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 Une corde raide

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Faolán P. Riagal
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MessageSujet: Une corde raide   Une corde raide EmptyJeu 23 Nov - 15:40




  • Type de RP: normal
  • Date du RP : 07/04/66  
  • Participants : Faolan/Victoria
  • Trigger warning : post-event, violence, récit, sang, famine
  • Résumé : Fao va continuer les soins de Victoria, malgré sa propre faiblesse.



Dernière édition par Faolán P. Riagal le Jeu 23 Nov - 15:43, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Une corde raide   Une corde raide EmptyJeu 23 Nov - 15:41

Le monde tournait toujours. Sa tête, un peu moins. Petit à petit, il avait pu reprendre des forces. Les jours alités avaient été terriblement longs. Il n'avait eu cesse que de pouvoir se lever. Elizavetha, Miss Krajnc, s'était montrée au moins aussi tyranique que ne l'était son père et il avait du prendre son mal en patience. Au moins son épaule ne s'infectait pas et il devait reconnaître qu'il n'avait pas la force de faire plus que lire, un peu, et dormir, beaucoup.

Petit à petit, il avait pu lire, beaucoup, et dormir, un peu. C'était bon signe car cela voulait dire que les forces lui revenaient. Il s'était levé, doucement, par étapes. Il avait marché dans sa chambre, déséquilibré par son bras toujours douloureux, toujours ouvert, toujours en écharpe. Louant régulièrement le Seigneur de lui avoir donné une santé de fer et un corps capable de supporter beaucoup, il avait élargi son terrain de jeu à la salle de bain et la bibliothèque. On l'avait rasé, coiffé. Il s'était lavé. S'habiller avait été plus compliqué. Il était hors de question de demander de l'aide, ça aurait été inconvenant. Aussi, les boutons de sa chemise étaient près à craquer sous la bosse faite par son bras serré contre son torse alors que la manche pendait bêtement sur le côté. Son pantalon n'était pas aussi tiré que d'habitude, les bretelles lui ayant résisté. Ses chaussettes gondolaient sur ses chevilles. Il n'avait ni gilet, ni manteau. Mais son chapeau.

Judith était revenue. En mauvais état. Elle était loin d'être sortie d'affaire malgré le temps que le médecin avait passé auprès d'elle pour vider les abcès, enlever les projectiles et reprendre les soins. Elle devait se reposer à présent. Il s'occuperait d'elle demain.

Elizavetha était indemne. Epuisée, il fallait vraiment qu'elle se repose. Le médecin se promettait d'avoir une discussion avec elle à ce sujet le soir-même, quand il serait rentré.

Car il était sorti. Il avait prit sa cape pour plus de facilité et son sac de médecin allégé pour l'occasion. Juste le nécessaire. Parce qu'il restait Victoria. Victoria qu'il avait promit de soigner et qu'il n'avait pu voir auparavant. Mettant sa fierté de côté, il avait demandé à un fermer qui avait encore sa charette de l'emmener jusqu'au manoir. Il ne sentait pas de marcher jusque là et même lui n'allait pas risquer de monter à cheval.

Il frappa à la porte. On le fit entrer et patienter. Il pu voir son reflet dans l'un des miroirs. Pâle, plus blanc encore que d'habitude, des cernes noires entourant ses deux yeux un peu trop brillants à cause de la fievre. Il était rasé de la veille et coiffé correctement mais sa tenue...il aurait honte de se montrer ainsi s'il n'avait pas fait la guerre et apprit que le soin était plus important que le paraitre.

"Madame va vous recevoir" lui dit-on. D'ordinaire, il reconnaissait le dommestique du manoir et avait toujours un mot gentil pour eux. Là, il ne reconnaissait plus personne, concentré uniquement sur sa tâche. Car le monde continuait de tourner et il savait qu'il tirait sur la corde.
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MessageSujet: Re: Une corde raide   Une corde raide EmptyDim 26 Nov - 14:52



Une semaine. Une semaine s’était éoulée depuis l’abominable nuit de torture qui avait ébranlée la demeure normalement paisible des Stanford. Le temps, pourtant, s’était écoulé de manière anarchique dans l’esprit tourmenté de la jeune maîtresse de maison. Elle se souvenait du sang. Elle se rappelait la douleur qui avait fait naître ses cris qui ne trouvèrent pour réponse que leur propre écho contre les murs du bureau de son époux. Pourtant, de ce dos endolori, la jeune femme avait su faire fi, se préoccupant plus encore de ce qui se déroulait dans le creux de ses entrailles. Son corps s’était tendu, à de multiples reprises, se serrant autour de ce petit être qu’elle contenait précieusement en son sein. Si Hudson avait mis à exécution sa terrible menace, que serait-il arrivé à son bébé ?

Elle s’était réveillée plusieurs fois, dormant de longues heures grâce au chloroforme du docteur Riagal. L’épouse du gouverneur semblait paisiblement étendue dans un lit qui avait été refait durant son sommeil, pour que disparaissent les traces de l’horreur. Quand, enfin, elle avait rouvert les yeux, ce fut une servante qui se trouvait à son chevet, se hâtant de trouver monsieur Jenson pour calmer la maîtresse de maison. Sa peur provoquait de nombreux tremblements et déjà, elle avait le sentiment de ressentir à nouveau les crampes dans son bas ventre, annonciatrices d’un grand malheur. Le Majordome se montra d’une bienveillance profonde, cherchant à l’apaiser, à la rassurer à travers les mots. Louisa ? Elle était saine et sauve mais avait besoin de repos. L’enfant ? Le docteur reviendrait quand il en serait capable mais il semblait hors de danger, tant qu’elle restait raisonnablement dans son lit et qu’elle tentait de se calmer. Ferdinand ? Enfermé dans son bureau. Il viendra vous voir quand il le pourra, madame, j’en suis assuré. Les domestiques ? Ils étaient choqués, endeuillés, mais ils saluaient tous le courage de leurs maîtres et partageaient leur peine à son sort. Son… sort ? Victoria avait longuement froncé les sourcils, réalisant soudainement comme tout son corps était meurtri. La souffrance était là, pourtant bien écrasée par toutes les préoccupations qui la travaillait encore et encore. Mais la douleur, peu à peu, pris place dans son être. L’inconfort des points qui la tiraillaient, les contractions encore à demi présentes, son bras sur lequel elle s’était rattrapée misérablement… Et l’entièreté de ses muscles qui témoignaient de cette bataille dans laquelle elle n’avait pas démérité mais qu’elle avait perdue d’avance. Jenson, alors, l’intima au sommeil en l’aidant à se rendormir, après s’être assuré qu’elle ait bu quelques gorgées d’eau. Manger viendrait plus tard, il le savait.

Il n’y avait plus réellement de jour ou de nuit, dans les appartements de la jeune femme. Ses réveils étaient synonymes de cris et de peur que parvenaient à calmer ceux qui la dorlotaient. Parfois, dans les méandres de ses tourments, elle eut l’impression de ressentir la présence de son époux, murmurant son nom entre ses lèvres, gardant dans son esprit l’empreinte de ses lèvres sur son front. Et, au fil des jours, son état se fit plus stable. L’interdiction de quitter le lit était contraignante, enfreinte uniquement pour qu’elle puisse se soulager. Elle avait dormi avec profondeur, avec nécessité, ne sachant plus même combien de temps elle était supposée rester éveillée. Puis, quelques jours après l’horreur, Louisa s’était faufilée jusqu’à sa chambre, rassurant celle qui pleura de longues minutes en l’implorant de lui pardonner. Les deux femmes s’étreignirent avec ce respect bordé d’amitié, échangeant leur peine. La jeune femme de chambre avait été sonnée et avait dû se reposer, mais elle était en vie, n’enviant nullement le sort de celle que l’on ne fit qu’évoquer. Victoria, alors, reprit son rôle, donnant les consignes pour que les domestiques décédés aient droit à des funérailles dignes et honorables. Elle dépêcha également Grace à Crimson pour que la jeune demoiselle puisse faire preuve de charité, au nom de la famille Stanford. N’étaient-ils pas un peu coupables de ce malheur ? Sans le gouverneur en ces terres, Hudson aurait peut-être su passer son chemin, sans attaquer ces pauvres gens.

