Aux brises de la nuit

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MessageSujet: Aux brises de la nuit   Aux brises de la nuit EmptySam 28 Jan - 12:41




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MessageSujet: Re: Aux brises de la nuit   Aux brises de la nuit EmptySam 28 Jan - 12:53




Accroupie près du feu de camps avec d’autres femmes, la fille du chef riait à gorge déployée, amusée par les conversations un brin féministe qui circulaient dans les bouches de certaines aînées. Il était toujours agréable de cuisiner en leur compagnie, davantage quand les hommes n’étaient pas dans les parages pour venir mettre leur nez partout ou chercher à contrôler leur jeune femme. Tu t’occupes encore aujourd’hui du tannage ? demandait la cadette du groupe, une charmante et jeune épouse qui désirait apprendre tout sur le camps. Elle n’appréciait pas rester à rien faire et désirait pouvoir prêter main forte à n’importe quel niveau. Non, mais si tu veux, je peux t’emmener vite fait là où les peaux sont stockées pour t’en parler ? Tallulah préférait travailler seule, ainsi elle pouvait se noyer dans ses pensées ou même parfois, des prières dites avec dévotion. Mais elle ne dirait jamais non à la curiosité d’une âme qui se cherchait ! Allez viens, le temps que ça boue, dit-elle en se levant, défroissant sa robe en daim. Les deux femmes traversaient les quelques arbres et feuillages qui les séparaient de la zone où des dizaines de peaux étaient suspendues sur des constructions en bois, alignées les unes à côté des autres.

Avec un grand plaisir à transmettre le savoir qu’elle-même avait acquis de ses aïeux, Tallulah répéta avec ses propres mots les étapes sensibles du travail. Elle fut interrompu par un son, qu’elles reconnurent aussitôt. La native se redressa, scrutant par-dessus son épaule. C’était comme une plainte craintive, douloureuse, discrète mais aigüe. En se levant, Tallulah se dirigea vers la source du bruit. Elle n’avait pas peur, elle savait ce qu’elle trouverait derrière ces troncs d’arbre épais. Enroulé en boule sur lui-même, un louveteau blessé s’était rapproché des humains qui vivaient dans leur forêt. L’animal savait qu’auprès d’eux, il trouverait refuge et soin. Tout va bien, Poloma, c’est un petit loup, dit-elle à son amie, on va devoir reporter notre cours. Accroupie, elle visualisa la blessure, trop profonde pour être soigner par ses remèdes. Il fallait des sutures à la patte. Son ventre et sa mâchoire portaient aussi des marques d’agression ; il a du passer un mauvais quart d’heure.

Le prenant dans ses bras, Tallulah le ramena à son tipi ; tout ce qu’elle pouvait faire était désinfecter ses plaies, le bander, le nourrir et lui donner à boire. Tandis que le louveteau s’endormait sous les caresses de la native, celle-ci réfléchissait à ce qu’elle pourrait bien faire de la bête. Sa meute l’avait certainement laissé pour mort, car la fidélité des loups n’étaient plus à prouver, eux pour qui l’adoption d’un loup étranger n’était pas rare. Un seul nom vint à l’esprit de Tallulah, c’était celui-ci du Dr. Riagal. Un chaman lui dirait de laisser la nature reprendre ce petit, car ils ne pouvaient le soigner, mais si le guérisseur des blancs y arrivait ? Il avait plus de moyens, plus d’outils, plus de savoir. Décidée, elle prépara un large sac en cuir avec une couverture en poils d’ours qui lui tiendrait chaud. Après y avoir installé l’animal, Tallulah passa sa tête par l’entrée de sa modeste maison. Le soleil se couchait bientôt et le manteau noir de la nuit tombée couvrirait ses pas jusqu’à Crimson Town…

Quelques heures plus tard, chaudement vêtue, la plupart des tolowa dormait. Ceux qui restaient ne firent pas attention à Tallulah qui s’éloignait, ils avaient l’habitude de ses balades nocturnes, sans s’imaginer que cette fois-ci elle prenait la route de la ville voisine. L’état du loup sembla s’être néanmoins détérioré, alors sans hésiter, la native s’enquit de son cheval. Le temps était précieux et celui de cet esprit fragile filait à toute allure. Les galops de l’étalon fusaient, ses sabots foulant la terre aride et laissant une masse de poussière derrière son passage. Une main s'agrippant à la selle, l’autre soutenant le poids du louveteau dans son sac en bandoulière, les étoiles perlant le ciel éclairaient le chemin de la jeune femme. En arrivant à quelques mètres de l’entrée, Tallulah se sépara de sa monture et finissait à pied. Elle ne faisait rien de mal, mais son instinct de survie l’invitait à se faufiler dans les ombres, à ne pas se faire voir. Heureusement, à leur dernière visite avec Rainseeker, Tallulah avait repéré l’officine du médecin et le retrouva sans peine. Elle ne pouvait prendre le risque de toquer depuis l’entrée principale, il y avait encore des passants sur la grande ruelle, alors depuis une fenêtre arrière la native s’engouffra dans ce qui était une grande pièce avec plusieurs lits. Silencieuse et perdue dans cet endroit inconnu, elle se mit à marcher prudemment dans l’espoir d’entendre la voix rassurante de cet homme, ou de voir jaillir la lumière chaude d’une bougie…

Des jours et des nuits séparaient l’instant où la route de Tallulah croisa celle du médecin. Ils s’étaient quittés aux abords de la forêt, elle retournant vers les siens, lui vers son propre peuple. Cette rencontre avait eu le don d’illuminer sa journée ; malgré cela, elle ne put en parler à personne, pas même à Otto qui lui aurait fait l’étalage de la stupidité de la chose. Serait-il en colère de la voir s'introduire comme une voleuse chez lui ? Son cœur lui disait que nom, mais la voix de son père dans un coin de sa tête, lui sommait de ne jamais faire l'erreur de penser connaître réellement quelqu'un. Les plaintes du petit brisant le silence, Tallulah prit son courage à deux mains. Han, kola, dit-elle à son tour en guise de salutation à son ami.




