Résumé : La veille du départ de Loya pour la chasse au bison en compagnie de Powaqa et sa bande, Oneida rappelle à son époux une promesse qu'il a faite à son fils Muata.
Les premières lueurs de l'aube filtraient à travers les fentes du tipi, illuminant doucement l'intérieur d'une lueur dorée. Oneida, s'était levée tôt. Aujourd'hui était un jour spécial, le jour où son jeune garçon allait partir pour sa première chasse. Elle savait que Loya, son époux, devait être à ses côtés pour ce moment crucial.
Sans perdre de temps, elle se pencha sur lui, secouant vivement son épaule endormie. "Loya, réveille-toi," dit-elle avec urgence, sa voix vibrant d'anticipation. "Notre fils t'attend dehors. C'est son premier jour de chasse, et il a besoin de toi." Loya, encore engourdi par le sommeil, cligna des yeux alors que les paroles d'Oneida s'infiltraient dans son esprit. Il grogna de mécontentement à la manière d'un ours avant de repousser la main de sa femme d'un mouvement d'épaule. "Loya, tu as promis à ton fils que tu l'emmènerai chasser." Le natif soupira avant que sa voix enrouée par la nuit de sommeil ne résonne dans le tipi. "C'est un enfant, il a déjà dû oublier." Il s'enfonça davantage sous le couvert de la fourrure. Mais la Tolowa ne comptait pas en rester là et savait être intraitable quand il s'agissait de sa portée. "Il t'attend dehors depuis les premières lueurs de l'aube." Il y eut un silence mais la forme dissimulée sous les amas de peaux ne semblait pas en démordre. "Je n'ai pas envie d'y aller." Oneida fit claquer sa langue. "Tu m'as aussi promis de l'emmener aujourd'hui." Finalement, un visage jaillit entre la masse de poil. "Tu devais sûrement être nue quand je t'ai fais cette promesse, ça ne compte pas."
Oneida retint un soupir de frustration devant la réponse irrévérencieuse de Loya. Sa patience était mise à rude épreuve, mais elle savait qu'elle ne pouvait pas laisser passer ça. Elle se pencha plus près de lui, ses yeux lançant des éclairs malgré la pénombre du tipi. "Loya, sors d'ici tout de suite et vas voir ton fils. Tu as promis que tu serais là pour lui aujourd'hui, et tu vas tenir cette promesse, que ça te plaise ou non."
Son ton était ferme, empreint d'une détermination sans faille. Elle savait comment faire plier son mari lorsqu'il s'entêtait de la sorte. "Si tu te soucies ne serait-ce qu'un peu de Muata et de son initiation à la chasse, alors lève-toi maintenant et vas le voir. Sinon, tu auras à affronter les conséquences de ton refus."
Loya la regarda un instant, évaluant visiblement la sincérité de ses paroles. Le visage d'Oneida reflétait une détermination sans faille, même dans l'obscurité tamisée du tipi. Ses traits fins étaient encadrés par des cheveux sombres, noués en une tresse serrée qui pendait sur son épaule. Ses yeux, d'un marron profond, brillaient d'une lueur intense, révélant la force de sa volonté et sa détermination à faire respecter ses convictions.
Ses sourcils étaient légèrement froncés, trahissant son irritation face à l'attitude réticente de son époux. Malgré sa colère, ses traits étaient empreints d'une certaine douceur, témoignant de l'amour qu'elle portait à sa famille et de son désir de voir son fils réussir dans cette étape importante de sa vie. Ses lèvres étaient pressées dans une ligne serrée, signe de sa détermination à faire entendre raison à Loya.
Le Miwok tendit une main pour déposer une caresse sur ce visage courroucé mais la belle fut prompt à se soustraire à cette attention. "Non, tu ne m'auras pas avec des caresses."
Malgré sa colère palpable, il y avait quelque chose d'admirable dans la manière dont Oneida se tenait là, penchée au-dessus de lui avec assurance. Son visage rayonnait d'une aura de force et de détermination, prête à tout pour assurer le succès de son fils lors de cette journée spéciale.
Finalement, après un moment de réflexion, Loya soupira et se redressa, secouant la couverture qui lui couvrait à présent les épaules. "Bon, bon, je vais le voir." marmonna-t-il, se frottant les yeux pour chasser le sommeil restant et recouvrant sa propre nudité derrière la peau de bison.
Oneida lui lança un regard satisfait avant de se lever et de se diriger vers la couchette de leurs deux petites filles encore endormies. Ces dernières reposaient sur leurs amas de pailles tressées.
Lorsque Loya sortit du tipi, il fut accueilli par une brise fraîche et vivifiante qui balayait doucement la vallée. Les premières lueurs de l'aube peignaient le ciel d'une palette de couleurs pastel, teintant les nuages de rose et d'orange tandis que le soleil émergeait lentement à l'horizon.
À ses pieds, l'herbe encore humide de rosée scintillait sous la lumière naissante, révélant une myriade de petites gouttes qui brillaient comme des diamants. Le sol s'étendait devant lui, parsemé de cailloux et de touffes d'herbe, et au loin, les premiers oiseaux de la journée chantaient leur mélodie matinale.
Au-delà du campement, la forêt Tolowa s'étendait majestueusement, ses arbres centenaires se dressant fièrement vers le ciel. Le Miwok pouvait entendre le murmure doux et apaisant des feuilles dans le vent, et l'odeur boisée de la nature emplissait ses narines.
Muata son jeune fils de six ans était là, debout devant le tipi, impatient et plein d'enthousiasme. Ses yeux brillaient d'une lueur vive, reflétant toute l'excitation qui bouillonnait en lui à l'idée de cette première chasse. Sa mère lui avait confectionné des habits de chasse traditionnels à savoir une tunique en peau de cerf, une ceinture tressée en fibres végétales, sur laquelle étaient accrochés quelques outils de chasse rudimentaires : une petite pochette en cuir contenant des pierres à aiguiser, une petite dague à manche en bois et un sac en peau de bison pour transporter les éventuels trophées de sa chasse et ses jambes étaient protégées par des pantalons en peau de bison, serrés autour des chevilles pour éviter les accrochages dans la végétation dense de la forêt.
En voyant son père sortir du tipi, Muata afficha un large sourire, révélant une rangée de dents blanches étincelantes. "Até, tu es enfin réveillé ! Je suis prêt pour chasser !" s'exclama-t-il, sa voix pleine d'excitation. Il s'approcha de son père d'un pas sautillant, ses pieds nus foulant l'herbe fraîche. "Aujourd'hui, nous allons montrer à la forêt ce dont nous sommes capables, n'est-ce pas ?" ajouta-t-il, son regard brillant d'une détermination enfantine mêlée à une confiance en son père.
"Non." Rétorqua sèchement Loya, le regard fixé vers l'horizon. Le sourire de Muata se figea alors que les mots de son père résonnaient dans l'air matinal, brisant l'ambiance joyeuse qui régnait jusque-là. Le petit garçon cligna des yeux, incrédule, comme si il n'avait pas bien entendu. Il lui avait promis. "Non ?" répéta-t-il, sa voix empreinte d'une confusion mêlée de déception.
Loya, les bras croisés, gardait son regard porté sur le lointain, comme s'il cherchait à éviter le regard de son fils. "Les promesses sont faites pour être brisées, Muata. Va jouer maintenant, je ne chasserai pas avec toi aujourd'hui."