Le temps passa mais la mélancolie était toujours là, sur ses traits tirés et épuisés. Elle couvait son enfant, protectrice, ne souhaitant pas le voir la quitter, ne le sentant plus se manifester depuis l’intérieur de son être. Plusieurs fois, elle interrogea qui de droit sur la possibilité de la venue du docteur Riagal mais toujours, on lui répondit qu’il tâchait de reprendre des forces. S’il mourait, elle ne se le pardonnerait jamais. Et finalement, une semaine après les faits, on vint lui annoncer sa venue. Victoria n’avait reçu aucune visite depuis ce triste jour et n’était pas en tenue pour quelques courtoisies. Mais le médecin ne venait pas pour échanger quelques bavardages autour d’un thé bien chaud : il venait s’assurer de la santé de sa patiente. Remontant ses draps, elle se redressa légèrement, quémandant un châle qu’elle plaça sur ses épaules pour sembler doucement plus habillée qu’avec cette chemise de nuit qu’elle portait. « Faites-le monter. » Prenant une longue inspiration, elle attendit qu’il n’entre, qu’il pénètre les lieux, son cerveau lui renvoyant les dernières images de l’homme de science, la poussant à rougir malgré elle quand le souvenir confus de son examen plus approfondi se rappela à elle. La porte s’ouvrit, cependant, et la silhouette du médecin se dessina dans l’encadrement de celle-ci, suivie par celle de Louisa. A sa vue, et comme à chaque fois, Victoria laissa ses pâles lèvres s’étirer en un demi sourire qui ne faisait que trahir son ravissement et son soulagement de le voir debout. « Docteur Riagal… C’est un soulagement de vous revoir. » Elle soupira longuement, se redressant un peu plus sur son lit. « Merci d’avoir pris la peine de vous déplacer, dans votre état. J’espère que vous saurez me pardonner la manière dont je vous reçois, mais tout le monde se sera accordé à m’obliger à garder le lit, comme vous l’avez ordonné. »


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MessageSujet: Re: Une corde raide   Une corde raide EmptyLun 27 Nov - 16:17

On le fit monter jusqu'à la chambre. Louisa apparu, et Faolan la salua avec sa bienveillance coutumière avant de pénétrer dans la pièce. Il ne se souvenait plus de l'épisode juste avant sa perte de connaissance. Il savait ce qu'il avait fait, et pourquoi, en lisant le carnet qu'il portait toujours sur lui et où il avait consigné d'une écriture bien mauvaise, les soins qu'il avait prodigués en cette nuit funeste. Jamais il n'avait autant loué le Seigneur de l'avoir fait gaucher. Donc contractions, pas de rupture de la poche utérine, de profondes coupures dans le dos, un traumatisme certain. Il l'avait examinée, recousue et endormie de cholorophorme dont il avait laissé une bouteille sur place.

Elle était assise sur le lit. Belle dans sa chemise de nuit, les épaules modestement couvertes d'un châle, la plénitude de sa maternité gonflant sa robe et les tourments de sa souffrance sur le visage. Même ainsi, elle était belle. Faolan eut son sourire habituel en la voyant, malgré ses propres traits marquant à quel point il n'était pas passé loin de ne jamais se réveiller.

"Madame Stanford" répondit-il doucement "Vous voir est toujours un ravissement, quand bien même j'aurais préféré que ce soit dans de meilleures circonstances."

Monter l'escalier l'avait plus fatigué qu'il ne voulait bien l'avouer. Son souffle était encore un peu court et il posa rapidement sa malette sur le petit meuble près du lit. Sans attendre, lui qui refusait toujours cette politesse, il prit de lui-même une chaise pour soulager ses jambes.

"Je vous en prie, il est impératif que vous continuiez à vous reposer. Je vois bien que vous n'êtes pas encore en état de quitter la chambre. C'est moi qui suis navré de n'avoir pu répondre à vos demandes plus tôt."

Il avait promis, juré, assuré qu'il serait toujours là et avait laissé passer une semaine alors qu'en temps normal il serait revenu le lendemain. Le temps passé lui pesait sur la conscience. Et la culpabilité se voyait sur son visage trop tiré pour garder l'amusement qui était son masque habituel. Il savait pourtant que, même maintenant, il était venu trop tôt. Il paierait cher le lendemain cette folie. Tant pis. Il en acceptait l'augure.

"Je vous prie de me pardonner, je vais devoir, je pense, avoir des questions et des gestes désagréables. J'aurais besoin que vous me narriez comment s'est passé cette semaine. Si vous avez eu des douleurs, des problèmes de sommeil, des crampes, des contractions. Si vous avez de l'appétit ou si vous n'arrivez rien à avaler. Comment vous êtes entourée et si quoi que ce soit vous apporte de la détresse ou de l'inconfort. Tout, même le plus trivial. Dans le même temps, si vous me le permettez, j'aimerai prendre votre pouls."

Il tendit sa main valide, doucement.
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MessageSujet: Re: Une corde raide   Une corde raide EmptyDim 17 Déc - 13:02



Vous voir est toujours un ravissement, quand bien même j’aurais préféré que ce soit dans de meilleures circonstances. Elle baissa momentanément le regard, réprimant un frisson alors que ses lèvres charnues s’entrouvraient lentement, expirant un soupir qui traduisait sa propre douleur face aux souvenirs de cette sombre nuit. Ses propres cris semblaient encore lui faire échos alors que son épaule se réveillait avec peine, lui rappelant cette douleur insoutenable que lui avait infligé le monstre qui avait forcé leur porte, qui avait précipité leur perte. Pour autant, elle se retint de porter ses doigts à cette zone douloureuse, ne souhaitant pas inquiéter plus que de raison celui qui portait déjà bien trop sur ses épaules meurtries. Devrait-elle évoquer ses cris pendant la nuit ? Si elle ne le faisait pas… Son regard glissa vers Louisa qui demeurait en retrait mais qui n’en était pas moins impliquée, connaissant suffisamment la jeune femme pour savoir qu’elle n’hésiterait pas à se faire entendre pour évoquer cela si sa maîtresse se décidait à le taire. Et puis, Faolán avait déjà impliqué la femme de chambre dans les suivis passés, pourquoi cela serait-il différent aujourd’hui ?

