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 La mécanique du cœur | Jamie & Victoria

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Victoria Stanford
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MessageSujet: La mécanique du cœur | Jamie & Victoria   La mécanique du cœur | Jamie & Victoria EmptyJeu 12 Oct - 19:35



  • Type de RP: Normal
  • Date du RP : 11/04/1866
  • Participants : @Jamie Anderson & @Victoria Stanford
  • Trigger warning : Amour, passion, guimauve et chamallow?
  • Résumé : Suite directe de ce RP dans laquelle le colonel Anderson va retrouver VIctoria, dix ans après l'avoir quittée



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Dernière édition par Victoria Stanford le Jeu 12 Oct - 19:38, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: La mécanique du cœur | Jamie & Victoria   La mécanique du cœur | Jamie & Victoria EmptyJeu 12 Oct - 19:37


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L’horreur hantait ces murs. Il lui semblait que ses cris perçants résonnaient encore sur le bois délicat ou sur le marbre, lui renvoyant la terreur qu’elle avait pu ressentir en plein visage. Assise sur son lit, les jambes couvertes par les draps, elle soupira longuement. La mélancolie était devenue une douce amie et aujourd’hui, plus que les autres jours, il lui semblait que sa compagnie mesquine se faisait douloureuse.

Le docteur Riagal était venu la soigner, ne laissant à la jeune femme que des bribes d’images auxquels elle ne mettait pas toujours grand sens sur cette soirée traumatisante qui lui avait offert des marques physiques, mais aussi psychiques. Chaque soir, à l’heure où elle devait se glisser entre ses draps, les chandelles se mourant une à une, elle finissait par matérialiser la présence de ce monstre dans sa chambre. Alors, elle hurlait, se débattant avec le vide, Louisa se ruant à ses côtés pour mieux l’apaiser. Dans ses cris offerts par la crise, à travers de lourdes larmes, elle réclamait toujours la même chose : la présence de Ferdinand. Où était-il, cet homme qui l’aimait et qui semblait pourtant tout faire pour l’éviter ? Pas une fois, il n’était venu la voir alors qu’elle était alitée, angoissée à l’idée même de perdre cet enfant. Serait-il là, si le sang venait à couler ? Si la douleur venait à se réveiller ? Victoria essayait de s’en persuader et pourtant, elle doutait. Ses peines et ses craintes, alors, étaient noyées dans l’un de ces breuvages donc le docteur Riagal avait le secret, concoction lui permettant de plonger dans les abysses du sommeil, fermant les yeux jusqu’au lendemain sans craindre la présence mauvaise de l’un de ces monstres. La situation était provisoire, mais au moins, elle permettait à la jeune femme de trouver une quiétude certaine qui était nécessaire à la survivabilité de sa grossesse.

Une semaine durant, elle n’avait quitté le lit que pour les impératifs liés à son hygiène. Elle avait dormi, beaucoup, Louisa demeurant à son chevet, Jenson lui rendant plusieurs visites pour lui assurer que les pensées de son époux étaient tournées vers elle mais jamais elle ne vit le Gouverneur. Elle l’avait suspecté de passer dans la chambre quand elle ne pouvait le voir, apaisée et endormie. Elle l’espérait, du plus profond de son âme, comme si la simple idée de sa présence était déjà rassurante à ses yeux. Puis, alors que les fines plaies de son dos cicatrisaient, couvertes par un bandage renouvelé régulièrement, elle avait reçu l’autorisation de quitter le lit pour mieux déambuler dans les couloirs de sa propre demeure, les contractions de son bas ventre ayant alors définitivement cessé. Ses pas, alors, l’avaient naturellement menée jusqu’au bureau de Ferdinand devant lequel Jenson avait dû essuyer les premiers émois de la jeune femme. Elle l’avait suppliée de la laisser entrer et pourtant, le majordome s’était montré intangible : Monsieur Stanford avait stipulé ne vouloir aucune visite, et viendrait la voir quand il aurait le temps nécessaire pour cela. Il semblait peiné de lui offrir cette réponse, plus encore quand Victoria s’évertua à scander le prénom de son époux de l’autre côté du panneau de bois, n’obtenant nulle réponse. Serait-ce cela, leur vie, désormais ? Un homme cloitré dans une pièce pour mieux accomplir ses tâches, et une femme prostrée et éplorée enfermée dans ses appartements ?

Le deuil enveloppait la demeure des Stanford comme elle enveloppait la ville tout entière. Il y avait eu des morts, le souvenir de la longue agonie de cette pauvre servante se réveillant parfois dans les pensées de la maîtresse des lieux. Le corps avait été inhumé en toute pudeur, la pauvre étant orpheline et sans la moindre famille. Il demeurait les vivants, parfois blessés comme elle le fut. Au sein de la grande demeure, la solidarité avait été grandement indiquée et tous se serraient les coudes. Depuis ses appartements, malgré la fatigue et la douleur, Victoria avait œuvré à ce que le bon fonctionnement de la maisonnée reprenne. Les finances demeuraient quelque chose de moins tangible, Eugène ayant disparu avec ces vauriens. Des disparus, il y en avait plusieurs et Victoria s’était également rapprochée de Peter et Billy, les deux hommes de main de monsieur Tiffany, afin de prendre connaissance de ses exigences face à son absence aussi forcée qu’impromptue. Il n’y aurait pas de laissés pour compte, elle y veillerait. Grace avait été priée de faire preuve de charité, au nom des Stanford et Victoria veillait, de loin, à ce qu’elle se montre correcte dans la tâche. Elle ne souhaitait pas la voir ou l’entendre, sa convalescence étant une excuse suffisante pour tenir la cousine de son époux loin de ses appartements. Si elle devait voir un membre de cette famille, ce n’était pas elle et si elle pouvait passer un message à Ferdinand par ce mur placé entre elle et la jeune blonde, alors elle perdurerait.

Une agitation nouvelle avait su prendre place dans la maison quand, un matin, on annonça l’arrivée imminente de l’armée dans le Fort Crimson. Alertée par les mésaventures vécues par les habitants de la région, elle avait été déployée sur le secteur afin de faire figure d’autorité et de rassurer les différents usagers du secteur. Ce n’était pas pour déplaire à Victoria qui espérait grandement voir une partie de la tâche de Ferdinand lui être enlevée pour pouvoir lui accorder, enfin, le temps qui lui était dû. Aussi, elle ne fut pas surprise, ce jour-là, quand Louisa lui annonça qu’un Colonel s’était présenté à la porte de la demeure. Relevant les draps, elle avait informé sa femme de chambre de son souhait d’aller réviser ses gammes, cherchant à offrir à cette demeure une âme toute autre que celle, ignoble, qui lui collait à la peau jusqu’alors. N’étant pas désireuse de croiser quiconque ou de recevoir, elle n’était que très maigrement apprêtée, vêtue d’une robe blanche et vaporeuse, lui conférant plus encore cette image de spectre plus marquée. Ses épaules étaient à demi-couvertes, dissimulant l’horreur vécue mais laissant entrevoir le fameux bandage à travers les longues mèches de cheveux châtains qui tombaient en cascade jusqu’au creux de ses reins. La robe avait été ajustée à sa taille, marquant le ventre rebondi qui dissimulait un trésor qui ne désirait plus se faire sentir depuis plus de dix jours, pour le plus grand malheur de celle qui priait chaque heure pour ressentir la vie battre en elle.

Descendant le grand escalier du hall principal, elle ouvrit le battant du petit salon de musique et vint prendre place sur le tabouret molletonné, face au piano. Ouvrant prudemment le couvercle, elle roula son épaule gauche à plusieurs reprises, testant la mobilité réduite de cette dernière. Le but n’était pas de venir gâcher le travail du docteur Riagal par la faute de Chopin, mais bien de faire entendre sa mélancolie à travers l’entièreté de la demeure. Echauffant ses doigts, travaillant ses liés et déliés, elle finit par se lancer sur la Fantaisie Impromptu. Les fausses notes étaient là, la poussant à froncer les sourcils, à tiquer davantage quand elle sentit une douleur glisser sur sa peau tiraillée par sa volonté gestuelle. Les minutes s’écoulaient, les transitions se faisant dans le morceau avant de s’achever sur ce qu’elle voyait comme une note d’espoir, un accord majeur venant achever l’œuvre.

