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 La nuit, les tigres dansent.

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Emilio Magón
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MessageSujet: La nuit, les tigres dansent.   La nuit, les tigres dansent. EmptySam 30 Sep - 12:30




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  • Trigger warning : Mort, enterrement, alcool, tabagisme, violences.
  • Résumé : à venir



La nuit, les tigres dansent. Ptisig10


Dernière édition par Emilio Magón le Sam 30 Sep - 12:35, édité 1 fois
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Emilio Magón
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MessageSujet: Re: La nuit, les tigres dansent.   La nuit, les tigres dansent. EmptySam 30 Sep - 12:32

Le crépuscule jetait de douces couleurs rosées sur les ombres des bandidos. Silencieux, les mains et les visages salis de terre et de sueur, ils regardaient leurs pieds en silence. Un d’eux était à genoux, sanglotant. King Vic’ récitait doucement une prière funéraire. Emilio murmurait du bout des lèvres quelques psaumes en espagnol. O’Reilly se redressait, s’appuyant sur la croix de fortune qui marquait l’emplacement de la tombe de son frère. Le jour ne finissait plus de mourir. La nuit se faisait attendre. Tous attendaient.

C’est Bambino qui brisait le silence – chose étonnante, lui qui était si taiseux d’habitude – tout en s’approchant de l’irlandais.

« Sii forte, amico mio. Che la Vergine ti tenga nel suo cuore. Sono sicuro che darà a tuo fratello l'accoglienza che merita. »

Personne avait rien compris, mais tout le monde acquiesçait. Bambino posait sa main un instant sur l’épaule d’O’Reilly avant de retourner vers le campement, une dizaine de mètres derrière eux, s’éloignant du vieil arbre sous lequel ils avaient enterré leur camarade. Vic’ et Emilio firent de même, se succédant pour toucher brièvement l’épaule de l’irlandais, comme pour lui transmettre par ce court contact physique un peu de leur force et de leur sollicitude.

Quel rituel étrange que les enterrements. O’Reilly restait seul sur la tombe de son frère, et Emilio l’observait depuis la limite du camp, qu’il venait de rejoindre. Allumant une cigarette tout en observant la peine d’un homme, il était songeur. L’un d’eux était effondré, il avait perdu son frère de sang, son jumeau, son binôme. Emilio était peiné pour lui. Pour le défunt aussi. Il aimait bien les O’Reilly, il avait de la sympathie pour eux. Mais cette empathie n’entraînait aucun chagrin profond. C’était les risques du métier. Il ne les connaissait pas plus que ça, finalement. Il les trouvait drôle et fiables. Ce n’était pas ses frères. Pas ses amis. Des collaborateurs ponctuels. Valait mieux un O’Reilly mort que lui. Tragique destin pour le gamin, certes. Mais Emilio n’arrivait pas à ressentir de profonde tristesse pour le rouquin. Quelle hypocrisie que ces enterrements de bandits. Tous songeaient « Mieux vaut lui que moi », ou « Une part de moins sur le butin ». On gratifiait la famille d’un geste amical. On recouvrait le trou. Une fois le corps sous la terre, on commençait déjà à l’oublier.

Car il n’y avait qu’un homme dans la tête d’Emilio pour le moment. Il s’appelait Joshua Tiffany et était assis près du feu. Bambino l’avait rejoins et examinait sa blessure quand Emilio fit son apparition.

« ¿Va todo bien? ¿Se está curando? »

Bambino hochait doucement la tête.

« Sì. La ferita sembra pulita. »

Emilio parlait pas un mot d’italien. Bambino comprenait un peu l’espagnol. Le « si » avait suffi au chicanos qui hochait doucement la tête. Tendant une cigarette à leur invité, Emilio entreprit de s’asseoir près de lui.

« Nous ne sommes plus qu’à quelques heures de cheval de Bodie. Nous l’atteindrons dans la matinée, après une bonne nuit de sommeil. Un vero medico pourra vous examiner là-bas. »

Tirant son couteau de sa ceinture, Emilio poursuivit, sa cigarette coincée au coin de sa bouche, et un œil mi-clos à cause de la fumée de celle-ci :

« Mais parlons affaires. Llegamos a un acuerdo y lo cumplí. Vous êtes en sécurité, loin de Hudson et sa bande de connards consanguins. Vous avez parlé de trabajo pour moi et mes compañeros. Es hora de hablar con eficacia y rentabilidad. Combien vous allez nous donner pour cette petite balade, une fois à Bodie ? Et en quoi consiste vos besoins d’escorte, combien ça paie, à quoi s’attendre ? Soy una profesional, Sr. Tiffany. Bien plus que vous ne pouvez l’imaginer. »

Laissant planer un léger silence en attendant la réponse de l’intéressé, il reprenait sa tâche ingrate : retirer le sang séché et la terre de ses ongles. Vic’ et Bambino s’étaient rapprochés, attendant la réponse de l’homme d’affaires. Au loin, on pouvait deviner les sanglots d’O’Reilly en prêtant un peu l’oreille. Certains pleuraient ce qu’ils avaient perdus. D’autres cherchaient à préciser ce qu’ils avaient à gagner.


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Joshua L. Tiffany
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MessageSujet: Re: La nuit, les tigres dansent.   La nuit, les tigres dansent. EmptyMar 3 Oct - 21:17

La douleur était intenable. Elle s'était amplifiée à chaque mouvement du cheval qui le portait. Il n'avait rien dit pour autant, ne souhaitant pas passer pour un homme faible, il ne pouvait pas se le permettre étant donné sa situation.
Alors il avait serré les dents tandis que le groupe galopait vers Calico ou Bodie. Dans son état, il était incapable de se repérer. Après tout, il ne connaissait pas les environs, encore moins de nuit.
L'adrénaline se dissipant petit à petit à présent que le pire semblait derrière lui, son corps se rappelait à lui avec violence. Si les paumes de ses mains semblaient toujours anesthésiées en dehors des picotements lorsque les rennes frottaient à travers le tissu dont il avait enveloppé sa peau, sa clavicule lui faisait un mal de chien qui rendait sa blessure par balle insignifiante.
L'espace d'un instant, il se demanda s'il survivrait à cette chevauchée et si ce n'était finalement pas ce trajet qui l'achèverait.
Ses forces diminuaient de manière drastique et bientôt, il cessa simplement de guider son cheval volé à un mort. L'animal suivit les autres grâce à son instinct grégaire et Joshua se contenta de tenir son postérieur sur la selle.
Il crut chuter lorsqu'il sombra dans l'inconscience, pétris de souffrance tant les vibrations du galop se répercutaient dans sa clavicule fêlée ou cassée, il n'en avait pas la moindre idée.
La seule chose dont il était sûr, c'était qu'il n'était pas près de retoucher un fusil.

Ce fut le fait de tanguer dangereusement que le ranima et tel un zombie, il poursuivit sa route, le cœur au bord des lèvres, le mouvement lui déclenchant une nausée dont il se serait bien passé.
Le trajet sembla durer une éternité malgré ses absences répétitives et lorsque le groupe décida de s'arrêter, il se rendit compte que malgré son état pitoyable, ses doigts étaient restés crispés sur le pommeau de sa selle, comme le dernier rempart entre lui et la mort.

Descendre du cheval ne fut pas une mince affaire, le sol lui sembla plus dur que de la pierre et là encore, le choc de ses talons se répercuta dans tout son être, lui arrachant un grognement de douleur accompagné d'une grimace.
Il laissa le cheval là où il était et s'avança vers le feu qu'un des types venait d'allumer. Sans demander son reste, il se posa assis face aux flammes avec une précaution digne d'un vieillard infirme.
Ses joues étaient creuses et ses yeux bordés de cernes sombres. On aurait dit un mourant.
De loin, il observa le dernier hommage à l'un des leurs en se demandant s'il subirait le même traitement au cas où il décède sur la route. Certainement pas.
Les brigands ne se fréquentaient pas par amitié, la plupart du temps ils avaient juste un but commun. C'est justement pour ça qu'il pouvait traiter avec eux : l'appât du gain.
Il ne demandait qu'une fiabilité à toute épreuve.

Un des hommes revint vers lui et s'accroupit à ses côtés avant de venir soulever sa chemise blanche salie par le sang et la poussière pour regarder la plaie par balle dont ils l'avaient gratifié.
Sa clavicule le faisait tellement souffrir qu'il en avait oublié ce qu'il avait qualifié d'une égratignure. Étant donné la quantité de sang sur le tissu, il souhaitait changer d'avis.
Il laissa faire le type et serra les dents tant le mouvement le faisait souffrir, pourtant et malgré la sueur de souffrance qui perlait à nouveau à son front, il ne se plaignit pas ni ne montra ses autres blessures.

Magon les rejoignit et demanda quelque chose à son comparse. Sans comprendre ses propos dans le détail il lui sembla qu'il parlait de lui et de son état général.
Alors il lui offrit un sourire confiant malgré sa triste allure. Ses cheveux étaient encore humides de la sueur liée à la douloureuse chevauchée et il était sale à en crever.

Pourtant, Magon lui tendit une cigarette qu'il prit de son bras valide en minimisant son geste au possible. Tandis qu'il récupérait un bâton dans le feu pour allumer cette dernière, Mago s'installa à côté de lui.
Il jeta le bout de bois au feu, puis tirant sur la cigarette, il effectua un nuage rond de fumée en expirant.
Cette nuit se présentait comme la plus longue de sa vie et pourtant, il avait passé une nuit avec la veuve O'Neil.

Joshua hocha la tête aux propos du brigand, l'idée de voir un médecin lui apportait un peu d'espoir. Rien ne valait l'opium à fumer qu'il avait déjà goûté à plusieurs reprises aux Indes mais un peu de laudanum qui était également un dérivé d'opium le soulagerait grandement.
Magon ne perdit pas de temps et lança les négociations. Joshua aurait préféré attendre le lendemain qu'il soit reposé et sous antidouleur mais il n'était pas celui qui dictait les règles ici.
Tirant une nouvelle bouffée sur la cigarette, il répondit :

- Je pense que vous êtes très professionnel señor Magon, alors à vous de me dire combien vous attendez pour la balade.

Il marqua une pause, souffla de nouveaux ronds et regarda un moment la fumée s'élever dans les airs.

- Quant au travail que je tiens à vous proposer, j'ai moi aussi des questions. Il ne s'agit pas d'escorte personnelle, j'ai déjà mes hommes de main et puis je doute que vous puissiez vous promener tranquillement dans Crimson, or il me faudra retourner là-bas pour mes affaires. Le Gouverneur Stanford m'a ouvert les portes d'un petit comité très riche, scandaleusement riche. Leur but, c'est le chemin de fer, ce qui tombe foutrement bien, puisqu'il s'agit du mien aussi.

Un sourire mesquin étira ses lèvres mais la douleur se rappela à lui et il toussota la fumée de sa cigarette.
Un des types lui fila une gourde et il prit une grande gorgée avant de reprendre :

- Alors voilà le topo. Je veux voir ces types couler, je veux avoir la primeur du chemin de fer. Cependant, il y a eu une attaque au Nord, sur une zone de travaux. Du matériel a été incendié, on n'en sait pas plus. Ce que j'attends de vous, c'est de surveiller mes profits en vous assurant que les attaques cessent non loin de Crimson et aussi, à l'occasion, d'en provoquer plus loin pour mettre la pression à ces autres investisseurs. J'y vois deux intérêts : le premier c'est que les investisseurs se lassent et me cèdent leurs parts, le second c'est qu'avant qu'ils ne se lassent, je puisse détourner l'argent qu'ils envoient pour aider aux réparations. Pour ça, je vais avoir besoin de savoir où vous êtes recherchés pour éviter de vous jeter dans la gueule du loup et aussi, si vous êtes assez fiable pour ce plan.

