La loi du Far West

Ô ville de damnées, qui voudrait y mettre les pieds, excepté les rats trainant leur patte sur le territoire sans véritable but ? Mais Calico se porte merveilleusement bien, à être ainsi mise de côté et ignorée. Elle était ravie d'être dans l'ombre des courbettes de la Haute Société, enchantée que la fourche du fermier ne s'agitait pas dans sa terre battue... Car ainsi cachée et victime de sa propre réputation, elle pouvait tranquillement s'étendre au milieu des crasses. On disait qu'un nouveau Maire autoproclamé s'y était établi, et qu'il avait lancé un appel général mais discret à travers l'ouest pour rassembler ses partisans et monter dans la chaîne politique. On disait de lui qu'il se présentera aux prochaines élections, face au Gouverneur Stanford et qu'il prendra sa place de gré ou de force. Mais qu'est-ce que cela voulait dire, qui pouvait se croire assez puissant pour oser sortir de son trou et faire face à une figure éminente du Capitole ?

De bouche à oreille sur tout le territoire aride de la Californie, les hors-la-loi répondirent à l'invitation de ce mystérieux personnage qui se pensait capable de redorer le drapeau de Calico. Après tout pourquoi pas, cela pouvait ressembler à une bonne nouvelle. Personne ne voulait de cette ville-poubelle, on ne pouvait que se réjouir que quelqu'un veuille la sauver n'est-ce pas ?

La foule affluait devant la mairie de Calico. Au rez-de-chaussée, des hommes de main armés jusqu'aux dents et des adjoints du shérif somme toute corrompus faisaient la garde. Il y aurait beaucoup de monde cette nuit en ville, c'était indéniable. L'heure tardive obligea à ceux ayant répondu à l'appel de tenir une torche afin d'y voir clair au milieu de l'obscurité. Tous attendaient l'arrivée du Maire sur le balcon, qui se faisait désirer pour la simple et bonne raison qu'il pouvait jouer à ce jeu dangereux...
Qui que vous soyez, vous étiez parmi la foule, certainement le visage caché sous un foulard pour ne pas être reconnu dans le cas où il s'agirait peut-être d'un piège de grande envergure ?

Pas l'ombre d'un homme de loi dans cette ville, sans compter les étoiles corrompues qui fermaient les yeux moyennant bien sûr une grasse contribution. Calico était vile, mais les habitués pouvaient voir que certaines choses avaient changé ; le nouveau maire avait sorti de sa poche une somme conséquente pour la construction de plusieurs bâtisses et la rénovation d'autres. Certains avaient déjà vu son visage, d'autre ignorait jusqu'à son nom. Mais qui cracherait sur la seule personne prenant soin de redorer le blason des hors-la-loi ?

La foule s'impatientait, tous étaient agités et les centaines de murmures unis formaient comme une seule voix. La lune et les myriades de bougies allumées le long de la large rue éclairaient parfaitement les portes de cette terrasse, en hauteur, qui s'ouvrait lentement sur la silhouette dodue d'un homme en sueur. Ce n'était pas la chaleur qui le mit dans cet état, pour sûr, l'air était fraîchement agréable. Mais c'était le canon d'un revolver fixé sur lui, depuis la pièce adjacente de la mairie, qui l'inquiétait davantage. (Faites 1D20 Chance pour voir si votre personnage remarque l'arme).