Levant ses mains du clavier, elle soupira doucement, sa main droite venant machinalement se placer sur l’épaule gauche, massant doucement les muscles endoloris. Puis, on toussota derrière elle, la faisant sursauter. Madame, ici le Colonel qui tient à se présenter. Elle ferma les paupières, un instant, prenant une profonde inspiration face à cette tâche qui lui semblait insurmontable. Il lui était terriblement dur de concevoir rencontrer quiconque, dans cette tenue… Dans cet état. Pourtant, elle n’avait désormais que peu le choix et si Jenson avait laissé l’homme arriver jusqu’ici, c’est que des choses se tramaient et qu’elle devait faire bonne figure, comme le lui aurait demandé Ferdinand… Ferdinand…

Les bottes du militaire claquèrent sur le sol marbré, indiquant son approche, Victoria amorçant à son tour de se lever pour mieux lui offrir un masque indifférent qui était exigé par les convenances. Et alors, une voix se fit entendre. Madame Stanford, enchanté. Colonel Anderson, à votre service. Un autre fantôme. Un autre élément de son passé, réveillé pourtant, un mois plus tôt, par une conversation hasardeuse entre elle et son invité du moment. Anderson. C’était un nom répandu. Forcément, la coïncidence était trop belle pour qu’elle ne songe pas à ces moments joyeux de son propre passé s’étant tenus dix années plus tôt, mais l’homme qui portait ce nom n’avait pas ce grade… Pas dans le passé, en tous cas. Et cette voix… Madame Stanford… Miss Davis. L’un sonnait bien mieux que l’autre dans ces intonations et ce fut bien parce qu’elle eut un sentiment fort étrange qu’elle pivota sur son tabouret, révélant son visage pâle aux traits plus marqués que d’ordinaire, les grands yeux azurés de la jeune femme brillant d’une lueur pleine d’espoir. Et alors, elle le vit.

Entre mille, elle aurait été capable de le reconnaître. Autrefois, déjà, il lui avait semblé être deux pôles s’attirant magnétiquement de façon inexplicable. A l’instant même où ses yeux plongèrent dans les siens, elle ressentit à nouveau ce sentiment étrange, les larmes se saisissant de ses yeux sans même qu’elle ne puisse en expliquer la raison, venant faire briller son regard. L’alchimie était là, toujours, naturelle. Et si elle n’avait été assise, Victoria en aurait peut-être fait une syncope. « C’est… impossible… » L’air peinait à entrer dans ses poumons et elle avait machinalement posé une main sur son ventre, comme pour mieux encaisser le coup invisible qu’elle semblait avoir reçu. Sidérée, elle regarda encore de longue secondes avant qu’enfin, elle ne puisse être apte à parler. « Jamie… ? » Qui d’autre que Jamie Anderson cela pouvait-il être ? Cette familiarité, dans la bouche de Victoria, ne faisait que la ramener à un autre temps, définitivement révolu, durant lequel elle avait cru à un autre avenir.

Jenson, devinant que quelque chose d’autre que de simples présentations se jouaient là, toussota légèrement, essayant de ramener Victoria à la réalité. Un instant, il regretta même avoir accédé à la requête du colonel et pourtant, il ne pouvait plus le pousser vers la sortie. Il ne pouvait que rappeler à la maîtresse des lieux qu’elle avait un rang à tenir et que la surprise ne pouvait s’éterniser. Cillant docilement, elle prit une profonde inspiration. « Jenson, pouvez-vous me faire venir un verre d’eau ? » Le majordome hocha la tête, s’éclipsant momentanément, laissant l’un et l’autre se faire face. Doucement, ses jambes encore tremblantes sous l’émotion vive, elle se dressa sur ses pieds, ses mains se joignant machinalement devant elle. Son regard, lui, ne se détachait plus de l’officier qui se trouvait là, face à elle. « Colonel… » Était-ce là une manière de le saluer avec plus de retenue… Ou bien une manière pour elle de soulever ce rang largement supérieur à celui qu’il portait, autrefois. Dans son esprit, il lui sembla alors que les violons entamaient une nouvelle valse à laquelle elle se serait bien laissée aller.


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MessageSujet: Re: La mécanique du cœur | Jamie & Victoria   La mécanique du cœur | Jamie & Victoria EmptyLun 23 Oct - 21:53

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La mécanique du cœur



Le temps aurait pu s'arrêter en cet instant si particuliers, ce moment clé où Madame Stanford avait pivoté sur le tabouret, révélant un visage trop familier. Des yeux bleus qu'il avait par le passé, longuement regardé. C'était un visage que Jamie Anderson connaissait par cœur, gravé dans sa mémoire pour l'avoir admiré tant de fois. Est-ce qu'il avait totalement perdu l'esprit où se tenait-elle véritablement là à quelques pas de lui, après autant d'années de silence ? Un silence bien grave et dramatique, aussi tragique que s'il avait perdu quelqu'un dans la mort. Parce que Victoria Davis aurait dû être la femme qui portait son nom aujourd'hui, mais il n'en était plus rien de ces rêves abandonnés. Aujourd'hui on la présentait comme Madame Stanford et le colonel n'avait pas pu s'empêcher de déglutir face à cette vision si agréable et si douloureuse. Son regard s'était figé sur elle et de l'autre côté de la pièce, la réaction n'était pas bien différente. Ses sourcils étaient froncés alors qu'il l'entendit prononcer son prénom, lui-même répondant dans un souffle à peine audible.
- Victoria...
C’était donc elle, cette mystérieuse femme du Gouverneur. Jamie n’avait même pas le temps d’encaisser le coup de cette réalité qu’il repensait déjà aux mots de Monsieur Stanford qui avait conté cette nuit atroce vécue entre ses murs. C’était elle… qui avait vécu et subi tout ça. Le Colonel se sentit déglutir, défaillir, il avait tout à coup la gorge sèche et les sons peineraient à en sortir. - Jenson, pouvez-vous me faire venir un verre d’eau ? Le majordome. Jamie avait occulté sa présence. Tout ce qu’il voyait là, c’était un fantôme du passé qui retrouvait de sa superbe au milieu des paroles de Ferdinand Stanford qui tournait en boucle dans sa mémoire. "Il l'a malmenée, insultée, scarifiée. Il a voulu abuser d'elle. Tout ça devant moi, sans que je ne puisse réagir." Ses poings se serraient, il voulait maintenant remonter jusqu'au bureau du politicien pour lui hurler dessus, lui hurler qu'il n'avait été qu'un bon à rien à n'avoir pu protéger sa propre femme. Celle que lui, n'avait jamais oublié ni cessé d'aimer. Mais tout d'abord je vais devoir lui dire que je pars dans moins de deux jours. Elle n'était au courant de rien. Ni pourquoi l'armée se présentait au Gouverneur, ni l'absence imminente de celui-ci. Strictement rien, comme tenue à l'écart.
- Mon Dieu, Victoria, c'est vous... !
Elle s'était levée et lui s'était rapproché d'un pas hésitant.
-  Colonel…
Que pouvait-il dire dans des circonstances pareilles, auxquelles il n'aurait même pas songé dans ses rêves les plus fous ? Bien sûr il avait longtemps rêvé, après l'annonce du mariage de Miss Davis, de la revoir. D'aller la chercher le jour de son mariage, de l'emmener avec lui. Mais quelle réputation lui aurait-il alors donné ? Elle en aurait pour sûr souffert. Et on lui avait dit qu'elle était éperdument amoureuse de l'homme qui la courtisait. Pourquoi s'en serait-il mêlé ? Après toute cette histoire, Jamie s'était naturellement éclipsé, comme si la vie et son rythme de carrière avait décidé de leur sort. Le sujet avait été plusieurs fois soulevé, par Victoria, par son père, sur son travail au sein de l'armée qu'il ne quitterait pas. Sur ce que cela offrirait comme opportunité ou au contraire, comme une souffrance qu'une épouse de militaire porterait sur ses épaules, à élever seule des enfants qui ne connaîtraient au final pas leur père.

Tout cela faisait parti d'un passé qu'il ne pouvait se résoudre à remuer inlassablement. Leur chemin s'était séparé et bien que la douleur l'avait terrassé, que des fragments le torturaient encore maintenant, Jamie devait rester de marbre. Mais comment ? Comment pouvait-il rester impassible ou réfuter des émotions vives au fond de lui alors même qu'il venait d'apprendre ce que Victoria avait traversé comme épreuves ? La seule chose qu'il désirait était de la serrer dans ses bras, mais plus aucune proximité ne leur serait désormais permis. Comme lui, elle était désormais d'un autre rang, d'un autre monde, encore plus intouchable qu'avant.
- Madame Stanford, finit par dire Jamie en détournant le regard sur le côté. C'était si difficile de soutenir ces yeux qui reflétaient tant de belles choses. Comme avant, il se sentait plus vivant, quand Victoria le contemplait. Une barrière naturelle s'imposait entre les anciennes familiarités et les nouvelles distances à tenir coûte que coûte. Je ne voulais pas vous importuner mais avait tenu à vous rencontrer, après mon entretien avec... votre époux. Le colonel avait eu malgré lui la voix perturbée à la fin de sa phrase. Il n'en rajouta pas plus sur les raisons de sa présence, Jamie ne savait pas ce qu'ils se disaient ou non entre mari et femme.
Son cœur se ruait sous ses galons, sans aucune pitié. Faible homme comme Jamie était, il se permit un compliment des plus acceptables dont elle comprendrait toute la valeur nostalgique.
- Vous vous êtes formidablement améliorée au piano. Et il sourit, parce que c'était tout ce que lui inspirait Victoria.