Il jeta la cigarette dans le feu et attendit de voir si Magon et sa troupe étaient intéressés. Alors, il pourrait parler prix.
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Emilio Magón
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MessageSujet: Re: La nuit, les tigres dansent.   La nuit, les tigres dansent. EmptySam 7 Oct - 17:51

Les yeux plissés à cause de la fumée de sa cigarette, Emilio arrêtait subitement de se curer les ongles pour poser de nouveau son regard sur leur invité. Il grognait légèrement, semblant songeur. Il jetait un regard discret à ses acolytes avant de regarder de nouveau le type assis près de lui. Il avait pas l’air en forme. Manquerait plus qu’il leur claque entre les mains avant de pouvoir payer. Au moins il était pas chiant en négoces et laissait le Cazador fixer son prix. Posant son couteau au sol, le mexicain retirait son mégot de la bouche avant de l’écraser sous sa botte. Grommelant dans sa langue natale, il finit par répondre.

« 50 dollars. 10 dollars par tête, dont 10 pour le défunt. Question d’respect pour son hermano qui le pleure. C’est peu cher payer pour votre vie, señor. Disons que nous espérons ganar mucho más dinero con ustedes en el futuro. » Voyant que le type avait pas l’air de biter grand-chose à l’espagnol, il reprit : « Faire bien plus sur long terme en nous mêlant de vos petites affaires. »

Vic’ et Bambino acquiesçaient doucement. Le vieux roi Victor se permettait même un petit commentaire.

« L’chicano est bien sympathique avec vous, m’sieur Tiffany. J’ai connu une époque où on vous aurait foutu à poil, une plume dans l’cul et on se serait pas emmerdés à vous croire sur parole. J’espère qu’nous f’sons le bon pari. »

L’italien disait trop rien, comme d’habitude. Emilio lui était concentré sur la suite du propos de Tiffany, faisant signe de la main à Vic’ de la boucler, ce qu’il fit en grommelant. Le mexicain hochait doucement la tête. Le travail était intéressant. Si ce type ne leur mettait pas à l’envers, ils auraient l’occasion de chevaucher pas mal dans la région et se faire du blé. Mais auraient du monde à leurs trousses. Ce qui était devenu une habitude pour Emilio. Il laissait un léger silence planer, échangeant quelques regards avec ses acolytes.

« Se la paga è buona, ci sto. »

Emilio hochait doucement la tête, souriant à Bambino. Vic restait silencieux.

« Je suis recherché à Crimson. Une vieille affaire avec Stanford. Je ne sais pas ce qu’ils savent sur moi. » dit doucement le mexicain. « Bambino n’est pas connu de la ley à ma connaissance. » L’italien ne réagit pas. « Vic’ est une célébrité un peu partout, mais surtout à Calico. »

« Je n’ai plus d’avis de recherche sur ma trogne pour le moment. Juste quelques dettes et quiproquo à Calico, ouais. »

« Laissez-nous un momento, Tiffany. »

Emilio se redressait, et s’éloignait quelques instants avec Vic’ et Bambino. Ils échangeaient quelques mots. Vic’ faisait de grands gestes. Bambino restait muet, hochant simplement la tête. A la fin de leur courte conversation, ils se serraient mutuellement la main, et le vieux Victor quittait le camp pour rejoindre l’irlandais près de la tombe, avec qui il commençait à s’entretenir. L’italien et le mexicain revenaient vers le type près du feu.

« Accord conclu. Nous saboterons le chemin de fer selon votre bon plaisir, señor Tiffany. N’hésitez pas à nous donner des consignes précises sur vos conditions quant à nos modes d’action. Sinon, nous agirons comme bon nous semble. Quant à la plata que vos concurrents pourraient envoyer, nous pouvons également nous occuper des convois les moins bien protégés. Pour les plus gros, il nous faudra recruter des bras ou compter sur vos propres hombres pour nous donner renfort. Somos cuatro bandidos, mais expérimentés. »

Récupérant sa lame au sol, il la montrait du doigt à l’homme d’affaire.

« Si lo desea, nous pouvons vous faire quelques… premiers soins à l’aide de cet ustensile de fortune. Mais vous ne passerez pas un bon moment. »

Bambino ne put s’empêcher de retenir un léger rictus, les yeux perdus dans la danse des flammes.


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Joshua L. Tiffany
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MessageSujet: Re: La nuit, les tigres dansent.   La nuit, les tigres dansent. EmptyLun 9 Oct - 22:49

La somme réclamée était ridiculement petite et Joshua crut l'espace d'un instant que l'espagnol se foutait de lui.
50 dollars pour sa tête ? C'est tout ? Il valait tellement plus. Il acquiesça cependant, la mine quelque peu désabusée par la requête. Sans en parler, il décida de donner ce qui lui était demandé plus un bonus pour le cheval qu'il garderait.
Il comprit cependant la manœuvre du chef de groupe qui espérait récupérer plus avec le travail à venir. C'était malin, Joshua aimait bien cette façon de penser.
Le troisième bonhomme se permit un commentaire sur ce que Joshua aurait dû subir en temps normal. Nue, avec une plume dans le séant ? C'était une pratique quelque peu originale dont il ignorait tout des origines et préférait ne pas les connaître. Il conserva l'idée dans un coin de sa tête. Qui savait ? Cette humiliation pourrait peut-être lui servir un jour ?
Le silence retomba pour que Joshua explique ce qu'il attendait d'eux, les négociations se mettaient en place tranquillement et sans difficulté en dehors des douleurs qui l'assaillaient telles des lames chauffées au fer-blanc.
Enfin Magon lui indiqua être recherché à Crimson, comme il s'en doutait.

- Je me renseignerais discrètement, assura Joshua qui préférait savoir ce que Stanford savait de ce hors-la-loi.

Autant il n'avait aucun scrupule à travailler avec des hommes tels que Magon, autant il aimait savoir dans quoi il mettait les pieds. Puis il hocha la tête et profita de ce que tous se retirent pour délibérer afin de constituer une carte mentale de la région. La tête lui tournait et ce ne fut pas une mince affaire mais il se décida à les faire travailler au Nord Est. C'était plus sûr pour le groupe.
Inspirant profondément, il grimaça pour enrayer la douleur provoquée par sa clavicule. Il n'osait pas retirer les torchons sur ses paumes, sentant déjà que le tissu avait collé à la plaie.
Pour se changer les idées, il observa les hommes entrain de délibérer. Un vrai spectacle de marionnettes. Il espéra qu'elles le restent.
Il ne pouvait nier que ce Magon savait ce qu'il faisait. Il était rusé mais pas stupide et plutôt méticuleux. Son leadership naturel et sa capacité à gérer les autres faisaient de lui le chef du groupe, celui envers lequel les autres portaient leur foi ou leur loyauté. C'était tout juste ce dont il avait besoin.
Une personne qui ferait le lien entre lui et les exécutants.
Lorsqu'ils revinrent, il sut à l'expression sur le visage de l'espagnol que tout était réglé.

Celui-ci lui expliqua ce qu'il attendait du contrat et Joshua allait lui expliquer les termes lorsque l'homme lui proposa de le soigner avec sa lame sale. Faute de pouvoir lui tirer une balle dans la tête il espérait lui coller une septicémie ?
Il secoua la tête armée d'un sourire.

- Merci mais non merci, je vais attendre le médecin pour ça. À la limite si je pouvais juste immobiliser mon bras pour limiter le mouvement...
Et il pointa sa clavicule. Avec la fatigue et les émotions passées, il avait froid malgré le feu et retirer sa chemise, dernier rempart contre la nuit, ne l'inspirait pas plus que ça.

- Très bien, accord conclu, répéta-t-il en tendant sa main bandée en direction de Magon. Pour commencer, vous aurez trente dollars par personne plus un bonus de 100 dollars pour les recrutements supplémentaires ou toute autre affaire que vous jugerez nécessaire. L'important, c'est la réussite du plan. Si notre entente se passe bien, ces montants seront susceptibles d'évoluer. On va se concentrer sur le Nord-Ouest pour commencer. Moins risqués pour vous et puis, nous y sommes bientôt, autant commencer par là.

Il changea de position, cherchant un peu plus de confort, en vain. La douleur le faisait transpirer et lui donnait la migraine mais il en faudrait plus pour l'enterrer.
Joshua était un battant, il s'en était toujours tiré, il avait toujours obtenu ce qu'il voulait, alors pourquoi cette fois-ci serait différente ?

- Maintenant mettons-nous d'accord pour la suite à Bodie. Je passe à la banque, puis chez le médecin. Je vous paye puis j'envoie un télégramme pour rassurer mes hommes restés à Crimson. Il nous faut une excuse bien huilée pour expliquer comment j'ai pu m'en tirer, vivant.
Et là, clairement, il tombait à court d'idée. Ses yeux papillonnèrent une fois, puis deux. Son cerveau s'embrumait, sa conscience s'éloignant peu à peu, laissant la place à un tunnel noir et sans fond.
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MessageSujet: Re: La nuit, les tigres dansent.   La nuit, les tigres dansent. EmptyVen 13 Oct - 15:40

Le peigne-cul ne voulait pas des premiers soins. Emilio hochait les épaules, rangeant son couteau.

« Que pena, le hubiera hecho bailar. » Bambino lâchait un ricanement. Emilio se redressait, défaisant sa chemise pour dévoiler son épaule et le haut de son bras. Il pointait du doigt une blessure par balle cicatrisée par cautérisation, qui lui avait laissé une belle marque au bras. « Si j’avais pas brûlé la plaie, elle se se serait infectée et aurait continuer de pisser du pus à l’époque. No es un día de campo, c’est vrai. Vous qui voyez, Tiffany. » Ne comptant pas renouveler l’offre, il se rhabillait lentement, tout en écoutant le gringo. Il voulait immobiliser son bras, et Bambino lui lançait un drap sale s’il voulait s’en faire une écharpe.

Les termes financiers de l’accord étaient plus qu’acceptables. Bambino et Emilio hochaient doucement la tête de concert, comme deux oiseaux de malheur. Le Nord-Ouest, très bien. Cela les emmènerait loin de leurs territoires habituels et c’était tant mieux.

Emilio se penchait vers Tiffany, lui tendant sa main sale, pleine de terre et de sang séché.

« De acuerdo, trato hecho. Marché conclu, Tiffany. » Se faisant, il lui adressait un grand sourire, les yeux brillants. « Nous allons faire de grandes choses ensembles, gringo. »

Oh que oui.

« Quant à la suite. Vale, muy bien. Plata, docteur et courrier à vos admirateurs. Pour l’excuse, vous n’avez qu’à dire que de nouveaux collaborateurs que vous deviez rencontrer sont arrivés à point nommé pour vous sauver el culo. Ou que vous avez de nouveaux amigos. » C’était son problème cette histoire de toute façon. Emilio se désintéressait rapidement du sujet, laissant Bambino veiller sur le type qui semblait déjà somnoler. Il se dirigeait quant à lui vers Vic’ et O’Reary qui revenaient vers le camp. L’irlandais lui tendait une main ferme.

« Victor m’a expliqué. Je marche. Je reviendrai avec l’argent donner une vraie tombe à mon frère. C’tait un enfant d’salaud, mais il méritait pas de partir comme ça, dans c’trou perdu. »

Emilio restait silencieux, échangeant une poignée de main avec le bandit aux cheveux roux, avant de l’étreindre brièvement.

« Muy bien, hermano. Tu fais le bon choix. Rien de mieux qu’un peu d’action et d’alcool pour oublier les nôtres, eh ? » Non, c’était faux et il le savait. Mais il avait besoin de ce type. Il allait certainement être moins drôle qu’avant la mort de son jumeau, mais il était pas mauvais armes en main, bon bagarreur, téméraire. Il fallait juste espérer qu’il ne devienne pas une tête brûlée incontrôlable.

« Désolé de ne pas vous avoir aider plus qu’ça, l’autre nuit, t’sais... »
« No. C’est bueno, amigo. Concentrons-nous sur nos affaires. »
« Je vais faire la première garde, j’ai pas sommeil t’façon... »

Victor et Emilio regagnaient le campement, O’Reary traînant un peu. Ce dernier allait s’asseoir près du feu, pendant que les deux bandits s’installaient sur leurs couches improvisées. Victor tentait de parler à Emilio en l’appelant à voix basse, mais le mexicain fit comme s’il n’avait rien entendu. La gueule noire de saleté et de sang sec, il regardait les étoiles, les yeux mi-clos. Il rêvait de dollars et d’un bon bain. Se laver de ses péchés et du sang d’autrui.