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MessageSujet: Re: Aux brises de la nuit   Aux brises de la nuit EmptyLun 30 Jan - 10:04

La nuit était tombée. Comme souvent, cela n'interrompit qu'à peine le médecin qui remplaça simplement la lumière de l'astre solaire par des bougies et des lampes à huiles. Certes, c'était une lueur moins solide, plus fluctuante mais c'était assez pour lire et donc assez pour travailler. Assit à son bureau, une tasse de thé refroidissant devant lui, il cherchait dans ses livres le rappel d'une thérapie qui lui échappait. Un homme était tombé d'un toit directement sur le dos, suivi par une pierre qui avait écrasé son diaphragme. Il était toujours vivant, immobilisé bien sûr mais sa respiration sifflante et sa fièvre faisait craindre le pire. Pour autant, on ne voyait pas de signe d'infection et il était peu probable qu'une maladie ait déjà profité de l'accident pour s'en prendre au corps.

C'était donc autre chose qui empêchait la pauvre âme de reprendre son souffle. Quelque chose en rapport avec le choc. Il devait trouver quoi. Il avait des pistes, bien sûr mais il voulait être certain. Marmonnant en gaélique, il prenait des notes, la manche de sa chemise blanche grisée par l'encre qu'elle effleurait parfois. Autour de lui, le silence l'aidait à se concentrer. Il avait toujours aimé la nuit. C'était là qu'il pouvait vraiment se mettre au travail. Trop de choses appelaient son attention de jour. Des gens à saluer, des rencontres à faire, des déplacements à effectuer, des maladies à taire.

Un gémissement apparaissant de l'hôpital attira son attention. C'était un bruit étrange, ténu, à peine humain. Sifflant. Inquiet pour son patient du jour, Faolan attrapa une lanterne et se rendit au milieu des lits. Il ne lui fallu pas longtemps pour voir une silhouette, debout, au milieu des malades. Aucun de ceux présents n'était assez bien pour se lever. Un intru ? Un voleur ? Les hors-la-loi étaient bien réels, ils l'avaient démontré lors du rodéo. Il aurait du y penser. Prendre un pistolet ou, mieux, un couteau. Il n'avait que ses points. Il releva la lampe, reconnaissant une silhouette féminine. Cela ne voulait rien dire, les femmes aussi volaient. Mais la voix, elle, lui dit quelque chose.

Ces mots d'un dialecte inconnu l'arrêtèrent. Il prit le temps de l'observer.

"Tallulah." fit-il, enfin, la reconnaissant. Puis, le soulagement et la joie de revoir la jeune indienne qui s'étaient inscrits sur son visage disparurent au profit de l'inquiétude. "Tu es blessée ? Que fais-tu là ? Viens dans mon bureau, on pourra parler." Il indiqua la porte encore ouverte de la main, s'effaçant pour éclairer son chemin.
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MessageSujet: Re: Aux brises de la nuit   Aux brises de la nuit EmptyLun 30 Jan - 11:12




La lueur chaude de la lanterne éclaira le visage amical du guérisseur des blancs. Le sourire qu’afficha alors Tallulah était irrémédiablement plaqué sur ses lèvres. Faolan l’invita à entrer dans son bureau, ce qu’elle fit à petit pas, jetant un rapide coup d’oeil sur le corps allongé dans un des lits. Il veillait donc même tardivement sur ses patients les plus critiques, c’était exactement comme ça qu’elle l’imaginait entre ces quatre murs. En pénétrant dans la petite pièce juxtaposant le couloir de l'hôpital, Tallulah ne s’installa pas tout de suite. Ses jambes solides la soutenait, tandis qu’elle observait les recoins de cet antre bienfaisant.

Je suis désolée d’arriver sans prévenir, dit-elle d’abord en chuchotant, réflexe naturel lorsqu’elle faisait quelque chose que le Chef Omawnakw n’apprécierait pas totalement. Je n’avais pas le choix, continua la native, en serrant davantage l’animal contre elle qui pendouillait dans son sac. Elle fit un pas vers le médecin, captant ses pupilles dans les siennes, son regard errant une fraction de seconde sur les traits de son doux visage, la courbure de ses lèvres pincées, lui donnant cet air si sérieux. Un autre petit loup a croisé ma route, et j’ai pensé à te l’amener. D’une main, elle découvrit la tête de la bête. D’abord son museau, rouge de sang, car le louveteau s’était certainement léché les plaies pendant des heures avant d’être trouvé. Il a des blessures que je ne peux pas soigner, dit-elle, je l’ai nourri et il a dormi quelques heures avant qu’on ne vienne. Tu peux faire quelques chose pour lui ? Chuchotant toujours, Tallulah espérait tellement le voir accepter. Elle savait que les blancs n’avaient pas ce même respect égal envers la vie animale, mais lui ne représentait pas son peuple ; son âme brillait bien plus.