(C) LAURA


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MessageSujet: Re: La mécanique du cœur | Jamie & Victoria   La mécanique du cœur | Jamie & Victoria EmptyJeu 26 Oct - 16:54


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Victoria… Il lui sembla que la vie toute entière s’injectait à nouveau dans sa frêle carcasse quand il souffla son nom. Les souvenirs s’étaient réveillés, brûlants, emplis de ce déluge d’émotions qu’elle ne pouvait contrôler. Un court instant, elle en oublia sa propre situation, ce nom d’épouse qu’elle portait. Un court instant, elle fut renvoyée à cette jeune fille au cœur bondissant qu’elle fut, jadis, emplie d’une joie de vivre communicative et véritablement solaire. Bon Dieu, que lui était-il seulement arrivé… Jenson avait su la rappeler à la réalité, véritable phare dans ces ténèbres qui ne finissaient plus de l’envelopper. Le congédiant indirectement, elle fut soulagée de voir qu’il n’hésita pas un instant à s’exécuter, preuve de sa confiance formelle sur l’ensemble de la situation. Elle ne se laisserait plus déborder. Elle ne le pouvait pas. Et pourtant…

Mon Dieu, Victoria, c’est vous… ! Oui. C’était elle, bien qu’elle devinât aisément que cette remarque évidente sous-entendait quelque chose de plus profond, comme s’il venait de connecter divers éléments ensemble. Retrouvant cette retenue nécessaire à cet entretien, elle s’était pourtant approchée de lui légèrement, ne sachant plus où s’interrompre. Dix ans plus tôt, elle aurait cherché à prendre sa main ou son bras, d’une manière ou d’une autre. Le pouvait-elle encore ? Avait-elle encore ce droit ? A ce grade qu’elle avait prononcé, il sembla répondre en retrouvant, à son tour, cette retenue nécessaire à leurs échanges cordiaux, désormais. Madame Stanford. Dans cette bouche, ce nom sonnait comme une ignominie qui menaça de la faire grimacer. Elle aurait aimé pouvoir lui souffler qu’il pouvait s’arrêter à Victoria, simplement, mais comment aurait-elle expliqué ceci à son époux ? Elle connaissait la jalousie de Ferdinand et ce privilège accordé à cet homme ne ferait que créer une défiance à son égard. Savait-il seulement qu’elle puisse connaître Jamie Anderson ? Sur son visage, la peine était bien lisible, face à cette distance forcée qu’ils s’infligeaient, l’un comme l’autre, pour le bien de tous. Elle n’avait rien de naturel, cette distance, quand les deux faces d’une même pièce désiraient se retrouver.

Je ne voulais pas vous importuner mais avait tenu à vous rencontrer après mon entretien avec… votre époux. Elle frissonna à cette simple idée. Jamie et Ferdinand dans la même pièce, voilà qui avait de quoi lui donner le vertige. Elle réfléchit bien vite et sut immédiatement qu’elle devrait se montrer honnête avec son époux. En partie, en tous cas, car ne pas tout lui dire reviendrait à tenter de le préserver de tout ce mal qu’il pourrait s’infliger sur des suppositions erronées. Erronées, oui, car les sentiments de Victoria pour le militaire gradé qui se tenait face à elle était nécessairement morts depuis plus de huit ans… Alors pourquoi son cœur s’emballait à cette simple pensée ? « Vous ne m’importunez nullement… » Jamais. Elle aurait aimé pouvoir ajouter ce simple mot qui l’aurait rendue bien incapable de lui refuser la moindre de ses visites mais elle s’en garda sagement, prenant garde à retenir cette langue mesquine qui semblait désireuse de parler pour son cœur plutôt qu’avec raison.

Vous vous êtes formidablement améliorée au piano. Le sourire qu’il lui offrit vint achever de faire fondre cette glace qu’elle tentait vainement de placer sur son cœur, l’empêchant définitivement de se montrer raisonnable et distante, impassible et stoïque. Comme un miroir, ses lèvres pâles s’étirèrent à leur tour, le regard océan de la jeune femme se baissant doucement. « J’étais meilleure que cela, encore, il y a quelques jours… » Machinalement, elle porta sa main droite à cette épaule gauche, caressant hâtivement le tissu de sa robe pour mieux le tirailler, cherchant à dissimuler plus encore le bandage pourtant visible à la base de son cou. Déglutissant avec peine, elle s’humecta les lèvres avant de relever ses grands yeux clairs sur lui. « Quant à vous… Vous voilà dans un uniforme qui vous sied plus encore. » Cachait-il d’autres surprises ? Machinalement, son regard tomba sur sa main gauche, cherchant à y voir un anneau qui aurait pu permettre à son cœur de mieux ralentir. Elle ne perçut rien mais ce genre de détails ne pouvait être si aisément visible. Relevant à nouveau les yeux, elle réalisa qu’un autre détail de la sorte demeurait fort visible : ce ventre arrondi qui soulevait délicatement le tissu de sa robe pâle. Pour la seconde fois depuis le début de cette grossesse, Victoria aurait souhaité que cet enfant puisse momentanément disparaître car il semblait impliquer quelque chose de trop gros pour elle. « Voilà bien longtemps que nous ne nous sommes pas vus… » Devait-elle lui souligner ses craintes, ses inquiétudes ? Elle l’avait attendu, des mois durant, espérant le voir lui revenir. Les échanges épistolaires s’étaient interrompus, sans qu’elle ne puisse en comprendre la raison véritable. Victoria, alors, avait présumé la mort du vaillant lieutenant, attendant qu’elle soit confirmée d’un jour à l’autre. Mais nulle nouvelle ne s’était faite en ce sens et l’attente devint interminable. Jonathan, alors, l’avait contrainte à reprendre sa vie, à courir les bals et les salons, poussant sa fille à oublier cet homme qui n’avait su la mériter, selon ses dires. Et alors, le chemin de son existence l’avait menée jusqu’à Ferdinand Stanford. « J’espère que mon époux aura su vous recevoir convenablement… Il peut, parfois, se montrer fort de cette position qu’il occupe et manquer à ses devoirs d’hôte… » Elle espérait, en tous cas, que les deux hommes puissent coexister sans quoi, son univers semblait ne plus avoir de sens.


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MessageSujet: Re: La mécanique du cœur | Jamie & Victoria   La mécanique du cœur | Jamie & Victoria EmptyJeu 2 Nov - 13:14

