Résumé : Owen ne trouve pas Mrs Miller à la maison et s'inquiète de ne pas la voir rentrer. Il sait qu'elle aime s'aventurer autour de la ville, alors il part à sa recherche.
Owen trouva soudainement un intérêt particulier à la contemplation du plafond. Il fixait ce point invisible et semblait y plonger ; c'était du moins l'impression qu'il avait. Au plus il regardait, au moins il voyait le reste de ce qui l'entourait. Sa vision lui donna mal au crâne, car au fur et à mesure qu'il se noyait, le plafond se mettait à bouger dans un mouvement circulaire... comme englouti dans un vortex dont on ne ressortait jamais. Owen y voyait des images qu'il pensait avoir oublié, affublant son esprit de pensées chaotiques. Tu as été parfait, Owen. N'en doute jamais. Ces paroles le sortirent de sa torpeur, aussi il tourna son visage vers Tatiana, croisant son regard. Il affichait un air des plus sérieux tandis qu'il ne fit juste que la regarder. Il aurait pu parcourir son corps aux généreuses courbes, mais se contenta simplement d'observer l'océan de solitude qui régnait dans ses pupilles.
Tu es bien trop gentille avec moi, finit-il par murmurer, sans réellement comprendre la teneur de ses propos. Il se savait inapte à la rendre heureuse et s'occuper d'elle, et pourtant il s'était laissé tombé dans ses bras chaleureux, goûtant à une tendresse qu'il avait oubliée. Tu es trop gentille, et moi je... Je suis un salopard qui n'arrive pas à oublier un premier amour. Owen n'acheva pas sa phrase, qui mourut dans sa barbe. Il se contenta de se tourner vers Tatiana, qui était aussi proche de lui qu'on ne put l'espérer. Le lit n'était pas grand et ne devait accueillir qu'une seule personne ; bien que miss Miller était fine et petite, lui avait la carrure d'un ours en plein hiver.
C'est bien parce que c'est ton anniversaire que je ne serai pas outré par ce stupide surnom, renchérit Owen en grimaçant de façon surjouée. Puis reprenant sa mine renfrognée habituelle, il se permit un sourire en coin, tandis que sa paume vint caresser la joue de la jeune femme. Bon anniversaire, Tatiana Miller. A défaut d'un gâteau succulent, je peux t'offrir... Il se pencha vers le sol, attrapant les poches de son pantalon pour en ressortir deux cigarettes et une boite d'allumettes. De quoi fumer ! Il alluma les clopes et en tendit une à son amante, qu'il trouva belle à la clarté de la nuit. Owen tira ses premières bouffées en se repositionnant sur le dos, évitant de croiser du regard ce plafond qui menaçait de lui tomber dessus. Il espérait qu'elle s'endorme avant lui, afin qu'il puisse aller somnoler sur le perron. S'endormir n'était jamais chose aisée, pour cet ancien soldat craignant de sentir ses paupières lourdes.
❝ Damaged people are dangerous. They know how to survive. ❞
Qu’avait-il voulu dire ? Tatiana n’avait pu savoir ce qu’il aurait voulu dire quand il n’avait pas terminé sa phrase. Elle s’était contentée de l’observer sans rien dire, comme si elle cherchait à sonder son âme pour savoir à quoi il pouvait réellement penser. La brune savait qu’Owen était un homme meurtri par la vie, qu’il avait énormément souffert et qu’il n’arrivait pas à passer au-dessus de toutes ces douleurs. S’il y avait des personnes dans ce monde, avec assez de sensibilité pour ressentir certaines choses, pour comprendre mieux que personne ce que l’âme ressentait au milieu des douleurs du cœur, Tatiana faisait partie de ce petit groupe de personne, parfois considérer par le passé, comme des sorcières. Lier au paranormal, châtier pour leur différence. Alors qu’il y avait toujours eu question que d’une grandeur d’âme qui leur permettait grâce à leur hyper-sensibilité de se sentir plus proche de l’être-humain que qui ce soit d’autres.
