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Au rapport | Jamie Anderson
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Thomas W. Powell

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Dim 10 Mar - 22:10



  • Type de RP: normal
  • Date du RP : 01/05/1866
  • Participants : Jamie Anderson.
  • Trigger warning : aucun normalement.
  • Résumé : Thomas vient pointer au fort local, comme le demande la procédure. En tant qu'ancien officier Sécessionniste, il doit le faire à chaque nouvel endroit où il arrive.

Thomas W. Powell

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Dim 10 Mar - 22:58

@Jamie Anderson


Premier anniversaire. Un an. Une année.


Il y a une année à peine, le seul véritable le plus formidable élan de liberté et de combattivité pour les droits inaliénable des vrais Américains, s’éteignait dans la douleur d’une mort lente mais honorable. D’aucuns l’appelait « Sécession ». En vérité, tout le monde l’appelait ainsi… Et, en premier lieu, celles et ceux qui en formaient les principaux maillons. Du cabinet de femmes du Sud responsable de la confection des magnifiques uniformes gris des soldats aux généraux sur les champs de batailles, tous se considéraient comme des rebelles. Des rebelles, faisant face à une force plus de deux fois supérieure en nombre, désireuse de forcer à toute une partie du pays, à s’adapter à une autre façon de faire, une autre façon de vivre. Ceux du Nord, terrassant ceux du Sud… Oh, ces derniers prirent les armes, et se battirent avec une hargne digne des véritables héros des causes malheureusement perdues. Combien de fois durent-ils se battre à deux contre un ? Même trois contre un ? Souvent… Pour ne pas dire toujours… Mais ils parvinrent à tenir en échec les nombreux soldats de l’Union, combattant généraux en chefs après généraux en chefs, du – tristement – célèbre George McClellan au calme et intelligent Ulysse S. Grant en passant par les fougueux et terribles John Pope et Joseph Hooker. En cela, les généraux comme Robert E. Lee, Pierre Gustave Toutant de Beauregard et Joseph E. Johnston, étaient de véritables génies.

Mais, génies ou pas, tous durent rendre leurs armes, une année auparavant. Le 9 Avril 1865, confédérés et unionistes se rencontrèrent dans la ville où Thomas vit le jour… Cruelle ironie que celle-ci, n’est-ce pas ?

Une année… Un an, que Thomas n’était plus que l’ombre de lui-même. De fier général à chasseur de prime miteux, de héro d’une nation à rebus d’une autre, il avait été obligé de faire face aux affres d’une vie qu’on lui impose et qu’il n’avait jamais voulu. Une vie contre laquelle il avait combattu durant quatre terribles années. Rester en Virginie, état détruit par tous les terribles combats et lieu de cette défaite, était impensable… D’autant que la propagande unioniste aura rapidement anéanti les réputations de plusieurs généraux confédérés au sein même de leur propre population… Il lui fallait partir

De Virginie à la Californie, il lui fallut un certain temps. Arrivant à San Francisco grâce à ses économies – sans doute le dernier reliquat de sa fortune passée – il saisit une chance qu’on lui offrit de grâce : la chasse à la prime. L’autorisation du tribunal en poche, il se dirigea en direction de Crimson Town, lieu de brigandage connu et avec une population criminelle grandissante. Il y avait de l’argent à se faire… Et du travail à abattre. Alors, il s’y rendit, courant Avril… Au moment du tristement célèbre anniversaire, justement.

Arrivé en ville, il prit le temps de s’y établir. Louant d’abord une chambre d’hôtel, avant de pouvoir louer un endroit à lui tout seul. Il avait cependant un délai à respecter avant de se rendre jusqu’aux lieux de pouvoirs locaux, avant de devenir hors-la-loi. Il lui fallait signer auprès du Sheriff local, puis, du représentant militaire de la zone couverte. Aussi se rendit-il à Fort Crimson.

Il attendait dans une salle d’attente simple mais relativement confortable étant donné les promiscuités militaires et les habitudes de ces derniers à privilégier l’usage au confort. Il s’était présenté à l’aide de camp qui faisant office de secrétaire, avait présenté sa carte de démobilisation de l’armée rebelle où les tampons devaient s’appliquer, et attendait. Il ne savait pas qui allait le recevoir, il savait juste que c’était cette personne qui lui rendrait la fameuse carte.