Elle le regarda, déposer ses affaires sur un petit meuble et tirer une chaise pour mieux prendre place sur cette dernière. Il est impératif que vous continuiez à vous reposer. Elle passa machinalement une main sur son ventre arrondi, comme validant ces mots en se rassurant sur la présence toujours actée de cet enfant en elle. Je vois bien que vous n’êtes pas encore en état de quitter la chambre. Victoria émit une plainte qui trahit tant son agacement que sa lassitude. L’ennui n’était que plus grand, lorsqu’on ne pouvait se mouvoir à son souhait et il lui tardait de pouvoir reprendre les promenades matinales au cœur du parc qui s’étirait dans la nature, derrière la demeure. A moins qu’il ne soit plus, détruit par ces barbares ? Elle réalisa qu’elle n’avait pas même pris la peine de se rendre jusqu’à la fenêtre pour observer le monde extérieur, recluse en cette cage dorée dans laquelle elle espérait pouvoir à nouveau sentir bouger sa descendance. Elle n’avait transgressé la règle qu’une fois, quittant la chambre pour mieux aller frapper de ses poings fragiles le battant de bois du bureau de Ferdinand. Jenson l’avait empêchée d’entrer et les cris et les pleurs avaient convaincu le majordome d’interférer directement avec sa maîtresse de maison, donnant ordre de la ramener dans sa chambre quand son énervement avait su réveiller les contractions douloureuses et dangereuses. On l’avait rendormie, de force, et les jours suivant ne furent que plus difficiles encore.

C’est moi qui suis navré de n’avoir pu répondre à vos demandes plus tôt. Elle lui adressa un sourire attendri, touchée par ses mots alors même qu’elle considérait son état. « Ne soyez pas ridicule… Il me suffit d’observer vos traits pour comprendre que votre Enfer n’a rien à envier au mien… Et je n’imagine même pas ce qu’a pu subir le reste de la ville… » Elle l’ignorait, à dire vrai. Personne ne lui avait rie dit. Seuls les membres du personnel de la maison décédés avaient été notifiés auprès de Victoria, dans un désir de voir les choses s’organiser sous son autorité pour faire ce qu’il y avait de mieux. Pour le reste, elle n’avait pas idée des pertes que Crimson Town avait pu subir, matérielles ou humaines.

Je vous prie de me pardonner. Je vais devoir avoir des questions et des gestes désagréables. Elle prit une profonde inspiration alors que, machinalement, ses jambes s’étaient rassemblées sous les draps. Bien que la fin de cette nuit pouvait être diffuse, elle en gardait de nombreux souvenirs et si le médecin agissait avec la plus grande bienveillance, il n’en était pas moins un homme qui pouvait se glisser dans son intimité. Peut-être, pour lui, que tout ceci se réalisait machinalement mais, pour elle, c’était une expérience qui n’avait rien d’agréable. Surtout lorsque revenaient à ses oreilles les mots crus et barbares de Horace Hudson. Je vais la baiser, et tu regarderas tout. Elle tentait de garder le contrôle de son souffle alors que les mains crasseuses du vaurien semblaient à nouveau glisser sur son corps, lui arrachant un frisson qui secoua son être. Le docteur Riagal n’était pas ce monstre, bien au contraire. Mais les gestes pouvaient réveiller les souvenirs et elle craignait de sentir à nouveau tout ceci. En attendant, il la questionna largement sur de nombreux aspects, cherchant à connaître les détails de cette semaine. Dans le même temps, si vous me le permettez, j’aimerai prendre votre pouls. Avisant la main tendue et n’ayant aucune crainte face à ce geste, elle laissa son poignet délicat prendre place entre les doigts du médecin.

Soupirant longuement, elle commença alors à énumérer les choses qu’il lui avait demandé. « J’ai beaucoup dormi… Mais le sommeil m’est parfois difficile quand vient la nuit et… Ils est chahuté par de nombreux cauchemars… » Elle baissa à nouveau les yeux, humectant ses lèvres avec délicatesse alors même qu’il pouvait sentir, entre ses doigts, sa peur à travers le léger emballement de son cœur. Essayant de demeurer détachée face à tout cela, elle toussota légèrement avant de poursuivre. « Les douleurs viennent principalement de mon dos. Pour le reste… Les contractions se sont arrêtées durant la nuit qui a suivi votre venue… Même s’il y a eu un épisode contrariant qui les aura réveillées quelques heures durant. » Elle ne souhaitait pas impliquer Ferdinand dans tout ceci. Elle ne savait que trop bien que les deux hommes avaient une piètre opinion, l’un de l’autre, et elle ne désirait pas nourrir cette image sombre dans l’esprit du médecin respectable. N’était-ce pas là une nouvelle preuve de son amour inconditionnel pour le politicien ?

« Je mange régulièrement… Moins qu’auparavant, peut-être. » Elle avait ajouté cette phrase en avisant le pas en avant que Louisa avait réalisé, comme si elle voulait le souligner par elle-même. Comment vous êtes entourée et si quoi que ce soit vous apporte de la détresse ou de l'inconfort. Que devait-elle seulement répondre à ces interrogations ? Ferdinand et son enfant étaient ses deux préoccupations principales et ni l’un ni l’autre ne semblait désireux de lui montrer un signe de vie. Tous deux étaient une source d’inquiétude et de déception, à leur manière. « Louisa me veille une grande partie de la journée, depuis peu. Elle a eu besoin de beaucoup de repos après le coup violent que… » Qu’elle avait reçu. Par sa faute. Si Victoria s’était rendue en premier lieu, Louisa n’aurait pas été prise à partie, d’aucune manière. Déglutissant avec peine, elle se mordit la lèvre inférieure. « L’enfant… Je… Il n’a pas bougé, depuis… » Elle releva machinalement le regard vers le médecin, cherchant le réconfort nécessaire dans ses yeux pour s’assurer que le petit être qui prenait place en elle poursuivrait sa croissance et n’était pas immobile pour une raison plus morbide. Louisa, elle, trépignait sur place, ne sachant pas réellement si elle devait invoquer le traitement de Ferdinand envers son époux au médecin.


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MessageSujet: Re: Une corde raide   Une corde raide EmptyMar 19 Déc - 15:28

Le pouls était régulier, bien qu'un peu rapide et pas aussi fort qu'il aurait aimé le sentir. Ce n'était pas un signe de fièvre dans ce cas précis. Il y ressentait plus de la nervosité, sans pour autant en connaitre la cause. Si les veines pouvaient parler. Si les médecins pouvaient savoir ce qu'il se passait dans les consciences des patients, leur métier serait tellement plus facile. Mais la civilisation avait les émois en horreur et il fallait mentir, cacher sous un vernis de perfection les pensées et les humeurs qui n'étaient pas bonnes.

Le médecin, autant qu'un homme de science, se devait de connaitre l'humanité. La société. Et les tragédies qui se jouaient derrière les portes fermées des foyers. Au regard des Stanford, il savait que ce n'était pas le cas sans pour autant arriver à confirmer ses soupçons. Un sourire doux salua la reprise de parole de la jeune femme. L'enfer qui avait été le sien n'était rien par rapport à celui qu'avait subi Judith par sa faute ou l'état des autres habitants de la ville. Il lui faudrait du temps pour arrêter de s'en vouloir de son inadptitude. Il aurait du faire plus. Il aurait du faire mieux. Il ne pouvait pas changer le passé mais s'investir dans le futur pour ne pas répéter ses erreurs et atteindre le niveau qui devait être le sien.

"Ne vous en préoccupez pas, je vous en prie." Il était impératif que la gestante ne subisse qu'un minimum de contrariété, surtout au vu de ce qu'elle avait précédemment subi. Du repos du corps et de l'esprit, voilà ce qui la soignerait plus sûrement que tout le reste. Et comme elle répondait à ses questions, il l'écouta attentivement, sans l'interrompre, observant son teint, ses yeux, la pâleur de ses joues et de ses lèvres. Il ne savait pas en l'état si elle avait ou non maigri. Le geste de Louisa ne lui avait par ailleurs pas échappé. Il lui sourit à son tour. Il n'avait pas su qu'elle avait été blessée. Il aurait pu...Il aurait pu faire tellement plus.

