Poupée de cire, joyeux larron

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Emilio Magón
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MessageSujet: Poupée de cire, joyeux larron   Poupée de cire, joyeux larron EmptyDim 21 Aoû - 18:51


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  • Type de RP: Normal
  • Date du RP : Nuit du 18 au 19/08/1865 
  • Participants : Octavia & Emilio
  • Trigger warning : None
  • Résumé : Emilio s'introduit discrètement en ville pour la première fois, en pleine nuit. En pleins repérage, il découvre le cirque local et ne peut combattre sa curiosité enfantine... et son instinct de voleur.

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Emilio Magón
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MessageSujet: Re: Poupée de cire, joyeux larron   Poupée de cire, joyeux larron EmptyDim 21 Aoû - 18:55

Poupée de cire, joyeux larron Signa10
 

Santa mierda. Le soleil tardait à se coucher, et la chaleur était encore accablante. Emilio avait la gorge sèche, trop sèche. Il aurait pu boire sa pisse par désespoir. Sa gourde était terriblement vide. Il avait omis de la remplir au dernier cours d’eau, pathétique erreur de débutant. La fatigue de la route, dirons-nous. Juché sur sa monture du montant, une vieille jument à la robe alezane tirée dans un ranch, il observait l’horizon d’un air mélancolique. Une cigarette tordue brûlait entre ses lèvres sèches. Un long amas de cendres s’accumulait à mesure qu’elle se consumait, menaçant de tomber à tout moment. Retirant son chapeau le temps de s’éponger le front, Emilio prit ensuite le temps de s’épousseter. A quelques miles de là se dessinait une petite bourgade. Ils avaient suivi les chemins sans guère savoir où aller. Les traces de diligences leur avaient indiqué la route vers la civilisation. Le camp était à quelques miles en arrière, et le Cazador y avait laissé Odhran. Le vieux préparait ses mixtures et prenait du repos après leur dernière chevauchée. Le chicanos allait s’occuper de jouer les éclaireurs en ville. Elle n’avait pas l’air bien grande, c’était parfait. Pas trop de shériffs et d’emmerdeurs. Il était temps d’aller se faire de nouveaux amis. La jument se remettait en route machinalement, tirée de sa tranquillité par les étriers rouillés du pistolero.Il descendait tranquillement du plateau sur lequel il était monté, se dirigeant vers la ville et un semblant de civilisation, tout en replongeant dans ses songes. Il laissait tomber de ses lèvres la cigarette sans y prendre gare, la chassant de ses cuisses d’un geste de la main nonchalant. Qu’est-ce qu’il leur réservait, ce trou pourri, hein ? Il en tremblait d’excitation. Et de manque de gnôle. Bon, il était tard et le temps d’arriver en ville, la plupart de ses habitants auront les volets fermés. Ce n’était qu’une petite visite de courtoisie avant de revenir de plein jour. Et d’ici quelques temps, il donnerait le feu vert à l’irlandais pour qu’il ramène son chariot servant d’échoppe. Le but allait être de s’amuser sans trop se faire remarquer, mais surtout de nouer des contacts et fouiner à droite et à gauche. Voir l’argent qu’il y avait à se faire, et les risques à prendre ou à éviter. L’endroit ne devrait pas trop grouiller d’étoiles, mais on n’était jamais trop prudent. Parfois, des trous paumés embauchaient une ancienne bande pour jouer les shérifs ou recrutaient des bras cassés pour faire nombre. Surtout que d’après les dires du vieux, y avait des terres indiennes dans le coin et que ça pouvait chauffer entre les blancs et les natifs. Bref. Quelques verres au saloon pour commencer, faire quelques connaissances et laisser traîner son oreille… Cela devrait suffire. Pas la peine de se mettre dans des histoires pas possibles avant même l’arrivée de la roulotte. Et puis, si le coin était sympa et tranquille il se prendrait une chambre. Dormir à la belle et faire le guet pendant que l’antiquité ronfle à côté, ça lui minait le moral au fil des semaines. Il avait besoin d’un bain et d’un peu de confort.

La nuit tombait à mesure qu’il approchait. Des lumières s’éteignaient, d’autres s’allumaient, vacillant au loin. Autour d’Emilio, tout était dans un silence relatif. Le silence n’existe pas dans la nature, et les seuls endroits silencieux qu’il avait connus furent des saloons d’où on s’extirpait en marchant sur les cadavres. Le silence, c’est la mort. La nature est pleine de vie. Il y a le vent qui souffle sans arrêt et vous assèche la peau, les insectes qui cliquètent, les oiseaux qui chantent, le gibier qui fuit, le galop des chevaux, le clapotis des rivières… C’était apaisant et insupportable à la fois. Les bruits nocturnes étaient d’une autre nature encore mais ne cessaient jamais. Des coyotes japaient au loin. Emilio faisait le vide de ses pensées, et un léger frisson le parcourut. Il était calme, concentré. Parfait. La nuit était là. Un panneau usé indiquait la direction. Crimson Town.