La brune l’observait sans rien dire, penchant un peu la tête sur le côté. Révéler qu’il s’agissait de son anniversaire n’avait jamais été quelque chose de très commun pour la jeune femme, qui n’avait jamais su ce que c’était que cette joie de recevoir quelque chose de ces proches, ce jour si spéciale qui aurait dû la transformer en petite princesse, cette compréhension que ce jour aurait dû être le sien, une seule fois dans l’an. La jeune femme clignait des yeux, avant que son regard ne se pose sur les cigarettes, pour finir par rire doucement. Il aurait pu lui donner une simple noisette que ça aurait été la même chose. “Je n’ai rien besoin, c’est juste un jour comme un autre qui signifie que je suis née il y a trente ans.”
Il y avait eut des moments où elle aurait préféré ne jamais voir le jour, tout simplement parce que sa vie avait été un véritable chaos jusqu’à maintenant. Que ces craintes étaient toujours présentes, sans réellement savoir si elles disparaîtront un jour. La jeune femme attrapait la cigarette pour la mettre entre ces lèvres et tout simplement tirer une bouffée de la nicotine. Si elle n’était pas quelqu’un qui fumait énormément, ce n’était pas la première fois qu’elle consommait du tabac. Elle ne se souvenait même plus quand c’était la première fois et ce n’était pas franchement un détail qui l’intéressait particulièrement. Tatiana posait les yeux à nouveau sur le rouquin, alors qu’elle terminait sa cigarette et de l’écraser dans un petit cendrier avant de s’installer à nouveau confortablement dans ce lit, qui semblait terriblement petit pour deux personnes.
Cette femme était petite, ayant passé un moment particulièrement intime dans les bras d’un ours grincheux pour qui elle avait toujours ressenti quelque chose, mais est-ce qu’il s’en rendait compte où elle arrivait encore à cacher ces sentiments comme elle avait toujours tenté de le faire ? Allez savoir. La brune posait la tête sur l’épaule d’Owen, alors qu’elle levait lentement la main vers son visage pour venir la poser avec douceur sur ces yeux. “Dors, Owen. Tu en as besoin bien plus que tu ne peux le croire. Arrête d’avoir peur.” Ces derniers mots, elle les avait à peine murmurés. Tatiana savait que la guerre pouvait traumatiser les hommes qui y étaient allé, que beaucoup avait fini par engendrer certaines réactions qu’ils n’avaient pas avant de s’y rendre. Mais Miller, peu importe tous les dangers, elle ne bougerait pas. Cette détermination, égal à l’amour qu’elle avait pour lui, pouvait faire faire des choses à cette femme que personne ne soupçonnerait. Elle aimait plus que de raisons, pour savoir qu’il était ce premier amour. Est-ce que sa propre mère avait ressenti pour son père ? On ne pouvait le savoir et Tia’ n’aurait jamais toutes les réponses à ces questions.
Elle vivait, survivait avec des souffrances, mais qu’elle cachait par son attitude qui faisait d’elle quelqu’un pleine de vie. Ce petit bout de femme essayait de voir le meilleur dans ce qui l’entourait, de pouvoir caresser le bonheur du bout des doigts et elle essayerait de partager ça avec Owen. Parce qu’il méritait d’être heureux et de voir les choses différemment. Sombrant dans la somnolence, la main de la demoiselle glissait sur le visage du rouquin pour venir se poser sur son torse, alors qu’elle s’endormait petit à petit, dans un sommeil qui, elle espérait, serait aussi réparateur et qui apaiserait chacun de ces maux pour lui éviter des cauchemars. Le dix Mars n’avait jamais été le jour où elle pouvait réellement se poser et profiter d’un instant de tranquillité : est-ce que cette fois ça changerait ?