"J'ignorais que vous aviez été blessée, Louisa. Vous auriez du me faire appeler, j'aurais pu..." Il n'aurait rien pu faire. A moins qu'on l'ait prévenu alors qu'il finissait les soins du Maître de Maison. Ses jours de délire avaient tellement de gâchi... Seigneur, donne moi la force de ne plus sombrer ainsi dans la faiblesse.

Ne pouvant se signer, il attrapa la croix d'argent qu'il cachait habituellement à son cou et la porta à ses lèvres.

"Il faut que vous mangiez, Madame. Si la nourriture solide ne passe pas, prenez des bouillons fortement chargés en viandes et en sel. Tentez le pain. Les soupes. Les desserts. Peu importe que ce soit équilibré pour le moment. Au pire, gardez un morceau de pain et de fromage près de vous et grignotez le dans la journée. Tout est mieux que rien. L'absence de mouvement peut tout à fait être du au manque d'énergie de votre enfant qui, en période de disette, reste immobile pour concentrer ses ressources sur son développement."

Il avait connu la famine. La vraie. Celle où les gens deviennent fous, se battent pour un chat, veulent manger leurs enfants et meurent, rampant, devant les portes du cloître. Lui-même avait eu faim, devant l'apauvrissement des rations, sans pour autant ne manquer jamais vraiment. Il n'oublierait jamais. Le Seigneur avait voulu punir les irlandais de s'être une nouvelle fois couchés devant l'ennemi anglican. Dieu a envoyé les pommes de terre. L'anglais la maladie.

"Les cauchemars sont malheureusement prévisibles. En avez-vous quand vous prenez la potion pour dormir que je vous ai, je crois, fait parvenir ? J'en fabriquerai d'autres, cela devrait vous assurer un sommeil sans rêve pour le moment."

Le dos.

"Je regarderai votre dos quand je me serai assuré de l'état de l'enfant. La douleur n'est pas forcément mauvais signe mais je dois vérifier que la cicatrisation se passe bien car elle était profonde. J'avais donné des signes d'alerte à votre époux...si j'en crois que ce j'avais noté alors." Les notes étaient presque illisibles. On sentait la fatigue derrière chaque lettres. Mais par la grâce de Dieu, elles étaient là car il n'avait qu'un souvenir très flou de ce qu'il avait bien pu faire ce soir là.

"Si vous voulez bien vous allonger vers moi, je vais tâter votre ventre."

La laissant se préparer, il alla se laver la main au même bassin qui était propre. Il se souvent de l'eau rose, secouant la tête pour en chasser la vision. Restant debout, il revint vers sa patiente pressant fermement mais avec autant de douceur possible la poche utérine, cherchant des réponses du foetus.

C'était bizarre. Il prenait vraiment des places et des formes inhabituelles.

Bah, il devait se faire des idées. Sa propre crainte mêlée à sa fatigue le faisaient s'inquiéter pour rien. Le Seigneur ne permettrait pas un enfant difforme.

"Vous avez parlé d'un épisode contrariant ?" questionna-t-il tout en continuant son examen.
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MessageSujet: Re: Une corde raide   Une corde raide EmptyDim 31 Déc - 14:41



Ne vous en préoccupez pas, je vous en prie. Comment pourrait-elle se résoudre à ne pas penser à cette bourgade tranquille qui venait d’essuyer la pire attaque de sa vie à cause de sa famille ? Le médecin et sa mine fatiguée témoignaient suffisamment de l’horreur qui avait été vécue là-bas. Finalement, n’avait-elle pas mérité sa propre peine ? N’était-ce pas sa contribution pour mieux découvrir ce dont ils étaient responsables, Ferdinand et elle ? Préférant voir le médecin orienter momentanément son attention sur sa femme de chambre, Victoria baissa le regard, déglutissant avec peine alors que lui-même se rendait bien compte qu’il n’aurait pu faire grand-chose. Louisa tenta bien de lui exprimer sa reconnaissance et lui faire entendre qu’elle allait mieux. Mais Victoria avait ‘esprit ailleurs, se remémorant la nuit terrible qu’ils avaient tous traversé. « Elle aurait mérité votre attention plus que je ne le fais. Elle a été d’une bravoure exemplaire et c’est par ma faute qu’elle a été blessée. » C’était peut-être la première fois qu’elle le formulait à voix haute, elle qui l’avait tant pensé, elle qui s’était inquiétée de ne plus voir la jeune métisse revenir à un état de conscience après le coup qu’elle eut reçu à la tête. La jeune domestique n’osa la contredire, baissant le chef alors que Victoria prenait grand soin de ne pas croiser son regard, prenant une grande inspiration alors que le médecin commençait à faire le tour de son état des lieux.

Il faut que vous mangiez, madame. Une évidence pour quiconque, même pour elle et pourtant, l’appétit ne venait que peu. C’était bien le grand mal de la jeune femme et elle le savait : les contrariétés finissaient par se ressentir dans le poids de ses assiettes. Il lista toutes les possibilités, appuyant sur les bouillons, sur les desserts. Peu importe que ce soit équilibré pour le moment. Elle n’avait jamais réellement été confrontée à ce genre de problème, à dire vrai, n’ayant jamais manqué de rien et appréciant volontiers bon nombre de plats. Tout est mieux que rien. Elle pinça doucement les lèvres, hochant pourtant la tête. Quand bien même elle était en désaccord dans son corps, elle savait, grâce à son esprit, que le docteur Riagal lui donnait des conseils vrais et établis. Ne pas l’écouter et l’entendre serait une erreur. Elle espérait simplement que son corps accepte cette rédemption. L’absence de mouvement peut être due au manque d’énergie de votre enfant. Elle était donc également responsable de cela. Ferdinand avait toutes les raisons du monde de la haïr et de la fuir, elle qui avait cru bon de le placer lui comme priorité absolue, oubliant même l’enfant qu’elle portait.

Les cauchemars sont malheureusement prévisibles. Qui n’en faisait pas, en réalité, après tout ce sang versé ? Seulement, les cauchemars de Victoria n’étaient pas que des songes qui perdaient en teneur une fois sortie de son sommeil. Les hurlements qu’elle poussait semblaient faire trembler les murs de la grande demeure et réveillaient tous les domestiques. Forte d’une profonde paranoïa, elle voyait les spectres de ces hommes poursuivre leur œuvre et subissait, physiquement, à nouveau leur volonté. Ferdinand, pourtant, semblait demeurer sourd à ses pleurs et ses appels nocturnes, à cette peur écrasante qui ne faisait que l’empêcher de trouver la quiétude nécessaire à son bien-être. Une nuit, perdue dans le brouillard que provoquait la précieuse potion du médecin, elle avait cru le voir se pencher vers elle. Mais la réalité et les cauchemars s’entremêlaient et il lui semblait ne plus savoir si ce qu’elle avait cru percevoir était vrai ou non. Un sommeil sans rêve. Elle hocha péniblement la tête, n'étant pas sûre de pouvoir, un jour, succomber aux bras tendres de Morphée et à son royaume merveilleux. Si elle refusait de prime abord la substance, on la lui donnait plus tard dans la nuit.