El Cazador laissait son cheval un peu avant l’entrée de la ville, par précaution. Il n’avait qu’un pistolet et un couteau sur lui. Il prit une poignée de balles dans sa poche, vérifiait que l’arme était bien chargée et la rangeait dans son holster. Il était temps de s’aventurer dans cette charmante petite ville. Emilio longeait les murs, passant derrière les bâtisses sans s’aventurer dans l’allée principale. Quelques échos de voix résonnaient au loin, et il s’en éloignait avec précaution, se gardant bien d’être vu. Il repérait rapidement le saloon et notait son emplacement dans un coin de son crâne. Continuant d’avancer dissimuler, il profitait d’un tonneau rempli d’eau pour remplir sa gourde. Tandis qu’il la rebouchait, quelque chose attirait son œil au loin. S’éloignant quelque peu de la ville à pas de velours, il découvrait quelque chose qu’il n’avait pas vu depuis son perchoir. Un putain de cirque. Ebahis comme un gamin quelques secondes, il reprit rapidement son sérieux. Les cirques ambulants, ça doit bien brasser quelques dollars, non ? Et ça doit avoir des trucs exotiques ? Emilio n’était jamais allé au cirque. Mais sans savoir pourquoi, ça sentait les pesos dans sa caboche de mexicain. Il était inexorablement attiré par les roulottes et chapiteaux bariolés.            

L’endroit était calme. Il entendait ronfler dans une roulotte. Il se baladait aux abords du cirque, ne sachant pas trop par quoi commencer. Trouver quelqu’un d’éveillé et lui tailler la bavette ? Non à cette heure tardive, cela serait interprété de manière bien trop suspecte. Et il n’osait pas trop pénétrer le campement de peur de se faire voir. Soudain, il apercevait une roulotte dont la porte était entrouverte. Il avait faim. De bouffe, et d’argent facile. Bordel, c’était débile de faire un cambriolage dès le premier soir. Mais c’était facile. Personne ne l’avait encore vu, et il était nuit. Le risque était moindre. Au pire, il détalait et disparaissait dans la nuit. Il reviendrait le lendemain avec un autre costume. Même sa monture était dissimulée. Alors il remontait lentement son foulard sur son visage pour le couvrir, et s’approchait tout doucement. Aucun bruit ne venait de la roulotte. Si elle était vide, c’était d’une facilité enfantine. Il s’arrêtait devant. Aucun son autour. Aucune lueur à l’intérieur, tout était noir, à peine éclairé par la lune. Son cœur battait à toute allure, comme avant chaque petit coup. Que c’était excitant. Il se décidait enfin à rentrer à pas de velours, son holster ouvert au cas où et une main près de son couteau rangé le long de sa cuisse droite.          

On y voyait pas mieux que dans le cul d’une jument, et Emilio avançait à taton, se redressant une fois à l’intérieur. Aucun bruit, pas même une respiration… En attendant que ses yeux ne s’habituent à l’obscurité, il touchait à tâtons autour de lui, cherchant objets de valeurs et nourriture à emporter.
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MessageSujet: Re: Poupée de cire, joyeux larron   Poupée de cire, joyeux larron EmptyLun 22 Aoû - 23:32

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"Santa Mierda" ▬ Emilio Magón

La soirée sur le désert était le seul moment de la journée où elle pouvait être tranquille. D'ordinaire, Octavia se couchait tard et se levait tard. Elle n'appréciait pas le soleil, déjà, elle avait peur que sa abîme sa peau de poupée et ses tatouages. De deux, il faisait trop chaud, donc elle devait se dénuder, donc elle perdait de l'argent car des gens pouvaient voir ses tatouages gratuitement. Il fallait être honnête, même à ses collègues elle leur ferait payer. SURTOUT à ses collègues. Pas de favoritisme. Il fallait bien que leur relation reste strictement professionnelle, ils se considéraient comme une famille, elle, elle n'avait rien à voir avec eux. Elle était une artiste, une performeuse, pas une bête de foire. Enfin... elle même n'y croyait pas, mais il fallait entretenir l'illusion.

La chaleur, elle en avait eu l'habitude pas le passé, mais c'était la sècheresse du désert qui lui déplaisait. L'humidité étouffante du bayou... elle était née avec. Et cela lui manquait terriblement. Le soleil couchant sur les plantations, les balades sur le fleuve. Ici, il n'y avait que le désert, et la mort. Et les Yankee. La petite avait troqué un peu de son salaire contre quelques livres sortis récemment qu'un voyageur lui avait proposé. De quoi occuper ses nuits. Elle savait lire, c'était bien une des seules à savoir lire, ce qui rajoutait du mysticisme à son aura quelque part. La femme tatouée, la contorsionniste ; la lettrée.

