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 [FLASHBACKS] Crónicas y andanzas de un cazador.

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Emilio Magón
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MessageSujet: [FLASHBACKS] Crónicas y andanzas de un cazador.   [FLASHBACKS] Crónicas y andanzas de un cazador. EmptyMar 25 Oct - 23:36


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  • Type de RP: Divers flashback
  • Date du RP : Variées (précisions à venir)
  • Participants : Emilio Magón
  • Trigger warning : Morts, violences, injures, sexe, alcool et tout ce qui fait tâche et qui colle.
  • Résumé : Bribes d'aventures du Cazador.



[FLASHBACKS] Crónicas y andanzas de un cazador. Ptisig10
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Emilio Magón
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MessageSujet: Re: [FLASHBACKS] Crónicas y andanzas de un cazador.   [FLASHBACKS] Crónicas y andanzas de un cazador. EmptyMer 26 Oct - 0:34

[FLASHBACKS] Crónicas y andanzas de un cazador. Snowca10
Février 1858, quelque part dans l’actuel Arizona.

« Odio la nieve… »
(Je déteste la neige...)

La neige tombait abondamment, et le ciel gris ne laissait entrevoir aucun rayon de soleil. Un bourricot bien chargé suivait la jument comme son ombre. Emilio était gelé, frémissant à intervalles réguliers. Impossible de se réchauffer. S’il voulait passer la nuit, il lui fallait trouver un abri sec. Impossible de trouver du bois sec dans ces conditions et de bivouaquer sans crever de froid. Un amalgame de fourrures de gibiers sur les épaules, le Cazador n’avait pas fière allure. Le vent était mordant, glacial. Il fallait pourtant continuer. Les bêtes aussi avaient du mal. Le seul avantage de ces grosses chutes de neige, c’est qu’elles recouvriraient rapidement ses traces. Emilio se savait suivi depuis plusieurs semaines. Il avait aperçu les jumeaux Carranza au loin il y a trois semaines, l’observant depuis une hauteur, il en était persuadé. Une troisième silhouette était alors apparue à l’horizon. La Cobra ? Non, le vieux briscard ne se serait pas aventuré dans une telle chasse. Sans son magot, ses hommes avaient dû le lâcher un par un ou s’entretuer. Il n’était peut-être même plus de ce monde. En tout cas, Emilio devait s’enfoncer plus loin encore sur les terres des gringos. Continuer inlassablement. Il avait espoir de les semer avec cette tempête de neige insupportable, mais il savait ses anciens complices têtus. Se retournant vers la mule, il lorgnait sur un des sacs qui bringuebalait à son flanc. Pesos, dollars, et même un peu d’or. Une petite fortune entassée par La Cobra pendant près d’une décennie. Tu m’étonnes que ces charognards lui collent aux basques. Il ricanait.

« Así que parece que el sabueso os la ha metido por el culo, cabrones… »
(Alors, on dirait bien que le chien de limier vous l'a mis dans le cul, enfoirés...)

Il n’avait aucune idée de ce qu’il allait foutre de tout ce pognon, mais il fallait déjà qu’il sauve sa peau. Ces enfants de putain ne comptaient certainement pas régler ce différend à l’amiable. Mais ce canyon enneigé n’en finissait pas de se prolonger. Les cours d’eau étaient gelés, et il n’avait pas aperçu de gibier depuis deux jours. Les maigres lapins qu’il avait tué en début de semaine y étaient passés. Et maintenant, plus moyen de faire un feu. Il y avait bien l’astuce de se caler contre le tronc des arbres complètement enneigés, derrière leurs parures de glace, où la chaleur restait, mais les bêtes risquaient aussi d’y passer. Il n’avait quand même pas fait tout ça pour y passer ?

Dans la nuit, il avait aperçu en contrebas du chemin un cadavre de cheval. La bête était complètement gelée, les entrailles à l’air. Pas de trace du cavalier, il avait pas dû filer bien loin. Le chasseur ne donnait pas cher de la peau de ce bougre, mais pas question de subir le même sort. La mule montrait des signes de faiblesse, et Emilio lui-même n’était pas au top de sa forme. Il fredonnait des mélodies sans queue ni tête pour se donner courage, en se frottant continuellement les mains.