La fumée de la cigarette dansait dans l'air, en se dissipant lentement. Très vite, son mégot fut écrasé dans le cendrier et il sentit Tatiana s'approcher de lui. Elle s'installa sur son épaule et l'invita à dormir, prétextant qu'il en avait certainement besoin. Oui, Owen avait besoin que Morphée l'emporte loin +dans son monde, où plus rien n'était censé l'atteindre. Hélas cette délicate attention de la nature ne faisait plus partie de sa vie depuis l'année 1861, dont il se remémorait tout, comme si c'était hier. Dormir était devenu stressant, la fatigue le rendait anxieux, et il n'avait jamais autant bu et fumer que depuis la fin de la guerre.
J'ai pas peur, répondit-il un peu sur la défensive. Il ne comprit pas pourquoi elle parlait d'une quelconque peur, comme si cela était écrit sur sa figure ? Après tout c'était peut-être le cas, mais tout le monde s'en était bien gardé de lui dire. Toi, dors. Il doit être trois ou quatre heures du matin. Owen risqua un coup d'oeil vers la jeune femme qui l'étreignait ; un contact auquel il n'avait plus eu droit depuis un bon moment. Au Wild West, il en avait pour son argent avec les filles, mais jamais il ne restait sur place pour dormir et sentir une présence à ses côtés. J'ai pas sommeil, je dois réfléchir à.. des trucs... Au gros tas de merde laissé à Hope Village qui puait la fiente jusqu'à Crimson, par exemple. A ce que lui et Lindley allaient faire pour contrecarrer cette possibilité.
Les minutes s'écoulaient et Owen ferma les yeux. Il le fit surtout pour ne plus voir ce plafond lui donner des vertiges à force de donner cette impression de tourner. Il souffrait de ces maux surtout la nuit, et plusieurs fois le soldat s'était cru complètement fou à lier de voir pareilles choses qui n'existaient pas. Et pourtant il devait s'en contenter sans broncher, pas vrai ? Certains de ces amis avaient perdus un œil, des membres, voire la vie pour beaucoup. Alors Owen n'avait pas à s'plaindre de quelques inconvenances. Tatiana ne bougeait plus, après de longues minutes écoulées. Lentement, il se dégageait du lit et remit la couverture sur le corps de la brune. En se rhabillant simplement de son jean, il reprit son paquet de tabac et retourna sur le perron pour s'affaler sur sa chaise. Owen alluma sa cigarette, garda près d'lui son fusil, et se perdit dans les méandres de sa mémoire.
J'espère au moins que tu profites de ton confort au paradis, mon pote, souffla-t-il un sourire aux lèvres. Garde-moi une place. C'est ta tête d'intello que je veux voir en premier quand j'quitterai ce monde. Tandis que ces yeux s'habituaient à l'obscurité, quelque chose l'intrigua. Sur l'entrée de sa petite maison, des traces de giclée gluante imprégnaient le bois. Les coquilles d'œuf trainaient sur le sol, seules preuves d'un acte répréhensible à son encontre. Bordel, c'est quoi ça, grognait le shérif en scrutant la lamentable scène. On lui avait jeté des foutus œufs, mais aucun message n'avait été laissé ; Owen était obligé de croire à un acte isolé.
❝ Damaged people are dangerous. They know how to survive. ❞
Son sommeil aurait pu être particulièrement agréable si son dos ne sentait pas un froid sur sa peau, alors qu’elle serrait l’oreiller entre ces bras, ronchonnant légèrement, au fait qu’Owen sorte du lit, sans qu’elle ne s’en rende réellement compte. Si elle était repartie dans son sommeil sans grande difficulté, c’était un rêve, un cauchemar, peut-être des souvenirs qui la réveillaient en pleine nuit dans un sursaut. La jeune femme regardait autour d’elle rapidement, avant de passer une main sur son visage, soupirant lourdement, avant de sortir du lit pour mettre une petite robe légère et se déplacer, sortant de la chambre dans un bâillement, tapotant ces joues, comme si elle cherchait à effacer certaines choses de sa tête qui venait radier sa tranquillité personnel dont elle avait terriblement besoin.