Octavia savait lire. Elle était la princesse crocodile après tout, elle était une princesse. Toujours propre et raffinée, qui se lavait tous les jours avant d'aller se coucher, laissant derrière elle un parfum de musc floral. Ces manières de bourgeoises ne s'inventaient pas. Et pourtant, elle était comme les autres, et pas payée mieux qu'eux, le Nain Marcassin - mais pourquoi on l'appelait ainsi ? - les sœurs siamoises... parfois elle se sentait un peu usurpatrice. Elle était mieux qu'eux, c'est la vie qui en avait fait ce monstre à la peau maculée d'inscriptions étranges. Elle n'était pas née avec sa sœur collée à l'arrière-train, ou bien avec un mètre en moins--- quoique le nain marcassin était à peine plus petit qu'elle. Mais, il était malformé. Le livre qu'elle lisait en ce moment c'était Moby Dick, sorti il y a quelques années déjà, mais qu'elle n'avait pas eu l'occasion de lire.

Après avoir mangé, elle s'isolait vers Goliath une demi heure pour lui lire la suite de l'histoire. Beaucoup voulaient entendre ses histoires, mais elle ne supportait pas avoir trop de monde autour d'elle. Lui, il écoutait, charmé par ces belles histoires. Les comprenait-il seulement ? Du mépris pour cet être profondément... inapte intellectuellement. Octavia se sentait néanmoins sereine auprès de lui. Alors elle reprit là où elle avait mis son marque-page, et continua de lire...

- ... Une fois de plus, la dernière, le pot fut empli et fit le tour d’un équipage en transes, puis les hommes se dispersèrent, Achab leur fit un signe de la main et se retira dans sa cabine. Fin du chapitre. Je vais dormir. Bonne nuit, grand benêt. fit-elle, en refermant le livre et sans plus lui accorder d'importance, refusant de voir sa mine déconfite, lui qui appréciait ces aventures, elle rejoint sa roulotte.

Sa colocataire n'était pas là ce soir. Cette bande de gitans dormaient n'importe où, et après avoir bien bu, peu d'entre eux rejoignaient leur lit personnel. Ils préféraient dormir les uns sur les autres comme des rats, et probablement copuler comme tel.

La roulotte était une vraie caverne au trésor, il y avait toutes sortes de vêtements, des penderies, des bijoux, et encore plus de vêtements, et une garde-robe, et quelques petits coins avec toutes sortes d'accessoires pour préparer ses spectacles qu'on s'empruntait à gauche à droite. De la camelote, mais parfois il y avait ce bijou rare qu'on aimait à apprécier qui finalement était emprunté pour disparaître à jamais. Octavia regrettait ce petit ruban noir brillant... elle souffla la bougie et s'approcha de son petit coin, près du hamac. Pouvoir se bercer lui faisait du bien. Alors elle quitta son costume de travail pour se mettre à l'aise dans une chemise de nuit trop grande qui découvrait ses, éteignit les dernières bougies et s'engouffra dans son hamac. La structure détendait ses articulations douloureuses.

En fermant les yeux, en oubliant l'air sec, elle se revoyait sur son hamac dans sa plantation. Quand elle n'avait pas mal. Quand l'avenir souriait à la Confédération. Quand la cause n'était pas encore perdue. Quand elle lisait calmement, sans se soucier du lendemain, pour s'endormir, et se faisait réveiller par Betty qui lui prévenait que le dîner était servi. Octavia se laissa bercer jusqu'à ce qu'un bruit la réveille.

Une nuit noire. Une présence dans la roulotte. Bien plus silencieuse que sa colocataire qui ne se privait pas de faire du bruit. Elle bascula avec une grâce féline et retomba sur ses pattes. Son cœur battait à 88 miles à l'heure. Un bandit. Oh, elle le reconnut. C'était le chicanos à l'air louche qu'elle avait vu errer en journée. Elle se saisit d'un couteau qu'elle cachait sous sa table de maquillage et s'approcha doucement, les mains moites, et d'une voix qui se voulait assurer, mais terriblement mignonne - et surtout, en chuchotant -, ordonna.

- Vous ne devriez pas prendre ce qu'il y a dans ce coffre. C'est tout ce qu'il me reste. Et c'est pas du vrai or. Le vrai or, je l'ai vendu y a bien longtemps pour pas crever d'faim. J'm'appelle Octavia. La vraie, hein. Pas la rouquine.

Elle avala.

- Vraiment, ça a juste une valeur sentimentale. Je le sais, parce que j'ai essayé de le vendre. A plusieurs personnes. Quand ils m'ont proposé leurs prix, je me suis rendue compte que je préférais mourir un jour avant mais avec ces objets sur moi, plutôt qu'un jour après sans rien. Ca valait juste pas le coup. Mais j'peux pas accepter de mourir un jour avant mais sans rien quand même parce que c'est dans les poches d'un bâtard d'aztèque, j'y perd des deux côtés.

