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Owen Cooper
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MessageSujet: 1825 jours plus tard   1825 jours plus tard EmptyMer 21 Juin - 9:31




  • Type de RP: Solo
  • Date du RP : 11 novembre 1865
  • Participants : Owen Cooper
  • Trigger warning : guerre, TRAHISON  1825 jours plus tard 3046878009
  • Résumé : Le soldat Cooper revient à Morgantown après cinq ans d'absence.



Dernière édition par Owen Cooper le Mer 21 Juin - 17:07, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: 1825 jours plus tard   1825 jours plus tard EmptyMer 21 Juin - 10:31




En avril 1861, une trentaine d’hommes valides et en âge de protéger leur pays s’était engagé pour rejoindre la 15ème brigade du Commandant McClellan de l’armée des Etats-Unis d’Amérique. Une fierté pour tous ses soldats qui portaient l’uniforme la tête haute, alors qu’à Charleston se déroulait la bataille de Fort Sumter sous une pluie de bombardements. C’était la bataille qui avait donné le premier assaut dans toute cette guerre civile, celle qui avait débuté toutes les hostilités suivantes, en accordant aux confédérés une bonne poignée de victoires. Sur ces trentaine d’hommes, fils, père et mari confondus, seuls huit rentraient en affichant un sourire sur leur visage aux traits tirés, aux yeux si expressifs. Parmi eux, Owen Cooper tenait d’une main son sac chargé qui pesait sur son épaule. Ses solides jambes, qui avaient passé les cinq dernières années à parcourir plusieurs états à pied, étaient à présent robustes et rendaient ses pas assurés. Son sourire à lui était bien plus discret bien que présent ; sa nature avait changé. Pourquoi autant de retenu après avoir prié tant de fois pour rentrer sain et sauf ? Parce que parmi les gens qu’il aime et qu’il désirait serrer dans ses bras, il y avait Charles Cooper qui avait rendu l’âme. La nouvelle lui avait brisé le coeur, de manière démesurée, au moins autant que son attachement pour son père. Le télégramme annonçant son décès avait été déchiré, froissé et brûlé à la seconde où il avait fini de lire les informations. Le moral d’Owen était déjà au plus bas dès mois avant, mais ce fut la goutte de trop pour son équilibre. Il s’était muré dans le silence, tant dans ses lettres qu’avec ses frères d’arme, n’usant de son énergie que pour garder la force de se battre, de mettre un pied devant l’autre lors de ses interminables marches à travers les territoires occupés.

Durant de longues semaines, il n’avait plus su tenir de stylo pour écrire à Margaret. Elle était cette seule personne au monde envers qui il s’interdisait tout mensonge, alors Owen avait préféré garder le silence le temps de panser ses blessures physiques, et psychologiques. Écrire à sa fiancée en étant honnête revenait à lui avouer avoir été faible, avoir frôlé plusieurs fois la mort, souffrir continuellement de sa blessure à la jambe, avoir faim et froid. Mais la dernière lettre qu’il reçut de Maggie avait été celle de fin avril, où elle parlait de leur avenir commun, des deux enfants qu’elle désirait avoir et qui les aiderait à la ferme. Une vraie femme de la campagne qui souhaitait ardemment vivre cette vie simple et heureuse, et tout ça, avec lui. Cette lettre lui avait tellement fait plaisir, lui avait même arraché un sourire sincère depuis dès mois, qu’il se sentit bon de lui répondre.

Sans surprise, c’était grâce à Margaret qu’il se sentait lentement guérir.
A ses côtés, il redeviendrait sûrement le Owen Cooper qu’elle avait laissé partir il y a 1825 jours.

Mais sa lettre n’eut jamais de réponses et il n’en reçut plus. Après de longues semaines d’attente et d’interrogations auprès du service courrier, on leur avait répondu qu’en effet les transports se faisaient plus rares et étaient parfois attaqués ; qu’il était fort probable que beaucoup de lettres arriveraient à destination dès semaines, voire dès mois après. Que la guerre semblait voir le bout du tunnel et que tout le monde devait rester fort. Tout tournait au ralenti tandis que des décisions décisives se jouaient au-dessus de leur tête, entre dirigeants d’états et politiciens aux deux partis.