Chers citoyens de Calico... B-Bonsoir ! Un rictus trahissant sa nervosité déforma son visage. Il s'avança jusqu'à la rambarde en bois blanc et posa une main tremblante dessus. Pour ceux qui viennent de loin et ne me connaissent pas, je suis le maire de cette ville, monsieur Wilson.
Il semblerait que dans la grande bonté du voleur de titre, monsieur Wilson avait pu choisir entre la vie et la mort, un cadeau précieux en échange de sa reddition si on estimait la longue liste de morts que trainait son bourreau. Chaque chose a une fin.. et j'ai décidé de mettre C-Calico.. entre les mains d'un homme qui s-s-saura vous apporter ce..dont... vous av-vez besoin...
Les filles du saloon assistait à la scène depuis leur propre balcon, la poitrine pratiquement à l'air et les rires contagieux se propageant dans toute la maisonnée.
EH WILSON, cria l'une d'entre elle assez fort pour être entendue par tous, tu te rappelles quand t'es venu me baiser et que t'as jamais payer, connard ! Une de ses copines lui tendit une tomate qu'elle lança vers monsieur Wilson, mais n'atteignit pas sa cible. Donne moi mon fric !
A nouveau les invités du futur maire s'agitèrent tandis que monsieur Wilson se retrouvait confus par l'intervention de la fille de joie. Pour n'avoir jamais mis les pieds dans la maison de passe, car il connaissait ses dangerosités, il ne savait même pas de quoi elle parlait !
Navré vous devez me confondre avec qu-quelqu'un d'autre... répondit-il, la peur au ventre. Il observa une fraction de seconde par dessus son épaule, le géant muet avait toujours l'arme braqué sur lui.

Des enfants de rues avaient eu la merveilleuse idée de se frayer un chemin entre la foule, un bac de tomates pourries entre les mains...

A l'intérieur de la mairie, une silhouette aux cheveux grisonnants sous son chapeau souriait, alors qu'elle regardait la scène avec beaucoup d'intérêt. L'homme était assis, prenant un plaisir vicieux à constater que l'ancien maire se pissait dessus comme un putain de vieux croûton. Ce n'était pas lui qui tenait l'arme qui visait le dos en sueur de la marionnette, oh non, lui ne se salirait plus jamais les mains... Pas à la lumière du jour, du moins.
L'homme se leva, il avait hâte de se montrer, de voir combien de moutons avaient répondu à l'appel du Berger. Un pas après l'autre, il avança sur le balcon, gardant toujours son chapeau sur la tête qui cachait une partie de son identité. Dans un geste ferme et agressif, il attrapa l'épaule de l'ex-maire Wilson et se tint à ses côtés.
A son arrivée, le brouhaha s'amenuisa, le silence retombait sur l'assemblée que le mystérieux homme observa d'un oeil contemplatif. Il était fier de voix que son message avait circulé dans tout l'Etat, des visages de tout type le fixant depuis le contrebas.

D'une voix forte et volontairement théâtrale, il prit la parole, sans relâcher la pression sur l'épaule de monsieur Wilson.
Autant de visages réunis ce soir me remplit de joie, mes amis ! Son regard balaya la foule, son sourire carnassier déformant ses traits. Putain, oui ! OUI ! Il poussa monsieur Wilson sur le côté qui tomba sans se rattraper. Il n'osa ni se relever pour reprendre contenance, ni lever un regard sur son bourreau de peur de sceller son sort. Vous l'savez pas encore mais je vais vous élever, vous pourrez pisser où bon vous semble ! Vous pourrez entrer dans n'importe quelle putain de ville de toute la Californie ! D'abord la Californie, ensuite il étendrait son influence toujours plus. Il en tremblait d'avance de plaisir.
Dans la rue, des visages se réjouissaient car ils l'avaient reconnu, tandis que d'autres étaient toujours dans le flou.
Ce type, là, dit-il en crachant sur le corps recroquevillé de Wilson, c'est une sac-à-merde qui n'a jamais rien fait pour vous. Un putain de vendu qui collaborait avec les autorités et les chasseurs de prime, qui recherchent toutes VOS têtes, m'sieurs dames !
L'homme se tourna vers un de ses acolytes et d'un geste du menton, ordonna à ce qu'on lui ramène le coffre personnel de l'ancien maire. Celui-ci dut l'ouvrir sous la contrainte un peu plus tôt, permettant à son bourreau de s'emparer de l'argent.
Voyez comme je suis bon, mes amis. Tout ce fric a été accumulé sur les hors-la-lois qui n'ont pas eu votre chance ! Et vous savez quoi ? IL EST A VOUS !
Il déversa les pièces et les billets sur la foule. Il devait les attirer, les faire rejoindre son rang, leur prouver qu'avec lui ils ne seraient plus obligés de vivre caché dans la bouse puante d'une étable.

Maître du Jeu a écrit:

Si vous mettez la main sur l'argent, faites 1D20 pour voir combien vous réussissez à ramasser au milieu de toute l'agitation surexcitée par le ciel qui pleuvait des liasses.

