Messages : 516 Feuille de personnage Disponibilité RP: Oui Dialogue: #ffff99 Age: 42 Métier: Gouverneur de la Californie Caractéristiques:
Gouverneur de la Californie
Mar 19 Mar - 16:16
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Type de RP: Normal
Date du RP : 13/05/66
Participants : ici participants
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Résumé : Ferdinand est de retour de Sacramento.
Ferdinand Stanford
Inscris le : 10/10/2022
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Gouverneur de la Californie
Mar 19 Mar - 18:38
La diligence était portée par les pas cadencés de chevaux fougueux, sur les sentiers des routes principales. Ferdinand Stanford observait silencieusement depuis la petite fenêtre, les yeux plissés à cause des rayons du soleil. La contrée était chaude en cet après-midi, il devait avoisiner les quatorze heures tandis que l'astre brillait dans le ciel. Un ciel dépourvu de nuages, si dégagé qu'il rendait le paysage encore plus saisissant. C'était sa terre qui se dessinait là sous son regard, avec ses collines ondulantes vêtues de manteaux de pailles et de sables. Au loin, les montagnes s'élevaient telles des sentinelles immuables, leurs sommets embrassant les rayons du soleil ascendant. Nulles rivières ne serpentaient avec grâce en ces lieux, seules les fleurs et les cactus résistantes à l'écrasante chaleur s'épanouissaient sur la route.
En admirant sa belle Californie de l'Ouest, Ferdinand ne voyait pas que poussière et désert. Pour lui, déjà les villes s'étendaient et les américains prenaient possession de cette terre pour l'exploiter, l'enrichir, la développer... L'aimer, en faire leur maison. Son esprit allait plus loin que ce que le présent avait à offrir ; il en avait été de même la première fois qu'il avait posé les yeux sur Victoria Davis, alors encore jeune jouvencelle pleine d'espoirs et de désirs. Son séjour loin de sa femme avait été plus difficile qu'il n'y paraissait. En rentrant dans sa luxueuse chambre d'hôtel, le soir, seuls l'obscurité et le silence avaient su l'acceuillir. Il n'entendait point les petits talons de Victoria au loin, qui se rapprochaient avec enthousiasme vers lui, heureuse de son retour. Il ne sentait pas son parfum, ne pouvait goûter à ses lèvres à sa guise. Lorsque la chérir d'un baiser devenait si fort, Ferdinand fermait les yeux dans un long soupir, se remémorant ce dernier baiser avant de la quitter. Et alors, c'était presque comme s'il avait pu la sentir. Mais dans peu de temps, ses désirs deviendraient réalité palpable. Son domaine n'était plus très loin.
Le gouverneur sortit légèrement la tête via la fenêtre. Arrêtez-vous ! L'ordre ne tarda pas à être exécuter, lui permettant de descendre de la voiture. Il fit quelques pas vers la seconde diligence qui le suivait de près, avec tous ses effets personnels ainsi que le troisième chariot contenant la cage du chien. Celui-ci était allongé, suffoquant, son habitacle ne le préservant pas du soleil. N'avez-vous pas vu que cette pauvre bête meurt littéralement de soif ?! gronda Ferdinand, son regard meurtrier posé sur le pauvre garçon qui ne servait qu'à s'assurer que les bagages ne se perdent pas en route. Et bien remuez-vous, allez chercher de l'eau ! L'adolescent s'activa aussitôt, il avait visiblement déjà perdu trop de points et ne devait plus compter sur une grasse rémunération. En attendant que ce sombre imbécile ne revienne avec une gamelle pleine, Ferdinand ouvrit la cage et caressa les oreilles du canidé. Chh, chhh... murmura-t-il d'un air paternaliste. C'était son premier vrai animal, après tout et il découvrait encore tout. Ce qu'il savait en revanche était cette grande affection qu'il portait déjà. C'était étrange d'ailleurs, d'aimer plus facilement un chien qu'un autre être humain. Molosse bougea lorsque l'eau arriva, il put se désaltérer durant de longues minutes, reprenant petit à petit ses esprits. Ferdinand se plaisait à se dire que ses caresses y étaient elles aussi, pour quelque chose. M'sieur Stanford, ce chien me faisait un peu peur, j'osais pas le réveiller. Ca m'étonne que votre femme pense que ça puisse b- Ne parlez pas de ma femme, le coupa le politicien. Il ne supportait pas qu'on parle de Victoria sans la connaître, qu'on s'imagine pouvoir deviner ses pensées alors qu'elles étaient toutes uniques. Non mais de quel droit vous sentez vous capable de savoir ce qu'elle pense ? Vous n'êtes même pas fichu de réaliser une tâche aussi simplette que cette de veiller à mes affaires ! Et en tant assis, de surcroît ! Le jeune baissa la tête, confus et sûrement désolé, mais trop effrayé pour le dire. Alors que Molosse bougeait bien plus, rassurant Ferdinand, celui-ci poussa un soupir avant de s'asseoir sur le bord du chariot pendant que son chien se dégourdissait les pattes. Il regarda du coin de l'oeil le garçon et soudain, peut-être parce qu'il allait bientôt devenir père, il eut un sentiment pour le moins inattendu. Un brin de culpabilité le rongea d'avoir ainsi crié. Bon, ce n'est pas grave, passons... Comment votre père vous a-t-il appelé ? L'adolescent surprit, hésita presque à répondre. Vous v'lez savoir c'mment j'm'appelle, m'sieur ? Ferdinand soupira. Certes, c'était le but de ma question. J'suis Brandon Wells, m'sieur. Pourquoi diable mâchez-vous vos mots lorsque vous parlez ? Si vous aspirez à devenir quelqu'un, par pitié, exprimez-vous comme un gentleman et lisez. Brandon acquiesça de la tête mais rajouta qu'il n'allait sans doute jamais devenir quique ce soit, sa famille étant trop pauvre. Son histoire déprimante aurait pu exaspérer le gouverneur, mais celui-ci répondit très simplement. Madame ma mère, Adelaide Stanford, offre des bourses aux jeunes studieux de la classe moyenne. Ses yeux transpercèrent de haut en bas le petit. Ou dans votre cas, de la basse classe moyenne... Quoiqu'il en soit, je lui donnerai vos coordonnées afin de vous offrir une chance. Le Gouverneur se leva et dépoussiéra sa redingote avant de siffler vers Molosse qui le rejoignit au pas. Avant de remonter dans sa diligence, il adressa un dernier regard à Brandon. Savourez ce jour où vous n'êtes que Brandon, et voyez comme le début de votre nouvelle vie commence, monsieur Wells.
Une quarantaine de minutes plus tard, les trois voitures entraient dans le domaine des Stanford. Il n'avait jamais été aussi heureux de rentrer, et la première personne qu'il désirait voir était son épouse. Elle lui avait manqué, si fort et comme jamais auparavant. Les conditions tendues de son départ n'avaient pas aidés et que personne n'en doute, cet éloignement et cette solitude avaient su le faire réfléchir. Avoir frappé Victoria le hantait encore et le regret de son geste se faisait amer, plus chaque jour, comme un péché qui se rajoutait d'emblée à cette pile déjà forte d'un poids conséquent. Ses présents l'espérait-il, auront su être apprécié par la maîtresse de maison. Enfin, diligences et chariot s'arrêtèrent. On lui ouvrit la porte alors que Brandon accourut pour prendre la laisse de Molosse, pendant que Ferdinand retrouvait les siens...
Ses yeux cherchaient ce visage doux, d'une beauté sans pareille, il cherchait Victoria.
« Petit fripon que tu es ! Rends-moi donc ce fil ! » Le chiot remuait la queue avec allégresse, comme provoquant sa maîtresse, ne parvenant à lui arracher qu’un rire franc et amusé. La mine réjouie de Victoria Stanford tranchait avec ce reflet qu’elle avait su croiser, un mois plus tôt. Et la petite boule de poils arrivée une dizaine de jours plus tôt avait su apporter sa contribution à cela.
Au départ outrée que Ferdinand puisse songer se faire remplacer aussi aisément que lorsqu’il avait invoqué le colonel Anderson, elle avait fini par affirmer que le pauvre animal demeurait innocent des manœuvres manipulatrices de son époux avant, le soir même, de le laisser dormir au pied de son lit. Enfin, ainsi était-ce prévu car la boule de poils tricolore eut tôt fait de trouver le chemin jusqu’aux draps de soie de la maîtresse de maison pour y passer une nuit plus réconfortante encore. Celui qui fut baptisé Lucky, alors, ne cessait plus d’accompagner sa maîtresse dans ses allers et venus au sein de la grande maison qui semblait moins vide, à chaque aboiement aigu qu’il poussait. La peluche gambadait joyeusement ou ne rechignait pas à être arraché au sol pour être transporté dans les bras de celle qui lui garantissait une gamelle pleine et de l’affection sans limite. Dès lors qu’elle quittait une pièce pour le laisser dans une autre, il pouvait pleurer à travers la porte close, ne poussant que plus encore Victoria à céder à toutes ses demandes. Comme elle le ferait probablement avec un enfant…
Si tout le monde observait cela avec un œil amusé, tous se réjouissaient surtout de voir l’épouse du Gouverneur reprendre vie, peu à peu. La mélancolie était toujours là, sous-jacente, vite rappelée auprès d’elle pour l’étouffer quand la solitude était plus grande, quand le silence devenait éloquent. Ses nuits étaient moins sujettes aux terreurs, aux horreurs et enfin, il lui semblait possible de trouver le repos sans être condamnée à prendre quelques remèdes – et fort heureusement puisque plus personne n’était là pour les lui façonner. Joshua n’était jamais loin, force de propositions pour tenter d’occuper son esprit. Elle avait su comprendre cela au détour de leurs conversations ou de simples moments passés en compagnie de l’autre. Elle lui en était profondément reconnaissante et remerciait Dieu pour lui avoir rendu ce qui s’apparentait finalement le plus à un ami, en ces terres désolées. Il y avait également la jeune miss Swan et sa bonté de cœur incroyablement grande. Victoria, dès lors qu’elle observait le regard de la jeune blonde, se sentait gonflée d’orgueil et avait cet étrange sentiment d’avoir le droit d’exister. Louisa et Jenson avaient beaucoup œuvré à son confort et bon nombre des employés de cette maison méritaient une augmentation ou une prime pour leurs efforts durant l’absence de leur maître. Et enfin, il y avait lui. L’homme qui avait su se glisser dans ses pensées, apaisant quelques cauchemars par sa soudaine présence dans ces derniers, tel le héros qu’on avait su lui décrire, une décennie plus tôt. Victoria aurait pu abuser de cette protection qu’il lui garantissait pour mieux exiger de lui sa seule compagnie mais elle savait les devoirs du Colonel nombreux et ne souhaitait pas le forcer à la retrouver, lui qui semblait tout aussi fébrile qu’elle dès lors que leurs regards se croisaient. Les rêveries de la future mère se réveillaient, parfois, la poussant à regarder par la fenêtre pour mieux apercevoir l’un de ces hommes en uniforme, espérant presque grimer sur les traits du soldat ceux de Jamie Anderson. Elle n’avait su, encore, honorer sa promesse de visite, mais comptait bien céder à cette requête, sa grossesse n’étant plus sujette à quelques risques, l’enfant se manifestant régulièrement et affirmant sa force. Bien qu’elle l’ignorât véritablement, elle était entrée dans le septième mois de gestation et l’arrondi de sa silhouette n’en était que plus marqué, devenant véritablement complexe à cacher, chose qu’elle ne faisait d’ailleurs plus.