Le sommeil l’emportait bientôt. Il rouvrit les yeux juste avant l’aube. Bambino le secouait pour qu’il prenne la relève, sur la dernière garde. L’italien allait glaner quelques heures de sommeil tandis que le mexicain, le visage bouffi par la fatigue, attrapait son fusil et se rapprochait du feu. O’Reary avait ramené un sceau d’eau dans la nuit, il avait du trouver un ruisseau à proximité. Emilio voulait lui demander où, mais l’irlandais dormait à poings fermés. Et il avait besoin de repos, plus que quiconque. Trempant un linge à peu près propre dans l’eau, le mexicain entreprenait de se laver le visage puis les mains, faute d’une véritable toilette. Se faisant, il fixait Tiffany. L’époque où il chevauchait avec Odhran était loin. Il ne savait même pas si le vieux était encore en vie. Beaucoup de choses avaient changées. Ou plutôt, étaient redevenues comme jadis. Baissant les yeux sur l’eau du sceau, devenue trouble à cause de la saleté coulant du chiffon que le bandido essorait, il y devinait avec peine son reflet. Emilio. José. Ricardo. Qui était-il, au fond ? Un meurtrier ? Un bonimenteur ? Un homme libre, en tout cas. Posant les yeux sur sa main droite qu’il séchait méticuleusement, il observait l’anneau terne à son annulaire. Les mexicains portaient les alliance à la main droite, héritage espagnol. Cet objet faisait revivre à son esprit de vieux souvenirs, et il lui semblait presque pouvoir sentir de nouveau l’odeur de la peau de sa compagne. Tout aurait pu être si différent. Et si semblable en même temps. S’extirpant brusquement de ces souvenirs lointains, il empoignait son arme et décidait de s’éloigner du camp pour faire une ronde. L’horizon commençait à se teinter de couleurs oranges et roses, alors que les premières lueurs annonçaient l’arrivée du soleil, qui percerait bientôt la nuit de ses lances de lumière. Machinalement, le bandido s’emparait d’une flasque dans la poche du manteau qu’il avait enfilé pour se protéger du froid. Le whisky coulait doucement dans sa gorge, lui procurant un léger frisson tandis que sa gorge brûlait sur le passage du précieux liquide. Dans quelques heures, il réveillerait tout ce beau monde et les mettrait en route pour Bodie. Il avait hâte de palper quelques dollars et prendre un bain pendant que leur nouvel employeur se faisait ausculter. A condition qu’il ai passé la nuit.


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MessageSujet: Re: La nuit, les tigres dansent.   La nuit, les tigres dansent. EmptyMar 24 Oct - 22:54

Joshua observa l'homme se déshabiller afin de lui montrer une de ses cicatrices. Malgré ses propos, il secoua négativement la tête pour conserver son premier choix. Hors de question qu'on le brûler pour cautériser la plaie. Celle sur son flanc était légère, la balle n'ayant fait qu'une entaille moyennement profonde, cela pourrait bien attendre le lendemain. De plus, elle était couverte de sa chemise qui était propre à l'origine. Voilà qui suffirait à le protéger de l'infection. Enfin, c'est ce qu'il espérait.
Il était plus inquiet pour sa clavicule et ses paumes de main entaillées. Mais là encore, les tissus qu'il avait posés sur sa chair pour contenir le sang étaient plus propres que tout ce que le Magon pourrait lui procurer présentement.
À en juger par l'aspect du bout de tissus que lui lança le second brigand, il ne s'était pas trompé.
Avec maladresse et en serrant les dents, il réussit toutefois à bloquer son bras contre son torse et à maintenir l'ensemble avec le tissu sale. Ce n'était clairement pas l'idéal, surtout pour s'attacher avec une main meurtrie et affublée d'une épaisse couche de tissus mais c'était bien que rien et il espéra que cela atténuerait les vibrations sur son os qui manquaient de le faire sombrer à chaque mouvement de son épaule.

Demain serait encore plus dur, il le savait. L'adrénaline serait retombée, le froid l'engourdirait mais au bout du chemin, Bodie le sauverait. En attendant, il souffrait toujours, cette douleur le faisant suer comme un veau, et le glaçait tout à la fois à cause de l'air nocturne.
Sa conscience le délaissait petit à petit, comme si son corps ne pouvait plus supporter cet état. Il papillonna des yeux mais l'accord lancé subitement par Magon le ranima quelque peu.
Il serra la main de l'homme et confirma :

- Je n'en doute pas, assura-t-il avec un sourire douloureux mais bien présent.

Après tout, ils étaient gagnants tous deux dans l'affaire. Dès le lendemain, Joshua rejoindrait Bodie où il serait soigné, en sécurité. Alors d'ici quelques jours il enverrait un télégramme pour indiquer qu'il était toujours en vie. Une fois requinqué, il rentrerait à Crimson. Le Gouverneur était-il encore en vie ? Et sa femme ? La maison avait-elle brûlé ?
Il n'en avait pas la moindre idée, mais il savait que si tel était le cas, Jasper et Billy auraient suivi leur plan comme convenu. Récupérer Vania et sa cage, et se partager tous les biens de Joshua.
Ils devaient aussi envoyer une missive à son père pour le prévenir de sa mort.
Tandis que son corps se mettait doucement en veille pour endormir la douleur, son esprit tournait en tous sens grâce aux propositions de l'homme mais aussi à ses propres plans élaborés avant même d'avoir posé un pied dans la ville.
Et puis, ce fut le noir complet.

Lorsque l'aube éclaira l'horizon, Joshua dormait à poing fermé malgré la fièvre qui mouillait encore sa peau, le secouant de frissons désagréables. Ses blessures s'infectaient-elles ? Si tôt ? Non, ce devait être l'effort physique de la veille et la douleur qui le lançait toujours. Il ouvrit les yeux avec difficulté, la fatigue plombant ses paupières. De sa main valide, il frotta son visage pour l'aider à se réveiller et balaya les environs. Autour du feu encore allumé, certains dormaient encore. Il se redressa avec peine, sentant chacun de ses muscles se rebeller. Il ignorait les murmures de ce dernier, l'envie d'uriner était trop forte.
Prenant soin de ne réveiller personne, enfin, essayant tout du moins, il s'éloigna d'une dizaine de mètres et se soulagea devant un buisson. L'affaire ne fut pas aisée à une seule main mais il avait connu pire. Son ventre gargouillait et sa bouche était pâteuse.
La troupe avait-elle une gourde d'eau à disposition ? Il lui avait semblé avoir vu un seau.
Que n'aurait-il pas donné pour un semblant de toilette ? Là encore, il rongea son frein, préférant éviter de poser de nouvelles bactéries sur ses plaies. Elles devraient attendre le savon et le bain.
Au loin, il aperçut une silhouette qu'il reconnut. Le type espagnol était là, montant la garde visiblement avec son fusil.

Quelque peu voûté pour limiter la vibration de son bras, il s'avança vers lui, le pas presque traînant.

- Holà, lança-t-il d'une voix rauque marquée par la déshydratation, dès qu'il fut à portée. Quand partons-nous ?

De son bras valide, il se frictionna le corps pour se réchauffer. Les nuits étaient fraîches et depuis la veille il était en chemise. Si loin du feu, il pouvait à présent sentir le froid mordant dont le seul avantage était d'anesthésier quelque peu son mal. Avisant les alentours d'un regard inquisiteur, les yeux plissés, il ajouta :

- On dirait bien que personne ne nous a suivis.

Et c'était tant mieux. Pour ses affaires.
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Emilio Magón
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MessageSujet: Re: La nuit, les tigres dansent.   La nuit, les tigres dansent. EmptyMer 25 Oct - 21:13

Le bruit de pas traînant sur le sol rocailleux interrompit Emilio dans ses songes. Tournant légèrement la tête, il apercevait leur hôte de marque qui se dirigeait tant bien que mal vers lui. Il avait pas l’air en grande forme, mais il était vivant. Tout en le gratifiant d’un signe de tête pour seule réponse, Emilio en profitait pour jeter un coup d’oeil circulaire au camp. Bambino dormait paisiblement, tandis que O’Reary s’asseyait, s’enfouissant le visage dans ses mains sales. Tous se réveillaient petit à petit. Victor s’emparait du sceau pour aller le remplir, ramassant également les gourdes de chacun pour gagner du temps. L’irlandais, après s’être frotté le visage dix bonnes secondes, allait réveiller le jeune italien.

Allumant une cigarette à l’aide d’une allumette, Emilio grognait légèrement, semblant indiquer qu’il était songeur.

« Hmpf. Nous allons remballer le camp et prendre la route. Comptez une bonne heure avant que nous ne soyons partis. Les gars ont besoin de se réveiller, manger et fumer. Victor est partis chercher de l’agua. Bambino a de la viande sèche dans sa monture. C’est la jument pommelée, vous pouvez vous servir. »

Tout en parlant, il jaugeait l’homme du regard.

« ¿Vivirás para ver a Bodie? Vous allez bien, Señor ? »

Après quelques instants, la voix de O’Reary s’élevait.

« J’fais du café les gars. Vic’ arrive avec la flotte. Bambino, lève-toi nom d’un chien ! »

Le rital ramassait un coup de pompe dans les cotes. Bambino avait montré peu de défauts jusqu’ici. Mais il était visiblement bon dormeur. Emilio se redressait, remettant son fusil à l’épaule.

« Profitez encore un peu du repos. Tómate el café. Cómete la carne. Nous nous occupons du reste. »

Une fois le café chaud, les choses commencèrent à s’accélérer. O’Reary fit mourir le feu et eut vite fait de ranger son couchage et ses maigres affaires. Bambino également. Victor revint avec de l’eau, laissant le sceau au milieu du camp, à disposition de chacun, tout en distribuant aux bandits des gourdes pleines d’eau. Il lançait à Tiffany la gourde du défunt, avec l’accord d’O’Reary. Les couches de chacun furent bientôt toutes rangées. Les armes rechargées. Le café avait été bu, les cigarettes brûlées. Emilio montait en scelle, s’éclaircissant la gorge.

« Ahora, a Bodie. »

Et la troupe se mettait en marche. Il ne leur restait qu’une poignée d’heures de voyage, et ce dernier fut bien silencieux. Tous étaient usés des derniers jours. Bambino était toujours blessé. Lui aussi avait besoin de voir un docteur. La fièvre commençait à le prendre. Emilio menait la file de chevaux en silence, regardant droit devant lui. Il avait retiré son sombrero, laissant ses cheveux noirs au vent. Il avait abandonné son bandana pleins de sang à l’emplacement de leur camp. Il irait s’acheter de nouveaux vêtements à Bodie, pendant que chacun voguerait à ses affaires. En attendant, il avait revêtis un long pancho usé, arborant des motifs noirs et blancs. Cela lui permettait de cacher ses habits complètement ensanglantés par la tuerie qui avait eu lieu dans les écuries des Stanford. Le reste de sa garde-robe étant toujours bloquée à Calico, il lui fallait investir dans un ensemble neuf.

Le mexiain ne pipait pas un mot du trajet, ne participant pas aux rares conversations entre ses hommes et ne répondant pas aux sollicitations de Victor. Il ne sortit de son silence que quand Bodie apparut à l’horizon, refusant toute pause à la compagnie avant cela. Ils purent pisser un coup se dégourdir rapidement les jambes avant de reprendre la route. Le cul endolori par toutes ces récentes chevauchées, Emilio appréciait de voir enfin leur destination. Un bon bain, une pute et un cigare. Voilà de quoi il rêvait.

Ils arrivèrent bientôt aux portes de la ville. Emilio donnait l’ordre d’attacher tous les chevaux près d’une société de diligences. Il filait la pièce à deux jeunes palefreniers attendant les patrons pour qu’ils surveillent les chevaux.

