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Ferdinand Stanford
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MessageSujet: Home, sweet home   Home, sweet home EmptyMar 19 Mar - 16:16

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  • Type de RP: Normal
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  • Résumé : Ferdinand est de retour de Sacramento.



Dernière édition par Ferdinand Stanford le Mar 19 Mar - 18:39, édité 1 fois
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Ferdinand Stanford
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MessageSujet: Re: Home, sweet home   Home, sweet home EmptyMar 19 Mar - 18:38




La diligence était portée par les pas cadencés de chevaux fougueux, sur les sentiers des routes principales. Ferdinand Stanford observait silencieusement depuis la petite fenêtre, les yeux plissés à cause des rayons du soleil. La contrée était chaude en cet après-midi, il devait avoisiner les quatorze heures tandis que l'astre brillait dans le ciel. Un ciel dépourvu de nuages, si dégagé qu'il rendait le paysage encore plus saisissant. C'était sa terre qui se dessinait là sous son regard, avec ses collines ondulantes vêtues de manteaux de pailles et de sables. Au loin, les montagnes  s'élevaient telles des sentinelles immuables, leurs sommets embrassant les rayons du soleil ascendant. Nulles rivières ne serpentaient avec grâce en ces lieux, seules les fleurs et les cactus résistantes à l'écrasante chaleur s'épanouissaient sur la route.

En admirant sa belle Californie de l'Ouest, Ferdinand ne voyait pas que poussière et désert. Pour lui, déjà les villes s'étendaient et les américains prenaient possession de cette terre pour l'exploiter, l'enrichir, la développer... L'aimer, en faire leur maison. Son esprit allait plus loin que ce que le présent avait à offrir ; il en avait été de même la première fois qu'il avait posé les yeux sur Victoria Davis, alors encore jeune jouvencelle pleine d'espoirs et de désirs. Son séjour loin de sa femme avait été plus difficile qu'il n'y paraissait. En rentrant dans sa luxueuse chambre d'hôtel, le soir, seuls l'obscurité et le silence avaient su l'acceuillir. Il n'entendait point les petits talons de Victoria au loin, qui se rapprochaient avec enthousiasme vers lui, heureuse de son retour. Il ne sentait pas son parfum, ne pouvait goûter à ses lèvres à sa guise. Lorsque la chérir d'un baiser devenait si fort, Ferdinand fermait les yeux dans un long soupir, se remémorant ce dernier baiser avant de la quitter. Et alors, c'était presque comme s'il avait pu la sentir.
Mais dans peu de temps, ses désirs deviendraient réalité palpable. Son domaine n'était plus très loin.