En ce début d’après-midi, Victoria avait su profiter des rayons du soleil de ce printemps bien installé pour faire placer une couverture dans l’herbe du parc qui tendait à de densifier. Quelques fleurs s’étaient montrées, révélant leur beauté dans un lieu pourtant désertique et cette éclosion avait su faire renaître la propriétaire des lieux. Agenouillée avec soin sur le drap matelassé, elle avait entamé un nouvel ouvrage de broderie, Lucky venant temporairement l’interrompre par quelques facéties dignes d’un chiot joueur. Tant qu’il n’abimait pas le travail accompli, finalement… Le laissant s’agacer de ce fil qu’il avait su trouver, Victoria reprit son ouvrage, ses doigts grâcieux maintenant un peu plus le cercle de bois qui tendait le tissu du mouchoir afin de mieux venir y piquer son aiguille, agrémentant de nouvelles couleurs les pétales d’une fleur ondulant autour d’initiales bien connues. F.S. Elle espérait que chaque attention laissée à son époux, au fil de leurs correspondances, le convainque de mieux lui revenir dès lors ses affaires terminées. Car des mots, ils avaient sur s’en échanger, Victoria appréciant se livrer dans des correspondances qu’elle avait su agrémenter de diverses attentions. En retour, il y avait eu Lucky. Et puis, une robe qui n’aurait su être ouvragée par la talentueuse Madelyn Swan qui ne pouvait se vanter de posséder de telles étoffes. Avec le vêtement, Victoria avait su trouver une parure et des chaussures. Il la gâtait, comme il avait toujours su le faire, pensant à elle, par obligation ou non. Les attentions l’avaient touché et, de son côté, Victoria avait également su faire préparer cette nouvelle toilette pour mieux surprendre son époux. Pour l’heure, non inquiétée du retour de Ferdinand car nullement prévenue de ce dernier, elle portait l’une de ces robes printanières d’un vert pâle qui dégageait ses épaules qu’elle couvrait toutefois d’un châle, tant pour ne pas ressentir la fraîcheur que l’ombre pouvait procurer dès lors qu’un nuage voilait l’astre brûlant, que pour dissimuler de la vue de tous les sinistres initiales qui ornaient la peau de son omoplate gauche à demi dévoilé. Les deux H ne partiraient jamais, indélébiles, gravés littéralement dans son derme qui avait été recousu avec soin. Les points se devinaient encore mais le docteur Riagal lui avait assuré que ces marques ne resteraient pas, que le temps les effacerait. Les sillons tracés dans sa chair, en revanche, lui appartiendraient pour toujours.
Affairée à son travail, ce ne fut que la voix de Louisa qui la tira de ses efforts, cette dernière accourant alors vers elle avec hâte. Haussant ses sourcils parfaits, Victoria la dévisagea longuement avec un léger sourire. « Allons bon, Louisa ! Que vaut cet inutile effort ? » A travers le souffle coupé de la domestique, Victoria comprit qu’une diligence s’avançait. Son expression changea, fronçant désormais les lignes qui surplombaient ses yeux. « Mais.. Nous n’attendons personne… » Monsieur Tiffany était bien sorti pour affaire mais pourquoi donc faire toute une histoire d’un résident permanent à la demeure ? C’est monsieur Stanford, madame. Les yeux de Victoria s’écarquillèrent alors, les mots de sa femme de chambre prenant peu à peu sens. « Ferdinand… ? Il… Il est là ? » Ses doigts s’étaient figés et il ne fallut guère plus qu’un acquiescement de tête de la jeune métisse pour que Victoria comprenne l’impact de ces mots, sa broderie quittant ses doigts longilignes. « Oh mon Dieu… » Avec une hâte non dissimulé, elle se redressa, soutenant son ventre rond alors qu’elle se levait. « Faites rentrer ces affaires et… Remontez donc Lucky dans mes appartements. » Son corps battait lourdement contre sa poitrine alors même que ses doigts soulevaient le bas de sa robe, sa poigne se refermant sur le tissu pour faciliter son avancée.
Avec empressement, elle remonta l’allée jusqu’au domaine, pénétrant ce dernier par la porte fenêtre de la terrasse. Ferdinand était là. Et elle n’était ni correctement peignée, ses longs cheveux étant simplement attachés. Ferdinand était là et elle n’avait pu porter cette pièce maîtresse qu’elle avait espéré pouvoir enfiler afin de se sentir mieux. Ou même cette robe qu’il lui avait offerte, pour l’honorer. Ferdinand était là. Et elle n’avait absolument rien pu faire préparer en conséquence, piètre maîtresse des lieux incapable d’accueillir l’homme qu’elle aimait avec justesse. Ferdinand était là… Et tout le reste, finalement, n’avait que bien peu d’importance car elle avait si ardemment espéré cet instant que son cœur, seul, pouvait encourager ses jambes à traverser le hall jusqu’à la grande porte de leur demeure, ouverte. Jenson devait déjà être là, lui qui était si bon dans son rôle. Avait-il d’ailleurs encouragé Louisa à venir la trouver ? Pourtant, le claquement régulier des souliers de Victoria sur le sol ralentit avant de s’arrêter, un instant. Sa main, machinalement, vint se porter à sa joue. C’était un mois plus tôt mais… Les choses avaient-elles changées ? Désirait-il la revoir ou bien la repousserait-il encore avant de s’enfermer à nouveau dans son bureau. La peur se distilla dans son esprit, poison néfaste qui vint raviver les doutes, qui laissa un instant la place au réconfort trouvé en une autre compagnie se rappeler à elle, les lèvres délicates de l’homme se posant sur le dos de sa main nue…
Victoria ferma un instant les paupière, soufflant longuement avant de s’avancer jusqu’au seuil de sa demeure. Son regard, alors, fut naturellement attiré par la vision si longtemps fantasmée de son époux qui se tenait là, comme espérant la voir. Était-il heureux ? Les lèvres entrouvertes, elle resta là quelques secondes à le dévisager longuement, comme cherchant à le reconnaître ou à reconnaître les changements. « Ferdinand… » Un souffle glissé entre ses lèvres alors qu’elle hésitait, comme cherchant la permission de mieux pouvoir le retrouver, de mieux pouvoir l’étreindre. Pas à pas, elle descendit les marches, ne le quittant jamais des yeux, son monde n’étant plus fait que de lui et lui seul.
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Dim 14 Avr - 21:35
Son regard avait déjà plusieurs fois scruté l'entrée de la demeure, sans trouver son épouse qui l'attendait là de pied ferme. Il ne s'était pas imaginé qu'elle serait restée prostrée là jour et nuit à attendre son retour, bien évidemment. Ferdinand préférait la savoir allongée ou occupée à quelque distraction de femme qui la tranquilisait. Son arrivée n'avait même pas été prévenue de façon précise, les aléas des trajets pouvant mettre à mal celle-ci. Il ne dut cependant pas attendre bien longtemps pour que se dessine cette silhouette élégante devant la porte. Il sourit doucement, un sourire qu'elle aurait sans doute peine à voir de loin. Revoir son visage et la clarté de ses yeux réveilla en lui un sentiment de manque et d'amour immense, que nul ne pouvait combler excepté cette précieuse lumière émanant de Victoria. Elle descendait les marches tandis que naturellement, lui venait à sa rencontre, sa marche se faisant plus rapide à mesure que la distance se réduisait, à mesure que celle-ci ne finisse par être inexistante. Pour l'heure les conventions et les codes de la Société lui importaient sans aucune façon, ses mains venaient prendre ce doux visage dans une emprise délicate mais à la fois si possessive. Ses pupilles émeraudes se figèrent un court instant sur elle et enfin, enfin il pouvait voler ce baiser qui avait hanté ses nuits depuis un mois. Un mois qui lui avait paru être plus qu'une éternité. Les années s'écoulant avaient rendu les séparations de longue durée plus difficile à chaque fois, sans que Ferdinand ne comprenne pourquoi. Avant, il avait moins de peine s'il ne la voyait pas. Mais avant, il n'avait jamais levé la main sur elle... Sa bouche caressant la sienne, le ramenant à une réalité plus confortable qu'une San Francisco évoluée, le Gouverneur se ficha éperdumment des regards posés sur eux et du silence qui accompagnait leur retrouvaille. Ses doigts descendirent jusqu'aux épaules de Victoria, puis à ses bras, qu'il saisit doucement. J'ai désiré te retrouver à la seconde où je t'ai quitté, soufflait-il en appréciant encore le goût de ce baiser. Son sourire était toujours là, qui dévoilait à la dame des lieux, la véracité de ses paroles. Le Gouverneur n'était pas un menteur qui se jouerait de sa propre épouse, mais n'était qu'un homme blessé et amoureux de sa propre image que renvoyait les yeux de Victoria. Dans le regard de sa femme, il se voyait tel qu'il n'était pas mais voudrait être. Elle avait une vision de lui faussée, Ferdinand le savait, mais il était très réconfortant pour lui de s'abreuver dans cette source d'eau vive. Omettre des détails pourtant importants, vivre dans le déni d'une identité obscure, tels étaient le poids de ses tourments pour garder un semblant de contrôle sur tout. Tes lettres ont su m'apaiser, à chaque lecture que j'en faisais, c'était comme si tu étais là, murmura-t-il tandis qu'il la caressait du bout de ses doigts. Il n'avait cure de la toilette de son épouse, il ne la regardait pas en ces termes, trop désireux de se retrouver seule avec elle. Sa main droite se porta sur son ventre gardant au chaud son héritier, qui avait l'air plus arrondi qu'à son départ. Notre fils se porte bien et c'est grâce à toi, tu as su veiller sur lui. Rassuré par la mine colorée de Victoria, il l'était, surtout après la lettre que Joshua Tiffany lui avait écrite. Il était reconnaissant envers son associé et allié, d'avoir été tenu informé des informations que sa femme avait pris soin de ne pas lui révéler. Il comprenait l'intention, ce n'était pas un idiot ; elle n'avait pas voulu l'inquiéter en le sachant en proie à d'autres problèmes.
