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Don't let me drown | Tahlako & Judith
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Judith Henley

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Judith Henley
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Ven 17 Mar - 1:06



  • Type de RP: event/normal/solo/flashback
  • Date du RP : 07/01/1966
  • Participants : @Tahlako & @Judith Henley
  • Trigger warning : auto-mutilation, anxiété
  • Résumé : Ce RP est la suite directe des événements entamés [url=]ici[/url] concernant Tahlako et Judith.

Judith Henley

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Ven 17 Mar - 1:07

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Les crocs s’enfonçaient dans l’épiderme, le cisaillant maladroitement, faisant jaillir le liquide carmin qui coula doucement dans sa bouche, sa langue redécouvrant la substance ferreuse. Ce n’était pas la première fois. Dès lors que l’angoisse montait, c’était une solution qu’elle avait trouvé pour mieux la canaliser, remontant sa manche pour mieux abîmer son corps, étouffant ses cris partagés entre douleur et terreur. Elle avait ce sentiment terrible de ne plus pouvoir respirer, de ne plus pouvoir laisser l’air pénétrer ses poumons pour survivre. Elle allait mourir, son intime conviction le lui susurrait comme une peste vous rappelant la finalité de votre existence. Alors elle serra plus fort encore, retenant un nouveau cri.

Elle ne l’avait pas vu entrer. Elle n’avait pas vu la fenêtre bouger. Tout ce qu’elle perçut, ce fut cette silhouette s’avançant vers elle, comme tapie dans l’ombre. Le cauchemar ne faisait que se poursuivre. Ecarquillant les yeux, lâchant la pression de sa mâchoire sur son bras, elle le libéra pour mieux plonger sa main sur le manche de son couteau qui n’était pas loin d’elle, le tendant devant elle. « Approche pas ! » Elle avait hurlé, du peu que ses poumons le lui permettait, l’air lui manquant toujours. Elle voyait sans voir, ne découpant que silhouette étrange, ne voyant que ce que ses souvenirs traumatiques venaient réveiller, non la réalité. Elle aurait pu fondre sur lui, planter le couteau dans sa chair, encore et encore. Elle ne voulait pas subir ça, pas encore. Sa mine était enragée, la Judith que tout le monde connaissait à Crimson laissant place à un fauve acculé, prêt à bondir sur quiconque tenterait de l’attaquer. Elle se défendrait jusqu’à la mort, si ce n’est plus.

Ca pas bon manger. Qu… Quoi ? Tendue comme un arc, la main tremblante tendue vers l’avant, elle fronça les sourcils, cillant dans sa détresse. Elle connaissait cette voix. Cette syntaxe imparfaite malgré une volonté certaine de communiquer. Et alors la noirceur laissa apparaître des traits sur son visage. « Ta… Tahlako… ? » Comment avait-elle fait pour raviver ce nom si peu commun à sa mémoire ? Elle ne baissa pas le couteau, toujours perdue dans ses cauchemars, bloquée dans son geste. Que faisait-il là ? Comment était-il entré ? Les questions frappaient son esprit alors que l’air entrait péniblement dans sa poitrine, la forçant à geindre, respiration sifflante qui trahissait l’angoisse. Il parlait. Elle ne comprenait pas exactement ce qu’il disait, mais il tentait de lui venir en aide. « Je… respirer… Aide-moi… » Sa main libre s’était portée à sa gorge à nouveau tandis qu’elle suffoquait de plus belle. Les forces lui manquant et les crispations se lançant par vague, elle finit par lâcher à nouveau le couteau qui retomba à ses côtés, sa main venant tirailler son tablier qui l’entourait. Elle voulait se libérer de toutes les contraintes qui étaient les siennes, alors que cette corde invisible semblait se resserrer encore. Son visage rougissait à mesure qu’elle perdait pied, à mesure que l’angoisse se répandait dans ses veines brulantes.

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Dim 26 Mar - 18:39
N'approche pas. Ils disaient tous ça. Surtout elle. Levant comme toujours les mains devant lui, paumes vers la jeune femme, il s'arrêta net. "Je pas approche." répondit il avec douceur, comme s'il parlait à une enfant qui le menaçait avec un gravier. Un gravier en acier, coupant, tranchant, pointu et gros en plus. Il la fixait avec toute sa sincérité, inquiet pour elle. elle ne semblait pas aller bien. Elle n'avait même pas crié aussi fort que d'habitude. Les blancs, ça criait tout le temps et ça s'étonnait de voir les forêts vides. Ils devaient penser que la Nature était sourde. Et puis elle sembla le reconnaitre et même se souvenir de son nom. Son sourire brilla, blanc, dans son visage caché par la pénombre.

"Tahlako, oui, je. L'aigle." mais elle n'écoutait déjà plus. C'était étrange ce qu'elle faisait. Il avait vu des femmes hurler et pleurer après qu'une tribu aie décimé les hommes et enlevé les enfants. elles se griffaient les joues et se roulaient par terre et disaient des mots qui tremblaient comme une avalanche mais ce qu'il se passait là était à la fois semblable et très différent. Elle se griffait le cou. Elle pouvait se faire mal. Alors, comme elle l'appelait à l'aide, il fut près d'elle en un mouvement. Il attrapa le couteau, le glissa dans le col derrière et, d'un geste, ouvrit en deux la robe et le tablier. D'un autre geste, il coupa les ficelles de tissu qui retenaient une sorte d'armure qu'elle avait autour de la taille. Ca ne devait pas être facile de respirer avec ce truc.