Jamie Anderson

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Lun 18 Mar - 21:42

Au rapport



Le temps passait vite, beaucoup trop vite et les affaires n'allaient pas en s'arrangeant. Ses hommes trouvaient des traces laissés par des groupes dans le désert mais rien n'indiquaient qu'il s'agisse des hommes d'Horace Hudson ou de Horace Hudson lui-même. Jamie le sentait, ce criminel n'avait pas quitté l'Etat de Californie, cela n'aurait eu aucun sens. Il avait pris des risques énormes pour pouvoir atteindre le gouverneur et obtenir la grâce, c'était forcément qu'il cachait un but derrière tout ça.
Un mois s'était écoulé et un nouveau débutait. Mai serait-il plus enclin à livrer autre chose que la terreur dans les yeux des citoyens ou le sang versé ? Le colonel en doutait, au vu de ce qui se profilait à l'horizon. Rien ne présageait que les choses se tassent et en vérité, les évènements avaient été trop graves pour être tassées. Visiblement, tout ne faisait que commencer.

La porte de son bureau était ouverte et l'ombre d'un de ses soldats fit irruption.
- Encore une démobilisation, mon Colonel.
Jamie prit la carte qu'on lui donnait, avec d'autres papiers et documents à n'en plus finir. Il en venait parfois à regretter le simple statut de soldat, qui n'avait qu'à exécuter un ordre sans réfléchir. Machinalement, il ouvrit d'une main le premier tiroir à sa droite pour prendre le tampon. Au moment d'administrer l'encre sur papier, il retint son geste, le poignet surélevé.
Le nom sur la carte lui était familier, à tel point qu'il baissa son bras.
- Thomas... Powell.. disait-il pour lui-même dans l'espoir de raviver sa mémoire. Il leva les yeux vers le plafond, cherchant dans ses souvenirs de fin de guerre. Il s'était occupé de la reddition, aidé bien sûr par d'autres officiers. Où cela avait-il eu lieu, déjà ? Appomatox ! déclara Jamie en faisant sursauter le soldat. Faites venir ce monsieur Powell.

En attendant leur arrivée, le colonel avait reposé son cachet sur la surface de son bureau. Il regardait cette carte de démobilisation sans réellement la voir puisqu'il était tout plongé quelques années en arrière, des années sombres et terrifiantes maintenant qu'il y repensait. Avoir survécu à toute cette violence relevait du miracle, Jamie savait qu'il faisait parti des plus chanceux qui s'en était tiré en un seul morceau...

(C) LAURA


Thomas W. Powell

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Lun 18 Mar - 23:29
L’aide de camp disparaît, et Thomas, lui, s’installe sur une chaise de bois à l’assise de roseaux entrelacés. Peu agréable mais efficace pour ce qui était de sa mission basique, Thomas jeta en arrière le pan de cuir de son manteau cache-poussière… Et attendit.

Il aurait cru qu’on le ferait attendre. Par bassesse d’esprit, par vengeance, par condescendance, par méchanceté… Il aurait alors attendu durant des heures, sur cette assise inconfortable, dans ce corridor principal où régnait une chaleur suffocante, car ainsi allaient les droits des vainqueurs sur ceux des vaincus. Mais non. Si Thomas se préparait à soupirer, à boire le contenu de sa fiole de whisky à l’intérieur de son manteau, et à maugréer dans sa barbe tout en baladant son regard sur ceux qui passerait devant lui, c’est un sourcil interrogateur et un regard circonspect qu’il posa sur l’ordonnance qui revint bien rapidement. Les mains vides, le regard acier et l’attitude fière, il indiqua d’une main ouverte, la porte du bureau du chef militaire de ces lieux et l’invita ainsi à entrer.