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La mécanique du cœur



La voix de Victoria était comme dans ses souvenirs. Aussi douce que le chant calme d'un petit oiseau. Elle lui affirma qu'en rien, il ne l'importunait. Jamie afficha son sourire, difficilement contenu devant cette apparition qu’il s’était cent fois imaginé. Il la reconnaissait bien là, dans cette affirmation. Celle qui fut jadis Victoria Davis n'était plus, ou alors il restait un peu d'elle, dans ce regard profond qu'elle lui adressa. A tort, il se mettait à chercher des miettes du passé, mais elle avait changé. Une lourdeur invisible portée sur ses épaules lui marquaient le visage, une étincelle d'une émotion de tristesse peut-être, éclairait ses yeux bleus. Ce même bleu qu'il avait tant de fois contemplé auparavant. Jamie aurait aimé demander ce qu'il était advenu de cette femme pétillante, de sa flamme dansante qui aujourd'hui avait l'air presque éteinte ? Mais sa bouche resta scellée et il l'observa, serrant des poings, mettre une main sur son épaule gravement endolorie. L'attaque l'avait marquée, mais à quel point ? Il voulait savoir, il voulait entendre de sa propre bouche qu'elle lui conte son malheur. Mais Jamie savait qu'en faisant cela, sa droiture serait mise à rude épreuve. Désormais il saisissait l'ampleur de cette vengeance qui consumait le Gouverneur... Il ne fallait pas qu'il montre une once de faille. Un soldat gradé de surcroit ne restait pas de marbre face à la souffrance du peuple, mais professionnel en toute circonstance pour accomplir ce que le citoyen ne pouvait faire.
- J’étais meilleure que cela, il y a quelques jours…
Son coeur se pinça. Pour tout réconfort, le strict minimum qu’il avait le droit de lui offrir, Jamie lui répondit d’une voix qui se voulait apaisante. Il voulait qu’elle sache, que même après tout ce temps, Victoria pouvait compter sur lui. Dans la mesure du possible, le Colonel prendrait toujours soin d’elle si cela était en son pouvoir. Une attention toute particulière qu’il ne pouvait clairement nommer, car leur statut respectif rendrait cela déplacé.
- Vous retrouverez vos forces, Madame. Laissez-vous le temps de guérir… pensa-t-il, son regard perdu sur la délicatesse de chaque geste de Victoria.
Fidèle à elle-même, elle ne s’attarda pas sur ce qui lui pesait. Elle était de ces femmes fortes qui s’ignoraient, une fleur au doux parfum, aux pétales sublimes ayant à peine eu l’occasion de montrer toute leur splendeur… Mais il divaguait, ses pensées d’homme s’enchaînant dans son esprit, lui rendant le souffle court, lui accélérant ses battements frénétiques sans qu’il ne puisse reprendre un contrôle total. Victoria mit alors en lumière ce nouvel uniforme qu’elle découvrait pour la première fois. Elle l’avait vu il y a longtemps, encore jeune mais déjà florissant dans une carrière qui lui tenait à coeur. bien que modeste, Jamie était fier de se tenir là, ses galons mis en avant devant la femme qu’il avait sincèrement aimée. Cela prouvait à celle qui fut Miss Davis, que les années écoulées donnaient raison à tout ce qu’il avait pu lui dire sur l’importance des valeurs dans sa vie, de l’armée. Il n’avait rien lâché.
- Merci, répondit le soldat. Vous-même portez une heureuse nouvelle, rajouta Jamie concernant la prochaine arrivée d’un enfant, c’est une bénédiction. Toutes mes félicitations.
Bien sûr, la sincérité du Colonel n’avait pas à être remise en cause. Il était heureux pour Victoria, certain qu’elle était déjà une mère exceptionnelle. Devenir parent était un idéal qu’il s’était aussi fixé, mais le destin semblait capricieux. Le temps s’écoulait si vite qu’il n’avait pas eu l’impression d’avoir l’occasion de faire une rencontre. Ou bien alors, se mentait-il à lui-même, car des femmes Jamie en avait rencontrées. Seulement, une barre invisible avait été placé bien haute.
- Voilà bien longtemps que nous ne sommes pas vus..
Oui, il était vrai et c’était regrettable. Il se souvient de son entretient avec Monsieur Davis, le lendemain de leur rencontre. Celui-ci avait sous-entendu que son activité militaire pourrait causer du tort et c’était ce qu’il s’était passé. Jamie avait dû partir, les prémices d’une guerre s’échaffaudant dans les coulisses d’une politique sournoise, dans les champs de propriétaires esclavagistes mécontents. Le pays avait fait appel à ses hommes et il avait répondu, promettant de revenir. De nombreuses correspondances avaient su réconforter ses nuits froides, jusqu’à ce que petit à petit, il n’y eut que le silence pour seul ami résidant à San Francisco. Jamie ne pouvait en vouloir à Victoria, elle avait sa vie de femme à semener à bien et l’avenir de sa famille à prendre en compte. Peu importait les raisons qui l’avaient éloignée de lui, il les respectait et n’avait pas l’intention de lui demander quoique ce soit. Un interrogatoire sur une histoire lointaine la mettrait mal à l’aise, et lui aussi.
- En effet et le temps n’a fait que vous porter profit, Madame Stanford, souriait Jamie qui s’autorisa ce compliment déguisé en un simple commentaire, au cas où le majordome referait surface. Quant à Monsieur le Gouverneur, il m’a reçu avec beaucoup de politesse et de respect. Même s’il n’en avait pas été le cas, Jamie aurait omis de le souligner. Cet homme était détruit, pour quoi le piétinerait-il alors que Ferdinand Stanford était déjà plus bas que terre ? J’ai eu droit à un excellent café comme il en manque terriblement au Fort, blaguait-il en pensant à ce liquide brunâtre qui ressemblait davantage à de la boue mélangée à de l’eau chaude. Il exagérait, bien sûr, mais c’était pour dire comme il était exécrable !
Le colonel venait de mentionner le Fort, il hésita à présent s’il devait s’étaler sur les raisons de sa présence. Il avait bien compris que le gouverneur ne discutait pas de ces choses avec sa femme et il était désormais, mal placé pour contourner l’autorité d’un mari. Jamie décida alors de parler du strict minimum.
- Le Fort se situe à plus ou moins quinze minutes à cheval de votre Domaine. Notre arrivée a été annoncée après… Il s’entendit déglutir rien qu’à la pensée de cette attaque lancée lâchement de nuit contre des citoyens inoffensifs. Après l’attaque.
Il refit un pas vers Victoria, réduisant l’écart, fortifiant cette proximité. Je mettrais tout en oeuvre pour les retrouver et rétablir la justice, Vi- Madame Stanford. Votre époux sera tenu au courant de l’avancée des recherches. Encore une fois, son poing se serra, peiné de ne pas pouvoir en faire plus tout de suite. Comme il l’avait déjà pensé plus tôt, sa mission était devenue personnelle. D’ici là, mon régiment offre naturellement son aide aux habitants de Crimson. Nous allons tout mettre en oeuvre pour que la ville soit rebâtie au plus vite.

Toujours le dos droit et mal à l’aise de la situation, le silence vint leur tenir compagnie. Il avait abordé un sujet sensible et regrettait maintenant de l'avoir fait, parce qu’il ne souhaitait pas que cela ternisse l’humeur peut-être déjà sombre de la maîtresse de maison. Il y avait ce gros éléphant rose dans la pièce qu’ils ignoraient vraisemblablement tous les deux, en cas pour lui c’était le cas. Jamie avait besoin de parler de ce qu’il s’était passé mais c’était une envie égoïste dans le seul but de lui permettre de passer à autre chose.

- Ecoutez, je…
Le majordome revenait avec le verre d'eau de sa maîtresse.

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MessageSujet: Re: La mécanique du cœur | Jamie & Victoria   La mécanique du cœur | Jamie & Victoria EmptyMer 8 Nov - 23:24


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Vous retrouverez vos forces, Madame. Il lui semblait, déjà, que celles-ci cherchaient à s’immiscer dans son être. Elle qui s’était levée, en cette journée, avec une lassitude certaine, épuisée de se battre contre le silence et l’absence de son époux, voilà qu’elle semblait voir la vie glisser à nouveau dans ses veines. Quand bien même elle se voilerait la face, il était évident de ces retrouvailles fortuites n’y étaient guère pour rien dans ce processus de guérison, la preuve étant sa station debout qui semblait ne lui couter aucun effort à cet instant.

Préférant que la conversation ne vienne pas s’éterniser sur son sujet et son triste sort, elle avait su relever cet uniforme, le détaillant du regard avec curiosité. Les galons étaient là tout comme les épaulettes, fier homme à la stature plus imposante encore qu’il ne le fut dans ses souvenirs. N’en était-il pas plus charismatique, encore ? Victoria songe, un court instant, que sa simple présence dans bon nombre d’événements mondains ne ferait que créer de véritables émeutes. S’adonnait-il encore à ce genre de pratiques ? S’était-il retiré de la vie de la bonne société par choix, et ce, depuis près de dix ans ? Était-elle la raison même de ce départ et de ce silence ? Elle aurait apprécié pouvoir palper l’étoffe de ses doigts, venir à la rencontre de cet accoutrement honorable d’une simple pression de la main et pourtant, elle ne pouvait que l’embrasser du regard, devinant sa douceur et son luxe. Jamie, lui, n’en était que plus imposant en tant qu’homme et cela ne faisait qu’accompagner merveilleusement ces dix années de plus qu’il pouvait porter sur ses traits soucieux.

Vous-même portez une heureuse nouvelle. Elle baissa le regard sur ce ventre arrondi, sa main glissant naturellement sur celui-ci pour venir souligner plus encore cette bosse qui ne faisait qu’accompagner sa condition. Toutes mes félicitations. Elle sourit tristement, relevant ses prunelles d’azur vers lui, ses lèvres s’étirant maigrement en un sourire. « Merci… » Elle ne désirait pas réellement s’étaler sur ce sujet. Pas maintenant. L’enfant ne s’était pas manifesté depuis des jours et Victoria s’en inquiétait. Le docteur Riagal avait beau avoir tenté de la rassurer, de lui expliquer que la grossesse n’avait nullement été interrompue, ce manque soudain de vitalité ne faisait que rester constamment présent dans son esprit, l’épouse Stanford demeurant à l’écoute des signes que son corps daignerait lui faire part.

Evoquant le temps passé sans réellement expliciter le fond de ses pensées, elle laissa son regard plonger à nouveau dans le sien, les connexions se façonnant à nouveau pour mieux la renvoyer à un passé au goût tendrement amer. Des regrets, voilà ce qui prenait place dans son esprit, réveillant l’utopie d’un futur radieux qu’elle aurait pu partager avec lui, qu’elle avait accepté d’enfermer dans ces rêves inaccessibles le jour où son père lui avait demandé de courir à nouveau les salons en souriant pour mieux mettre un terme à son célibat. Était-elle si malheureuse, aujourd’hui, pour songer un court moment que cette vie aurait été meilleure ? Il lui faudrait se confesser pour avoir eu de telles pensées, c’était une évidence et une certitude.

Le temps n’a fait que vous porter profit, Madame Stanford. Était-ce vraiment le cas ? Malgré le sourire qu’elle lui offrit, Victoria doutait de cette réussit qu’était sa vie, surtout depuis une dizaine de jours, désormais, hantée par l’horreur de cette nuit sans fin. Elle était loin de l’apogée de sa splendeur, atteinte certainement le jour de la consécration de Ferdinand à sa place de Gouverneur, heureuse de se tenir à son bras, présentée à plus de visages qu’elle n’aurait pu en retenir. Pour autant, si ses traits pâles et tirés ne la mettaient pas en valeur, il fallait bien admettre que le temps avait su lui offrir une maturité plus marquée, l’aidant à quitter cet air doucement enfantin qu’elle portait sur ses traits quand elle côtoyait l’homme qui lui faisait maintenant face. Quant à monsieur le Gouverneur, il m’a reçu avec beaucoup de politesse et de respect. J’ai eu droit à un excellent café, comme il en manque terriblement au Fort. Elle haussa les sourcils, souriant de concert avec lui face à cette boutade. Pour autant, il venait de soulever de nombreux points d’interrogation dans son esprit. Le Fort ? Était-il donc installé ? Du café ? Ferdinand parvenait-il seulement à dormir ? Quand avait-il su trouver le sommeil la dernière fois ? Pourquoi l’évitait-il tant que cela ? « Bien, me voilà rassurée… » Était-ce tout ? Un homme de la stature du colonel méritait plus qu’une simple entrevue fort matinale. Une invitation à dîner avait-elle été formulée de façon peu officielle ? Ou bien Ferdinand prendrait-il le temps de faire réaliser un carton fraîchement manuscrit par son épouse pour cela ? Cela serait peu bienveillant de ne pas inviter un tel homme et ses hommes les plus gradés… Et d’un autre côté, la perspective d’un dîner en la compagnie de son époux et du Colonel Anderson était une chose qu’elle peinait à concevoir.

