Les premières lueurs du jour se faufilaient timidement à travers les sommets majestueux des montagnes de l'ouest de la Californie. Les premiers rayons du soleil se répandaient doucement sur les vastes étendues sauvages, faisant scintiller la rosée sur les herbes hautes. C'était un territoire à l'état brut, encore préservé de l'emprise de la civilisation moderne. Owen, qui était déjà levé depuis une bonne heure, s'apprêtait à réveiller Tatiana. Elle avait un sommeil de plomb, c'était indéniable. Il s'approcha d'elle, soufflant sur sa nuque. N'ayant aucune réaction, il sourit puis tenta une approche plus radicale en couvrant de petits baisers son cou. Lève-toi, marmotte. Tandis que le silence fut la seule réponse qu'il obtint, Owen observa les traits paisibles de la jeune femme. Elle lui avait rendu ces derniers jours plus facile à vivre, donnant à la vie un goût plus attrayant. Son cœur était toujours aussi lourd, mais c'était simplement un peu plus facile. Ses lèvres effleuraient maintenant la bouche entrouverte de la Blanche-Neige, qui enfin réagissait.
Tout ce cinéma pour te réveiller, Tatiana, ricana-t-il en se relevant. Allez ! Habille-toi, j'ai un truc à te montrer et après je dois retourner bosser. Il était d'une humeur joviale, et en sachant que ça n'allait pas durer éternellement, Owen voulut partager ça avec Tatiana. Elle méritait amplement un moment de répit avec un Owen souriant qui ne passait pas son temps à se terrer dans son mutisme. Je vais chercher les chevaux, on se rejoint devant.
Sur ces mots, il quitta la petite maison et fonça à l'écurie. Les bêtes furent chargées de quelques victuailles et en eau, ainsi qu'un sac avec ses armes et ses munitions. Il ne fallut pas moins de trente minutes pour se mettre en route, grâce à la coopération de Tatiana qui se demandait encore où il l'emmenait. Au ciel, à la fraîcheur, à l'odeur de la nature, elle pouvait deviner qu'il était très tôt. En voyant son air interrogateur, Owen qui ouvrait la marche mit fin à ses doutes. Il doit être aux environs de cinq heures trente. Il porta ensuite son regard sur son destrier fidèle, un majestueux étalon noir qui était une extension de son bras. Ses sabots martelaient le sol avec une assurance tranquille, soulevant des nuages de poussière qui semblaient danser au rythme de leur progression. Sa crinière flottait au vent, créant un tableau vivant de liberté et d'aventure.
C'est magnifique ici, non ? murmura Owen en détaillant le paysage étendu du désert. Son regard se perdit à l'horizon, où le ciel immense se fondait avec les plaines sans fin. Le vent souffla doucement à leurs oreilles, portant des promesses de jours meilleurs. Le silence des terres désertiques était rompu seulement par le tintement léger des éperons et le doux hennissement du cheval. C'est ici que je veux construire ma ferme. Owen descendit de sa monture, ôtant d'une main son chapeau usé. Il s'avança vers Tatiana et tendit une main pour l'aider dans sa chute. Il attendait silencieusement son avis sur la question, celle où elle lui dirait que cet endroit lui plaisait... et qu'elle aussi, s'y voyait prendre un café chaud les matins froids, à ses côtés. La maladresse d'Owen faisait qu'il n'explicitait pas toute l'idée qu'il avait derrière la tête et que présentement, Tatiana allait avoir bien du mal à comprendre qu'il l'invitait à habiter avec lui, dans une vraie ferme. Il ne savait pas si c'était une bonne idée, car le solitaire grincheux qu'il était devenu n'était pas un cadeau au quotidien.
Il s'en voudrait seulement de ne pas avoir essayer d'être heureux.