Une seconde durant, il resta là, circonspect. Puis poussa soudainement sur ses mains et ses avant-bras, se donnant l’impulsion nécessaire pour se remettre debout, et il avança. Il ne remercia point ce soldat, visiblement jeune officier, gradé depuis peu étant donné son âge. Ce dernier était tout en bas de la chaîne alimentaire militaire, et donc, c’était plutôt lui qui devait lui offrir le salut militaire. Mais il avait perdu la guerre… Et ce jeune, lui, faisait parti du camp des vainqueurs… Une véritable honte.

En entrant, Thomas se plaça devant la chaise qui allait être la sienne. Sans regarder son interlocuteur – dans un premier temps – il offrit un signe de tête et un geste du chapeau, mais son visage, lui, resta aussi froid que la pierre. Ses yeux se posèrent sur le bleu profond de cet uniforme de l’Union. Point d’arabesques sur les manches, car cela n’était point une marque sur les uniformes du Nord, uniquement sur ceux du Sud. En montant son regard jusqu’aux épaulettes de l’officier, il découvrit l’emblème d’un aigle aux ailes étendues, et au visage de profil, cousu de fils d’argent sur un fond noir. Ainsi, l’homme était colonel. Le plus haut des grades d’officier supérieur, mais, encore une fois, subordonné aux grades des officiers généraux. A nouveau, en tant que Full General dans l’armée confédérée, être Colonel, c’était se placer trois grades en-dessous de celui de Thomas. Mais, cette fois encore, Thomas était vaincu… Et cet officier, parmi les vainqueurs.

Et quel vainqueur. Lorsqu’il plaça son regard sur le visage et la chevelure de l’homme qui lui faisait face, il le reconnut immédiatement. Jamie Anderson, Colonel de l’armée des Etats-Unis, ancien officier sur le théâtre occidental des opérations militaire, devenu ensuite officier de liaison dans la démobilisation des armées confédérées du théâtre oriental des opérations, et notamment, en charge de la démobilisation des troupes placées sous le commandement… De Thomas lui-même.

Il resta là, interdit, stupéfait et… Replongé une année en arrière, lorsqu’il devait répertorier et inventorier chaque soldat, chaque munition, chaque fusil et chaque canon, chaque fourniture militaire, sous le commandement de Thomas pour le rattacher à l’armée Unioniste en Virginie, et rendre à la vie civile les soldats confédérés en vie, ou blessés. Que de terribles souvenirs… Que de terribles instants… La bouche sèche, le cœur manquant un ou deux battements, Thomas soupira profondément et baissa le regard. Il se massa les yeux, avant de retirer son chapeau et de passer une main dans ses cheveux, comme pour se donner contenance.
« Colonel… » Lui dit-il, relevant enfin la tête et plongeant une main libre dans la poche intérieure de son manteau pour saisir sa flasque de whisky. Il s’arrêta là, ressortant alors sa main, conscient que l’instant n’était encore pas à la boisson. « Je dirais bien que c’est un plaisir de vous revoir, mais vous savez que ce serait un mensonge. » Rajoutait-il, avant de prendre place sur cette assise, et déposer son chapeau sur le coin de sa chaise. « Vous connaissez mon livret… Vous me l’avez donné, voilà un an. »