Des aboiements le firent se retourner, avisant ce chien par-dessus son épaule. Il l'avait presque oublié. As-tu reçu mes présents ? T'ont-ils plu ? demanda-t-il en reportant sur elle toute son attention, désireux de savoir si les attentes de sa dame furent comblés. Es-tu... heureuse, de mon retour ? Sa question se légitimait à cause du départ houleux, il y a de ça quelques semaines...
Chaque pas menait un peu plus à lui. A chaque marche qu’elle franchissait, la distance qui les séparait se réduisait, devenant rapidement moindre. Ses yeux clairs n’étaient pas concentrés sur les divers endroits où elle devait poser ses pieds mais bien sur le seul homme que Dieu avait choisi de placer sur sa route pour devenir sien. Le regard du Gouverneur ne la quittait pas davantage, ses mèches blondes encadrant son visage stoïque à la moustache soignée. Le cœur de Victoria battait lourdement contre sa poitrine alors qu’il se mettait en marche, se dirigeant droit vers elle, l’aidant à venir à sa rencontre en agissant de même. Rapidement, ils purent se retrouver et Victoria cilla quand les mains de Ferdinand se levèrent de concert vers son minois délicat, l’entourant de ses doigts fermes. Elle se figea un instant, les iris clairs vibrant sous l’intensité de son regard, sous ce temps soudainement immobilisé car le monde entier semblait s’être arrêté. Puis, lui volant son souffle, il vint plaquer ses lèvres contre celles de son épouse qui céda à cette caresse dans un soupir de soulagement, se laissant aller tout entière à ces retrouvailles doucement agréables. L’une de ses mains vint trouver sa jumelle, caressant le dos de l’extrémité de Ferdinand quand la seconde se glissa jusqu’à sa veste, tiraillant machinalement le tissu pour que jamais plus il ne puisse s’éloigner d’elle.
Tout ce mois avait été si long et enfin, Victoria avait le sentiment que sa douce agonie prendrait fin à cette heure, à ce moment précis. Par ce baiser, Ferdinand lui rendait le droit de vivre, de lui survivre. La caresse suave de ce baiser se fit appuyée, plus longue qu’elle n’aurait pu l’espérer et si courte, pourtant, tandis que délicatement, il se détachait d’elle. La supplique de son regard était saisissante et silencieusement, elle ne faisait que lui hurler sa volonté de ne plus jamais le voir la quitter. Sinon, qu’adviendrait-il d’elle ? Les mains de Ferdinand quittèrent son visage, glissant le long de son être pour mieux la prendre doucement par les bras, Victoria levant machinalement les mains vers le torse et la nuque de son époux, s’offrant à lui dans une étreinte encore maîtrisée. J’ai désiré te retrouver à la seconde où je t’ai quitté. Un maigre sourire vint étirer les lèvres charnues et rosées de la maîtresse des lieux, qui observait Ferdinand avec la même intensité, admirant ce sourire qu’il lui offrait, lui permettant d’éprouver toute la satisfaction du monde. « Et j’ai espéré ton retour chaque jour que Dieu a fait, dès lors que ta diligence a passé les limites de notre propriété… » Sa main glissa jusqu’à la joue de Ferdinand, la cajolant avec douceur, la pulpe de ses doigts se réchauffant au contact de sa peau.
Tes lettres ont su m’apaiser, à chaque lecture que j’en faisais, c’était comme si tu étais là… Le sourire de Victoria s’étira un peu plus alors qu’elle penchait légèrement la tête sur le côté. « L’idée folle de te surprendre en me présentant véritablement à toi à Sacramento m’a traversé l’esprit de bien des manières mais… Je ne voulais pas te décevoir… » Aurait-il seulement apprécié la voir avec tant de surprise ? N’aurait-il pas su lui reprocher les risques que tout ceci aurait pu provoquer ? Un divertissement face à ses engagements politiques, sans même compter les conséquences sur sa grossesse… Pour sûr, malgré sa volonté, Jenson avait su la préserver de cette idée folle et de cette envie de le retrouver plus tôt qu’il ne l’aurait visiblement fallu. Et puis, entre temps, bien des choses étaient arrivées…
La main de Ferdinand vint trouver l’arrondi marqué de son ventre et la main de la jeune fin vint se replacer contre la sienne avec douceur alors qu’il trouvait satisfaction à voir son enfant gagner en place et probablement en force. Notre fils. La veille de son départ, il s’était attribué à lui seul la propriété de cet enfant, la traitant comme moins que rien, la reniant même dans son rôle d’épouse et de mère. Aussi, l’entendre l’inclure dans la création de cette famille apaisa doucement le cœur meurtri de la jeune femme qui laissa échapper un léger rire. « Il est fort… Et je n’aurais jamais pu veiller sur lui si toute notre maisonnée n’avait veillé sur moi durant tout ce temps. » Car la lumière qu’elle était avait de trop nombreuses fois vacillée face aux ténèbres. Qu’en dirait le majordome à son maître quand ils se retrouveraient tous deux. Saura-t-il garder certains de ses secrets ?
Elle sursauta face à un bruit qui ne lui était pas familier, grondement rugissant d’une bête monstrueuse qu’elle ne vit pas immédiatement, fronçant les sourcils en direction du canidé sans parvenir à l’entrevoir, happée par la présence de Ferdinand. As-tu reçu mes présents ? T’ont-ils plu ? Elle hocha doucement la tête. Es-tu… Heureuse de mon retour ? L’était-elle véritablement ? L’ombre du colonel en charge de sa protection passa devant elle et pourtant, elle offrit à Ferdinand son plus tendre sourire. « J’ai rêvé de cet instant caque jour passé en ton absence… Evidemment que je suis heureuse. Je n’appréhendais que de ne jamais te voir revenir et si tu avais été absent une semaine supplémentaire, j’aurais fini par atteler moi-même des chevaux à une diligence pour mieux te rejoindre… Ne t’avise plus jamais de me quitter, Ferdinand… » Parce qu’elle en mourrait probablement. Usant de la hauteur que lui offrait la marche sur laquelle elle trônait, elle l’embrassa avec facilité, ses lèvres venant lui démontrer tout le plaisir qu’elle avait à mieux ressentir sa présence contre elles. Le désir lui brûlait les reins alors même qu’elle s’écartait à nouveau de lui. « Tes présents ont su me surprendre mais je les ai apprécié. Je porterai cette robe que tu m’as fait envoyer pour une prochaine occasion… Quant à Lucky, il a su détromper mon ennui… » Le petit chiot la suivait partout, ses grandes oreilles poilues glissant presque sur le sol par la petitesse de sa taille. Un nouvel aboiement se fit entendre et cette fois-ci, Victoria fronça les sourcils, s’écartant légèrement de Ferdinand pour mieux voir le molosse qui tirait sur la laisse, cherchant à venir dans leur direction. « Grand Dieu, quelle est cette… Chose ? »
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Dim 19 Mai - 14:28
Victoria l'avait dit, elle s'était langui de son retour au domaine, tout comme lui avait pu compter les jours qui s'écoulaient si lentement. Une lenteur extrême que Ferdinand avait jugé être sa punition divine, pour être parti malgré ses obligations, pour avoir... il secoua doucement la tête. Sa femme le regardait avec une telle dévotion et intensité, qu'il était évident qu'elle lui avait pardonné son faux pas. Quelle femme aimante ne pardonnerait-elle pas les écarts de son mari, après tout ? Au fond de lui, les regrets s'étaient installés dans son esprit tortueux. A l'âme qui n'avait pourtant plus aucune place pour d'autres tâches noires, le voilà assailli de putrides miasmes comparables aux émanations de l'Enfer ; là où il règlerait ses comptes pour l'éternité, Ferdinand le savait. Ces tâches noires enlaidissaient son regard se faisant plus sombre, ses traits plus durs, sans jamais toucher cependant à la face charmante que le diabe lui-même lui permettait de garder pour entretenir ses desseins. Elle était épargnée, conservée pour mieux séduire, pour arriver à ses fins. La main, douce et aimante, de sa femme le sortit de sa terrible introspection. Il sourit à cette caresse tant de fois imaginée, seul dans sa grande chambre de Sacramento. L’idée folle de te surprendre en me présentant véritablement à toi à Sacramento m’a traversé l’esprit de bien des manières mais… Ferdinand avisa cette idée, certes folle, mais fort plaisante. Il s'était senti si vulnérable dans sa solitude, qu'il aurait tout donné contre la chaleur de Victoria, contre ce parfum qui l'aidait à trouver le sommeil, contre la sensation de ses cheveux lui chatouillant le nez lorsqu'ils dormaient l'un contre l'autre. ... je ne voulais pas te décevoir. Des mots éprouvants pour Ferdinand qui les reçut comme des poignards le tranchant à vif. Il resta figé, Victoria contre lui, sans savoir que répondre à cette fatalité ; celle où sa propre femme avait peur de lui, où elle n'osait pas sortir du cadre qu'il avait construit et établi... par crainte. Il ressentit de la honte, elle s'immisçait en lui à l'image même d'une décharge glaciale parcourant sa colonne. Si une épouse craignait son époux, c'était que celui-ci avait échoué, n'est-ce pas ?