Comme lisant dans ses pensées, il poursuivit quelques peu sur les raisons de sa soudaine présence. Le Fort se situe à plus ou moins quinze minutes à cheval de votre Domaine. Notre arrivée a été annoncée après… Après l’attaque. Elle ne put réprimer le frisson qui vint chatouiller son échine, baissant le regard, déglutissant avec peine alors qu’elle hochait la tête pour affirmer sa compréhension des choses bien que des zones d’ombre subsistaient. Et soudainement, il fit un pas de plus, réduisant à nouveau la distance entre eux, forçant la demoiselle à relever vers lui ses grands yeux clairs. Je mettrais tout en œuvre pour les retrouver et rétablir la justice, Vi- Madame Stanford. Votre époux sera tenu au courant de l’avancée des recherches. Il avait manqué de l’appeler par son prénom, se rattrapant de justesse, la faute étant tout de même remarquée par celle qui n’était pas surprise par cette proximité verbale. Pour autant, elle fit mine de rien, ne souhaitant pas accentuer le malaise ambiant dans lequel ils se trouvaient visiblement tous deux, ces retrouvailles inattendues venant les replacer dans des places fort opposées l’une de l’autre. D’ici là, mon régiment offre naturellement son aide aux habitants de Crimson. Nous allons tout mettre en œuvre pour que la ville soit rebâtie au plus vite. « Je n’en doutais nullement, venant de vous… Et je me sais un peu plus en sécurité maintenant que vous… Et vos hommes êtes dans notre région. J’espère que vous êtes bien installés… Si vous manquez de quoi que ce soit, que cela soit en ville ou au Fort alors… Faites-le moi savoir. » La nature généreuse de Victoria n’avait su se défaire d’elle au fil des ans, bien au contraire. Elle était imprégnée en elle et plus encore en ces temps durs. Grace avait œuvré au nom des Stanford – en son nom, finalement – pour les habitants de la ville qui avaient subi l’horreur par leur faute. Car oui, Hudson pillait et tuait avec ses hommes, mais il n’était venu jusqu’ici que pour trouver le Gouverneur et obtenir ce qu’il désirait.

Le silence, finalement, se fit une place entre eux, leur permettant de mieux croiser leur regard, Victoria ne sachant plus que dire sans manquer de fauter. Ses pensées désiraient tout connaître de lui et de ce temps passé et pourtant, était-elle en droit de lui demander des explications sur son silence ? Ecoutez, je… Son cœur s’était gonflé d’espoir, les réponses semblant sur le point de lui être données, mais trop vite interrompues par Jenson qui pénétra à nouveau la pièce, s’annonçant dans un claquement de souliers réguliers. « Voilà, madame. » Elle le remercia, saisissant le contenant qui se trouvait sur un plateau avant de plonger ses lèvres avec hâte sur le bord du verre pour mieux se redonner contenance. Le Majordome, lui, reporta son attention sur le Colonel. « Monsieur le Colonel était sur le départ, madame. Il ne désirait que vous saluer et se présenter, bien que visiblement… Cela n’était peut-être pas nécessaire. » Elle sourit à nouveau, relevant son regard doux vers Jamie. « Non, en effet… » Comment pouvait-elle donc simplement le laisser partir, maintenant. Elle n’en avait pas la moindre envie, les questions sans réponse se faisant trop nombreuses. « Je vais raccompagner le colonel Anderson, Jenson, merci. La porte n’est plus si loin. » Le majordome hésita un instant, avisant le ventre rond de la jeune femme d’un regard. « Avec tout mon respect, madame Stanford… Le repos vous est indiqué. » Victoria le toisa d’un regard reconaissant. « Votre sollicitude me touche, Jenson, mais le docteur m’a octroyé le droit de quitter mon lit et je n’enfreins nullement sa règle de demeurer chez nous en accompagnant le Colonel jusqu’au perron. » Le majordome finit par hocher la tête, se retirant doucement tout en demeurant là, quelque part, près à soutenir Victoria si elle en ressentait le besoin.

Reportant son attention toute entière sur l’homme face à elle, elle laissa ses lèvres s’étirer en un sourire. « Vous pourrez constater que je suis sous bonne garde entre ces murs… Il ne souhaitait pas être impoli, il s’inquiète de l’avenir de cette maison… Et de son héritier. » Machinalement, elle caressa ce ventre arrondi à nouveau, baissant un instant le regard sur lui avant de réaccorder ses pupilles à l’officier. « Que ferez-vous de… Ces scélérats, une fois que vous aurez su les débusquer ? » Elle avait une vague idée du sort que Ferdinand saurait réserver à Horace Hudson, ses souvenirs brumeux lui offrant quelques murmures qui la faisaient parfois frissonner. Tu seras vengée.


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MessageSujet: Re: La mécanique du cœur | Jamie & Victoria   La mécanique du cœur | Jamie & Victoria EmptyDim 12 Nov - 20:08

...

La mécanique du cœur



Comme Victoria Stanford lui semblait triste. Il l'avait félicitée, elle et son mari, pour l'arrivée prochaine de leur enfant et n'avait reçu pour réponse qu'un faible merci, muni de ce sourire. Autrefois, son sourire étincelait tout un bal. Mais Jamie se reprit vite, il était normal qu'elle ne saute pas de joie. Ce serait inconvenant et après une pareille agression, qui pouvait se montrer radieux ? Même elle, qui était un ange dans ce monde de brutes, n'avait pas échappé aux tourments et à la cruauté. Et le colonel en était fortement peiné.

Leur conversation encore sur la réserve s'épancha sur la raison de sa présence, sans entrer dans les détails. - Je n’en doutais nullement, venant de vous… Cela le fit sourire, Victoria n'avait pas oublié le genre d'homme qu'il était. A se remémorer sa première expression, après l'avoir immédiatement reconnu, elle ne l'avait en fait pas oublié du tout. Il fut honteux de lui-même de ressentir cette satisfaction d'être resté dans une infime partie de son cœur, car désormais elle était une femme mariée et il n'avait plus le droit à de pareilles pensées. Et je me sais un peu plus en sécurité maintenant que vous… Et vos hommes êtes dans notre région. Qu'elle n'en douta pas un seul instant. Maintenant que Jamie savait qu'elle résidait en ces lieux insécurisés, il allait redoubler d'effort, parce que c'était son travail mais aussi, parce que c'était elle à présent.  J’espère que vous êtes bien installés… Si vous manquez de quoi que ce soit, que cela soit en ville ou au Fort alors… Faites-le moi savoir. Une amabilité, une gentillesse à toute épreuve. Jamie n'allait pas lui dire que le Fort était actuellement encore un chantier où il était peu confortable de vivre, tout était encore à faire, à réparer. Il décida de répondre par le ton de l'humour en reprenant sa précédente anecdote. - Si je vous prenais au mot, Madame, je demanderai un peu de vos graines de café qui ont su si bien me goûter. Mais il ne serait pas juste que je m'en délecte alors que mes hommes n'auront pas cette chance. Jamie esquissa un sourire franc avant de rajouter plus sérieusement. Ne vous inquiétez pas pour nous, nous en avons l'habitude. Mais je vous remercie sincèrement pour votre sollicitude.

Le majordome était réapparu avec le verre d'eau de sa maîtresse. Il aurait aimé que cette simple tâche lui prenne plus de temps, afin de préserver et d'allonger ces retrouvailles trop brèves. - Monsieur le Colonel était sur le départ, madame. Il ne désirait que vous saluer et se présenter, bien que visiblement… Cela n’était peut-être pas nécessaire. Ils avaient été peu discrets, il était vrai. Ils auraient pu tous les deux feindre se voir pour la première fois, et si Victoria avait commencé un tel jeu, il l'aurait suivie sans même réfléchir. Le Colonel n'avait aucune envie de lui poser de problèmes, bien qu'il n'y avait pas lieu d'en avoir. Elle avait eu une vie, avant d'épouser Monsieur Stanford, après tout. Elle avait le droit de connaître d'autres gens, inconnus au Gouverneur. Jamie pensa être prié de partir en entendant les mots si bien choisis de Monsieur Jenson, mais par la plus belle des surprises, la réponse de son hôtesse répondit à ses prières silencieuses.