Jamie Anderson

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Dim 31 Mar - 20:19

Au rapport



Après leur victoire, l'heure n'était plus aux représailles ou à la manifestation de haine et de colère envers tous les soldats de la confédération. Jamie Anderson avait le respect envers tout homme ayant servi, par le présent ou le passé, dans son armée ou une autre. Certes leur valeur différait mais il n'oubliait jamais qu'il avait un autre être humain, en face de lui. Monsieur Powell entra dans son modeste bureau et le Colonel se leva immédiatement. Il l'avait reconnu, le temps qui s'était écoulé n'avait pas fait défaut à sa mémoire.
A voir l'air stupéfait et le regard lointain de l'arrivant, Jamie était certain que tout deux étaient replongés dans des souvenirs communs. Ils ne seraient jamais de bons amis, d'ailleurs Thomas souligna bien assez vite ce fait que le temps ne changera pas.
- Colonel. Je dirais bien que c’est un plaisir de vous revoir, mais vous savez que ce serait un mensonge.
Le Colonel Anderson avait hoché de la tête, son regard n'ayant pas manqué la main de son obligé qui marqua un arrêt dans son élan. Qu'y avait-il dans sa poche pour que cela ne semble pas pouvoir attendre ?
- Je n'irai pas jusqu'à dire ça, monsieur Powell, répondit Jamie sur un ton plus amical que neutre. Il voulait que Thomas comprenne que pour lui, la guerre était finie et qu'il fallait à présent panser ses plaies et passer à autre chose. Vivre dans les tourments ne pouvaient qu'apporter malheur et mort, et le pays n'en avait que trop vu. J'estime les différends qui nous opposent réglés... avec un peu de bonne volonté et de bonne foi.
Jamie suivit le mouvement du général et se rassit à son tour. Il prit entre ses mains le livret que Thomas venait de nommer, indiquant qu'il le lui avait donné il y a un an de cela. Le Colonel s'en souvenait, l'atmosphère avait été si particulière en cette fin de batailles qu'il ne pouvait omettre pas même les détails.
- Je suis curieux, continuait le soldat qui relevait ses yeux sur son interlocuteur. Qu'avez-vous fait de votre vie, cette année qui s'est écoulée ? Ne viviez vous pas en Virginie ? Il était bien loin de chez lui, Jamie désirait connaître les raisons qui l'avaient poussé à s'éloigner de sa terre natale, aussi dure la réalité puisse-t-elle être.

(C) LAURA


Thomas W. Powell

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Mar 2 Avr - 19:31

L’attitude du Colonel était celle d’un vainqueur. Mais point d’un vainqueur patenté, d’un supérieur détestable, d’un être qui aurait eu la chance de servir dans une armée supérieure aidée tant par la démographie que par l’industrialisation, tous deux ayant fait cruellement défaut au Sud. Il était un vainqueur… Mais un vainqueur bienveillant. Thomas pouvait le voir, et le ressentir : dans sa poignée de main, dans son attitude et dans ses mots, le Colonel Anderson n’était ni condescendant, ni malveillant. Mais, malheureusement en l’esprit de Thomas, il était toujours plus facile pour un vainqueur de se montrer bienveillant, et de faire preuve de pitié envers un vaincu, que cela l’était pour ledit vaincu.

Thomas était le vaincu. Représentant déchu d’un pays en haillon. Ancien combattant, ramené à la vie civile de force par une défaite que d’aucun croyait inévitable – sauf lui. Aujourd’hui, l’ancien Général n’avait même plus son uniforme pour pouvoir tenter un temps soit peu de se hisser au même niveau que celui du Colonel. Au moins, durant les discussions qui précédaient la démobilisation des troupes confédérées, il avait encore eu ce privilège de pouvoir saluer soldats et officiers, et de se faire appeler… Général. Aujourd’hui, son uniforme était dans son petit appartement miteux de Crimson, sur un cintre, dans un meuble de fourniture miteux. Oh, il pouvait le porter… Il en avait le droit. Mais il ne le ferait pas… Car la guerre était terminée, et, surtout, il était en Californie. Si encore il était en Virginie, il aurait eu le droit de le porter et de garder un semblant d’honneur en le faisant. Car là-bas, il était l’ami. Ici, il demeurait l’ennemi.

Aussi, lorsqu’il répond que lui n’irait pas jusqu’à dire que cette rencontre était un déplaisir, Thomas ne peut s’empêcher de sourire, et d’hoqueter un rire moqueur. Evidemment… Le vainqueur ne prenait jamais de déplaisir à voir et revoir celui qu’il avait vaincu. Evidemment… Les différents réglés, avec un peu de volonté et de bonne foi… Encore une fois, des choses faciles, très faciles à faire. Trop, peut-être. S’il était à la place de Thomas, mais Thomas, à la place du Colonel, nul doute que ce dernier aussi éprouverait un certain plaisir à revoir Jamie, défait. Allez savoir…