Ses mains posées sur les bras de Victoria serraient davantage leur emprise d'une façon douce, loin des manières possessives et brutales qu'il avait pu déjà démontrer. Tu m'en vois... vraiment navré... dit-il d'un air coupable, les yeux cherchant un soutien dans ceux de Victoria pourtant dépourvus de haine, de colère. J'aurai apprécié que tu me fasses un tel cadeau. Ca m'aurait surpris, c'est vrai, mais agréablement. Rien n'était gâché et il n'était pas trop tard pour qu'elle le surprenne à nouveau, elle pouvait lire cela dans le regard de son époux qui lui souriait tendrement. Trop heureux de la retrouver, rien ne pouvait altérer ce sentiment de bien-être et de quiétude. Elle lui raconta comme leur fils était fort, mettant également en avant la maisonnée toute entière qui avait su veiller sur la mère et l'enfant. Ferdinand leva ses yeux clairs et perçants sur leur domestique qui partageait les retrouvailles de leurs maîtres dans un silence presque religieux. Pas une mouche ne sembla voler et personne n'osait ouvrir la bouche. Il hocha de la tête, même si pour lui ça n'avait rien d'exceptionnel. Tous ces gens étaient payés pour faire ce qu'ils font, c'était leur travail. A son départ il avait donné des directives à Jenson qui avait lui-même dû les transmettre au reste de l'équipe, alors apprendre que le travail avait été accompli n'était qu'un juste retour des choses. Mais Victoria Stanford était une belle âme qui voyait le monde d'un regard bien plus léger que son mari, et cette vision de la vie à travers elle, plaisait à Ferdinand. Alors il se contenta de sourire.
J’ai rêvé de cet instant caque jour passé en ton absence… Evidemment que je suis heureuse. Je n’appréhendais que de ne jamais te voir revenir et si tu avais été absent une semaine supplémentaire, j’aurais fini par atteler moi-même des chevaux à une diligence pour mieux te rejoindre… Ne t’avise plus jamais de me quitter, Ferdinand… La femme du Gouverneur devait le savoir, que c'était impossible. Mais elle le lui demanda néanmoins, cette chose impossible, comme convaincue qu'aucun obstacle ne pourrait se mettre sur le chemin de son époux. Il aimait entendre ces mots sur ces lèvres-là, les siennes particulièrement ; ils prouvaient que Victoria le voyait comme l'homme qu'il était. Puissant et capable d'obtenir ce qu'il veut. Très bien, répondit-il sur un ton qui laissait croire qu'il cédait aux exigeances de sa femme. La prochaine fois que je vais devoir m'absenter, tu seras avec moi, promit Ferdinand en espérant de tout coeur que la vie ne l'oblige pas à rompre cette promesse. Ses présents avaient plu à Victoria, une information qui le ravit, lui qui avait tant potassé avec lui-même pour trouver de bonnes idées. Après dès années de mariage et des cadeaux aux prix exhorbitants, il arrivait un moment où Ferdinand était à court d'idées. Comment faire mieux, toujours mieux, quand déjà ses présents atteignaient des prix aux valeurs à la hausse et une perfection certaine ?
Grand Dieu, quelle est cette… Chose ? La question le sortit de ses pensées. Ne voyant pas de quoi Victoria parlait, il observa un instant par-dessus son épaule pour voir ce qu'elle regardait avec autant de... de quoi ? quelle était cette mine à la fois effrayée et dégoûtée ? Ah ! s'exclama Ferdinand en lâchant momentanément son étreinte, c'est Molosse. Mon chien de garde. Après les derniers évènements je me suis dit qu'il me fallait un fidèle compagnon qui ne me trahirait pas. Le Gouverneur appréciait l'animal à quatre pattes qui en imposait par sa stature et ces deux billes noires et terrifiantes. N'est-il pas magnifique ? souriait-il derrière sa moustache. Amenez-le moi ! ordonna-t-il au gamin qui tenait la laisse. Celui-ci s'approcha avec le chien dont la carcasse était son propre vestige de force et endurance ; des plaies cicatrisées témoignaient des combats qu'on lui avait imposé et dont il était ressorti victorieux. Il devait encore être dressé et passer du temps avec son nouveau maître, pour cela le politicien allait engager quelqu'un de fiable avec les animaux. Il dormira dans l'étable en attendant d'apprendre le savoir-vivre des Stanford, dit Ferdinand dans un rire amusé tandis que sa main fit le geste de déguerpir à l'attention du jeune homme. Il se tourna à nouveau vers Victoria et lui offrit son bras.
Sa présence semblait si irréelle, comme un rêve doux qui était venu chasser l’ensemble de ses cauchemars. Quand le ciel tournerait-il à la noirceur orageuse ? Quand les sourires s’effaceraient-ils pour laisser place à la terreur et à l’horreur ? Sentir sa chaleur contre elle et la douceur de ses traits sous ses mains achevaient peu à peu de la convaincre que tout ceci appartenait à une surprenante réalité qui ne faisait que faire danser son cœur avec plus d’entrain. Alors non, pour rien au monde elle n’aurait voulu le décevoir et gâcher ces retrouvailles à la saveur délicate, elle qui mourait d’envie de l’embrasser encore et encore, jusqu’à ce qu’il se lasse d’elle et de ses lèvres.
Pourtant, il s’était figé face à ses mots, lisant en eux la peur qui sommeillait dans le cœur de son épouse. Pouvait-elle seulement la cacher, cette peur qui la terrassait à chaque fois qu’on avait cherché à comprendre ce qui la tourmentait ? Elle avait tant souhaité éviter aux autres de s’immiscer dans ce couple qu’elle avait vainement tenté d’éluder les problèmes que traversaient les Stanford mais bien trop d’yeux avaient été rivés sur elle et les plus proches domestiques de la maîtresse de maison n’étaient plus suffisant pour la soutenir dans ces tourments. Tu m’en vois… Vraiment navré. Elle déglutit avec force, espérant qu’il ne puisse trop lire en elle comme elle se retenait, comme elle agissait avec méfiance. Pour autant, il chercha son regard, les yeux bleus de la jeune femme se relevant vers ceux de son époux, happés par les émeraudes froides qu’il lui offrait pleinement. J’aurai apprécié que tu me fasses un tel cadeau. Ca m’aurait surpris, c’est vrai, mais agréablement. Elle pinça doucement les lèvres, voyant en ces mots comme un acte manqué, une chance de retrouver son époux ratée. Si elle avait cédé à son désir, peut-être aurait-il mieux apprécié leurs retrouvailles encore… Pour autant, il ne semblait pas lui en tenir rigueur, surpris suffisamment par son idée ainsi énoncée. Et puis, des surprises, elle en avait bien quelques-unes en réserve, désireuse de voir le cœur de l’homme céder face à sa beauté, quand bien même elle était désormais enlaidie de cette vilaine cicatrice qu’elle portait sur l’omoplate gauche.
Mettant en lumière les domestiques, elle observa Ferdinand poser son regard sur eux tous, regrettant l’absence de Louisa momentanément car elle aurait peut-être enfin pu briller aux yeux bornés d’ambition et d’attentes de son époux. Au lieu de cela, il lui sourit tendrement, comme satisfait d’entendre que l’enfant allait bien et que chacun avait accompli sa tâche comme il le fallait. Là, tout contre lui, elle se sentait enfin mieux, capable de respirer, capable de vivre. Alors oui, cet instant avait été si profondément désiré qu’elle le lui souligna, tout comme elle lui rappela à demi-mot sa peur de ne pas le voir revenir, sa crainte d’être abandonnée par ses soins. D’ailleurs, elle le regarda plus sévèrement alors qu’elle tentait de le commander, impératrice d’un cœur qu’elle n’hésiterait plus à broyer si lui jouait encore à écorcher le sien. La prochaine fois que je vais devoir m’absenter, tu seras avec moi. Le regard de Victoria se fit conquérant, son sourire s’alignant à celui-ci alors même qu’elle se sentait soudainement irremplaçable.
L’instant fut de courte durée, son attention se penchant sur une chose ignoble qui aboyait et grognait. Un monstre. Le mot n’était pas sorti de ses lèvres, préférant en faire une chose qu’elle avait déjà en dégoût. Ferdinand se détourna d’elle un instant, comprenant après coup de quoi elle parlait. Ah ! C’est Molosse. Mon chien de garde. Elle cilla un instant alors qu’il la relâchait, lui laissant tout le loisir de le dévisager de ses yeux ronds. « Plaît-il ? » Et à quel moment s’était-il dit qu’il n’avait pas nécessité de mentionner cette immonde créature ? Était-ce pour cela qu’il lui avait fait envoyer Lucky ? Pour que chacun puisse posséder son canidé, l’un étant bien plus mignon que l’autre ? Après les derniers événements, je me suis dit qu’il me fallait un fidèle compagnon qui ne me trahirait pas. Reculant machinalement d’un pas, Victoria observa un instant son époux comme si celui-ci était devenu fou. Car c’était bien cela, n’est-ce pas ? Un coup de folie ? N’est-il pas magnifique ? Grand Dieu, que lui avaient donc fait ces politiciens ? « Magnifique ? Mais enfin Ferdinand… » Comment ne pouvait-il donc pas voir l’horreur que représentait la bête ? Amenez-le moi ! Machinalement, Victoria enclencha la marche arrière, manquant de trébucher contre l’une des marches de l’escalier de pierre, Jenson se montrant suffisamment avenant pour mieux anticiper une éventuelle chute qui n’eut pas lieu. Observant ce qui aurait pu aisément être pris pour la terrifiante bête du Gévaudan, elle ne put masquer son dégoût et sa terreur. « Pour l’amour du ciel, Ferdinand, ce monstre serait capable de dévorer un enfant… » Mieux valait donc que ce petit être ne quitte jamais son ventre, finalement. Il y demeurerait en sécurité, elle y veillerait…
Il dormira dans l’étable en attendant d’apprendre le savoir-vivre des Stanford. Elle cilla comme s’il venait de l’insulter. « Cette bête immonde ne franchira jamais le seuil de cette maison, Ferdinand. Je l’interdis ! » Ne se rendait-il pas compte des dangers qu’ils encourraient tous avec un molosse pareil ? Ce chien avait d’ores et déjà goûté au sang, il n’aurait de cesse d’en réclamer davantage. Son ton laissait transparaître la crainte, certes, mais aussi l’aspect catégorique de cet ordre qu’elle venait de donner. Elle en vie, cette bête n’effraierait personne entre leurs murs. Que lui faudrait-il pour qu’il comprenne ? Que quelqu’un finisse défiguré ? Le jeune homme fut invité à disposer et Victoria laissa l’air sortir de ses poumons, soulagée de ne pas avoir à souffrir davantage encore la présence de cette bête. Ferdinand, alors, lui rendit son attention et lui offrit son bras qu’elle toisa un instant avant de s’en saisir. Entrons, nous avons beaucoup à nous dire. Certainement, oui, s’il avait pris de nombreuses autres décisions aussi loufoques que celle-ci… Saisissant un pan de tissu de sa robe, elle gravit les marches à ses côtés, retrouvant le calme du grand hall. « Où souhaitez-vous donc que l’on s’entretienne ? Au salon ? Dans votre bureau ? Jenson, pourrez-vous faire monter à monsieur de quoi satisfaire son appétit… J’imagine que tu as faim ? » Ce voyage avait dû être pénible, non ? Et finalement, elle ne constata que trop tardivement l’absence d’une tierce personne. « Grace n’est pas avec toi ? »
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Mar 28 Mai - 21:44
Ces retrouvailles prenaient les mêmes formes que celles vécues dans ses rêves. La réserve de Ferdinand Stanford n'en démontrait pas grand chose, mais à ce moment précis il était heureux et aimerait que rien de tout ceci ne prennent fin. Qu'indéfiniment, Victoria lui chuchote qu'il lui avait tant manqué, que le revoir était un cadeau du Ciel, qu'elle l'aimait éperdumment... Mais ces doux songes prenaient un tournant auquel il ne donnait aucune importance : l'air outré de sa femme qui comprenait que ce molosse faisait désormais parti de la famille. Ou tout du moins, du domaine. Magnifique ? Mais enfin Ferdinand… Le Ferdinand en question souriait, un regard attentionné vers sa nouvelle bête, dont il prendrait grand soin. Il avait pensé que son épouse serait compréhensive à cette idée, elle qui savait comme son mari était solitaire. Non pas qu'un chien puisse remplacer un être humain en matière de discussion et réflexion, mais le gouverneur n'aimant pas le genre humain, la perspective lui plaisait d'apprécier le silence en bonne compagnie. Pour l’amour du ciel, Ferdinand, ce monstre serait capable de dévorer un enfant… Elle l'avait appelé ce monstre, un mot qu'elle avait pourtant utilisé pour... il inspira. Il ne devait pas s'énerver, pas laisser de place à son ombre maintenant, tout serait alors gâché. Ferdinand expliqua que le molosse dormirait dans l'étable pour l'instant, ce à quoi Victoria ne tarda pas à donner un avis bien tranché qu'il se fit violence de ne pas relever ; chose très compliquée pour un gentleman de sa trempe. Nous en reparlerons lorsque cela devra être discuté. Tu n'as pas réellement envie qu'on parle de ça cinq minutes après mon arrivée, n'est-ce pas ? Une question réthorique qui clôturait en réalité le sujet. C'était encore et toujours lui le maître des lieux !