D’ailleurs où était Owen ? Il avait quitté le lit, sûrement une insomnie où quelque chose comme ça. Si elle avait du mal à le suivre parfois, la brune comprenait qu’il avait besoin d’être seul avec ces pensées. Après tout, depuis combien de temps n’était-il pas seul dans cette maison ? Et voilà que Tatiana y vivait du jour au lendemain, bien que ce soit sous sa demande. La demoiselle irait se servir un verre d’eau pour hydrater sa bouche sèche, avant de voir le rouquin sur le perron, elle clignait des yeux assez perplexes de le voir dehors. La brune s’approchait tranquillement. “Ow-?” Son regard fut soudainement attiré par quelque chose qui lui semblait beaucoup trop familier. Des œufs, éclater au sol. Combien en avait-elle déjà nettoyé depuis qu’elle était là ? Beaucoup trop à son goût, assez que pour que cela commence à la mettre en colère.
La jeune femme crispait la mâchoire en fixant ces coquilles et ce liquide sur le sol, alors qu’elle sentait ces ongles s’enfoncer dans sa paume tellement elle serrait les poings. “Fait chier. Ils ont réellement que ça à foutre ces bâtards ?” L’injure sortie aussi naturellement de la bouche de la petite brune, elle fit volte-face pour aller chercher quelque chose pour nettoyer et à peine revenu, elle s’exécutait sur le champ, frottant et nettoyant en grommelant tout un tas de nom d’oiseau à l’encontre de ceux qui pouvait agir de cette façon. C’était injuste. Il avait autre chose à penser que de se rendre compte que des connards venaient salir cette maison, uniquement à cause de l’unique présence d’une catin dans sa maison. Un soupir s’échappait de ces lèvres, alors qu’elle terminait de nettoyer et ramassait ce qu’elle pouvait, comme à chaque fois. “Je suis désolée, Owen.”
Concrètement, ce n’était pas vraiment sa faute, mais elle se sentait fautive que la vie d’Owen pouvait devenir un enfer sous prétexte qu’elle était là. Qu’il avait fait entrer une catin dans sa maison. Elle pouvait faire face à toutes les insultes de l’univers si cela leur faisait plaisir, mais en aucun cas, elle pouvait accepter qu’ils s’en prennent à Cooper. La jeune femme baissait la tête, crispant la mâchoire en allant jeter ce bordel, soupirant, avant de relever le visage, levant les yeux vers le plafond. Qu’est-ce qu’elle était censée faire dans ce genre de moment ? Attendre que ces débiles finissent par arrêter d’eux-mêmes ? Où les trouver pour leur péter la gueule ?
La silhouette de Tatiana apparut à l'entrée. Owen qui était dans l'incompréhension, la regarda d'abord surpris de la voir éveillée, puis reporta son attention sur ce qui trainait sur son perron. C'est quoi, ça ? lâcha-t-il à nouveau, comme si elle pouvait en savoir quoique ce soit. Mais contre toute attente, les traits de la brune exprimaient tout sauf de l'étonnement. Le shérif ne quittait pas les yeux bleus de la jeune femme, comprenant assez vite que ce n'était pas la première fois. Elle serrait des poings, fixant ces crasses comme un effet de déjà vu dans le regard. Attends, pourquoi tu dis ça ? c'est déjà arrivé ? Owen voulait en avoir le coeur net. S'il s'agissait de récidives, les coupables n'allaient pas tarder à goûter à ces poings. Tatiana, pourquoi tu m'as rien dit ? questionna-t-il de façon plus abrupte. Il ne pouvait pas concevoir qu'on se soit impunément foutu de lui, d'elle, ou qu'importe la raison qui avait poussé à cet acte.
Pourquoi on lance des œufs sur ma porte ? Owen posait toutes ses interrogations tandis qu'elle nettoyait. Arrête avec ce putain de torchon, réponds moi, c'est quoi le problème ?! Je suis le shérif de cette ville, si y a un p'tit con qui m'insulte j'suis en droit d'le savoir ! Je DOIS tout savoir ! Tatiana s'excusa pour la situation, et lui se frotta le visage alors que ses pas se multipliaient sur sa terrasse. Le bois craquait sous les martellements de ses bottes en cuir, tant sa colère avait du mal à être contenue. C'est pas à toi d'être désolée. J'vais les trouver moi, ces clowns ! Il rentra chez lui pour enfiler maladroitement sa chemise et ressortit quelques secondes plus tard, empoignant son fusil. Reste ici, grognait l'ancien bucheron qui comptait naïvement retrouver les coupables. Il faisait nuit noire et Owen n'y voyait rien, mais son entêtement ne lui fit pas rebrousser chemin.