« Bien. Je vais emmener Bambino et Señor Tiffany voir un medico. Victor y O’Reary, faites ce que vous avez à faire. On se retrouve à la mi-journée, ici-même. Pas de tapage inutile. »

Puis, il indiquait d’un signe de tête aux deux hommes susnommés de le suivre. Emilio ne connaissait absolument pas cette ville, où il n’avait jamais mis les pieds, et dû bientôt se rendre à l’évidence. Il n’avait aucune idée d’où trouver un putain médecin. Bodie n’était pas la fosse à pionniers qu’était Crimson, ni la souricière de Calico qu’il connaissait comme sa poche. Il se tournait vers leur nouvel employeur. Ce peigne-cul devait connaître le coin et s’être aperçu qu’Emilio s’était perdu. Le regard du mexicain mêlait gène et soupçon de vexation.

« ¿Dónde está? »

Il était temps de laisser le blessé se rendre utile et prendre un peu les choses en main. Bambino suait à grosses gouttes qui plus est, et n'avait plus l'air aussi en forme qu'hier.


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Joshua L. Tiffany
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MessageSujet: Re: La nuit, les tigres dansent.   La nuit, les tigres dansent. EmptyDim 5 Nov - 16:17

Magon lui donna le déroulé de ce qui les attendait aujourd'hui.
Remballer le camp, prendre la route. Cette seule idée le fit frissonner davantage que le froid. Malgré l'écharpe de fortune, il savait que chevaucher allait être douloureux. Parviendrait-il à le supporter ?
Les gars se réveillaient, ils pourraient bientôt boire, manger et fumer.
Joshua fut autorisé à se servir en viande séchée. Pour être tout à fait honnête, il aurait volontiers pris quelques rasades de scotch, histoire de soulager la douleur.
Ceci étant dit, il avait faim et froid aussi. Comme il regardait le brigand qui lui faisait face, ce dernier lui demanda s'il allait bien.
D'abord surpris par cet élan de "compassion", un léger sourire étira le coin de ses lèvres.

- Je survivrais, assura-t-il.

Il n'avait jamais rien connu de tel mais au moins, il ne se vidait pas de son sang tel un goret. La douleur était insupportable mais pas insurmontable. Il y arriverait.
Dans le même moment, un autre annonça le café. Magon renchérit et proposa à Joshua de prendre le temps de manger, de boire et de se reposer. Ce qu'il fit sans se faire prier.
Il récupéra deux lanières de viande séchées et revint s'installer près du feu. Le goût du sel sur sa langue le revigora autant que l'amertume du café. Tandis qu'il mangeait, il observait le ballet des hommes qui s'affairaient devant lui.
Ils ne ressemblaient pas à une bande de gredins non, on aurait plutôt dit une joyeuse bande d'amis.
Chacun savait ce qu'il avait à faire, chacun se mettait au service du groupe. C'était étrange à regarder et tout à la fois, ça forçait le respect.
On lui donna la gourde du défunt et il accepta de bon cœur.
Avec la sensation de faire parti d'un tout sans pour autant en être vraiment, Joshua resserra l'écharpe aussi fort qu'il le put avec sa main valide et ses dents.
Et puis quand tout fut rangé, le signal du départ fut donné.

Joshua se hissa sur le cheval qu'on lui avait attitré et ce simple mouvement lui fit serrer les dents.
La douleur se raviva instantanément et dans un grognement étouffé, il talona son cheval pour le faire avancer.
Dès lors, la sueur émergea sur son front et dans son dos, témoin des efforts effectués par le corps pour le maintenir debout et conscient.
Le chemin lui sembla long même s'il se consolait en songeant qu'au moins ils ne galopaient pas. Magon faisait-il ceci pour l'épargner ? Il préféra ne pas se faire de fausses idées.
Comme le chef du gang, il maintint un silence presque religieux, juste pour se concentrer sur la douleur qu'il cherchait à minimiser.

Enfin, Bodie apparut au loin et le groupe s'arrêta à l'entrée de la ville, non loin d'un service de diligence.
Descendre de cheval fut bien plus douloureux que d'y monter. La souffrance manqua de le faire chuter dans la poussière. Magon donna à nouveau les ordres et personne ne trouva rien à redire, pas même lui.
Il allait enfin pouvoir se faire ausculter par un médecin à moins que Magon ne les perde dans les dédales de rues.
Lui-même ignorait où se trouvait le médecin, il venait tout juste de séjourner quelques jours ici mais n'avait pas eu besoin de ce genre de services.
Aussi, lorsque le mexicain se tourna vers lui pour lui demander la direction, il ne releva pas l'irritation de ce dernier.

- Passons par la banque, proposa-t-il. Je doute que l'on m'ait oublié depuis hier.

Pas après la somme qu'il y avait déposée.
Devant le bâtiment, il y avait quelques hommes qui discutaient, tous très bien habillés. Des riches à n'en pas douter.
Avec leurs frusques sales et couvertes de sang, Magon, le fameux Bambino et Joshua dénotaient sérieusement. Le shérif n'allait pas tarder à se pointer.
Il fallait faire vite et surtout, jouer le jeu.
- Attendez-moi derrière le bâtiment.
Le menton relevé, Joshua pénétra dans le bâtiment comme si c'était normal.

Derrière le comptoir et la grille, le type ne le reconnut évidemment pas.

- Pardon..
- Bonjour, lança Joshua avec un sourire. Auriez-vous l'obligeance d'aller chercher Monsieur Rogers s'il vous plaît ?
- M...Monsieur Rogers ne se déplace que pour
- Que pour les affaires de grande importance, je sais. Merci de lui indiquer que Joshua Lewis Tiffany l'attend.

L'homme hésita puis finalement disparut derrière une porte. Dans les minutes qui suivirent, Joshua reconnut la corpulence bedonnante de Rogers qui s’avançait à la fois intrigué et stupéfait.

- Monsieur Tiffany...mais juste ciel, que vous est-il arrivé ??
Sans prévenir, il franchit la grille et arriva jusqu'au New Yorkais.
- Une attaque, annonça Joshua, à seulement quelques miles de Crimson. Avec quelques hommes nous avons réussi à nous enfuir mais comme vous pouvez le constater, pas indemnes. J'ai besoin de quelques unes de mes économies et d'un bon médecin.

Il lui offrit un sourire et un regard entendu. Rogers s'executa, donna des ordres au dénommé Arthur du comptoir et à deux autres hommes qu'il appela.
Très vite, l'un d'entre eux dispersa les curieux devant la banque, tandis que l'autre préparait les documents pour le retrait.
Joshua signa et l'instant d'après, il était en possession d'une liasse de billets.

- Heureusement que vous m'avez reconnu, lança ce dernier.
- Allons, nous venons de passer trois jours ensemble, quel âne aurais-je été de ne pas vous reconnaître ? rigola l'homme dans sa moustache. Arthur, accompagne Monsieur Tiffany chez le Docteur Sanderton.

Et c'est ce qu'il fit. Joshua fut invité à sortir par l'arrière du bâtiment pour éviter de nouveaux curieux. Il récupéra Magon et Bambino puis tous les trois se firent conduire chez le Docteur Sanderton.
Une fois là-bas, Joshua céda sa place à Bambino qui lui semblait de plus en plus livide.
Il n'était plus à ça près. Pendant ce temps et à l'abris des regards et dès que Arthur fut congédié, il donna l'argent promis au chef de la bande.


Dernière édition par Joshua L. Tiffany le Mer 15 Nov - 22:18, édité 1 fois
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Emilio Magón
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MessageSujet: Re: La nuit, les tigres dansent.   La nuit, les tigres dansent. EmptyDim 12 Nov - 18:32

Ils se mirent en route en direction de la banque, à la suite de Tiffany. Ce coin-là, il le trouvait sans mal. Cette pensée fit ricaner le mexicain. La vie tourne autour de l’eau. Les bourges autour des banques. Puis il se rendit compte que lui aussi avait rodé autour une bonne partie de son passé, pour les voler ou en examiner les visiteurs. Quelle triste réalisation, les bourges et leurs voleurs avaient beaucoup en commun ! Deux sortes de parasites égocentriques bien différents. Si différents que cela ? Emilio en était de moins en moins sûr en prenant de l’âge, et cela ne lui plaisait guère.

Ne pénétrant pas dans le beau bâtiment, église des financiers et pingouins bien habillés, Emilio guidait Bambino à l’arrière. Sa plaie saignait de nouveau et sa chemise se tachait progressivement de sang au niveau du bras. Le petit suait à grosses gouttes, sans se plaindre. Mais le mexicain était pas bête, le gamin avait beau être robuste, il tarderait pas à tomber dans les vapes avec la fièvre, et il allait falloir le traîner jusqu’au médecin.

Le gringo finissait pas montrer de nouveau le bout de son nez, alors que Bambino somnolait debout. Flanquant une grande claque derrière le dos de ce dernier, Emilio l’invitait à se remettre en route. Tous étaient fatigués, sales, et avaient bien besoin de soins et de repos. Ses deux comparses de la journée en premier lieu. Il espérait que tout irait bien pour O’Reary et Victor de l’autre côté. Ils allaient sûrement s’offrir du bon temps. Mais il ne fallait pas que ce bon temps déborde ou soit source de troubles. Tout devait être au plus tranquille, surtout après l’agitation de la veille.

Ils pénétraient enfin dans un cabinet de médecine, et Bambino fut prit en charge rapidement. Interrogé par le médecin, on l’entendait, sa voix étouffée par la porte du cabinet, parler anglais avec un accent prononcé. Première fois qu’il parlait autant, le docteur était un veinard.

Ramassant les billets que lui tendait Tiffany, le bandit les recomptait rapidement en hochant la tête. Une fois la somme vérifiée, il roulait la liasse et la glissait dans sa sacoche.

Prenant une grande inspiration, il jetait un coup d’oeil aux alentours, se tenant devant le cabinet. Beaucoup de gens, qui allaient et venaient, s’affairaient. Fumaient. La sonnerie métallique de la porte des commerces s’agitait régulièrement. Des dames se promenaient. On avait un aperçu de l’Est civilisé. Bodie. La grande ville. Le qualificatif ferait sûrement ricaner les américains de la côte Est ou des grandes métropoles coloniales. Mais dans le coin, c’était vraiment une grande ville. Ça grouillait, comparé aux autres cloaques, villages et ranch du coin.

« Bodie, eh. Le miroir de Calico. Les rats y sont juste mieux habillés. »

Emilio se tournait vers Tiffany en parlant, le regard malicieux. Il ne pouvait souffrir les riches mais était suspendu à leurs bourses, pour les voler ou en profiter. Il les détestait par jalousie et rancune. Il avait vu la terreur des ouvriers des haciendas face à la colère des maîtres, l’esclavage des noirs, les gamins sales qui ciraient des pompes pour la pièce à Bodie et ailleurs. Il avait grandi dans un bordel, entouré de putes et de clochards, que les bandits légaux venaient baiser pour quelques billets quand ils étaient las des filles de luxe et se payaient une virée dans les bas quartiers. Le monde était pourri, sur tous les aspects. Il haïssait chaque créature de Dieu, car chacune d’entre elle était d’une hypocrisie sans nom, lui le premier. Alors à quoi bon faire société ? On l’avait baisé un paquets de fois. Il préférait se servir maintenant. Et ce genre de boulots comme proposait Tiffany était ce qui se rapprochait le plus de se ranger pour Emilio. Il avait cru pouvoir quitter le banditisme avec Odhran, mais son destin l’y avait replongé aussitôt. Mais jamais il ne referait ce qu’il avait pu faire sous le règne de la Cobra à la frontière. Les pillages sanguinaires, les meurtres aveugles et les viols. Il ne pouvait plus s’adonner à ces méfaits ou en être témoin. Pas de cette manière. Faire couler le sang ne l’avait jamais dérangé, mais sa haine n’était plus assez forte pour justifier ces cavalcades destructrices dépourvues de toute humanité. Son mépris n’était pas si aveugle. Alors travailler pour ce genre de types, cela lui permettait de s’assurer un beau butin, de l’adrénaline, et d’emmerder d’autres riches. Au terme de tout ça, qui sait ? Cela allait déjà l’occuper un moment.