Elle recula d'un pas, le laissa se retourner. Prenant le risque de se faire descendre, mais y survivrait-il ? Tous les autres aux alentours étaient armés et accouraient aussitôt. Non, il fallait désescalader la situation. Elle était toute petite face à lui et le clair de lune permettait à l'inconnu de voir un visage fatigué qui ne présentait pas de signe de peur.

- T'as faim ? T'as un nom ? Laisse-moi deviner, Javier ? Emilio ? C'est soit l'un soit l'autre avec vous, t'façon. J'pense pas qu'on ait de raisons d'être ennemis, tant que tu restes intègre envers moi. Alors je vais te demander de me rendre tout ce que tu m'as pris, et ensuite, on reprend depuis le début. Tu peux garder c'que t'as pris aux autres, ça me concerne pas je suis pas shérif. Du coup, t'as mangé ?

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MessageSujet: Re: Poupée de cire, joyeux larron   Poupée de cire, joyeux larron EmptyMar 23 Aoû - 4:03

Poupée de cire, joyeux larron Noche10

Le corps d’Emilio se raidit brusquement. Une voix fluette venait de briser le silence, et il reposait lentement ce qu’il avait dans la main. Ses yeux s’habituaient petit à petit à la pénombre, lui permettant de mieux se repérer. Il reposait la babiole sans un bruit, laissant glisser un long soupire entre ses lèvres. Qu’est-ce qu’il pouvait être con. Pendejo de mierda. A quoi pensait-il, hein ? La vie, ce n’est pas un paquet de viande séchée. Rien ne se passe jamais comme prévu. Et cette femme venait de gâcher ses perspectives de commettre un larcin rapide et facile. Pourquoi s’était-il rabaissé à un vulgaire cambriolage, après tout ? Le goût du risque, l’excitation face à de nouvelles opportunités. Un esprit juvénile, la fatigue et une bêtise d’enfant. Il se fatiguait lui-même. Laissant glisser lentement ses bras le long de son corps, il posait sa main sur le manche de son couteau tandis que la voix continuait de piailler faiblement. Bordel, elle était bavarde en plus. Au moins, elle murmurait et s’était pas réveillée en hurlant pour rameuter tout le campement. Tout n’était pas perdu. Mais là, il se retrouvait dans une situation pour le moins cocasse. En plus, il bitait rien à ce qu’elle débitait, la bohémienne. La vraie Octavia, une rouquine ou je ne sais quoi. Pourquoi elle lui racontait sa vie alors qu’il était à deux doigts de la dépouiller ?

Il la laissait causer, se tournant lentement vers elle. Il n’avait pas encore posé son regard sur la petite femme qui se dressait sur son chemin, jetant des coups d’œil furtifs autour de lui à la place, pour jauger la situation. La roulotte était étroite et remplie d’un bordel difficile à discerner dans le noir. Des bijoux, des vêtements, du maquillage, des affaires de ci et là… Difficile de manœuvrer rapidement sans faire tomber quelque chose et faire du boucan. Et puis elle aurait le temps de crier, même en se jetant sur elle. Octavia avait cependant l’air encline à bavarder, ce qui n’était pas commun quand on était au beau milieu d’un cambriolage. Il allait devoir essayer de s’en tirer par la parlotte, mais en le surprenant ainsi elle avait pris l’avantage sur lui. Temporairement du moins.
El Cazador n’écoutait que d’une oreille discrète ce qu’elle racontait, mais le passage moins aimable que les batards aztèques le fit tiquer. Il posait enfin son regard noir sur la bonne femme en tenue de nuit. Elle faisait dix centimètres de moins que lui à vue d’œil, et se tenait là une lame à la main. Emilio retirait instinctivement sa main de son arme, pour prouver qu’il n’était pas dangereux. Il allait pas lui coller une balle dans le sifflet, trop bruyant et sans intérêt. Lui sauter dessus et l’égorger serait tout aussi catastrophique en termes de conséquences. Inutile d’être belliqueux, il était coincé. Par contre, elle avait un bon sens de l’observation, l’artiste. Malgré son chapeau et son foulard sur le visage, elle semblait bien au courant de ses origines. Il avait du se faire voir pendant sa petite balade avant d’arriver ici. La fouine tombait sur une fouineuse, visiblement. Il n’aimait pas trop ça, mais si elle était vraiment bavarde, ça pouvait servir.

Alors voyons, rien de tout ce qui trainait dans la roulotte n’aurait de valeur selon la propriétaire des lieux, hein ? Difficile de savoir si elle disait la vérité. Elle allait pas balancer à un cambrioleur qu’elle cachait un pactole en même temps.