Avec les sept autres frères d’arme, les soldats s’étaient arrêtés aux abords de Morgantown. Ils fumaient une dernière cigarette entre eux, avant de retourner à la vie normale, de reprendre leur activité là où ils l’avaient laissé. C’était dans un silence presque religieux que les cendres se consumaient, avant que des accolades ne les séparent, chacun vers chez soi. Owen se sentit marcher de plus en plus vite alors que la ferme des Cooper n’apparaisse à l’horizon. L’absence de son père se remarquait rien qu’à l’état des outils prenant la poussière dans un coin de la grange, nullement rangés à leur place, ou de la dispersion du foin. Charles Cooper avait une méthodologie, une manière efficace et ordonnée de travailler qu’il avait inculqué à son unique fils. Celui-ci inspira et toqua. Il avait imaginé revoir sa mère lui ouvrir la porte des centaines de fois, et à chaque fois, il ne se passait que quelques secondes avant qu’elle n’apparaisse. Maman ? Owen toqua encore, sans qu’aucune réponse ne soit donnée, mais il ne s’inquiéta pas plus que de raison. Sa mère était très certainement chez les Olsen, qui était dans tous les cas sa seconde destination. Elle aurait bien été sa première destination, mais Caroline Cooper lui avait dit que tant qu'il n'était pas marié, elle devait être la première femme dans son coeur.

Le soldat déposa son sac dans sa chambre, s’asseyant quelques secondes sur son lit, presque timidement. Comme si celui-ci ne lui appartenait plus, ou à un autre lui. Il passa sa main tremblante sur la surface de la couverture, se préparant à enfin revoir Margaret Olsen. Il pouvait déjà sentir son coeur se serrer, se réchauffer de bien-être, rien qu’à l’idée de pouvoir, à nouveau, juste l’apercevoir.




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MessageSujet: Re: 1825 jours plus tard   1825 jours plus tard EmptyMer 21 Juin - 17:36




Le sentiment étrange d’être un inconnu dans sa propre maison le tourmentait. Il reconnaissait les lieux, mais le trouvait froid, presque inhabité. Etait-ce parce qu’il n’y avait plus mis les pieds depuis un long laps de temps, ou parce que le décès de Mr. Cooper avait rendu le lieu incomplet, en plus de sa propre absence à lui ? Pour sûr, il était temps qu’il rentre enfin. Pour sa pauvre mère, qui avait souffert en union avec lui durant ces années. Une femme incroyable, loyale, aimante ; une mère qu’on pouvait aisément se vanter d’avoir. Penser à elle le fit sourire, et alors qu’il passa sa main sur son visage fatigué, il sentit sa barbe et ses cheveux mi-longs qui avaient grand besoin de rafraichissement. Oserait-il se pointer ainsi négligé ? C’était Margaret qui s’occupait habituellement de lui couper les cheveux, et s’il le faisait lui-même, elle serait terriblement ennuyé qu’il ne se soit pas directement présenter chez les Olsen.
Owen se leva d’un bond, prêt. Ses jambes vacillaient légèrement, et il ne sut s’il s’agissait de l’anxiété grandissante de revoir tout le monde ou des aliments peu nutritifs consommés durant la guerre. Laissant son sac sur le sol poussiéreux de sa chambre, sa silhouette sortit de la ferme familiale où ses souvenirs d’enfance et d’adolescence se jouaient dans absolument chaque recoin.

A un rythme naturel, ses bottes foulaient le trajet jusqu’à la maisonnette de sa fiancée. Son coeur battait à tout rompre et il se sentit comme le Owen d’il y a plusieurs années, qui venait pour la première fois rencontrer les parents de celle qu’il aime. Par-delà tout le pays, les journaux parlaient des soldats qui rentraient de guerre. Alors Owen se demanda si sa venue à lui était aussi attendue et espérée que son envie de franchir le seuil de cette porte. La première chose qu’il ferait, sera de chercher sa Maggie du regard. Lorsqu’il la verrait, plus rien autour n’aura d’importance ; il la voudra dans ses bras, pour la serrer et ne plus jamais la lâcher. Déjà, des larmes de joie embuèrent ses yeux devenus légèrement rouges. Il s'efforça de ne pas pleurer pour éviter d’arriver avec une tête encore plus terrible que présentement.
La maison se dessina enfin. Personne n’était à l’extérieur, tous devait prendre un bon café en cette matinée. C’était ce qu’ils faisaient souvent à l’époque, leur famille étant très unie. Inspirant profondément un pas sur trois, et expirant lentement, le stress commençait à gagner de plus en plus le soldat. Comment une femme pouvait mettre dans un état un homme qui avait vu pire au front ? Il n’y avait qu’elle, pour ça.
Un premier pas sur le perron de la maison, puis un second, avant d’atteindre la porte. Il se tenait debout sans réagir,e t des bribes de voix lui parvenaient. Ce n’était pas un de ces innombrables rêves qui l’avait tenu en haleine dans les tranchées, Owen était vraiment là, à quelques mètres de son amour.

