera de vous un homme plus raisonnable ce soir, lieutenant… Et puisque votre Colonel renonce à son autorité ce soir, je pense être la mieux placée pour vous ordonner de vous mettre à l’aise… D’ailleurs… » Portant son verre à ses lèvres, elle en but une gorgée avant de le tendre à Jamie, s’affairant alors à retirer les boutons de sa propre veste, finissant par la faire tomber de ses épaules pour mieux révéler un chemisier au tissu d’une qualité remarquable, ceinturé par cette jupe assortie au-dessus de son ventre arrondi. Laissant choir le vêtement sans plus de cérémonie sur un banc, ne prêtant pas attention aux légères remarques à tendance plus graveleuses qui avaient pu accompagner ses gestes, elle observa les deux hommes en haussant les sourcils. « Voilà qui rendra tout ceci bien plus aisément respirable. » Car même si elle ne portait plus de corset en raison de son état, se sentir engoncée dans ses vêtements n’avait rien de plaisant. Reprenant son verre, elle fit mine de rien, relevant le menton vers Jamie en levant légèrement son verre vers lui, son œil brillant et son sourire mutin ne faisant que réveiller de plus belle la jeune demoiselle qu'elle avait pu être. « Ainsi, je peux enfin vous souhaiter un joyeux anniversaire, Jamie. »
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Colonel
Dim 20 Oct - 16:24
Le lieutenant Harris fit face à deux grandes personnalités lui intimant de se mettre plus à l'aise et il ne put contester davantage ! Cédant aux ordres, il retira au moins l'épais manteau qui allégeait déjà la pression sur ses épaules. Madame Stanford aussi, contre toute attente, suivit son propre conseil et ôta sa longue veste. Jamie détournait une seconde le visage quand il remarqua qu'elle ne portait aucun corset et que son chemisier la mettait, absolument en valeur. Il fronça des sourcils en prenant sur le fait quelques jeunes soldats attirés par la scène qui ne dura qu'un instant, mais un instant suffisant pour nourrir l'imagination et réchauffer les coeurs de tous ses hommes loin de leur femme depuis trop longtemps. - Voilà qui rendra tout ceci bien plus aisément respirable. Jamie buvait dans son verre pour ne pas montrer qu'elle avait réussi à le faire défaillir. Le lieutenant Harris avait pris le vêtement de leur invitée et alla le déposer dans la chambre du colonel pour éviter que les déboires des soldats ne viennent tâcher à jamais ce tissu remarquable. Cela retomberait sur leur supérieur qui n'avait sûrement pas les moyens de rembourser une telle qualité. - Ainsi, je peux enfin vous souhaiter un joyeux anniversaire, Jamie. Elle leva son verre et il vint y tinter le sien. Ce n'était pas du cristal ou autre matière précieuse qu'elle pouvait connaître de son quotidien, mais c'était suffisant pour qu'au moment où il la regarda, il se combla d'un vœux à son égard. Jamie se sentait en sécurité entre les murs de son fort et sans son uniforme, il lui paraissait plus libre de penser et d'agir sans être pris des tourments des règles qu'il avait toujours apprises et suivies. Il n'irait jamais à l'encontre de celles-ci, elles faisaient parties de lui, mais des écarts de conduite lui traversa l'esprit et il rebut une gorgée pour calmer ses pensées nourries par Victoria. Il n'arrivait tout simplement pas à croire qu'elle était là, ce soir, et qu'ils n'étaient plus épiés par une mère protectrice, un père inquiet ou à présent, un mari qui prenait beaucoup de place... Leur seule barrière, était eux-mêmes. - Merci, dit Jamie. Un an de plus... Son regard si fit lointain alors qu'il pose ses yeux sur le groupe d'hommes qui semblait préparé quelque chose. Le lieutenant Harris arrivait avec une guitare et s'assied sur le bord d'une table. D'autres soldats faisaient signe à Jamie et Victoria de se rapprocher, ce qu'ils firent après que le colonel ouvrit la marche. - Qu'est-ce qu'un fête sans musique, mon colonel ? Jamie leur souriait, il était vrai, qu'est-ce qu'une fête sans musique ? Les murs épais du fort de bois et de pierre renvoyaient un écho sourd chaque fois que le vent s’engouffrait par les meurtrières. Le crépuscule avait recouvert la terre d'une teinte d'ardoise, tandis que l’obscurité rampait dans les coursives. Le soir était définitivement tombé et un feu allumé dans le foyer en pierre, pour l'occasion de cette soirée, crépitait au milieu de la cour, flamboyant. - M'dame Stanford, l'avez déjà entendu jouer ? Au même moment Harris tendait l'harmonica de son supérieur qu'il avait prise de la chambre après avoir déposé le manteau de madame. Tous ici savait que Jamie Anderson faisait des merveilles avec cet instrument, qu'il maniait depuis toujours. Le lieutenant Harris quant à lui était un modeste joueur de guitare qui se plaisait à accompagner son colonel en pinçant des cordes, de temps en temps. Dispersés dans la cour pour chauffer et éclairer, des demi-tonneaux en bois doublés de métal à l'intérieur, où le feu pouvait être contrôlés. - Pourquoi pas ! lança Jamie en finissant son verre d'une traite. Il ajusta ses bretelles et pris l'harmonica offert par Victoria. Il en avait déjà beaucoup joué avant aujourd'hui et s'était approprié l'instrument avec aisance. Il quitta la proximité de son invitée pour venir prendre place sur la barrique qui faisait office de siège. Ainsi il ressemblait à n'importe quel homme rentrant du travail en fin de journée, les yeux animés par les modestes festivités en son honneur. Mais son regard se porta vite sur Victoria, et il eut du mal à s'en détacher. Il eut du mal à contrôler ses pensées, son cœur et toute l'attraction qu'elle opérait sur lui sans l'ignorer.
Harris joua les premières notes et Jamie souffla doucement le début de sa mélodie, portant l’instrument à ses lèvres. Les doigts du lieutenant glissaient sur les frettes, et ses yeux mi-clos, suivaient le souffle du colonel. La mélodie traînante s’accrocha aux pierres, rebondit sur les vieux canons, s’étira dans l’espace de la cour. Dès que le duo se mit à jouer, les soldats les plus bruyants s'étaient tus, appréciant la musique à la lueur de la chaude lumière des barils. Le son mélancolique de la guitare se mêlait aux notes tourmentées de l’harmonica, racontant l'histoire d'un homme seul qui n'avait que trop péché dans sa vie. Pour ceux qui connaissaient l'air, ils tapaient en rythme lent de leur doigt sur leur cuisse ou la table, fredonnant entre leurs lèvres les paroles. Leurs regards se fixaient sur l’horizon invisible au-delà des remparts, mais leurs esprits étaient ici, prisonniers de la mélodie. La chanson contait une maison lointaine, une maison maudite, où des âmes perdues avaient abandonné leur innocence pour quelque chose de plus sombre, de plus irréparable. Une erreur, un mauvais choix, et toute la vie s'en voyait détruite.
Jamie gardait la plupart du temps les yeux fermés, les plis de son front se prononçant davantage lorsqu'il mettait plus de souffle. Emporté, il n'avait pas remarqué que le silence s'était emparé de tous, ne pensant qu'à ses propres décisions passées qui l'avaient menés ici, au Fort Crimson...
Le lieutenant finit par céder et, certainement effrayé qu’un quelconque mal soit fait à cette veste qu’elle venait d’ôter, il se précipita pour mieux la réceptionner, la plaçant avec soin sur son avant-bras où elle rejoignit son manteau. Ne prêtant pas réellement attention à ses gestes, elle porta un toast à celui qui était la raison même pour ce jour d’exister, laissant son gobelet venir trinquer contre le sien avant de porter à nouveau à ses lèvres le liquide pourpre et tanique. Ce cru n’était pas le meilleur qui lui eut été de boire et en d’autres circonstances, pareil vin aurait été retiré de la table mais en ce jour, elle pouvait bien accepter et autoriser quelques acceptations plus larges que celles qui faisaient de son univers un monde bien trop étroit. Evidemment, son regard d’azur n’était là plus que pour lui, observant ce visage qu’elle avait connu moins marqué par les ans, plus teinté de cette innocence que la guerre avait probablement effacée à jamais. Mais il en demeurait toujours le même homme que son cœur avait su apprécier dès l’instant où leurs yeux avaient choisis de plonger dans le regard opposé.
Merci… Un an de plus…« A mes yeux… Vous resterez éternellement le jeune lieutenant aux mérites vendus par son supérieur qui cherche tant bien que mal une échappatoire à cette salle de bal… » Elle retint son rire, ses lèvres s’étirant quoique rattrapées par ses incisives, ses yeux plissés lui donnant ce même air mutin qu’autrefois. Depuis quand n’avait-elle pas porté sur son visage cette expression, elle qui s’évertuait à porter un masque d’indifférence sinon un sourire plat pour mieux exprimer ses émois. Elle se sentait libre. Bien trop libre, même, n’ayant soudainement plus la réelle envie de s’empresser de rentrer. Cette soirée était une parenthèse aussi joyeuse qu’inattendue et elle comptait bien en profiter autant qu’il lui serait permis de le faire. Mais où, alors, serait la limite, si nul mari ne l’attendait dans sa couche, si nul domestique n’osait lui faire entendre qu’elle devenait déraisonnée ?