C'était certainement arrivé pendant que lui et Tatiana...
Les images lui revinrent en esprit, le faisant déglutir. Il s'en voulait déjà d'avoir haussé le ton sur elle après ce moment d'intimité. Owen se comportait comme le plus crétin des clients et il n'manquait plus qu'il lui laisse quelques pièces sur la commode. Quel con... marmonna-t-il pour lui-même. Mais c'était de tout ça, qu'il lui parlait, quand il disait qu'elle ne serait pas heureuse. Il aimait sa présence à ses côtés, elle l'apaisait ; mais méritait-elle qu'il soit un peu plus heureux à ses dépends ?
❝ Damaged people are dangerous. They know how to survive. ❞
Forcément qu’il finirait par se mettre à s’énerver face à ce genre de choses, ce n’était pas étonnant et tout à fait légitime. Même Tatiana, ça commençait à l’énerver. Mais si elle n’avait rien dit, ce n’était pas pour de mauvaises raisons, elle savait qu’il avait beaucoup de choses à faire, à penser, ces derniers temps avec la situation de la ville et lui rajouter une source de tension en plus n’allait pas l’aider. La jeune femme crispait la mâchoire en le voyant hausser le ton sur elle. Ce n’était pas du tout le genre de moment qu’elle aurait souhaitée, pas après ce qu’il s’était passé entre eux. “Baisse d’un ton, Cooper.” Elle détestait qu’on monte le ton sûr elle, surtout pour quelque chose dont elle se sentait déjà assez responsable. Elle avait envie de lui dire “Parce que t’as ramené une pute chez toi.” Mais cela faisait un petit temps qu’elle ne faisait plus ce genre de choses.
Malheureusement, tout le monde savait que lorsqu’une réputation était faite, elle ne quittait pas la personne. Owen n’était responsable de rien, elle avait juste fait des choix qu’elle avait cru bon pour gagner de l’argent, parce qu’elle tentait d’anticiper toutes les possibilités dans sa médiocre petite vie. La jeune femme suivi Owen du regard, haussant un sourcil en le voyant prendre son arme. Il n’allait pas… Si bien sûr que si. C’était Owen Cooper. La demoiselle levait les yeux au ciel, grognant face au bordel que ces types étaient en train de provoquer. La colère n’était jamais bonne et si Tatiana savait ce que c’était que de ressentir une colère profonde, elle faisait toujours tout son possible pour que ça ne contrôle pas ces actions. Uniquement, sous prétexte, qu’elle ne voulait pas devenir un monstre de haine comme son oncle. “Owen ! Revient ici, tout de suite !” Parce qu’elle avait réellement cru qu’il obéirait sagement ? Quelle idée.
Un lourd soupire s’échapper de ces lèvres, alors qu’elle croisait les bras sous sa poitrine, pensant dans un premier temps qu’elle le laisserait tout simplement vagabonder en pleine nuit, comme un idiot. Il s’épuiserait bien avant de retrouver ces crétins. Qui, elle était sûre, n’était même plus dans les parages. Elle avait déjà essayé, à n’en pas douter. Et puis, elle était beaucoup trop empathique pour laisser ce crétin courir en pleine nuit et en penchant la tête en arrière, soupirant à nouveau, Tia’ se résignait à aller le chercher, descendant les marches pour tout simplement se diriger vers la direction qu’il avait prise.