Tout était réel.

N’attendant plus une minute de plus, sa main frappa contre le bois de l’entrée avant de reculer de quelques pas. Des bruits de souliers sur le plancher, une poignée qui se baisse… une porte qui s’ouvre sur Mr. Olsen. Celui-ci devint un instant aussi blanc qu’un linge, les yeux exorbités. Owen baissa son chapeau en guise de salutation, car aucun son ne parvenait à franchir sa gorge tant l’émotion était palpable. Très vite, les larmes coulaient le long des joues du bucheron, qui avait vu ce gamin grandir et devenir un homme. Fiston, fit-il d’une voix enrouée, mon garçon. Il prit le rouquin dans ces bras. Owen resta un instant les bras ballants, mais se laissa très vite prendre par l’accolade, et le lui rendit à son tour. Derrière, Mrs. Olsen apparut, avec la même réaction mais la tristesse se lisant davantage dans son regard. Owen ! Owen, c’est toi ! Son époux lâcha le soldat et laissa sa femme lui montrer également sa grande affection. Les embrassades prirent fin, et Mrs. Olsen l’invita à entrer car il était “ici chez lui”. Ces mots le firent sourire, et tandis qu’il marchait vers le petit salon, il s’étonna de l’y trouver vide. En vérité, il s’étonna de ne pas voir débarquer les deux autres femmes chères à son coeur.

Où sont maman et Margaret ? demanda-t-il en trépignant littéralement sur place.

Le silence qui suivit la question était froid, tendu, anormal. Haussant un sourcil, creusant les rides de son front, Owen ne répéta pas. Josephine et Benjamin avaient bien entendu. Mon grand... Viens t'asseoir avec nous. On va discuter. Le couple Olsen s'installa sur la table en bois, et pendant que Josephine déposait les tasses de café, le père semblait chercher ses mots. Les mains sous la table, Owen serrait ses poings de toutes ses forces. Il savait déjà ce qu'on s'apprétait à lui annoncer, cette expression, il l'avait vu sur le visage de ses camarades et supérieurs lorsque l'un des leurs était tombé au combat. Caroline Cooper est décédée en octobre, paix à son âme, elle n'a pas souffert. Elle repose aux côtés de Charles dans le cimetière du village. Je suis désolé, fiston, je te présente toutes nos condoléances. Le voilà le dernier des Cooper encore en vie. Owen observait avec une attention démesurée la fumée qui s'évaporait de son breuvage. Il y goûta et se délecta du goût, bien plus délicieux que ce à quoi il avait eu droit de temps en temps à la guerre. Josephine quitta la pièce et revenait quelques minutes plus tard, une enveloppe qu'elle tenait précieusement entre les mains. Ta mère t'as écrit avant de rejoindre son Seigneur, au cas où tu.. reviendrais...

Le soldat vira son regard vers ce papier, avec inscrit de l'écriture de Caroline, "à mon cher fils". Celui-ci prit l'enveloppe, sans l'ouvrir, détaillant les arabesques de la plume délicate de sa mère. Comment ça, au cas où je reviendrais ? Qu'est-ce que ça veut dire ? Et où est Maggie ? Il s'était relevé brusquement, il n'en pouvait plus de ce suspens qui durait trop. Il voyait bien les Olsen prendre des gants, et c'était loin d'être une habitude, Benjamin l'avait toujours traité comme un homme solide. Pourquoi maintenant ? Et soudain, une réponse évidente illumina sa conscience et il ne put retenir les larmes lui voiler la vue. Bon sang, est-ce qu'elle est morte ? ELLE EST MORTE ? Sa respiration s'était accélérée, et le temps s'était arrêté. Il ne put reprendre une bouffée d'air que lorsque Mr. Olsen s'empressa de nier cela. Non, non ! Elle n'est pas morte ! Le rouquin se prit le visage dans les mains, étouffant un cri mêlé à un sanglot, qui sonna comme un grognement désespéré. Mais alors quoi, où est Margaret, par pitié répondez-moi !