Il se souvint alors qu'elle n'aimait pas être nue et qu'il venait justement de la mettre dans cet état. Ce qu'elle était belle. Il lui semblait que sa peau brillait et reflétait les flammes du foyer. Prenant sur lui, il enleva sa longue tunique de peau et la lui passa sur la tête. Il ne pouvait pas mettre les bras. Pas plus qu'il n'avait enlevé le devant du tissu. Il ne voulait pas la blesser. Il ne savait pas trop comment faire.

"Toi respirer. Imiter l'eau dans la rivière. Oiseau qui vole. Haut, bas, dedans, dehors. Nature être avec toi. Moi être avec toi. Moi t'aider. Toi voir."

Il se mit derrière elle, et tenta de la prendre dans ses bras, sans la bloquer, pour synchroniser sa respiration avec la sienne.

Judith Henley

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Sam 8 Avr - 0:13

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Elle suffoquait. La panique se faisait étau oppressant autour de son être tout entier et il ne lui semblait décemment pas possible de survivre dans de telles conditions. Le souvenir traumatique se rappelait à elle, flashs incessants qui venaient se placer entre la réalité et elle. Alors elle avait eu peur. Alors elle avait tendu la lame devant elle, forçant son assaillant à lever les mains. Cette fois-ci, elle se défendrait. Cette fois-ci, elle avait le pouvoir de le faire. Et pourtant, le voile tombant peu à peu, elle reconnut les traits du jeune Natif qui lui était déjà venu en aide une fois. Tahlako. Prononcer son nom était un réconfort pour son être et elle sentit sa main retomber sur le sol, l’acier créant sa propre musique à la rencontre de la pierre.

Elle cherchait l’air, elle ne parvenait plus à le faire entrer dans son corps, se débattant avec une force invisible. Alors oui, elle le supplia presque de l’aider. Il devait lui enlever cette corde invisible. Il devait l’empêcher de mourir. La silhouette se déplaça vers elle avec une vivacité certainement exagérée par l’angoisse, Judith ayant alors l’impression qu’il s’était téléporté. Elle vit l’éclat de la lame alors qu’il la passait dans son dos, ne réalisant pas immédiatement de quoi il s’agissait. Puis, le tissu qu’elle portait se fit plus lâche, se libérant peu à peu de ses nœuds et laissant à sa cage thoracique plus d’espace. Le corset avait cédé. Seulement, l’air frais sur son dos lui donna une autre indication qui raviva d’autres souvenirs flous.

Frissonnant, elle tenta de calmer son rythme respiratoire, captant du coin de l’œil son geste alors qu’il ôtait sa tunique. Le cauchemar, alors lui revint en pleine face. Sois sage. Ce sera pire si tu ne te laisse pas faire, tu sais… ? Tiens la bien, après, ce sera ton tour. Elle eut la nausée, soudainement, l’aigreur de son estomac remontant dans son œsophage, la forçant à se contrôler plus encore pour ravaler sa terreur. La voix de Tahlako essayait de se faire un chemin dans son esprit, mais elle était filtrée par ces mots qui semblaient être prononcés dans son oreille, murmurés. L’indien était relayé au second plan, écho diffus dans l’habitacle. Elle ne ressentit que sa présence, se glissant derrière elle, ses bras se refermant sur elle dans une cage molle, mais une cage quand même. Judith ressentit alors cette poigne dure sur son corps qu’on avait plaqué sur une surface plane. On hurlait autour d’elle, avec terreur. Il lui semblait même entendre ses propres cris. Maintenue, incapable de bouger, elle avait senti cette présence contre elle, dans son dos, avant que ne vienne la douleur, irradiante.

Dans un cri, elle se redressa brusquement, se ruant loin de Tahlako. Se reconnectant à la réalité, elle croisa le regard sombre du Natif, avant de fondre en larmes. Les sanglots, au moins, eurent le mérite d’apaiser sa respiration, de la forcer. Durant de longues minutes, le corps secoué par les pleurs, elle se laissa aller, achevant sa course sur le sol de la cuisine, allongée à terre. Les yeux clos, elle sentit la tempête passer, peu à peu, les images se faisant moins claires dans son esprit, l’angoisse ayant passé son apogée. Peu à peu, elle retrouva contenance, pour finalement respirer presque normalement, rouvrant les paupières, les yeux rougis par les larmes. Son corps tremblait toujours, assailli par l’angoisse, derniers vestiges de la crise qui s’effaçait.