La journée passait ainsi, sans lueur d’espoir. Les lueurs du jour sombraient rapidement derrière les hauteurs. Les hurlements inquiétants des bêtes affamées par l’hiver résonnaient dans la vallée qu’il abordait. La nuit était là plus vite qu’on ne se rendait compte, et il faisait d’autant plus froid. La mule marquait des arrêts soudains, haletante. Le sombrero d’Emilio était décoré de stalactites. Il continuait d’avancer, l’esprit vide. Sa bouche gercée psalmodiait des mots incompréhensibles. Le froid finissait de l’endormir doucement.
Alors qu’il n’y avait plus que le bruit du vent et des corbeaux, un claquement sec le tirait de sa torpeur, résonnant dans la vallée. Il se redressait, scrutant la nuit noire. Au loin, une faible lueur. Puis deux. Puis de nouveau une. Il remotivait ses bêtes pour un ultime effort.

« ¡Vamos, animales de la desgracia! Es hora de salvar sus vidas, y la mía... »
(Allez, animaux de malheur! C'est l'heure de sauver vos vies, et la mienne...)

La jument rechignait mais se mit à accélérer légèrement, tirant sur la corde attachée au cou de la mule, la forçant aussi à augmenter la cadence. Emilio ne quittait plus des yeux la lueur. Sa main s’était instinctivement posée sur la crosse de son fusil, attaché au flanc de sa monture. Fonctionnait-il seulement encore ?

La lueur se rapprochait doucement. C’était une lampe à huile branlante, accrochée devant la porte d’une bicoque. Une petite installation humaine. Emilio devinait une grange éventrée et ce qui ressemblait à un abri à bétail intact. Quelques autres dépendances en bon état. Il avait trouvé son refuge pour la nuit, que cela plaise à ses occupants ou non.

Il arrivait doucement sur place. La mule se tenait bien et ne pipait mot. Parfait. Il fit entrer ses bêtes dans l’un des abris, où dormaient de rares poules encore en vie. Un porc mort avait été jeté dans un coin, au milieu de quelques poulets crevés. Le froid aidant, la décomposition ne faisait pas encore son œuvre et il n’y avait pas encore d’odeur. Attachant scrupuleusement ses deux amies, Emilio dissimulait ses sacs derrière un tas de paille complètement trempé. Il soufflait un grand coup et se dirigeait vers la maison. Il s’approchait en silence, le dos courbé. Le vent couvrait les bruits venant de l’intérieur, et des rideaux obstruaient l’intérieur. Il n’apercevait que la lueur de quelques lumières, mais la fumée s’échappant de la fumée le rassurait. Il allait dormir au chaud. Se rapprochant de la porte, il prit une dernière inspiration et rassemblait ses forces.

« Que comience el espectáculo. »

Un grand coup de latte suffit à ouvrir en grand la porte de l’habitation, laissant un vent glacial s’engouffrer à l’intérieur. Les rideaux se soulevaient soudainement, et deux visages émaciés et surpris se tournaient vers lui. Emilio avait son fusil bien en main, mais ne les braquait pas encore. Il fit un pas dans leur direction.

« Hola, compadres. Je suis le nouveau locataire. »
« Pitié, je… » commençait le bonhomme. Il n’avait pas fière allure, et portait lentement sa main à un revolver à sa ceinture. L’hiver et la faim ne l’avaient pas arrangé. Aucune idée de son âge, mais il en faisait 65. La bonne femme, une blonde légèrement dégarnie au niveau de la raie, happait l’air en s’agitant dans son coin. Elle était tombée sur le cul de surprise et reculait lentement vers un coin de la pièce.

« N’y pense même pas, pendejo de mierda. »

Le gus stoppait sa main nette. Emilio fit un pas de plus, refermant derrière lui.

« Donne. »
« M-mais… »
« ¡Dame tu arma! »

Elle glissait bientôt à ses pieds. La glissant entre son pantalon et sa ceinture usée, Emilio balançait sa tête de haut en bas en affichant un sourire satisfait.

« Voilà une cohabitation qui se passe bien. Okay… Escúchame, vous deux. Difficile à croire, mais… Je ne vous veux pas de mal, ¿entiendes? J’ai juste besoin de repos… et de chaleur. »

Le type se relevait, tandis que la bonne femme se mettait à pleurnicher dans son coin.

« Monsieur… Si vous aviez frapper à notre porte, nous vous aurions accueilli avec plaisir… mais voyez, nous mourrons de faim déjà à deux, et le bois vient à manquer, et… »

El Cazador frappait du pieds, hochant négativement la tête cette fois.

« Ahhhh, alors, la fourrmis n’est pas prêteuse, eh ? »

Il avait entendu ça quelque part, et ça rendait bien. Aucune foutue idée d'où ça venait. Il regardait un peu autour d’eux. C’est vrai que ça payait pas de mine. Il restait un peu de bois dans un coin de la pièce. Quelques vivres, trop peu pour trois. Et surtout, il avait l’air bien faible, son nouvel ami.