Tout le monde te croyait mort, Owen ! Mort ! On n'avait plus aucune nouvelle et le journal a parlé des corps par millier non identifiés ! Tu.. tu n'écrivais plus, tu étais... mort. Et là un nouveau silence plomba la pièce. Owen les regardait tout à coup comme s'il s'agissait de deux étrangers ayant balayés des années d'amour et de confiance, d'amitié et d'échanges. Pouvait-il leur en vouloir ? Il pouvait se passer une bonne année avant d'apprendre un décès officiel. Alors pouvait-il leur en vouloir... Qu'est-ce que vous essayez de me dire ? lâcha-t-il d'une voix grave, sérieuse et dramatique qui n'appelait à aucun détour.

Qu'elle est mariée et qu'elle n'habite plus ici.



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MessageSujet: Re: 1825 jours plus tard   1825 jours plus tard EmptyJeu 22 Juin - 11:03




Rien ne lui avait jamais paru si étrange que cette sensation qui le prit de court, en cet instant. Une forte nausée tournoyait dans son estomac, une boule s’était formée au fond de sa gorge. Owen ne savait ni quoi répondre, ni quoi faire. Il restait debout face à ceux qu’il avait toujours considéré comme ses futurs beaux parents. Sur le front, il était interdit de rester statique de la sorte. Il fallait bouger, être toujours en mouvement pour se sauver, ce qu’il avait toujours fait. C’était ce qu’il ferait maintenant aussi. Ses mains tremblantes reposaient le chapeau d’uniforme sur sa tête. L’image de Margaret se matérialisa dans son esprit, son visage doux lui souriant. Ses mots tendres écrits dans ces lettres lui promettant de l’attendre défilèrent comme des coups de poignard en plein coeur. Owen les connaissait par coeur, ces phrases emplies d’amour qui l’avaient nourri et sauvé pendant cinq ans.

Sans un mot, car de toute façon sa voix était bloquée, écrasée sous une tonne de ressentiments. Il sortit de sa poche le charme offert par Maggie et le livre d’Orgueil et Préjugé, qu’il posa sur le bord de la table. Son silence était une souffrance perceptible et les parents Olsen connaissaient assez le fils Cooper pour savoir qu’il attendrait d’être seul pour s’effondrer. Owen, est-ce qu’on peut t’expliquer ? S’il te plait ? Le rouquin fit un signe de négation de la tête et sortit en trombe de la maison, sans un regard pour Benjamin et Josephine. Il ne désirait aucune explication, ce n’était pas nécessaire ; lui expliquer ne lui rendrait pas Margaret. Lui expliquer le forcerait à aller la récupérer et commettre des actes regrettables. Moins il aurait d’informations et mieux il ferait son deuil d’une vie toute tracée avec sa Maggie. Du moins, c’était ce qu’il pensait, à tort. Une fois dehors, Owen attendit d’être assez loin pour se mettre à courir. Il ne réfléchissait pas à sa destination et se contenta de courir simplement. Ses larmes n’avaient pas le temps de couler sur ses joues, elles furent vite emportées par le vent lui fouettant le visage alors que ses jambes filaient à vive allure.

Puis enfin, Owen s’arrêta, son coeur battant à tout rompre. Il respirait bruyamment et accusait les douleurs dans sa poitrine en grimaçant. Il se trouvait dans les champs de blés où avec Margaret, ils avaient l’habitude de venir s’y cacher dans les hautes herbes. Il s’assied d’abord, les yeux rougis. Malgré la beauté du paysage face à lui, qui lui avait tant manqué et qu’il désirait plus que tout revoir une dernière fois, Owen fixait un point vide et creux entre ses semelles crasseuses. Une cigarette au bec, il s’allongea et fuma, s’interdisant toute réflexion, laissant simplement les gouttes salées lui perler la peau, en silence. après avoir autant pleuré à la guerre, il n’avait jamais pensé avoir encore des larmes en stock, et pourtant quand il s’agissait de Margaret c’était une certitude. Elle l’avait toujours poussé à se dépasser, dans tout. Mais dans son chagrin, que pouvait-elle bien lui apporter. "Je ne suis pas retournée au champs très souvent ceci-dit, depuis ton départ, par ce fait d'être trop occupée, mais aussi chaque fois ramenée à la triste réalité que tu n'y es pas pour m'accompagner." Maggie, murmura–t-il entre deux sanglots étouffés, comme si elle allait apparaitre après cette piètre supplication. Comme si l’univers serait assez aimable pour lui accorder ce qu’il désirait plus que tout. T’avais dit que tu m’attendrais.