Muata sentit une boule se former dans sa gorge. L'incompréhension laissait place à une profonde tristesse. Il avait tellement attendu ce jour, tellement rêvé de partager ce moment avec son père, et voilà que tout s'effondrait.
Les larmes lui montèrent aux yeux, mais il se retint de les laisser couler. Il ne voulait pas montrer sa faiblesse devant son père. Il serra les poings, crispé par la situation. Loya quant à lui se mit à bâiller bruyamment avant de tourner le dos à son fils et de regagner le confort de son tipi.
Le cœur serré, Muata resta immobile à l'endroit où son père l'avait laissé, les yeux fixés sur l'horizon. Sa déception et sa tristesse se mêlaient à une détermination silencieuse. Il ne bougea pas, même lorsque les minutes s'écoulèrent et que la fraîcheur matinale se dissipa sous les rayons grandissants du soleil. Le jeune Miwok refusait de céder à la déception qui menaçait de le submerger. Ses petits poings étaient serrés, ses épaules tendues, mais il ne bougeait pas.
À l'intérieur du tipi, Oneida observait silencieusement la scène par l'entrebâillement de l'entrée. Elle pouvait voir son fils debout là, aussi immobile que la roche qui jalonnait leur chemin vers la rivière. Son petit cœur battait la chamade, elle le savait, elle savait aussi combien ce moment comptait pour Muata, combien il avait attendu cette première chasse avec impatience. Mais elle connaissait aussi la volonté inébranlable de Loya et la nature de ses tests. Elle devait laisser faire.
Pendant ce temps, Loya, à l'intérieur du tipi, préparait calmement ses affaires de chasse. Il était silencieux, concentré sur ses préparatifs, mais ses pensées se tournaient vers son fils dehors. Une partie de lui était intriguée par la façon dont Muata réagirait à son refus initial, tandis qu'une autre partie, plus réservée et émotionnellement distante, s'interrogeait sur les implications de ses actions.
Finalement, après un moment, Loya se tourna vers Oneida, la voix basse mais chargée d'émotions contenues. "Est-ce qu'il est toujours là, devant le tipi ?" Demanda-t-il, une pointe d'anxiété perçant son ton habituellement calme. Oneida hocha doucement la tête, ses propres yeux brillant d'une lueur protectrice et fière. "Oui, il est là. Il n'a pas bougé."
Loya retint un soupir, se sentant à la fois soulagé et incertain. Il avait voulu tester la détermination de Muata, l'endurance de son fils face à l'adversité, mais maintenant il ressentait un mélange de fierté et d'appréhension. Il savait que cette épreuve ne laisserait pas Muata indemne, mais il espérait que cela forgerait en lui la force nécessaire pour affronter les défis futurs.
Pendant ce temps, Muata, dehors, sentait le temps s'étirer autour de lui. Il lutta contre les larmes qui menaçaient toujours de couler, fermant les yeux un instant pour reprendre son calme. Il se rappelait les enseignements de son père sur la patience, sur la nécessité de rester fort même face à l'adversité. Mais la tristesse et la déception étaient des émotions difficiles à surmonter pour un jeune garçon.
Soudain, la voix de Loya le tira de ses pensées. "Muata." Appela-t-il, sa voix portée par le vent matinal. Le petit garçon ouvrit les yeux et regarda son père sortir du tipi, ses habits de chasse prêts, une expression sérieuse mais douce sur le visage.
Muata sentit un mélange d'émotions le submerger : la tristesse persistante, mais aussi un frisson d'espoir et de soulagement. Il resta immobile, attendant de voir ce que son père dirait, comment il réagirait après cette épreuve.
Loya s'approcha lentement de son fils, s'agenouillant devant lui pour être à sa hauteur. Il prit une profonde inspiration, puis posa une main sur l'épaule de Muata avec une tendresse inattendue. "Tu es un garçon fort, Muata. J'ai voulu voir si tu pouvais rester ferme même quand les choses semblaient difficiles."
Muata le regarda, ses yeux brillant toujours d'une lueur humide, mais il ne dit rien.
Loya reprit doucement : "Mais je sais aussi que les promesses doivent être tenues. Aujourd'hui, nous irons chasser ensemble, comme nous l'avions prévu."
Un sourire timide étira les lèvres de Muata, mêlé de soulagement et de bonheur. Il hocha la tête, incapable de contenir plus longtemps le sourire qui s'étirait sur son visage. "Merci, Até" Murmura-t-il, ses yeux brillant maintenant d'une nouvelle lueur, empreinte de gratitude.
Loya se redressa lentement, un poids se levant de ses épaules. Il savait qu'il avait appris quelque chose ce matin-là, tout comme son fils. Ils se regardèrent un instant, père et fils, avant de se préparer ensemble pour cette première chasse, sous le regard fier et aimant d'Oneida, qui observait depuis l'entrée du tipi.
Sous les frondaisons imposantes de la forêt Tolowa, l'air était frais et chargé de l'odeur de la mousse humide et des aiguilles de pin. Les rayons du soleil se frayaient un chemin à travers les cimes, dessinant des motifs dorés sur le sol de la forêt. Les bruits de la nature environnante enveloppaient Loya et Muata tandis qu'ils avançaient silencieusement parmi les arbres.
Loya, avec une assurance calme, se mouvait tel un prédateur expérimenté, ses pieds nus ne faisant qu'effleurer le sol. Son regard perçant balayait les environs, analysant chaque détail, chaque ombre. Muata, à ses côtés, tentait d'imiter son père, ses mouvements plus hésitants mais déterminés. Il tenait son arc, une confection artisanale que Loya lui avait offert, prêt à être tendu à tout moment.
"Rappelle-toi, Muata" murmura Loya, ses mots à peine audibles au-dessus du murmure de la forêt. "La chasse est une danse avec la nature. Écoute ses chants, observe ses mouvements, et tu sauras quand frapper."
Ils progressèrent en silence, chaque pas soigneusement calculé pour éviter les branches et les feuilles mortes qui pourraient trahir leur présence. Soudain, Loya s'arrêta, levant une main pour signaler à Muata de faire de même. Il s'accroupit, pointant un doigt vers une empreinte fraîche dans le sol meuble. Un cerf, d'après la taille et la profondeur de l'empreinte. Muata hocha la tête, ses yeux écarquillés d'excitation.
Ils suivirent la piste, leurs sens en alerte maximale. La forêt semblait se refermer autour d'eux, créant une atmosphère presque mystique. Le chant lointain d'un oiseau de proie résonnait, ajoutant une note de suspense à leur progression. Muata sentait son cœur battre la chamade, chaque battement résonnant dans ses oreilles comme le tambour d'une cérémonie sacrée.
Loya se tourna doucement vers Muata. "Muata, tout va bien ?" murmura-t-il, ses yeux observant attentivement les réactions de son fils. Muata prit une profonde inspiration, sentant l'air frais et terreux remplir ses poumons. Il hocha la tête, tentant de calmer l'adrénaline qui pulsait dans ses veines. "Oui, Até" répondit-il, sa voix un peu tremblante et le poing serré. Le Miwok posa une main rassurante sur l'épaule de Muata. "Souviens-toi, tu as du sang Tolowa, la forêt est ton alliée. Tu fais partie de cet équilibre." Il se redressa, et d'un geste fluide, continua à suivre les traces du cerf. Muata, rassuré par les paroles de son père, desserra légèrement le poing et se concentra sur le sol devant lui.