« Vale. Donne-moi quelque chose à manger, je crève de faim. »
« Mais… »
« ¡Rápido! »

La dame du coin se redressait fébrilement, et faisait rouler jusqu’à lui une conserve entamée. Emilio mettait son fusil en bandoulière et se mit à manger goulument, directement avec ses doigts. Putain, que c’était bon.

« Hmpff… Ahhh… Santa mierda, quel délice. »

Il avait aucune idée de ce que c’était, des tripes, de la viande écrasée, peu importe. C’était objectivement dégueulasse, mais là, ça avait un goût de festin royal.

« Comment vous vous appelez, eh ? »
« Abel. Et ma fille s’appelle Elisabeth. »
« Vale. Je vais reprendre des forces, et j’irai chasser pour nous. Vous avez de quoi nourrir les bêtes ? »

Les deux se regardaient hagards. Emilio se rapprochait, tandis que ses hôtes reculaient instinctivement. Il ramassait la chaise de laquelle était tombée Liz et s’asseyait dessus, poussant un râle de satisfaction. Tout en retirant ses gants, il plissait les yeux de douleur. Ses mains se réchauffaient à la chaleur du feu, et c’était un supplice.

« Alors, vous avez perdu votre langue, hm ? »
« Non, nous n’avons rien… Nos bêtes meurent l’une après l’autre… c’est que… nous avons mal préparé l’hiver, le travail n’a pas été bon cette ann… »
« Vale. Il y a d’autres gens dans le coin, hm ? »

Le type s’approchait, regagnant sa chaise. Sa fille restait dans son coin, séchant ses larmes.

« La ferme la plus proche, c’est le ranch des O’Neil, au Nord-Est… Ils ont un gros cheptel, plus bas dans la vallée. Mais ils refusent de céder ou vendre une partie de leurs réserves… c’est un gros exploitant, et nous, nous arrivons de la ville, sans le sou… »
« O’Neil, eh ? J’irai négocier alors, quand ma jument sera remise. Allons, mírame con atención, je suis la meilleure chose qui pouvait vous arriver ! »

El Cazador éclatait d’un rire gras.

« T’as rien à boire, Abel ? Je sens qu’on va passer un hiver d’enfer. »


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Emilio Magón
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MessageSujet: Re: [FLASHBACKS] Crónicas y andanzas de un cazador.   [FLASHBACKS] Crónicas y andanzas de un cazador. EmptyMer 26 Oct - 19:57

[FLASHBACKS] Crónicas y andanzas de un cazador. Campsi10
Mai 1858, Nouveau-Mexique.


Le feu crépitait paisiblement, éclairant un homme âgé d’une lueur orangée. Lui et sa source de chaleur étaient abrités du vent par un abri de fortune fait de branchages et d’une toile de tente éventrée. Il sifflotait en faisant griller quelques morceaux de viande, tenus au bout d’un bout de bois taillé en pique. Ses sifflements et le bruit du bois craquant sous l’effet des flammes couvrait mal les supplications étouffées de l’homme sur lequel il était assis. Ce dernier était solidement ligoté et bougeait légèrement en poussant de faibles complaintes.

« Orrh… » Le vieux crachait un glaire un peu plus loin. « Tu veux bien t’calmer, Bill ? J’essaie de nous faire à manger. » Il lui flanquait un coup de talon tout en parlant. Le type geignit mais arrêtait de bouger. « J’sais bien qu’c’est pas le piqu’nique le plus r’mantique qu’t’as eu, m’enfin… Tu me laisses pas trop le choix. » Il avait un accent français prononcé, le vieux.

Un bruissement dans les feuillages l’interrompit. Instinctivement, il mit la main à son holster, scrutant la pénombre. Un type portant un sombrero sortait des feuillages, la chemise tâchée de sang sec. Mettant son fusil en bandoulière, il approchait du feu sans un mot.

« Ahh, Tachi ! Tu m’as fait peur, vieille canaille. J’ai cru qu’c’était ces foutus hommes de main. Ahahaha, on dirait bien qu’tes gars arrivent pas à nous mettre la main d’ssus, Billie boy ! »

Le type par terre ne répondait pas. Emilio s’asseyait près du feu. Il allait sous le nom de Tachi Rodriguez, provisoirement. Il avait le souffle court.

« Alors, ça s’est bien passé ? Nickel, d’mon côté ! Regarde dont, ce bon vieux Bill me sert de fauteuil ! Ahahahah ! Orrrrh… » Nouveau crachat. Celui-ci atterrit tout près de la tête de Bill.