Bambino tardait à sortir, et Emilio n’avait plus de tabac. Il se tournait vers son nouvel employeur et le saluait de la main, indiquant qu’il partait, sans vraiment lui laisser le choix.

« Rejoignez-moi au café en haut de la rue quand vous avez finis. » dit-il simplement en disparaissant au coin d’une ruelle.

Voguant à ses occupations, il se mit à la recherche d’alcool, de cigarettes et de viande séchée. Une fois quelques emplettes effectuées, il faisait un détour par les chevaux pour charger ses achats et refiler une pièce aux gamins, ainsi que quelques cigarettes. Fallait pas qu’ils soient tentés de lui piquer ses courses. Après quelques cigarettes au coin d’un bâtiment en lorgnant sur les jolies blondes du coin, il se dirigeait enfin vers le fameux café. Bambino et Tiffany n’étaient pas encore là. En même temps, ils avaient chacun leur blessure à faire examiner et soigner. Se commandant un whisky, Emilio se détendait un peu. Il remarquait alors que l’établissement proposait des chambres et des bains. N’hésitant pas plus longtemps, il se payait un bon bain en attendant ses comparses.

L’eau devint vite noire de crasse et de sang sec, et Emilio frottait comme un forcené chaque parcelle de sa peau. Voilà bien longtemps qu’il ne s’était pas permis pareil luxe. Ses cheveux furent un enfer à nettoyer. Sales, emmêlés, drus. Une fois recouvert de savon, il s’allumait une nouvelle cigarette et se laissait aller un peu. C’est alors qu’une prostituée toquait et entrouvrait la porte, proposant sa compagnie.

« ¡Joder, larga vida a Bodie! » Un grand sourire aux lèvres, il invitait la femme à le rejoindre. Le repos du guerrier. Mais il ne devait pas trop se faire prier non plus, au risque de faire attendre ses amis.


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Joshua L. Tiffany
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MessageSujet: Re: La nuit, les tigres dansent.   La nuit, les tigres dansent. EmptyMer 15 Nov - 22:51

Tandis que Bambino se faisait examiner, Joshua se retrouva en compagnie de Magon dans la pièce attenante au bureau. Elle avait une fenêtre donnant sur la vue et naturellement, tout comme le brigand, Joshua observa un moment ces gens de la ville. Bien habillés, sûrement assez friqué pour se vanter de faire partie de la bonne société. Le jeune homme manqua de s'esclaffer. Ces gens n'étaient que les mieux lotis du trou à rat dans lequel ils s'étaient fourrés.
La Californie avait encore de quoi faire pour prospérer et ce n'était pas Stanford au sommet dans son petit village de Crimson qui allait le contredire. Était-il encore en vie ? Et Victoria ? À sa grande surprise, il eut également une pensée fugace pour Louisa.

« Bodie, eh. Le miroir de Calico. Les rats y sont juste mieux habillés. »
Magon s'était tourné vers lui et Joshua avait sourit en réponse à la malice brillant dans les yeux du mexicain. Un sourire espiègle, entendu.
Les paroles de son nouvel associé, car c'était ce qu'il était désormais, faisaient un charmant écho à ses propres pensées.
Bodie offraient des perspectives que Joshua n'était pas prêt à laisser sur le bas côté. Des nouveaux riches, avides d'investissements, même les plus douteux. Une aubaine pour les gens rusés et surtout pour ceux qui savaient comment tout ceci fonctionnait.
Si ses plans se déroulaient sans encombre, il avait moyen de se faire beaucoup d'argent, sans se mouiller. Voilà où résidait la beauté des types comme Magon.

Ce dernier lui fit signe puis sortit en lui demandant de le rejoindre au café plus haut dans la rue dès que la visite serait achevée. Joshua n'ajouta rien, il n'y avait rien à dire de toute façon, sauf que le médecin prenait un sacré temps pour l'italien. Assis sur une chaise en bois, il s'était adossé au mur pour mieux soutenir son bras et lorsque le docteur réapparut enfin, c'était pour lui dire que l'italien dormait et qu'il le gardait pour toute la journée, voire la nuit, car il soupçonnait un début d'infection.
Joshua acquiesçât et se leva en grimaçant de douleur, avant de suivre le médecin dans le bureau d'auscultation.
Dans un angle, il y avait un drap tiré, comme pour offrir un peu d'intimité à un lit. Joshua présuma que Bambino dormait juste là.

- Vous n'avez pas peur de le réveiller ? Demanda-t-il en pointant le lit du menton.
- Pas avec ce que je lui ai administré, s'amusa le docteur. Alors, racontez moi.

Le New Yorkais s'appuya sur la table d'auscultation, posant un semblant de fesse dessus. Le médecin entreprit de dérouler l'écharpe sale et tandis que Joshua lui contait une attaque en prenant soin de ne prendre que certains morceaux choisis et de diluer la vérité, l'autre faisait un solide état des lieux. Serrant les dents à plusieurs reprises, grognant de souffrance parfois, il finit par réclamer quelque chose pour la douleur. Le médecin consentit après s'être assuré qu'il n'y avait pas de contre indication quant à son état.
Et son état n'était pas beau à voir.
L'os de sa clavicule devait être fêlé, voilà ce qui provoquait la douleur dans son bras. Le docteur lui refit une écharpe et bloqua son bras de manière si serré que Joshua se demanda s'il parviendrait ne serait-ce qu'à dormir. La plaie par balle l'avait effleuré, lui laissant une entaille peu profonde et qui ne présentait nul signe d'infection en l'état.
Pour les paumes de ses mains, c'était différent. Le médecin dû réaliser trois points sur chacune et réaliser un nouveau bandage. Il invita Joshua à éviter les bains et à changer les pansements chaque jour dans un premier temps.
Comme il considérait le jeune homme en bonne santé, il n'était pas trop inquiet pour la suite. Un sourire quelque peu désabusé, Joshua l'avait payé puis avait regagné le café dans lequel il avait pris une chambre.
Il avait réclamé qu'on lui prépare un bain et avait payé deux filles. La première devait se rendre en ville lui chercher des vêtements propres. La seconde devait lui faire la toilette puisqu'il était privé de bain. À son grand regret soit-dit en passant. Il se contenta de deux mains expertes pour s'occuper de la moindre parcelle de sa peau.
Après que l'autre fut revenue avec ses nouveaux vêtements, il les congédia toutes deux et finit par s'endormir.

Lorsqu'il ouvrit les yeux, il faisait nuit. Pour autant, il s'habilla comme il le put à un bras et cela lui prit un temps fou. Satisfait de son apparence malgré une coupe bonne pour le peuple et une couleur beige fort basique (heureusement que son charisme n'était pas en reste), il descendit dans l'espace public comme Magon le lui avait demandé.
Face à la surprise de ce dernier de le voir seul, il lança en s'installant à sa table.

- L'italien est resté dans le cabinet, le médecin craint une infection.
De sa main libre et affublée d'un bandage, il fit signe à la serveuse pour qu'elle lui apporte un verre.
- Navré pour mon arrivée tardive, je me suis endormi et à présent je meurs de faim. Avez-vous mangé ?


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MessageSujet: Re: La nuit, les tigres dansent.   La nuit, les tigres dansent. EmptyMer 22 Nov - 19:08

Le Chasseur s’était payé un peu de bon temps en bonne compagnie. Une fois propre, il s’était rappelé de l’état terrible de crasse de ses vêtements et qu’il n’avait aucun change sur lui, ni aucune planque où en récupérer à Bodie. Sans le savoir, il eut le même réflexe que son nouvel acolyte un peu plus tard : se délester de quelques billets pour envoyer la jeune femme qui lui tenait compagnie lui en chercher. Elle revenait bientôt avec un ensemble relativement simple. Un pantalon sombre en toile épaisse, une chemise blanc cassé, et un gilet gris. Des sous-vêtements propres et un foulard rouge flambant neuf. Parfait. La dame remerciée, il pouvait se rhabiller, ne gardant de son accoutrement précédent que son manteau court. Une fois vêtu et son foulard noué autour du cou, il s’affairait à se peigner un peu et décidait de laisser sa tignasse libre aujourd’hui, simplement surmontée de son sombrero. Propre comme un sou neuf. Il était temps de quitter la moiteur de la salle de bain.

Le café s’était un peu rempli, mais il n’y croisait aucun visage connu. Emilio décidait de faire un petit tour, pour récupérer ses deux gars valides. Victor et O’Reary allaient bien. Eux aussi étaient propres et changés, et Vic’ tirait bruyamment sur un gros cigare odorant. Les deux se plaignant d’une faim terrible, les trois bandits convenaient d’aller se terrer dans une cantine populaire pour manger pour quelques dollars. Ils s’y entretenaient à voix basse tout en mangeant un ragoût où flottaient quelques rares morceaux de viande et du pain.

« - Méfiance avec ce type, Emilio. J’le sens pas, j’le sens pas.
- Je sais, Vic’. Emilio mâchait bruyamment, se goinfrant tout en parlant la bouche pleine, faisant couler le tout avec une longue rasade de bière tiède. J’ai bien sentis que tu l’sentais pas. Ça se sent plus fort encore qu’le parfum dont s’est arrosé O’Reary. Maldito irlandés, hueles como una prostituta. »

Le rouquin ricanait, déglutissant avec difficulté un morceau de pain qu’il avait à peine mâché.

« - Avec toutes ces belles dames dans l’coin, faut bien sentir l’citadin ! Bordel, ça m’rappelle Dublin, j’pourrai sûrement m’dégotter une belle irlandaise dans l’coin, hein ?
- Soy prudente. C’est pour ça que je suis encore vivant. On va faire de l’argent, inteligentemente. Fácilmente. Le type transpire le fric et l’orgueil. Tiene los dientes largos, tant qu’il ne se les casse pas, restons dans les parages. Después de eso, ya veremos
- Si tu le dis, reprit Victor, on verra bien. Bouffons, on en a bien b’soin. C’est p’tet le seul rade de la ville qui est pas pleins d’peigne culs d’merde.
- Amen, hermano. »

Une fois repus, ils retournèrent au café. Tiffany n’avait toujours pas pointé le bout de son nez. Il allait falloir s’armer de patience, visiblement il se la coulait douce, lui aussi. Chacun commandait un whisky, puis deux, puis trois. Victor jouait au blackjack dans un coin. O’Reary faisait les yeux doux à une fille de joie. Emilio attendait, assis face à l’entrée. Les heures passaient, le jour déclinait. Les bouteilles s’entassaient à la table de Victor. O’Reary était monté à l’étage avec la jeune femme. Le vieux bandit vint à la hauteur d’Emilio, maugréant.

« - Il nous a planté ton bourge. J’te l’avais bien dit !
- Vale. Peut-être. Tant pis, eh ! On aura pris du bon temps et rien perdu.
- On aurait pu piller ce putain d’manoir, si ce pignouf nous avait pas fait perdre autant d’temps. Tu sais c’qu’on devrait faire, on devr... »

Emilio venait de faire un signe de tête en direction de l’entrée. Victor tournait lentement la tête, dévisageant Tiffany et le scrutant de la tête aux pieds. Marmonnant dans sa barbe, il se retournait sans plus de considérations pour leur employeur, retournant à la table de jeux, veillant à s’asseoir de manière à garder un œil sur Emilio et Joshua.
Bambino était donc bien mal en point. Il fallait espérer que la nuit suffise à le remettre sur pieds, ou du moins ne lui permette de reprendre assez de forces pour reprendre la route. Sinon, ils seraient immobilisés ici en attendant qu’il soit soigné. A voir ce que Joshua avait en tête, il pouvait bien retourner vaquer à ses occupations de jeune riche seul et les recontacter plus tard. Emilio ne répondit pas tout de suite au type, le jaugeant du regard une nouvelle fois, faisant la moue.