Le temps semblait ralentir alors qu'ils poursuivaient leur quête silencieuse. Chaque craquement de branche, chaque bruissement de feuille devenait un signal à interpréter. Loya s'arrêta à nouveau, ses yeux fixés sur une clairière ensoleillée plus loin. Il fit signe à son fils de se préparer.
Ils s'approchèrent prudemment, leur respiration synchronisée avec les rythmes de la nature environnante. À la lisière de la clairière, Loya se baissa, scrutant les environs. Muata, imitant son père, observa également, cherchant des indices de la présence du cerf.
Et puis, ils le virent. Un majestueux cerf aux bois imposants, se tenait à quelques mètres de là, broutant paisiblement. Loya se tourna vers Muata, lui donnant un regard encourageant. C'était le moment pour Muata de mettre en pratique tout ce qu'il avait appris.
Muata, le cœur battant mais la main désormais stable, leva lentement son arc. Il visa, ses yeux fixés sur sa cible. Loya, à côté de lui, surveillait la scène, prêt à intervenir si nécessaire. Le temps semblait s'arrêter, chaque mouvement devenant une partie d'une danse ancienne.
Muata prit une profonde inspiration, relâcha la corde de son arc, et la flèche siffla à travers l'air.
La flèche siffla à travers l'air, mais au dernier moment, Muata trembla légèrement, et le projectile manqua sa cible, se plantant dans le sol à quelques centimètres du cerf. Le majestueux animal leva brusquement la tête, ses oreilles dressées, puis bondit et disparut dans les bois en quelques foulées rapides.
Muata resta immobile, son arc encore levé, les yeux écarquillés de surprise et de déception. Son cœur battait toujours la chamade, mais cette fois, c'était de frustration. Il baissa lentement son arc, les épaules affaissées, le regard fixé sur le sol où sa flèche était plantée.
Loya s'approcha de lui, son expression calme et compréhensive. Il posa une main réconfortante sur l'épaule de son fils. "Muata, ne laisse pas cet échec te décourager" dit-il doucement. "La chasse est une leçon de patience et de persévérance. N'importe quel chasseur peut rater sa proie. Ce qui compte, c'est ce que tu fais après."
Muata hocha lentement la tête, mais il ne pouvait dissimuler la tristesse dans ses yeux. "J'ai tout fait comme tu as dit, Até, mais je l'ai raté..."
Loya prit un air pensif et s'accroupit pour être à la hauteur de son fils. "Oui, tu as fait tout ce qu'il fallait. Mais parfois, même avec toute la préparation du monde, il peut y avoir des imprévus. Ce qui est important maintenant, c'est de continuer. La forêt nous offre toujours une deuxième chance."
Il se redressa et tendit la main vers la flèche plantée dans le sol, la dégageant doucement avant de la tendre à Muata. "Nous allons suivre les traces de ce cerf. Peut-être aurons-nous une autre opportunité. Et même si ce n'est pas aujourd'hui, il y aura d'autres jours, d'autres chasses."
Muata prit la flèche, ses doigts se refermant autour de l'objet familier. Il leva les yeux vers son père et vit dans son regard une confiance inébranlable. Inspiré, il se redressa et remit la flèche dans son carquois. "D'accord, Até. Suivons-le."
Loya hocha la tête avec satisfaction. Ils retournèrent à la piste, leurs pas redevenus silencieux, leurs sens de nouveau en alerte. La forêt, avec son atmosphère mystique, semblait les accueillir de nouveau dans son étreinte verte et ombragée.
Ils progressèrent lentement, suivant les traces légères laissées par le cerf en fuite. Muata se concentrait intensément, cherchant les signes subtils dans le sol, les branches brisées, les empreintes à demi effacées. Loya observait en silence, prêt à guider son fils si nécessaire, mais lui laissant l'initiative.
La forêt autour d'eux semblait murmurer des encouragements. Le chant des oiseaux et le bruissement des feuilles leur offraient une mélodie apaisante. Peu à peu, Muata sentit la déception s'évanouir, remplacée par une détermination renouvelée.
Soudain, un hurlement perça l'air, distant mais distinct. Muata s'arrêta net, ses yeux s'écarquillant de surprise et d'appréhension. Le cri d'un loup résonnait au loin, répercutant une vibration presque surnaturelle à travers les arbres.
Loya posa une main sur le bras de son fils, sentant sa tension. "C'est le chant du frère-loup." murmura-t-il doucement. "Ne le crains pas, Muata. Écoute le message qu'il porte."
Muata hocha lentement la tête, ses sens aiguisés par l'adrénaline. "Até, que signifie son appel ?" Loya prit un moment pour écouter le hurlement, maintenant évanoui dans le silence de la forêt. "Le loup parle de mouvement et de chasse. Il nous rappelle que nous ne sommes jamais seuls dans la forêt. Chaque créature a son rôle et son destin."
Ils continuèrent à avancer, Muata jetant des regards fréquents autour de lui, plus conscient que jamais des sons et des mouvements de la forêt. Chaque craquement de branche, chaque ombre mouvante semblait avoir une signification nouvelle.
Après un moment, Loya s'arrêta et posa doucement une main sur le bras de Muata. "Regarde là-bas" murmura-t-il en pointant du doigt. À quelques dizaines de mètres, ils aperçurent de nouveau le cerf, cette fois plus vigilant, mais encore à portée.
Muata inspira profondément, retrouvant son calme. Il se prépara, fixant à nouveau la noble créature. Loya, à ses côtés, lui murmura avec douceur "Rappelle-toi, Muata, chaque échec est une leçon. Utilise ce que tu as appris, et laisse la forêt guider ta main."
Avec une détermination nouvelle, Muata leva son arc, visa soigneusement, et attendit le moment parfait pour relâcher la corde. Le temps sembla de nouveau ralentir, chaque mouvement imprégné de l'harmonie de la nature.
Cette fois, la flèche vola avec une précision mortelle, se logeant dans le flanc du cerf. L'animal fit quelques pas hésitants avant de s'effondrer gracieusement sur le sol. Muata sentit un mélange de soulagement et de respect pour la créature qu'il avait abattue.
Loya se tourna vers son fils, une fierté visible dans ses yeux. "Bien joué, Poing-serré !"
Muata plissa les yeux de curiosité. "Até, pourquoi m'appelles-tu ainsi ?"
Loya posa une main ferme et réconfortante sur l'épaule de son fils. "Muata, aujourd'hui, tu as prouvé ta persévérance et ta détermination. Tu as affronté ton échec avec courage, et tu as réussi ta première chasse. Dans notre peuple, un nom est plus qu'un simple mot. Il reflète la force intérieure et les qualités d'un individu."
Il fit une pause, cherchant les mots justes. "Poing-Serré signifie que tu tiens fermement à tes objectifs, que tu ne relâches pas ta prise malgré les difficultés. C'est un nom de force et de détermination, et tu l'as mérité aujourd'hui."
Muata sourit, la tête haute, sachant qu'il venait de franchir une étape importante dans son apprentissage. La forêt, témoin silencieux de cette leçon précieuse, les entourait de sa présence bienveillante, marquant le début d'une nouvelle compréhension entre le jeune garçon et la nature. "Merci, Até. Je porterai ce nom avec fierté !"