Qu’est-ce qu’une fête sans musique, mon colonel ? Haussant les sourcils, Victoria observa la scène qui se dessinait non loin d’eux, alors qu’on les invitait à s’approcher, elle et Jamie. Se laissant entièrement faire, elle observa le retour du lieutenant Harris et de sa guitare avec un sourire. Voilà qui promettait d’égayer doucement les cœurs, à n’en point douter… Mais, en plus de cela, le jeune homme dégaina un objet qu’elle connaissait fort bien pour l’avoir eu en sa possession, un temps durant. M’dame Stanford, l’avez déjà entendu jouer ? Le regard de Victoria s’éclaira un peu plus, se relevant vers le visage du Colonel, enjouée de pouvoir enfin l’entendre jouer quelques notes. « Voilà presque une décennie qu’il me l’a promis et j’attends encore que cette promesse soit exaucée… » Ellen’avait pas parlé si fort, laissant à l’entourage proche l’opportunité de l’entendre, mais surtout à Jamie d’évaluer le poids de ses mots. Et puis, se laissant gagner par la tentation, il vida son verre et s’empara de l’instrument sous les acclamations de ses hommes et le rire de la jeune femme.
Machinalement, elle posa une main sur son ventre rond, venant soutenir autant que caresser l’étoffe du tissu qui recouvrait la chair de sa chair, comme pour mieux l’avertir de ce moment important qui s’annonçait. Noyant son excitation dans une nouvelle lampée de vin, elle regarda les deux hommes s’installer. Jamie, assis sur cette large barrique, offrait le tableau de cet homme qui l’avait si longtemps attendu, comme espérant l’appeler à lui par ce chant de sirène offert par son instrument. Croisant à nouveau son regard, elle lui offrit un sourire encourageant, comme espérant qu’il ne se dégonfle pas. Mais jamais il ne s’était détourné de ses idées quand il s’agissait de l’impressionner et elle sut que cette fois-ci ne ferrait nullement exception.
Le lieutenant gratta les cordes de sa guitare, les arpèges offrant d’ores et déjà quelques nuances mineures pour mieux accentuer le côté dramatique de la mélodie. Et alors, sonnèrent les premières notes d’harmonica et un frisson vint secouer Victoria. Son regard ne quittait plus celui qui s’était délesté de son uniforme, l’admirant manier cet instrument qu’elle lui avait offert. Un silence solennel se posa sur le Fort et l’attention générale se focalisant sur l’instant, sur ce duo de cordes et de vent. Lorsque les paroles commencèrent à être fredonnées, enfin, son regard quitta Jamie pour mieux se promener sur l’assemblée d’hommes qui l’entouraient, tous semblant communier autour de cet air, de ces phrases au sens profond. Aussi, et sans même qu’elle ne puisse le contrôler, son regard s’en retourna à celui qui donnait le ton à cette mélodie, les yeux clos, emporté par sa musique, vibrant avec elle, l’émotion transparaissant dans son instrument. Déglutissant avec peine, elle sentit l’émotion l’envahir, véritablement émue par l’instant, par ce moment qu’on lui offrait. Il jouait si bien qu’il l’emmenait au loin, avec lui. Et à nouveau, elle se prit à rêver de cette vie volée qui aurait pu prendre place, dans un autre Etat, si les choses avaient été autrement.
Et alors, partageant un dernier unisson, les notes s’éteignirent et l’assemblée applaudit, sifflant et criant son contentement face à la prestation des deux hommes. Victoria cligna des yeux, les larmes qui bordaient ses paupières se frayant un chemin sur ses joues alors qu’elle tentait de ne rien laisser paraître, applaudissant également en souriant, l’émotion vibrante qu’elle partageait avec tous se prononçant sans même qu’elle n’en comprenne la racine. « Il est fort, not’colonel, pas vrai m’dame Stanford ? » Tâchant de reprendre contenance autant qu’elle le pouvait, elle vint effacer ses larmes d’un rapide revers de main, offrant un regard hâtif au jeune homme qui ne put rater ses émois. « Oh bah… Colonel ! V’là qu’vous avez fait pleurer la dame ! Harris, joue nous donc un truc plus enjoué ! » Elle hocha la tête de droite à gauche, essayant de se soustraire à l’attention générale. « Je… Non, ce n’est pas utile… Ce n’est rien. » Pleurer devant la beauté des choses, n’était-ce pas normal lorsque l’on était enceinte ? Reniflant avec toute l’élégance qui lui était possible, elle souffla longuement, cherchant le regard de Jamie alors que le lieutenant Harris obéissait à la demande générale d’un autre morceau. Un autre soldat s’aventura alors avec son violon, permettant ainsi au Colonel de se joindre à eux ou de se soustraire à l’exercice. « Une p’tite danse vous r’montrait le moral, milady ? » Il avait appuyé le dernier mot, se donnant des grands airs qui ne lui allait pas réellement. Mais dans ce sourire en coin, elle sut qu’il ne s’agissait que de lui faire plaisir. « Eh bien je… » Le pouvait-elle seulement ?
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Colonel
Dim 3 Nov - 18:16
La dernière note s'était évanouie dans les applaudissements et les sifflements. Jamie se mit à rire à l'unisson avec Miguel, qui contrairement au colonel qui rangea son harmonica, ne se défit pas de sa guitare. C'était bon de voir ses hommes si bien s'entendre, même si parmi eux il pouvait exister des têtes plus dures que d'autres, les débordements étaient rares. Il quitta sa place et revenait vers Victoria, dont le visage trahissait ses émotions, si ce n'était ces yeux bleus embués de quelques larmes. Il comprit aisément qu'elle avait été, au mieux, émue par la prestation du duo. Sensible comme elle l'était, Jamie ne douta pas que la musique la transportait facilement vers de vieux souvenirs, de vieilles promesses. Les instruments reprirent leur mélodie en même temps que la voix de quelques hommes à l'aise pour chanter un air populaire. Il en profita pour faire quelque chose qu'il n'avait que trop peu fait dans sa vie : l'inviter à danser.
- Vous dansez avec moi, Victoria ? demanda-t-il d'un sourire avant que son soldat, à côté, ne mime d'être offusqué. - Je venais justement de l'y convier, colonel ! Jamie émit un autre rire, mais son désir était si fort qu'il ne put se résoudre de laisser ce plaisir à un autre. - Mais c'est à celui qui a fait pleurer la dame de se racheter, non ? Le jeune officier leva les bras vers le ciel et s'écarta sans plus de protestation et sans rancune, il avait proposé par politesse son invitation pour leur invitée, afin qu'elle ne se sente pas écartée. Alors que le jeune homme s'éloignait, Jamie le regarda partir, puis reposa ses yeux sur Victoria. Cela aurait été fort impoli en société, n'est-ce pas ? s'amusa-t-il en lui tendant la main. Au moment même où elle la prit, et qu'il sentit sa chaleur contre sa peau, Jamie en oublia ce qu'il y avait autour. Il les mena vers un coin où ils ne seraient pas importunés par les cris et les rires, les jeux de carte et l'ivresse. Il s'arrêta près d'un tonneau en bois où un feu crépitait, ainsi ils seraient doucement réchauffés, si ce n'était par la proximité de leur corps. Jamie la tenait contre lui, laissant ce léger espace entre eux qu'il avait appris à maîtriser au cours des soirées mondaines.
- J'ai enfin tenu ma promesse, murmurait le colonel qui caressait de son pouce, ce bout de tissu sur le dos de sa cavalière. Un geste peut-être déplacé que néanmoins il s'autorisa, épris de ses sentiments. De cette main il venait doucement, sur le visage de Victoria, écarter cette petite larme au coin de l'oeil. A quoi pensez-vous, là maintenant ? Car lui pensait combien son envie de la serrer dans ses bras était fort.