Le gouverneur sortit légèrement la tête via la fenêtre. Arrêtez-vous ! L'ordre ne tarda pas à être exécuter, lui permettant de descendre de la voiture. Il fit quelques pas vers la seconde diligence qui le suivait de près, avec tous ses effets personnels ainsi que le troisième chariot contenant la cage du chien. Celui-ci était allongé, suffoquant, son habitacle ne le préservant pas du soleil. N'avez-vous pas vu que cette pauvre bête meurt littéralement de soif ?! gronda Ferdinand, son regard meurtrier posé sur le pauvre garçon qui ne servait qu'à s'assurer que les bagages ne se perdent pas en route. Et bien remuez-vous, allez chercher de l'eau ! L'adolescent s'activa aussitôt, il avait visiblement déjà perdu trop de points et ne devait plus compter sur une grasse rémunération. En attendant que ce sombre imbécile ne revienne avec une gamelle pleine, Ferdinand ouvrit la cage et caressa les oreilles du canidé. Chh, chhh... murmura-t-il d'un air paternaliste. C'était son premier vrai animal, après tout et il découvrait encore tout. Ce qu'il savait en revanche était cette grande affection qu'il portait déjà. C'était étrange d'ailleurs, d'aimer plus facilement un chien qu'un autre être humain.
Molosse bougea lorsque l'eau arriva, il put se désaltérer durant de longues minutes, reprenant petit à petit ses esprits. Ferdinand se plaisait à se dire que ses caresses y étaient elles aussi, pour quelque chose.
M'sieur Stanford, ce chien me faisait un peu peur, j'osais pas le réveiller. Ca m'étonne que votre femme pense que ça puisse b-
Ne parlez pas de ma femme, le coupa le politicien. Il ne supportait pas qu'on parle de Victoria sans la connaître, qu'on s'imagine pouvoir deviner ses pensées alors qu'elles étaient toutes uniques. Non mais de quel droit vous sentez vous capable de savoir ce qu'elle pense ? Vous n'êtes même pas fichu de réaliser une tâche aussi simplette que cette de veiller à mes affaires ! Et en tant assis, de surcroît !
Le jeune baissa la tête, confus et sûrement désolé, mais trop effrayé pour le dire. Alors que Molosse bougeait bien plus, rassurant Ferdinand, celui-ci poussa un soupir avant de s'asseoir sur le bord du chariot pendant que son chien se dégourdissait les pattes. Il regarda du coin de l'oeil le garçon et soudain, peut-être parce qu'il allait bientôt devenir père, il eut un sentiment pour le moins inattendu. Un brin de culpabilité le rongea d'avoir ainsi crié. Bon, ce n'est pas grave, passons... Comment votre père vous a-t-il appelé ?
L'adolescent surprit, hésita presque à répondre. Vous v'lez savoir c'mment j'm'appelle, m'sieur ?
Ferdinand soupira. Certes, c'était le but de ma question.
J'suis Brandon Wells, m'sieur.
Pourquoi diable mâchez-vous vos mots lorsque vous parlez ? Si vous aspirez à devenir quelqu'un, par pitié, exprimez-vous comme un gentleman et lisez.
Brandon acquiesça de la tête mais rajouta qu'il n'allait sans doute jamais devenir quique ce soit, sa famille étant trop pauvre. Son histoire déprimante aurait pu exaspérer le gouverneur, mais celui-ci répondit très simplement.
Madame ma mère, Adelaide Stanford, offre des bourses aux jeunes studieux de la classe moyenne. Ses yeux transpercèrent de haut en bas le petit. Ou dans votre cas, de la basse classe moyenne... Quoiqu'il en soit, je lui donnerai vos coordonnées afin de vous offrir une chance.
Le Gouverneur se leva et dépoussiéra sa redingote avant de siffler vers Molosse qui le rejoignit au pas. Avant de remonter dans sa diligence, il adressa un dernier regard à Brandon. Savourez ce jour où vous n'êtes que Brandon, et voyez comme le début de votre nouvelle vie commence, monsieur Wells.

Une quarantaine de minutes plus tard, les trois voitures entraient dans le domaine des Stanford. Il n'avait jamais été aussi heureux de rentrer, et la première personne qu'il désirait voir était son épouse. Elle lui avait manqué, si fort et comme jamais auparavant. Les conditions tendues de son départ n'avaient pas aidés et que personne n'en doute, cet éloignement et cette solitude avaient su le faire réfléchir. Avoir frappé Victoria le hantait encore et le regret de son geste se faisait amer, plus chaque jour, comme un péché qui se rajoutait d'emblée à cette pile déjà forte d'un poids conséquent. Ses présents l'espérait-il, auront su être apprécié par la maîtresse de maison.
Enfin, diligences et chariot s'arrêtèrent. On lui ouvrit la porte alors que Brandon accourut pour prendre la laisse de Molosse, pendant que Ferdinand retrouvait les siens...

Ses yeux cherchaient ce visage doux, d'une beauté sans pareille, il cherchait Victoria.

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MessageSujet: Re: Home, sweet home   Home, sweet home EmptyLun 8 Avr - 0:07



« Petit fripon que tu es ! Rends-moi donc ce fil ! » Le chiot remuait la queue avec allégresse, comme provoquant sa maîtresse, ne parvenant à lui arracher qu’un rire franc et amusé. La mine réjouie de Victoria Stanford tranchait avec ce reflet qu’elle avait su croiser, un mois plus tôt. Et la petite boule de poils arrivée une dizaine de jours plus tôt avait su apporter sa contribution à cela.

Au départ outrée que Ferdinand puisse songer se faire remplacer aussi aisément que lorsqu’il avait invoqué le colonel Anderson, elle avait fini par affirmer que le pauvre animal demeurait innocent des manœuvres manipulatrices de son époux avant, le soir même, de le laisser dormir au pied de son lit. Enfin, ainsi était-ce prévu car la boule de poils tricolore eut tôt fait de trouver le chemin jusqu’aux draps de soie de la maîtresse de maison pour y passer une nuit plus réconfortante encore. Celui qui fut baptisé Lucky, alors, ne cessait plus d’accompagner sa maîtresse dans ses allers et venus au sein de la grande maison qui semblait moins vide, à chaque aboiement aigu qu’il poussait. La peluche gambadait joyeusement ou ne rechignait pas à être arraché au sol pour être transporté dans les bras de celle qui lui garantissait une gamelle pleine et de l’affection sans limite. Dès lors qu’elle quittait une pièce pour le laisser dans une autre, il pouvait pleurer à travers la porte close, ne poussant que plus encore Victoria à céder à toutes ses demandes. Comme elle le ferait probablement avec un enfant…