Ôtant le sac de son épaule, Tallulah déposa délicatement le lourd colis sur le bureau du guérisseur. Elle lui caressa derrière les oreilles, afin de le rassurer. Son souffle était inquiétant et donnait les larmes aux yeux de l’amérindienne, pour qui voir souffrir ce petit était terriblement douloureux. Il n’a plus de meute. L’air grave de la native était n'était pas intentionnel mais naturel, face à cette situation où elle se trouva impuissante, car pour un louveteau, cela signifiait un arrêt de mort. Même si tu le soignes et qu’il survit, il mourra dans la forêt. Je pourrais le garder auprès de moi, mais… Sa voix se tordit dans sa gorge, l’émotion était forte. Elle tourna ses yeux humides vers Faolan. J’ai déjà la responsabilité des enfants de la tribu, d’autres animaux et mes devoirs en tant que fille du chef. C’était la première fois qu’elle lui révéla ce détail sur sa personne. Une information qui, entre de mauvaises mains, pourrait s'avérer dangereuse entre de mauvaises mains. Mais Tallulah voulait qu'il en connaisse toujours plus, sur elle, et inversement.

Il lui faut un maître qui comprenne son besoin de liberté, qui ne le considère pas comme un chien à tenir en laisse et enfermer à la maison, mais comme un fidèle ami qui donnerait sa vie. Haussant les épaules, Tallulah avait planté la graine qui germera dans l’esprit de l’irlandais... l'espérait-elle.




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MessageSujet: Re: Aux brises de la nuit   Aux brises de la nuit EmptyMer 1 Fév - 15:58

Elle lui souriait. Il lui semblait que la nuit était illuminée par cette joie simple, naturelle, qui n'était pas cachée par les dictats de l'éducation. Il la fit entrer dans son bureau, attentif au rythme de ses pas, au positionnement de son corps, ses yeux toujours sérieux cherchant trace d'une blessure, d'une maladie, d'une souffrance. Il ne vit rien. Rien que quelque chose qu'elle portait contre elle. Un enfant ? Etait-elle mère ? Ils n'avaient rien fait, elle ne pouvait pas lui imposer de paternité mais...

Elle chuchota. Il s'approcha pour mieux entendre. Elle se rapprocha à son tour, verrouillant son regard dans le sien. Il était captivé par la lumière sombre de ses prunelles. Il était gêné mais attentif, cherchant où elle voulait en venir, son esprit proposant et rejetant des hypothèses les unes après les autres. Un mouvement de la main attira son attention. Il fit un pas en arrière, par réflexe. Le lien fut rompu et il eut presque froid de ce manque soudain de chaleur humaine. Il rougit un peu, espérant que la pénombre cache sa gêne et retourna son attention sur l'animal.

"Je ne suis pas vétérinaire..." commença-t-il doucement, fasciné par le jeune canidé autant que par celle qui l'amenait. "Je peux essayer mais je ne peux rien te promettre. Les animaux et les humains ne sont pas construits exactement de la même façon."

Sauve le, lui soufflait sa conscience. Le Seigneur sait ce qu'il fait et s'Il t'envoie ce signe, c'est qu'Il a quelque chose de prévu pour vous deux.

Il allait continuer à dire qu'il ne pouvait probablement rien faire mais Tallulah, de son côté, déroulait également sa pensée, laquelle était toute autre. Elle voulait manifestement qu'il adopte le canidé.

Judith serait furieuse.

D'un autre côté, c'était un loup. Comme lui. Et il avait toujours aimé les chiens. Il secoua la tête doucement en signe de dénégation. Il faisait une bêtise, il le savait.

"Je peux tenter de le soigner. S'il survit, s'il s'adapte, nous verrons. S'il ne survit pas, la question ne se posera pas. Mais es-tu certaine que tu ne voudrais pas que je l'envoie à un spécialiste ? Je peux probablement le stabiliser le temps du transport et ses chances de survie serait probablement..."

Il ne termina pas. Les chances de survie ne seraient pas meilleures qu'avec lui seule. Parce qu'il était doué, qu'il le savait, et que le transport en lui-même serait dangereux. Il soupira, ouvrit une armoire et en sortit une vieille couverture de laine qu'il utilisait parfois comme plaid quand la nuit se faisait froide. Il la posa au sol. Elle était propre.

"Dépose le, déjà. Etre serré dans un sac ne lui fera pas de bien. Voyons comment il va avant de parler de la suite. Qu'as-tu fait pour lui jusqu'ici, depuis quand penses-tu qu'il soit blessé; quelle est, à ton avis, l'origine de son mal ?"

Il hésita à poser des bougies autour du louveteau mais abandonna l'idée. Les animaux sauvages avaient peur du feu, il n'était pas question non plus d'incendier sa toute nouvelle maison. A la place, il avança sa lampe tempête et s'agenouilla près de la bête. Dans la lueur, on pouvait voir à son poignet le bracelet que lui avait offert la fille du chef et qu'il ne quittait pas.