Les cheveux décoiffés, les joues striées de trainées salées, elle se redressa péniblement, s’asseyant contre la cuisinière, ramenant ses genoux contre elle pour mieux enfouir sa tête dans ses bras. « Pa… Pardon. Excuse-moi, je… J’étais… » Comment expliquer cela à quelqu’un alors qu’elle n’avait, elle-même, que des bribes du déroulé de cette terrible nuit ? Oiseau qui vole. Visualisant les ailes allant de haut en bas, elle chercha à redonner vie à son souffle, entendant enfin ce qu’il avait pu lui dire, comme si sa conscience lui autorisait à en avoir conscience. « Merci… Je sais que tu voulais m’aider mais… Je ne peux pas… Être touchée… » Le contact l’effrayait. Le contact réveillait les monstres tapis dans son esprit. Ce contact, en particulier, lui était bien complexe. « Je… Je n’ai pas eu de corde autour du cou, hein ? »

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Dim 16 Avr - 18:33
Elle se débattait, il la laissa partir sans comprendre. L'horreur sur ses traits étaient bien trop vive pour qu'il s'autorise un commentaire. IL la laissa libre. S'interdisant de la consoler tandis qu'elle pleurait, allongée sur le sol de pierre. Pourquoi, comment, il avait déjà vu des indiennes hurler et s'arracher les cheveux. Il avait vu des blancs dont les fermes avaient brulé jeter des choses à terre. Il y avait quelque chose de cette violence là mais qu'il ne comprenait pas dans cette cuisine si sage. Chaque fois qu'il était venu voir, l'homme médecine de la maison n'avait rien de spécial et la femme aux cheveux de crépuscule semblait calme. Et là elle devenait comme une louve qui aurait perdu ses petits. Pas normale. IL attendit. Malgré l'envie de la réconforter et de l'enlacer à nouveau parce qu'il avait senti son odeur et qu'il était un homme et qu'il aurait eu envie de la sentir à nouveau. Il attendit. Que l'orage passe, que la vague s'échoue sur la berge. Et elle le fit comme elles le faisaient toujours. Au moins ne s'était-elle pas blessée.

"Toi mieux ? Eau." il lui tendit une tasse avec de l'eau potable à l'intérieur pour l'aider à reprendre encore plus de calme. "Pas cordes ici. Juste toi, tes mains. Homme maison pas bon pour toi ?"

Il se souvenait de leur discussion sur ce qui étaient les problèmes de femmes et les problèmes d'homme. Déjà à l'époque elle s'était montrée sensible sur ce sujet. Il ne voulait pas la brusquer mais il voulait comprendre...parce qu'il s'intéressait à elle, tout simplement.

"Je pas toucher. Je passer, voir violence, vouloir aider. Je pas... colère. Pas coeur touché. Vouloir aider. Pas réussir. Pardon de moi, pas pardon de toi."

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Ven 5 Mai - 1:08

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La tempête trouvait son accalmie après avoir atteint son climax. Prenant de profondes inspirations, la jeune rousse se calmait peu à peu, ne prenant pas immédiatement conscience de l’état de ses vêtements et de la situation. Elle s’était confondue en excuses, sachant qu’elle avait dû sembler d’une violence certaine, d’une agitation incontrôlée et incompréhensible. Elle avait tenté de lui expliquer, sommairement, les raisons. Mais il n’avait pas besoin de tout cela. La patience dont il avait fait preuve était exceptionnelle. Beaucoup auraient mal agi et pourtant, lui s’était statufié, en retrait, attendant qu’elle parvienne à s’extraire de cette triste situation par elle-même. S’ancrant dans le présent en venant machinalement planter ses ongles dans les paumes de ses mains, elle finit par soupirer longuement, ses yeux clairs se posant sur Tahlako.

Toi mieux ? Eau ? Elle hocha la tête, s’emparant de la tasse avant de la porter à ses lèvres, laissant le liquide glisser dans sa gorge, redécouvrant l’espace qui lui permettait tant de se nourrir que de respirer. Pas cordes ici. Juste toi. Tes mains. Evidemment. Le délire l’avait plongée dans des perceptions erronées de la réalité et elle avait fini par s’infliger ce qu’elle craignait devoir ressentir. Homme maison pas bon pour toi ? Surprise, elle haussa les sourcils avant de ciller. « Le docteur Riagal ? je… Non. Non, ce n’est pas ça. Il est un peu ronchon, mais il n’est pas mauvais. » Au contraire des hommes qui pouvaient engager une jeune femme comme elle et comme les rumeurs pouvaient le laisser entendre, Faolán Riagal était très à cheval sur les principes et prenait bien garde à ce que les distances demeurent, entre elle et lui. Elle lui était d’une extrême reconnaissance, tant pour lui avoir fait confiance que pour s’acharner à tenter de lui enseigner tant bien que mal la lecture. Il avait bon fond et bon cœur et Judith l’appréciait énormément pour ces qualités et savait quelle pépite Crimson détenait là.

Je pas toucher. Vouloir aider. Pas colère. Pardon de moi, pas pardon de toi. Elle pencha légèrement la tête sur le côté. « Ne dis pas cela… Tu ne pouvais rien faire. Il n’y a rien à faire quand ça arrive… C’est juste que… Aujourd’hui est un jour compliqué. Avec beaucoup de mauvais souvenirs. » Sentant la fraîcheur de l’air glisser sur son épaule, elle prit conscience du tissu qui la quittait peu à peu, le rattrapant pour le retirer ver le haut et l’arrière afin d’éviter une nouvelle scène où elle finirait à demi-dénudée devant lui. « Tu… passais ? Dans Crimson ? C’est loin de chez toi, non ? »

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Jeu 11 Mai - 10:20
"Dok-to-rri-a-gal" C'était un long mot. Probablement un homme important, ils avaient toujours des noms plus longs que les autres. Chez les natifs comme chez les colons. Au moins n'était-il pas mauvais d'après Judith. Habitué des "n'approche pas" et ses variantes, il resta a distance raisonnable et n'essaya pas de l'aider avec ses habits. Les colons étaient curieux avec la nudité. Ils la faisaient jamais comme il le fallait. Il était même plus émouvant à ses yeux de la voir s'évertuer à se couvrir et l'imaginer en dessous. Après tout, il n'avait jamais oublié ce qu'il avait vu ce soir là, dans la rivière.