Si tout le monde observait cela avec un œil amusé, tous se réjouissaient surtout de voir l’épouse du Gouverneur reprendre vie, peu à peu. La mélancolie était toujours là, sous-jacente, vite rappelée auprès d’elle pour l’étouffer quand la solitude était plus grande, quand le silence devenait éloquent. Ses nuits étaient moins sujettes aux terreurs, aux horreurs et enfin, il lui semblait possible de trouver le repos sans être condamnée à prendre quelques remèdes – et fort heureusement puisque plus personne n’était là pour les lui façonner. Joshua n’était jamais loin, force de propositions pour tenter d’occuper son esprit. Elle avait su comprendre cela au détour de leurs conversations ou de simples moments passés en compagnie de l’autre. Elle lui en était profondément reconnaissante et remerciait Dieu pour lui avoir rendu ce qui s’apparentait finalement le plus à un ami, en ces terres désolées. Il y avait également la jeune miss Swan et sa bonté de cœur incroyablement grande. Victoria, dès lors qu’elle observait le regard de la jeune blonde, se sentait gonflée d’orgueil et avait cet étrange sentiment d’avoir le droit d’exister. Louisa et Jenson avaient beaucoup œuvré à son confort et bon nombre des employés de cette maison méritaient une augmentation ou une prime pour leurs efforts durant l’absence de leur maître. Et enfin, il y avait lui. L’homme qui avait su se glisser dans ses pensées, apaisant quelques cauchemars par sa soudaine présence dans ces derniers, tel le héros qu’on avait su lui décrire, une décennie plus tôt. Victoria aurait pu abuser de cette protection qu’il lui garantissait pour mieux exiger de lui sa seule compagnie mais elle savait les devoirs du Colonel nombreux et ne souhaitait pas le forcer à la retrouver, lui qui semblait tout aussi fébrile qu’elle dès lors que leurs regards se croisaient. Les rêveries de la future mère se réveillaient, parfois, la poussant à regarder par la fenêtre pour mieux apercevoir l’un de ces hommes en uniforme, espérant presque grimer sur les traits du soldat ceux de Jamie Anderson. Elle n’avait su, encore, honorer sa promesse de visite, mais comptait bien céder à cette requête, sa grossesse n’étant plus sujette à quelques risques, l’enfant se manifestant régulièrement et affirmant sa force. Bien qu’elle l’ignorât véritablement, elle était entrée dans le septième mois de gestation et l’arrondi de sa silhouette n’en était que plus marqué, devenant véritablement complexe à cacher, chose qu’elle ne faisait d’ailleurs plus.

En ce début d’après-midi, Victoria avait su profiter des rayons du soleil de ce printemps bien installé pour faire placer une couverture dans l’herbe du parc qui tendait à de densifier. Quelques fleurs s’étaient montrées, révélant leur beauté dans un lieu pourtant désertique et cette éclosion avait su faire renaître la propriétaire des lieux. Agenouillée avec soin sur le drap matelassé, elle avait entamé un nouvel ouvrage de broderie, Lucky venant temporairement l’interrompre par quelques facéties dignes d’un chiot joueur. Tant qu’il n’abimait pas le travail accompli, finalement… Le laissant s’agacer de ce fil qu’il avait su trouver, Victoria reprit son ouvrage, ses doigts grâcieux maintenant un peu plus le cercle de bois qui tendait le tissu du mouchoir afin de mieux venir y piquer son aiguille, agrémentant de nouvelles couleurs les pétales d’une fleur ondulant autour d’initiales bien connues. F.S. Elle espérait que chaque attention laissée à son époux, au fil de leurs correspondances, le convainque de mieux lui revenir dès lors ses affaires terminées. Car des mots, ils avaient sur s’en échanger, Victoria appréciant se livrer dans des correspondances qu’elle avait su agrémenter de diverses attentions. En retour, il y avait eu Lucky. Et puis, une robe qui n’aurait su être ouvragée par la talentueuse Madelyn Swan qui ne pouvait se vanter de posséder de telles étoffes. Avec le vêtement, Victoria avait su trouver une parure et des chaussures. Il la gâtait, comme il avait toujours su le faire, pensant à elle, par obligation ou non. Les attentions l’avaient touché et, de son côté, Victoria avait également su faire préparer cette nouvelle toilette pour mieux surprendre son époux. Pour l’heure, non inquiétée du retour de Ferdinand car nullement prévenue de ce dernier, elle portait l’une de ces robes printanières d’un vert pâle qui dégageait ses épaules qu’elle couvrait toutefois d’un châle, tant pour ne pas ressentir la fraîcheur que l’ombre pouvait procurer dès lors qu’un nuage voilait l’astre brûlant, que pour dissimuler de la vue de tous les sinistres initiales qui ornaient la peau de son omoplate gauche à demi dévoilé. Les deux H ne partiraient jamais, indélébiles, gravés littéralement dans son derme qui avait été recousu avec soin. Les points se devinaient encore mais le docteur Riagal lui avait assuré que ces marques ne resteraient pas, que le temps les effacerait. Les sillons tracés dans sa chair, en revanche, lui appartiendraient pour toujours.