Je regarderai votre dos quand je me serai assuré de l’état de l’enfant. La priorité, évidemment, n’allait pas à elle et elle le comprenait. Cette blessure était, finalement, bien superficielle. Je dois vérifier que la cicatrisation se passe bien car elle était profonde. Elle prit une profonde inspiration, réalisant que ce qu’elle avait subi était finalement plus important que ce qu’elle pensait. Elle se souvenait de l’éclat brillant de la lame et de la douleur vive et longue qu’il avait creusé dans son omoplate. Qu’avait-il seulement tailladé dans sa peau ? Elle n’avait su l’identifier et n’avait pas encore posé la question. Comment ce monstre l’avait-il marqué ? Si vous voulez bien vous allonger vers moi, je vais tâter votre ventre. Elle se crispa un peu plus, ne souhaitant pas revivre l’examen plus intrusif qu’il avait été obligé d’exécuter. Pour autant, elle s’exécuta avec raideur, fermant les paupières alors que son crâne s’enfonçait dans l’oreiller que Louisa avait su placer convenablement. Les mains de Faolan se posèrent sur son ventre, sur la mince couche de tissu qui la couvrait, auscultant celui-ci avec ce qui lui sembla être de la douceur. Rouvrant les yeux, déglutissant avec peine, elle notifia évidemment son inquiétude, ses traits se faisant soucieux. Pour autant, elle n’eut guère le temps de lui demander les raisons de cette mine qu’il vint couper l’herbe sous son pied. Vous avez parlé d’un épisode contrariant ? Elle prit une profonde inspiration, sachant déjà qu’elle aurait mieux fait de tourner sa langue dans sa bouche avant d’aborder ce sujet. « Ferdinand, il… Je m’inquiète beaucoup pour lui, j’ignore même s’il va bien… Il refuse de sortir de son bureau… Et de me voir. » Elle s’appliquait à contempler le plafond décoré de sa chambre, comme si elle était en quête de quelques détails dont elle ignorait l’existence. « Je voudrais juste que… Qu’il soit à mes côtés… Un peu plus… » Qu’il vienne l’étreindre, ou même la blâmer. Mais qu’il vienne, bon Dieu ! Fronçant ses propres sourcils, elle tâcha de regarder le médecin. « Est-ce que… L’enfant… ? » Pouvait-il être mort dans son ventre ? Ces monstres auraient-ils ce crime supplémentaire sur la conscience ?


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MessageSujet: Re: Une corde raide   Une corde raide EmptyMar 9 Jan - 16:26

Concentré sur son examen, Faolan ne comprit pas tout de suite l'étendu du mal qui rongeait l'âme de la future mère. Il répondit tout de même, son accent irlandais ressortant un peu sur son anglais, seul signe extérieur de la colère rentrée qu'il ressentait.

"Le seul coupable d'une blessure est celui qui porte le coup."

La culpabilité des victimes était normale. Habituelle. Soigner l'âme faisait partie de son métier. Il lui arrivait de se dire qu'il la ressentait aussi, parfois, mais ce n'était pas pareil. Victoria et Louisa étaient des femmes, elles n'avaient pas été entraînées à combattre de telles horreurs, elles n'auraient jamais du y être confrontées. Ce qu'il s'était passé n'était en rien une bataille civilisées et il ne fallait pas que ces dames se sentent responsable du manque d'âme de certains. Lui aurait du protéger son sanctuaire. Un hôpital aurait dû être une église. Plus sacré, même car la santé était un état qui dépassait les différences d'opinions ou de foi. C'était un bien précieux pour tout être vivant, qui allait au delà des cultures. Tout être humain voulait que ses proches et lui vivent le mieux et le plus longtemps possible. Le repos des malades aurait du être inviolable. Il ne l'avait pas été. C'était un blasphème à ses yeux.

Mais quand on savait ce qui était arrivé à l'église de la Ville, devait-on s'étonner de ce manque de respect, finalement ? Faolan était trop fatigué pour répondre à cette question correctement. Il n'avait pas eu le temps d'analyser les tenants et les aboutissants de ce qu'il s'était passé. Pas eu le temps de se poser vraiment. Toute période où il ne sombrait pas dans un sommeil sans rêve dû à l'épuisement et à la fièvre avait été passé à convaincre son corps et Elizavetha qu'il allait mieux.

Il appuya un peu plus fort. Assez pour gêner l'immense forme dans les entrailles de Victoria pour qu'elle réponde. Ce qu'elle fit. L'enfant était donc vivant mais était-il viable ? Non, il ne devait pas parler de ses doutes. Il serait temps d'aviser plus tard. Il pouvait encore se tromper. La fatigue. La précocité de la grossesse. Les épreuves traversées par la mère. Ils sauraient plus tard. Le Seigneur ne permettrait pas que la belle jeune femme donne naissance à un monstre. Il y avait juste...trop de bosses sur ce foetus. Pourquoi avait-il fallu que ce soit lui ?

Parce qu'il n'y avait personne de plus qualifié aux alentours. Il faudrait vraiment qu'il recrute une maïeuticienne quand il aurait son hôpital. Ou deux. Voire trois. Ainsi, le miracle des femmes resterait entre femmes et il se contenterait de faire appliquer les dernières découvertes en matière de bonne pratiques.

"Votre enfant va bien, Madame." fit-il après un silence pensif. "Je l'ai senti bouger quand je l'ai gêné. Son immobilité peut être du à bien des choses. La faim. Le manque de place. Votre nervosité qui l'incite à se tenir tranquille...il est difficile de savoir. Avec votre permission, je vais faire le tour du lit pour examiner votre dos. Il est possible que je doive monter sur le matelas afin d'être assez proche de vous. Ne vous en effrayez pas."

Comme toujours, il n'avait pas menti, si ce n'était par omission. Il se recula, forçant la fatigue et l'inquiétude à refluer toujours plus loin de sa conscience. Au passage, il se lava la main, ôta ses chaussures avec ses pieds - ce qui avait toujours beaucoup agacé son paternel et monta sur le lit, posant près de lui son sac avec ce qu'il fallait pour reprendre une infection.

"Voulez-vous que je rappelle à votre époux que sa place est à vos côtés et que vous avez besoin d'être rassurée ? Je pourrais appuyer cette recommandation d'une autorité médicale. Sachez cependant que l'on ne m'a rien rapporté d'inquiétant concernant sa santé."

On ne lui avait rien rapporté du tout, ce qui, pour le docteur, signifiait que tout allait bien. C'étaient quand les choses tournaient mal qu'on l'appelait. Il hésita. Il ne pouvait pas en dire trop. Il avait juré de se taire sur l'état des uns et des autres.

"Il n'était pas gravement blessé cette nuit là." fit-il finalement, sa loyauté et son affection pour la mère l'emportant un peu sur son habituelle prudence. Il n'en dit pas plus. C'était déjà trop. Et posa sa main sur la blessure, cherchant des rougeurs, un gonflement, une odeur d'oignon et d'ail caractéristique des inflammations, de la chaleur autour de la plaie, des suintements.

"Avez-vous des douleurs au dos ? Des moments de vertiges qui ne vous semblent pas venir du manque de nourriture ? De la fièvre ? Des absences ? Vos pansements sont-ils propres lorsque vous les faites changer ?"
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MessageSujet: Re: Une corde raide   Une corde raide EmptyVen 12 Jan - 22:39



Le seul coupable d’une blessure est celui qui porte le coup. Victoria pinça les lèvres, incapable de se résoudre à laisser la culpabilité se détacher de son esprit. Une domestique était morte, par sa faute. Louisa avait manqué de subir le même sort. Ferdinand et sa position étaient en danger. Finalement, le prix de l’absence de son époux était bien maigre face au reste… Une punition fort peu sévère vu la responsabilité de ses crimes.