Loya se tourna vers Muata, son regard brillant de fierté. "Poing-Serré, la chasse est terminée, mais le voyage ne l'est pas encore. Ramenons ce cerf au village. Ce soir, nous le mangerons avec ta mère, tes sœurs et grand-mère Sanuye." Loya se pencha, saisissant le cerf avec une force fluide et naturelle, le soulevant pour le poser sur ses épaules robustes. Il se redressa, un sourire en coin illuminant son visage aux traits taillés à la serpe. Sans prévenir, il bondit en avant, ses pieds frappant le sol avec la puissance d'un lion des montagnes. "Poing-Serré, cours avec moi ! Vois si tu peux aller aussi vite que le vent !"
Muata, surpris mais galvanisé par le défi, sentit son cœur s'emballer à nouveau, non plus de frustration, mais d'excitation. Il se lança à la poursuite de son père, ses jambes fines mais puissantes martelant le sol forestier. L'air frais fouettait son visage, chaque inspiration remplissant ses poumons d'une énergie nouvelle.
Loya courait comme un esprit de la forêt, ses pas si rapides et si légers qu'il semblait à peine toucher le sol. Les arbres défilèrent autour de lui, leurs branches comme des doigts s'efforçant de le ralentir, mais il esquivait avec une aisance presque surnaturelle. Muata le suivait de près, ses muscles tendus par l'effort mais portés par une détermination farouche. "Até, je suis là ! La force de l'ours guide mes pas !" Loya tourna légèrement la tête, ses yeux brillant d'amusement et de défi. "Poing-Serré, tu es aussi lent qu'une tortue !"
La forêt semblait résonner de leurs pas, les feuilles et les brindilles craquant sous leurs pieds. Les deux silhouettes filaient entre les arbres, une danse de force et de grâce. Muata sentit ses limites se dissiper, son esprit et son corps ne faisant qu'un avec la nature environnante.
Finalement, le camp apparut à travers les arbres, les premières wickiups se dressant comme des sentinelles de leur réussite. Loya accéléra encore, ses jambes bougeant à une vitesse impressionnante malgré le poids du cerf sur ses épaules. Muata redoubla d'efforts, ses muscles brûlants de fatigue mais alimentés par une volonté de fer.
Ils franchirent le seuil du village, d'abord le père puis le fils, leur arrivée marquée par un cri de triomphe de Loya.
Muata, haletant et les mains sur les genoux, leva les yeux vers son père avec une lueur de défi dans le regard. "Até, tu cours plus vite que moi. Ce n’est pas juste. C’est parce que tu es un adulte que tu as gagné."
Loya se tourna vers lui, un sourire légèrement moqueur aux lèvres. Il s'accroupit pour se mettre à la hauteur de son fils, ses yeux bruns perçant ceux de Muata avec une intensité presque féroce. "Muata, tu dois comprendre que personne ne t'aidera dans ce monde" commença-t-il, sa voix grave et sérieuse. "C'est toi qui dois te préparer. Apprends à courir dans les montagnes. Cela te rendra fort."
Loya posa une main ferme sur l'épaule de son fils, ses traits durs accentués par la lumière du crépuscule. "Mon fils, tu n'as pas d'amis, pas même tes sœurs, ton père, ou ta mère. Ce sont tes jambes qui sont tes amies ; c'est ton esprit qui est ton ami ; ce sont tes yeux qui sont tes amis ; ce sont tes cheveux qui sont tes amis ; ce sont tes mains qui sont tes amies. C'est avec ça que tu dois te préparer."
Il marqua une pause, laissant ses mots s'enraciner profondément dans l'esprit de Muata. "Un jour, ton peuple peut avoir faim. C'est toi qui devras lui procurer à manger. Où que tu ailles, tu dois vaincre l'ennemi qui t'attaque. Tu dois lui faire face... et le ramener mort. Alors, tout le peuple sera fier de toi. Alors, il n'y aura plus que toi. Alors, tout le peuple parlera de toi. Ainsi vivent les Miwoks et c'est pourquoi je t'en parle aujourd'hui. Demain, je pars avec le groupe de chasse du chef Powaqa, en mon absence, tu devras veiller sur ta grand-mère, ta mère et tes soeurs. Tu comprends ce que je te dis ?"
Muata, toujours essoufflé mais maintenant empli d'une gravité nouvelle, hocha lentement la tête. "Oui, Até, je comprends" répondit-il simplement. Loya, satisfait, se releva et posa une main réconfortante sur la tête de son fils. "Bien." Il marqua une courte pause. "Je remercie O-let'-te de m'avoir donné un fils avec un esprit si bien fait !"
La nuit tombée, les étoiles scintillaient au-dessus du village comme des éclats de lumière dans l'obscurité veloutée. Le feu de camp crépitait joyeusement, diffusant une chaleur réconfortante et une douce lueur qui dansait sur les visages des membres de la famille réunis autour.
Loya, avec l'aide de Oneida, préparait le cerf que Muata avait réussi à abattre. Le repas de ce soir avait une signification particulière, une célébration non seulement de la chasse réussie, mais aussi du passage de Muata à un nouveau stade de son apprentissage.
Muata, assis près de ses sœurs, observait avec un mélange de fierté et de respect la dextérité avec laquelle ses parents préparaient la viande. Il sentait le poids du nom "Poing-Serré" sur ses épaules, mais c'était un poids qu'il portait avec honneur.
Les deux petites filles, les yeux brillants de curiosité, ne cessaient de poser des questions à leur grand frère. "Muata, raconte encore comment tu as tiré sur le cerf ! Tu as eu peur ?" demanda la plus jeune, ses yeux grands ouverts d'admiration.
Muata sourit, prêt à partager son expérience une fois de plus. "Oui, c'était un peu effrayant, mais aussi excitant. Le cerf était si proche, et je savais que je devais être calme et précis. J'ai pris une grande inspiration, comme Até me l'a appris, et j'ai laissé la flèche voler."
Pendant qu'il racontait son histoire, une silhouette familière s'approcha lentement du feu. C'était grand-mère Sanuye, sa démarche lente mais sûre, le visage marqué par les années mais rayonnant d'une sagesse sereine. Elle s'assit doucement sur une peau de bête étendue près du feu, ses yeux plissés d'un sourire bienveillant.
"Muata, mon petit-fils, tu as fait honneur à notre famille aujourd'hui" Dit-elle de sa voix altérée par les années. "La première chasse est une étape importante pour un jeune homme. Je me souviens de la première fois que ton père a ramené du gibier. C'était un jour de grande fierté pour nous tous."
Les enfants se rapprochèrent un peu plus de Sanuye, captivés par ses mots. Muata, touché par l'approbation de sa grand-mère, se sentait encore plus fier de son accomplissement. "Grand-mère, comment était-ce quand Até a chassé pour la première fois ?" demanda l'une des petites filles, ses yeux brillant d'excitation.
Sanuye se redressa légèrement, son regard se perdant dans les souvenirs lointains. "Oh, c'était il y a bien longtemps. Votre père était à peine plus âgé que Muata lorsqu'il a pris son premier cerf. Il était tellement déterminé à prouver sa valeur qu'il s'était levé bien avant l'aube, le cœur battant d'excitation et de nervosité. Je me souviens de l'avoir regardé partir, son arc à la main, ses pas silencieux sur la terre humide du matin."