Affairée à son travail, ce ne fut que la voix de Louisa qui la tira de ses efforts, cette dernière accourant alors vers elle avec hâte. Haussant ses sourcils parfaits, Victoria la dévisagea longuement avec un léger sourire. « Allons bon, Louisa ! Que vaut cet inutile effort ? » A travers le souffle coupé de la domestique, Victoria comprit qu’une diligence s’avançait. Son expression changea, fronçant désormais les lignes qui surplombaient ses yeux. « Mais.. Nous n’attendons personne… » Monsieur Tiffany était bien sorti pour affaire mais pourquoi donc faire toute une histoire d’un résident permanent à la demeure ? C’est monsieur Stanford, madame. Les yeux de Victoria s’écarquillèrent alors, les mots de sa femme de chambre prenant peu à peu sens. « Ferdinand… ? Il… Il est là ? » Ses doigts s’étaient figés et il ne fallut guère plus qu’un acquiescement de tête de la jeune métisse pour que Victoria comprenne l’impact de ces mots, sa broderie quittant ses doigts longilignes. « Oh mon Dieu… » Avec une hâte non dissimulé, elle se redressa, soutenant son ventre rond alors qu’elle se levait. « Faites rentrer ces affaires et… Remontez donc Lucky dans mes appartements. » Son corps battait lourdement contre sa poitrine alors même que ses doigts soulevaient le bas de sa robe, sa poigne se refermant sur le tissu pour faciliter son avancée.

Avec empressement, elle remonta l’allée jusqu’au domaine, pénétrant ce dernier par la porte fenêtre de la terrasse. Ferdinand était là. Et elle n’était ni correctement peignée, ses longs cheveux étant simplement attachés. Ferdinand était là et elle n’avait pu porter cette pièce maîtresse qu’elle avait espéré pouvoir enfiler afin de se sentir mieux. Ou même cette robe qu’il lui avait offerte, pour l’honorer. Ferdinand était là. Et elle n’avait absolument rien pu faire préparer en conséquence, piètre maîtresse des lieux incapable d’accueillir l’homme qu’elle aimait avec justesse. Ferdinand était là… Et tout le reste, finalement, n’avait que bien peu d’importance car elle avait si ardemment espéré cet instant que son cœur, seul, pouvait encourager ses jambes à traverser le hall jusqu’à la grande porte de leur demeure, ouverte. Jenson devait déjà être là, lui qui était si bon dans son rôle. Avait-il d’ailleurs encouragé Louisa à venir la trouver ? Pourtant, le claquement régulier des souliers de Victoria sur le sol ralentit avant de s’arrêter, un instant. Sa main, machinalement, vint se porter à sa joue. C’était un mois plus tôt mais… Les choses avaient-elles changées ? Désirait-il la revoir ou bien la repousserait-il encore avant de s’enfermer à nouveau dans son bureau. La peur se distilla dans son esprit, poison néfaste qui vint raviver les doutes, qui laissa un instant la place au réconfort trouvé en une autre compagnie se rappeler à elle, les lèvres délicates de l’homme se posant sur le dos de sa main nue…

Victoria ferma un instant les paupière, soufflant longuement avant de s’avancer jusqu’au seuil de sa demeure. Son regard, alors, fut naturellement attiré par la vision si longtemps fantasmée de son époux qui se tenait là, comme espérant la voir. Était-il heureux ? Les lèvres entrouvertes, elle resta là quelques secondes à le dévisager longuement, comme cherchant à le reconnaître ou à reconnaître les changements. « Ferdinand… » Un souffle glissé entre ses lèvres alors qu’elle hésitait, comme cherchant la permission de mieux pouvoir le retrouver, de mieux pouvoir l’étreindre. Pas à pas, elle descendit les marches, ne le quittant jamais des yeux, son monde n’étant plus fait que de lui et lui seul.