- Je vais raccompagner le colonel Anderson, Jenson, merci. La porte n’est plus si loin. L'inquiétude du majordome se voyait dans l'hésitation de son regard. Il était sincèrement attentionné envers elle, ce qui rassura Jamie. Devant la détermination de la maîtresse de maison, l'employé aux cheveux blancs n'insista pas plus. Victoria reporta son attention sur le soldat, qui soutenait au mieux ces yeux si doux qui se posaient sur lui. Il n'arrivait pas à se détacher de ses souvenirs qui commençaient peu à peu à refaire surface, lui tiraillant la paix de son âme. Il se répéta intérieurement qu'il n'avait plus le droit de penser de la sorte. - Vous pourrez constater que je suis sous bonne garde entre ces murs… Il ne souhaitait pas être impoli, il s’inquiète de l’avenir de cette maison… Et de son héritier. Le Colonel hocha de la tête et démentit tout de suite si malentendu il y avait.
- Je n'ai aucunement pensé à de l'impolitesse, je suis au contraire soulagé de vous savoir à l'abri et choyée, Madame. Ils commencèrent leur marche vers la sortie de la pièce, Jamie sentant le regard du majordome sur leur dos. Il essaya de ne pas y prêter attention et tendait l'oreille vers la question nouvellement posée. - Que ferez-vous de… Ces scélérats, une fois que vous aurez su les débusquer ? Une question à laquelle il ne s'était ni attendu, ni préparé. L'interrogation l'avait assez surpris pour qu'il s'arrête de marcher, afin de faire face à une Victoria qui attendait certainement une seule et bonne réponse. - La loi m'oblige, après leur capture, à les emprisonner jusqu'à leur jugement. Pour la plupart d'entre eux, ce sera certainement la pendaison.
Autant qu'il joue franc jeu dès le début. Il n'était pas surprenant qu'elle s'intéresse à leur cas, elle qui avait subi leur folie malsaine, mais Jamie n'était pas certain qu'il soit bon pour elle d'entendre tout cela. Victoria devait surtout penser à sa guérison, à son enfant à naître et à l'avenir... Mais sa bouche ne prononça rien de son avis tranché, il n'était désormais personne pour lui dire quoi faire.
- Puis-je me permettre de vous demander votre avis sur la question ? dit-il alors, les plis marqués sur son front trahissant son inquiétude grandissante. Il avait connu beaucoup d'hommes et de femmes rongés par la haine et le désir de vengeance. Et il ne voulait pas voir Victoria dévorée par ce même mal.

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MessageSujet: Re: La mécanique du cœur | Jamie & Victoria   La mécanique du cœur | Jamie & Victoria EmptyMar 14 Nov - 17:42


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Si je vous prenais au mot, Madame, je demanderai un peu de vos graines de café qui ont su si bien me goûter. N’avait-il donc pas compris qu’il fallait donc la prendre au mot ? Victoria n’était pas le genre de femmes à faire de fausses promesses, moins encore depuis qu’elle était riche des moyens de son époux. Jamie Anderson aurait pu lui demander la lune qu’elle aurait tenté de la lui décrocher, simplement parce qu’elle s’y était engagée. Mais il ne serait pas juste que je m’en délecte alors que mes hommes n’auront pas cette chance. Elle haussa les sourcils face à cette phrase, la voyant davantage encore comme un défi à relever. « Combien d’hommes logeront en ce fort ? » S’il pensait qu’elle s’arrêterait à cela, il se fourvoyait. Qu’importait le prix du café, elle ferait le nécessaire pour mieux lui prouver qu’elle ne plaisantait nullement. Mieux encore, Victoria se promit intérieurement de le faire livrer en personne, dès lors qu’elle serait capable de s’aventurer jusqu’au Fort Crimson. Ne vous inquiétez pas pour nous, nous en avons l’habitude. Mais je vous remercie sincèrement pour votre sollicitude. Elle aurait aimé pouvoir lui dire qu’elle n’aurait de cesse de s’inquiéter, désormais, le sachant parmi ceux qui étaient là pour défendre leurs vies après les horreurs que la région avait pu connaître. Mais Jenson fit son entrée, interrompant même l’officier dans le fil de ses propos.

Le Majordome rappela à chacun sa place en recontextualisant les choses quant au départ du Colonel. Victoria, elle, s’empara de son rôle d’hôtesse en proposant de le remplacer dans cette tâche et ce fut ainsi que la jeune femme rejoignit l’invité de son époux pour mieux le guider jusqu’à la sortie. Jenson avait bien tenté de lui faire entendre que là n’était pas sa place et que le médecin avait su poser des recommandations la concernant. Elle n’enfreignait rien en déroulant sa foulée jusqu’au perron, lui permettant ainsi une conversation informelle et assez rapide entre ces deux âmes qui renouaient tant avec leur présent qu’avec leur passé. Je n’ai aucunement pensé à de l’impolitesse, je suis au contraire soulagé de vous savoir à l’abri et choyée, Madame. A nouveau, elle avait laissé un sourire étirer ses pâles lèvres, accordant à l’homme de guerre son regard bleuté. Il aurait été un autre moyen pour lui de s’assurer de cela mais ce futur ne leur avait été accordé. Dieu avait dressé d’autres plans pour chacun d’eux et, pourtant, s’Il autorisait ces retrouvailles, c’est qu’une raison devait bien exister car Ses plans n’étaient jamais le fruit du hasard. Alors que penser de tout ceci…

Laissant sa grâce naturelle la mener aux côtés du Colonel, elle lui adressa un léger regard de biais, ne se rappelant que trop bien comment, autrefois, elle pouvait se tenir à ses côtés. Aujourd’hui, la chose avait quelque chose d’à la fois intimidant et maladroit, comme si un malaise étrange venait appuyer sur cette différence forte face à ce qu’ils furent, dix années plus tôt. Forcément, Jamie lui ayant exposé les raisons de sa venue, elle se montra curieuse face à ce qui attendrait ses bourreaux. Il sembla surpris d’une telle interrogation, s’arrêtant, la poussant à le regarder, relevant plus encore ses grands yeux vers lui sous ses longs cils. La loi m’oblige, après leur capture, à les emprisonner jusqu’à leur jugement. Pour la plupart d’entre eux, ce sera certainement la pendaison. Elle pinça les lèvres, la contrariété qui s’emparait alors d’elle n’émanant pas réellement de son propre ressenti mais plutôt de l’idée même que cela ne contenterait pas Ferdinand. Elle connaissait son époux. Elle avait lu dans ses yeux la rage et la haine. A chaque entaille que Hudson avait creusé dans sa chair, Ferdinand avait juré de la lui rendre au centuple. Un procès équitable et la pendaison… N’était-ce pas trop peu, finalement ?

Machinalement, elle vint caresser son ventre avec tendresse, espérant presque ranimer celui qui y dormait et qui se faisait silencieux depuis ce jour, comme mort en elle. La jeune épouse du Gouverneur soupira doucement, le visage ignoble de Horace Hudson et de son sourire démoniaque lui revenant peu à peu en mémoire, réveillant un frisson qui secoua sa frêle carcasse. Puis-je me permettre de vous demander votre avis sur la question ? Elle releva brusquement le regard vers lui, ne s’attendant pas à cela. Ouvrant la bouche, elle la referma avec hâte, ne sachant quels mots prononcés alors que son visage tout entier semblait incapable de choisir quelle émotion adopter. « Je… Je n’ai nul droit de formuler un tel avis. » Les hommes décideraient des choses, qu’importe ce qu’elle pouvait bien en penser. Et puis… « Comme vous l’avez dit, la loi nous oblige à… Leur accorder justice. » Mais l’injustice s’était personnifiée en elle. La torture qu’elle avait pu subir ne serait jamais rendue à ce monstre d’un poids équitable et cela pouvait sembler cruel. Cela lui était cruel. S’humectant les lèvres, elle déglutit péniblement, détournant les yeux avec hâte. « La pendaison… Je doute que beaucoup soient d’accord avec des méthodes si simples… Je n’ai pas pu me rendre en ville mais j’ai cru comprendre que Crimson avait subi de lourdes pertes. Les habitants de la ville réclameront vengeance, auprès des coupables… Ou de ceux qui ont poussé ces scélérats à venir jusque ici… » Lui en voudraient-ils ? La condamnerait-on pour ces vies prises au nom de l’orgueil de son époux ? Quant à ce dernier… Quel sort avait-il seulement en tête pour celui qui avait fait de sa vie un véritable champ de ruines ?


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MessageSujet: Re: La mécanique du cœur | Jamie & Victoria   La mécanique du cœur | Jamie & Victoria EmptyJeu 16 Nov - 19:54

...