Elle fit une pause, un sourire tendre étirant ses lèvres. "Ce jour-là, il faisait particulièrement froid, et le brouillard enveloppait la forêt comme un manteau épais. Loya avait traqué un grand cerf à travers les bois, suivant ses traces avec une patience infinie. Quand il a enfin eu l'animal en vue, il s'est souvenu des leçons de son père – rester immobile, respirer profondément, et viser avec soin."
Les enfants écoutaient avec fascination, leurs yeux brillants à la lueur du feu. "Et puis" continua Sanuye, "Il a tiré. La flèche a volé droit et a trouvé son but. C'était un tir parfait. Mais ce que Loya ne savait pas, c'est que grand-père Liwamu l'avait suivi en secret, pour s'assurer que tout se passait bien."
Sanuye prit une profonde inspiration, savourant l'attention attentive des enfants avant de continuer son récit. "Votre père était tout excité par son succès. Il s'approcha de l'animal avec un sentiment de triomphe, fier de son accomplissement. Mais alors qu'il se penchait pour inspecter sa prise, quelque chose d'inattendu se produisit."
Elle marqua une pause dramatique, laissant le suspense grandir parmi les enfants, leurs yeux écarquillés d'anticipation. "Votre grand-père était non seulement là pour s'assurer que tout se passait bien, mais aussi pour enseigner une dernière leçon à son fils. Alors que Loya s'agenouillait près du cerf, grand-père, caché dans les buissons, fit un bruit étrange, imitant le grognement d'un ours."
Les enfants éclatèrent de rire, imaginant la scène, tandis que Muata regardait sa grand-mère avec un sourire en coin, sachant très bien où l'histoire allait. "Loya, croyant qu'un ours était sur le point de l'attaquer, se leva d'un bond, les bras battant comme un moulin à vent, et commença à courir en rond, cherchant désespérément une issue. Sa course effrénée le fit trébucher sur une racine et il tomba la tête la première dans un buisson d'épines."
Sanuye riait doucement, ses yeux plissés de plaisir en se rappelant l'incident. "Votre père, couvert de feuilles et d'épines, se releva lentement, sa fierté plus blessée que son corps. C'est alors que votre grand-père sortit des buissons, riant aux éclats. 'Loya,' dit-il entre deux éclats de rire, 'Tu as prouvé que tu pouvais abattre un cerf, mais il te reste encore beaucoup à apprendre sur la vigilance dans la forêt.'"
Les enfants éclatèrent de rire à leur tour, imaginant leur père dans une telle situation. Muata, bien qu'un peu embarrassé pour son père, riait aussi, appréciant la leçon d'humilité transmise par l'histoire. "Et qu'a fait père après ça ?" demanda l'une des filles, encore secouée de rire.
Sanuye sourit tendrement. "Loya s'est relevé, a ri de lui-même, et a aidé son père à transporter le cerf jusqu'au village. Ce jour-là, il a appris que même dans la victoire, il faut toujours rester vigilant et humble. C'est une leçon qui lui a servi toute sa vie, et une qu'il a transmise à son tour." Il y eut un silence puis Pakuna reprit. "Grand-père me manque..."
Sanuye regarda tendrement la petite fille qui venait de parler, voyant l'émotion dans ses yeux. Il n'était pas dans les us et coutumes des Miwoks de s'épandrent sur leurs morts, par respect et pour éviter de déranger leur voyage vers le monde des esprits. Cela dit, devant la soudaine tristesse de sa petite-fille, grand-mère Sanuye fit une entorse au règlement. "Je sais, ma petite, grand-père Liwamu nous manque à tous. Il était un homme sage et courageux, et il a laissé beaucoup de bons souvenirs."
Elle prit la petite main de sa petite-fille dans la sienne, la serrant doucement. "Mais tu sais, même s'il n'est plus avec nous dans ce monde, il veille toujours sur nous depuis le monde des esprits. Dans notre culture, nous croyons que les esprits de nos ancêtres continuent de nous guider et de nous protéger."
Les enfants écoutaient attentivement, le silence se faisant autour du feu alors que la lueur des flammes dansait sur les visages attentifs. "Le monde des esprits est un endroit où nos ancêtres vivent en paix et en harmonie avec la nature. Ils nous envoient des signes et des messages pour nous montrer qu'ils sont toujours présents. Parfois, cela peut être un rêve, un animal particulier qui croise notre chemin, ou même une sensation de chaleur et de réconfort."
Muata hocha la tête "Grand-père Liwamu nous protège toujours" dit-il avec conviction. "Je l'ai senti lors de ma chasse. Quand j'ai pris cette grande inspiration avant de tirer, j'ai senti sa présence, comme s'il était juste derrière moi, me donnant la force et le courage."
Sanuye sourit, les yeux brillants de nostalgie. "C'est vrai, Muata. Les esprits de nos ancêtres sont toujours avec nous. Ils vivent dans nos cœurs et nos souvenirs, et ils continuent de nous enseigner et de nous guider. Grand-père Liwamu était fier de toi, et il est fier de toi aujourd'hui."
Pakuna, réconfortée par les paroles de sa grand-mère, renchérit : "Est-ce que grand-père nous voit maintenant, grand-mère ?" Sanuye hocha la tête doucement. "Oui, petite. Il nous voit, et il est heureux de voir notre famille réunie autour de ce feu, partageant des histoires et des rires. Il est toujours là, dans le vent qui souffle à travers les arbres, dans le chant des oiseaux, et dans la chaleur de ce feu."
Loya et Oneida terminèrent enfin de préparer le cerf, découpant soigneusement la viande pour le festin. Oneida, avec un sourire chaleureux, se tourna vers grand-mère Sanuye. "Grand-mère, l'heure n'est plus aux histoires. Il est temps de manger."
La famille se rassembla autour du feu de camp, où la viande fraîchement cuite dégageait un arôme appétissant. Chacun s'assit en cercle, les visages illuminés par les flammes dansantes. Tous mangeaient avec gratitude et respect, partageant la nourriture selon les traditions.
Loya distribua les morceaux de viande en s'assurant que chaque membre de la famille avait sa part. Les plus jeunes, Pakuna et sa sœur Yaluta, mangeaient avec enthousiasme, savourant chaque bouchée. Muata, toujours empreint de fierté, mangeait en silence, appréciant la nourriture qu'il avait aidé à obtenir. Grand-mère Sanuye, avec des gestes mesurés, dégustait la viande tout en observant sa famille avec tendresse.
Ils mangeaient en harmonie, sans précipitation, savourant chaque saveur et chaque instant. Chacun respectait la nourriture, conscient du don de la nature et du cycle de la vie. Les murmures des conversations, entrecoupés de rires et de compliments sur le repas, remplissaient l'air.
Après plusieurs minutes de ce festin partagé, Yaluta brisa le silence paisible. "Até, où dois-tu partir demain ?" demanda-t-elle, ses yeux remplis d'une curiosité innocente.
Loya posa son morceau de viande, essuya ses mains et regarda sa fille. "Demain, je dois partir avec le groupe de chasse du chef de tribu Powaqa" expliqua-t-il, sa voix résonnant calmement dans la nuit. "Nous allons chasser le bison."