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MessageSujet: Re: Home, sweet home   Home, sweet home EmptyDim 14 Avr - 21:35




Son regard avait déjà plusieurs fois scruté l'entrée de la demeure, sans trouver son épouse qui l'attendait là de pied ferme. Il ne s'était pas imaginé qu'elle serait restée prostrée là jour et nuit à attendre son retour, bien évidemment. Ferdinand préférait la savoir allongée ou occupée à quelque distraction de femme qui la tranquilisait. Son arrivée n'avait même pas été prévenue de façon précise, les aléas des trajets pouvant mettre à mal celle-ci. Il ne dut cependant pas attendre bien longtemps pour que se dessine cette silhouette élégante devant la porte. Il sourit doucement, un sourire qu'elle aurait sans doute peine à voir de loin. Revoir son visage et la clarté de ses yeux réveilla en lui un sentiment de manque et d'amour immense, que nul ne pouvait combler excepté cette précieuse lumière émanant de Victoria. Elle descendait les marches tandis que naturellement, lui venait à sa rencontre, sa marche se faisant plus rapide à mesure que la distance se réduisait, à mesure que celle-ci ne finisse par être inexistante. Pour l'heure les conventions et les codes de la Société lui importaient sans aucune façon, ses mains venaient prendre ce doux visage dans une emprise délicate mais à la fois si possessive. Ses pupilles émeraudes se figèrent un court instant sur elle et enfin, enfin il pouvait voler ce baiser qui avait hanté ses nuits depuis un mois. Un mois qui lui avait paru être plus qu'une éternité. Les années s'écoulant avaient rendu les séparations de longue durée plus difficile à chaque fois, sans que Ferdinand ne comprenne pourquoi. Avant, il avait moins de peine s'il ne la voyait pas. Mais avant, il n'avait jamais levé la main sur elle... Sa bouche caressant la sienne, le ramenant à une réalité plus confortable qu'une San Francisco évoluée, le Gouverneur se ficha éperdumment des regards posés sur eux et du silence qui accompagnait leur retrouvaille. Ses doigts descendirent jusqu'aux épaules de Victoria, puis à ses bras, qu'il saisit doucement. J'ai désiré te retrouver à la seconde où je t'ai quitté, soufflait-il en appréciant encore le goût de ce baiser. Son sourire était toujours là, qui dévoilait à la dame des lieux, la véracité de ses paroles. Le Gouverneur n'était pas un menteur qui se jouerait de sa propre épouse, mais n'était qu'un homme blessé et amoureux de sa propre image que renvoyait les yeux de Victoria. Dans le regard de sa femme, il se voyait tel qu'il n'était pas mais voudrait être. Elle avait une vision de lui faussée, Ferdinand le savait, mais il était très réconfortant pour lui de s'abreuver dans cette source d'eau vive. Omettre des détails pourtant importants, vivre dans le déni d'une identité obscure, tels étaient le poids de ses tourments pour garder un semblant de contrôle sur tout. Tes lettres ont su m'apaiser, à chaque lecture que j'en faisais, c'était comme si tu étais là, murmura-t-il tandis qu'il la caressait du bout de ses doigts. Il n'avait cure de la toilette de son épouse, il ne la regardait pas en ces termes, trop désireux de se retrouver seule avec elle. Sa main droite se porta sur son ventre gardant au chaud son héritier, qui avait l'air plus arrondi qu'à son départ. Notre fils se porte bien et c'est grâce à toi, tu as su veiller sur lui. Rassuré par la mine colorée de Victoria, il l'était, surtout après la lettre que Joshua Tiffany lui avait écrite. Il était reconnaissant envers son associé et allié, d'avoir été tenu informé des informations que sa femme avait pris soin de ne pas lui révéler. Il comprenait l'intention, ce n'était pas un idiot ; elle n'avait pas voulu l'inquiéter en le sachant en proie à d'autres problèmes.

Des aboiements le firent se retourner, avisant ce chien par-dessus son épaule. Il l'avait presque oublié. As-tu reçu mes présents ? T'ont-ils plu ? demanda-t-il en reportant sur elle toute son attention, désireux de savoir si les attentes de sa dame furent comblés. Es-tu... heureuse, de mon retour ? Sa question se légitimait à cause du départ houleux, il y a de ça quelques semaines...

