Judith Henley - Did I do what I'm accused of ?

Quelle serait la mort de ton personnage ?
✗ Rattrapée par son passé, la tête de Judith finirait par être mise à prix. Dénoncée par un voisin, on l'aurait conduite jusqu'à la potence sans même lui offrir le procès équitable qu'elle espère, ou sans même pouvoir compter sur les témoignages de ceux qu'elle aurait côtoyé ces dernières années. Son corps finirait par se balancer au bout d'une corde.

Quel est ton but à Crimson Town, à court et long terme ?
✗ Se faire oublier, espérant que le passé ne ressurgisse jamais ou alors, pas de sitôt. Judith souhaite apaiser son cœur et voir son nom être assimilé à autre chose que la mort. A long terme, si les choses devaient demeurer calmes, alors pourrait-elle seulement espérer trouver sa place au sein de la ville sans dépendre entièrement de l'homme qui l'emploie et peut-être pourrait-elle faire partie de Crimson Town en dévoilant au monde ses talents culinaires.

Où étais-tu lors de l'épidémie de dysenterie en 1857 et comment l'as-tu vécu ?
✗ Elle était au Texas, le mal ayant épargné la région dans laquelle elle vivait.

« … Pour le meurtre d’Oliver et Martha Henley, leurs enfants Jake, Anne, Georgia, Beatrice et William, ainsi que celui Stefan Jenkins. De telles atrocités méritent la mort, par pendaison… » Elle n’écoutait plus qu’à demi-mot. Les larmes ne coulaient plus, même, de ses yeux alors que les noms de tous ces gens qu’elle avait aimé étaient énoncés, l’un après l’autre. Le visage de son père, de sa mère, puis de ses frères et sœurs, revenaient inlassablement dans son esprit. Leurs sourires, leurs regards brillants… C’était ainsi qu’elle souhaitait les avoir auprès d’elle, non dans le souvenir de l’horreur sanglante qui les avait pris.

La corde, autour de son cou, venait irriter sa peau. Bientôt, tout ceci serait fini. Bientôt, elle serait auprès d’eux, elle qui avait survécu sans même être capable de l’expliquer. Elle pourrait à nouveau jouer avec ses frères, son aîné ébouriffant ses cheveux alors que leurs benjamins se ruaient sur eux deux. Car ainsi avait été la fratrie Henley, heureuse et soudée. Comment pouvait-on seulement croire qu’elle les ait tous abattus de sang-froid, demeurant sur les lieux de son crime ? C’était insensé. Rien n'avait plus le moindre sens mais sans la capacité de se souvenir, le Shériff de la petite bourgade dans laquelle elle vivait était allé à la conclusion la plus simple. Elle avait liquidé l’ensemble de sa famille, son mari inclus.

Elle ne se souvenait que vivement de lui. Pourquoi ? Pourquoi les quelques jours de joie s’étaient-ils si rapidement envolés ? Pourquoi le sourire ravageur qui l’avait conquise n’était plus encré dans les méandres de ses souvenirs ? Il y avait une raison, pour l’heure encore trouble, encore floue. Une raison qui ne serait jamais expliquée puisque son propre souffle cesserait bientôt d’aller et venir en son être. Judith était d’un calme renversant, déconcertant même, pour la petite populace rassemblée devant sa potence, se tenant silencieuse, ne parvenant pas davantage à comprendre la barbarie qui avait pris place dans la maison de campagne des Henley. La terre y était désormais noyée de sang, infertile. Relevant ses yeux clairs sur ces gens qui furent ses amis, elle chercha à lire sa propre culpabilité dans son regard.

La corde à ses poignets mangeait ses chairs, à vif, la douleur étant la seule chose qui la maintenait dans un état de conscience encore provisoire. La trappe allait s’ouvrir. Son corps allait s’écraser de tout son poids et se balancer au bout de cette foutue corde. Si elle avait de la chance, elle mourrait sur le coup, la nuque brisée, plutôt que devant encaisser l’asphyxie répugnante et lente. On annonçait son châtiment. On lui demandait quelques derniers mots mais le silence fut sa seule éloquence, le regard perdu dans le vague. L’assistance fut appelée à se manifester si quelqu’un avait chose à dire qui pousserait la justice à faire marche arrière. Quelle justice ? Celle qui était aveugle ? Celle qui accusait sans chercher à comprendre ? Elle ne voulait pas de cette justice. Elle voulait une enquête, un procès juste, des preuves… Elle voulait une vengeance sans même savoir vers qui l’orienter. Et alors que tout espoir semblait perdu et que la mort l’étreignait déjà à demi, telle une douce amie enchantée de la retrouver, un cri demanda à ce que tout soit stoppé. Le médecin de la ville avait vraisemblablement besoin de s’exprimer. Alors, il prononça des mots qui manquèrent de la faire éclater d’un rire strident. Enceinte. Voilà qu’il prétendait l’avoir auscultée et posé ce diagnostic, invoquant l’innocence d’une vie à naître. Les cris de stupeur se firent entendre à leur tour, Judith ne comprenant pas les tenants et les aboutissants de tout ceci. Tout ce qu’elle comprit, ce fut que la corde quitta sa gorge gracile et qu’elle fut ramenée dans une cage.

Elle n’eut pas à attendre longtemps car, dès le soleil couché, l’homme avait prétendu avoir besoin de procéder à quelques examens pour mieux endormir le Sheriff et faire sortir l’innocente de prison. Car innocente, lui était persuadé qu’elle l’était. Judith l’avait remercié, ne sachant plus si la mort serait plus tolérable que la vie. La guidant hors de leur territoire, il finit par l’inviter à quitter l’état, à prendre la route de la Calfornie, où elle pourrait refaire sa vie. Elle serait traquée. Elle serait recherchée. Mais elle serait libre et en vie. Lui remettant une lettre, il lui offrit deux noms. Faolàn Riagal. Et Crimson Town.