En entrant dans le hall de sa grande demeure, il huma l'odeur de sa maison et s'imprégnait de ce qu'elle dégageait. Enfin ses tableaux, enfin ces parquets polis et ces marbres, enfin ce bois et le bruit des talons de Victoria. Où souhaitez-vous donc que l’on s’entretienne ? Au salon ? Dans votre bureau ? Jenson, pourrez-vous faire monter à monsieur de quoi satisfaire son appétit… J’imagine que tu as faim ? Ferdinand laissa un rire lui traverser la gorge, toutes les interrogations de sa femme le laissaient sans répit, elle paraissait encore plus excitée que lui de son retour. Et c'était bon de constater cela. Doucement, Victoria, ma foi tu sembles être restée seule trop longtemps pour t'acharner de la sorte, dit-il en la regardant d'un air rieur. Merci de t'en inquiéter, mais je n'ai pas faim, si ce n'est... Il la dévora des yeux, ceux-ci plongés sur les lèvres de son épouse. Le message était assez évident pour être compris par Victoria, qui savait quel éclat dans le regard de sa moitié signifiait telle ou telle sentiment, émotion, envie. Reprenant une certaine contenance tant qu'ils ne seraient pas seuls, il continua. Le bureau ira très bien, j'ai besoin de retrouver mes affaires. Et voir que tout y est, que rien n'a bougé. Jenson, lorsque Madame retournera dans ses appartements, rejoignez-moi pour les formalités de mon retour. A savoir un rapport complet du quotidien de Madame ou des activités du domaine. Personne n'ignorait que le contrôle abusif était l'un de ses plus grands plaisirs. Prenant la direction du bureau, le couple continua ses retrouvailles dans un dialogue ouvert qui sans nul doute devait réjouir les domestiques. Il était plus plaisant de voir ses maîtres marcher côte à côte que dans un spectacle ressemblant à leur différend la veille de son départ. Grace n’est pas avec toi ? Ferdinand s'attendait à cette question tôt ou tard. Tout va bien pour elle. Grace m'a tenu compagnie à Sacramento quelques jours avant de prendre la décision de rentrer chez ses parents. Nous savions que son séjour ici serait temporaire et il faut croire que le désert de Crimson Town ne l'a pas charmé. Cela tombait bien, finalement. L'accouchement approchait à grand pas et Grace Stanford n'aurait pas su se faire une place au milieu de toute cette agitation, elle qui avait besoin d'espace pour faire son deuil.
En haut de l'escalier, les amants longeaient maintenant le couloir vers le bureau de Ferdinand. Sa clé était soigneusement rangée dans sa poche, tandis que le majordome en possédait le double. Il l'ouvrit et invita d'abord Victoria à entrer, avant de refermer derrière eux pour ne pas être dérangés. Il tourna la clé dans la serrure et la laissa à l'intérieur, puis fit face à son espace personnel. Son oeil de faucon guetta chaque objet, chaque place de mobilier. Les tentures étaient tirées pour laisser la lumière entrer, ne serait-ce que pour sa plante. Il s'en approcha et l'observa de plus près afin de voir si le majordome s'en était bien occupé lors de son absence. Bien sûr, tout était parfait. Que ferais-je sans Monsieur Jenson... murmura-t-il pour lui-même. Puis, enfin, lorsque son tour d'horizon fut terminé il accorda à nouveau son attention à son épouse. Chaque tic-tac de l'horloge paraissait interminable, chaque seconde ajoutant à son désir de la faire sienne une fois de plus. Victoria, murmura Ferdinand, sa voix d'ordinaire froide teintée d'une douceur rare. Il s'approcha d'elle et tendit une main résolue vers ses cheveux pour en défaire la simple attache, libérant ainsi la chevelure soyeuse qui tomba en cascade sur ses épaules délicates. Ses doigts glissèrent alors à travers les mèches, savourant leur texture douce et la chaleur qu'elles dégageaient.
Nous en reparlerons lorsque cela devra être discuté. Tu n’as pas réellement envie qu’on parle de ça cinq minutes après mon arrivée, n’est-ce pas ? Les lèvres pincées, elle ne répondit rien, baissant le regard face au ton courroucé de l’homme à ses côtés. Seulement, à ses yeux, elle n’aurait su réaliser le moindre compromis concernant cette bête immonde qu’il désirait voir au cœur de leur maison. Dirait-il toujours la même chose quand cette créature sortie des Enfers s’en prendrait à leur fils ? Ce combat serait celui d’un autre jour, si tant est qu’elle trouve la force de le mener, elle qui craignait en effet contrarier à nouveau Ferdinand suffisamment pour le voir hausser le ton, perdre le contrôle et s’en prendre à nouveau physiquement à elle. Comme lorsqu’elle avait reçu cette lettre inattendue. Comme lorsqu’elle avait tenté de lui faire part de son grand malheur. Heureuse, elle ne l’était que doucement plus aujourd’hui, apaisée par la présence de Jamie et par le fardeau qu’il avait su lui enlever, bien que réveillant d’autres tourments, et distraite par le retour de Joshua Tiffany sous leur toit, ce dernier ayant su donner de sa personne pour mieux lui permettre de retrouver un peu de légèreté dans son cœur.
Ils entrèrent ensemble et dès lors, elle chercha à aller à l’essentiel, interrogeant son époux sur la suite à donner à ce retour qu’elle n’avait su anticiper, cherchant à remettre de la perfection dans cette soudaine spontanéité. Il rit, forçant sa femme à relever ses sourcils parfaits dans une interrogation certaine, essayant de comprendre les raisons de son hilarité avant qu’il ne vienne les éclairer. Doucement, Victoria, ma foi tu sembles être restée seule trop longtemps pour t’acharner de la sorte. Lui riait alors que tout en elle la poussait presque à éclater en sanglot. Était-ce donc si drôle de l’abandonner comme il l’avait fait ? Avait-il seulement vraiment trouvé l’occasion de la laisser lui manquer ? Elle ne pouvait y croire, pas dans cette phrase prononcée qui vint lui refroidir le cœur. Il l’avait abandonnée. Il avait choisi son devoir avant elle, avant leur enfant. Alors non, elle ne pouvait s’amuser de ce mois terrible qu’elle avait passé à se morfondre, à s’inquiéter de ne le voir revenir. N’avait-il donc su percevoir sa détresse dans ce baiser qu’elle lui avait rendu ? Merci de t’en inquiéter, mais je n’ai pas faim, si ce n’est… Elle frémit devant le regard qu’il lui adressa, avide de sa chair, fauve prêt à bondir pour mieux se délecter de sa proie. Déglutissant avec peine, elle baissa les yeux, perdue par toutes ces choses qu’il la poussait à éprouver. Et comprenant comme son cœur, à lui, semblait assurément plus léger.
Le bureau ira très bien. J’ai besoin de retrouver mes affaires. Elle aurait préféré n’importe quelle autre pièce que celle qui alimentait ses cauchemars, la nuit. Depuis la nuit du 31 mars, elle n’y avait remis les pieds, condamnée malgré elle à faire face à une porte close contre laquelle elle avait pourtant exprimé bien des choses. Soupirant doucement, tâchant de garder le contrôle de ses émois, elle croisa le regard du majordome qui venait d’approuver les dires de son maître d’un hochement de tête. Lorsque Madame retournera dans sa chambre. Ainsi donc, elle ne pouvait plus aller et venir comme bon lui semblait et les directions lui étaient à nouveau indiquées. Il reprenait le contrôle de leur vie, de sa vie, comme il l’avait toujours fait. Jenson ressentait tout cela également et malgré l’absence de mot, son regard lui adressait son soutien. Il ne l’avait que trop vue s’effondrer, s’écrouler avant de tenter de se reconstruire dans les larmes et la peur. Il ne saurait tolérer un autre débordement et un instant, il fut probablement tenté de proposer à son employeur de les suivre pour éviter de doubler les informations mais il connaissait celui qui fut un enfant à ses yeux suffisamment pour comprendre qu’il n’y avait nulle possibilité de défaire la jeune femme d’une toile dans laquelle elle n’essayait plus même de se débattre. A cette heure, il eut la sinistre sensation que, d’une manière, Victoria était déjà condamnée et ce depuis que Ferdinand avait remonté cette allée.