Tatiana le cherchait du regard, avant de voir une silhouette, et de s’en approcher pour constater que c’était le rouquin. La brune ronchonnait, avant de s’approcher doucement. “Owen…” Dit-elle pour signaler sa présence, niant de la tête, alors qu’elle s’approchait un peu de lui, levant les yeux vers son visage pour plonger son regard dans le sien. “Il fait beaucoup trop sombre pour que tu les retrouves. Si je n'ai rien dit, c’est parce que tu avais assez de choses à gérer en ce moment et ce ne sont que des œufs, ça se nettoie, se ramasse et on en parle plus. Tu savais très bien ce qu’ils auraient pensées quand tu as décidé de me ramener chez toi. Pour ces types, je ne suis qu’une pute, ce genre de choses a toujours été mal vu. Mais je me fous pas mal de ma réputation ou qu’on m’insulte, tant que ça ne ternit pas la tienne.” C’était visiblement en train d’impacter celle d’Owen et elle regrettait que ce genre de choses arrivaient, ce n’était pas du tout le but. Tatiana en venait presque à regretter d’avoir accepté qu’il l’accueille chez lui. Si elle n’était pas là, peut-être que ce genre de choses n’arriverait pas et la vie d’Owen serait bien plus tranquille.
La brune baissait les yeux sur l’arme qu’il tenait à la main, soupirant, avant de se mettre sur la pointe des pieds et de venir un petit baiser chaste aux coins de ces lèvres. “Allez, rentre à la maison. S’il te plaît.” La jeune femme lui sourit tendrement, tentant de le calmer un peu, dans ce genre d’instant, la colère ne servirait à rien et elle n’avait pas non plus envie de se disputer. Surtout pas à cause de crétins qui ne savaient rien de toute l’histoire.
Le voilà qui trainait ses bottes dans la rue principale qui longeait la ville. Quelques sources de lumière provenaient des lanternes suspendues aux établissements qui s'y trouvaient, endormis à cette heure tardive où même les derniers fêtards piquaient un somme entre deux bottes de foin. Putain de voyous d'pacotille... marmonnait-il dans sa barbe, son regard errant sur les alentours silencieux. Même pas capable de venir m'dire en face le fond d'leur pensée... j'vais les y forcer moi... A l'armée, ce genre d'actes était considéré comme lâche et Owen en avait horreur, lui qui parlait toujours sans détour ni prendre des pincettes.
Il avait bien entendu Tatiana lui sommer de revenir, mais c'était au-dessus de ses forces de tourner la page. Il était hors de question qu'on l'insulte lui, et qui plus est Tatiana. Car il avait bien compris quelle était la nature de cette colère qui avait mené ces vauriens à salir son perron. Pour Owen, qui avait déjà été statique face à l'injustice vécue par Theodore, refaire cette erreur avec la brune n'était pas permis.
Owen...
L'interpellé se retourna, ses traits tirés par la fatigue lui donnant dix ans de plus. Il tenait son fusil d'une main, passa l'autre dans ses cheveux en inspirant profondément. Elle s'approcha de lui, douce et compréhensive malgré qu'il ait été un parfait imbécile une fois de plus. Te justifie pas, Tatiana... répondit-il, plus calme à présent qu'il avait tourné en rond dans la nuit. Je sais bien pourquoi t'as rien dit. Owen fixait encore les alentours, frustré d'être impuissant, pour le moment. Ils vont revenir. Et la prochaine fois j'les aurai. La jeune femme s'avança encore, déposant ce chaste baiser au coin de ses lèvres, cherchant à apaiser ses tourments. Il grogna doucement un "hm" qui, dans un langage compréhensible, se traduisait par "Ok". Owen rebroussa chemin, entourant de son bras libre, les épaules de Tatiana. Les deux silhouettes marchaient en silence vers la maison du shérif, où il n'y avait plus aucune trace de l'outrage. Il voulut se rasseoir sur la chaise de la terrasse, qui était définitivement son trône sous ce toit, mais se ravisa. Ils entrèrent et il ferma la porte derrière eux, posant son arme à ses pieds, sur le côté. J'te demande de m'excuser, articula-t-il en fuyant le regard azuré de Tatiana. C'était pas contre toi, mais pour toi. J'peux pas croire que des ptits merdeux osent faire ça, et ici en plus ! J'pensais qu'on... me craignait un minimum. Il se risqua à la regarder du coin de l'oeil, c'était le moment parfait pour lancer une pique moqueuse à son encontre. Il était vrai qu'il n'était pas aisé de tenir ce rôle, cette figure d'autorité après un shérif tel que James Hood qui cognait facilement. Heureusement que demain, Reeves prend le relais, faut qu'je dorme...