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MessageSujet: Re: Home, sweet home   Home, sweet home EmptyMar 7 Mai - 1:00



Chaque pas menait un peu plus à lui. A chaque marche qu’elle franchissait, la distance qui les séparait se réduisait, devenant rapidement moindre. Ses yeux clairs n’étaient pas concentrés sur les divers endroits où elle devait poser ses pieds mais bien sur le seul homme que Dieu avait choisi de placer sur sa route pour devenir sien. Le regard du Gouverneur ne la quittait pas davantage, ses mèches blondes encadrant son visage stoïque à la moustache soignée. Le cœur de Victoria battait lourdement contre sa poitrine alors qu’il se mettait en marche, se dirigeant droit vers elle, l’aidant à venir à sa rencontre en agissant de même. Rapidement, ils purent se retrouver et Victoria cilla quand les mains de Ferdinand se levèrent de concert vers son minois délicat, l’entourant de ses doigts fermes. Elle se figea un instant, les iris clairs vibrant sous l’intensité de son regard, sous ce temps soudainement immobilisé car le monde entier semblait s’être arrêté. Puis, lui volant son souffle, il vint plaquer ses lèvres contre celles de son épouse qui céda à cette caresse dans un soupir de soulagement, se laissant aller tout entière à ces retrouvailles doucement agréables. L’une de ses mains vint trouver sa jumelle, caressant le dos de l’extrémité de Ferdinand quand la seconde se glissa jusqu’à sa veste, tiraillant machinalement le tissu pour que jamais plus il ne puisse s’éloigner d’elle.

Tout ce mois avait été si long et enfin, Victoria avait le sentiment que sa douce agonie prendrait fin à cette heure, à ce moment précis. Par ce baiser, Ferdinand lui rendait le droit de vivre, de lui survivre. La caresse suave de ce baiser se fit appuyée, plus longue qu’elle n’aurait pu l’espérer et si courte, pourtant, tandis que délicatement, il se détachait d’elle. La supplique de son regard était saisissante et silencieusement, elle ne faisait que lui hurler sa volonté de ne plus jamais le voir la quitter. Sinon, qu’adviendrait-il d’elle ? Les mains de Ferdinand quittèrent son visage, glissant le long de son être pour mieux la prendre doucement par les bras, Victoria levant machinalement les mains vers le torse et la nuque de son époux, s’offrant à lui dans une étreinte encore maîtrisée. J’ai désiré te retrouver à la seconde où je t’ai quitté. Un maigre sourire vint étirer les lèvres charnues et rosées de la maîtresse des lieux, qui observait Ferdinand avec la même intensité, admirant ce sourire qu’il lui offrait, lui permettant d’éprouver toute la satisfaction du monde. « Et j’ai espéré ton retour chaque jour que Dieu a fait, dès lors que ta diligence a passé les limites de notre propriété… » Sa main glissa jusqu’à la joue de Ferdinand, la cajolant avec douceur, la pulpe de ses doigts se réchauffant au contact de sa peau.

Tes lettres ont su m’apaiser, à chaque lecture que j’en faisais, c’était comme si tu étais là… Le sourire de Victoria s’étira un peu plus alors qu’elle penchait légèrement la tête sur le côté. « L’idée folle de te surprendre en me présentant véritablement à toi à Sacramento m’a traversé l’esprit de bien des manières mais… Je ne voulais pas te décevoir… » Aurait-il seulement apprécié la voir avec tant de surprise ? N’aurait-il pas su lui reprocher les risques que tout ceci aurait pu provoquer ? Un divertissement face à ses engagements politiques, sans même compter les conséquences sur sa grossesse… Pour sûr, malgré sa volonté, Jenson avait su la préserver de cette idée folle et de cette envie de le retrouver plus tôt qu’il ne l’aurait visiblement fallu. Et puis, entre temps, bien des choses étaient arrivées…

La main de Ferdinand vint trouver l’arrondi marqué de son ventre et la main de la jeune fin vint se replacer contre la sienne avec douceur alors qu’il trouvait satisfaction à voir son enfant gagner en place et probablement en force. Notre fils. La veille de son départ, il s’était attribué à lui seul la propriété de cet enfant, la traitant comme moins que rien, la reniant même dans son rôle d’épouse et de mère. Aussi, l’entendre l’inclure dans la création de cette famille apaisa doucement le cœur meurtri de la jeune femme qui laissa échapper un léger rire. « Il est fort… Et je n’aurais jamais pu veiller sur lui si toute notre maisonnée n’avait veillé sur moi durant tout ce temps. » Car la lumière qu’elle était avait de trop nombreuses fois vacillée face aux ténèbres. Qu’en dirait le majordome à son maître quand ils se retrouveraient tous deux. Saura-t-il garder certains de ses secrets ?