Pour autant, gardant bonne figure, Victoria s’enquerra de l’absence de l’autre Stanford. Il faut croire que le désert de Crimson Town ne l’a pas charmé. La jalousie vint alourdir son estomac. Grace avait pu se saisir d’une échappatoire, s’éloigner et s’en retourner à la civilisation quand elle… Victoria n’avait plus de solution quant à sa volonté de partir, quant à son souhait de regagner leur ville véritable, San Francisco. A cela, Ferdinand trouverait toujours des arguments et, au fond d’elle, elle devinait qu’il n’accepterait de la laisser s’éloigner qu’une fois l’héritier tant attendu né. Mais alors, elle ne pourrait plus quitter sa progéniture et à nouveau, il gagnerait. Là où se trouvait Ferdinand et leur fils, elle devrait rester. Grace n’avait subi nulle contrainte et on argumentait cela par sa non-affection à cette région perdue. C’était si injuste…
Achevant de grimper l’escalier, ils affrontèrent le dédale de couloirs dans le silence, Ferdinand s’offrant un véritable cérémonial pour mieux ouvrir la porte. Pourtant, dès que la clenche vint libérer le battant, un froid glacial vint se saisir de la jeune épouse du Gouverneur. Les tremblements gagnèrent son corps à mesure que l’ouverture se créait, laissant les yeux bleus de Victoria retrouver l’intérieur de la pièce avec effroi, comme s’attendant à voir Hudson lui adresser un sourire carnassier en l’invitant à entrer. Seulement, ce n’était pas la voix d’Hudson qui avait prononcé ces mots mais celle de Ferdinand qui s’était écarté pour mieux lui faire une place. Machinalement, d’une allure presque mécanique, elle pénétra dans la pièce. Elle n’y fit que quelques pas, laissant la place à son époux pour y circuler librement après avoir refermé les lieux. Avait-il fait tourner la clé dans la serrure ? Elle ne notifia pas cette information, son esprit tout entier venant s’accrocher à la pièce maîtresse du mobilier.
Le bureau trônait là, structure de bois massive et vernie. Rien ne semblait avoir changé si ce n’était le désordre qui avait été effacé par le besoin maladif de contrôle de Ferdinand et le liquide pourpre qui avait pourtant décoré le bois. Doucement, Victoria glissa de cette réalité dans laquelle elle se trouvait pour mieux replonger dans l’horreur de cette soirée, comme retrouvant la scène d’un point de vue entièrement spectateur. Ferdinand, à terre, contrôlé par la montagne Amérindienne qui avait détruit son nez d’un coup de tête acharné. L’odeur de cette épaisse fumée de cigare qui avait brûlé cette merveille de tableau, trouant la toile en une auréole presque parfaite. Le son de ses propres cris poussés avec détresse… Elle ne voyait plus Ferdinand qui retrouvait son fief, félicitant son employé le plus loyal bien qu’aux volontés récentes de se faire mutin. Victoria était happée par la terreur qui la rongeait, revivant l’expérience la plus traumatisante de son existence, ayant à nouveau l’impression de sentir le souffle chaud du monstre contre sa nuque alors même que ses doigts caressaient sa peau diaphane…
Victoria. Le murmure la rappela à l’instant présent, ses yeux clairs glissant de ce bureau maudit jusqu’au visage de son époux, jusqu’à ces lèvres qui avaient su prononcer son prénom avec une douceur dont elle n’avait plus souvenir. Ses propres lippes, charnues et rosées, s’entrouvrirent à mesure qu’il s’avançait vers elle, immobile, statufiée par sa simple présence, son regard se relevant à mesure qu’il vint la dominer de sa taille, la distante réduite rappelant cela. Son cœur venait heurter sa poitrine avec une force et une frénésie qu’elle n’avait ressenti qu’à de rares occasions pourtant grandement similaires avec cette situation. Ses longs cils battirent alors qu’il élevait la main vers son visage, son corps retenant un mouvement de recul dans une tension qu’il était possible pour l’homme de percevoir. Elle le craindrait à tout jamais, désormais, c’était une fatalité. Chaque geste de cette teneur viendrait lui rappeler la triste soirée où, d’agacement, il l’avait frappé avec rage. Oserait-elle encore lui offrir une quelconque opposition après cela ? Elle n’était plus certaine d’en être capable car elle finirait inlassablement par plier sous le poids de sa force brute. Soumise créature qui s’évertuait à l’aimer…
Les doigts de l’époux vinrent glisser jusqu’à l’arrière de son crâne, jouant des mèches brillantes pour mieux les libérer de leur attache, déployant sa chevelure sur ses épaules, cascade infinie qui s’écrasait contre ses reins. L’attache finit Dieu sait où alors que les doigts de l’hommes vinrent s’emparer d’une partie de son bien, caressant ses cheveux avec lenteur, venant pousser la jeune femme à sentir son souffle s’alourdir et se raccourcir. Elle le connaissait si bien qu’elle ne doutait pas de ses intentions. Il voulait la posséder, se rappeler comme elle lui appartenait et face à cela, quelle opposition pouvait-elle mener ? Bien que marchant péniblement sur des œufs, c’était là la chose la plus naturelle qu’il soit, entre un époux et sa femme, de s’affirmer leur amour dans une danse charnelle, de se rappeler mutuellement la chaleur de leurs sentiments dans une étreinte passionnée qui n’avait su avoir lieu depuis trop longtemps. Pour autant, elle hésita. « Ferdinand, je… » Le lieu ne se prêtait pas à leur amour, pas après tout ce qu’ils avaient pu y endurer. L’ombre d’Hudson était toujours là, pesant dans ce tableau abîmé, dans le plateau de bois du bureau qui avait été creusé par deux fois… Par ce bureau, tout simplement, contre lequel son sang avait coulé, les mots du monstre résonnant encore dans le creux de ses oreilles. Après, je vais la baiser et tu regarderas. Son regard avait fui vers l’objet de son angoisse, frissonnant face à cette mémoire qui se ravivait de plus belle, son épaule semblant redevenir douloureuse malgré la peau désormais refermée.
Pourtant, quand elle releva le regard vers sa moitié devant le Très-Haut, elle ne put que lire le désir qui l’animait. Si elle posait ses mains sur certaines parties de son corps, Victoria n’avait que peu de doute quant à l’envie de Ferdinand qui régnait là, maintenant. Il n’attendrait pas, c’était là le message que lui adressait ses prunelles brûlantes. Le choix ne lui appartenait que dans la manière d’appréhender l’instant, pas dans le déroulement de celui-ci. Alors, elle laissa la pulsion l’emporter. Sans ménagement, elle se laissa porter vers l’avant, ses lèvres en quête de celles de Ferdinand pour lui offrir un baiser qui n’avait pas la moindre retenue. Et malgré la douleur qu’elle infligeait à ses principes, le bien qu’elle s’offrait par cette chaleur retrouvée en valait largement la peine. Ses mains s’emparèrent de la chemise que la veste ouverte laissait bien voir et déjà, elle tiraillait dessus, cherchant à retrouver le contact de sa peau sous la pulpe de ses doigts. Et qu’importait l’enfant, qu’importait les discussions plus lourdes, Victoria souhaitait également assouvir ce besoin presque animal qu’elle n’avait eu de cesse de ressentir, alimenté par les souvenirs de ces jours doux qui n’avaient eu de cesse de revenir, depuis plusieurs semaines…
Allons, je suis là… Comme pour mieux lui rappeler qu’il l’avait quittée, qu’il s’était détourné de cette priorité qu’elle aurait dû être alors qu’elle s’effondrait un peu plus chaque jour, frappant à toutes les portes en appelant à l’aide… Elle hésitait, avait tant de choses à lui rappeler dans ce qui étaient ses devoirs conjugaux envers elle. La protection. Où avait-elle été quand Hudson avait chargé leur porte et l’avait mutilée ? La loyauté. Il n’en avait eu aucune quand il s’était agi de la quitter, de s’en tourner vers ses devoirs en l’omettant volontairement d’une équation qu’elle devinait complexe mais qu’elle aurait pu lui simplifier de bien des manières. L’amour. L’aimait-il tant qu’il fut prêt à la détruire, armant son bras contre sa joue, l’intimant au silence et à la peine, l’humiliant même devant les membres de leur personnel. Ces quelques mots n’effaceraient en rien les torts de l’homme mais à sa voix suave glissée contre son oreille, elle sut qu’elle n’avait d’autre choix que de céder. Aussi, elle préféra le faire d’elle-même plutôt que de se voir à nouveau soumise à sa volonté tandis qu’il briserait la sienne. Rompant la distance, Victoria offrit à son époux la passion dévorante qu’il réclamait.
Et finalement, quand leurs souffles se furent apaisés, elle laissa échapper un léger rire. « Ferdinand, je… J’aimais beaucoup cette robe. » Les lambeaux de tissu trahissait la fureur de leur ébat, elle qui portait les haillons à demi, sa poitrine ainsi offerte à son époux qui la cajolait avec une tendresse détonante à ce qu’il avait su lui montrer l’instant précédent. Soufflant longuement, elle passa une main sur sa gorge en grimaçant légèrement, la douleur de sa poigne se faisant encore sentir sur sa peau rougie, marquée plus que d’ordinaire. Son rire se mua en toux légère qu’elle tenta de contrôle, son époux encore allongé sur elle. Glissant ses doigts sur son visage, elle effleura sa joue d’un revers de doigts avant de soupirer à nouveau, sa voix se faisant murmure délicat. « Reste contre moi, s’il te plaît… » Devait-elle le supplier pour cela aussi ? Elle ne pouvait être qu’un exutoire, qu’un passage obligé pour mieux lui permettre de recentrer ses esprits et retrouver la chaleur de son foyer, non. Elle l’aimait tant qu’elle voulait croire qu’il en faisait de même, quitte à la blesser tant il la désirait… Quitte à la tuer. Elle était son univers comme lui était le sien, quand bien même ils étaient si différents et éloignés. Allait-il seulement lui demander de sortir, maintenant que son envie était assouvie ?