Pakuna écoutait avec une attention intense, ses yeux grands ouverts et compléta l'interrogation qui flirtait au bout des lèvres de sa soeur. "Pourquoi dois-tu chasser le bison, Até ?" demanda-t-elle.
Loya prit une profonde inspiration avant de répondre. "Le bison est une source précieuse pour notre tribu, Pakuna. Il nous fournit la viande pour nous nourrir, les peaux pour nous vêtir et les os pour fabriquer des outils. Chasser le bison est une tâche sacrée, une grande responsabilité."
Oneida, assise à côté de lui, ajouta doucement : "La chasse au bison demande courage et habileté. C'est un honneur de participer à une telle chasse, et c'est aussi essentiel pour notre survie." Muata, se sentant concerné par la conversation, intervint : "J'espère pouvoir participer à la chasse au bison un jour, comme Até."
Loya sourit fièrement à son fils. "Ton jour viendra, Muata. Chaque chose en son temps. Pour l'instant, concentre-toi sur ce que tu apprends et continue de grandir en force et en sagesse."
Muata acquiesça aux paroles de son père, absorbant chaque conseil avec une détermination silencieuse. Son cœur battait d'excitation à l'idée de suivre les traces de Loya dans la chasse au bison, mais il savait que son temps viendrait. Yaluta, encore captivée par la conversation, reprit avec curiosité : "Até, qui est Powaqa ?"
Loya répondit à sa fille. "Powaqa est le chef de notre tribu, les Miwoks. Il est un féroce guerrier et un sage de grande renommée parmi notre peuple. Sa bravoure et sa sagesse sont respectées de tous." Il prit une pause, cherchant ses mots pour décrire pleinement leur chef. "Powaqa a mené notre tribu à travers de nombreuses épreuves. Il est connu pour sa capacité à prendre des décisions justes et à guider notre peuple avec sagesse. Sa force et sa détermination sont une inspiration pour nous tous."
Les enfants écoutaient avec respect, imaginant le chef de tribu dans toute sa grandeur. Muata se souvenait des fois où il avait vu Powaqa lors des rassemblements tribaux, sa présence imposante et son regard pénétrant inspirant à la fois respect et admiration.
Loya prit une bouchée de viande et ajouta "Powaqa a cinq enfants : quatre fils, je ne connais que Nashoba et Ohanzee, ainsi qu'une fille nommée Kaliska. Elle est à peu près de ton âge, Muata."
Il regarda Muata, un sourire rusaud aux bouts des babines "Kaliska est une chasseuse extrêmement douée pour son âge. Peut-être un jour, tu auras l'occasion de chasser avec elle, et elle pourra te montrer quelques astuces."
Muata ressentit un pincement d'ego à l'idée de Kaliska, la fille du chef Powaqa. Une pointe de jalousie mal placée s'insinua dans son esprit. Imaginer Kaliska, une jeune chasseuse déjà si accomplie, suscitait en lui une admiration teintée d'une vague compétition. Il se demanda s'il pourrait un jour rivaliser avec une telle figure de la chasse, ou s'il serait à la hauteur des attentes qu'une telle opportunité pourrait impliquer.
Grand-mère Sanuye remarqua la confusion dans les yeux de Muata et sentit le besoin de le réconforter. Elle posa doucement sa main sur l'épaule de son petit-fils et lui sourit chaleureusement.
"Muata" commença-t-elle doucement, "Il est normal de ressentir un mélange d'émotions lorsque l'on regarde vers ceux qui excellent dans leur domaine. Mais laisse-moi te raconter quelque chose."
Elle prit une courte pause, s'assurant d'avoir toute l'attention de Muata avant de continuer. "Autrefois, lorsque ton père Loya était jeune, il se mit en tête de faire la course avec Ohanzee, le fils du chef Powaqa. Loya était plus âgé qu'Ohanzee à l'époque, mais malgré cela, il a perdu contre lui. Ohanzee était incroyablement rapide, même dès son plus jeune âge."
Oneida ajouta : "Ce que grand-mère Sanuye veux te dire, c'est que chacun progresse à son propre rythme. L'important n'est pas de rivaliser avec les autres, mais de poursuivre ta propre croissance et d'apprendre autant que tu le peux. Tu as déjà fait de grands progrès et tu continueras à t'améliorer à ton propre rythme."
La famille continua de savourer le repas, les conversations se mêlant aux crépitements du feu de camp. Les enfants, repus et fatigués, commençaient à montrer des signes de sommeil. Grand-mère Sanuye, avec sa sagesse habituelle, perçut le moment propice pour clore cette soirée riche en échanges.
"Mes chers petits" dit-elle doucement, "il est temps d'aller se coucher. Nous avons eu une longue journée, et demain nous réserve de nouvelles aventures."
Pakuna et Yaluta se levèrent, les yeux mi-clos mais remplis de satisfaction. Muata, encore plongé dans ses pensées, se redressa également. Grand-mère Sanuye les guida vers leur teepee, sa présence apaisante les enveloppant d'un sentiment de sécurité. Une fois à l'intérieur, elle les aida à se coucher, ajustant les couvertures de peaux autour d'eux avec des gestes doux et attentionnés. Pakuna, blottie, leva des yeux brillants vers elle.
"Grand-mère, peux-tu nous raconter une histoire avant de dormir ?" demanda-t-elle avec une petite voix implorante. Yaluta, déjà à moitié endormie, ouvrit les yeux et murmura : "Oui, grand-mère, une histoire s'il te plaît." Muata, bien qu'encore plongé dans ses pensées, se redressa légèrement, montrant lui aussi son intérêt. Grand-mère Sanuye sourit, touchée par leur demande. Elle s'assit doucement à côté d'eux, prenant un instant pour choisir une histoire qui les apaiserait avant de dormir.
"Très bien, mes petits" dit-elle en s'installant confortablement. "Je vais vous raconter l'histoire du 'Colibri et du Coyote'."
Les enfants se blottirent sous leurs peaux, les yeux grands ouverts, prêts à écouter.
"Il y a longtemps, dans un temps ancien où les animaux parlaient et où les leçons de la vie étaient transmises à travers les histoires, deux amis nommés Colibri et Coyote. Colibri, petit mais d'une beauté éblouissante et d'une vitesse incroyable, était respecté de tous. Coyote, quant à lui, était connu pour sa ruse et son esprit espiègle, toujours en quête de nouvelles aventures."
Grand-mère Sanuye raconta l'histoire avec une voix douce et mélodieuse, peignant des images vibrantes dans l'esprit des enfants.
"Un jour, Coyote, avec son regard malicieux, proposa à Colibri une course. "Avec mes longues pattes et mon endurance, je suis sûr de gagner," dit-il avec confiance, pensant que la petite taille de Colibri et ses ailes fragiles ne feraient pas le poids.
Colibri, avec son sourire plein de sagesse et de calme, accepta le défi. "Très bien, Coyote. Courons jusqu'au grand cactus sacré, là-haut, au sommet de la montagne. Nous commencerons au lever du soleil."
Le matin venu, Colibri et Coyote se tenaient prêts au point de départ. Le premier rayon de soleil les lança dans la course. Coyote, avec ses longues foulées, se mit à courir à une allure régulière, convaincu de sa victoire. Colibri, quant à lui, volait si rapidement qu'il se transformait en un flou de couleurs vives.