Allongée sur le lit, elle laissa le médecin poser ses mains sur son ventre, sur son corps habillé du mince tissu de sa chemise de nuit. Fixant le plafond avec détachement, elle essaya de se défaire des sensations que tout ceci pouvait bien lui inspirer et des terribles souvenirs que cette nuit pouvait lui raviver. Elle n’avait absolument rien contre le docteur Riagal mais, avant lui, le dernier à avoir posé une main envieuse sur son ventre pour mieux s’assurer de son identité, c’était le même homme qui avait su la torturer, creusant sa chair d’une lame aiguisée pour mieux la marquer. Victoria, d’ailleurs, n’avait toujours pas idée de ce que les sillons pouvaient bien avoir créé dans son dos. Quelle horreur lui avait-il façonné ?

La palpation se fit plus forte et Victoria ferma doucement les paupières, peu à l’aise avec cet examen, avec la situation tout entière. Faolan avait beau être un professionnel, il n’en était pas moins un ami aux yeux de la jeune femme et si lui parvenait aisément à traiter le corps différemment dès lors qu’il redevenait médecin, la patiente ne détachait pas aussi facilement les deux situations, créant quelque chose d’aussi complexe que malaisant dans son esprit qui prenait un malin plaisir à lui rappeler de manière floue ce qui avait pu se passer, cette nuit-là. Et puis, finalement, après un long silence… Votre enfant va bien, Madame. Ouvrant les yeux, elle releva son regard vers lui, cherchant à lire la vérité dans son regard pourtant doucement perdu. La fatigue, peut-être ? Je l’ai senti bouger quand je l’ai gêné. Quoi ? Comment ? Alors qu’elle-même n’avait rien senti… ? Il s’était probablement trompé, non ? A ce stade, pouvait-il vraiment sentir cet enfant sous ses doigts, à travers son ventre ? Machinalement, la main de Victoria vint se placer sur son ventre, à la recherche de ce signe de vie qui ne lui était pas offert. Et elle peinait à croire tout cela.

Son immobilité peut être due à bien des choses. La faim. Le manque de place. Votre nervosité. Soupirant longuement, comme pour tenter de se calmer, de s’apaiser afin d’encourager l’enfant à bouger pour elle, elle écouta ses dires et, quand il lui demanda la permission de se hisser sur le lit, elle hocha la tête. Proche de vous. Elle avait dégluti avec force à cette idée, cependant encore perdue dans l’idée même que l’enfant puisse aller bien, incapable de s’en convaincre pleinement. Ne vous en effrayez pas. Elle essaierait, c’était une certitude. Pour autant, la nervosité grandissait à mesure qu’il bougeait, Victoria se redressant avec difficulté et grimaces pour mieux lui présenter son dos. Faolan, alors, après quelques précautions d’usage, se hissa sur le matelas, s’approchant d’elle doucement. Machinalement, elle s’employa à attraper sa lourde tignasse peignée pour mieux la placer devant l’épaule opposée, offrant ainsi le champ libre au médecin.

Voulez-vous que je rappelle à votre époux que sa place est à vos côtés et que vous avez besoin d’être rassurée ? Elle se mordit la lèvre inférieure, tentée d’accepter. Cependant, quand bien même il impliquerait l’aspect médical, elle douterait que Ferdinand ne cède. Et puis… « Je ne voudrais pas lui donner prétexte à ce qu’il puisse à nouveau vous considérer autrement qu’en allié. Il a su vous remplacer une fois, je n’aimerais pas avoir à subir à nouveau cela. » Si les choses n’avaient jamais explicitement été dites, là, on ne pouvait faire plus clair. Victoria venait de lui confirmer que c’était bien Ferdinand qui avait pris cette décision déjà insensée, bien qu’elle n’avait rien dit quant aux raisons. Retrouver le médecin, son ami, entre ses murs, était déjà un grand soulagement et, à cette heure, elle n’était pas prête à risquer de le perdre à nouveau sans avoir la garantie de retrouver son époux. Il n’était pas gravement blessé, cette nuit-là. Elle ferma les paupières, sentant les larmes monter dans ses yeux, brûlant doucement ceux-ci. Elle se souvenait du sang coulant sur le visage de l’homme, de sa mine perdue et de ce regard… Ce regard monstrueux, empli de haine.

Un frisson lui échappa alors qu’il acheva de défaire le pansement, révélant sa peau abîmée, Victoria humectant ses lèvres pour tenter de rester calme. Elle craignait que la douleur ne revienne s’il venait à toucher cette partie de son corps. Elle grimaça, d’ailleurs, quand la main de Faolan se posa sur la marque de Hudson dans ses chairs. Une légère plainte apeurée lui échappa alors qu’elle préféra se concentrer sur les mots du médecin plutôt que sur ses maux personnels. « Des tiraillements désagréables lorsqu’il m’arrive de bouger. J’ai l’impression alors que mon corps se déchire à nouveau et je n’ose plus vraiment bouger après cela… » La peur de souffrir demeurait toujours là, la douleur n’étant pas encore occultée par son esprit traumatisé. Le pire venait la nuit quand elle hurlait, happée par la terreur, se débattant dans son lit face à une Louisa qui peinait à la calmer autrement qu’en lui versant quelques gouttes des potions du médecin dans un verre d’eau. « Je n’ai pas eu le sentiment d’avoir de la fièvre. Les absences… Les absences ne sont pas dues à cela. » Mais à des pensées envahissantes qui semblaient endormir momentanément son corps alors que son esprit tourbillonnait. « On ne m’a rien dit, sur l’état des pansements. » Parce qu’il n’y avait rien à dire ? Elle l’espérait. En attendant, elle avait sa propre question, ne sachant pourtant pas comment la poser. « Est-ce que… Vous… » Ses épaules se soulevèrent alors qu’elle prenait une profonde inspiration, son regard furetant l’ensemble de son champ de vision, incapable de se poser en un point. La peur se lisait sur son corps. « Qu’est-ce que… » Bon Dieu, pourquoi était-ce si difficile ? « Que m’a-t-il fait… Avec cette lame… ? » Elle pouvait la revoir, cette lame sanguinolente, plantée dans le bureau non loin de sa tête, sa propre hémoglobine coulant peu à peu sur le bois, s’écrasant sur le vernis, appelée par la gravité. On ne lui avait pas dit. Elle n’avait pas su le demander auparavant. Quelles étaient ces marques qui se trouvaient désormais sur sa chair… ?


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MessageSujet: Re: Une corde raide   Une corde raide EmptyMar 30 Jan - 12:20

C'était le risque en effet. S'il prenait trop la défense de Victoria, le Gouverneur pouvait imaginer le Diable savait quelle perversion et lui retirer une patiente qui avait plus que tout besoin de soutien et d'amitié. Pourquoi ne voulait-il pas le comprendre ? Que l'état de son épouse était fragile, qu'il lui fallait du soutien, de la présence et par dessus tout qu'on lui accorde ses moindres désirs ? Dans une famille moins aisée, il n'aurait pas tant insisté. Quand l'homme doit s'éloigner pour trimer à la mine ou dans les champs. Que les revenus ne sont pas assez grands pour satisfaire les caprices de la parturiente. D'accord. Mais là ! Ils avaient tout. La maison, les dommestiques, les richesses et même un métier qui pouvait se mettre en pause ou tout du moins se faire en présence d'une femme. Alors pourquoi refusait-il de se donner du mal ? Victoria disait que son mari l'aimait. Faolan voulait bien le croire. Il y avait des regards et une jalousie qui allaient dans ce sens. Mais alors quoi ? Quand on aimait quelqu'un, ne voulait-on pas de tout son coeur faire tout ce qui était en notre pouvoir pour la rendre heureuse ? Ou au moins vivante ?