« Malheureusement, Colonel, de tels différents ne seront en réalité réglés que lorsque le dernier soldat du Sud aura rendu l’âme. D’ici-là, nous resterons des rebelles… Et nous continuerons à vous détester. » Dit-il, alors qu’il plongeait à nouveau sa main dans sa poche, pour en retirer sa flasque de whisky. L’heure était, maintenant, définitivement à la boisson. D’autant que la question de sa curiosité rappelait beaucoup de mauvais souvenirs, justement. « Je suis resté en Virginie, jusqu’à il y a peu. Mais rester, et voir ces champs de batailles, et voir fleurir les tombes des vôtres et des miens, était tout simplement trop difficile. D’autant que… J’ai tout perdu à cette guerre. » Dit-il, prenant ensuite une immense gorgée d’un whisky frelaté à la provenance douteuse. « Quand vos… Troupes, ont traversé la Virginie pour nous acculer à Appomatox, ils en ont profité pour incendier et détruire ma plantation, libérer mes esclaves, brûler mes champs. Lorsque vous m’avez démobilisé, j’ai retrouvé le cadavre de mon épouse, pendue au milieu des ruines. Et mes fils, enterrés devant Richmond, tués durant le siège. Il me fallait partir, ou me suicider là-bas. Et Dieu ne voulait pas de moi aussi tôt, j’en suis sûr. »

Jamie Anderson

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Jeu 18 Avr - 23:22

Au rapport



"Nous continuerons à vous détester", Thomas Powell avait dit cela sur un ton si formel et naturel que Jamie ne savait pas quoi en penser. La bonne volonté ne concernait pas tout le monde et la bonne foi, encore moins...

- Les deux camps ont énormément perdu, à la guerre. Il serait dommage de finir le reste de notre vie à nous détester, ne trouvez-vous pas ?
La mort n'avait que trop frappé ces dernières années.
Monsieur Powel remit sa main dans sa poche. Cette fois, le colonel le vit en sortir une flasque et il pouvait parier qu'elle ne contenait pas de l'eau. Ce n'était pas interdit de s'adonner à la boisson en ce lieu, il s'étonna seulement que son invité ressente aussi vite l'envie d'en ouvrir le goulot.

- Je suis resté en Virginie, jusqu’à il y a peu.
Un départ d'une terre natale n'était que rarement une décision prise à la hâte et par expérience, Jamie se doutait que seul un homme ayant tout perdu, aurait le courage de la quitter. Thomas sembla avoir lu dans ses pensées car sans même le savoir il répondit à sa question. Mais rester, et voir ces champs de batailles, et voir fleurir les tombes des vôtres et des miens, était tout simplement trop difficile. D’autant que… J’ai tout perdu à cette guerre. Le soldat en uniforme inspira longuement, son regard était compatissant. Des phrases toutes faites lui traversaient l'esprit mais aucune ne fut prononcée à voix haute, même si Jamie les pensait sincèrement, Thomas l'aurait peut-être pris pour un affront. Il ne voulait pas raviver une plaie qui ne se refermera sûrement jamais.

Jamie regretta très vite d'avoir posé une telle question, si personnelle. La réponse du sécessionniste était dure et violente, quelque part... en tout cas il ne se bridait pas pour épargner le colonel.
- Quand vos… Troupes, ont traversé la Virginie pour nous acculer à Appomatox, ils en ont profité pour incendier et détruire ma plantation, libérer mes esclaves, brûler mes champs.
Cela ne pouvait pas être vrai, aucun de ses hommes n'étaient capables de commettre tels délits sur des civils. Jamie avait confiance en eux et mettrait, pour beaucoup, sa vie entre leur main.
- Lorsque vous m’avez démobilisé, j’ai retrouvé le cadavre de mon épouse, pendue au milieu des ruines. Et mes fils, enterrés devant Richmond, tués durant le siège.
C'était une triste fin pour une famille qui n'aurait jamais du être séparée d'une façon si tragique. La guerre apportait dans son ras de marée, un lot de désolation qu'il était impossible à contourner. Elle faisait aussi, ressortir le pire chez l'homme... Il me fallait partir, ou me suicider là-bas. Et Dieu ne voulait pas de moi aussi tôt, j’en suis sûr.