« Bueno, aquí hay una perra parlanchina » dit-il doucement. « Je m’appelle Ricardo. Ricardo Flores, pour vous servir, señora Olivia. Vous n’avez pas besoin de votre couteau, je ne suis pas un homme dangereux. »

Il glissait sa main dans sa sacoche pour en retirer l’unique objet qu’il avait eu le temps de tirer avant qu’elle ne surgisse, et reposait la breloque – un pendentif usé – sur le meuble où il l’avait trouvé.

« Voilà tout ce que j’avais volé. Je ne suis pas un bandit, mais el hambre, la faim, me pousse à quelques égarements. »

Quelle question étrange. Elle allait lui proposer le couvert ? C’était un piège ? Il ne se sentait pas à l’aise dans un endroit si exigu, surtout avec un couteau brandit à quelques mètres de lui. Instinctivement, il fit un pas en arrière, vers l’extérieur, tout en fixant la femme des yeux. Il en profitait pour la détailler un peu plus. Elle n’avait pas un visage désagréable, mais faisait presque enfantine dans cette chemise de nuit trop grande. Elle avait cependant un air hautain qui lui déplaisait. Cette Octavia, la vraie, pas la rousse je ne sais quoi, avait le même air pédant que les bourgeoises blanches qu’il détroussait il y a de cela quelques années sur les chemins frontaliers du Sud. Mais là, c’était bien cette bohémienne qui le menaçait d’une arme. Il lui fit un signe lent de la main, lui intimant de baisser celle-ci.

« Je suis sûr que nous pouvons trouver un acuerdo, un arrangement. Il serait dommage d’abîmer un si joli minois, ¿verdad, pequeña joya? »

Alors, elle avait voulu prendre les devants, et maintenant ? Qu’est-ce qu’elle comptait faire ? L’emmener chez le shérif ? Alerter ses compagnons de route ? Elle avait eu plusieurs fois l’occasion d’appeler du secours, et elle était restée calme et visiblement déterminée. C’est la première fois qu’il voyait quelqu’un réagir comme ça. Sa curiosité était piquée, il devait l’avouer.


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MessageSujet: Re: Poupée de cire, joyeux larron   Poupée de cire, joyeux larron EmptyMar 23 Aoû - 22:46

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"Santa Mierda" ▬ Emilio Magón
Bueno Arroyo Hola Que Tal. Elle plisa les yeux en l'écoutant déblatérer son charabia, puis se mettre à parler le civilisé. Oui, Octavia n'avait jamais digéré pour Alamo. Ricardo Florès. Ricardo comme le bellâtre qui se tapait tout le cirque sauf elle, même les Siamoises
y était passées. Elle se persuadait que ça lui passait au-dessus de la tête, la vérité c'était qu'elle dépréciait fortement se sentir... différente dans ce sens-là. En silence, elle le détaillait de haut en bas. Son petit jeu avait l'air de fonctionner. Parfois, s'adonner aux jeux qui apportent la mort rapporte. Pour une femme comme elle sans espoir, on ne pouvait perdre. La défaite était une opportunité de quitter un jeu vain. Lui était comme le vrai Ricardo, un beau parleur prêt à tout pour arriver à ses fins. Sauf que contrairement à Ric, il avait l'air instable mentalement. Donc non, elle ne baisserait pas son arme.

- Va falloir vous mettre à jour, cet état appartient aux Etats-Unis d'Amérique depuis bien quinze ans maintenant. C'en est terminé avec votre charabia, roya penquera vous vous le mettez où je pense. Et non, je garde le couteau.

Elle soupira longuement, avant de reculer de quelques pas, non sans le garder à l'œil au cas où. Elle attrapa un manteau et l'enfila, ainsi qu'une sacoche. Une simple question de... droit d'auteur, même si pour le coup Octavia ne cachait pas les tatouages qui se dévoilaient sur sa poitrine grâce au décolleté du vêtement, parce que tant pis, il faisait sombre de toute façon. Elle lui laissa la porte d'entrée libre et lui fit un geste de tête pour lui dire de passer devant. Lorsque Ricardo (le faux) passa devant elle, elle en profita pour corriger.

- Octavia. Pas Olivia. Même si vous n'êtes pas le premier à vous tromper...

Elle emboîta le pas pour se retrouver dehors. Là, il y avait plus de lumière. Sans dire un mot, elle le dévisagea, ou du moins, ce qu'elle put, ses yeux s'ouvrant de curiosité malgré un niveau de fatigue élevé.

- Bon, pour l'arrangement... on va faire les choses simples. Y a la réserve de nourriture, je fais le guet, et vous, vous prenez de quoi manger pour nous deux. Que des trucs pas dénombrables, sinon ils se rendront compte qu'il y a eu larcin et ils surveilleront la prochaine fois. Les bâtons de viande de bison, par exemple, si y a en a plusieurs dizaines vous pouvez en prendre quelques uns... sinon le panier de fruit, mais pas les fruits pourris. J'en ai marre des fruits pourris, c'est toujours moi qui les reçoit. Comprendido ?