A y réfléchir, ce dernier point n'était pas une révélation. Pour que Tallulah lui fasse autant d'effet, il allait de soi qu'elle n'était pas n'importe qui.
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MessageSujet: Re: Aux brises de la nuit   Aux brises de la nuit EmptyJeu 9 Fév - 19:01




C’était si différent de le voir à la lueur des bougies, et non l’éclat du soleil. Tallulah se perdait un peu dans la contemplation de ses traits soucieux, de cette mâchoire angulaire où une barbe de quelques jours laissait deviner des journées longues et fatiguantes à prendre soin des autres en s’oubliant. Elle le détailla comme elle aurait voulu le faire la première fois, où la retenue semblait de rigueur. La native sortit de ses rêveries tandis que la voix chaude du guérisseur la ramena les pieds sur terre. Même s’il meurt, tu auras essayé. C’est tout ce qui compte, répondit-elle en posant une main contre son coeur, toujours dans ce même chuchotement, en espérant que cela puisse l’encourager. Les miracles existaient, dans les croyances de son peuple, mais cela ne balayaient pas la logique et la raison. Un couteau dans le coeur n’épargnait personne. Mais Faolan avait beau être sur la  réserve ou dans l’hésitation, Tallulah ne savait pas comment traduire la gestuelle du médecin, elle voyait déjà dans son regard que son choix était fait. Il allait tenter tout, cette affirmation se lisait aisément dans les flammes qui se reflétaient au fond de ses yeux. Nul besoin d’un rite chamanique pour en avoir le coeur net.

Un spéssalite ? répéta Tallulah, peu sûr de la prononciation. Non, pas d’autre guérisseur. Je n’ai pas confiance en l’homme blanc, fit-elle un peu trop vivement et parlant sans réfléchir, car ce n’était pas tout à fait la réalité. Une petite poignée d’entre eux étaient dignes, respectueux et tolérants. Ils s’adressaient aux natifs comme à des êtres humains et non pas des misérables. Qui pouvait savoir ce que quelqu’un d’autre que Faolan ferait à ce pauvre louveteau ? Il n’y verrait qu’une perte de temps et aucune contrepartie, aucun bénéfice à récupérer, car Tallulah n’avait pas de sou à donner. Cependant, elle avait bien cette pépite au fond de son tipi, avec lequel elle pourrait payer si c’était l’argent, le problème.

L’amérindienne se mordit la lèvre, baissant légèrement le regard. Elle culpabilisait déjà des mots qui venaient de franchir sa bouche, ce n’était pas une chose qui se disait entre deux peuples qui avaient déjà du mal à cohabiter dans la paix. Pardon, je ne voulais pas dire du mal de tes amis. J’ai confiance en toi. La sincérité était si évidente qu’elle se sentit toute fragile au moment de s’être épanché sur sa pensée.

Une armoire passa sous l'expertise de Faolan, qui y piocha ce dont il avait besoin. En installant le petit loup sur la couverture, Tallulah prit place à ses côtés, après s’être déchargée de son sac et sa peau de bête qui lui tenait chaud à l’extérieur. Je l’ai un peu nettoyé, il était sale. Il a bu de l’eau et a mangé quelques morceaux de viandes séchées, avant de dormir quelques heures. La native ferma un instant ses paupières pour se remémorer chaque détail. Ca doit faire au moins deux jours qu’il est seul. Il n’est pas si maigre et la plaie à sa patte semble fraîche. Les blessures sur son ventre et son museau ne sont pas très graves mais il a sûrement été attaqué. Les bandages de fortune enroulés sur l’animal par Tallulah étaient déjà tâchés de sang. Il fallait les ôter et que l’oeil avisé du médecin inspecte tout cela avec attention. Je peux faire quelques chose pour t’aider ? demanda-t-elle alors qu'il se pencha à l'aide de sa lampe. Elle l'imita par réflexe, pour tenter de voir ce qu'il voyait, de comprendre ce qui échappait à son regard lorsque pour Faolan, cela captait son attention. Dans ce mouvement anodin, Tallulah remarqua le bracelet qu'elle lui avait offert. Elle fut surprise de se sentir si contente à la simple idée de le voir à son poignet, mais ne le souligna pas pour autant, se contentant juste d'apprécier en silence.



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MessageSujet: Re: Aux brises de la nuit   Aux brises de la nuit EmptyJeu 16 Fév - 17:30

C'est tout ce qui compte. Parfois, il avait du mal à se dire qu'essayer suffisait. Quand il combattait l'infection, la maladie, le désespoir, et que la mort l'emportait sur la science, il ne pouvait s'empêcher d'y voir une défaite. Alors oui, il savait, intellectuellement, que tout être vivant était destiné à mourir et que ce passage n'était pas si terrible puisqu'il permettait d'attendre à la droite du Seigneur jusqu'au Jugement Dernier où tous seraient réunis, mais quand même. Il n'avait pas envie d'essayer. Il voulait réussir. Son coeur battait fort sous la main de la native alors qu'il regardait le petit être plein de sang et de fourrure. Il devait réussir.

"Spécialiste" corrigea-t-il sans y penser dans un but purement didactique, souriant quand elle laissa échapper n'avoir pas confiance en l'homme blanc. Il ne pouvait pas lui en vouloir, cet endroit pullulait d'anglais et d'hispaniques, deux nations dont le colonialisme effréné faisait presque plus de dégâts que le Déluge. Les Français, au moins, apportaient avec eux la notion de démocratie ! "D'accord, je le ferai moi-même. Je n'aurais pas confiance en un autre que moi, de toute façon." Déléguer n'était pas très Riagal. Ils étaient du genre à aimer réussir seuls et à se surpasser. Elle baissa les yeux et il posa sa main sur sa joue douce, pour lui relever le menton.

"Tu n'as pas à t'excuser pour ce que tu penses. Je ne crois pas que mes congénères aient beaucoup fait pour t'inspirer confiance. Je suis flatté que tu ne me comptes pas parmi eux." Il retira ses doigts, regrettant la chaleur sous sa paume et se mit à l'examen du louveteau, histoire d'oublier cette proximité incongrue. Il avait beau savoir que les moeurs indiennes étaient différentes, il avait sa propre culture à prendre en compte. Et Tallulah lui faisait beaucoup (trop) d'effet.