Ses paupières étaient lourdes et le combat pour éviter de s'endormir était ardu. Va te recoucher, je vais dormir sur le canapé... Owen prit la main de la brune dans la sienne, serrant simplement ses doigts dans les siens. Dans un faible sourire, il s'approcha à son tour pour lui voler un baiser, bien moins chaste que dernièrement. Son pouce et son index se refermaient sur son menton, dirigeant ainsi délicatement son visage vers le sien. Cette histoire m'a donné envie d'œufs aux bacons demain... dit-il d'un air amusé, tant pour détendre l'atmosphère que pour qu'elle se recouche sur une note positive.
❝ Damaged people are dangerous. They know how to survive. ❞
Au moins, il avait accepté de rentrer et c’était plutôt une bonne chose. Surtout que ce n’était pas vraiment le moment d’aller à la chasse à des petits idiots. Quand ils rentrèrent et qu’Owen commençait à parler, s’excusant tout simplement de ce qu’il s’était passé. La brune le regardait doucement, penchant un peu la tête sur le côté, assez perplexe par ces derniers mots. Elle le connaissait assez que pour savoir qu’il était particulièrement protecteur quand il le voulait et qu’il pouvait détester l’injustice, elle l’avait vu agir quand ils étaient dans les mines, par moment et ce qu’il s’était passé avec Théodore avait sûrement renforcé ce sentiment. “Tu es craint. Si ce n’était pas le cas, ils ne prendraient pas la poudre d’escampette après avoir agi comme la pire des vermines.”
Tatiana haussait un sourcil quand il disait ouvertement qu’il ne serait plus Shériff à partir de demain. Est-ce qu’il était sérieux ? Si c’était le cas, la brune voulait que ce soit uniquement par ces propres choix, que c’était réellement ce qu’il voulait. Elle avait conscience que devenir Shérif n’était pas venu de lui-même, que c’était un rôle qu’on lui avait collé directement après que le précédent soit partie. Et c’était une grande charge de travail, de responsabilités, qui pouvaient être difficile à assumer pour certaine personne. “S’il s’agit de ta propre décision et de ton choix, c’est le plus important. Tu as vraiment besoin de te reposer.” La jeune femme le regardait, observant son visage, bien entendu qu’elle avait remarqué cette fatigue sur son faciès. Bien sûr qu’elle voudrait qu’il se repose beaucoup plus que ce qu’il faisait en ce moment, qu’elle s’inquiétait pour sa santé. Elle avait toujours été comme ça.
Ces simples gestes qu’il avait envers elle, ce baiser qu’il lui donnait par sa propre décision pouvait que réchauffer le cœur de Tatiana. Qu’il ne dorme pas avec elle, même après ce qu’il s’était passé entre eux, ce n’était pas si grave. Peu importe qu’elle le veuille, la brune ne forcerait jamais rien à Owen, elle savait que c’était un homme meurtri par la vie, qui pouvait avoir l’air perdu par moment. Chaque geste qu’il faisait à son encontre, c’était parce qu’il le voulait, s’il venait dormir avec la brune, un jour, c’est qu’il l’aurait voulu. Son regard dans celui du rouquin, Tia rit doucement à ces paroles, amusée par ce qu’il lui disait malgré la situation. “Je prends note et te ferais ça.” Tia’ sourit de plus belle, avant de s’en retourner vers la chambre, s’étirant un peu dans tous les sens. “Bonne nuit~” Elle lui jetait un dernier petit regard avant d’entrer dans la chambre, pour rejoindre ce lit sans attendre.