- Merci pour votre honnêteté, monsieur Powel, répondait le soldat. Je suis dans l'incapacité de répondre aux accusations que vous tenez envers mes hommes, si tel a été votre intention en parlant de mes troupes, en revanche pour la mission qui vous a été accordée je suis confiant. Vous êtes l'homme idéal, pour effectuer cette tâche. Vous connaissez le terrain, les armes, vous avez déjà eu affaire à des criminels.
Le livret qui était toujours dans ses mains fut marqué par l'encre du Colonel Anderson.
Il vous reste à passer au bureau du sheriff, indiquait Jamie en sachant que le général savait ce qu'il devait entreprendre pour rester en règle. Il ne faudrait pas non plus que le shérif Cooper pense être mis de côté par l'armée, cet homme de loi était une figure d'autorité qu'il respectait.

Jamie lui tendait son carnet, qui suivrait toute sa vie.
- De vous à moi, monsieur Powell, je n'ai aucune rancœur à votre égard. Quoique vous pensiez de nous, de moi, je resterai volontiers disponible. Il ferait toujours une distinction entre les hommes du Nord et du Sud, affirmer le contraire serait mentir, mais ce n'était que pure vérité de dire que ses efforts seront bien réels.

- Donc... chasseur de prime, dit Jamie qui avait bien lu les documents portés à son attention. Son tampon déjà sur papier, ils pouvaient parler des choses sérieuses.
- J'espère que vous serez apte à travailler avec nous et livrer les informations à l'armée si nécessaire. Le Colonel se leva de sa chaise, les mains derrière le dos. Il était souvent assis et se dégourdir les jambes ne lui feraient pas de mal. Ce qu'il fit, jusqu'à la fenêtre poussiéreuse donnant sur le terrain d'entrainement pour observer ses recrues. Cela fait un mois que nous recherchons une vingtaine de hors-la-loi. J'ai pu dresser quelques portraits d'après témoignages, j'ai quelques localisations où fouiller, mais même la main d'œuvre de l'armée connait sa limite. Jamie regarda par-dessus son épaule, cherchant à croiser les yeux de l'ancien adversaire.
- Avez-vous eu vent de l'attaque à Crimson ?

(C) LAURA


Thomas W. Powell

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Ven 19 Avr - 15:31

La phrase du Colonel Anderson était pleine de sens. En effet, les deux camps avaient perdu énormément de soldats à la guerre, en plus des populations civiles, fuyant face à l’avancée de telle ou telle armée, et les victimes, lors des sièges notamment. Combien ? En réalité, en cet instant, seules des estimations existent, principalement au sein de l’armée de l’Union. Cette dernière avait aussi tôt fait de comptabiliser les pertes de leurs adversaires au cours de la guerre, et, couplées aux chiffres avancés par les officiers Sudistes, les estimations étaient… Vertigineuses.

Du côté des Nordistes, les chiffres plus précis, font état de plus de 2 100 000 hommes engagés dans les armées des différents théâtres d’opérations, avec, au final, 360 000 morts, dont seulement le tier aura rendu l’âme durant les combats. Côté Sudiste, les chiffres sont plus… Nébuleux. Environs 1 000 000 d’hommes auront prit les armes, et au moins 250 000 d’entre eux auront rendu l’âme, pendant ou en dehors des combats. Si, dans les faits, les chiffres des mobilisés étaient en faveur des Nordistes, l’immense différence de décès entre les deux armées montre, même un an après, le génie tactique militaire des généraux du Sud. Même moins nombreux, ils parvenaient toujours à assurer la résistance face au Nord… Avant que ces derniers ne les écrasent, trop nombreux, trop bien armés et trop bien équipés…

« Vous ne comprenez pas… Vous ne comprendrez jamais. Cette… Haine, n’est pas seulement liée à cette guerre. Ces… Nègres… Ils ne sont pas nos égaux, mais je les aurais tous libérés si cela n’avait pas conduit à ma ruine. L’esclavage… C’est une sale affaire… Mais toute notre économie et toute notre société reposait sur cette main d’œuvre corvéable… Tandis que vous, au Nord, vous avez troqué vos terres et vos bois pour d’immenses industries, le pétrole et ces fumées noires de charbon. Vous nous avez privés de nos terres… Libérer les esclaves, au final, n’est qu’un moindre mal. »

Parlant ensuite de ses pensées, du pourquoi de sa présence ici, Thomas ouvre légèrement son cœur, mais aussitôt, enfouie tout cela dans l’alcool qu’il possède sur lui. L’officier face à lui semble… Touché. Attristé. Et aussi, frustré ? Car alors que l’ancien Général fait état du passage désastreux des troupes de l’Union dans le Comté d’Appomatox, le Colonel Anderson dément les accusations, qui n’en sont en réalité point. C’est un état de fait… Voilà tout.