« Vale. ¡Mírame! J’ai eu peine à m’enfuir, Eugène. » Emilio avait aussi quelques contusions au visage. Mais le jeu en valait la chandelle. Eugène payait bien. Il pouvait se le permettre ! Il venait de dépouiller un des plus gros ranchero du coin. El Cazador avait fait diversion pour lui dans un dernier acte désespéré : l’enlèvement de Bill Koskinen. Ce descendant de pionniers finlandais était le seul héritier du ranch qu’ils venaient de dévaliser. Outre l’argent et les bijoux des parents, une partie du cheptel était déjà en route pour le Sud, où des acheteurs les attendaient. Une partie des hommes d’Eugène s’occupait de les mener là-bas, sous bonne garde. Les autres complices n’étaient pas encore arrivés visiblement.

Emilio avait déjà un sacré butin qu’il venait de dissimuler dans un bled à plusieurs miles d’ici. Alors pourquoi s’emmerder à se faire tirer dessus dans des querelles de ranchers véreux ? C’était plus fort que lui. Il avait pas fait ça pour le fric, mais pour l’excitation. Il se faisait chier comme un rat mort au saloon, quand le frenchie avait déboulé avec cinq gus armés jusqu’aux dents. Son accent et son arrogance avaient tapé dans l’œil d’Emilio. Il ne lui fallut pas longtemps pour se faire recruter dans la bande de bandits qui accompagnait le frenchie dans cette mission. Ils étaient commandités par un gros ranch voisin qui avait des querelles familiales et commerciales avec les Koskinen depuis des décennies. Y avait plus de shérif en ville depuis qu’il s’était fait trouer lors d’une rixe entre les deux clans. Depuis c’était la guerre pour savoir qui allait pouvoir placer son poulain à cette place. Il semblerait que la guerre commerciale connaissait une escalade de plus, aujourd’hui. Eugène allait rançonner la vie de Bill auprès de ses vieux parents. Ça, ça faisait pas partie de la commande de base. Un petit bonus sortis tout droit de l’esprit pervers du vieil immigré. Si sa barbe et ses cheveux étaient d’un blanc presque immaculé, Eugène avait encore de beaux jours devant lui. A moitié édenté, il bougeait encore bien, tirait comme un diable et allait encore aux putes. Ses anciens associés l’appelaient l’Increvable, ou encore le Tigre de Nantes, à voir avec sa ville d’origine. Il leur avait tous survécu, et en avait tuer quelques-uns. Une vieille bande de crapules françaises, arrivés en Louisiane et qui n’avaient cessés d’avancer plus à l’Ouest en semant la pagaille. Eugène était le dernier, et se faisait embaucher dans le coin pour faire le sale boulot. Il savait que c’était ses derniers coups, et que pas mal de types voulaient sa peau. Mais il aimait trop cette vie pour se faire oublier. Une fois payé, Emilio disparaitrait, laissant le vieux à ses occupations. Eugène était sympathique et on apprenait beaucoup à ses côtés, mais c’était un nid à emmerdes. Et pas le genre d’emmerdes dont on se tire facilement. Il allait bientôt finir pendu, c’était une certitude. Et tous ceux qui s’attardaient trop autour de lui avec. Après cette nuit, Emilio filerait loin de lui. Il lui fallait faire un détour récupérer son magot, et poursuivre sa route. Cette parenthèse le mettait déjà suffisamment en danger.

« Tiens, débarbouille-toi. Et mange un bout, j’ai cuit du gibier. Quand on aura finis d’bouffer, ça s’ra à Bill, hein Billie boy ? Eheheh… Orrh…. »

Emilio prit le chiffon qu’on lui tendait et essuyait le sang de son visage. Il ne savait même plus si c’était le sien ou celui des hommes des Koskinen. Les types avec qui il avait fait diversion ne devraient pas tarder à répliquer. Du moins, s’ils avaient survécus à la débandade qui avait suivi. Certes, la fusillade et les feux de paille dans le ranch avaient détournés l’attention du personnel de la maison principale, où Eugène avait récupéré Bill, mais tout ne s’était pas passé sans encombre. Une fois Eugène barré depuis assez longtemps, Emilio avait filé sans trop s’occuper de ses compagnons d’infortune. Il avait crié plusieurs fois aux autres de se retirer, c’était déjà bien suffisant. Il avait du se frayer un chemin jusqu’à la sortie de la propriété, à pieds, au travers des différentes dépendances et des champs. Certaines rencontres sur le chemin avaient été sanglantes, comme en témoignait l’état de sa chemise. Un flash rapide lui remémora la gorge qu’il eut à trancher, celle d’un jeune ouvrier un peu trop zélé, qui lui était tombé dessus dans une grange. Tonto...