Vous dansez avec moi, Victoria ? Elle ne l’avait pas vu venir, soudainement accaparée par le jeune soldat qui avait souhaité se montrer poli à son égard en lui proposant chose similaire quelques secondes plus tôt. Pourtant, son regard, déjà, la trahissait, s’illuminant de mille étoiles pour mieux offrir leur éclat à celui qui fut le premier à se saisir de son cœur. Il aurait toujours cela pour lui et pour lui seul. « Je venais justement de l’y convier, colonel. » Un point pour le jeune homme qui avait déjà mille principes devant lui et un avenir probable auprès le bonne société, si on lui en apprenait les codes. Mais à quoi bon avoir des principes quand votre supérieur en faisait si aisément fi. Victoria aurait été prête à répondre à qui de droit les bonnes choses pour faire ce qui était juste mais elle n’en eut nullement l’occasion. Le rire de Jamie sonna comme un carillon destiné à l’amadouer un peu plus, d’autant plus qu’il affirma un peu plus sa présence à son côté. Mais c’est à celui qui a fait pleurer la dame de se racheter, non ? Il n’espérait que voir la reddition de son rival du moment bien qu’en le cœur de la jeune femme, nul duel ne prenait place tant l’un existait. Elle lui adressa d’ailleurs une moue réprobatrice alors que le soldat rendait les armes sans lutter davantage. Elle n’essaya pas plus de le retenir ou de lui offrir une promesse qu’elle n’était pas certaine de tenir quant au reste de la soirée et suivit le regard de Jamie en posant ses prunelles céruléennes sur la silhouette qui s’éloignait pour rejoindre ses semblables.
Cela aurait été fort impoli en société, n’est-ce pas ? Elle le regard, désabusée, laissant une expiration appuyée lui échapper. « J’ignore seulement ce qui est le pire… Que vous n’ayez rien retenu de mes enseignements d’autrefois… Ou que vous savez pertinemment ce que vous faites et que vous en jouez pour que je puisse plus encore vouloir vous faire la leçon… » Était-il un mauvais élève ou jouait-il de provocation à son égard ? Elle commença à penser qu’il s’agissait bien du deuxième cas depuis le début, depuis qu’il lui eut proposé de la suivre dans sa chambre. Devait-elle partir dès à présent, maintenant qu’elle comprenait tout cela ? C’aurait été la meilleure chose à faire, à n’en point douter mais le cœur souffrait et sa faiblesse la poussait à rester là, à saisir cette main qu’il lui tendait pour mieux sentir sa peau contre la sienne.
Se laissant guider, ils s’échappèrent un peu, à l’écart de l’agitation plus forte, de ces hommes qui appréciaient le contenu de leur verre dans quelques chants et dans quelques rire. Trouvant refuge près d’un brasero, il finit par venir glisser une main dans son dos, soutenant le bras qu’elle vint machinalement placer contre, déposant sa main sur son épaule, l’autre main demeurant glissée dans la sienne, Victoria se surprenant à désirer entrelacer ses doigts avec les siens. Et alors, avec douceur, il commença à mener la danse, la forçant à sourire autant qu’à relever son pétillant regard vers lui. J’ai enfin tenu ma promesse. Les joues de l’épouse du Gouverneur se teintèrent de rose alors qu’elle souriait un peu plus. « Vous avez manqué de me faire attendre… J’espère que l’harmonica vous plaît… » Elle avait répondu sur le même ton, celui qui invitait aux confidences, celui qui poussait à la bêtise. Mais son cavalier était homme honorable et il l’empêcherait volontiers de trébucher, elle le savait. Pourtant, dans son dos, un indice lui murmurait le contraire, délicate caresse lui arracha quelques frissons délicieux. Elle aurait aimé pouvoir fermer les paupières et lui en demander davantage, sentir les doigts de l’homme cajoler son corps pour mieux lui offrir cette dévotion cruelle et égoïste qu’elle savait qu’elle pouvait obtenir. Concentrée sur sa respiration, Victoria aurait dû voir comme elle se mettait en danger, seule, papillon attiré par une flamme qui finirait par lui brûler les ailes dans la douleur. Tout était là, sous les yeux, et pourtant, elle n’acceptait pas de regarder. Pourquoi… ?
D’une caresse, il vint capturer la précieuse larme qui tentait de se cacher dans le coin de son œil, l’efforçant à clore un instant ses paupières pour ne pas être gênée par son geste. A quoi pensez-vous, là maintenant ? Rouvrant les paupières, elle plongea à nouveau son regard dans le sien, se perdant un instant dans la profondeur que lui offrait les portes de son âme. Elle ouvrit les lèvres avant de les refermes, ravalant ses pensées premières, inavouables, impensables, gardant le contrôle sur la situation comme elle se l’ordonnait soigneusement de le faire. « Que je n’avais pas dansé depuis mon départ de San Francisco… Et que cela me manquait véritablement… » Savoir son carnet de bal rempli, voir les hommes se battre pour ses faveurs et finalement, s’incliner devant la suprématie qu’imposait le nom de Ferdinand face au leur… Que dirait-il, à cette heure ? Elle aurait aimé le savoir mais, finalement, si elle pouvait s’accorder cet instant qu’il aurait jugé déplacé, c’est fort probablement parce qu’il avait dû s’échapper pour affaire… Et qu’une fois de plus, il l’avait laissée derrière.
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Colonel
Mar 12 Nov - 12:01
- J’ignore seulement ce qui est le pire… Jamie souriait déjà devant l'air désabusé de son invitée. Il aimait beaucoup la répartie de Victoria et s'enorgueillissait parfois, il était vrai, de réussir à la faire sortir du personnage que tout aristocrate devait jouer en société. Sauf que pour certain, ils devenaient réellement ce personnage à force de mettre le masque. Que vous n’ayez rien retenu de mes enseignements d’autrefois… Ou que vous savez pertinemment ce que vous faites et que vous en jouez pour que je puisse plus encore vouloir vous faire la leçon… Le soldat avait ri et répondit avec la même franchise que l'éclat de son rire, sous-entendu ce qui devait l'être, sans jamais mettre de mots clairs car cela aurait été inapproprié. - Si vous tenez à avoir réponse à cela, n'oubliez pas que je suis un très bon élève. Ce qui signifiait évidemment, qu'il savait pertinemment ce qu'il faisait. Que tout ce qui lui donnerait plus de temps avec elle était bon à prendre. Même si pour ça, il devait passer pour un malotru mal éduqué ! Mais cette franche joie s'était dissipée pour laisser place à une intimité telle qu'il n'en avait jamais vécu avec Victoria. Elle lui céda ses regards pour lesquels il n'aurait jamais trouvé la force de détourner les yeux, alors il se contentait de la regarder. Sans jamais se lasser. C'était pour qu'elle ne fuit pas une seconde fois qu'il ouvrit la bouche afin de faire taire ce silence qui criait l'évidence. Il l'avait remarqué, ce désir à peine enfoui, qui lui tordait les boyaux à chaque fois que les lèvres de Victoria se mettaient à bouger. - Vous avez manqué de me faire attendre… J’espère que l’harmonica vous plaît… Il poussa un soupir, fermant un instant les yeux, mordant l'intérieur de sa bouche pour ne pas dire que tout en elle lui plaisait, pour ne pas dire que rien ces dernières années n'avaient effacé quoique ce soit de ses sentiments. - Plus que tout, oui, répondait Jamie la voix encore plus basse. Ils ne parlaient plus, ils se murmuraient ces mots dont les sens n'étaient peut-être pas les mêmes pour l'un que pour l'autre. C'était dans cette même envie de se rapprocher d'elle que le colonel essuya cette larme en extériorisant son inquiétude face à cette toute petite goutte qui pouvait cacher, pourtant, un des plus grands maux que le coeur ait porté. - Que je n’avais pas dansé depuis mon départ de San Francisco… Et que cela me manquait véritablement… Jamie fronça légèrement les sourcils, une ombre de perplexité traversant son regard. Comment était-ce seulement possible qu’un mari ne fasse pas danser sa femme une seule fois depuis tant de mois ? Une femme comme Victoria, pleine de grâce et de vie ? Il s’éloigna un peu, comme pour mieux l’observer, son esprit tourmenté cherchant des réponses dans les détails les plus subtils de son visage. Il y avait quelque chose dans ses yeux, une forme de silence lourd de non-dits, qui le perturba profondément. Cette confidence, qu’elle avait laissée échapper si naturellement, lui fendait le cœur. Et si elle ne parlait pas que de danse, mais de mois passés à attendre ? à espérer quelque chose qui n'était jamais venu, à vivre dans l’ombre...
Jamie ne put se résoudre à la laisser dans ce chagrin, même implicite. Dans un élan de tendresse, il la prit dans ses bras, enveloppant son corps de sa chaleur. Il la serra contre lui, son cœur battant fort, murmurant, sans mots, tout ce qu’il ne pouvait exprimer autrement que par ce geste. Il reprit leur danse, cette fois plus lente, sans la défaire de son étreinte dont elle pouvait se soustraire à tout instant. Sa joue contre la tempe de sa cavalière, il put lui murmurer à l'oreille sans peine d'être entendu. - J'aurai tant de vérités à vous partager si j'étais certain que cela soulagerait vos maux, mais ils ne feront je crois, qu'ajouter du poids à vos peines. Leurs visages étaient si proches l'un de l'autre que Jamie pouvait sentir la chaleur de son souffle effleurer sa peau. Un frisson parcourut son corps alors qu'il cherchait les yeux de Victoria, ces yeux qui semblaient lui échapper, dissimulant des souvenirs derrière leurs billes bleues étincelantes. Il se perdit un instant dans cette mer d'azur, incapable de détacher son regard, attiré irrésistiblement par la perfection de ses lèvres qui étaient la cause même de ses tourments. Et puis il sentit le parfum enivrant de sa peau, émanant d’un cou à portée de ses lèvres. Il ne suffisait à Victoria que de laisser entrevoir dans son regard un moindre désir de percer ces vérités, alors Jamie les lui dirait toutes, d'une seule et même attention.