D'un pas nonchalant, elle n'attendit pas plus de réponses. Elle l'invita à la suivre, et ils traversèrent quelques allées à l'abri des regards. A en croire sa façon de procéder, ce n'était pas son coup d'essai. Elle lui fit signe d'attendre derrière une caisse, marcha tranquillement jusqu'à arriver devant un bâtiment, regarda tout autour d'elle, et lui fit signe de de venir, avant de s'agenouiller devant la porte de la réserve et... l'ouvrir ? Un dernier avertissement alors qu'elle se releva.

- Je... faites les choses correctement. Si on se fait attraper, je dirai que vous m'avez forcée à le faire. Ils me croiront, ça m'arrive souvent, ils savent que je suis une fille fragile et manipulable. sourit-elle enfin, amusée, ce qui éveilla une petite lueur sur son visage l'espace d'un fugace instant.

Croiraient-ils elle plutôt que lui ? Loin d'être sûre. Mais l'important était de le dissuader. La question était de savoir si elle n'allait pas plutôt l'enfer là-dedans et appeler le shérif. Après tout, il avait essayé de la voler. C'était un crime contre l'humanité - concept qu'elle avait inventé pour mettre un nom à tous les inconforts qu'on pouvait provoquer chez elle - . Elle glissa les mains dans ses poches et bâilla tranquillement avant de lui faire signe de se hâter.
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MessageSujet: Re: Poupée de cire, joyeux larron   Poupée de cire, joyeux larron EmptyMar 23 Aoû - 23:30

Poupée de cire, joyeux larron Circus10

Le bandit ne put contenir un rire étouffé quand la pequeña Octavia lâchait sa brimade raciste. Allons, sur quel spécimen il était encore tombé ? Une freak xénophobe, une monstruosité de la société qui haïssait la différence. Les bohémiens étaient pleins de surprises. Son accent espagnol était terrible, qui plus est, mais drôle. Moins drôle, elle refusait de baisser son arme. Bon, tout n’allait pas se passer en bonne intelligence visiblement.

« Je vous le laisse, votre trou à rats, señora, pas de panique. » dit-il avec un léger sourire, dissimulé sous son foulard. « Dommage, pour le couteau. On s’entendrait mieux sans se menacer mutuellement. » Prononçant ces mots, il sortait le sien de son étui. « Simple précaution. Nous sommes à armes égales maintenant, eh. » Il semblait amusé par la situation. Il l’était, c’est vrai, mais Emilio était une vipère rusée. Tout en l’occupant par ses paroles, il continuait de réfléchir à une issue qui lui soit favorable. Et il n’avait aucune espèce de confiance en une victime qui refusait de se laisser dérober. La suite des événements n’avait pas fini de le surprendre.

Ce n’est qu’au moment où elle se couvrait d’un manteau qu’il put entrevoir des tatouages sur son corps. C’était donc ça, sa particularité. Une femme tatouée, comme les marins, brigands, mystiques et natifs. Pas comme les racistes du fin fond des champs de coton, en tout cas. Il était tombé sur une drôle de dame, pour sûr. Sans savoir très bien ce qu’il en pensait. Elle lui faisait signe de sortir. Il exécutait sans trop broncher, cela lui convenait parfaitement, mais il le faisait en la gardant dans son champs de vision.

« Vale, va pour Octavia. Quelle différence ? » dit-il d’un air désinvolte tandis qu’elle le corrigeait quant à son prénom. Il rajoutait, le regard moqueur : « Olivia, ça ferait plus… chicanos ». Nouveau rire étouffé.

Elle lui proposait donc un arrangement, hein ? Le faire rentrer dans la réserve de nourriture et que son larcin serve aux deux. Le fond de l’idée était pas trop mal, mais il avait aucune confiance en cette bonne femme, qui le menaçait toujours d’un couteau qui plus est. Il la suivait en observant les alentours, silencieux. Il réfléchissait. En plus, elle faisait la difficile. C’était quel genre d’artiste à l’ego boursouflé, dis ? Une fois la porte de la réserve ouverte, elle le menaçait de nouveau. Emilio grinça des dents. Il comprenait qu’elle ne veuille pas porter la responsabilité en cas de pépin, mais ça puait son deal. Lui, rentrer seul là-dedans, avec une inconnue comme guetteuse ? C’était pas terrible. Si elle l’enfermait dedans, il était foutu. Il était pas né de la dernière pluie. Elle avait à peine finie sa phrase qu’il répondait sèchement.

« Non. »

Puis il remettait délicatement son couteau dans son étui, à sa cuisse. Nouvelle preuve de bonne foi. Mais elle ne semblait pas réceptive et ne voulait visiblement pas travailler sur un pied d’égalité, bien trop méfiante. Cela pouvait se concevoir aussi. Il l’était tout autant.