❝ Damaged people are dangerous. They know how to survive. ❞
Quand la belle au bois dormant daignait enfin se réveiller, elle fit une petite moue sur le moment, quand ce cher Owen vint à lui demander de s’habiller parce qu’il avait quelque chose à lui montrer. La brune clignait des yeux, particulièrement perplexe et interrogative. Qu’est-ce qu’il se passait ? La jeune femme bâillait, se tapotant les joues pour se réveiller un peu plus. Elle aurait tout de même préféré une séance de papouilles et de bisous, il avait l’air de si bonne humeur ces derniers jours, que cela faisait plaisir à Tia’. Alors forcément, elle n’allait pas traîner et se préparait aussi vite qu’elle savait le faire. En attrapant ses affaires, la petite brune sortit de la petite maison, pour rejoindre le rouquin. Il avait l’air d’emmener pas mal de choses avec lui et Tatiana se posait encore plus de questions, alors qu’ils se mettaient en route.
Quelle heure il était ? À peine s’était-elle posée la question que le rouquin lui donnait la réponse. Se lever tôt n’avait jamais été un problème pour Tatiana, d’une certaine façon, elle l’avait déjà fait, bien plus de fois que l’on pouvait imaginer. Si maintenant, elle profitait dès qu’elle avait l’occasion de dormir plus longtemps que prévu, quand il le fallait, elle ne ronchonnait pas. La jeune femme profitait du paysage qui s’offrait devant ces yeux pour n’en perdre aucune miette. Elle trouvait l’endroit vraiment joli et elle mourrait d’envie de le sceller sur papier, de passer des heures à dessiner chaque brin d’herbe, chaque parcelle de terre, les rayons du soleil qui se levait doucement. “Quand est-ce que tu as trouvé cet endroit ? C’est magnifique.”
Quand ils cessèrent leur avancer, la brune posait les yeux sur Owen, souriant en prenant sa main pour descendre de sa monture, alors qu’elle continuait à balayer cet endroit du regard, gardant en tête qu’il désirait y construire sa ferme. Il avait dans l’idée de créer son chez-lui, c’était quelque chose dont elle ignorait l’existence dans la petite tête de Winny, et elle ne put s’empêcher de sourire. “Comment ça se fait que tu n’aies pas commencé à le construire ? C’est l’endroit parfait.” La jeune femme observait encore l’endroit, imaginant déjà Owen dans sa petite ferme avec ces poules et ces champs, avant de poser les yeux sur lui, marchant à reculons sur le terrain, les bras croisés dans son dos. “Ouais, ça t’ira bien. Il n'y a pas plus sexy qu’un homme qui travaille la terre et qui construit sa maison.” Tia ne pouvait s’empêcher de le taquiner, riant de bon cœur, alors qu’elle se retourna à nouveau pour observer ce terrain. Owen méritait largement d’être heureux et d’avancer dans la vie.
Elle avait remarqué ces petits changements, il semblait plus apaiser. Elle ne savait pas exactement si sa présence faisait quelque chose, si elle arrivait à aider le rouquin uniquement en faisait ses petites choses du quotidien. “Tu le mérites, Owen. Fait le, vraiment. Je viendrai te faire ton café si tu veux, je sais que tu l’adores.” Et ces petits plats, qu’elle faisait toujours de son mieux pour que cela plaise au rouquin. Si la brune faisait toujours de son mieux, chaque jour qui passait, vivant et profitant de chaque jour qui s’offrait à elle, Tatiana avait aussi une enclume au-dessus de la tête, qui s’approchait de plus en plus, sans réellement savoir si demain, elle serait encore là. Et, ces derniers jours, cela s’était confirmé, cette fameuse lettre qu’elle cachait encore. Normalement, elle aurait déjà fui Crimson, pour s’éloigner le plus possible de cette menace qui arrivait, mais il y avait Owen, qu’elle n’avait pas envie d’abandonner et qui s’améliorait chaque jour un peu plus. Mais, elle ne voulait pas non plus le mêler à ces problèmes, forcément qu’elle ne savait pas vraiment que faire dans ce genre de moment. Tia effaçait ces pensées de sa tête, pour profiter du moment, savourant l’endroit comme quelque chose qui était le plus important et c’était le cas.