La mécanique du cœur



Le Colonel espérait que son hôtesse ne prenne pas à mal son refus devant sa gentillesse. Il savait que Victoria Stanford était une femme qui déploierait des montagnes si elle le voulait. Jamie ignorait si elle avait conscience de cette force qui dormait en elle ? Recluse dans sa grande demeure, c’était cette impression qu’il ressentait. Avoir un mari comme Monsieur Stanford, Gouverneur de tout un territoire, demandait à coup sûr de la force. Elle n’en était pas dépourvue, il n’y avait qu’à le voir dans ce sourire magnifique qui éclairait son visage malgré l’agression subie.
- Combien d’hommes logeront en ce fort ? Jamie n’avait pas entendu la question, son regard se portant dans le bleu de ses yeux. Ses pensées étaient toutes tournées vers elle, vers tout ce qu’il avait envie de lui dire après tant d’années mais qui ne sortirait probablement jamais. Lorsqu’il se rendit compte que Victoria avait parlé, très gêné il s’excusa et demanda que la question soit répétée. Après quoi, il sourit devant l’insistance qu’elle avait à vouloir accéder à son humble requête qui n’avait été qu’une boutade pour détendre l’atmosphère.
- Nous sommes cinq cent hommes en perpétuel mouvement, Madame, la moitié de ma troupe accomplissant ses tâches en dehors du Fort.
Le nombre était conséquent mais la dangerosité du territoire en était la cause principale. Jamie avait répondu sans hésiter à la question, il savait qu’elle ne déchanterait pas malgré toutes ses politesses à décliner l’attention de Madame Stanford.
Le majordome restait en retrait pendant qu’ensemble, ils regagnaient à petit pas l’entrée de la maison. Le Colonel était naturellement un homme qui entreprenait rapidement son travail, qui anticipait les évènements. Rien ne l’avait préparé à revoir un jour Victoria et cela se ressentait dans chacun des petits et lents pas qu’il faisait l’un après l’autre, afin de gagner plus de temps en la compagnie de la jeune femme. Le temps n’avait en rien terni tout ce dont il se souvenait d’elle, la grâce de sa démarche, le son de sa voix, sa peau si délicate. Seule avait changé bien entendu, sa silhouette qui portait l’avenir de leur famille. Etre mère, car elle l’était déjà même si l’enfant dormait encore en son sein, lui allait à ravir. Jamie n’en avait déjà pas douté, à l’époque, lui qui avait su voir en elle une épouse et une mère pour sa propre descendance. Mais le Colonel chassa ses utopies de son esprit, il devait cesser de se perdre dans tout cela, pour son bien-être.

Leur conversation autour du sort scellé des criminels s’était entamée et Jamie comprit, dans cette lèvre pincée, que sa réponse avait déplu ou à défaut, contrarier Victoria. Le soldat en était désolé et bien qu’il était encore tôt de parler de tout cela, il était prêt à répondre à ses interrogations pour qu’elle puisse au pire dormir paisiblement et au mieux, s’en sentir apaisée.
- Je n’ai nul droit de formuler un tel avis.
Jamie s’étonna de cette remarque. Il l’observa avec beaucoup de bienveillance, pour ne pas dire de tendresse. Il tentait de comprendre qu’est-ce qui permettait de croire à Victoria qu’il n’avait pas besoin de l’entendre s’exprimer sur tel ou tel sujet ? Jamie ne rêvait que de cela, de parler avec elle de tout comme de rien. De la météo, de la religion, de l’amitié, de sujets controversés, d’autres plus sérieux.
- Vous en avez tous les droits avec moi, Victoria.
Victoria... Cela lui avait échappé et quand il s’en rendit compte, son souffle se coupa. Jamie s’était hâté à lui répondre, pour qu’elle sache qu’il n’en avait que faire que la Société demandait aux femmes "d’être belle, et c'est tout". Son regard ne se porta pas sur Monsieur Jenson, même s'il sentait sur lui qu'une fine observation les analysait tous les deux. Appeler sa maîtresse par son prénom suggérait, en plus de se connaitre déjà, que leur relation avait été plus qu'une connaissance ou simple amitié.
- La pendaison… Je doute que beaucoup soient d’accord avec des méthodes si simples… Je n’ai pas pu me rendre en ville mais j’ai cru comprendre que Crimson avait subi de lourdes pertes. Beaucoup n'allait pas être d'accord, c'était une vérité que le Colonel lui accorda volontiers. La situation était délicate, encore plus alors qu'il y avait eu tant de morts et de dégâts.
- Que suggérez-vous, hormis une pendaison ? demandait Jamie. Il lui posa cette question parce qu'il voulait qu'elle sache que ce n'était pas aisé de prendre la vie de quelqu'un, ou même de prendre la décision pour que d'autres mains se salissent. Qu'une fois ce cap franchi, on ne retournait plus jamais en arrière et le pire de tout, cela ne guérissait pas ces blessures conduisant à la vengeance. Savait-elle combien son époux était gangrené par cette vengeance, justement ? Durant sa conversation avec lui, le Gouverneur avait été très clair et lucide. Jamie avait lu dans ses yeux qu'il se voyait tuer l'agresseur de sa femme de ses propres mains. En tant que représentant de la loi, il ne pouvait pas le laisser faire. Mais il ignorait qu'il s'agissait de Victoria. Ses sentiments, qu'ils soient ou qu'ils aient été, ne lui permettait plus d'accomplir objectivement son travail. Une réalité dont le Colonel ne se rendait pas encore totalement compte.
- Les habitants de la ville réclameront vengeance, auprès des coupables… Ou de ceux qui ont poussé ces scélérats à venir jusque ici… Les mouvements de foule étaient dangereux et rien n'arrêtait des centaines de fourches et de torches d'arriver à leur fin. Rien, si ce n'était des soldats encore plus nombreux et plus armés. Mais Jamie Anderson espérait ne jamais avoir à se battre contre le peuple américain.
- Cela n'arrivera jamais tant que le territoire sera sous ma protection, je vous en donne ma parole. Ils arrivaient près de la porte. Le soldat regardait cette poignée qui attendait d'être rabattue pour laisser entrer l'air et la lumière extérieure. Du travail l'attendait encore pour le reste de la journée mais pourtant, il resta debout, bataillant avec l'envie de rester là. Il prit soudainement conscience que c'était d'elle, qu'il devrait s'occuper lorsque le gouverneur s'absentera. Cette idée le rendit pâle et il se sentit pris au piège. Le Colonel avait donné sa parole qu'il veillerait lui-même sur Madame Stanford. Mais s'il avait su qu'ils parlaient de Victoria, il n'aurait probablement pas fait cette promesse irréfléchie. Il aurait mis son meilleur homme sur ce devoir à accomplir. A présent, Jamie avait emprunté un chemin remplis d'incertitudes, de tentations, de douleurs à vivre en silence. Il ignorait s'il pouvait y faire face.
- Ecoutez... Il inspira pour se donner du courage. Il se sentait obligé, par un principe obscur, d'avertir Victoria de la suite des évènements. Nous allons être amenés à souvent nous revoir, Madame. Je vous suggère d'avoir une conversation avec votre mari. Jamie était sérieux. Dans les plus brefs délais.

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MessageSujet: Re: La mécanique du cœur | Jamie & Victoria   La mécanique du cœur | Jamie & Victoria EmptyLun 20 Nov - 18:53


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Nous sommes cinq cents hommes en perpétuel mouvement, Madame, la moitié de ma troupe accomplissant ses tâches en dehors du Fort. Evidemment, elle ne s’était pas attendue à un tel nombre, ouvrant la bouche pour mieux afficher sa surprise avant d’être capable de rattraper sa mâchoire. Pourquoi, du jour au lendemain, cinq cents soldats se montraient dans cette région reculée ? Elle voulait bien croire que les mésaventures dramatiques imposées par Hudson avaient eu quelques retombées mais cette dernière lui semblait disproportionnée… A moins qu’elle ne soit au fait de tout. La pensée traversa une première fois son esprit, l’inquiétude prenant racine dans le creux de son ventre alors même qu’elle imaginait Ferdinand lui cacher bien des choses.

Abordant d’ailleurs ces monstres qui avaient su pénétrer l’enceinte de sa demeure, elle n’avait pu se contenir quant au sort qui leur serait réservé, s’interrogeant naturellement sur la justesse de celui-ci. Que méritait véritablement Horace Hudson, pour ce qu’il avait fait et ordonné ? Jamie s’intéressait d’ailleurs à ce qu’elle pouvait bien en penser et si elle tenta de se dédouaner d’une telle responsabilité, ce fut avec un naturel profond qu’il vint la réconforter de quelques mots. Vous en avez tous les droits avec moi, Victoria. Dès lors qu’il prononçait son nom, elle se sentait repartir dans le passé, manquant de frissonner de toutes ces sensations étranges qu’il venait réveiller. Ses grands yeux bleus le dévisagèrent alors qu’il s’était bien évidemment rendu compte de son impair, tâchant de garder la face autant que possible pour ne pas faire de si peu de chose une véritable montagne. Mais il l’avait prononcé, ce prénom, avec autant de tendresse qu’autrefois. De plus, il l’encourageait à retrouver avec lui ce climat enclin aux confidences, à prononcer des mots que lui seul serait capable d’entendre et peut être de comprendre. Si elle y répondait maintenant, alors elle cédait en partie à quelque chose qu’elle ne comprenait même pas aussi, elle préféra utiliser le jugement qu’il avait lui-même employé pour mieux donner son avis à travers celui de la majorité. Mais le colonel Anderson n’était pas dupe et à nouveau, il tenta d’entendre son avis en lui réclamant ses suggestions.