"Alors il faut nettoyer et recoudre. Pour mieux voir je vais avoir besoin de raser les zones blessées. Il connait ton odeur et te connait, pourrais-tu le tenir ? Crois-tu pouvoir bricoler quelque chose pour lui fermer la gueule ? Je préfère éviter qu'il ne te morde ou qu'il se blesse la langue. Je pourrais l'endormir mais je préfère garder cette option en cas de réel besoin. Je ne connais pas bien les doses pour un animal de cette taille."

Il attrapa un rasoir, le testa sur une bande de cuir, positionna doucement l'animal sur le flanc et attendit que Tallulah se mette en position pour commencer son art.
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MessageSujet: Re: Aux brises de la nuit   Aux brises de la nuit EmptyLun 27 Fév - 20:05




Le contact de la main de Faolan sur sa joue avait été aussi surprenante, qu’inattendue, et agréable. Tallulah avait rougit comme il n’était point permis de le faire en pareille situation, alors que cette bête souffrait et que l’heure n’était pas à se noyer dans ces pensées distrayantes. Mais elle en profita, de ces quelques secondes de sensations fortes, jusqu’à ce qu’il retire sa main de sa joue. Relevant alors ses yeux vers lui, la native avait simplement souri, pour acquiescer aux paroles du médecin. Oh oui, il avait le droit d’être flatté, pour une chose aussi véridique que ce fait ; celui d’être un homme à part, comme on n’en rencontrait pas à tous les coins de rue.

Mais la magie de cette fraction se dissipa avec le guérisseur des blancs, qui se mit à la tâche. Examinant le louveteau, il informa Tallulah de ses premières constatations et lui énuméra les tâches à faire, si elle voulait l’aider au mieux. Tout de suite, elle remonta ses manches et ramena les quelques mèches de cheveux derrière ses oreilles, afin de ne pas être ennuyée. Dans sa sacoche, elle s’empara d’une cordelette en cuir qui allait servir à immobiliser la gueule du petit animal. Ca fera l’affaire, dit-elle, sûre d’elle. S’occuper d’animaux n’était pas un terrain inconnu, de nombreuses fois ils étaient passés entre ses mains bienfaitrices, quoique parfois maladroites. Voilà ! lança la jeune femme, qui tenait maintenant le louveteau dans ses bras. Elle ne le caressait pas, cela était de rigueur lorsqu’on félicitait l’animal, mais elle le tenait bien fort et cette pression contre tout son corps calmait l’anxiété. Il était de toute évidence trop fatigué pour se débattre plus que de raison.

Le son satisfaisant du rasoir sur la bande de cuir dura quelques secondes, avant de raser les poils là où c’était nécessaire.

Je le tiens, tu peux y aller. Tallulah plongea ses pupilles noires dans le regard de la bête. Ils s’observaient tranquillement, dans un silence plein de quiétude, tandis que Faolan s’afférait à sa tâche. Lesminutes s'écoulaient et la native en profita pour détailler l'expertise du médecin, qui ne pouvait la surprendre dans sa contemplation car trop impliqué aux soins prodigués. Tu n'imaginais pas ta soirée ainsi. J'espère que tu n'avais rien de prévu, souffla-t-elle d'une petite voix. L'ambiance tamisée des bougies et l'heure tardive l'invitait naturellement à murmurer.



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MessageSujet: Re: Aux brises de la nuit   Aux brises de la nuit EmptySam 11 Mar - 22:38

Il s'approcha du couple et commença sa besogne. Raser d'abord, au ciseau pour commencer puis au rasoir, en évitant au maximum que les poils tombent sur la plaie du louveteau. Essuyer ensuite d'un torchon humide en tamponant pour bien retirer toutes les saletées, ainsi que toute coagulation qui se serait prise dans des saletées.

Une fois les lèvres de la blessurs bien nette, ajouter un mélange d'eau et de chaux, parfumée de ginseg, de poivre et de vinaigre. Ainsi, on repoussait le mal avec les deux théories en vigueur, celle des miasmes et celles des microbes.

Puis, il attrapa une aiguille épaisse et recourbée et du fil en crin de cheval et ajouta quelques points rapides. Il repoussa alors une mèche de cheveux qui lui tombait dans les yeux, collée par la sueur née de sa concentration. Quand il soignait, loup ou homme, plus rien autour n'existait que son art et sa vocation.

Il appuya enfin un bout de coton imbibé du mélange nettoyant, puis un morceau de tissu pour le maintenir en place et bloqua le tout avec un bandage blanc autour du corps de l'animal.

"C'est fait. Il reste à surveiller que l'infection ne s'y mette pas, qu'il mange bien, qu'il ne fasse pas de fièvre, qu'il ne se roule pas dans la boue... bref, le plus important. Tu peux le lâcher si tu veux mais laisse lui encore la muselière pour ce soir, j'aimerait éviter qu'il arrache le pansement."

Il ne s'était pas rendu compte qu'il avait parlé par dessus elle. Rougissant un peu, il sourit et la regarda à nouveau, voulant lui signifier qu'elle avait, à présent, toute son attention.

"Je m'excuse, je t'ai coupée." Il regarda le désordre et le petit animal, pas ennuyé du tout de sa soirée.