J'ai trouvé cet endroit en patrouillant avec Lindley, le gars du Gouverneur avec qui je bosse. J'ai aimé les montagnes visibles, ailleurs elles sont plus ou moins cachées par les arbres. Ici, c'est la première chose qui se verrait en ouvrant les volets. Les mains dans les poches, il resta ainsi à déjà s'imaginer ses plans, ses fondations. Il aurait tout donné pour une ferme familiale aussi belle que celle de ses parents ; mais il n'avait ni les talents de charpentier de son père, ni une femme telle que sa mère pour entretenir la demeure et offrir cette chaleureuse ambiance.
Comment ça se fait que tu n’aies pas commencé à la construire ? C’est l’endroit parfait. A sa question, Owen détourna le regard. Il n'allait certainement pas lui répondre avec franchise, car sa réponse était claire et concernait Margaret. C'était avec elle, qu'ils avaient parlé des heures d'une ferme à eux. Tout deux étaient des enfants de la campagne mais leur décision ne s'était pas fixée sur ça uniquement pour cela. Tout simplement, ils adoraient la vie rurale qu'offrait les vastes champs et le bétail. La ville n'était pas une mauvaise chose, mais trop bruyante, trop compliquée, demandant trop d'énergie. Dans sa propre ferme, cet investissement allait au moins être bénéfique pour sa propre famille, sur des générations... Du moins c'était ainsi qu'Owen avait vu son futur. Aujourd'hui, s'il mettait du temps à s'établir, c'était parce qu'il n'était sûr de rien. Un jour il prenait une décision, le lendemain il la trouva ridicule et laissait tout tomber. C'était Maggie qui devait l'accompagner dans tous ces changements positifs, et il s'était littéralement senti trahi dans ses attentes et espérances.
Je n'avais pas le temps avec la recherche des hors-la-loi. Ca va me prendre dès mois, de toute façon... c'est pas pour tout de suite. Mais c'est un projet assez sérieux pour être discuté de vive voix. Ailleurs que dans ma tête... Il esquissa un léger sourire en coin, tandis que ses yeux cherchaient la complicité de Tatiana. Ici, dit-il en montrant du doigt un espace creux, y'aura la grange. Je vais l'organiser de la même façon que mon père. Owen repartit vers sa monture, chipota rapidement dans le sac et en sortit deux petits récipients qui tintèrent l'une contre l'autre, ainsi qu'un café tout chaud fait au petit matin. Il les servit tous les deux, puis tendit la seconde tasse à Tatiana en revenant sur ses pas. Mon père était quelqu'un de méticuleux, il m'a tout appris sur la gestion d'une ferme. Les souvenirs étaient intacts dans son esprit, et un court instant, Owen ressentit dans son cœur un bonheur autrefois bien réel. Sa mère le disait toujours, que les émotions fortes ne mourraient jamais en nous, on pouvait les raviver quand on le désirait.
Tu le mérites, Owen. Fais le, vraiment. Je viendrai te faire ton café si tu veux, je sais que tu l’adores.
Le shérif orné de son étoile, se tourna vers la jeune femme, peu certain qu'elle ait saisi ce qu'il venait de lui dire. Comment ça ? dit-il en haussant un sourcil, à sa manière bien à lui. Son visage était toujours expressif, Owen ne pouvait pas masquer les états qui le traversaient. Un véritable livre ouvert, qui avait trouvé un moyen de contrer cette faiblesse en se renfermant dans sa coquille bien gardée. Non, tu n'as pas compris, si je t'ai emmenée ici pour te montrer tout ça c'est pour que tu viennes avec moi. Un étrange silence passa, qu'il combla en reprenant la parole. Ecoute, Tatiana. On se connait, tous les deux. Et je ne compte pas chercher une femme à marier, je ne veux pas d'enfant. On pourrait se suffire... l'un à l'autre. Et si un jour tu voudras t'en aller parce que je suis un connard aigri, aucun contrat ne te retiendra.