Je t’en offrirai mille autres et des plus belles. Le rire de Victoria se joignit à celui de son époux. Il réglait tout de quelques mots agrémentés d’une poignée de billets. Le sentimentalisme n’avait pas sa place dans le cœur du Gouverneur et il n’aurait pas compris qu’elle puisse insister en lui rappelant dans quelles circonstances elle avait acquis ce morceau de tissu, quand bien même cela l’impliquait aussi, elle laissa couler. D’autres robes lui étaient bien plus chères et elle devrait choisir ses batailles. Au moins, ce ne fut ni cette robe récemment réclamée à la jeune Madelyn Swan, ni celle qu’il lui avait envoyé durant son séjour. « Ce soir, je porterai la robe bleue que tu m’as fait envoyer. Monsieur Tiffany ne pourra être qu’émerveillé par ton choix qui n’ira que mieux encore avec le collier que tu lui as demandé de me rapporter… » Des soieries et des pierres. Tout était bon pour montrer à l’homme comme elle entendait lui appartenir, comme elle fournirait des efforts pour mieux le contenter, lui qui était d’une exigence sans pareille, lui qui n’hésitait pas à lui montrer son insatisfaction dans la rage et les cris. Ou pire : dans une ignorance terrible.
Le cajolant avec tendresse, elle fut heureuse de sentir son corps contre le sien quand elle lui demanda de ne pas se détacher d’elle, la main de l’homme venant délicatement caresser son bras, le silence pour ami dans cet instant où Victoria se sentait touchée par la grâce. Depuis quand n’avait-il pas fait étalage de tant de tendresse à son égard ? Cela remontait-il à leur retour de Bodie, premières retrouvailles après une terrible tempête au sein de leur couple. Elle frissonna à cette pensée, tâchant de mieux l’ôter de son esprit pour se focaliser sur l’instant présent, pardonnant avec trop d’enthousiasme les méfaits du Gouverneur qui avait posé sa joue entre les deux collines que formait sa poitrine.
Sacramento a été un calvaire. Si tu les avais vu, Victoria… Elle ferma les yeux, imaginant aisément les requins se jeter sur les restes d’un buffet déjà trop entamé. Au moins, Ferdinand n’avait nullement été physiquement diminué sans quoi, les choses auraient probablement été désastreuses. Le sénateur Caldwell et son parti qui essayaient de me discréditer, moi, le gouverneur ! Ils n’ont toujours pas digéré qu’un démocrate ait été élu et feront tout pour que je m’effondre. Elle pinça les lèvres, baissant le regard sur son époux, caressant sa joue avec tendresse. Elle ne se souvenait que trop bien de Caldwell. L’homme aurait été prêt à vendre ses parents pour mieux s’élever, faisant de lui un serpent de la pire espèce, ne se refusant rien pour gravir les échelons. L’homme avait été assez odieux pour lui exposer un jour un chantage l’incluant, elle. Elle méprisait l’homme au moins autant que Ferdinand le haïssait. Il a osé banaliser ce que tu as pu… Il hésita et elle sentit toute sa douleur dans l’emploi de ses mots. Subir. C’est une raison suffisante pour moi, de le détruire.« Caldwell a toujours aspiré à prendre ta place, mon époux… Il ne s’en est jamais caché et il aura sûrement pensé te voir arriver penaud et brisé à ce qu’il a probablement orchestré comme étant ton procès… » Oh comme elle imaginait aisément la scène. Tout avait probablement été dit et fait pour décrédibiliser Ferdinand et sa place, allant peut-être même jusqu’à suggérer que l’homme devait se recentrer sur ses priorités, sur sa famille. Pinçant délicatement les lèvres, elle soupira.
« Ferdinand… Regarde-moi. » Se redressant, elle le poussa à faire de même, à poser le regard sur elle qui s’accouda alors. « Ce qui est arrivé… Cela nous est arrivé, à tous deux, ensemble. Tu as toute mon affection et tout mon soutien et j’ai à cœur de voir cet immonde personnage plus bas que terre. » Avec tendresse, elle vint se saisir de sa main, se contorsionnant pour mieux la guider jusqu’à cette omoplate abîmée dont il pouvait sentir les reliefs. « Ce que j’ai subi ne doit pas nous diviser… Je refuse de porter un fardeau, Ferdinand et si je dois faire de ces sinistres traces une arme, je le ferais. Caldwell veut faire de moi ta faiblesse… Fais de moi ta force. Je n’ai pas peur, tant que tu es à mes côtés. » Elle vint caresser sa joue, posant doucement son front contre le sien. « Je suis plus forte que tu ne le penses, mon aimé… Je refuse de les laisser dire et agir en toute impunité. »
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Jeu 15 Aoû - 17:46
Les sourires de Victoria étaient contagieux, la preuve étant que Ferdinand était en train de sourire franchement rien qu'à regarder ce visage angélique s'illuminer. Il connaissait mieux que personne ses propres défauts, notamment sa proportion à résoudre les problèmes avec argent et notoriété. L'époux savait que dans son esprit, l'épouse n'en pensait pas moins ; la différence était que Ferdinand ne s'était jamais senti jugé par sa femme. Et qu'est-ce qui te fait croire que cette robe bleue, ce soir, ne connaîtra pas le même funeste destin ? dit-il avec un humour mal placé, le regard dévorant la chair nue de sa moitié. Il occulta avec brio la mention de monsieur Tiffany, bien que c'était leur invité, Ferdinand ne comprit pas pourquoi elle parla de lui dans ce moment intime. Elle n'aurait du penser qu'à lui, son mari et uniquement à ça. Il se fit violence pour ne pas se laisser submerger par cette offense et se surprit à y arriver, par la présence de son fils qui se manifestait alors. Sa main glissa le long de la courbe arrondie du ventre, cherchant à ressentir une nouvelle fois ses mouvements sous cette bulle protectrice. Blotti contre sa petite famille parfaite, Ferdinand était comblé et se sentait bien. Dans sa vie, ce n'était qu'à ces instants éphémères qu'il devait ses micros-joies, secondes de bonheur qui s'envolaient bien trop vites. Il avait cependant fait le deuil d'une vie simple pleine d'amour et de joie, acceptant la sienne et profitant de ces moments quand ils arrivaient soudainement. Parce qu'il ne savait jamais quand serait le prochain instant à chérir.
Caldwell a toujours aspiré à prendre ta place, mon époux… Il ne s’en est jamais caché et il aura sûrement pensé te voir arriver penaud et brisé à ce qu’il a probablement orchestré comme étant ton procès… Ferdinand ne bougea pas d'un cil, tandis que ces mots justes sortirent de ces lèvres innocentes. En réalité, le gouverneur ne s'était pas rendu compte qu'à vivre à ses côtés et à l'entendre parler de politique, son épouse avait acquis un savoir sur tout ce monde et elle n'en laissait rien paraître. L'aurait-elle montré plus tôt, s'il n'avait pas de cesse de répéter qu'une femme ne pouvait pas comprendre ces choses ? que ces sujets étaient pour elles, bien trop complexes ? Ferdinand… Regarde-moi. Il lui obéit, se redressant doucement pour mieux lui faire face. Elle lui dit comme elle désirait voir ce criminel plus bas que terre. Ce souhait avait-il la même signification pour Victoria que pour lui ? Car lui, le tuerait de ses propres mains, s'il en avait l'occasion. C'était ce qu'elle voulait dire ? Son regard émeraude brilla, c'était comme s'il voyait Victoria pour la première fois, encore. Je refuse de porter un fardeau, Ferdinand et si je dois faire de ces sinistres traces une arme, je le ferais. Caldwell veut faire de moi ta faiblesse… Fais de moi ta force. Je n’ai pas peur, tant que tu es à mes côtés. Il lui caressa la joue, se rappelant pour quoi il l'aimait. Il avait toujours su qu'elle était différente de toutes les autres femmes, encore maintenant elle le prouvait avec cette douceur infinie. Crispé lorsque ses doigts touchaient les cicatrices, il ne détourna pourtant pas les yeux. Elle avait raison, il devait en faire fi, ne pas donner raison à ces vautours... Mon amour, j'ai toujours su que tu étais forte... toujours... Ferdinand se pencha et captura sa bouche, la main saisissant tendrement la joue de sa femme. Tu m'accompagneras partout où j'irai, désormais. Après la naissance de notre fils, nous irons le faire baptiser dans la grande église de Sacramento. Ce sera une grande cérémonie ! Où amis comme ennemis pourraient voir comme son couple n'avait pas faibli malgré l'épreuve. Un baptême à Sacramento favorisait la présence des parents Davis et même les siens, mais pour prouver à quelqu'un qu'il avait tort, Ferdinand était prêt à ce sacrifice. Le reste était tout naturel, il devait faire avancer son chemin de fer et présiderait une rencontre à Bodie en ces termes, bientôt. De nouveaux projets de chantiers étaient en cours et quant à eux, ils feront de l'œil aux aristocrates désireux de marquer l'Histoire par leur nom et leur don.
Ferdinand se releva et nu comme un ver, traversa les petits mètres qui le séparaient du bourbon. Il s'en servit un et alors qu'il revenait d'un pas tranquille, reprit la parole. Tu devrais aussi te lancer dans un projet à toi, Victoria. N'as-tu pas une idée qui pourrait prendre vie, que je financerai et qui serait bon pour Crimson ? Mais surtout, que les journaux pourraient se faire un plaisir de relater !
Elle rit plus franchement quand il évoqua la possibilité pour sa prochaine robe de connaître le même sort que les lambeaux de tissu qui furent son vêtement. Le regard brûlant de Ferdinand aurait dû la faire rougir mais elle sut maîtriser ses émois. Après tout, voilà huit années qu’ils étaient mariés, elle savait comme il nourrissait du désir pour elle et n’était plus la jeune ingénue de leurs débuts communs. « Si tu as pour souhait de me voir déambuler nue dans nos couloirs, peut-être devrais-tu songer à mettre tout le monde à la porte… Mais je doute que tu ne le fasses : tu n’aimes que trop quand je porte chacune des pièces que tu as choisies pour moi et cette sublime robe ne fera exception. Et je me dois de te rappeler que le docteur nous a formellement invité à éviter ce genre de chose pour le bien de notre enfant… » Devait-elle se blâmer d’avoir si lâchement cédé à cette tentation ? De s’être laissé aller au vice, oubliant son rôle de mère sur lequel elle travaillait depuis des mois maintenant ? Ferdinand était aussi coupable qu’elle, après tout… Et n’était-elle pas celle qui tentait de le raisonner ? Que Dieu lui pardonne le reste de ses péchés…
Lovée contre lui, allongée sur ce canapé de cuir, elle aurait pu refaire le monde. Soupirant d’aise alors qu’il glissait la main sur son ventre à travers lequel elle sentit un soubresaut, elle sourit avec tendresse. Là, à cet instant, elle était comblée. Oubliées les instants de solitude et la peur de ne jamais voir son époux revenir, comme volatilisées par son simple retour, par ces simples caresses qu’il lui offrait maintenant après avoir su lui rappeler qu’elle était à lui, après avoir réaffirmé l’autorité qu’il exerçait sur elle. Tout était pardonné…
Ferdinand, fort peu satisfait du silence qu’ils partageaient, échangea quelques mots, offrant à Victoria l’opportunité de parler de cette politique qui était tout autant son champ d’action et la source de ses mots. Elle ne se laissa pas prier, prenant le train en marche et exposant ce que ses yeux avaient su voir. Les femmes étaient jugées inaptes à bien des choses par leurs pairs masculins mais elles savaient voir et entendre. Et mieux encore, elles étaient en mesure de comprendre. Ferdinand ne bougea pas cependant, l’écoutant peut-être ou ne s’attardant que sur les intonations de sa voix délicate plus que sur les mots qu’elle formulait. Aussi, elle finit par capter son attention, se redressant de concert avec lui, affirmant sa force et sa volonté certaine de l’épauler. Ça avait toujours été sa place. Ça le serait jusqu’à ce que la mort les sépare, comme elle l’avait formulé dans ses vœux. Elle n’était pas toujours d’accord avec les décisions qu’il prenait et pourtant, elle demeurait à ses côtés, souriante, fière, l’esprit tourmenté. Un jour, elle avait évoqué avec d’autres femmes comme elle craignait un jour voir le Diable à sa porte pour mieux l’abattre. Les autres avaient ri, clamant que le Diable vivait déjà sous son toit. Les faits, aujourd’hui, leur donnaient tort.