« Si quelqu’un passe alors que vous faites le guet devant, ils vont se poser des questions, señora. A cette heure-ci, devant le garde-manger hein ? Autant me dénoncer directement. Vous m’êtes inutile dehors. Vous venez avec moi à l’intérieur, et vous passez devant, de acuerdo ? A deux, on sera plus vite repartis. Chacun prend sa part. Et inutile d’essayer de me berner maintenant que nous sommes dehors. Mon holster est ouvert, me entendie ? J’ai largement le temps de dégainer, vous abattre et filer dans la pénombre. Allons, vale señora Octavia. Vous avez l’air d’une femme intelligente et éduquée, coopérons intelligemment. Pas de coups tordus. »

Il fallait toujours brosser les blancs arrogants dans le sens du poil. Emilio n’était pas un petit voleur des bourgs. Il avait de l’expérience, et c’était déjà assez humiliant de se retrouver dans cette situation. Deux fois en une journée qu’il faisait des erreurs stupides. Pendejo. Maintenant, il fallait faire les choses proprement, et ils seraient gagnants tous les deux.

« Et puis… Si les larcins vous plaisent tant, vous savez peut-être où trouver un peu d’or dans le coin, señora ? Vous n’en avez pas marre de vivre dans un cirque de pouilleux, qui sent la mierda de caballo ? »


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MessageSujet: Re: Poupée de cire, joyeux larron   Poupée de cire, joyeux larron EmptyMer 24 Aoû - 22:43

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"Santa Mierda" ▬ Emilio Magón
Cette histoire de couteau devenait trop stupide. Pour un homme qui se disait il y a cinq minutes être pas trop dangereux, il avait déjà dégainé son couteau. Cela ne l'impressionnait guère, il était  comme ces chiens mexicains qui ressemblaient à des fœtus de loup. En fait elle paniquait, mais tentait de rester calme. Car autant un coup de feu serait entendu, la maîtriser et l'égorger serait expédié rapidement, il n'aurait besoin que d'une main pour la maîtriser.

Par ailleurs, il refusa. Quel ingrat. Qu'elle fasse le guet. Un couteau, une arme. S'il voulait la maîtriser, ce serait fait. Et sa lame n'allait décidément pas l'arrêter s'il tentait quelque chose. Autant jouer la carte de la bonne fois. Ce qui lui déplaisait néanmoins était d'avoir à jouer selon ses règles. Perdre l'ascendant. Devenir docile. Octavia fronça les sourcils et lâcha son couteau dans une poche de sa chemise de nuit, avant de se glisser avant lui, marmonnant un mal prononcé :

"Esta noche, duermo en tu cama cabròn."

Des paroles qu'elle avait appris par cœur, semblerait que ce soit les paroles d'un révolutionnaire mexicain avant de mettre à mort un dictateur. Bon, elle ne voulait pas le mettre à mort, mais la haine était présente. Elle leva les mains, marchant en arrière, pour montrer qu'elle TOLÉRAIT de se montrer peu dangereuse à ses côtés. C'était à elle de lever les mains alors qu'elle le nourrissait. Et évidemment, il voulait de l'or. De l'or, hein. Elle fouilla, chercha la corbeille à fruit, et tout était pourri, formant une sorte de confiture âcre à l'odeur pestilentielle. Octavia lâcha un long "mmmmmmmmmh" de désapprobation avant de refermer le couvercle du panier et soupirer, pour se diriger vers de la viande séchée. Elle se mit à agiter et à tout attaquer avant de se saisir de quelques trucs.

- Evidemment, y a rien de frais. Ca m'énerve. Cet endroit est pourri, cette ville est pourrie, tout le monde se plaint de ne pas avoir d'argent mais ils savent pas c'que c'est la vraie misère. La paie que j'touche, on prélève le montant des fruits pourris dessus et tout c'qu'on m'pique pas on me le reprend à la fin quand même parce que faut aussi payer le droit d'exister. Si je savais où trouver d'l'or ici je serais déjà loin, muchacho en poncho.

La jeune femme se mit à hurler en silence quelques temps, se tenir la tête, grogner et finalement soupirer avant de s'enfiler un long morceau de muscle de bison - fallait profiter d'en manger, semblerait qu'il y en aurait bientôt plus -.

- Voler est une nécessité pour aspirer à plus que d'avoir le droit de vivre. Le travail honnête ne paie pas. L'homme le plus riche de la ville est un Chinois, ils sont beau les Républicains à donner leur argent à des Chinois dans leur propre Etat. Au moins, en Louisiane, les gens savaient mettre les choses à leur place. Si vous voulez des objets de valeur, suffit de taper dans son stock, mais il veille au grain. En plus contrairement au cirque, et ça m'tue d'le dire mais au moins vous n'avez pas de culpabilité à avoir, lui est malhonnête, pas ceux qui travaillent avec moi. Aucun Chinois ne peut être honnête, encore moins quand il a autant d'argent.