“Je t'aime aussi, plus que je ne m'aime moi-même et je ne t'oublie pas, jamais.”
“Je suis impatiente de te retrouver, ces mois ont été trop longs”

Owen resta allongé sur ces blés deux heures entières à ressasser les correspondances entre lui et Margaret. Il avait fini tout son tabac qui normalement était suffisant pour une bonne semaine. Il se sentit vide à l'intérieur et il n'eut pas le souvenir d'avoir autant souffert au front. Une femme était bien plus meurtrière qu'une balle en plein cœur, car la balle avait la décence d'abréger la souffrance. Là, la douleur continuelle dans sa poitrine ne cessait plus d'exister et il ne le savait pas encore, mais elle ferait partie de lui et ne le quitterait plus jamais.

En quittant le champs, où les souvenirs se heurtaient violemment, Owen regagna la ferme familiale. Maintenant qu'il avait appris le décès de sa mère également, tout prenait sens, dans le décors. L'ambiance froide, les objets qui n'avaient pas été déplacés, la poussière qui s'ammoncelait. Il y avait encore quelques bêtes dont les Olsen venait s'occuper pour les nourrir et les soigner, un acte de charité qui lui allait droit au cœur malgré les circonstances. Retroussant ses manches, Owen passa la journée entière à nettoyer la ferme, à retaper les endroits qui en avaient le plus besoin, à s'occuper du bétail, à organiser la grange selon les codes de son père. Le soir-même, il se trouvait assis sur les marches du perron, une bière à la main. Il observait la lune sous laquelle il avait donné rendez-vous à Margaret. Ca semblait si lointain.

Sur le sentier menant aux divers chemins, Owen vit la silhouette de Benjamin Olsen. Celui-ci s'installa auprès du soldat, qui lui offrit une boisson.
Ils burent en silence les premières minutes, avant que l'aîné ne le brise de sa voix bienveillante. Ton retour nous a empli de joie, Owen. Si tu étais mort aussi... là-bas, seul. Ca aurait été une tragédie. Mais ta mère nous l'avait dit. "Mon bébé est toujours en vie", elle n'avait jamais cru à ton décès. Owen resta muet. En ce qui concerne Margaret...

Non. Le regard des deux hommes se croisèrent. Je ne veux rien savoir. C'est fini. C'est comme ça. Elle est mariée, et on ne reviendra pas en arrière. Tu sais que tu peux rien me dire, parce que sinon je vais aller la  retrouver et la récupérer. Tu sais que je vais le faire. Benjamin hochait la tête, oui, il le savait. Ca ferait un scandale qui salirait leur nom, qui les forcerait à vivre reclus, voire même à quitter Morgantown pour toujours en allant très loin. C'était d'ailleurs la nouvelle qu'Owen annoncerait. Je vais partir. J'aimerai te vendre ma ferme. Pour cinq dollars. C'était assez d'argent pour son voyage sans destination. Fais ce que tu veux de tout ce qui se trouve à l'intérieur... Je n'emporterai pas grand chose.
Où tu vas aller ?
Je n'sais pas. Loin d'ici, sans doute.

La main du paternel vint attraper la nuque du garçon, dans un geste affectif. Fiston, au cas où on ne se reverra plus jamais... sache que ça a été un plaisir que tu fasses parti de notre vie. Et que je te considèrerai toujours comme mon fils. Je veux vraiment que tu saches tout ça.
Touché par ces paroles, Owen hochait la tête frénétiquement, sous le coup de l'émotion. Il voulait aussi s'ouvrir, parce qu'il savait que c'était leur dernière conversation. Il ne mettrait plus jamais les pieds ici. Je veux que vous sachiez que je n'ai pas de colère. A part contre moi-même. Vous êtes ma famille aussi.

Les deux hommes terminaient leur bière sur ce perron. A l'aube, Owen rendait visite à ses parents, au cimetière de Morgantown. Il y avait aussi un épitaphe pour lui, qu'il déterra et ramena à la ferme. Dans sa grange, il s'était emparé de son outil le plus costaud pour taper contre la pierre et la détruire. Ses cris de rage s'entendaient de loin, mais aucun témoin ne passait par là ce matin. Dans la même semaine, un télégramme à son intention lui était parvenu, de la part de James Hood. Il y avait un post à pourvoir comme adjoint du bureau de shérif, à Crimson Town.



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