"Aujourd'hui spectacle dans ville. Tout le monde grand place. Bon moment pour passer." Ce qu'ils faisaient avec leur monument en bois, leur estrade et leurs discours ne le regardait pas. Il était juste venu s'assurer qu'il ne s'agissait pas de Tolowa ou de Miwok. Mais, surtout, il passait souvent, en réalité, attraper juste des images de la jeune femme aux cheveux de feu. Parce qu'il aimait la voir. Il ne le disait à personne. Il ne voulait pas se justifier.

"Voir traces loup. Curieux. Approcher. Voir toi." ça avait été vrai...une fois. Peu après l'arrivée du canidé en question. Il était bon de garder un oeil sur les loups. Rapidement, l'éclaireur avait compris qu'il s'agitait d'un jeune, solitaire, adopté dans la maison. Il n'y avait donc aucune raison de s'inquiéter et il n'avait gardé l'excuse que, justement, si on se décidait à lui poser des questions gênantes.

"Souvenirs hanter si pas dits. Toi devrait dire souvenirs. Sinon, eux revenir. Cauchemars ou blessure de toi. Chez nous, cérémonie des souvenirs. Pour mettre eux dehors du dedans de nous."

Des moments en groupe ou seuls à seuls avec le ou la chaman. Avec ou sans usage de plantes en fonction de la difficulté que l'on pouvait ressentir à revivre les souvenirs en question. Tahlako n'avait encore rien vécu de véritablement effrayant ou traumatique alors il n'avait que peu eu recours à ces techniques mais il avait croisé plein de familles déchirées et savait reconnaitre les cris de la véritable souffrance. Quoi qu'il se soit réellement passé dans le passé de la fille de flammes.

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Lun 15 Mai - 0:14

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Aujourd’hui spectacle dans ville. Elle frissonna. Comment pouvait-on parler de cette horreur macabre comme d’un spectacle. A nouveau, elle passa ses doigts sur sa gorge, la caressant avec douceur comme pour effacer définitivement la sensation rêche de la corde invisible. Bon moment pour passer. C’était peut être bien la seule chose positive de cette journée. Le jeune natif avait pu se frayer un chemin, la populace maigre de Crimson s’étant retirée pour mieux aller jeter un œil à la grande attraction qu’était devenue la pendaison. « Tu as raison, d’être prudent. De faire attention. Les gens d’ici… Ils pourraient penser que tu es un danger. » Elle désigna son arc du menton pour appuyer ses propos. A dire vrai, elle ne l’aurait jamais connu auparavant, elle aurait pu hurler, elle-même, de terreur de voir un jeune Indien dans sa cuisine. Mais Tahlako n’avait rien de mauvais, bien au contraire. Elle lui devait déjà la vie, avant ce jour. Devait-on considérer que sa dette ne faisait que s’allonger ?

Voir traces loup. Elle soupira en levant les yeux au ciel. « Cette foutue bestiole… Il n’y aurait que moi, il fouterait le camp aussi vite qu’il est arrivé. » Elle avait légèrement plissé les narines, sa désapprobation se lisant sur son visage. Ce n’était pas qu’elle haïssait fondamentalement le loup, mais elle le craignait pour ce qu’il était : un animal sauvage qui finirait par retrouver ses instincts primaires. Déjà, quand il pénétrait la cuisine, posant ses sales pattes sur les meubles pour mieux attraper de sa grande gueule des morceaux de viande qu’elle était en train de travaillait, elle hésitait à s’interposer. Elle ne voulait pas être mordue. Tentant de l’effrayer à coup de paroles mécontentes, elle avait fini par faire par de la problématique au docteur qui avait trouvé, pour unique solution, de faire fermer la cuisine quand elle ne s’y trouvait pas ou quand elle travaillait activement. Bah tiens. C’était l’animal le problème, mais c’était elle qu’on enfermait, si ce n’était pas un comble, ça…