Lors de cette terrible nuit, Ferdinand n'avait pas fait le choix que Faolan craignait. Il avait voulu sauver son épouse plutôt que son héritier. Amour ou calcul ? Il était en effet plus intelligent de garder une épouse qui pouvait enfanter à nouveau qu'un nourrisson dont l'espérance de vie sans mère était forcément limitée. Les pères ne le voyaient que rarement pourtant.

"Je ne le souhaite pas non plus." Avoua-t-il avec douceur avant de reprendre. "Mais je préfère vous savoir loin de moi, heureuse et en bonne santé que proche, délaissée et souffrante." termina-t-il avec plus d'aplomb. Car oui, il aimait cette femme. Sans envie pour son époux, sans luxure, comme un frère aime une soeur. Il aurait tellement voulu qu'elle ne subisse pas ce qu'elle avait vécu. Que cet idiot de Gouverneur, avec ses gros murs, sa maison de pierre, ses gens, sachent au moins protéger son épouse.

Mieux que lui-même avait su protéger les siens.

Il avait échoué de son côté. Il n'avait pas de leçon à donner. Rien que des regrets.

Ecoutant ses hésitations et les quelques réponses à ses questions, il s'occupa de la plaie qui, par chance, cicatrisait correctement. Pas de trace d'infection. On avait bien suivi ses ordres. Cela, au moins, était une bonne nouvelle.

"Il a tracé des H." répondit honnêtement le médecin qui ne voyait pas de raison de mentir à la jeune femme. "Elles guérissent bien, je dois vous féliciter. Il est trop tôt pour dire ce qu'il en restera après cicatrisation, bien entendu mais il en restera très probablement quelque chose." Une pause. "Si ce n'est pas trop douloureux, tentez de dormir le plus possible sur le dos, cela évitera que la peau se boursouffle. Vous risquez également de souffrir de démangeaisons dans les prochaines semaines. C'est bon signe, tant que vous ne cédez pas à cet appel. Je veillerais à ce que votre peau demeure protégée au cas où."

Un silence. Une hésitation.

"Vous devriez me raconter ce dont vous vous souvenez. Cela vous aiderait peut-être à dormir."

Il n'était pas sûr de lui sur ce champ précis. Il avait remarqué que cela pouvait aider sur le champ de bataille avec des soldats qui avaient été profondément choqués par le front mais sur une femme ? Et pourquoi cela fonctionnait parfois et parfois non, cela dépassait ses connaissances, malheureusement.
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MessageSujet: Re: Une corde raide   Une corde raide EmptySam 10 Fév - 0:44



Je préfère vous savoir loin de moi, heureuse et en bonne santé que proche, délaissée et souffrante. Était-ce réellement un choix ? Victoria ne souhaitait que retrouver son époux et se savoir sortie de tout danger mais serait-elle heureuse pour autant, si cela lui coûtait l’un des rares amis sur qui elle pouvait inlassablement compter en ces terres reculées ? Elle n’en était pas certaine, ayant déjà bien trop souffert de l’absence du médecin qui était bien le seul à même de la rassurer quant à sa situation. Devenir mère était un souhait profond mais la jeune femme ne savait que trop bien que l’épreuve qui l’attendait pouvait être terriblement coûteuse.

Finalement, il se glissa dans son dos dénudé, ôtant les bandages avec précaution, laissant la peau de la jeune femme ressentir la tiédeur de l’air. Osant prononcer les mots douloureux, elle souhaita comprendre ce que ce monstre avait bien souhaité lui faire quand il avait fait le choix de verser son sang sur sa peau laiteuse. Il a tracé des H. Les paupières de Victoria se fermèrent face à cette annonce, son corps se tendant douloureusement. Des H. Horace Hudson. Le Diable avait décidé de poser sa marque sur elle, défigurant son corps pour mieux le faire sien, comme un droit de propriété qui était désormais volé à son époux. Et soudainement, Victoria crut entrevoir les raisons qui poussaient Ferdinand à ne plus la voir. Le Diable l’avait enlevée et marquée aussi, il ne pouvait le tolérer. Une larme glissa sur sa joue alors qu’elle mesurait, à travers les mots du médecin, comme ceci était terriblement irréversible. Il en restera très probablement quelque chose. Ses doigts se crispèrent sur les draps, les serrant avec force, avec rage. Elle n’écoutait déjà plus réellement la suite, cédant au chagrin profond que cette marque posée sur elle provoquait.

Vous devriez me raconter ce dont vous vous souvenez. Cela vous aiderait peut-être à dormir. « Je… Je ne peux pas… » Un sanglot étranglé vint interrompre sa phrase, secouant sa maigre carcasse tandis qu’elle enfouissait son visage entre ses doigts, ses cheveux venant à demi dissimuler ses traits. « Me voilà à pleurer mon propre sort bien enviable quand d’autres pleurent leurs morts… Pardonnez-moi, je ne devrais pas manquer tant de dignité devant vous, docteur… » Oserait-elle encore le regarder, après cela ? Essayant d’apaiser ses sanglots, les ravalant douloureusement, elle prit une profonde inspiration. « Mon enfant va bien, dites-vous… Alors je devrais me réjouir et ignorer cette marque que ce monstre a posé sur ma chair, enlaidissant mon corps et salissant mon âme… Je… Ce n’est… Qu’un mauvais souvenir… » Evidemment, elle tentait vainement de s’en persuader elle-même. Le souvenir de Ferdinand observant le spectacle ignoble qui se jouait sous ses yeux, comprenant certainement mieux qu’elle ce qu’il se tramait lui revint. Sa mine horrifiée, désolée. Son regard, mortel, qu’il avait posé sur cette sinistre marque… Elle devait le voir. Elle devait lui parler…


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MessageSujet: Re: Une corde raide   Une corde raide EmptyLun 26 Fév - 11:49

Tout était choix. Depuis qu'Eve avait donné à Adam le fruit de l'arbre de la connaissance, les Hommes avaient découvert le libre arbitre qui est toujours la conséquence du savoir et n'avaient donc pas pu rester au Jardin d'Eden, berceau de l'innocence et de l'inconscience. C'était ainsi. Cela ne voulait pas dire qu'il y avait toujours un bon choix. Il semblait parfois devoir décider entre la peste et le choléra. C'était ainsi que le Seigneur vérifiait la pureté de l'âme de chacun.

Il plaignait énormément Victoria d'être placée devant ce genre de dilemne. S'il l'avait moins estimée, peut-être aurait-il pris sur lui de décider. Beaucoup d'hommes agissaient ainsi mais là, il s'agissait d'une jeune femme qui était instruite, intelligente, éduquée. Et qui donc avait mérité de ne pas être toujours reléguée au second plan. Au contraire, elle semblait avoir besoin qu'on l'aide à reprendre les renes de sa vie.

Quand elle lui expliqua qu'elle ne pouvait pas encore parler de ce qu'elle avait vécu, il n'insista pas, la laissant parler de ce qu'elle pouvait, de ce qu'elle ressentait, sans filtre. Il reconnaissait sa culpabilité. Il avait la même. Sauf que la sienne était légitime et que la Dame Stanford, elle, avait des raisons tout à fait valide de "pleurer sur son propre sort."