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Lindley ? De quel Lindley il parlait ? Tatiana penchait la tête sur le côté, en pleine réflexion avant de se rendre compte qu’il parlait du fameux James Lindley, ce petit enfoiré qui était capable de la rendre chèvre à chaque fois qu’il lui adressait la parole. Il n’était pas le gars en qui elle avait le plus confiance et il cachait énormément de choses, assez que pour qu’elle soit méfiante envers lui. Owen n’avait sûrement pas conscience qu’elle le connaissait, que lorsqu’elle vendait son corps, il avait été un client régulier, tout simplement parce que la brune n’en avait pas parlé, de ces fameux clients. Tout simplement parce qu’elle estimait que cela n’avait jamais été une information importante.
La jeune femme ne pouvait s’empêcher de sourire quand il parlait de l’endroit qu’il avait choisi pour la grange, il avait l’air d’avoir déjà réfléchi à chaque chose, à chaque endroit pour construire son petit monde. Il le méritait tellement, Tia’ avait toujours pensé qu’il méritait d’avoir accès à ce bonheur, d’avoir quelque chose bien à lui, de construire sa vie tel qu’il le désirait réellement. Cet homme était beaucoup trop gentil pour qu’il se laisse sombrer dans une souffrance constante. Personne ne méritait de souffrir, peu importe les raisons, les situations, chaque personne en ce monde pouvait avoir accès à un bonheur et se sentir heureux dans tout ce qu’ils entreprennent. C’était de cette façon que Tia essayait de penser, chaque jour de sa vie, de faire abstraction de chaque mauvaise chose pour se rapprocher un peu plus du bonheur. Mais, elle savait mieux que personne que c'étaient des choses difficilement accessibles, et ce, pour beaucoup.
La tasse dans la main, la jeune femme posait à nouveau les yeux sur Owen, qui la regardait d’une façon bien particulièrement. Il était expressif quand il le voulait, et elle préférait qu’il soit comme ça que lorsqu’il se fermait tel une moule sur son rocher. Elle détestait le voir fermer chaque porte entre-ouverte qui donnait accès à sa vraie personnalité et l’homme qu’il était réellement. La jeune femme penchait la tête sur le côté, perplexe face à ce regard, avant que ces paroles ne finissent par dessiner l’étonnement sur le visage de la brune. “Hein ? Quoi ?” La suite ne fit qu’étonné un peu plus la jeune femme. Est-ce qu’il se rendait réellement compte de ce qu’il était en train de lui dire ? Pour le coup, ce n’était pas quelque chose à laquelle la brune s’attendait. Elle vivait déjà chez lui et Tia commençait même à culpabiliser face aux problèmes qu’elle lui apportait, avec ces œufs qu’on lançait sur la maison, parce que personne ne savait réellement ce qu’il se passait. Elle avait beau se sentir bien en présence d’Owen, cette sécurité qu’elle n’avait jamais ressentie autre part qu’en présence de Cooper et Théo’, voilà qu’il lui demandait de vivre dans cette ferme, avec lui.
Est-ce qu’il se rendait compte que si Tatiana était réellement présente dans sa vie, c’est parce qu’elle l’aimait bien plus qu’elle ne voulait se l’avouer ? Où il n'avait toujours rien compris ? Et, cet oncle qui n’était jamais loin. Sur l’instant, la brune était partagée entre le fait de lui sauter dessus et de fuir comme elle l’avait toujours fait. Si elle désirait plus que tout de rester à ces côtés, elle avait aussi une peur qui lui bouffait les entrailles et qui pouvait lui provoquer une crise d’angoisse à chaque instant. “Ce n’est même pas une question de contrat où autre connerie du genre, Owen. Tu sais bien que ça me plairait d’être près de toi, genre… tout le temps. Tu sais bien que ces instants passé avec toi, depuis que j’ai emménagé, sont les meilleurs moments que j’aie passés de toute ma vie.” Elle aimerait pouvoir lui crier qu’elle l’aimait, mais qu’elle avait peur. Que ce soit ce sentiment d’amour où son oncle qui serait prêt à lui enlever tout ce qu’elle aimait le plus. “C’est juste que…” Est-ce qu’elle devait lui dire qu’elle avait reçu une lettre ? Comprendrait-il au moins qu’elle n’avait pas envie de lui apporter plus de problèmes qu’elle ne le faisait déjà ? “J’ai la trouille.” Murmura-t-elle, son regard se baissant sur le contenu de cette tasse. Elle renfermait chaque sentiment qu’elle pouvait ressentir sur cet instant, comme si elle n’avait pas le choix de se fermer au monde qui l’entourait, parce qu’elle ne voulait pas perdre tout ce qu’elle aimait le plus au monde.