N’oubliez pas que je suis un très bon élève. Ainsi donc, à demi-mot, il confessait ses pêchés et surtout, celui de se jouer des convenances qui importaient pourtant immensément dans le monde dans lequel elle évoluait. Et à travers cette rébellion protocolaire, elle entendait le désir de mieux la retrouver dans cette posture d’instructrice, de celle qui le guiderait. Tant que nous sommes ensemble. N’était-ce pas ce qu’elle avait su écrire dans l’une de ces lettres mortes qui, jamais, n’avaient su trouver son destinataire ? Alors, comme obéissant silencieusement à ses requêtes, elle le laissa l’entraîner dans cette intimité à demi acquise, brisée uniquement par quelques regards lancés par les curieux qui se rappelaient alors leur existence dans une soirée qui s’annonçait des plus mémorables. En même temps, ne venait-elle pas de leur dérober leur vedette ?
Revenant sur cet air qu’il avait su interpréter, elle lui concéda son bon plaisir de l’avoir entendu avant d’avoir cherché à s’assurer que son présent avait su lui convenir. Plus que tout, oui. Plus que sa présence à cette heure, dans ses bras qu’elle pouvait sentir désireux de l’étreindre un peu plus, de se refermer sur cette enveloppe fragile qui n’était que son corps ? Les maigres caresses qu’il lui offrait avec délicatesse étaient un plaisir coupable qui semblait insuffler la vie en son être, créature perdue dans les caprices de son cœur. Leurs voix n’étaient plus, murmures audibles uniquement par eux en cette bulle précieuse qu’ils avaient su construire, qu’ils avaient pu façonner alors que la nuit s’offrait doucement à eux, éteignant les derniers rayons du soleil de juin. Leurs visages n’étaient plus éclairés que par ce brasero, offrant de chaudes notes à leur peau et un éclat plus profond à leurs regards.
Ainsi, cueillant cette larme solitaire, il chercha à connaître le tréfond de ses pensées du moment et si elle fut d’abord tentée de les lui livrer, ce furent celle de seconde intention qu’elle délivra de ses lèvres délicates. Alors, l’expression du colonel changea, la mine plus soucieuse qu’elle n’aurait voulu la voir. S’écartant doucement d’elle, Victoria sentit la contemplation dont elle était l’objet, cherchant à ne pas fléchir dans les expressions de ses traits. Elle-même le dévisagea durant le même instant, s’interrogeant mentalement sur sa compréhension d’une phrase somme toute banale mais qui dissimulait bien plus que cela. Elle n’était pas heureuse, en ces terres occidentales, en ce désert de poussière rouge qui s’immisçait partout dans un combat qu’elle avait perdu d’avance. Alors, faisant fi de bien des choses, Jamie Anderson se réavança vers elle, formant un cocon de ses bras dans lequel il l’enveloppa précieusement, dans une étreinte profonde et silencieuse.
Surprise, Victoria n’avait su voir venir ce geste, celui-ci se refermant sur elle comme un piège sur une biche. Mais la biche n’avait nullement à se débattre car rien en ce piège n’était désagréable. « Jamie… » Un murmure à nouveau, celui de ce prénom prononcé simplement pour exprimer une mise en garde simple, le regard bleuté de Victoria glissa naturellement vers les hommes de l’armée qui se trouvaient encore à portée de vue. Et si quelqu’un les voyait… ? Mais, au-delà de la peur d’être vue en fâcheuse posture, tout dans cette étreinte lui donnait envie de s’y abandonner. Alors, elle se laissa faire, les muscles de son dos se décrispant à mesure que passaient les secondes, les paupières venant se clore pour mieux se laisser aller à cet instant. Là, entre ces bras, elle se sentit en sécurité d’une manière qui n’avait su exister depuis bien longtemps. Respirant profondément, gardant au mieux le contrôle de son souffle, elle ne pouvait en faire de même avec ce palpitant qui s’emballait, venant heurter sa poitrine à un rythme effréné, à moins que… A moins qu’il ne s’agisse nullement du sien.
Le souffle de Jamie vint chatouiller son oreille alors qu’il exprimait quelques nouveaux mots. J’aurai tant de vérités à vous partager si j’étais certain que cela soulagerait vos maux, mais ils ne feront je crois, qu’ajouter du poids à vos peines. Doucement, elle rouvrit les yeux, se détachant légèrement de lui pour mieux les porter vers les siens, son regard de biche se faisant plus délicat encore, par-dessous les cils. Elle cherchait à décrypter le sens de ces mots, l’étendue de ces paroles, n’ayant pas réelle idée d’où il voulait en venir tout en devinant au contraire ce que tout ceci pouvait signifier. Une femme responsable aurait poliment mis fin à tout ceci et serait respectueusement rentrée chez elle, auprès de son époux. Mais Ferdinand n’était pas là, à nouveau. La répétition de ses absences et cette sinistre solitude à laquelle il la forçait était en cause de son malheur alors même qu’elle tentait inlassablement de lui souligner sa volonté de s’en retourner à San Francisco pour ne jamais revenir ici. Elle était une femme désabusée et perdue. « J’ignore la teneur de ces vérités mais… Aucune ne pourrait m’infliger davantage de peine que celle qui peut déjà m’habiter… S’il vous plaît, Jamie… Dites-les moi si vous pensez que cela peut soulager mon âme… » Non loin d’eux, des cris d’allégresse manquèrent de la faire sursauter, les soldats échangeant une nouvelle tournée. Pour sûr, certains chercheraient à s’assurer que le verre de leur supérieur hiérarchique n’était pas vide…
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Colonel
Jeu 14 Nov - 22:05
Les regrets passés l'avaient longtemps rongé. Jamie se rappelait comment la première année, après avoir pris connaissance du mariage de Victoria, il avait ressassé leurs souvenirs. Comment il avait culpabilisé de ne pas avoir quitté l'armée pour vivre une vie, belle et simple, avec celle qui avait su emprisonner son coeur dans cet étau à présent si douloureux. Comment il aurait dû déposer ses galons et rentrer à San Francisco, pour lui demander sa main et l'épouser. La chérir dans la santé et la maladie, jusqu'à ce que la mort ne les sépare. A leur dernière étreinte, s'il avait su que c'était la dernière, Jamie ne l'aurait pour sûr pas lâchée. Pas si vite, du moins, pour apprécier un peu plus sa chaleur bienfaisante. Tous ses regrets l'avaient tant pesé qu'à présent, il avait décidé de réfléchir moins, et d'agir plus, même s'il était trop tard pour ce soupçon de bonheur qui s'était dessiné auparavant. C'était pour cela, que la prendre dans ses bras ce soir, n'était pas une option mais un devoir pour rester fidèle à lui-même et ses sentiments. Il aurait supporté qu'elle le rejette, car au moins il aurait essayé, mais Victoria ne le fit pas. A la place, il la sentit se blottir davantage, brisant un peu plus ce mur invisible entre eux. Elle avait soufflé son prénom dans un murmure que lui seul avait pu entendre et il s'était senti frémir, de tout son être. - J’ignore la teneur de ces vérités mais… Aucune ne pourrait m’infliger davantage de peine que celle qui peut déjà m’habiter… S’il vous plaît, Jamie… Dites-les moi si vous pensez que cela peut soulager mon âme… Il souhaitait tout savoir de ses peines qui l'affligeaient et il les lui demanderait, bientôt, de les nommer une par une afin qu'il puisse l'en délivrer. La savoir chagrinée l'affligeait lui aussi, c'était indépendamment de sa volonté, Jamie se sentait liée à elle bien que rien entre eux ne les liait officiellement. Mais cependant qu'est-ce qui était plus officiel, plus vrai que de sincères sentiments ? Un bout de papier signé pouvait-il réellement avoir plus de poids que son coeur lourd d'amour ? Sa main caressa la joue de Victoria, il avait plongé ses yeux dans les siens. Il pouvait la regarder longuement, et qu'est-ce qu'il ne donnerait pas pour la découvrir à ses côtés chaque matin, pour être témoin des premières rides, des premiers cheveux blancs ? Car oui, son imagination allait jusque là. Quand pendant tout un temps ce futur-là avait pris des contours si nets et tangibles, il lui avait été difficile de se défaire de ce simple rêve, celui de vieillir aux côtés de celle qu'il aime.