"Quand peut-on manquer de dignité si ce n'est devant un ami." contra-t-il avec une voix calme destinée à apaiser la jeune femme. Parfois, la mort était plus enviable que certains états. Alors si elle avait besoin de pleurer, qu'elle le fasse. Ce serait indigne si elle le faisait devant les meurtris. Lui ne l'était pas. Il se refusait à penser que Judith pouvait mourir et n'avait - le Seigneur en soit loué - perdu personne d'important à son coeur dans cette épreuve. Il soupira à nouveau.

"Madame. Cette marque ne vous enlaidit pas, pas plus que la destruction de la ville ne la rendra moins belle à long terme. Elle est la preuve de votre courage et de votre loyauté. Il ne l'aurait pas faite si ce n'était pour faire plier votre époux, reconnaissant par là même l'amour que celui-ci vous porte."

Amour dont lui-même doutait, mais ce n'était pas le moment de le dire.

"Ce qu'il vous faut, c'est trouver la signification que vous souhaitez vous-même lui donner. Lui enlever sa propre volonté à lui en la faisant est le meilleur moyen de lui faire échec. Si vous en avez honte, il aura gagné un ascendant sur vous. Si vous vous en emparez pour en faire un monument de votre histoire personnelle, voire une gloire, alors il aura tout perdu car il ne sera devenu qu'une marche sur l'autel de votre destiné."

Il termina ses soins, descendant du lit avant de faire le tour, se tenant aux montants des baldaquins pour éviter de tomber au passage. La fatigue commençait vraiment à prendre son du.

"Avez-vous d'autres douleurs ?"

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MessageSujet: Re: Une corde raide   Une corde raide EmptyJeu 7 Mar - 0:56



Quand peut-on manquer de dignité si ce n’est devant un ami ? La jeune femme osa relever ses yeux rougis par la honte et la peine dans sa direction, humides comme ils étaient de ces larmes amères qui avaient su rouler sur ses joues pâles. Elle lui offrit un triste sourire, derrière les longues mèches châtains qui tombaient devant sa mine défaite, devant ses traits las d’une fatigue qui ne parvenait à la laisser tranquille. Les larmes, alors, ne furent plus réellement refoulée, glissant avec plus de vigueur sur sa peau striée qu’elle cherchait à frotter d’un revers de main hâtif, comme pour mieux dissimuler sa honte, comme pour mieux terrasser sa peine.

Madame, cette marque ne vous enlaidit pas. Mais elle existait. Ce n’était pas tant la marque en elle-même qu’elle pleurait et qu’elle déplorait dans des mots mal choisis, mais bien le vestige permanent de ce souvenir douloureux qui hanterait chacun de ceux qui poseraient le regard sur son épaule. Horace Hudson avait su faire d’elle sa propriété d’un geste brutal, violent. A jamais, elle porterait son nom pour mémoire dans sa chair. Elle est la preuve de votre courage et de votre loyauté. Elle ferma les paupières un instant, cherchant à se nourrir de ces mots, à mieux se consoler de cette possibilité. Une part d’elle voulait entendre ce que disait l’homme à ses côtés, ami et médecin. Une autre avait envie de lui demander de cesser de dire de telles idioties car nulle marque n’était nécessaire pour lui prouver sa loyauté. Pas quand il s’agissait de Ferdinand. Il ne l’aurait pas faite si ce n’était pour faire plier votre époux, reconnaissant par là même l’amour que celui-ci vous porte. Elle rouvrit les yeux, relevant à nouveau son grand regard bleuté vers l’Irlandais, déglutissant avec peine. « Et aujourd’hui, pourtant, Ferdinand refuse de me voir, certainement de peur de voir cette horreur sur moi… » Pourtant, aurait-il à jamais le choix ? Dans l’intimité, devra-t-elle, à l’avenir, envisager de conserver une chemise de nuit pour qu’il s’épargne cette vision d’horreur ?

Ce qu’il faut, c’est trouver la signification que vous souhaitez vous-même lui donner. Pouvait-elle changer seulement ce qui se trouvait dans son dos ? Avec une barbarie certaine, elle imagina cette possibilité. Que l’on trace d’autres sillons dans sa peau, que l’on découpe à nouveau son corps pour mieux effacer les initiales monstrueuses de celui qui avait menacé de bien plus encore. Souffrirait-elle autant ? Si vous en avez honte, il aura gagné un ascendant sur vous.  « Il a déjà gagné… » Sa voix était un murmure brisé, ses doigts venant se placer sur son ventre doucement arrondi. A l’heure actuelle, comme il lui semblait impossible de voir ces événements autrement que cela, comme une défaite amère et cuisante qu’elle avait su partager avec Ferdinand. Elle avait souffert, en vain. Hudson avait brisé une partie de son esprit en même temps qu’il avait su découper sa peau laiteuse, avant de caresser cette dernière dans une volonté sordide. Elle l’aurait laissé faire, si cela avait pu empêcher une finalité qui fut malgré tout offerte par un élément inattendu. Eugène Hanson avait rendu son sacrifice vain et si elle nourrissait un ressentiment certain, c’était à l’égard de ce rat qui avait pourtant assuré son époux de son allégeance à toute épreuve.

Si vous vous e emparez pour faire un monument de votre histoire personnelle, voir une gloire, alors il aura tout perdu car il ne sera devenu qu’une marche devant l’autel de votre destinée. Elle soupira doucement, le médecin se détachant finalement d’elle, sa présence s’effaçant dans son dos tandis qu’il quittait le lit qui n’accueillait normalement d’autre homme que son époux. Avec douceur, elle remonta la chemise de nuit sur son épaule à nouveau pansée, réajustant le tissu pour lui rendre sa pudeur. Avez-vous d’autres douleurs ? Elle secoua machinalement la tête de gauche à droite. « Nulle douleur portée par mon corps, oserais-je dire… Mon âme, elle… » La souffrance se devait-elle d’être physique ? A nouveau, elle soupira, fermant les paupières, tâchant de se montrer dans le contrôle pour ne pas céder aux émotions primaires à nouveau. « Je ne suis pas certaine d’être si forte que vous l’estimez, docteur… A moins que vous ne puissiez me libérer du fardeau de vivre en ces terres ignobles en m’accordant le droit, si ce n’est l’obligation pour moi de m’en retourner à San Francisco. » Ferdinand laisserait-il seulement une telle chose se produire ? Rien n’était moins sûr. Et pourtant, la vie de son enfant n’en dépendait-elle pas ?

Le docteur tenta d'apaiser la conscience de sa patiente, tant par les mots que par les gestes, son maigre sourire ne trahissant que davantage la tendresse qui l'habitait. Puis, malgré un professionnalisme sans faille, il finit par concéder son état de fatigue, réveillant la culpabilité de la mère en devenir qui l'observa plus encore avec tristesse. « Rentrez donc chez vous, mon ami. Nous n'avons que trop besoin de vous retrouver en meilleure forme si nous espérons tous pouvoir survivre. Je vous promets d'aller mieux et je suis rassurée, maintenant que je sais que mes jours ne sont plus en danger. » Elle eut pour lui un doux sourire, ignorant en cet instant qu'il s'agirait de l'un des derniers qu'elle lui offrirait, son regard clair suivant la silhouette du médecin qui s'en retournait à ses terribles responsabilités.


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