Voir toi. Elle avait relevé ses yeux clairs vers lui, souriant avec douceur. Ainsi donc, il avait su retrouver sa trace, lui qui l’avait laissée aux portes de Crimson ou presque. « Je suis contente… De te voir. » Et c’était vrai. Depuis quand n’avait-elle pas ressenti se plaisir des retrouvailles, d’être auprès de quelqu’un qui semblait s’en faire véritablement pour elle ? Souvenirs hanter si pas dits. Ah. Les yeux clairs s’assombrirent, se baissant instantanément alors que Judith prenait le temps de se relever. Toi devrait dire souvenirs. Sinon, eux revenir. Elle hocha machinalement la tête de gauche à droite. Chez nous, cérémonie des souvenirs. Pour mettre eux dehors du dedans de nous. Les lèvres pincées, elle releva cependant le regard. Était-ce possible ? Par quelle sorcellerie, alors… ? « Je… Je ne peux pas… » Et elle ne voulait pas, non plus. L’un dans l’autre, les deux notions s’imbriquaient. Le peu de flashs qui pouvaient lui revenir étaient suffisamment terrible pour qu’elle choisisse de laisser ce voile en place, l’empêchant de revivre le traumatisme de ce jour sombre. « Je ne me souviens… Pas. Je… Je ne peux pas me souvenir. » Les tremblements, doucement, reprirent dans ses mains qu’elle regarda un instant. Prenant de profondes inspirations, elle chercha à se détourner de lui, comme elle l’avait fait avec le docteur Riagal quand il lui avait annoncé qu’il devait y aller.

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Mer 17 Mai - 19:35
Ils n'avaient pas tort, ces autres, de se méfier des natifs. Comme ils ne connaissaient pas les codes, les plumes et ornements qui différentiaient un pisteur d'un guerrier, un Tolowa d'un Miwok, il valait mieux pour eux qu'ils se méfient de tous plutôt que de tomber bêtement sur le mauvais. Le cerfs s'enfuit au moindre bruit, il n'attend pas de savoir qui du sanglier ou du loup l'a produit. C'est ainsi qu'il survit. C'est normal. Tahlako hocha la tête. Pour une fois que les blancs étaient logiques, il n'allait pas le leur reprocher.

Elle leva les yeux au ciel et il sourit un peu. Là encore, il était de son avis. La place d'un loup n'était pas dans une ville. Il n'avait pas encore pu examiner l'animal mais les traces étaient celles d'un jeune. Bon. Cela voulait dire, puisqu'il n'y avait pas de trace de la mère aux alentours, et encore moins de meute entière, que le petit n'avait pas de cercle social parmi les siens. soit il avait été capturé loin d'ici et apporté dans une cage pour plaire aux colons qui voulaient des émotions fortes, ce que le pisteur désapprouvait totalement, soit il avait été trouvé et adopté pour ne pas finir dévoré par les vautours. Et là...et bien il était naturel que les faibles et les orphelins meurent mais l'adoption se faisait aussi dans la nature aussi était-il plus partagé. Dans tous les cas, à terme, sa place serait dans la forêt et pas dans une maison faite d'arbres mais morts.

Enfin, ils revinrent aux souvenirs et l'attention du garçon se fit plus aigue. Il la regarda inspecter ses mains, chercher ses mots. Sans réfléchir, il posa ses paumes sur les siennes pour les cacher aux doutes qu'il lui semblait saisir dans la voix.

"Si toi pas savoir, pas savoir. Si pas te rappeler, pas te rappeler. Toi pas fâchée toi. Toi aimer toi. Moi aimer toi. Toi être bien-aimée. Bien...veilleuse ? Veillante ? Toi être gentille toi. Pas forcer. Pas mettre mains dans faille et ouvrir-casser. Souvenir être comme vent. Parfois là mais pas sentir. Parfois pas là. Parfois fort et tout briser. Parfois agréable. Parfois froid, parfois chaud. Pas colère contre vent. Pas pas-aimer vent. Vent être. Souvenir être. Toi être aussi."

Il n'avait pas conscience du mauvais usage de certains des mots qu'il employait et voulait surtout lui dire qu'elle devait être moins dure avec elle-même et qu'il l'admirait mais ces nuances étaient tellement difficiles à exprimer quand on ne parlait pas la langue !

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Sam 20 Mai - 1:17

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Les tremblements secouaient ses doigts, ses paumes. La crise venait de passer alors pourquoi ? Risquait-elle une nouvelle bataille face à ses souvenirs, face à elle-même ? Elle n’en avait pas la force, elle le savait en son for intérieur. Cherchant à apaiser sa respiration qui, à nouveau, s’emballait, elle prit une profonde inspiration avant de sentir les doigts de Tahlako glisser contre les siens. La paume de ses mains vint trouver les siennes et, doucement, sa simple présence effaça l’angoisse montante, plus encore quand il reprit la parole.

Si toi pas savoir, pas savoir. A quoi bon tenter de ressasser ce qui était enfoui pour mieux la protéger ? Comme le jeune garçon cherchait à lui expliquer, elle ne devait pas s’en vouloir. Elle ne pouvait pas s’en vouloir. Et pourtant, la culpabilité était bien vivante, en elle, la rongeant comme le vinaigre ronge la roche. Si seulement elle pouvait se souvenir. Si seulement elle pouvait raviver l’histoire cruelle qui avait mis un terme à l’existence de sa famille. Et se rappeler des coupables de tout ceci, s’exorcisant de ce qu’elle a pu commettre, dans cet instant d’amnésie. Les flashs ne suffisaient qu’à la placer dans un état de terreur profonde, souvent ravivé par des bruits, des gestes ou des odeurs. Elle ne contrôlait rien. Les douces paroles du jeune homme face à elle l’aidait à tempérer momentanément sa peur, mais s’il avait raison, elle savait également qu’elle devrait, un jour, affronter sa peur pour mieux extorquer la vérité de son esprit.