Jamie sentit sa gorge se serrer, un mélange de crainte et d’espoir qui ne le ferait pourtant pas faillir. Il était résolu à finir ce qu’il avait commencé, à franchir ce seuil tant redouté mais ardemment désiré. Sa main, qui effleurait doucement la joue de Victoria, glissa en une prise plus ferme et intime, ses doigts s’emmêlant à la courbe délicate de son visage. Son regard était embrasé par le désir et son silence se remplit de tous les mots tus depuis tant d'années. Lentement, il inclina la tête, et avec ce même ralenti, ses lèvres effleurèrent les siennes avec la douceur d’une caresse. Ce n'était pas de l'hésitation, c'était son cœur qui s'emballait, c'était savoir enfin quel goût avait le bonheur, qui le consumait. D'abord tendre, comme s’il redoutait de briser quelque chose, son baiser s’approfondit en devenant plus intense, plus pressant. Comme si tout ce qu’il avait retenu jusque-là – chaque mot, chaque geste, chaque élan réprimé – se libérait dans cet échange. On disait que fermer les yeux, c'était se rendre disponible pour son monde intérieur, alors c'était ce que fit Jamie. Il ferma les yeux, son autre main venant se rajouter à l'étreinte autour du visage de Victoria. Il lui semblait rêver, il lui semblait ne plus être au milieu de cette cour. La chaleur se diffusa dans son corps et allégea tous les tourments qui le perturbaient depuis qu'il l'avait revue.
Toutes les vérités dont il avait parlé, Jamie les partageait au travers de ce baiser. Elles étaient simples, elles étaient vraies... Mais lorsque la réalité le rattraperait, seraient-elles suffisantes ?
Qu’il parle. Qu’il puisse lui délivrer toutes ces choses qui étaient demeurées non-dits car Victoria n’aspirait plus qu’à briser les secrets, à se libérer de leur fardeau qui avait causé tant de torts. Hier encore, elle découvrait comme sa propre réalité avait été biaisée, trahie probablement par l’un des êtres qui comptait le plus à sa vie. Comment pourrait-elle seulement à jamais rétablir une confiance à l’égard de son père si cela devait être lui, le coupable de cet amour perdu et brisé ? Il lui suffisait de croiser le regard de Jamie pour lire les peines qui existaient, se souvenant de sa propre surprise, pensant qu’elle ait pu seulement se détourner de lui sans mot dire. Ils s’étaient perdus. Et puis Dieu avait décidé de croiser à nouveau leur route.
Le regard levé vers lui, elle le suppliait de mettre un terme à ses doutes, à ses peines, de venir panser les plaies d’un cœur en partie brisé, quand bien même tout ceci était autant inavouable que raisonnable. Elle était mariée à un homme qu’elle chérissait. Nul ne saurait changer cela et elle n’en avait pas même souhait alors pourquoi espérait-elle tant l’entendre lui dire toutes ces choses qui furent perdues pendant une décennie ? Elle devait fuir. Elle devait rentrer. Elle devait le quitter et ne jamais plus essayer de le revoir. Mais Victoria était trop faible, son palpitant se raccrochant au sien, espérant l’entendre battre à l’unisson pour qu’ensemble, ils puissent réécrire la suite de leur chanson.
Avec délicatesse, il porta une main contre sa joue, caressant sa peau du bout des doigts. La pensée folle qu’il puisse désirer l’embrasser lui traversa l’esprit, hâtivement balayée par l’honorabilité de Jamie Anderson et sa droiture. Il n’agirait pas ainsi, en aucun cas, c’était une certitude. Le simple fait qu’elle puisse l’envisager, en revanche, la poussa à croire qu’elle le désirait et dès lors, elle éprouva la nécessité d’aller confesser ce péché d’adultère qui prenait vie dans son esprit. Ce n’était pas ce qu’elle était, non. Victoria Stanford était vertueuse et irréprochable, nullement corrompue par le mal, peu importe sa forme. Alors la luxure ? Était-ce la grossesse qui lui offrait des envies, des pulsions si profondes, l’abstinence devenant difficile à accepter, surtout quand Ferdinand n’avait de cesse de lui rappeler comme il la désirait ?
Et puis, dans un silence des plus éloquents, cette main cajoleuse vint doucement raffermir sa prise, le regard de Victoria s’écarquillant légèrement sous la surprise d’un tel geste, comprenant par ce visage qui s’approchait du sien comme la volonté de lutter n’existait plus, ni pour elle, ni pour lui. Jamie se pencha vers ses lèvres avec lenteur, lui donnant mille fois la possibilité de reculer, de se libérer. Nullement les gestes ne se firent contre son gré et si elle esquissa un furtif mouvement pour se dérober, elle finit simplement par accepter, par envie réelle de ressentir ce qu’elle s’était interdit, dix années plus tôt. Et ainsi, Eve croqua la pomme du jardin d’Eden.
La caresse, d’abord, fut légère, presque timide, l’homme n’osant probablement pas brusquer les gestes, Victoria le laissant poser cette caresse sur ses lippes charnues sans lutter, sans trop agir non plus, laissant l’enfant, qu’elle fut jadis, revenir en elle. Tant de fois, elle avait imaginé cet instant. Tant de fois, elle avait désiré le voir se présenter sur le perron de leur maison pour mieux descendre les marches en courant, se jetant alors contre lui pour échanger un premier baiser qui déborderait de passion. Aujourd’hui, le temps lui rendait ce qu’il lui avait volé, lui offrant la douceur des lèvres de Jamie contre les siennes. Et ce fut comme si soudainement, la vie tout entière retrouvait un sens.
Soufflant par le nez, elle finit par lui rendre le contact avec la même ferveur qu’il engagea en second temps. Il n’avait pas besoin de mots tant ce baiser signifiait mille choses. Et soudain, elle crut être capable de toutes les comprendre. Alors que la seconde main de Jamie vint achever d’encercler son visage, leur baiser se poursuivant dans un échange mutuel, elle laissa sa main venir se poser sur son torse, froissant légèrement sa chemise en la crochetant de ses doigts, la seconde venant glisser sur l’une des siennes, renforçant cette douce étreinte. Le reste du monde n’existait plus alors qu’ils partageaient cet instant de grâce, ce moment de bonheur égoïste et volé à l’insu de tous. Pire encore, Victoria s’oublia un instant, désirant presque le voir se saisir de son corps pour mieux l’étreindre, pour mieux la débarrasser de ses vêtements… La vérité était là : Elle n’avait jamais cessé d’aimer Jamie Anderson, en dépit de toutes les tentatives de mieux l’oublier et, à cette heure, femme ayant su grandir et découvrir quelques vices, elle désirait plus que jamais le sentir contre lui. Mais comment le pouvait-elle, elle qui était enceinte. De son mari. De Ferdinand.
Le gouverneur fit son entrée dans ses pensées et vint briser la bulle précieuse par la simple image mentale qu’elle fut capable de dessiner de lui. Alors, rouvrant les paupières, elle recula brusquement, se détachant de lui, de cette étreinte. Ecarquillant les yeux, elle fit deux pas en arrière, reprenant son souffle, portant machinalement ses doigts à ses lèvres encore imprimée de cette faute doucement amère. Dévisageant un instant Jamie, elle laissa le moment s’arrêter avant de réaliser son erreur. « Oh, seigneur… » Adultère. Elle venait de porter ce blâme terrible, ses pensées s’emballant autant qu’elle semblait sur le point de défaillir. Son regard se posa sur Jamie, horrifié, ne sachant que faire, avant de regarder les différents hommes, un peu plus loin, cherchant à lire sur l’un d’eux un regard empli de jugement. Car la faute lui incombait, elle qui devait préserver son mariage, son serment devant l’Eternel. Cillant un instant, elle finit par balbutier quelques mots. « Je… Je dois… Partir. Je dois… Rentrer. » L’amusement ne pouvait plus exister à partir du moment où la faute existait. Titubant légèrement, elle envisagea de s’en retourner à la diligence avant de réaliser la froideur qui l’enveloppait, soudainement éloignée de lui. « Je… Ma veste… » Et sans réfléchir, parce qu’elle en était incapable, elle se dirigea machinalement vers l’escalier qui menait au bureau de Jamie, là où le lieutenant Harris avait probablement déposé ses affaires.