Victoria soupira longuement, l’inconfort de la situation ne l’aidant pas à apporter une réponse franche, d’autant plus qu’elle n’en avait pas réellement. « Je… Je ne sais pas vraiment… Rien ne semble être à la hauteur de ce qu’il a… De ce qu’il m’a fait. » Pinçant les lèvres, elle avait croisé ses bras sur sa poitrine, plantant ses ongles dans sa chair pour mieux sceller cette étreinte. Comme à chaque fois, les souvenirs lui revenaient, que ce soit le nez d’Hudson glissé dans sa chevelure, son poids venant écraser sa nuque, la douleur irradiant de son épaule à mesure qu’il creusait ses lignes dans sa chair, ou bien sa résignation quand il avait relevé sa jupe, promenant ses doigts sur ses cuisses et jouant avec la rondeur de ses fesses. Si Eugene n’était pas entré à cet instant précis, Victoria n’avait aucun doute quant à ce qu’il aurait pu lui faire, le vaurien ayant scandé haut et fort sa volonté de la salir pour mieux anéantir l’homme qu’elle avait pour époux. Jamie ne pouvait pas comprendre, lui qui n’avait été présent. Qu’aurait-il seulement ressenti, s’il avait été à leur place ? A la place de Ferdinand ? Elle connaissait sa volonté de se montrer protecteur mais si cette protection demandait d’oublier ses propres motivations, alors quoi ? N’aurait-il pas enduré le même spectacle ? Ne se rongerait-il pas avec celui-ci, à présent ? « La mort, peu importe puisse-t-elle être, semble n’être qu’une bien douce punition. »

Et, comme elle le souligna, Hudson n’était pas son unique préoccupation. Les habitants de Crimson avaient toutes les raisons du monde de la désigner coupable de leur malheur et elle n’était pas certaine d’être capable de les en blâmer, ni même de pouvoir se montrer suffisamment forte pour affronter leur ire. Cela n’arrivera jamais tant que le territoire sera sous ma protection, je vous en donne ma parole. Comme un pansement délicat sur ses plaies, ces quelques mots eurent le mérite d’apaiser ses maux. Machinalement, elle avait tendu sa main vers la sienne, interrompant son geste avant qu’elle ne puisse effleurer son épiderme, comme si ce simple contact pouvait la brûler. Aussi, elle vint ignorer la gêne potentielle que cela pouvait lui avoir causer en répondant à ses propos avec douceur. « Et je connais le poids de votre parole, Colonel… Je sais quelle valeur vous donnez à votre honneur. » Ce n’était pas un reproche, bien au contraire car il n’avait que trop de fois honoré ses promesses. Seule la dernière qu’il avait pu formuler était restée en suspens, et elle n’était nullement d’humeur à replonger dans ces pensées amères. Pas aujourd’hui.

Ils restèrent là, un instant, observant tour à tour leur vis-à-vis et cette porte sans réellement savoir comment mettre un terme à cette entrevue, ce qui était un comble quand on connaissait les qualités sociales de Victoria Stanford. Ecoutez… Elle haussa les sourcils, soudainement intriguée, s’interrogeant sur la direction de ses propos. Il semblait dans l’inconfort le plus total, incapable de savoir quel mot employer et elle aurait aimé pouvoir l’encourager à dérouler ses pensées en sa présence. Nous allons être amenés à souvent nous revoir, Madame. Ah. Machinalement, elle planta ses incisives dans sa lèvre inférieure, comprenant mieux les raisons de son hésitation. Effectivement, s’il était affecté sur le territoire, il deviendrait plus aisé de faire sa rencontre de manière plus ou moins fortuite… Je vous suggère d’avoir une conversation avec votre mari. Là, elle fronça les sourcils, ne voyant pas le rapport direct entre ces deux phrases. Qu’attendait-il d’elle ? Qu’elle évoque avec Ferdinand ce passé commun et qu’elle l’éclaircisse avec hâte ? Pourquoi ? Dans les plus brefs délais. Elle cilla, accusant chacun de ses mots avec un voile d’inquiétude sur ses traits. « Je… Je ne comprends pas. » Car il lui manquait plus d’une information pour relier les différents morceaux du puzzle et les remettre à leur place. Pour autant, confesser la distance qui s’était creusée entre Ferdinand et elle n’était pas concevable. Déglutissant avec peine, elle finit par hocher la tête. « Je discuterai de cela avec lui, en effet. » Mieux valait ne pas creuser le sujet maintenant. En revanche, elle se demanda de quelle manière Ferdinand allait-il pouvoir encore la repousser, après tout cela.


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MessageSujet: Re: La mécanique du cœur | Jamie & Victoria   La mécanique du cœur | Jamie & Victoria EmptyMar 19 Déc - 20:51


La mécanique du cœur



Les bras croisés de la maîtresse de maison attiraient le regard du Colonel. Elle s'était fermée et ce n'était pas difficile de deviner pourquoi les tenants de la discussion la rendaient inconfortables. Malheureusement, ce sujet était une étape importante par lequel il fallait passer. Le Gouverneur avait été vague, tout comme sa femme, mais à elle Jamie ne demanderait jamais de précisions sur ce qu'elle avait pu subir. Il ne pouvait qu'imaginer. Pour étoffer le dossier qu'il devait tenir contre ces criminels, il nota aussi qu'un détour chez le médecin de la ville était crucial. Tout docteur prenait des notes de leur patient et il lui fallait les comptes rendus des sévices subis par chaque citoyen afin de les incriminer pour chaque goutte de sang versée.
- La mort, peu importe puisse-t-elle être, semble n’être qu’une bien douce punition.
S'il l'avait pu, sa main aurait caresser la joue de Victoria Stanford, dans la tentative certainement vaine d'apaiser ses douleurs. Mais il n'en fit rien, tout geste d'affection lui étant désormais interdit envers cette femme qui avait été si chère à son coeur.
- J'ai foi en la justice, Madame, mais j'ai encore plus foi en celle du Seigneur. La mort ne pourra être de tout repos pour ces hors-la-loi. De maigres mots de consolation, c'était tout ce qu'il pouvait lui donner, en plus de sa promesse de mettre la main sur chacun des hommes recherchés. Victoria lui fit savoir d'ailleurs, à quel point elle connaissait la valeur de sa parole. Une attention particulière qui lui alla droit au coeur, c'était important pour lui de savoir qu'encore aujourd'hui, elle savait son honneur intact.

Au seuil de la porte encore fermée, alors qu'il avait donné cet étrange conseil, le regard de l'épouse trahissait l'incompréhension. Il n'avait pas le droit d'en dire plus et elle comprendrait plus tard pourquoi, présentement, il garda le voile d'un mystère qui n'avait pas à être résolu par lui. - Je… Je ne comprends pas. Pour l'instant, mais le moment viendrait où son silence trouverait grâce à ses yeux, il en était persuadé. Victoria accepta par un hochement de tête de ne pas être au fait du secret lourd que le gouverneur avait, sans même s'en rendre compte, posé sur les épaules de Jamie. Il avait le sentiment de trahir sa confiance mais les choix ne s'étalaient guère devant lui, car dans le cas où il lui révélerait le départ de son mari, elle lui en voudrait peut-être par la suite. Je discuterai de cela avec lui, en effet. A son tour, un hochement de tête, la mine grave. Il était temps de s'en aller mais ses jambes ne répondirent pas à l'action tournant en boucle dans son cerveau. Ouvre cette porte, va-t-en, pensait-il inlassablement alors que ses yeux ne se détachèrent jamais de Victoria.
Lui tournant finalement le dos, sa main se posa sur la poignée intérieure. Il l'ouvrit, et cette simple action paraissait si difficile, si pénible à réaliser. En ouvrant la porte, l'air matinal s'engouffra, lui offrant de l'oxygène pour lui permettre de reprendre une respiration normale. Il ne se sentait pas bien, le choc de la revoir passant doucement, l'adrénaline baissait dans ses veines. Il suffoquait sous son uniforme, accusant les mois glorieux à la courtiser, les mois de silence après la réception de sa missive, l'annonce de son mariage avec un autre homme. Tout remontait à la surface et il ne pouvait pas se résoudre à montrer sa chute imminente.
- Nous nous reverrons bientôt, d'ici là, portez-vous bien, déclara Jamie le plus professionnellement possible. Suivez les conseils de votre médecin et pensez principalement à vous, Madame Stanford. Il s'inclina un peu tremblant, évitant de croiser son regard si doux. Libéré de son devoir accompli sous ce toit, il sortit de la maison, puis du domaine. Jamais il ne s'était autant forcé à ne pas regarder en arrière. Etait-elle toujours au seuil de l'entrée ? Avait-elle refermé la porte si tôt son départ ?

Mais quelle importance, tout ça, maintenant ?

Chevauchant vers le Fort Crimson, Jamie prit de la vitesse sur son destrier. Il alla vite, pour sortir des terres du gouverneur, pour se cacher dans le désert où il stoppa vivement sa monture. A la hâte il en descendit pour sauter à terre les pieds joints, relevant un nuage de sable sur son passage. Il se mit à tourner en rond, seul au milieu de nul part, desserrant ces encombrements au niveau du cou. Jamie était en train de réaliser qu'il venait de revoir Victoria et ses sentiments tus et enfouis le bombardaient, encore et encore, aussi violemment que les balles ennemies des tranchées.

(C) LAURA


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