« Je mangerai bien quelque chose aussi. » Il sifflait un des employés du café, qui s’approchait d’eux. C’était un jeune blanc-bec assez sec, au visage émacié et aux cheveux fins et noirs. Il avait servi Emilio et ses hommes toute l’après-midi et n’avait cessé de lorgner sur ces derniers. Emilio ne l’aimait pas. « ¿Qué vas a hacer para cenar, jovencito? »

Le gringo le dévisageait. Il ne parlait pas espagnol. « Qu’est-ce qu’on peut bouffer dans ton rade, amigo ? »

Le type détaillait la carte. Il y avait pas mal de choses. Emilio commandait de la viande de gibier et une carafe de vin, le moins cher. Une fois que Joshua eut commandé et que le jeune serveur ne fut pas dans leurs pattes, Emilio entreprit de se pencher légèrement sur la table.

« Est-ce que vous savez lire une carte, Señor Tiffany ? »

Un sourire malicieux aux lèvres, le bandido se penchait tellement qu’il en avait presque le menton sur la table. Se faisant, il plongeait la main dans une de ses bottes, ne se redressant qu’une fois qu’il en avait extrait un morceau de papier plié et replié sur lui-même. Il le dépliait avec précaution, l’étalant sur la table. C’était une petite carte de la région, qu’il avait acheté pendant ses emplettes un peu plus tôt. Emilio avait faim, oui, mais pas seulement de son plat de viande. Il voulait planifier au mieux la suite pour s’assurer que chacun savait ce qu’il avait à faire.

« Cette carte me servira à planifier notre petite entreprise. La voie ferrée n’y figure pas. Necesito tu ayuda, pour y ajouter nos objectifs, au moins le premier. »

Le bandit était conscient que le lieu n’était pas propice à la concentration ni à la discrétion. C’est pour cela qu’il commençait déjà à replier la carte et à la remettre dans sa botte.

« Après notre repas. » Il tirait une cigarette d’une boîte en fer posée en face de lui et la glissait entre ses lèvres. « Nous ne nous connaissons pas. Manger et boire est l’occasion de se faire un peu plus confiance, ¿verdad? Nous ne pouvons pas travailler ensembles sans un minimum de confiance, eh. »

Il se découvrait, mimant une sorte de révérence avec son sombrero avant de le poser sur ses genoux.

« Reprenons comme si j’étais un homme d’affaires tout à fait honnête. Emilio Magon, pour vous servir. Très peu dans cet État me connaissent sous ce nom. Ese es mi verdadero nombre. Celui donné à ma naissance. Il ne doit rien vous dire. Prenez cela comme un gage… d’eficacia. D’efficacité. Le gouverneur Stanford rêverait de connaître ce nom pour le placarder à Crimson. »

Le mexicain entreprit de dissiper la fumée de cigarette entre lui et Tiffany d’un revers de la main avant de poursuivre.

« Je l’ai dépouillé seul, devant une foule entière. Lo humillé. Avec un peu d’argent et des hommes, je peux mettre cet État à genoux. On m’a donné bien des noms, ici et ailleurs. Soy el Cazador. Le Chasseur. Et l’homme qui fera de moi sa proie n’est pas encore né. Vous ne pouviez trouver meilleur partenaire de jeu, Señor Tiffany. »


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Joshua L. Tiffany
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MessageSujet: Re: La nuit, les tigres dansent.   La nuit, les tigres dansent. EmptyLun 27 Nov - 22:30

Les autres membres du groupe se trouvaient à proximité, comme s'ils souhaitaient laisser leur chef discuter avec leur nouvel employeur. Joshua avait déjà remarqué qui tirait les ficelles de ce petit groupe et cela lui convenait fort bien. Négocier avec un seul homme était plus simple qu'avec cinq.
Installé face à son nouvel associé, il patienta quelques instants, le temps que la serveuse lui apporte son verre de whisky. Après cette nuit et ces soins, il l'avait foutrement mérité.
Son acolyte siffla le serveur qui lui apporta sa boisson. Il en fut presque déçu, la fille était jolie. Écoutant d'une oreille peu attentive la commande du Mexicain, il prit une grande gorgée du liquide ambré. La brûlure dans sa gorge lui fit grand bien, elle lui rappelait qu'il était en vie. Puis la chaleur se diffusa dans tout son être, des épaules à l'estomac.
Quelque peu contenté par la sensation, il ferma les yeux un court instant, puis se reprit lorsque l'autre évoquait le menu. À son tour, Joshua commanda un ragoût de bœuf et une bouteille de whisky. Que n'aurait-il pas donné pour une bouffée d'opium ?

Le serveur s'éloigna après avoir pris la commande des deux hommes et comme le mexicain se penchait sur la table dans une attitude qui suggérait la confidence, il en fit de même.
« Est-ce que vous savez lire une carte, Señor Tiffany ? »

À la fois surpris et amusé, Joshua fronça légèrement les sourcils, un sourire en coin armé sur ses lèvres.
- Bien entendu, murmura-t-il.
Avec ses voyages, il s'était même essayé à la cartographie pour combler son ennui lors de la traversée jusqu'aux Indes.
C'est alors que l'homme tira une carte de sa botte avant de la déplier sur la table, entre eux.
Décidément, il était plein de surprises. Joshua reconnut sans mal la région de Californie. L'autre lui indiqua qu'il souhaitait que Joshua complète la carte avec la voie ferrée. Il pourrait le faire sans mal et le méxicain avait raison, il allait falloir planifier parce que Joshua ne pourrait pas rester éternellement à Bodie. Les Stanford, s'ils étaient encore en vie, devaient le croire mort.

La carte fut repliée, la promesse de s'occuper de ce point après le repas fut faite. Joshua acheva son premier verre cul sec avant de le reposer sur la table dans un claquement de fond de verre.

- Certes, la confiance est une nécessité. Même si notre petite escapade nocturne a déjà posé de bonnes bases de mon côté.
Avec ses hommes, il avait eu bien des occasions de le tuer. S'ils étaient venus piller le domaine, ils avaient toutefois changé leur plan pour une simple promesse. C'était un risque audacieux que Joshua respectait, le genre de risque que lui aussi aimait prendre.
Un sourire satisfait s'imprima sur ses lèvres, cette nuit d'horreur se métamorphosait en une promesse pleine d'avenir.

Ainsi, il s'appelait Emilio Magon, de son véritable nom. L'homme semblait malin d'après ses propres dires et Stanford manquait d'informations à son sujet. Voilà qui convenait d'autant plus, le Gouverneur ne pourrait jamais chasser un fantôme. Il écouta patiemment ce que lui donnait Magon et éclata d'un rire franc lorsqu'il annonça avoir humilié Ferdinand Stanford. Il aurait donné une bonne part de sa fortune pour voir ça.

- J'aurais payé très cher pour voir ça, s'amusa-t-il.

Il se redressa sur sa chaise, la serveuse amenant leurs plats, imposant le silence un moment. Dès que la bouteille de whisky fut posée, Joshua s'en servit un verre et en proposa un à Magon, même si celui-ci avait commandé du vin visiblement.
Joshua attendit que la fille reparte, puis reporta toute son attention sur son nouvel associé.

- Cela tombe fort bien alors, j'adore ce jeu, reprit-il sur le ton de la confidence. Et j'ai de grands projets. Stanford a appuyé ma demande d'investissement. Et s'il est encore en vie à l'heure actuelle, il va avoir besoin d'argent pour se refaire et surtout d'alliés. Je vous laisse deviner vers qui il va se tourner...Nous avions déjà des accords avant tout ceci. Ils concernent principalement le chemin de fer. Alors le plan est simple: évincer petit à petit les autres investisseurs, prendre leur place et tout rafler.

Ses lèvres s'étirèrent en un sourire carnassier. Il leva son verre pour trinquer, puis le but cul sec.
Dès que le verre retoucha le plateau de bois de la table, il saisit sa fourchette et engouffra un bout de viande dans sa bouche. Que c'était bon de manger un vrai plat.
Et à travers ses propos, si l'homme qu'il avait à côté savait bien lire entre les lignes, comme il le soupçonnait, alors il comprendrait que Joshua réglait une partie de sa requête.
Avec un peu d’argent et des hommes, je peux mettre cet État à genoux.
Il lui donnerait l'argent nécessaire, à lui de trouver les hommes pour ce travail ambitieux.

Un peu plus loin dans la salle, les premières notes festives d'un piano s'élevèrent avant qu'une voix féminine ne se mette à chanter, acclamée par la foule d'habitués. La soirée commençait.
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MessageSujet: Re: La nuit, les tigres dansent.   La nuit, les tigres dansent. EmptyDim 21 Jan - 17:43

Refusant d’un geste de la main le whisky du gringo, Emilio s’enfilait sans plus de manière un verre de vin rouge, se resservant immédiatement. L’odeur de la viande devant lui chatouillait ses narines et remuait son estomac. Ce repas allait être exquis, un luxe après tant de temps sur les routes ou à se repaître de repas de mauvaise facture dans les établissements miteux de Calico. Tout en écoutant Joshua, le mexicain se taillait un morceau de viande qu’il enfournait dans sa bouche, commençant à la mâchouiller bruyamment.

Hochant doucement la tête aux promesses d’un avenir habité par les dollars et le sang et d’actions profitables aux bandits comme au bourgeois qui siégeait en face de lui, Emilio trinquait sans rechigner, laissant le vin couler de nouveau le long de sa gorge.

Le saloon s’était bien rempli, et une chanteuse se mettait à faire vibrer ses cordes vocales pour agrémenter ce qui s’annonçait comme une nuit de célébration.

Entre deux bouchées de viande, Emilio reprenait le fil de sa pensée.

« Il est important pour nous de savoir si vous avez des demandes particulières. Quand nous nous lancerons à l’attaque de ces chantiers ferroviaires, il sera trop tard pour nous demander des métodos de acción particulières. La rapine est un art où l’imprévu occupe une place de choix. Le sang coule souvent, même quand on ne le désire pas. Obviamente, mes gars se serviront aussi sur le terrain en pillant ce qu’ils trouvent. Si vous avez des instructions particulières, il vaut mieux nous les faire connaître ahora. »

Mais ce type n’avait pas l’air d’avoir tant de principes que cela, comme beaucoup de bourges bien éduqués. La bienséance cachait souvent des cœurs froids et intéressés, se cachant derrière la politesse et la foi pour se comporter tels de véritables charognards.

« Que nous soyons bien au clair. Des hommes innocents vont certainement mourir. Peut-être pas à chaque attaque. Mais cela arrivera, soyez en sûrs. »

Se jetant goulûment une nouvelle gorgée de vin, il se penchait de nouveau vers Tiffany.

« Et j’aurai également besoin d’un petit coup de pouce pour me fournir de la dynamite, ese. J’ai toujours rêvé de faire péter des choses de manière grandiloquente. Je suis sûr que faire sauter un chemin de fer est terriblement jouissif. Peut-être que vous pourriez m’aider à en faire sortir de la fameuse mine de Crimson... »

Si Emilio n'avait pas eu son heure de gloire au domaine des Stanford en rencontrant de nouveau le gouverneur, il comptait bien mettre son bel État sans dessus dessous. Ces citadins endimanchés allaient avoir un aperçu du chaos et de la désolation. Pour quelqu'un qui avait servi pendant la guerre entre le Mexique et les États-Unis, bien qu'il n'était absolument pas patriote, ce nouveau chapitre de sa vie avait un petit goût de vengeance.


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Joshua L. Tiffany
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MessageSujet: Re: La nuit, les tigres dansent.   La nuit, les tigres dansent. EmptyMer 24 Jan - 20:32

Le mexicain refusa le whiskey mais se servit du vin rouge avant de dévorer son plat. Pendant un moment, les deux hommes se contentèrent de manger et de boire. Après les épreuves traversées, se remplir la panse avait quelque chose de réconfortant. Comme quoi, la peur de la mort ouvrait l'appétit.
Joshua avait de toute façon expliqué ce qu'il attendait d'eux, dans les grandes lignes bien évidemment. Il réglerait les détails plus tard, au fil de l'eau en fonction des opportunités qu'il saurait saisir.
Son nouvel associé n'avait pas besoin de tout savoir non plus. La vie était pleine de surprise, les récents événements le montraient bien.
La fille chantait bien, la musique devenait entêtante. Bientôt, les rires d'hommes charmés empliraient la salle.
Joshua savourait son repas autant que la victoire qui se profilait lentement pour son avenir.
Il n'avait pas à rougir des chemins empruntés, ils valaient mieux que de stagner ou pire, de retomber dans la misère.
Son père avait fait fortune, à lui maintenant de montrer qu'il pouvait faire mieux.
Et comme il disait toujours, la fin justifie les moyens.