En chemin, Coyote, fidèle à sa nature, tenta de tromper Colibri avec des détours et des chemins sinueux. Mais notre petit ami, avec sa vision perçante et son esprit aiguisé, évitait tous les pièges avec aisance, continuant son chemin sans se laisser distraire."
Les yeux de Pakuna commençaient à se fermer tandis que Yaluta luttait pour rester éveillée. Muata, lui, écoutait attentivement, absorbant chaque mot.
"La montagne se rapprochait, et Coyote commençait à ressentir la fatigue. Il s'arrêta pour boire de l'eau, pensant qu'il avait encore de l'avance sur Colibri. Mais Colibri, constant et infatigable, le dépassa comme une flèche.
Voyant sa défaite imminente, Coyote joua sa dernière rouerie. Il fit semblant d'être blessé, espérant que Colibri s'arrêterait pour l'aider. Colibri, avec sa sagesse ancestrale, se posa un instant près de lui et dit : "Coyote, tes ruses et tes tours ne te mèneront nulle part. La véritable force se trouve dans la persévérance et la sincérité."
Sur ces paroles, Colibri reprit son vol et atteignit le cactus sacré bien avant que Coyote ne puisse se relever de son faux malaise.
Les animaux, rassemblés autour du cactus, acclamèrent Colibri pour sa victoire honnête et juste. Coyote, honteux de ses tentatives de tricherie, comprit alors une leçon précieuse : la ruse et la tromperie ne peuvent jamais surpasser la détermination véritable et la sincérité."
Grand-mère Sanuye termina son histoire en baissant la voix, voyant que Pakuna et Yaluta s'étaient endormies, des sourires paisibles sur leurs visages. Muata, bien que luttant contre le sommeil, murmura : "Merci, grand-mère. C'était une belle histoire."
"Bonne nuit, Muata" répondit-elle en lui caressant la tête. "Fais de beaux rêves."
PENDANT QUE GRAND-MERE SANUYE RACONTE SON HISTOIRE
Dans l'ombre mouvante du campement, alors que le crépitement du feu fendait le silence nocturne, Loya et Oneida gardaient leur poste, sentinelles immobiles sous la lumière spectrale de la lune. Leurs yeux, habitués aux ténèbres, suivaient les langues de feu dansantes, révélant les traits farouches et méditatifs de leurs visages. Soudain, Oneida brisa l'envoûtement du silence.
"Loya" murmura-t-elle, d'une voix douce et empreinte de mystère. "J'ai quelque chose pour toi." D'un geste mesuré, elle tira un petit paquet, soigneusement enveloppé dans un morceau de tissu usé mais propre. Les yeux de Loya, perçants comme ceux d'un faucon, se levèrent vers elle, cherchant des réponses dans l'obscurité de son regard.
"Qu'est-ce que c'est ?" demanda-t-il, prenant le paquet avec une délicatesse inattendue pour un brave de sa trempe.
Oneida, ses lèvres s'étirant en un sourire énigmatique, l'invita à découvrir le secret du présent. "C'est un bracelet, pour que les esprits te guident et te protègent lors de la chasse au bison." Les doigts de Loya, habitués à manier l'arc et le couteau, dénouèrent le tissu avec soin. Un bracelet de perles apparut, chaque perle finement sculptée avec une précision et un art sans égal. Il resta un instant, comme frappé par une bénédiction, absorbant la beauté et le symbolisme du bijou. "Oneida, il est magnifique" murmura-t-il, la voix rauque d'émotion. "Tu l'as fait toi-même ?"
"Oui" répondit-elle, son sourire s'adoucissant. "Mais je n'étais pas seule. Muata et les filles m'ont aidée. Ce présent est un symbole de notre lien, de notre soutien indéfectible. Nous voulons que tu saches que nous sommes avec toi, même lorsque tu es loin de nous."
Le sourire de Loya s'élargit, illuminé par une lueur d'émotion pure. Le bracelet, témoignage tangible de l'amour et du soutien de sa famille, réchauffait son cœur comme le feu réchauffe le corps. Les flammes dansantes jouaient sur les perles, accentuant leur éclat mystique. Il leva les yeux vers Oneida, son sourire débordant de gratitude.
"Merci, Oneida" dit-il, sa voix vibrante de sincérité.
Oneida se redressa lentement, une détermination lumineuse dans ses yeux sombres. Elle fit le tour du feu avec la grâce silencieuse d'une louve, chaque pas mesuré et silencieux sur le sol meuble. Lorsqu'elle atteignit Loya, elle se pencha avec la fluidité d'un faucon fondant sur sa proie, et s'installa à califourchon sur lui.
Loya, surpris par ce geste audacieux, sentit son regard s'agrandir légèrement, capturant l'éclat de surprise mêlé à une affection profonde. Il ne s'attendait pas à cette intimité soudaine, mais il accueillit cette proximité avec une tendresse renouvelée, savourant chaque instant de ce lien puissant et silencieux qui les unissait.
"Je vais te l'attacher" murmura-t-elle, ses doigts effleurant la peau bronzée de son poignet avec délicatesse. La Tolowa prit le bracelet et, avec une précision et une douceur infinies, l'attacha autour du poignet de Loya. Ses gestes étaient empreints d'une tendresse farouche, chaque mouvement trahissant l'amour et le soin investis dans la confection du bijou.
Il y eut un silence gêné de la part de Loya. C'était une réaction inhabituelle pour lui, habitué à l'indépendance et à la réserve, surtout envers les démonstrations d'affection affirmée et les proximités prolongées. Depuis sa jeunesse, il avait toujours trouvé plus de confort dans la solitude des grands espaces et dans la compagnie silencieuse de ses compagnons de chasse. Bien qu'il fût touché par le geste et reconnaissant de l'amour sincère derrière le présent, il se sentait parfois mal à l'aise face à ces expressions ouvertes d'affection. Ces moments révélaient une vulnérabilité qu'il avait appris à garder cachée, une réserve qui faisait partie intégrante de sa personnalité.
Cependant, malgré son inconfort temporaire, Loya savait reconnaître l'importance du geste d'Oneida. Il comprenait que ce bracelet ne représentait pas seulement un objet matériel, mais aussi un symbole puissant de l'amour et du soutien de sa famille. C'était une connexion tangible avec ceux qui comptaient le plus pour lui, une assurance de leur présence même lorsqu'il était loin.
Ainsi, bien que son silence gêné puisse être interprété comme une distance émotionnelle, c'était plutôt une tentative de naviguer dans un territoire émotionnel nouveau et parfois inconfortable pour lui.
Oneida le comprenait plus que n'importe qui d'autre, elle savait que ses gestes d'affection ne devaient pas être mesurés par des mots ou des embrassades, mais par des actes significatifs et sincères. Caressant doucement le bracelet autour du poignet de son époux, Oneida le regarda avec une intensité peu commune, comme si elle cherchait à sonder son âme.
"Loya, tu es comme le loup" murmura-t-elle avec une tendresse palpable. Oneida marqua une pause et resta un petit instant interdite, son visage légèrement incliné vers arrière à la manière des yeux fixant une étoile lointaine. Elle sentit le poids de ses paroles dans l'air nocturne, un silence doux enveloppant leur échange. Puis, reprenant son souffle, elle continua d'une voix douce mais assurée : "Solitaire parfois, mais toujours fidèle et protecteur envers les tiens."