Elle sursauta face à un bruit qui ne lui était pas familier, grondement rugissant d’une bête monstrueuse qu’elle ne vit pas immédiatement, fronçant les sourcils en direction du canidé sans parvenir à l’entrevoir, happée par la présence de Ferdinand. As-tu reçu mes présents ? T’ont-ils plu ? Elle hocha doucement la tête. Es-tu… Heureuse de mon retour ? L’était-elle véritablement ? L’ombre du colonel en charge de sa protection passa devant elle et pourtant, elle offrit à Ferdinand son plus tendre sourire. « J’ai rêvé de cet instant caque jour passé en ton absence… Evidemment que je suis heureuse. Je n’appréhendais que de ne jamais te voir revenir et si tu avais été absent une semaine supplémentaire, j’aurais fini par atteler moi-même des chevaux à une diligence pour mieux te rejoindre… Ne t’avise plus jamais de me quitter, Ferdinand… » Parce qu’elle en mourrait probablement. Usant de la hauteur que lui offrait la marche sur laquelle elle trônait, elle l’embrassa avec facilité, ses lèvres venant lui démontrer tout le plaisir qu’elle avait à mieux ressentir sa présence contre elles. Le désir lui brûlait les reins alors même qu’elle s’écartait à nouveau de lui. « Tes présents ont su me surprendre mais je les ai apprécié. Je porterai cette robe que tu m’as fait envoyer pour une prochaine occasion… Quant à Lucky, il a su détromper mon ennui… » Le petit chiot la suivait partout, ses grandes oreilles poilues glissant presque sur le sol par la petitesse de sa taille. Un nouvel aboiement se fit entendre et cette fois-ci, Victoria fronça les sourcils, s’écartant légèrement de Ferdinand pour mieux voir le molosse qui tirait sur la laisse, cherchant à venir dans leur direction. « Grand Dieu, quelle est cette… Chose ? »


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Victoria l'avait dit, elle s'était langui de son retour au domaine, tout comme lui avait pu compter les jours qui s'écoulaient si lentement. Une lenteur extrême que Ferdinand avait jugé être sa punition divine, pour être parti malgré ses obligations, pour avoir... il secoua doucement la tête. Sa femme le regardait avec une telle dévotion et intensité, qu'il était évident qu'elle lui avait pardonné son faux pas. Quelle femme aimante ne pardonnerait-elle pas les écarts de son mari, après tout ? Au fond de lui, les regrets s'étaient installés dans son esprit tortueux. A l'âme qui n'avait pourtant plus aucune place pour d'autres tâches noires, le voilà assailli de putrides miasmes comparables aux émanations de l'Enfer ; là où il règlerait ses comptes pour l'éternité, Ferdinand le savait. Ces tâches noires enlaidissaient son regard se faisant plus sombre, ses traits plus durs, sans jamais toucher cependant à la face charmante que le diabe lui-même lui permettait de garder pour entretenir ses desseins. Elle était épargnée, conservée pour mieux séduire, pour arriver à ses fins. La main, douce et aimante, de sa femme le sortit de sa terrible introspection. Il sourit à cette caresse tant de fois imaginée, seul dans sa grande chambre de Sacramento. L’idée folle de te surprendre en me présentant véritablement à toi à Sacramento m’a traversé l’esprit de bien des manières mais… Ferdinand avisa cette idée, certes folle, mais fort plaisante. Il s'était senti si vulnérable dans sa solitude, qu'il aurait tout donné contre la chaleur de Victoria, contre ce parfum qui l'aidait à trouver le sommeil, contre la sensation de ses cheveux lui chatouillant le nez lorsqu'ils dormaient l'un contre l'autre. ... je ne voulais pas te décevoir. Des mots éprouvants pour Ferdinand qui les reçut comme des poignards le tranchant à vif. Il resta figé, Victoria contre lui, sans savoir que répondre à cette fatalité ; celle où sa propre femme avait peur de lui, où elle n'osait pas sortir du cadre qu'il avait construit et établi... par crainte. Il ressentit de la honte, elle s'immisçait en lui à l'image même d'une décharge glaciale parcourant sa colonne. Si une épouse craignait son époux, c'était que celui-ci avait échoué, n'est-ce pas ?