Entre deux bouchées, Magon reprit la parole et lui demanda si Joshua avait des requêtes en particulier. Il écouta le discours tandis qu'il réfléchissait. L'œil sérieux, la fourchette plantée dans sa viande, un fin sourire se dessina lorsque l'autre évoqua la mort d'hommes innocents. Il le prenait vraiment pour un bourge endimanché qui n'avait rien vécu.
Comme il se trompait. Mais déjà, Magon lui demandait de se procurer de la dynamite. Un petit plaisir personnel qui eut le mérite de faire rire ouvertement Joshua.

- Voici donc mes instructions, commença-t-il. Vous pouvez piller et prendre ce que vous voulez. Des biens comme des vies, je ne me sens pas du moins concerné. En revanche, si l'occasion se présentait, vous épargnerez femmes et enfants. Et quand je dis épargner, je n'entends pas que leur vie. Leur dignité également.

Lorsqu'ils commenceraient à s'en prendre aux trains, nul ne saurait sur quel genre de marchandise ils tomberaient. Les femmes et les enfants n'avaient pas à subir ce monde d'homme. Ni par le sang, ni par le viol.
C'était là sa seule condition. Joshua n'était pas un monstre, enfin, tout était question de point de vue n'est-ce pas ?
Il fit signe à une fille qui passait pour servir des boissons à la table à côté et lui demanda une cigarette. Elle la lui donna et se pencha vers lui pour l'allumer.
Tirant une bouffée, il souffla la fumée par le nez avant de se pencher légèrement vers Magon.

- Quant à la dynamite, je vais essayer de m'arranger.

Un sourire entendu étira ses lèvres avant de continuer à fumer son tabac. Il avait oublié à quel point c'était mauvais, mais c'était toujours mieux que rien et ces accords méritaient un peu de fumée.
- Il nous faudra un homme pour faire le lien entre Crimson et votre position. Quelqu'un de confiance dont le visage n'est pas recherché ou reconnaissable. Vous avez quelqu'un sous le coude ?

Les courriers feraient peut-être l'affaire au début mais s'il devait faire passer de l'argent ou de la poudre, il leur fallait un passeur expérimenté.
Quelqu'un capable de détruire les preuves avant de se faire prendre et de se trancher la langue pour ne rien divulguer.
Cela tombait sous le sens que dans toute cette histoire de confiance, aucun des noms des deux hommes ne devaient être prononcés.
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MessageSujet: Re: La nuit, les tigres dansent.   La nuit, les tigres dansent. EmptyVen 2 Fév - 17:56

Emilio écoutait les instructions en continuant de mâchouiller un bout de gras récalcitrant. Il fit couler le morceau avec une bonne rasade de vin, se retenant de ne pas lâcher un rot à la face de son employeur pendant qu’il causait. Hoquetant légèrement, il camouflait son haut le cœur en hochant doucement la tête aux propos de Tiffany.

« Pas les niños, pas les mujeres. » répétait-il doucement en agitant sa fourchette en l’air comme s’il s’agissait d’un mantra ou d’une formule magique. « J’ai assez donné dans l’horreur, Señor ». Il se resservait du vin. Le pichet se vidait bien vite. « Dans ma jeunesse, j’ai écumé la frontera. Notre jefe était un sale type. Quand je repense à ce qu’on faisait et ce que j’ai vu, quiero vomitar. Et pourtant, j’ai le cœur bien accroché. Un corazón negro n’est pas facilement soulevé. Mais aussi sombre que soit mon âme, señor : pas les niños, pas les mujeres. Pas plus d’une gifle, lo juro. »

Et sur ces mots qui lui semblaient d’une grande sagesse, il s’enfilait un nouveau verre de vin. Peu importait qu’après avoir dépouillés voir tués les maris, ces bonnes femmes et leurs gosses se retrouvent certainement dans une grande précarité. Ces femmes d’ouvriers qui les suivaient sur les chantiers, s’occupaient de la vie dans les camps de travailleurs, près des chantiers ferroviaires, elles avaient bon cœur et bien du courage. Emilio ne les secouerait pas trop, tant qu’elles ne jouaient pas aux héros pour leurs maris au labeur. Et puis, si un jour il avait de la dynamite, il pouvait pas trop prévoir où tous les morceaux de rails, boulons, vis, ferrailles, allaient s’envoler. Si une bonne dame en prenait un bout au milieu de la face, il n’y pouvait trop rien. Mais il suivait Tiffany sur le reste, il avait déjà du mal à dormir certains soirs où il était trop sobre, à cause des souvenirs de ses exactions passées. La Cobra était un véritable démon, qui utilisait ses hommes comme une meute enragée à l’époque. Emilio en avait été. Il avait fait des choses sales. Il en avait tué, des gosses. Non pas qu’il était devenu un bon samaritain. Mais il volait plus proprement qu’il ne l’avait jamais fait, depuis qu’il roulait pour lui-même. Il ne voulait plus songer avec anxiété à ce qu’il avait fait la veille, les mains tremblantes du manque d’alcool. Ce n’était pas le jugement de Dieu qui l’inquiétait, qu’il aille se faire voir, ce cuistre. Qu’il se pende du haut de ses cieux ! C’était son propre jugement qui le terrassait. Pas besoin de la Bible pour savoir qu’il était un sacré enfoiré. Beau comme un diable et très talentueux, si on le croyait, mais un enfoiré quand même. Et il aimait ça, son statut d’enfoiré. Il était un bon enfoiré, qui volait bien et ne tuait pas inutilement. Mais ça avait pas toujours été le cas. Et puis, quelle différence foncière entre un meurtrier avec des regrets et un autre meurtrier ? Il continuait de tuer. Il tuerait sans sourciller. C’est pour ça qu’on le payait. C’est tout ce qu’il savait faire, avec chasser et s’occuper des chevaux. Peut-être qu’un jour il tuerait un ranchero et prendrait sa place. S’occupant des chevaux du type qu’il avait refroidi. Qui sait ?

Il revint dans la discussion quand le mot dynamite fut de nouveau prononcé, et une lueur d’excitation pointait dans son regard.

«  Vale ! Parfait por la dynamite. Ça, c’est gage d’un gros coup, muy bien. Pour un gros chantier. Un tunnel ferroviaire par exemple. Ça ferait des mois de retard, peut-être même des années, Tiffany. Une fortune ! »

Quelle aubaine. Quant au relai, Emilio regardait dans l’assistance, songeur un instant. Il éliminait d’office King Vic’ et O’Reary. Restait le bel italien, s’il passait la nuit.

« Bambino est tout frais dans le milieu, il fera le coursier en attendant que je trouve quelqu’un d’autre. S’il passe la nuit, eh. Mais pour pas me priver de sa fine gâchette, je vais me mettre sur le coup pour nous trouver un type de confiance. Je connais du monde à Calico, ça doit se dégotter. Mais en attendant d’avoir le bon type, Bambino est le candidat parfait. Peu bavard, loyal, débrouillard. Pis personne s’occupe des petits italiens, si ce n’est les minettes qui lui courent après. »


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Joshua L. Tiffany
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MessageSujet: Re: La nuit, les tigres dansent.   La nuit, les tigres dansent. EmptyDim 4 Fév - 21:23

Joshua repoussa son assiette, repu. Cigarette en main, il tirait une nouvelle bouffée en s'appuyant un peu plus sur son dossier, décalant la chaise pour pouvoir croiser ses jambes l'une sur l'autre. La douleur de ses blessures le fit légèrement grimacer mais il ne se plaignit pas. Tenant toujours sa cigarette entre majeur et index, il vint prendre son verre de whiskey et en bu une gorgée avant de le reposer.
Magon prenait note de ses directives et assura de ne pas toucher aux enfants ni aux femmes. Il en profita pour lui raconter une vie passée et même si Joshua ne saisissait pas tout ce que le mexicain lui disait, il croyait en comprendre les grandes lignes.
Les femmes et les enfants seraient saufs. C'est tout ce qu'il espérait.

L'excitation au sujet de la dynamite était palpable, c'en était presque risible. Le brigand se comportait comme un gosse un matin de Noël. Amusé, Joshua sourit sans avoir pourtant la certitude qu'il pourrait récupérer le fameux butin. Naturellement, il commençait dès à présent à imaginer les opportunités qui lui permettraient d'accéder à ce Graal. Que devrait-il mettre en place ? Pouvait-il en acheter à un homme peu scrupuleux ou bien devrait-il la voler ?
Même s'il avait des jours devant lui pour élaborer un plan, il savait que dès ce soir, le sujet resterait dans sa tête.
Si un tunnel ferroviaire explosait, il pouvait être certains que bien des investisseurs se retireraient. Il pourrait prendre la place mais rechignait à payer les pots cassés. Peut-être qu'il limiterait Magon dans ces actes, en lui fournissant moins de matériel que prévu. Mieux valait cela que de le confronter : le contrôler par les ressources.
Il savait qu'il devrait se pencher sur le sujet. Le but était de faire fuir les investisseurs pas de dépenser des fortunes pour remettre le chantier sur rail. Il avait envisagé des petites attaques agaçantes, comme des moustiques usant de la patience pour qui se faisait harceler, qui ralentiraient le projet. Pas la destruction de ce dernier. Cependant, il embauchait Magon et ses hommes comme des électrons libres et devrait sûrement revoir quelques uns de ses plans.
C'était le jeu, il en avait parfaitement conscience.

Le New Yorkais acheva sa cigarette et écrasa la fin sur le rebord de son assiette. Il souffla une dernière fois la fumée et pianota des doigts sur la table.

- S'il passe la nuit oui. Et les jours d'après. Le médecin n'a pas su me dire.
Il réfléchit un moment aux propos du mexicain. Peu bavard, loyal, débrouillard, ça pouvait le faire en effet. Un petit rire le secoua quand il évoqua les "minettes". C'était peut-être là un plan valable. Et si on se servait d'une femme pour faire passer l'argent et les directives ?
Qui viendrait suspecter une catin qui aurait un client régulier ?
Deux hommes qui se rencontraient au détour d'une ruelle ou d'un chemin abandonné, c'était suspect. Mais quid d'un homme qui se rendait au saloon pour dépenser un peu d'argent dans les bras d'une régulière ?

- Et pourquoi pas une femme ? Proposa-t-il en se penchant un peu sur le ton de la confidence. Qui suspecterait une catin ? Je lui envoie un de mes hommes avec l'argent ou le matériel, le lendemain c'est Bambino qui va récupérer tout ça. Et le tour est joué.

Il reprit sa position et se mit à rire.

-Enfin, c'était une idée comme ça. Je manque clairement de connaissance sur l'Ouest sauvage. À New york, certaines femmes sont prêtes à beaucoup de choses pour de l'argent. Et elles mentent comme personne.


Quand il y repensait, ses amantes possédaient une facilité déconcertante à tromper leurs maris, sans jamais se faire prendre. Des actrices hors pair, voilà ce qu'elles étaient. Il suffisait juste de s'assurer de leur loyauté.
Et il ne parlait même pas des courtisanes aux Indes, capables de vous faire croire que vous étiez le seul à compter pour elles. De grandes Dames, vraiment. Pouvait-on seulement trouver de pareilles femmes ici ? Il en doutait.
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MessageSujet: Re: La nuit, les tigres dansent.   La nuit, les tigres dansent. EmptyLun 4 Mar - 16:57

Emilio hochait doucement la tête, songeant au jeune Bambino. Il espérait que le gamin se remettrait sur pieds rapidement. C’était un bon élément, et un ami, en quelque sorte. Surtout, s’il passait l’arme à gauche, il faudrait le recruter, et les hommes de confiance se faisaient rares dans la région. L’avantage avec les types qui le suivaient actuellement, c’est qu’ils les connaissaient bien et avait déjà quelques aventures en commun avec eux. Certains étaient plus loyaux que d’autres, mais valait mieux connaître un serpent et son venin que miser sur une engeance dont on ne connaît pas encore les vices. Un poison connu était anticipé et soigné. En songeant à une éventuelle traîtrise, son regard se portait inconsciemment vers Vic’, qui buvait dans son coin. Le vieux loubard égocentrique était le plus dangereux de ses acolytes. Il n’était pas un rat, mais son égo le rendait parfois difficile à manœuvrer. Il fallait veiller à le flatter et gonfler son orgueil comme l’un de ces ballons de baudruche. Emilio saurait le faire. Lui donner quelques responsabilités. Pas trop, mais assez pour lui faire croire que l’époque où tout le monde le surnommait le King à Calico n’était pas si éloignée.