Moi aimer toi. Elle avait doucement sourit, lui adressant un regard doux. Judith n’était pas sotte et savait comme l’Indien s’exprimait difficilement en sa langue, aussi, elle n’eut pas la certitude de ce qu’il affirmait. Ou plutôt, dans la continuité de ses propos, elle le considéra comme une confession de son amitié pour elle, rien de plus. Souvenir être comme vent. L’écoutant alors qu’il plongeait dans cette métaphore, elle referma machinalement ses doigts sur les mains de Tahlako. Inspirant doucement, elle hocha la tête pour marquer son acquiescement avant de répondre. « Je sais, tout cela, dans mon cœur… Mais… Ce souvenir là est important et un jour… Un jour je devrais savoir ce qu’il s’est vraiment passé… Ce vent là est très violent. C’est une tempête où l’orage gronde et où les maisons entières sont emportées par cette force invisible. Ce souvenir… Il a tout détruit. » C’était difficile de lui expliquer comme elle ne maîtrisait pas les choses aussi, toussotant légèrement, sans lâcher la pression qu’elle exerçait sur ses mains, elle poursuivit. « J’aimerais pouvoir oublier ce souvenir ou m’en souvenir. Mais je suis dans cet entre-deux permanent. Il y a… Des choses, qui le réveillent. Des bruits. Des odeurs… Des objets, comme une corde que l’on passe autour du coup ou… Des mains qui m’étreignent. » Soupirant à nouveau, elle plongea l’azur de ses prunelles dans l’abysse noir des siennes. « Tu comprends ? Et si on découvre tout ceci alors… Je devrais à nouveau courir loin d’ici. »

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Mar 30 Mai - 22:29
Savoir sans son coeur et savoir dans son âme étaient deux choses totalement différentes. Il ne pouvait pas lui en vouloir de ne pas réussir à s'affranchir de ses cauchemars. Il soutint son regard. Il raffermit sa prise. Sans la bloquer mais en cherchant à lui insuffler un peu de sa force à lui, cette certitude qu'elle ne pouvait pas être foncièrement mauvaise. Il connaissait beaucoup de blancs et certains natifs moins bons qu'elle.

Savoir dans son coeur et savoir dans son âme étaient deux choses totalement différentes. Tahlako savait qu'aucun mot, aussi parfait soit-il, pouvait rassurer la jeune femme à cet instant précis. Il savait aussi que l'entre deux eaux était le pire. Le plus dangereux. Le plus mortel. Alors il comprenait son souhait. S'il avait pu, il lui aurait donné les recettes pour se souvenir ou oublier. Les choses n'étaient pas aussi simple. Il ne suffisait pas de croquer un champignon rouge ou un bleu pour se souvenir ou oublier. Le Manitou n'était jamais aussi catégorique.

Savoir dans son coeur et savoir dans son âme étaient deux choses totalement différentes. Tahlako comprenait qu'elle disait devoir s'enfuir si les souvenirs devenaient réalité et se savaient dehors. Il le comprenait dans son âme. Son coeur, lui, le refusait totalement. Il comprit alors qu'il ne voudrait pas la laisser partir seule, si blanche, maladroite et voyante, dans les déserts rouge de son pays.

"Vent de toi fort. Ame forte aussi. Vent, orage emporter aussi pollen et graines qui germent loin de la fleur. Peut-être vent emporter toi ici pour germer et fleurir. Peut-être pas et emporter toi encore. Pas que toi."

Il chercha un moment ses mots. Les concepts qu'il cherchait à aborder étaient complexes et difficiles à transcrire dans le langage imparfait des colons.

"Vent tombé ici. Accalmie. Toi te reposer. Boire la terre avec pieds. Construire. Si vent revenir, pas emporter que toi. Emporter aussi bout d'ici. Toi pouvoir prendre le ici dans le là-bas et construire plus fort. Un jour, vent tomber et jamais revenir. Toi être toujours toi."

Il espérait qu'elle comprenne ce qu'il voulait lui dire. Au moins l'explicite mais, au fond, il voulait qu'elle sache aussi cette promesse informulée qu'il venait de se faire de se laisser emporter, lui aussi, si le vent venait à arracher Judith de ces terres...

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Dim 2 Juil - 11:09

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Vent de toi fort. Âme forte aussi. Elle avait souri avec douceur face à ces mots. Parfois, Judith oubliait tout ce qu’elle avait dû affronter et la force de sa résilience. Entendre un jeune homme relever cette force intérieure, quand on savait qu’il avait une culture prônant la sagesse, était l’un des meilleurs compliments qu’elle pouvait recevoir. Alors oui, ce traumatisme qui résonnait en elle était fort mais sa capacité à l’affronter l’était tout autant puisque, même si cela nécessitait des crises et des larmes, elle n’avait cédé à cela. Tahlako poursuivit son idée, rappelant que le vent pouvait entraîner au loin de belles choses qui pourraient alors grandir à nouveau et fleurir dans d’autres contrées. Peut être Judith parviendrait-elle à s’épanouir, ici. Peut-être la graine qu’elle était, portée par le vent, saurait enfin s’accrocher au sol pour y prendre racine ? Ou, comme il le souligner, peut-être serait-elle amenée à voyager à nouveau. Pas que toi. Elle fronça ses sourcils orangés, ne comprenant pas entièrement ce qu’il pouvait bien vouloir dire par là. Se pourrait-il qu’elle trouve quelqu’un qui finirait par la suivre ? Ou bien ce quelqu’un serait la source de cette nouvelle nécessité de bouger ?