Le vent balayait les cheveux de la brune, qui s'envolaient tous vers cette même direction. Les mèches masquaient une partie de son visage qui paraissait dépassé par le discours qu'Owen venait de tenir. Les balbutiements entre ses lèvres confirmaient au shérif que Tatiana se sentait perdue, à cet instant, tandis qu'elle l'observait de ses yeux ronds. Il voulut rire, répéter peut-être plus clairement ses intentions, mais elle finit par lui répondre lorsque ses idées furent en place. Elle lui avoua que les moments passés ensemble avaient été les meilleurs de sa vie, qu'est-ce que cela signifiait ? "Toute une vie", c'était long pour admettre pareille chose. N'avait-elle à ce point connu aucun bonheur avant lui ? Et lui, qui se trouvait déjà misérable et pauvre en tout point, comment Tatiana pouvait-elle affirmer qu'il lui apportait de la joie ? Lui qui s'absentait souvent pour mieux fuir la réalité de ses échecs et son désespoir., qui préférait fumer au lieu de parler, boire au lieu de partager.
Je ne m'étais pas rendu compte que tu appréciais autant la vie avec moi, répondait le rouquin qui but quelques gorgées réconfortantes de caféine. Ses horaires irréguliers, sa mauvaise humeur, les raisons de sa léthargie qui déchiraient son âme. Trop de noirceur pour une seule personne, un gouffre creusé à même la roche qu'il était difficile d'escalader. Mais Tatiana Miller, lentement, s'en donnait la peine et obtenait quelques fois des résultats qui mettaient du baume au coeur.
Par contrat j'entendais surtout... une vie de famille. Je ne t'offrirais pas ça, je ne peux pas. Ni à toi, ni à personne. Parce que cela contraire à son cœur et qu'il ne pouvait rayer totalement Margaret de sa mémoire. De toute façon, Owen n'y arriverait pas, même s'il le voulait ; il avait déjà essayé. Tu es une femme jeune, belle, talentueuse, débrouillarde. Tu as peut-être des envies de maternité, de te poser avec un homme qui veut la même chose que toi, je n'sais pas ? Je n'veux pas t'enfermer dans une boîte, ça tu l'sais, tu es libre. Il inspira, relevant les yeux sur le visage attentif de la jeune femme qui paraissait toujours boire ses paroles quand il lui parlait, qu'importe le sujet. Mais si tu ne cherches rien de tout ça, je suis là, moi.
Owen s'approcha d'elle, tout en finissant la tasse de café. Il la prit dans ses bras, plaquant doucement sa main libre sur sa nuque. Il caressa un instant ses cheveux, avant de glisser ses doigts vers sa joue. La trouille de quoi ? lui demanda-t-il sérieusement. De moi ? Owen se savait fragile, surtout la nuit, lorsqu'il dormait profondément et que ses nuits étaient agitées par des cauchemars. Mais rien n'était encore arrivé de tel, Tatiana ne pouvait pas savoir. Avait-il eu des réactions ou des mots agressifs sans même s'en rendre compte ?