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Colonel
Jeu 21 Nov - 22:42
Il l'avait embrassée et n'avait pu ressentir, sur le moment, le moindre regret. Comment aurait-il pu ? Son coeur véritablement, appartenait à Victoria et à travers ce baiser qui l'avait conquis, Jamie avait pu lui montrer l'ampleur de ses sentiments. Elle ne l'avait pas rejetée, ses lèvres répondant aux siennes, sa main caressant son torse avec douceur. Il n'avait pu prononcer un seul mot, pas tant que ce contact à la fois tant attendu et tant craint, ne prit fin. Relâchant doucement son visage de ses mains, Jamie posa enfin son regard sur celui de Victoria. A peine l'avait-il fait qu'un poids, lourd et douloureux, s'empara de tout son corps pour l'oppresser. Il se sentit comme dans un étau, à suffoquer, à sentir son coeur battre sans qu'il ne puisse rien y faire : elle le regardait avec regret, peut-être était-ce de la culpabilité ? - Oh, seigneur… On ne citait pas inutilement Dieu, aussi Jamie sut que cet écart serait probablement le premier et le dernier. L'effroi qu'il avait lu dans les yeux de Victoria avait chassé toute la quiétude et le bien-être provoqués par leur baiser. Confus, il ne s'écarta pourtant pas, car elle mit de la distance avant qu'il ne put réagir. - Victoria... murmura le colonel, cherchant surtout les mots qui pourraient dédramatiser ce qu'elle voyait certainement comme un grand péché. Et elle aurait raison, d'une certaine façon. - Je… Je dois… Partir. Je dois… Rentrer. Il la vit tituber et tendit naturellement une main vers elle pour la soutenir. - Je vous en prie, attendez... ! Victoria, je suis désolé, je ne voulais pas... commença Jamie sans finir sa phrase. Il ne pouvait pas lui mentir, il ne l'avait jamais fait et ne commencerait pas maintenant. Bien sur que oui, il l'avait voulu, ardemment. Il parlait bas pour ne pas attirer les regards, mais autour d'eux personne ne sembla avoir remarqué quoique ce soit. C'était cependant le cadet de ses soucis, seuls comptaient Victoria et son état. Par sa faute, elle avait l'air terrifié, terrifiée de ce qu'ils venaient de faire. Il se sentit si misérable d'avoir cédé à une tentation contre laquelle il s'était battu si longtemps, déjà tant navré qu'il ait baissé dans l'estime de Victoria. Parce que tel devait être le cas. - Je… Ma veste… Il eut un soupir, un soupir désespéré de voir qu'elle ne l'écouta pas, trop absorbée par ce flot d'émotions négatives qui la submergeaient. Alors Jamie se mit à la suivre alors qu'elle montait les marches pour rejoindre son bureau. Sur le chemin le lieutenant Harris passa par là et le colonel lui prit le bras, se penchant vers son oreille. - Madame Stanford désire rentrer chez elle à présent, la soirée l'a fatiguée. Préparez sa diligence et mon cheval. Il continua sa route sur les pas de son invitée sans rajouter un mot de plus, conscient que son ton mit la puce à l'oreille de son subordonné, que quelque chose n'allait pas. Victoria était déjà entrée dans son bureau lorsqu'il arriva, refermant doucement la porte derrière lui. Il garda d'abord le silence avant de faire un premier pas vers elle, sans savoir s'il pouvait en exécuter un second, puis un troisième, pour se rapprocher au plus près d'elle. S'il vous plaît, ne partez pas maintenant... Pas comme ça. Est-ce qu'on peut en discuter ? C'était comme si son monde s'effondrait, tout à coup. Jamie avait la désagréable sensation qu'il ne la reverrait plus jamais, mais ça ne pouvait être vrai ? Mettrait-elle véritablement un terme même à leur amitié ? Il songea alors que pour continuer à l'avoir dans sa vie, serait-il seulement capable de tourner la page d'une histoire qui ne pourrait jamais se finir en leur faveur ? Vous n'êtes pas obligée de parler... Je.. Il se frotta le visage, semblant impuissant. Peu importe ce qu'il s'apprêtait à dire, tout lui paraissait inapproprié. Ingrat et égocentrique. Je suis désolé de vous avoir mis dans cette position, mais aussi égoïste que cela puisse paraître, je ne peux regretter mon geste. Victoria, je... Pouvait-il seulement le lui dire, après tout ce temps, alors qu'elle portait le nom d'un autre homme ? Il fit un pas de plus, s'efforçant de deviner les traits de Victoria, voilés par l'épaisse obscurité du bureau où aucune lueur ne venait troubler le secret de leur entrevue. Je vous aime. D'un amour ardent. J'ai pensé que ce baiser mettrait fin à une décennie de tourments mais je me suis fourvoyé, il n'a fait que l'attiser.
Victoria… Elle ne pouvait plus relever le regard. Elle ne pouvait plus croiser ces yeux qui l’auraient fait basculer dans les ténèbres. Non, elle n’avait plus qu’une idée en tête : partir, maintenant. Si elle ne le faisait pas, elle le savait, elle finirait par se trouver mille excuses pour justifier ce qu’elle venait de faire. Evidemment, il chercha à la retenir. Je vous en prie, attendez… ! Victoria, je suis désolé, je ne voulais pas… Vraiment ? Allait-il lui dire qu’il n’avait eu nul souhait de poser ses lèvres contre les siennes, de lui offrir un baiser aussi doux que passionné et s’en excusait-il réellement ? Lui-même ne sut finir ses mots et Victoria savait dès lors qu’il lui fallait décamper au plus vite. Seulement, la précipitation n’était pas la bienvenue, autant que l’était ce pragmatisme qui la fit songer à cette veste qu’elle avait ôté quelques instants plus tôt.
Tâchant d’ignorer au mieux Jamie, elle s’enfuit en direction de la seule pièce où il lui semblait logique que le vêtement eût été déposé, croisant la route du lieutenant Harris qu’elle n’osa pas même regarder. Son cœur semblait vouloir exploser tant il battait vite et chaque pas bancal lui rappelait comme son corps tout entier tremblait. Arrivant devant la porte, elle manqua de s’agacer sur la poignée, se ruant entre les murs plus qu’entrant sereinement en ces lieux. Elle aurait dû deviner ses volontés. Elle aurait dû l’empêcher. Elle aurait dû le décourager… Au lieu de cela, elle avait laissé s’ouvrir toutes les portes, jusqu’à lui rendre ce baiser avec chaleur, s’oubliant un instant en tant que Victoria Stanford.
Dans la pénombre, elle plissa le regard, la fenêtre leur offrant une délicate lueur qui remontait depuis les lanternes de la cour, lui permettant de mieux retrouver sa veste, soigneusement déposée sur le fauteuil où elle avait été assise, quelques heures plus tôt, quand alors, ils avaient échangé sur ces lettres mortes, rouvrant la porte du passé ensemble, la jeune femme s’engouffrant tout entière dans ces souvenirs tendres et précieux dans lesquels il était là. Trouvant appui sur le dossier matelassé, il lui sembla nécessaire de reprendre son souffle, elle qui avait cru courir jusqu’ici. Doucement, son index vint caresser la chair rosée de ses lèvres, fermant les yeux alors même que son esprit se jouait d’elle, lui renvoyant la douceur de ce baiser qui avait attendu si longtemps avant d’exister.
Elle sursauta quand elle réalisa qu’il était entré, refermant la porte. Une part d’elle lui hurlait à nouveau de tenter de fuir, de s’échapper à ce nouveau piège. S’il vous plaît, ne partez pas maintenant… Pas comme ça. Est-ce qu’on peut en discuter ? » Mais qui avait-il à dire ? Il avait voulu effacer ses peines et il venait de réveiller de nouveaux tourments, comme il l’avait craint. Pas parce qu’il avait ouvertement abusé d’elle, non, mais parce qu’il venait d’ébranler les convictions les plus profondes de Victoria et la pureté de son cœur. « Jamie, par pitié… » Ne comprenait-il pas ? Ne pouvait-il pas renoncer, elle qui ignorait encore comment gérer toute cette situation ? Vous n’êtes pas obligée de parler… Je… »[/color][/b] Pourquoi était-il si mal qu’elle ? Ce n’était qu’un instant d’égarement, pour lui, et il n’avait fait nul vœu devant Dieu le promettant à une autre et lui jurant fidélité. Bon Dieu, combien de prières devrait-elle réciter pour qu’on lui pardonner cet acte déloyal ?
Les mains de Victoria s’étaient resserrées sur sa veste, immobile silhouette tapie dans l’ombre qui ne savait plus comment agir, qui ne savait plus si elle devait l’écouter ou le faire taire. [i]Je suis désolé de vous avoir mis dans cette position, mais aussi égoïste que cela puisse paraître, je ne peux regretter mon geste. Non, il devait le regretter… Il le devait, sans quoi… Victoria, je… Qu’il se taise. Qu’il ne s’aventure nullement plus loin car elle savait déjà ce qu’il risquait de lui dire. Des mots que, si longtemps, elle avait désiré entendre, ou lire. Des mots qu’elle aurait pu attendre mille ans si elle avait su qu’un jour, il les lui offrirait. Des mots qui, malheureusement, ne ferait que nourrir davantage sa propre culpabilité. Je vous aime. D’un amour ardent. Elle déglutit avec peine, ne parvenant à dire quoique ce soit, statue de chair et de sang immobile alors qu’il se risquait à s’avancer vers elle. Et la première pensée sournoise qui se glissa dans son esprit, jamais, ne pourrait être prononcée à haute voix sans craindre les foudres immédiates du Seigneur que l’on venait de blasphémer. J’ai pensé que ce baiser mettrait fin à une décennie de tourments mais je me suis fourvoyé, il n’a fait que l’attiser. Comment avait-il pu imaginer que ce contact si intime viendrait signer une fin à tout ce qu’ils avaient pu vivre ? Quelle naïveté…
Elle demeura silencieuse, incapable de prononcer le moindre mot, de répondre dans l’immédiat à ses pensées passionnées car, la seule réponse possible, elle se l’interdisait. Portant à son tour une main à son front, désemparée que telle situation puisse se dérouler de la sorte. Soupirant longuement, elle hocha la tête de gauche à droite, cherchant à effacer l’évidence même de sentiments qu’elle n’avait su taire, en dix années. Moi aussi, je vous aime. Comme il aurait été simple de pouvoir prononcer cette vérité… Comme son cœur en aurait été allégé mais ses pensées présentes étaient hantées par l’ombre d’un époux aux ténèbres violents à qui elle devrait faire face, dès le surlendemain. Comment pourrait-elle le regarder, lui sourire… L’embrasser, après cela ?