Thomas allait répondre… Mais le Colonel enchaîne, et même, prend les devants. Ecoutant – et tentant de reprendre le dessus sur ses émotions négatives – Thomas regarde dans le vide. Ses yeux écarquillés laissaient place à un regard vide d’émotions et de pensées. S’il écoutait, bien-sûr, il était comme… Absent. L’homme face à lui dépeignait un profil plus que satisfaisant de l’ancien Confédéré, ce qui était étonnant compte tenu de leur histoire passée.

« Je ne suis pas là depuis très longtemps… Mais je sais tirer. » Dit-il, avant d’avoir un petit sourire doublé d’un rire faux, presque hoqueté, alors que son vis-à-vis parlait de son absence de rancœur. « Je… Je ne pourrais pas oublier cette rancœur, pas aujourd’hui. Nous ne nous comprenons pas, cela est évident… Nous combattions pour deux choses différentes : vous pour une Union fédérale, moi pour l’indépendance de mon état. Mais… Je déteste ces criminels, et ces raclures, plus que… Enfin… Vous avez compris. » Ajoutait-il, reprenant bien rapidement. « J’utiliserais vos informations, et vous en fournirais, lorsque les contrats viendront de l’armée et non du Sheriff. Ou… Lorsque cela devient important. En revanche, j’ai entendu parler de l’attaquer à Crimson, mais n’y étais pas. J’étais… Sur la route, entre San Francisco et Crimson. Que savez-vous de tout cela ? »

Jamie Anderson

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Mar 21 Mai - 11:44

Au rapport



La fin de la guerre n'était pas la fin des rancœurs. Thomas Powell parlait et le colonel entendait dans le son de sa voix, cette haine persistante et toujours présente. Dans son regard, cette ombre qui errait encore. Jamie ne comptait pas répondre à ce discours, cela aurait été vain de le faire. Il se contenta d'acquiescer en silence, démontrant qu'il entendait bien ces dires même s'il n'était nullement en accord avec tout ça.

- Je… Je ne pourrais pas oublier cette rancœur, pas aujourd’hui. Nous ne nous comprenons pas, cela est évident… Nous combattions pour deux choses différentes : vous pour une Union fédérale, moi pour l’indépendance de mon état. Mais… Je déteste ces criminels, et ces raclures, plus que… Enfin… Vous avez compris. Jamie fit signe que oui, il avait compris. Il n'appréciait pas qu'on parle ainsi d'êtres humains mais il lui serait impossible de changer monsieur Powell, qui était comme il était. Il n'avait connu que ça, après tout, que cette éducation et ces connaissances. Sauf que pour Jamie, la connaissance du bien et du mal se fait très jeune, pour les chrétiens une personne est déjà conscient à sept ans. Alors un homme de sa trempe et de son âge, devait savoir que le mode de vie défendu par les sudistes ne pouvait être bon.

Thomas expliqua qu'il était sur la route aussi il n'avait su prendre connaissance de l'ampleur des dégâts.
- Nous sommes à la recherche d'une vingtaine de hors-la-loi, si pas plus ? Ils ont attaqué la ville de nuit. Ce n'était pas leur premier méfait, avant cela il y a eu Hope Village et certainement, bien d'autre. Jamie se leva, les mains dans les poches. Lorsqu'il parlait de cela, ses pensées se tournaient naturellement vers Victoria, qui avait souffert cette nuit-là. - Il y a eu beaucoup de victimes, mais aussi des survivants et donc des témoignages. Je vous demanderai de mettre l'accent sur cette affaire, qui est plus importante. Le colonel s'était approché de la fenêtre donnant sur la cour.
- Le shérif a aussi compris que plus on est sur l'attaque, mieux on avancera. Je ne dis pas de négliger les autres problèmes que nous rencontrerons, mais... Il inspira, sa fonction exigeait de sacrifier quelques minorités. Nous n'avons d'autres choix que tout mettre en œuvre pour les retrouver. Les habitants ont été interrogé, il ne reste plus qu'à assembler les pièces.