"J'avais prévu de travailler à mon bureau. Tu sais, les urgences médicales arrivent à n'importe quel moment. C'est mon habitude d'être toujours prêt à soigner quelqu'un."

Même s'il appréciait de loin une visite de Tallulah qu'un ordre du Gouverneur et qu'il était moins stressant pour lui de tenter de sauver un loup qu'un être humain. Au moins l'état d'aucun patient ne semblait s'être aggravé ce soir.

"C'est toi qui a du beaucoup dévier de tes habitudes. Que fais-tu, normalement, une fois la nuit tombée ?"
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MessageSujet: Re: Aux brises de la nuit   Aux brises de la nuit EmptyDim 19 Mar - 21:45

...


Un silence plein de quiétude demeurait dans l'officine du guérisseur blanc. Tenant toujours le louveteau dans ses bras, Tallulah observait les gestes experts de Faolan, qui maniait ses instruments avec aisance, comme elle le faisait en tannant ses peaux de bêtes. La native avait une mémoire visuelle assez exceptionnelle, et de nature autodidacte, elle imprégnait dans sa mémoire le processus qui se déroulait sous ses yeux. De temps à autre, ses pupilles glissaient sur la courbe de l'épaule du médecin, remontant son cou, caressant sa mâchoire du regard. Les arrières pensées impures ne faisaient pas parties de sa morale, tout simplement car cet aspect n'existait pas réellement chez son peuple. Elle était juste une femme libre qui se sentait attirée par un homme, qui lui, semblait être contraint par tant d'entraves dont elle ignorait tout. Qu'il soit blanc, n'était un problème que pour le Chef Tolowa ou encore Otoahnacto.

Pour apaiser l'animal, qui s'agitait parfois, Tallulah se mit à fredonner dans sa langue natale. C'était un son doux et lent, que les amérindiens chantaient de nuit, sur les collines. Un chant destiné aux meutes alentours, pour maintenir la paix entre eux, pour les remercier de l'harmonie avec laquelle ils vivaient ensemble. Ce petit loup l'avait-il déjà entendu, avant que la dure loi de Mère Nature ne l'isole de ses semblables ?

C'est fait, avait dit Faolan, mettant un terme au murmure chanté de la native. En posant son regard sur la patte de l'animal, elle sourit. Il s'en remettrait. Les conseils du guérisseur était bien ancré dans son esprit et maintenant que le plus pressant et urgent était fini, Tallulah se sentait enfin capable de se laisser aller, de souffler. Elle allongea doucement le petit loup dans son épaisse peau de bête, qui devait être aussi douillet que le sein de celle qui fut sa mère, un petit temps. Quelques caresses, et elle le laissa, s'installant en tailleur sur le sol à ses côtés. Cette position était pour elle bien plus confortable que rester assise sur une chaise.

A la question de Faolan, la jeune femme retint un rire. Ce n’était pas sans raison, puisqu’à la tombée de la nuit, elle aimait plus que tout vagabonder… tant sur le territoire de sa tribu que vers les collines menant à Crimson Town. Sa grande curiosité, à peine voilée, pour les colons était considérée comme dangereuse. D’après le Chef Omawnakw, cela pouvait “lui attirer des ennuis”. Tallulah  n’était pas d’accord, leur salut entier résidait dans leur relation avec les blancs, bien plus que les politesses de rigueur qu’exigeaient son père envers le nouveau peuple américain. Mais tout cela n’était-il pas trop compliqué à expliquer, ce soir ? La légèreté qu’elle éprouvait à se sentir aussi bien ici, en la compagnie de cet homme, risquerait de s’égarer et laisser place à un sérieux qu’elle ne désirait pas. J’aime me promener à la nuit tombée. On ne doit pas trop s’éloigner, et la présence des guerriers tolowas qui ont le devoir de me protéger m’embête, mais je fais avec. La princesse amérindienne haussa ses épaules ; cela pouvait donner l’impression qu’elle était résignée à subir sa position, mais il n’en était rien. Mais toi, dit-elle en changeant de conversation, tu ne serais d'aucune utilité à un blessé si tu n'étais pas apte à soigner. Manger et dormir, très important.

Elle sortit de son sac une grande feuille pliée, fermée à l'aide d'une cordelette. En l'ouvrant, elle dévoila des boules de pemmican, un plat traditionnel de viandes séchées et battues, qui se mangeait froid à base de canneberges et graisses animales. Je suis pas la meilleure cuisinière des plaines mais je me débrouille, dit-elle en tendant une part au docteur. Elle prit l'une des boulettes entre l'index et le pouce, puis se redressa en s'avançant vers Faolan. Une proximité volontaire et recherchée, pour la native qui ne réfrénait jamais ses désirs, quels qu'ils soient. Goûte, murmura Tallulah, qui attendait que son ami ouvre la bouche. Grande valeur nutritive. Battue dans la peau d'un bison. Ca donne un très bon goût, expliqua-t-elle en devinant qu'il devait être de  ces hommes curieux, à aimer apprendre, voire même comprendre pour les plus rares d'entre eux.



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MessageSujet: Re: Aux brises de la nuit   Aux brises de la nuit EmptyDim 26 Mar - 18:04

Le chant, doux et étrange, l'avait accompagné tout le temps du soin et il commença à se dire qu'il serait agréable d'être accueilli par ce genre de musique, le soir après une longue journée de travail. Mais il n'avait pas le temps de réfléchir à ce genre de choses tout comme il ne sentait pas les caresses que le regard de la native posaient sur son épaule, son cou ou sa machoire. toute sa volonté, toute son intelligence étaient tendus dans un seul but, sauver l'étincelle de vie qui obligait le flanc à se soulever régulièrement, qui faisait battre le coeur, pomper le sang dans les veines du canidé.