« Je devrais vous gifler pour vous être montré aussi cavalier… Et vous dénoncer à qui de droit. » Et dans d’autres circonstances, elle l’avait déjà ait. Ferdinand avait eu ses jeux de politique, offrant la sympathique présence de son épouse à qui le demandait en guise de faveur, s’agaçant seul d’une situation qu’il créait, qu’il lui faisait parfois doucement payer par une passion dévorante. Et puis, le stratagème avait pris fin quand l’un de ses rivaux avait cru pouvoir outrepasser ses droits. Le pauvre homme était finalement décédé quelques semaines plus tard et Victoria y avait vu le courroux du Seigneur s’abattant sur lui, en plus de cette main qu’elle avait su lui jeter à la figure. Seulement, Jamie n’était pas un sournois politicien qu’elle n’appréciait que peu. Il était l’amour qui avait façonné sa jeunesse, celui qu’elle avait attendu, qu’elle avait adoré, et qu’elle avait pleuré dans un deuil presque obligé. Dix années à se persuader qu’elle ne l’aimer plus, qu’il n’existait plus à ses yeux pour que tout finisse par lui exploser à la figure violemment, simplement en croisant son regard. Alors ce baiser… « Je ne le ferai pas uniquement parce qu’il s’agit du jour de votre anniversaire. » Comme une faveur accordée, finalement, un présent qui n’en était pas un.
Soupirant à nouveau, elle sentit son cœur accélérer à nouveau alors qu’elle réalisait un pas vers lui. « Comment… Comment avez-vous pu penser un instant qu’une telle chose puisse venir mettre un terme à… » Leur histoire ? Leur vécu ? Ce qu’ils avaient traversé ensemble ? Certains pans de tout ceci étaient encore sous le joug d’une interrogation dont elle souhaitait connaître les réponses… « Jamie… Je suis mariée… A un homme qui m’aime et que j’aime tout autant… » Et n’était-ce pas la norme, pour un cœur, de n’être réservé qu’à une autre personne ? Alors pourquoi désirait-elle à nouveau entendre l’unisson de leur chamade ? « Si quelqu’un nous a vu… S’il apprend ce que nous avons fait… » Que lui ferait-il ? Ne viendrait-il pas pour le tuer ? Hudson avait posé ses mains sur celle qu’il considérait comme une possession alors quel sort réservait-il à l’homme qui venait de glisser ses lèvres contre les siennes ? Baissant le regard, elle hocha la tête de droite à gauche, suffisamment proche désormais pour qu’il puisse entendre le chuchotement qui se glissa entre ses lèvres. « Je dois rentrer… Car si je ne le fais pas, l’amour ardent que vous décrivez ne fera que s’embraser, encore et encore… Je ne peux vous encourager, Jamie, ce ne serait que trop cruel… Pour vous… Et pour moi. » Et son cœur finirait par exploser tant il lui deviendrait impossible de contenir l’incendie.
Doucement, elle vint à nouveau déposer ses doigts sur son torse, désireuse de ne pas le repousser, envieuse de ressentir à nouveau le tambour martelant sa poitrine, sérénade qu’elle savait chantée pour elle. « Durant toute ma vie, j’ai espéré être une épouse parfaite et dévouée et voilà que je me rends coupable de la pire des trahison à l’égard de cet homme qui est mien… Alors que le jour de votre venue entre nos murs, quand nous nous sommes retrouvés… C’est envers vous que j’ai eu le sentiment d’avoir été coupable de ce manque de loyauté... » Elle releva doucement les yeux vers lui, devinant son visage dans l’ombre. Elle lui avait juré de l’attendre et elle avait pensé des choses erronées. L’histoire aurait dû s’écrire autrement. Et si elle s’en était tenu à cette promesse solennelle, elle ne se serait appelée Victoria Stanford, à cette heure. « Je suis… Profondément désolée, Jamie. » Parce qu’elle n’était plus en mesure de tenir parole. Parce qu’il ne pouvait s’accrocher à ce mirage qu’elle était. Parce qu’elle l’aimait autant qu’elle aimait son époux et que déjà, elle savait que cela causerait sa perte.
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Colonel
Hier à 11:50
Jamie, par pitié... La vie avait-elle eu pitié d'eux ? Non, elle les avait dévoré, jeunes amant en devenir, assoiffés de vivre d'amour, affamés l'un de l'autre. Elle n'avait eu, aucune pitié pour eux. Avoir ouvert son coeur le libéra d'une lourde charge et il se sentit léger, fort, prêt à batailler. Mais batailler pour quoi ? Il ne renoncerait jamais à elle, mais avait-il seulement le droit de lui imposer cela ? Peut-être devait-il alors batailler contre lui-même. Jamie avait prononcé ces mots à voix haute, et soudainement ils prenaient vie, au bord de ses lèvres. Il lui avait dit l'aimer, d'un amour incandescent dont l'espoir avait terni avec les années car les possibilités s'égrenaient lentement. Mais la flamme s'était ravivée ce jour là au Domaine Stanford, quand il la revit, aussi belle que le premier jour, sinon plus encore. Son coeur s'était remis à battre ce jour-là. Il se savait fautif, mais Jamie n'était pas encore capable d'aucune remise en question. Rien ne pourrait le dissuader de ce qu'il ressentait dans ce moment présent, Victoria fuyant peut-être son regard mais le cherchant finalement toujours. Tout dans sa gestuelle, dans son regard, son visage bien que détourné lui faisait comprendre que si elle avait voulu le fuir, elle ne resterait pas là. Elle partirait, simplement. A l'inverse, Victoria était comme paralysée. Il se demanda presque si elle respirait encore, et pourquoi, cette surprise ? N'avait-elle pas senti à travers ses sourires, ses regards posés sur elle, que rien n'avait changé même tout le décor était fort différent d'autrefois ? Peut-être que comme pour elle, entendre de vive voix cette vérité, avait chamboulé quelque chose en elle. Au fond de lui, Jamie l'espéra. Il espéra qu'un tourbillon ne vienne projeter tout ce qu'elle savait jusqu'à maintenant pour repartir d'une table rase. Mais c'était impossible, Victoria n'avait qu'une parole... Victoria venait d'un monde impitoyable. Il voulut lui dire comme il saurait la protéger de tous ces monstres nés de la haute société, comme il pourrait lui montrer tout ce dont ils avaient parlé il y a si longtemps.