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Bon sang… Ce type ne se rendait compte de rien, c’était surtout ça. Tatiana ne pouvait pas lui en vouloir, tout simplement parce qu’elle avait beau montrer certaine chose, d’avoir des paroles avec des sous-entendus, de simple regard, elle ne cherchait pas à l’avouer directement. Autant par peur d’être jetée, que de le voir se fermer comme une huître, alors qu’il s’ouvrait à peine à elle. Tia’ se contentait de ce qu’il voulait bien lui donner, sacrifiant ses propres désirs, même les plus infimes. La brune penchait la tête sur le côté, se massant un peu la nuque. “Que je le veuille où non, je suis incapable d’avoir une vie de famille, parce que je ne peux pas créer la vie.” Boum. C’était la première fois qu’elle le disait. Son oncle l’avait bourré de divers médicaments quand elle était jeune, des traitements plus étranges les uns que les autres et il avait mis dans la tête de cette brune qu’elle ne pourrait jamais avoir d’enfant, même si elle le voulait. Forcément, de fil en aiguille, Tatiana avait fini par y croire, même si elle avait pris l’habitude de faire attention, comme si tout ça lui permettait d’avoir l’impression d’être normale, même un peu. “Aucun homme ne voudra d’une femme aussi inutile que moi, Owen.”
La jeune femme le regardait doucement s’approcher, sirotant le café, avant d’avoir droit à un câlin. Même ce geste pouvait être réconfortant aux yeux de la brune, parce qu’il ne gardait pas cette distance, comme il l’avait fait quand ils s’étaient revu la première fois et les jours qui ont suivi leur dispute. Tout pouvait sembler si complexe avec Owen Cooper, mais Tia était loin d’être une personne qui abandonnait. Peu importe tous ces sentiments qui se mélangeaient en elle, ses envies de fuir un danger imminent qui concernait son oncle, le désir de vouloir rester auprès d’Owen parce qu’elle voulait être présente pour lui et faire face à chacune de ces souffrances. S’il n’y avait pas eu cette lettre, tout serait bien plus simple pour elle. Les yeux bleus se levaient vers le visage du rouquin quand il lui demandait si elle avait peur de lui, la brune haussait un sourcil aussitôt, avant de se mettre à rire doucement. “Non, ce n’est pas de toi que j’ai peur. Tu serais incapable de t’en prendre à moi délibérément. Si tu devais agir de cette façon, c’est qu’il y aura une raison où à cause de tes traumatismes.” Cet homme était un soldat et elle savait que chaque soldat pouvait agir de certaine façon à cause de ce qu’ils avaient vécu sur le front. Si rien ne s’était passé pour l’instant, Tatiana savait qu’à tout moment, cela pouvait arriver et elle n’avait pas peur de devoir faire face à ce genre de choses. “Tu l’as dit toi-même, on se connait et je sais qui tu es. Il n’y a strictement rien de mauvais en toi. Tu es Owen Cooper, un gars super, qui a été abimé par la vie et qui tente d’y faire face tout seul. On n'est pas si différent sur certain point.”
Et, pas qu’un peu. Tatiana agissait d’une manière face à ses problèmes, essayait de rester quelqu’un pleine de vie, de joie et de bonté, d’enfouir chacun de ses démons à l’intérieur pour que personne ne puisse faire face à ses mauvais côtés et Owen y faisait face d’une autre façon, en se fermant, grincheux et s’interdisait qu’on l’approche. La jeune femme lui sourit doucement, avant d’enfouir son visage contre son torse, l’une de ses mains serrant le tissu de ces vêtements. Rien que ça pouvait l’aider à faire face à cette anxiété qui faisait partie de sa vie. Et, cet endroit pouvait même avoir quelque chose d’apaisant qu’elle ne soupçonnait même pas. “Ne te met pas en tête que je peux avoir peur de toi, alors que j’suis celle qui te gifle sans se poser de questions.” Elle rit légèrement face à se souvenir, relevant le visage en gardant son menton contre lui en lui faisant son plus beau sourire. Elle ne parlait pas de ce qui lui faisait réellement peur, cacher des choses n’étaient pas un mensonge, et elle savait que trop bien qu’Owen voudrait se mêler de ses problèmes avec son oncle, alors qu’il l’avait déjà fait une fois. Elle était uniquement pas consciente de tout ça, parce qu’elle n’était pas au courant.
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