La main de Ferdinand vint glisser sur sa joue, le visage de la jeune femme se penchant dans cette direction pour mieux appuyer son contact, pour mieux l’inciter à le prolonger. La main glissa jusqu’à son épaule et à nouveau, elle sentit la pulpe des doigts de son époux venir rencontrer ces lignes tracées dans son dos, lui tirant un léger tressaillement qu’elle ne pouvait maîtriser, encore apeurée de l’éventuelle douleur que le moindre geste saurait engendrer. Leurs regard, eux, ne se détournèrent nullement, l’électricité qui existait entre eux faisant renaître l’alchimie de leurs sentiments partagés. Mon amour, j’ai toujours su que tu était forte… toujours…« C’est toi qui me donne cette force… » Un murmure, comme un secret soufflé qu’il vint interrompre d’un nouveau baiser partagé avec celle qui portait depuis presque neuf années le nom des Stanford. Un nouveau soupir lui échappa, enchantée de cette proximité, de cette douceur… Et puis, à nouveau, il rompit la caresse de ses lippes pour mieux l’observer avec une gravité qui ne faisait qu’appuyer le sérieux de ses propos. Tu m’accompagneras partout où j’irai, désormais. Après la naissance de notre fils, nous irons le faire baptiser dans la grande église de Sacramento. Ce sera une grande cérémonie ! Elle hocha la tête, son sourire s’étirant alors même que ses prunelles brillaient d’un nouvel éclat. Victoria peinait à cacher la solitude qui était sienne en ces lieux et qui la tourmentait, lasse d’un ennui profond qui ne faisait qu’accentuer le manque provoqué par le déracinement, l’éloignement des siens. Sacramento permettrait à ses parents et même à ceux de Ferdinand de les retrouver… Et peut-être perdrait-il l’envie de revenir en ces terres désertes ? « Voilà qu’il me tarde de voir ce jour venir… Peut-être devrais-je commencer à organiser ces choses dès à présent ? A moins que tu ne souhaites me voir t’aider à trouver un levier suffisamment fort à l’encontre de Caldwell ? Sa femme est une mégère qui ne sait tenir sa langue… » Au moins, elle s’occuperait… Au moins, sa vie ressemblerait à celle qui était la sienne.
Son époux finit par se dégager pour mieux se lever, permettant à Victoria de se mettre sur le côté, s’accoudant pour mieux soutenir sa tête de sa main, ses longs cheveux ondulés se perdant déjà dans des nœuds que Louisa mettrait plusieurs minutes à défaire sans lui arracher une grimace. Là, Venus allongée sur le cuir, elle dévisagea son Apollon qui n’avait cure de sa nudité, se dirigeant vers son verre de Whisky, revenant vers elle en le sirotant. Tu devrais aussi te lancer dans un projet à toi, Victoria. N’as-tu pas une idée qui pourrait prendre vie, que je financerai et qui serait bon pour Crimson ? Elle cilla, l’observant un instant comme s’il avait parlé un langage qu’elle n’était pas en mesure de comprendre. « Un projet… A moi ? » Grand Dieu, l’avait-on frappé à la tête durant ce voyage ? Et pourtant, à sa mine sérieuse, elle comprit qu’il avait peut-être à cœur de lui laisser enfin l’opportunité de prouver sa valeur. De faire valoir ses capacités dirigistes. « Je… Eh bien, en premier lieu, il y a l’école, Ferdinand. L’éducation me semblait importante et nous étions avec miss Porter, à l’époque… Bon, je dois confesser que cette institution a manqué de chance. La première professeur a dû quitter les lieux prématurément et la seconde… » Elle déglutit, songeant à l’ensemble des boîtes en bois qui avaient été enterrées, faisant du cimetière de Crimson une annexe à cette ville en expansion. Elle soupira doucement. « Je ne serais pas enceinte, j’aurai probablement tenté d’offrir à ces enfants une bonne éducation mais avec ton absence et ma situation, je n’avais plus à cœur de rien faire… » Elle pinça délicatement les lèvres, détournant un instant le regard avant de reprendre. « Ces enfants… N’ont pas la chance du même avenir que notre fils aura dès lors qu’il verra le jour. Certains n’ont plus même de parents car les attaques de Hope Village et de Crimson n’ont laissé que trop d’orphelins… J’aimerais pouvoir leur offrir un avenir… Ou au moins un toit. » Ses yeux clairs se relevèrent vers Ferdinand. Cette idée, elle l’avait déjà eu, Crimson ayant bien des bâtisses à réhabiliter. La voix de monsieur Tiffany, l’encourageant à trouver son propre cheval de bataille se fit entendre dans sa mémoire et elle se redressa un peu plus. « Un orphelinat ? Nous n’avons nul pasteur pour ces pauvres âmes égarées aussi, je prendrais soin de la gestion de tout ceci… Si tu es d’accord, évidemment… » Car elle ne connaissait que trop les humeurs de l’homme qui se tenait face à elle. Un jour, il lui offrait des ailes et le lendemain, il attendait qu’elle tente de voler pour mieux lui ficher du plomb entre les plumes et la garder tout près de lui.
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Sam 28 Sep - 19:21
Debout face à sa Muse, Ferdinand sirotait dans son verre frais, où teintait les glaçons. Il passa une main sur ses cheveux encore humides après l'effort, alors que ses yeux clairs admiraient la beauté nue étendue sur son sofa. Un projet… A moi ? Sa crédulité, sa naïveté, tout ça était une attraction à laquelle il peinait à résister. Elle possédait tout ce qu'il avait perdu en lui, dans l'enfance, jusqu'à ce timbre de voix si doux qu'il retrouvait chez sa tendre mère avant. Mais sa propre mère avait perdu cette attitude maternelle envers lui, cet amour sans fin qu'elle aurait dû lui donner. A la place, Ferdinand voyait dans ses yeux de la peur et dans ses lettres, trop de formalités. Dans un moment de rapprochement à la lueur des flammes des lanternes, Mr. Jenson lui avait demandé la permission de parler librement, qui fut accordée. Il lui dit : "Monsieur, c'est vous-même qui avez instauré cette relation. J'en ai été témoin au fil des ans." Ca n'avait pas plu au politicien, qui se retira dans sa chambre, sans un mot de plus. Et ils ne reparlèrent plus jamais de cette courte soirée où Ferdinand avait, presque, baissé les armes. Je… Eh bien, en premier lieu, il y a l’école, Ferdinand. L’éducation me semblait importante et nous étions avec miss Porter, à l’époque… Bon, je dois confesser que cette institution a manqué de chance. La première professeur a dû quitter les lieux prématurément et la seconde… Il hochait compulsivement de la tête tout en prenant ses gorgées. L'école, oui, était importante. En finalité, le Gouverneur ne désirait pas voir tous les enfants du village promis à un seul et même chemin ; des portes devaient s'ouvrir pour eux toux. Ma mère serait enchantée si tu lui demandes de l'aide à ce propos. Elle pourrait même envoyer une institutrice sur mesure pour faire la classe. Comme tu le sais, avec l'aval de mon père, elle a pu créer la Bourse Stanford qui favorise la classe moyenne, dit-il avec fierté. Son épouse aussi avait le profil idéal et les moyens à disposition, à savoir son riche mari, pour faire briller leur nom. Il termina son verre et la rejoignit sur le canapé, encore un peu haletant. Sa moustache était encore un peu trempée par son breuvage, lui chatouillant la lèvre supérieure. Je ne serais pas enceinte, j’aurai probablement tenté d’offrir à ces enfants une bonne éducation mais avec ton absence et ma situation, je n’avais plus à cœur de rien faire… il haussa un sourcil. Même dans les meilleures dispositions, Victoria, ce n'est nullement à toi de t'occuper d'enseigner. Ce n'est pas un travail pour nous. Il voulait dire par là, eux, la Haute. Passant du projet d'école à l'orphelinat, il se redressa doucement sur son dossier, attrapant les pieds de sa femme pour les masser tandis que son attention était portée sur le sort des orphelins. Il n'y était pas insensible, mais il n'avait pas non plus la capacité de sauver le monde. Mais encore, ce n'était pas ce que lui demandait Victoria. Elle ne songeait qu'à Crimson et elle avait raison ; ces gens n'étaient-ils pas sous leur protection ?
Bien sûr que la ville a un pasteur, ce n'est pas un laïc qui va s'occuper de l'office du dimanche, ma chérie, répondit le gouverneur qui dans son plus simple apparat, ressemblait à n'importe quel homme épris de sa femme. Mais l'orphelinat me semble être une idée parfaite, elle répond directement aux besoins de Crimson ! Ses doigts glissaient le long de la plante du pied, appliqués à défaire les nœuds. En revanche, ma chérie, et il se pencha vers elle pour un baiser sur le front avant de reprendre sa place, toutes gestions excepté celle de ton propre domaine n'est pas de ton ressors. La gestion d’un établissement est une tâche lourde et exigeante, réservée aux hommes. Il lui sourit sincèrement, heureux que les idées naissaient dans son esprit. Une femme était toujours le pilier d'un homme, aussi indélicat soit-il...