Vent tombé ici. Accalmie. Toi te reposer. Sur ce point, il n’avait pas tort et ce mois de décembre avait su remettre, déjà, de la joie dans son cœur. Elle n’était pas malheureuse, ici. S’il n’y avait guère eu toute cette mise en scène et si elle avait su s’en rappeler pour éviter de s’y confronter, peut-être serait-elle simplement restée dans sa cuisine, à préparer le repas du jour, sans cette tension croissante qui avait fini par exploser. Le docteur Riagal l’avait traitée comme bien peu de monde l’avait traitée auparavant et elle jouissant en cette demeure d’un confort qu’elle n’aurait pu qu’imaginer. Si vent revenir, pas emporter que toi. Emporter aussi bout d’ici. Elle espérait que non. Elle espérait épargner Faolan de ses problèmes et lui en éviter, par ricochet. Que risquait-il, à abriter une criminelle sans en être conscient ? Pourrait-il être accusé d’une certaine complicité ? Un jour, vent tomber et jamais revenir. Était-ce l’illusion qui avait su bercer son père quand il avait fait ses propres choix qui avaient conduit à cette horrible finalité ? « J’aimerais connaître le contenu de mon avenir, parfois… Pour m’assurer que les choix que je peux faire sont les bons… Et j’espère que ma route puisse s’arrêter ici. Crimson est une petite ville et j’y trouve peu à peu ma place… J’aimerais pouvoir être sûre d’y rester… » Elle soupira doucement, une main se détachant de la sienne pour replacer une mèche flamboyante derrière son oreille. « Et… Je ne veux pas que d’autres personnes aient à subir mes problèmes, tu sais… Je ne suis pas sûre de vouloir les voir arrachés à leur propre vie par ma faute. A moins que ce ne soit leur choix… »

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Mer 12 Juil - 23:18
Connaitre l'avenir ? Mais comment savoir si les choix même alors seront bons ? A moins de tout savoir mais alors ce serait comme ces routes que les blancs aiment tant. Une unique façon d'aller d'un endroit à l'autre. Une façon qui ne serait que bonne alors que toutes les autres étaient mauvaises. Les cicatrices sur la terre laissaient certes une marque facile à suivre seulement elles empêchaient de partir à gauche ou à droite sur la peau de la Nature. On ne faisait que toujours le même chemins, avec les mêmes obstacles, les mêmes paysages. Ce n'était pas vivre.

Les choix étaient pareils. Ils pouvaient sembler mauvais et au final être bons ou bien l'inverse mais surtout ils n'étaient ni bons ni mauvais, ils étaient des pas sur la route de la destinée qu'on se traçait soi-même, guidé par les esprits, les étoiles et les coeurs des hommes.

"Quoi être choix ?" Il connaissait le mot et le concept, bien sûr. Ce qu'il voulait lui faire comprendre était plus complexe et donc plus difficile pour lui à exprimer avec son vocabulaire limité. "Vent pas être choix. Vent souffler, porter, tomber. Germer, pas germer, pas être choix. Survivre, pas survivre pas être choix. Vivre pas choix."

Ses yeux se perdirent un peu dans le vague alors qu'il tentait de trouver les termes adéquats à ce qu'il voulait dire. Toujours ce barrage de la langue. Si seulement Clarence voulait bien enseigner ce qu'il savait à la rousse... mais Tahlako n'osait pas le lui demander. Il savait qu'il serait incapable de résister au regard perçant du vieillard et que celui-ci devinerait tout de suite son secret.

"Choix de moi. Subir problèmes de toi. Arrachés ma vie ta faute. Choix de moi." fit-il finalement, le regard grave, reprenant doucement sa main dans la sienne. "Voulez ami toi, moi."

Judith Henley

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Judith Henley
Âme mystérieuse
Mer 19 Juil - 17:42

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Quoi être choix ? La lassitude, conséquence de la crise, l’empêchait de comprendre ce qu’il voulait dire. A son regard, elle comprit qu’il ne lui demandait pas d’expliquer cette notion, qu’il savait ce qu’elle voulait dire, mais que lui peinait à vouloir développer une idée. Et Judith se sentait incapable de l’aider. Voulait-il dire par là qu’il cherchait à estimer les possibilités ? Fronçant les sourcils, le regardant avec une intensité certaine, elle tenta de comprendre alors qu’il tâchait d’expliquer dans un calme certain.

Vent pas être choix. Ven souffler, porter. Tomber. Germer, pas germer, pas être choix. Survivre, pas survivre, pas être choix. Vivre pas choix. Elle s’inquiétait de ses propos. Essayait-il de lui dire que tout ceci était régi par… Quoi ? Dieu ? Il ne croyait pas en cela, c’était une certitude, tout comme elle s’était détournée de ces croyances quand elle comprit qu’aucun Dieu n’aurait su permettre ce qu’elle avait pu vivre. Quant au fait de survivre, Judith n’était pas d’accord. C’était un choix. Elle aurait pu rendre les armes. Elle aurait pu abandonner, clore ses paupières, et attendre que vienne la bonne amie que pouvait être la mort. Mais non. Judith avait fait le choix difficile : celui de rester, malgré les fantômes qui la hantait. Celui de se battre pour connaître, un jour, la vérité, et prôner la Justice, la vraie.