Maintenant que les soins étaient finis, il avait porté son attention sur la native. Il remarqua le rire retenu et le haussement d'épaule esquissé. Il se demanda ce qu'ils voulaient dire et ne s'empêcha pas, à son tour, de rire quand elle lui parla des guerriers tolowa qui la suivaient le soir et de son amour pour les promenades, la nuit, malgré le danger.

"Oui, je vois. Dans mon pays, j'étais fils de chef aussi." Il n'avait jamais été l'héritier et son statut d'être indésirable avaient beaucoup limité la surveillance dont il aurait pu être victime. Cela dit il avait remarqué l'agacement de son aîné face aux gardiens qu'on lui imposait et il s'était lui-même souvent échappé la nuit, pour tenter de se libérer du carcan des convenances et des responsabilités dans lequel on l'enserrait.

"La nuit, quand le monde dort, on est plus libre d'être soi-même. On n'a personne qui risque de venir dans nos pensées. Les lumières et les responsabilités sont en sommeil et l'on peut juste être soi, faire ce qui est important pour nous et pas ce que l'on doit. La nuit nous libère car elle nous protège du regard de nos devoirs."

Il ne l'avait jamais exprimé ainsi. Tallulah semblait avoir le don de lui faire mettre des mots sur des concepts qu'il vivait sans les analyser d'habitude. Et être avec elle; dans cet ilôt de calme, de paix et de soin, seul avec le louveteau pour chaperon, lui procurait un calme et une plénitude qu'il ne ressentait que rarement.

"La nuit, c'est là que je travaille le mieux. Le jour je dois agir, je dois soigner. Je dois soulager mes patients, rassurer les familles. Je dois sourire, montrer que je sais, donner de l'espoir à ceux qui viennent. Je ne peux pas hésiter, douter ou même compatir. Je dois être fort pour ceux qui ont besoin de prendre appui sur cette force pour aller mieux. La nuit, je peux réfléchir, je peux me poser des questions, chercher des réponses. Ce que je n'ai pas su faire pendant le jour, je peux l'apprendre la nuit." Il soupira. "Je sais que je ne dors pas assez même si je n'ai jamais eu besoin de beaucoup de sommeil. Mais si je ne le fais pas, qui le fera ?"

C'était ça, sa réelle responsabilité. Il se considérait naturellement comme plus intelligent que la plupart de ses concitoyens. Il se savait plus éduqué et avait été élevé à se comporter avec toute la noblesse que lui conférait son titre. Parce qu'il y croyait vraiment, il ne voyaitpersonne de plus apte que lui à aider les autres. C'était sa vocation. La seule manière de racheter le péché de sa naissance. Il avait pris la vie de sa mère. Il n'y avait pas de crime plus horrible et une vie d'abnégation était le minimum pour l'expier. Peut-être...s'il avait été moins doué...aurait-il pu prendre le temps de séduire la jeune autoctone. Mais là... il ne s'en sentait pas le droit.

Et, pourtant, quand elle lui tendit la boule de viande, il l'accepta avec curiosité et amusement. Les épices explosaient sur sa langue comme autant de gouts inconnus. Cela brûlait un peu, au passage, avec une forte fragrance fumée, faisandée, musquée. C'était tellement différent du haggis dont les herbes étaient tout l'arôme du rôti. Il ne pouvait pas honnêtement dire que c'était bon. Mais il mangea tout et ne toussa presque pas.

"Pourquoi battu dans une peau de bison ? Comment ça, battu ? Avec quoi vous battez ? C'est petit pour mettre dans une peau et le frapper par terre... c'est quelle viande ? tu me montrerai les épices que vous utilisez ? Vous n'avez pas peur de mettre de la terre dedans avec la peau ? C'est une peau tannée ?" Dire que Faolan était curieux était un euphémisme. Il ne cuisinait pas. Il n'avait aucune envie de manger à nouveau de cette...chose, mais les technique de cuisine inconnues des natifs lui semblait très étrange. Est ce que la viande avait seulement été cuite ? Que venait-il de manger ?
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MessageSujet: Re: Aux brises de la nuit   Aux brises de la nuit EmptyDim 23 Avr - 8:41

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La vision qu’avait Faolan, ce regard sur le monde, plaisait à la princesse native. Elle l’écouta, tandis qu’il définissait la nuit parfaite selon lui, et Tallulah ne put s’empêcher de hocher doucement la tête ; c’était exactement ça, il arrivait à mettre des mots là où elle ressentait les sensations fortes de son corps et son coeur. “Faire ce qui est important pour nous et pas ce que l’on doit”, se répéta-t-elle en esprit. C’était cela que l’indienne faisait actuellement. Venir en pleine nuit dans la ville des colons, sans escorte ni éclaireur, voilà des faits et gestes certainement inadmissibles pour la fille du chef, qui lui s’inquiétait jour mais surtout nuit pour sa précieuse progéniture. Je comprends ton devoir, répondit Tallulah. Si tu ne le fais pas, donc personne ne le fera; Mais dis-toi qu’avant toi, il n’y avait pas de médecin et la vie suivait son cours. Les morts, les naissances. Il faut accueillir, pas combattre, pas marcher à contre courant car Grand Manitou gagnera toujours. Elle sourit devant la simplicité de son discour, rajustant une mèche rebelle derrière son oreille. C’était plus facile de vivre dans ce monde, lorsque tout était réduit à pareille définition, sans la compliquer outre mesure.