Le soldat refit face à son invité.
- Leur chef est Horace Hudson. Sa cible a été le Gouverneur. Il ne cherchait pas d'or, pas d'argent ou une quelconque richesse. Il a exigé sa liberté. Par la force et en menaçant Madame Stanford, il a réussi à faire plier le Gouverneur pour obtenir la grâce. Le voilà maintenant libre comme l'air...

(C) LAURA


Thomas W. Powell

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Mar 21 Mai - 13:28

Autre chiffre vertigineux, bien qu’infime en comparaison de ceux de cette guerre civile meurtrière. Une vingtaine de criminels recherchés, impliqués dans cette fusillade et cette attaque récente. Cela n’était pas grand-chose au regard des expériences militaires des deux hommes, mais, en termes de hors-la-loi, vingt fugitifs était… Une véritable petite armée.

Leur chef : Horace Hudson. Cela ne disait absolument rien à l’ancien Général, qui venait d’arriver. Il n’avait jamais entendu parler de cet homme, de son nom, ou de ce à quoi il pouvait ressembler. Mais il nota cette information dans un coin de son crâne. De plus, d’autres notions étaient importantes : de nombreuses victimes furent à déplorer lors de la dernière attaque, et d’autres, encore, lors des précédentes. Mais beaucoup de survivants, également… Et donc, autant de témoins potentiels, directs ou indirects. Et autant de pièces d’un puzzle qu’il fallait assembler, comme le disait si bien le Colonel Unioniste.

« Hum… » Grommelait-il, arquant un sourcil, tripotant sa pipe en bois machinalement comme pour exorciser ses propres réflexions. « Et quelles sont les pièces, à proprement parler ? Pouvez-vous m’en parler ? Peut-être aurais-je une idée, ou serais-je d’une quelconque aide ? »

Jamie Anderson

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Lun 3 Juin - 18:49

Au rapport



A voir le visage de Thomas Powell il n'avait certainement jamais entendu parler du criminel que toute la Californie recherchait. Voilà qui était fait et le Colonel l'espérait, pour le bien commun de tous. A la fin de la guerre il y avait eu beaucoup de déserteurs, de sudistes devenus eux-mêmes des criminels hors la loi car ils ne pouvaient plus vivre au sein de la société.
Le général n'était pas de ces hommes, en ses veines coulaient encore ce qui faisait d'un homme, un vrai. Avoir perdu une guerre lui avait peut-être laissé de l'amertume mais il avait le mérite de n'avoir rejoint aucun gang !

- Ces pièces de puzzle s'assemblent petit à petit, expliqua Jamie. Avec les témoignages nous avons pu identifier quelques criminels, certains morts lors de l'attaque, d'autres en cavale. Le plus urgent est de savoir s'ils se sont dispersés ou comptent-ils continuer dans leur lancée ? Le shérif est sur une piste mais je n'en sais pas plus pour le moment, vous serez tenu au courant si vous êtes... des nôtres, sur cette affaire.

Le ton doux qu'il avait employé était sa voix au naturel, Jamie Anderson n'était pas un homme qu'on pouvait définir de dur et sévère, même s'il pouvait l'être lorsque la situation l'exigeait.
En revanche présentement, rien ne l'y obligeait.
Thomas Powell bien qu'il montrait que sa moralité n'avait pas changé avec la fin des hostilités, était quelqu'un de très réceptif, avec qui Jamie le sentait, il pouvait parler sans que cela ne tourne au vinaigre. Le chef en lui était toujours perceptible, ce n'était pas un simple soldat qui aurait fait preuve de cette diplomatie.

- Nous serons amenés à nous revoir, alors je vous dis à bientôt, monsieur Powell.

(C) LAURA


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