Les deux associés mangeaient en silence, au milieu de cette clairière perdue au milieu de rien. Ils firent ensuite manger Bill, qui ne manquait pas de les insulter copieusement. Il n’eut pas grand-chose à bouffer pour sa peine, et fut rapidement bâillonné de nouveau. Eugène s’était lassé du fauteuil humain et avait attaché l’otage à un arbre, assis.

Deux autres de leurs associés finirent par arriver, indemnes. Les autres y étaient soit passés, soit n’avaient pas pu les retrouver. Ils trinquèrent à la santé des survivants, et à Bill.

Tandis que les trois autres discutaient bruyamment, Emilio perdait son regard dans le ciel étoilé au-dessus d’eux. Sa profondeur était hypnotisant. Des milliers, non des millions de lueurs scintillaient là-haut, sans qu’il ne comprenne vraiment ce qu’il regardait. On s’habituait à ce spectacle quand on vivait dans les terres sauvages, et les nuits claires étaient splendides. On ne les regardait plus vraiment, à force. Mais ce soir, l’alcool et la fatigue plongeaient Emilio dans un état d’introspection qui ne lui était pas habituel. Il n’avait pas vraiment eu le temps de trop réfléchir ces derniers mois. Ou n’avait pas eu l’esprit à ça.
Le fait d’avoir une somme très confortable à disposition changeait pas mal de choses. Il avait couru après l’argent toute sa vie, sans trop réfléchir. Enfant pauvre, élevé dans les bordels, il avait ensuite semé la mort et la destruction, dans la continuité de ce qu’il avait vu au front contre les gringos. Pas que cela l’avait jeté dans le banditisme, il avait commencé avant d’être mobilisé. Mais la guerre avait eu son impact sur sa sensibilité, déjà faible auparavant. Et maintenant ? Il avait de l’argent pour vivre tranquillement, mais ne savait rien faire d’autre que chasser les hommes et les bêtes – et ils étaient si proches, au bout du compte – piller et voler. Il eut un léger rire. S’il avait eu un métier, qu’est-ce que cela changerait ? Tout serait tout aussi absurde. Face à l’immensité du ciel et le vide de la nature, tout était absurde. Dollars, femmes, religions, politiques et guerres… Et voilà, la crise existentielle. Retirez à un bandit sa raison de vivre, donnez-lui de l’alcool frelaté et voilà qu’il se prend pour un philosophe de saloon. Comme à chaque fois qu’il s’approchait de l’état d’ébriété, il se mit à chanter dans son coin.

« Quería todo el oro del mundo
Tomé el de la Cobra
La vida y la sangre de muchos otros
Vagó por la llanura desierta
Tomé, tomé, arrebaté de las manos de otros
Sin embargo, mis manos parecen vacías
¿Qué voy a robar, señor Dios?
»

(Traduction):

« Ehhh, Tachi, viens donc fêter avec nous, au lieu de nous casser les oreilles avec ton charabia ! »

Emilio se levait doucement, riant à gorge déployée. Une fois face à Eugène, il lui fit un clin d’œil.

« Vale. Ce fut un plaisir, compadres. J’ai à faire ailleurs. Donne-moi mes dollars, que je disparaisse dans la nuit. »

Le vieux parut surpris. Les deux autres firent silence également. Il n’y avait plus que le feu qui crépitait, et les feuilles qui s’agitaient au gré du vent.

« Tachi, l’argent… J'l’ai pas. Il faut attendre qu’les gars reviennent après avoir vendu l’bétail. Pis, qu’j’ai rendu Bill à ses parents contre l’prix… »

Emilio mit quelques instants à réaliser. Combien de temps avant d’être payé ? Ce type n’avait pas prévu une avance pour ses gars ? Il était certain qu’il en avait touché une de la part du commanditaire de l’attaque. Il avait tout bouffé tout seul, cet enfoiré ? Il avait embauché une dizaine de types, en pensant qu’ils allaient attendre leur paye des semaines ? Les autres étaient partis vendre le cheptel à la frontière. C’était même pas dit qu’ils reviennent avec la thune. Et cet enlèvement puait le coup foireux. La vie était absurde, oui, Emilio avait du fric, oui. Mais c'était ni un bénévole ni un putain de bon samaritain.

« Eugène… dame mi dinero. »

La plaine était silencieuse. Au loin, des chevaux sauvages broutaient paisiblement. Trois coups secs claquèrent, brisant le calme de la nuit. Les bêtes levaient la tête vers le bois d’où venaient les coups de feu. Un instant passait. Un dernier coup de feu retentit, et les chevaux partaient à galop, effrayés. Emilio sortait du bois. Bastardos franceses.


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