- Je devrais vous gifler pour vous être montré aussi cavalier… Et vous dénoncer à qui de droit. Il lui sourit tristement. Tristement, car c'était ce qu'elle devrait faire, si elle désirait l'éloigner. Il lui faudrait rencontrer des obstacles toujours plus imposants car là, tout de suite, Jamie se sentait invincible. Je ne le ferai pas uniquement parce qu’il s’agit du jour de votre anniversaire. Il douta que cela soit la raison qui retenait sa main de le punir pour son impudence. En réalité il ne doutait pas, il en était certain, c'était pourquoi il fit un autre pas vers elle. Comment… Comment avez-vous pu penser un instant qu’une telle chose puisse venir mettre un terme à… Elle ne termina pas sa phrase. Ignorait-elle comment nommer ce qu'ils avaient vécu ? De son point de vue à lui, c'était pourtant très simple. A notre histoire d'amour. Car il était tombé amoureux d'elle, il lui avait fait la cour, il lui avait dit ses intentions. Il aurait fait tellement plus si le temps lui aurait été accordé par la vie. - Vous êtes mariée, je sais, répondait-il. C'est la seule raison pour laquelle je... Il serra le poing, ses lèvres serrées, l'expression de son visage légèrement crispé. Pour laquelle j'essaye de rester fort, en votre présence, de ne pas me laisser.. Il soupira longuement, insatisfait, doucement contrarié. Il se répétait inlassablement ne pas vouloir la mettre dans l'embarras, ne pas venir tourmenter sa vie déjà bien remplie avec un mari et un enfant à naître. Il n'y avait pas de place pour Jamie au milieu de tout ce joli tableau et pourtant, faible, il se sentait de moins en moins enclin à repousser la tentation. - Si quelqu’un nous a vu… S’il apprend ce que nous avons fait… Elle avait peur, quand lui était serein. Il était simplement heureux, malgré les circonstances, de lui avoir dévoilé ses sentiments. Les conditions n'étaient pas idéales, bien sûr, mais cela ne pouvait que compter quand l'authenticité, la sincérité étaient là, derrière chaque mot affectueux. - Il n'apprendra rien, Victoria, je vous promets que tout ce qui peut se passer au Fort n'en sort jamais. Etait-ce le message caché d'un homme désespérément amoureux ? Ca l'était, indéniablement. Ce baiser, Jamie savait que ce n'était pas uniquement le premier. Il ne pouvait tout simplement pas se résoudre à mettre un terme à ce qui aurait du se passer il y a dix ans. S'approchant de lui, il entendit ce chuchotement qui lui fit rater des dizaines de battements de coeur, pour ce que cela signifiait. A demi-mot, il y avait entendu une déclaration, étant mariée elle ne pouvait avoir la même liberté que lui d'épancher son coeur. Jamie aurait largement préféré une gifle à tous ces mots qui résonnaient maintenant longtemps en lui. Victoria venait de lui dire qu'elle l'aimait, mais que cela ne pouvait exister. - J'aimerais que vous laissiez ces flammes s'embraser entre ces murs juste une seconde de plus. Ensuite, avec toute la peine que vos paroles m'ont infligée, je les étoufferai... Ou il essayerait, car Jamie n'était pas en mesure de lui promette quoique ce soit. Sa main venait enlacer celle de Victoria tout juste posée sur lui, contre son torse. A nouveau l'un contre l'autre, à nouveau cette proximité tant désirée. Tout comme il avait marché vers elle, Victoria était venue à lui, contredisant toutes ses paroles. Il lui caressa la joue alors que les yeux si expressifs du diamant se reflétaient dans les siens. - Je suis… Profondément désolée, Jamie. Il inspira lentement, son regard dérivant sur les lèvres de Victoria. Ces lèvres qui tremblaient d’un regret qu’il aurait voulu effacer. Moi aussi, je suis désolé, pensait le soldat qui rendit les armes. Ses doigts vinrent caresser la courbe délicate de sa joue et il l'embrassa, avec une ferveur nouvelle. Dans le dos de Victoria, ses mains l'attiraient délicatement un peu plus à lui, effaçant la moindre distance. Son baiser éclata comme une tempête, chargé d’un désespoir qu’il ne pouvait plus contenir. Ses lèvres cherchaient leurs complices avec une urgence fébrile, comme s'il était aussi vitale pour ce baiser d'exister, que pour des poumons, de respirer. Ses doigts s’enfouissaient maintenant dans ses cheveux, pour la retenir là, contre lui, encore juste une petite seconde de plus...
Vous êtes mariée, je sais. C’est la seule raison pour laquelle je… Elle ferma les paupières, ne sachant que trop bien ce qu’il se risquait à dire. Elle aussi s’accrochait à cela, à son amour pour Ferdinand pour ne pas simplement céder à des élans passés qui soudainement, devenaient à nouveau bien présents. Pour laquelle j’essaye de rester fort, en votre présence, de ne pas me laisser… Que se serait-il passé, si les anneaux à son doigt ne pesaient pas si lourd ? Qu’importait Hudson, qu’importait l’horreur vécu, Victoria savait pertinemment qu’elle se serait allée dans ses bras pour chercher le réconfort que son époux n’avait su lui donner. Elle s’étonnait, à dire vrai, au regard des circonstances, de ne pas avoir cédé à cet élan, certainement retenue par la surprise de le trouver là, entre ses murs, à ses côtés, si proche soudainement et non uniquement un souvenir nébuleux qu’elle enfermait chaque jour dans son coffre intérieur.
Rouvrant les paupières, elle lui fit part de ses craintes, de cette idée même que quelqu’un n’ait été témoin de sa chute, de cette décadence à laquelle elle s’était laissée aller, comme une sinistre fille de joie s’offrant au premier bel homme qui aurait croisé son chemin. Car qui aurait pu comprendre les réels sentiments qui existaient depuis dix années, attendant leur heure pour mieux s’exprimer ? Rares étaient encore ceux qui avaient été témoins de cette cour qu’il lui avait faite. Ses parents, peut-être ? Grand Dieu, que dirait sa mère… ? Et son père ?! Il n’apprendra rien, Victoria, je vous promets que tout ce qui peut se passer au Fort n’en sort jamais. A moins qu’elle ne soit celle qui vienne se confesser. A moins que, perdue et désemparée, elle n’implore l’époux aimant de lui pardonner sa conduite infidèle. Son cœur oscillait, à ce sujet, ne sachant ce qui était juste pour le plus grand nombre : le secret, ou une vérité trop brutale. Jamie avait fait son choix, lui offrant en ces murs l’opportunité de conserver d’autres secrets encore, ceux qui ne sauraient sortir de ces lieux. Mais elle ne désirait pas qu’il n’ait à porter ce fardeau, son fardeau.
Elle soupira, elle chuchota, elle ne pouvait dire ces choses qui pourtant, pesaient si lourd dans son esprit. Aussi terrible soit cette vérité, tout ce qu’elle désirait à cet instant, malgré tout ce qu’elle pouvait bien dire, c’était de le voir recommencer. J’aimerais que vous laissiez ces flammes s’embraser entre ces murs, juste une seconde de plus. Qu’est-ce qu’une seconde dans le sablier d’une vie ? Bien peu de chose. Un grain de sable face à une montagne. Pourrait-elle lui accorder cela ? Recommencer, s’adonner plus encore à ce vice qui la rongeait, céder à cet appel passionné qu’il formulait à demi-mots. Il voulait l’embrasement, il voulait l’incendie. Mais pourraient-ils seulement l’éteindre, quand il le faudrait ? Elle n’était pas certaine d’en être capable. Et lui ? Ensuite, avec toute la peine que vos paroles m’ont infligée, je les étoufferai… La peine ? Les yeux de Victoria vibrèrent dans la nuit, terrorisée à l’idée même qu’elle puisse être à l’origine du moindre mal à cet homme. Alors désolée, elle l’était en effet, et pour plus d’une raison.
Les mains de l’homme s’en étaient retournées à leur place, venant étreindre la sienne sur son torse, l’autre venant doucement caresser sa joue avec une tendresse qui lui était inconnue, découvrant comme un homme pouvait l’aimer sans vouloir la posséder. Et face au nouveau silence, dans les ténèbres, elle sut qu’il allait recommencer. Et elle ne fit rien pour l’arrêter. Au contraire.
De concert avec lui, elle plongea, ses lèvres retrouvant les siennes avec une ardeur nouvelle. Une seconde. Sa main libre glissa jusqu’à sa nuque s’appuyant dessus, ses doigts se débattant avec le col de sa chemise pour mieux s’inviter avec délicatesse sous le vêtement. La chaleur de ce nouveau baiser était brûlante, enivrante. Au fond d’elle, Victoria aurait aimé pouvoir vivre cet instant pour l’éternité. Une seconde. Soufflant par le nez, elle le laissa faire quand il vint s’emparer de sa taille, la pressant doucement contre lui, une main s’emmêlant dans son chignon qu’elle lui aurait volontiers supplié de défaire sans vergogne. Encore et encore, les lèvres s’offraient aux siennes, en demandant davantage dans leurs caresses, le suppliant presque de poursuivre, de ne jamais mettre un terme à ce baiser Juste une seconde. Oh comme elle avait conscience que ce temps était à présent écoulé et qu’à chaque doigt qui venait s’accrocher au tissu de ses vêtements, elle tombait plus bas encore. Mais pourquoi la blâmer davantage ? Quelle était la différence entre un ou deux baisers ? Le Seigneur la punirait-il plus durement ?
Avec davantage de douceur que lors du premier instant, elle vint doucement détacher ses lèvres des siennes, laissant son front se poser contre le sien, ses doigts venant cajoler cette nuque avec tendresse. Haletant doucement, elle soupira d’une aise acquise, de ce plaisir coupable qu’il venait de lui offrir. Lui volant l’instant d’après une nouvelle et furtive caresse, elle finit par se laisser aller contre lui dans une étreinte plus tendre. « Une seconde, voilà qui est trop peu, soudainement, alors que je devrais me blâmer d’avoir cédé plus encore à cette folie… » Soupirant doucement, elle s’accorda une nouvelle seconde, dans ses bras, avant de céder à sa vertu. « Loin de moi l’idée de vous faire de la peine, Jamie, je ne vous en ai déjà que trop causé sans le vouloir à travers ce silence conjointement obtenu… Mais je vais devoir rentrer, vraiment… » Humectant ses lèvres, elle soupesa les mots suivant, sachant déjà qu’elle allait les regretter. « Et je… Nous devrions éviter ce genre d’entrevues, à l’avenir… »