« Et pourquoi pas une femme ? » Le mexicain reportait son regard sur le patron, l’écoutant en silence. Oui, pourquoi pas une catin ? Ce n’est pas ce qui manquait à Crimson et encore moins à Calico. Restait à trouver la bonne. Elles, comme les portes-flingues, étaient d’abord loyales à l’argent. Les putes et leurs affaires. Un monde fascinant. Emilio ne le savait que trop bien. Mais s’il y avait bien un milieu où il se sentait à l’aise, c’était au milieu de ces femmes, comme quand il était encore petit, dans les maisons closes mexicaines. Il était le fils légitime des bordels, élevé par ces groupes de femmes solidaires et flamboyantes, qui vendaient leur corps pour une poignée de pesos mais dont le cœur était fort et indomptable. Celles-ci n’étaient pas des manges-merdes, bien qu’elles puissent être aussi sournoises que n’importe quel homme. Emilio aimait les putes comme il avait aimé sa mère. Il les idéalisait sûrement un peu, comme il fantasmait la vie de bandit qu’il connaissait pourtant si bien.

« C’est une bonne idée. Mais mieux qu’une catin, ce sont les femmes propres sur elles que les gens ne regardent pas. Celles de bonnes familles, ou même les laborieuses. Les hommes les pensent bêtes, ignares. On ne considère pas leur parole, leurs actes. Elles doivent rester à leur place, et c’est là qu’on suppose les trouver. Je suis sûr que Crimson regorge de femmes discrètes qui ne cracheraient pas sur quelques dollars faciles contre un silence complice. »

Mais sur ce coup-là, il allait devoir se fier à Joshua. Emilio pouvait dégotter une femme du milieu à Calico aisément, une tenancière de bordel, une catin à envoyer à Crimson, qu’importe. Les femmes honnêtes, il ne les fréquentait pas tant, si ce n’est quand il dépouillait une caravane ou s’arrêtait se restaurer dans une auberge perdue dans le désert californien. Il connaissait bien cette rousse pleine de ressources, Jude. Elle lui en devait une, après tout. Mais avait-elle le cran et l’envie pour participer à cette mascarade ? Lui faisait-il assez confiance ?

« Peut-être que vous connaissez une femme de Crimson pouvant faire l’affaire. Discrète. Rusée, mais pas trop. Il ne faut pas se faire doubler. »


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Joshua L. Tiffany
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MessageSujet: Re: La nuit, les tigres dansent.   La nuit, les tigres dansent. EmptyLun 4 Mar - 23:05

Le mexicain appréciait l'idée. Mieux, il renchérissait. Joshua avait émis cette hypothèse sans trop y croire, il n'était pas versé dans les magouilles de l'Ouest. Pas encore. Cependant, il voyait en Magon un mentor valable. L'homme était suffisamment intelligent pour voir son intérêt en toute situation, tout comme lui. Ils avaient de nombreux points communs en réalité et Joshua ne put s'empêcher de songer que si son nouvel associé était né de l'autre coté de la barrière, du bon coté, il aurait fait un sacré membre de la haute société.

Joshua méditait ses paroles, réfléchissant à chacun des tenants et aboutissants. Il porta son index plié sur ses lèvres en un geste d'intense réflexion, comme il le faisait toujours lorsqu'il était sérieux. Il était assez d'accord avec les propos du mexicain. Les femmes de bonnes familles n'étaient vues que comme des ventres, seulement bonnes à enfanter et à tenir un foyer. Les hommes les pensaient souvent ignares ou stupides, peu au fait de la vraie vie.
Leurs paroles ou leurs volontés n'avaient en effet que peu de poids fassent à celles des hommes.
Il suffisait de voir Victoria Stanford, créature domestiquée par son époux, ayant peur de prendre des initiatives sur sa propre vie.
Le New Yorkais hocha doucement la tête, même s'il restait un point d'ombre. Il fallait une femme discrète, une femme qui ne prendrait pas peur et qui embrasserait comme eux, ce destin.
Les catins avaient cet avantage de n'avoir rien à perdre mais tout à gagner. Aussi, leur intérêt restait la combine plutôt que la loi. Mais qu'en était-il de ces femmes de bonnes familles ? L'argent suffirait-il à acheter leur silence et leur loyauté ? C'était de cela qu'il doutait.
Il garda ses questionnements pour lui en attendant et écouta la suite de la proposition.

Finalement, il secoua la tête à la négative, presque déçu.

- Je suis à Crimson depuis peu et je me suis plus préoccupé de la mine que des femmes, en toute franchise.

La voix s'éleva à nouveau sur la scène un peu plus loin dans la salle. Il observa un moment la femme qui chantait, sa tenue légèrement affriolante mais pas trop, de quoi attirer les regards sans aller dans la vulgarité. Voilà ce qu'il leur fallait : un équilibre.
Pas trop rusée, mais suffisamment intelligente pour convenir à leurs affaires. Elle devait être débrouillarde aussi et capable de se tirer de bon nombres de situations.

- Est-ce qu'une femme de ce genre existe-t-elle vraiment ? s'amusa-t-il alors, le regard toujours rivé sur la jolie brune qui chantait encore au rythme entraînant d'un piano. Commençons avec Bambino, s'il s'en tire et trouvons une catin ici, à Bodie pour passer lettres et matériel.

Concerné, il se servit un verre à nouveau qu'il but cul sec, avant de reposer le verre sur la table avec vigueur.

- J'ai toute ma convalescence pour trouver mon bonheur. Autant commencer ce soir non ?
En se levant pour quitter la table, il ajouta :
- Je vous laisse chercher de votre coté. Mettez la note du repas sur mon compte et retrouvons nous dès demain chez le docteur, pour voir l'état de Bambino. D'ici là, on aura forcément du nouveau.

Ajustant son gilet de sa main libre, il se dirigea vers le comptoir près de la scène sans quitter la chanteuse du regard.
Les échanges avec Magon entraînaient la prudence, ils ne devaient pas être vus ensemble trop longtemps ni trop souvent. Joshua était connu par les notables ici, sa réputation était en jeu. On ne pouvait l'accoquiner avec du hors la loi, même s'il appréciait sa compagnie.
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MessageSujet: Re: La nuit, les tigres dansent.   La nuit, les tigres dansent. EmptyMer 13 Mar - 13:48

Les deux hommes convenaient de s’accorder un délai pour trouver chaussure à leur pied. En attendant, Bambino servirait de coursier quand il le faudrait. Joshua se levait pour prendre congé, et Emilio hochait doucement la tête. Il n’opposait aucune résistance au fait de mettre leurs consommations sur la note du business man, le mexicain n’était pas du genre à se disputer pour savoir qui payait. Ce type se vantait de son magot, alors qu’il paie, si cela pouvait lui faire plaisir. Une fois que le patron eut quitté la table, le bandit prit le temps de finir son assiette et sa carafe avant de se lever et rejoindre Vic’ d’un pas tranquille, le saluant d’une tape amicale dans le dos. Les deux commençaient alors à conserver à voix basse, avant de se mettre d’accord sur le fait qu’ils allaient se permettre une soirée de débauche et passer une partie de la nuit ensemble dans cet établissement.

Après moult verres, danses et conversations bruyantes, chacun rentrait dans un hôtel du coin et se prenait une chambre pour la nuit. Ils se donnaient rendez-vous devant le cabinet médical où se reposait l’italien le lendemain. Emilio se réveillait tard, le corps fatigué par le cumul de leurs aventures de la veille et de la boisson. Mal rasé, il se fit une toilette rapide avant de quitter l’établissement où il avait passé la nuit. Il rejoignait rapidement le cabinet médical, le visage encore gonflé par la fatigue. Vic’ fumait devant, O’Reary était posté un peu plus loin, assis sur un banc. Saluant l’ancien, Emilio passait le pas de la porte et se dirigeait vers la personne assise au bureau à l’entrée.

«  ¡Hola, hola! Je viens visiter le jeune italien blessé qui est arrivé hier en fin de journée. »

Il ne connaissait même pas son vrai nom. La demoiselle le saluait poliment avant d’observer son registre.

« Monsieur Vincenzo ? Il est réveillé mais encore au lit. Attendez un instant. »

L’infirmière se levait pour rejoindre un médecin le nez plongé dans un amas de feuilles, sur un autre bureau au fond de la pièce. Ils conversaient à voix basse quelques instants. Le type jetait un regard curieux au mexicain, avant de hocher doucement la tête. La femme revenait vers lui et l’enjoignait à la suivre. Elle l’emmenait dans une salle adjacente occupée par deux rangées de lits. Ceux qui étaient occupés étaient dissimulés derrière des rideaux tirés. L’endroit empestait la maladie et les médicaments. Des râles s’échappaient de certains lits. Elle tirait un des rideaux, laissant passer Emilio qui découvrait un Bambino bien pâle, mais éveillé. Sa blessure était bandée, et il avait le dos légèrement relevé, appuyé sur deux oreillers d’un blanc éclatant. Le gamin n’avait certainement eu de lit si douillet depuis bien longtemps. Il lui esquissait un léger sourire, le saluant d’un geste de la tête. Emilio s’asseyait à son chevet.

« ¿Cómo te sientes, chico? »
« Mi sento meglio di ieri, peggio di domani. Il medico ha detto che non ho perso troppo sangue. Ma la febbre mi ha reso molto stanco, capo. »

Emilio n’avait pas tout compris cette fois, mais il hochait la tête et prenait un air pensif.

« Tenemos mucho trabajo por hacer. » reprit-il doucement. « Quand est-ce que tu penses pouvoir sortir de ce mouroir ? »
« Domani, se tutto va bene. »
« Bien. Necesito tu ayuda. Nous avons du travail. Mais il me faut un Bambino en forme. Mais tu es un gamin robuste. ¿Verdad, Vincenzo? »

Le bambino avait un sourire gêné. Il se redressait légèrement, s’asseyant complètement et quittant le soutien de ses coussins. Le mexicain entreprenait alors de lui conter dans les grandes lignes la discussion qu’il avait eu la veille avec leur nouvel employeur. Le gamin écoutait avec grande attention, comme l’aurait fait un jeune écolier face à son maître. Il ne protestait en rien, hochant simplement la tête en continu. Il était prêt à remplir son devoir, mais il ne pourrait pas combattre avant quelques temps. Il fallait que sa blessure se remette. Chevaucher, cependant, il pourrait le faire dès qu’il aurait retrouver des forces. Emilio était rassuré. Il allait pouvoir placer Bambino à un endroit stratégique et le laisser servir de relai et d’éclaireur dans un premier temps, en attendant qu’il soit totalement remis. D’ici là, il essaierait de recruter un homme supplémentaire pour le remplacer. Sinon, Vic’, lui et O’Reary se chargeraient de la première attaque à trois. Il leur faudrait alors un plan bien ficelé et ne les mettant pas trop en danger, en attendant d’être plus nombreux. Tels des chasseurs suivant une proie dangereuse. Los Cazadores. Ça avait de la gueule, non ?

L’infirmière revint soudainement, flanquée d’une nouvelle visite pour Bambino. Tiffany avait pointé le bout de son nez, visiblement. Après cette ultime entrevue, Emilio tirerait sa révérence et quitterait sa compagnie pour préparer ses hommes et les tâches à accomplir. Il ne comptait pas revoir Joshua Tiffany avait un moment, Bambino s’occuperait de la correspondance. Quant aux autres, ils avaient des travailleurs à terroriser.


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