Tel un dieu devant ses fanatiques, Hudson jubilait de les entendre louer son nom. C'était là sa place, au-dessus de tous afin de les guider tel un berger. Il les regardait hisser leur bras pour attraper les billets en vol, tandis que d'autres avaient déjà la face contre terre pour récupérer ce qui était déjà tombé. Horace Hudson n'aimait personne excepté soi-même, mais il savait l'importance d'être suivi par d'autres. On n'arrivait pas à grand chose en étant seul, mais toute une foule à sa suite le rendrait invincible.

Momuso, le natif qui avait trahi les siens et rejoint le gang de H.H, était tapi dans l'ombre. C'était lui qui tenait l'arme à la main, visant l'ancien maire toujours étendu sur le sol, tremblant comme une feuille. Il s'avança sur le balcon et attrapa le pauvre homme par le col de sa chemise toute froissée. Levant le revolver dans les airs, il tira un premier coup de feu pour inciter au silence.
Et le silence fut.
Bien, dit le maire de Calico, bien. Dès demain, ceux qui veulent faire partis de mes rangs se présenteront dès l'aube à la mairie pour voir son nom inscrit dans le registre. Vous avez une putain de semaine pour être avec moi ! C'était un livre flambant neuf, qui serait tenu par ses soins. Y laisser son nom apparaître avait ses avantages comme ses inconvénients ; Horace ne pardonnait pas la trahison. Pour ceux qui hésitent, sachez que ne pas être avec moi, c'est être contre moi. Ses yeux sombres dévisageaient ces visages illuminés par le feu des torches, dans la rue. Ses mains se tenaient fermement sur la rembarde en bois. Il était doué pour faire passer ses idées comme la seule évidente et possible, tout en menaçant les plus récalcitrants. Puis, changeant subitement d'humeur, il reprit comme si de rien était. La première chose, en bon maire qui soit, est de donner à ces citoyens la meilleure qualité de vie possible. C'est pourquoi dans deux semaines, nous partirons à travers tout le territoire pour... Il eut un fin sourire. Il avait failli dire "pour piller", mais à présent qu'il était lavé de tout péché, ses activités ne pouvaient porter un tel nom. Pour négocier avec nos villes voisines. Nous allons leur offrir notre protection contre nous-mêmes, moyennant une taxe. Son rire s'éleva alors que les étoiles, pauvres témoins silencieux à des années lumières de là, ne pouvaient agir. Horace Hudson allait voler légalement puisque brûler des villages lui était désormais interdit. Il chargerait des groupes sur les routes principales des diligences, irait même jusque dans les trous perdus des sauvages pour les débusquer. Il en était sûr, ces peaux-rouges cachaient des montagnes d'or quelque part.

Momuso tira monsieur Wilson avec lui, vers l'intérieur du bâtiment. Après une minute d'absence ils réapparaurent à l'entrée, en bas, où l'amérindien jeta l'ancien maire aux chiens galeux qui composaient l'armée de son patron.
Pour ce qui est de ce traître qui a versé le sang des nôtres sur cette même place... Faites preuve de miséricorde. Acceuillez-le comme il se doit. Sa voix avait tranché telle une lame, sa langue s'était fourchée comme celui du vicieux serpent. L'ordre était implicite, tacite, mais tous comprirent que cette nuit serait la dernière de l'ex-maire.

Tandis qu'Horace Hudson tournait le dos à la scène pour s'enfermer dans sa mairie, sa nouvelle maison obtenue par le chantage et la menace, une dizaine de criminels s'arrachait monsieur Wilson qui avait pissé dans son pantalon en voyant sa fin arriver. Trainé comme un chien, il était emmené en dehors de Calico à coup de poings, de crachats visqueux et jaunâtres s'étaler sur sa face déformée par la terreur...

MDJ a écrit:

Ceci était le dernier post du Maître du Jeu. Vous pouvez continuer de poster pour clôturer cette sombre soirée. Les enjeux sont désormais entre vos mains : Horace Hudson crée une armée, à vous de voir si vous souhaitez en faire parti ou non. Quelque soit votre choix, vos actions prochaines devront naturellement tendre vers cette direction...