L'animal totem jouait un rôle crucial dans la vie et l'identité de Loya parmi les Miwoks. Depuis qu'il était devenu un brave à part entière, le loup avait toujours été son guide spirituel, symbole de sa force intérieure et de sa connexion profonde avec la nature sauvage qui l'entourait. Comme le loup, Loya savait être solitaire quand nécessaire, mais il trouvait également sa force et sa raison d'être au sein de sa meute, parmi les siens.
"Oneida" commença par dire Loya, cherchant ses mots avec une sincérité brute, mais il fut brusquement coupé dans son élan lorsqu'il sentit le contact suave de la main de son épouse au niveau de son poitrail. "Tu n'as pas besoin de mots, Loya" répondit doucement Oneida, ses yeux reflétant la lueur du feu. "Nos cœurs se comprennent au-delà des mots, à travers les actes simples mais profonds. C'est ainsi que nous nous sommes toujours parlé, toi et moi."
Loya hocha légèrement la tête, reconnaissant la vérité de ses paroles. Oneida fixa profondément le guerrier dans les yeux pendant un instant, son propre regard capturant la lueur argentée de la lune qui brillait au-dessus d'eux. "Sais-tu pourquoi la lune est si solitaire ?" murmura-t-elle finalement, sa voix empreinte de cette même douceur qui avait enveloppé chacun de ses gestes depuis le début de cette soirée.
Loya ne répondit pas, mais toute son attention était captée par les lèvres d'Oneida, incitant cette dernière à répondre à sa propre question. "Elle avait un amant." La mère de famille marqua une courte pause.
"Il avait l'apparence d'un loup et se nommait Kuekuachu. Il vivait dans le monde des esprits avec la lune, et toutes les nuits, ensemble, ils sillonnaient les cieux." Tandis qu'elle racontait cette histoire, apprise d'un natif venu des territoires plus au nord, Oneida jouait avec les mèches de cheveux de son époux, ses doigts glissant doucement dans la pénombre.
"Mais un autre esprit en éprouvait de la jalousie." Le timbre de voix de la jeune femme se fit plus grave, son regard plus intense, semblable à une braise ardente dans la nuit noire. "Langue-fourchue voulait la lune pour lui tout seul. Il a donc dit à Kuekuachu que la lune désirait qu'il lui offre des fleurs et qu'il devait faire le voyage jusqu'à notre terre pour les lui cueillir... mais..." La phrase fut délibérément laissée en suspens par Oneida, sachant qu'elle détenait toute l'attention du Miwok. "Kuekuachu ignorait que celui qui quitte le monde des esprits ne peut plus y revenir."
Un air affligé passa sur le visage d'Oneida, tandis que Loya sentait un poids de tristesse s'abattre sur son cœur, comme un vent glacial . "Et toutes les nuits depuis, il contemple le ciel, voit la lune et hurle son nom." De nouveau une pause, lourde de signification. "Mais..." Elle se leva soudainement, et machinalement, Loya tendit le bras pour la saisir. Hélas, vive comme le vent, la jeune femme évita aisément son geste.
"Il ne peut plus la toucher" acheva-t-elle, sa voix résonnant comme un écho lointain, tandis que les ombres dansantes du feu projetaient leur propre mélodie sur le sol, enveloppant les deux amants dans une aura de mystère et de destin tragique.
Soudain, un hurlement de loup perça la nuit, son cri mélancolique résonnant à travers les arbres et le campement. Oneida et Loya sursautèrent, surpris. Pour un instant, ils restèrent silencieux, les échos du hurlement se répercutant au lointain. Puis, la surprise et la frayeur passée, un rire éclata de leurs lèvres, brisant la tension.
Alors que leurs rires se dissipaient dans l'air nocturne, une silhouette âgée émergea de l'ombre d'un tipi famillial. Grand-mère Sanuye, avec sa démarche lente mais assurée, s'approcha du feu. Elle venait de coucher les enfants, leur racontant ses histoires pour les apaiser avant le sommeil. En voyant Loya et Oneida, elle sourit doucement, ses yeux pétillant de malice.
"Je vois que vous avez entendu le loup" dit-elle d'une voix calme, presque musicale. "Les esprits veillent toujours sur nous, et parfois, ils aiment rappeler leur présence de manière inattendue."
Loya et Oneida échangèrent un regard complice avant de se tourner vers Grand-mère Sanuye. "Les enfants dorment paisiblement" dit-elle doucement, comme pour conclure la soirée. "Et il est temps pour nous tous de trouver le repos. Les esprits veillent, et la lune solitaire continue de briller." Oneida et Loya acquiescèrent, leur rire s'apaisant, laissant place à une tranquillité douce. Enfin, Loya répondit : "Oui Ina, tu as raison, nous allons nous coucher aussi. Reposes-toi bien, je viendrai te voir dès mon retour de la chasse au bison." Grand-mère Sanuye qui se dirigeait déjà vers son tipi répondit. "Je sais mon petit, je sais !"
Les dernières braises du feu vacillèrent, marquant la fin de cette paisible soirée. Loya et Oneida se dirigèrent vers leur propre abri, le calme de la nuit les enveloppant dans un cocon de tranquillité. Les esprits semblaient veiller, leur présence bienveillante flottant dans l'air nocturne.
Ce soir-là, Loya se sentit plus connecté à sa famille et à ses ancêtres que jamais. Il ne pouvait deviner que cette nuit, baignée de rires et d'histoires anciennes, serait la dernière qu'il passerait en leur compagnie. Le destin, impitoyable et inexorable, allait bientôt frapper, et ce moment précieux deviendrait un souvenir douloureux, marqué par la nostalgie et le regret.
DE NOS JOURS (1866)
Spoiler:
La silhouette de Loya se découpait sur le fond étoilé du ciel nocturne, une figure solitaire dans l'immensité des plaines. Debout sur une colline surplombant le campement, il tendait la main vers la lune, ses doigts semblant vouloir saisir l'astre argenté qui brillait avec une intensité tranquille. Ses yeux, reflétant la lumière lunaire, étaient empreints de la même mélancolie et du même désir qui l'habitaient depuis le jour fatidique où les Yeux Clairs lui avaient enlevé sa famille.
Loya se tenait là, perdu dans ses pensées, ses souvenirs le ramenant sans cesse à ce moment précieux et désormais douloureux de sa vie. Il se rappelait les rires partagés avec Oneida, les histoires racontées par Grand-mère Sanuye, et le hurlement du loup qui avait résonné dans la nuit. Il se rappelait les promesses faites et l'amour partagé, et chaque nuit, il tentait de capturer un fragment de cette époque révolue en essayant d'attraper la lune.
"Loya, pourquoi es-tu si triste ?"
Soudain, un bruissement de pas sur le sol meuble tira Loya de ses pensées. Un jeune guerrier, son visage grave et déterminé, s'approcha respectueusement. "Warbringer" dit-il doucement, de peur de rompre l'envoûtement de la nuit. "Nous sommes prêts à partir en raid."
Loya abaissa lentement sa main, son regard quittant la lune pour se poser sur le jeune guerrier. Il acquiesça, un éclair de résolution traversant ses yeux. "Très bien" répondit-il, sa voix grave et chargée de l'autorité d'un chef aguerri. "Rassemblons les braves. Nous partons immédiatement."[/color]
Spoiler:
Young Loya (Ami-du-loup)
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