Ses mains posées sur les bras de Victoria serraient davantage leur emprise d'une façon douce, loin des manières possessives et brutales qu'il avait pu déjà démontrer. Tu m'en vois... vraiment navré... dit-il d'un air coupable, les yeux cherchant un soutien dans ceux de Victoria pourtant dépourvus de haine, de colère. J'aurai apprécié que tu me fasses un tel cadeau. Ca m'aurait surpris, c'est vrai, mais agréablement. Rien n'était gâché et il n'était pas trop tard pour qu'elle le surprenne à nouveau, elle pouvait lire cela dans le regard de son époux qui lui souriait tendrement. Trop heureux de la retrouver, rien ne pouvait altérer ce sentiment de bien-être et de quiétude. Elle lui raconta comme leur fils était fort, mettant également en avant la maisonnée toute entière qui avait su veiller sur la mère et l'enfant. Ferdinand leva ses yeux clairs et perçants sur leur domestique qui partageait les retrouvailles de leurs maîtres dans un silence presque religieux. Pas une mouche ne sembla voler et personne n'osait ouvrir la bouche. Il hocha de la tête, même si pour lui ça n'avait rien d'exceptionnel. Tous ces gens étaient payés pour faire ce qu'ils font, c'était leur travail. A son départ il avait donné des directives à Jenson qui avait lui-même dû les transmettre au reste de l'équipe, alors apprendre que le travail avait été accompli n'était qu'un juste retour des choses. Mais Victoria Stanford était une belle âme qui voyait le monde d'un regard bien plus léger que son mari, et cette vision de la vie à travers elle, plaisait à Ferdinand. Alors il se contenta de sourire.

J’ai rêvé de cet instant caque jour passé en ton absence… Evidemment que je suis heureuse. Je n’appréhendais que de ne jamais te voir revenir et si tu avais été absent une semaine supplémentaire, j’aurais fini par atteler moi-même des chevaux à une diligence pour mieux te rejoindre… Ne t’avise plus jamais de me quitter, Ferdinand… La femme du Gouverneur devait le savoir, que c'était impossible. Mais elle le lui demanda néanmoins, cette chose impossible, comme convaincue qu'aucun obstacle ne pourrait se mettre sur le chemin de son époux. Il aimait entendre ces mots sur ces lèvres-là, les siennes particulièrement ; ils prouvaient que Victoria le voyait comme l'homme qu'il était. Puissant et capable d'obtenir ce qu'il veut.
Très bien, répondit-il sur un ton qui laissait croire qu'il cédait aux exigeances de sa femme. La prochaine fois que je vais devoir m'absenter, tu seras avec moi, promit Ferdinand en espérant de tout coeur que la vie ne l'oblige pas à rompre cette promesse.
Ses présents avaient plu à Victoria, une information qui le ravit, lui qui avait tant potassé avec lui-même pour trouver de bonnes idées. Après dès années de mariage et des cadeaux aux prix exhorbitants, il arrivait un moment où Ferdinand était à court d'idées. Comment faire mieux, toujours mieux, quand déjà ses présents atteignaient des prix aux valeurs à la hausse et une perfection certaine ?

Grand Dieu, quelle est cette… Chose ?
La question le sortit de ses pensées. Ne voyant pas de quoi Victoria parlait, il observa un instant par-dessus son épaule pour voir ce qu'elle regardait avec autant de... de quoi ? quelle était cette mine à la fois effrayée et dégoûtée ?
Ah ! s'exclama Ferdinand en lâchant momentanément son étreinte, c'est Molosse. Mon chien de garde. Après les derniers évènements je me suis dit qu'il me fallait un fidèle compagnon qui ne me trahirait pas. Le Gouverneur appréciait l'animal à quatre pattes qui en imposait par sa stature et ces deux billes noires et terrifiantes. N'est-il pas magnifique ? souriait-il derrière sa moustache. Amenez-le moi ! ordonna-t-il au gamin qui tenait la laisse. Celui-ci s'approcha avec le chien dont la carcasse était son propre vestige de force et endurance ; des plaies cicatrisées témoignaient des combats qu'on lui avait imposé et dont il était ressorti victorieux. Il devait encore être dressé et passer du temps avec son nouveau maître, pour cela le politicien allait engager quelqu'un de fiable avec les animaux.
Il dormira dans l'étable en attendant d'apprendre le savoir-vivre des Stanford, dit Ferdinand dans un rire amusé tandis que sa main fit le geste de déguerpir à l'attention du jeune homme. Il se tourna à nouveau vers Victoria et lui offrit son bras.

Entrons, nous avons beaucoup à nous dire.

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