Choix de moi. Subir problèmes de toi. A nouveau, elle le regarda sans véritablement comprendre. Voulait-il réellement s’ennuyer de cette étrangère, de cette inconnue à qui il était venue en aide par deux fois déjà ? Ne voyait-il pas quel boulet elle serait à sa cheville ? Choix de moi. « Tahlako… » Pouvait-elle vraiment le laisser prendre une telle décision ? C’était son choix, oui. Mais il ignorait cette ombre qui grandissait en elle. Il ignorait tout. Il ne connaissait d’elle que cette jeune femme se baignant dans une rivière, souriante, lui offrant de partager son repas après qu’il l’ait aidée dans une situation qui aurait pu être bien plus terrible. La main du jeune homme s’était saisi de la sienne, douce, délicate, Judith n’offrant aucune résistance dans ce geste simple et pur. Voulez ami toi, moi. Elle sourit, terriblement touchée de cette générosité qu’il offrait sans attente, sans contrepartie. Il semblait n’attendre que son autorisation, que la possibilité de voir cette amitié se créer. « Je ne mérite pas ton amitié, Tahlako… » C’était certainement plus vrai qu’il ne le saurait jamais. Mais, d’un autre côté, Judith avait été si seule pendant si longtemps que l’idée d’être enfin soutenue et épaulée était une chose des plus appréciables. Une larme glissa le long de sa joue alors que sa seconde main venait se reposer sur leur étreinte. « Mais si c’est ce que tu veux alors… Je serais honorée de te compter parmi mes amis. »

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Mar 25 Juil - 11:42
Mériter l'amitié ? L'amitié n'était pas une peau de bête que l'on échangeait. Cela se donnait. A la rigueur, c'était un don réciproque mais là encore, pas toujours. Il n'argumenta pas. Il voyait bien son agitation et la larme qui coulait sur sa joue. De sa main libre, il la cueillit. Une larme n'était pas très différente d'une goutte de rosée. Il ôta son doigts, alors que l'eau s'évaporait déjà. Et qu'elle acceptait.

Il en fut heureux. Il aurait été son ami même si elle ne l'avait pas voulu mais ça n'aurait pas été pareil. Il s'était ouvert à elle. Elle ne l'avait pas rejeté. Rien que ça c'était un cadeau immense. Son sourire, blanc sur sa peau sombre, illuminait l'endroit.

"Je revenir voir toi ? Pouvoir ?"

Judith Henley

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Judith Henley
Âme mystérieuse
Mar 8 Aoû - 17:24

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Doucement, il avait porté la main sur son visage, venant caresser sa joue pâle de son pouce afin de cueillir cette larme solitaire, l’interrompant dans sa course. Pas à un seul instant, Judith n’avait tenté de s’éloigner, se laissant faire, la douceur du geste se voulant rassurant, appréciable. Soupirant légèrement alors qu’il rompait le contact, se défaisant à son tour de cette tristesse imagée par cette goutte d’eau salée, il avait souri. Je revenir voir toi ? Pouvoir ? Elle releva ses yeux clairs vers les siens, si sombres, un sourire franc se dessinant peu à peu sur les lèvres. « A chaque fois que tu le désireras, oui. » Qui serait-elle pour l’en empêcher, lui qui était si gentil avec elle, lui qui ne faisait que révéler le meilleur de sa propre personne ? Mais le pourrait-il réellement ? Serrant un peu plus ses doigts sur les siens, s’assurant de garder son attention, elle poursuivit. « Mais ne te mets pas en danger. Tout le monde ici ne souhaite pas voir… Certains auront peur de toi et leur peur pourrait leur faire faire des choses stupides. Je ne veux pas qu’il t’arrive malheur par ma faute alors reste prudent, d’accord ? Sans compter que le docteur Riagal pourrait se méprendre à te voir rôder autour de sa maison. » Et il y avait ce loup, désormais, qui pourrait également s’en prendre à lui… Tant de choses étaient réunies pour rendre ces visites compliquées et pourtant, Judith n’aspirait qu’à le voir se joindre à elle plus régulièrement.

Reprenant conscience de la scène dans laquelle ils se trouvaient tous deux, elle ne tarda pas à se rappeler que le docteur serait bientôt de retour et qu’il leur faudrait être capable de donner le change à ce moment-là. Après tout, elle était maintenant bonne pour se changer afin de revêtir un corset qui serait plus opérationnel, le laçage de celui-ci étant définitivement fichu. « Tu devrais partir… Je dois me remettre au travail et… Je ne peux pas le faire dans cette tenue. » Elle lui offrit un maigre sourire mais il ne se fit pas prier pour quitter les lieux, de la même façons qu’il les avait investi. Le regardant faire, Judith s’assura qu’il puisse parvenir à s’en aller sans encombre avant de reprendre les choses, là où elle les avait laissé, l’esprit pourtant bien plus léger qu’à son réveil.

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