Les toussotements du guérisseur blanc firent rire la princesse, qui elle aussi, prit un bout de viande qu’elle goba. Aux airs qui marquaient le visage de Faolan, elle pouvait deviner que ces épices étaient loin de faire l’unanimité et qu’il lui faudrait goûter d’autre plat pour se faire véritablement un avis, mais en attendant, sa tête était franchement drôle et attisait le ricanement de Tallulah dont les fossettes se creusaient sur la joue. Tu poses beaucoup de question, petit loup ! Tout vouloir savoir peut être un frein au bonheur. Parfois il faut juste apprécier. Son rire se calma, tandis qu’elle observa cet homme qui avait une soif de connaissance. Elle n’avait évidemment pas fait référence aux boulettes qu’ils venaient de manger, mais à toute chose. Et cela lui faisait plaisir, qu’il veuille en apprendre davantage sur la culture et les coutumes de son peuple.

En se penchant vers lui, Tallulah mit une main sur la joue du médecin, appréciant sous sa paume la sensation de sa barbe qui s’y frottait. Les hommes de sa tribu ne portaient pas de poils sur le visage, c’était nouveau, pour elle. Elle réitéra ce geste plusieurs secondes, en s’approchant de lui, jusqu’à pouvoir contempler les détails de ses iris. Sa deuxième main se posa elle aussi sur l’autre joue, dans une lente caresse qui accéléra les battements de son coeur. Tu voudrais venir chez les tolowas pour une soirée ? On fume, on danse, on boit et on raconte. Tu rencontreras Omawnakw, mon père. A celui qui accueille le loup blessé et qui porte mon bracelet, rien ne peut arriver. Il était légitime que Faolan pense courir un danger parmi eux et que cela freine toute initiative de rencontrer les siens, alors elle le rassura très simplement. Elle se leva après avoir ancré ses pupilles dans celle de Faolan, espérant y lire une réponse positive. Mais Tallulah préféra le laisser seul pour étudier la question, car c’était ce qu’il ferait certainement.

Il est tard, fit-elle en remettant sa peau de bête sur les épaules. On fêtera à nouveau, à la prochaine pleine lune. Tu es le bienvenue si tu le désires. Sa main se posa sur la poignée de porte. Elle n'avait pas envie de partir, et peut-être n'aurait-elle du pas l'inviter. Car même si Faolan l'attirait, qu'il la faisait se sentir comme un papillon attiré par cette lumière, quel avenir pouvait-il se dessiner entre leur deux mondes totalement opposés ?



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MessageSujet: Re: Aux brises de la nuit   Aux brises de la nuit EmptyJeu 11 Mai - 10:10

La mort finissait toujours par gagner. Tel était l'ordre des choses voulues par le Seigneur pour faire expier aux enfants d'Eve le péché originel. Quand l'Homme aura atteint la sagesse nécessaire pour faire avec le cadeau de la connaissance qu'ils avaient volés dans l'Arbre, alors le paradis reviendrait sur Terre et la mort ne serait plus une ennemie. Mais Dieu était un Père pour les hommes et il avait distillé dans le monde des moyens de lutter contre cette mort, de la retarder. De surmonter les maladies. Se servir de son intelligence, personnelle ou collective, était permis. C'était un moyen de progresser en tant que race et donc d'avancer sur le chemin de croix de l'humanité. De se rapprocher de l'apocalypse et de ce qui viendrait alors. C'était sans doute ce qui manquait à Tallulah pour comprendre pourquoi il fallait continuer à soigner, quand bien même le Seigneur...ou Grand Manitou, on l'appelait comme on voulait, finissait toujours vainqueur à la fin.

"Soigner n'est pas aller à contre courant. C'est contourner le barrage construit par les castors. Passer au dessus des berges des lacs. Repousser le tronc tombé en travers. Le flot de la vie nous conduit à la mort mais il est inutile de s'y précipiter car où une vie passe, un rivage nait. Des fleurs éclosent. Des arbres poussent. Chaque vie est précieuse du début à sa fin." Il y aurait d'autres médecins après lui. Il y en avaient eu avant lui. Mais à Crimson, il n'y avait que lui. Il n'y avait eu personne avant. Il était impossible de savoir s'il y aurait quelqu'un après. Et s'il avait été là pendant l'épidémie de disentrie, qui pouvait dire ce qu'il aurait pu faire... non, il se savait indispensable au moins à une petite échelle.

La main sur sa joue coupa court à toute question, toute protestation. Il senti la douce chaleur émanant de la paume de la jeune femme contre sa barbe et se retint de rougir. Leurs yeux se croisèrent. Il hésita à l'embrasser. Un peu trop longtemps car, déjà, elle se retira, non sans l'inviter au passage. Il hocha la tête.

"Je viendrai à la prochaine pleine lune rencontrer les tiens, ton père et ton clan." C'était une phrase qu'il aurait pu dire en Irlande. Leurs peuples étaient-ils si différents, au delà de la couleur de peau et de la christianisation ? Peut-être pas. Probablement pas.

Rêveur, il la regarda partir. On ne retenait pas la nuit quand elle décidait de se lever. Il attrapa le loup endormi et monta la peau et l'animal dans sa chambre pour ne pas surprendre Judith au matin. Il lui faudrait un peu de temps pour s'endormir après pareille visite. Mais il ne la regrettait pour rien au monde.
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