Elle en avait marre de vivre dans ce cirque, parce qu'il stagnait dans le temps. Pas de nouveaux clients pour s'ébahir de ce à quoi les locaux étaient habitués et pour lequel ils ne payaient plus, soit la mort d'un cirque. Sa voix tremblait, mais pour le coup elle se sentait de parler.

- Ca fait combien de temps que ce cirque est ici ? Une année ? J'en sais rien. On s'acharne comme des bêtes, mais la magie n'est plus dans les yeux des spectateurs. On doit bouger, sinon je donne pas cher de notre peau. Enfin... d'ailleurs, si tu veux voir les tatouages tu dois payer. Si tu poses les yeux sur moi, tu paies. C'est mon travail. C'est gratuit pour personne, et par conséquent, encore moins pour toi............ oublie ce que j'ai dit avant, sauf sur la partie du tatouage payant. Je suis juste fatiguée, tout m'énerve. Partons avant que quelqu'un arrive.
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Emilio Magón
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MessageSujet: Re: Poupée de cire, joyeux larron   Poupée de cire, joyeux larron EmptyJeu 25 Aoû - 0:30

Poupée de cire, joyeux larron Circus11

Finalement, la pequeña Octavia devenait plus docile. Muy bien ! Enfin un peu de bonne volonté. Vu la tête qu’elle tirait, c’était à contre cœur. Lui-même subissait sa présence, qu’elle ne se leurre pas. Aussi étrange qu’elle fût, il aurait préféré que tout se passe bien et de ne jamais la croiser. D’ailleurs il prenait bien soin de ne pas retirer son foulard, même si elle l’avait vu de près, qu’elle ne le reconnaisse pas en un claquement de doigt en ville et ne vienne l’emmerder. Même s’il avait déjà une petite idée pour éviter de futurs incidents avec cette drôle de dame.

Il ne put retenir un rire de surprise et d’amusement quand elle se mit à parler en espagnol. Comprenait-elle le sens de ce qu’elle venait de dire ? Dans d’autres circonstances, bon… Il passera au-dessus de la petite insulte. Il semblait que c’était plus fort qu’elle. Mais il ne put contenir son rire quand même.

« Oooh, quieres dormir con migo, eh ? Car jusqu’à preuve du contraire, nous ne sommes pas vraiment dans une situation où vous êtes une menace mortelle, señora Octavia… Mais il y a toujours de la place dans ma couche, si vous en avez marre de votre roulotte miteuse, eh ! »

Les mains en l’air, elle pénétrait dans la réserve en silence. Emilio la suivait. Une odeur de fruit moisi se dégageait des différentes étagères. La pêche n’allait pas être bonne aujourd’hui. Le mexicain cherchait en silence quelque chose de potable. Il trouvait quelques légumes en passe de pourrir mais encore bons à la consommation et les mettaient dans sa sacoche. Voyant la petite dame s’affairer près de la viande, il se rapprochait d’elle pour en prendre un peu aussi. Elle attaquait carrément son dîner nocturne sur place ! Et continuait de râler. La vie dans ce trou, et plus particulièrement dans ce cirque, ne semblait guère la satisfaire. C’était intéressant. Elle allait peut-être lui servir, dans les prochaines semaines, cette petite boule de haine. Mais pas d’or à trouver dans le cirque d’après elle. Vu la gueule de leur garde-manger, il l’avait déjà deviné. Ces bougres ne devaient avoir que leurs habits et leurs talents pour eux à l’heure actuelle. On dirait bien qu’il avait mis les pieds dans un bled de miséreux, digne d’un relai de commerce perdu côté mexicain de la frontière. Cela aurait pu l’irriter, mais Emilio était patient. Il y avait peut-être d’autres filons. Il y avait toujours un peu d’argent à se faire, même sur le dos des plus miséreux. Devait bien y avoir des commerçants un peu mieux dotés, des bureaux de poste, banques… Même s’il ne braquait plus depuis longtemps, il pourrait peut-être convaincre son partenaire de tenter un coup facile. Sinon, il trouverait bien une escroquerie à monter. Et puis, Odhran n’avait pas besoin de savoir tout ce qu’Emilio faisait de son côté… Tant qu’il s’assurait que cela n’ait pas de répercussion sur le vieux et ses affaires. Et pendant ce temps là, sa victime consentante continuait de raconter sa morne existence. Elle en avait sur le cœur, la pequeña ! Ceci expliquait peut-être son caractère si aigri. Mais il devait y avoir plus. Les cirques du coin n’étaient pas ceux des grandes villes de l’Est ou d’Europe, elle devrait être habituée à ce train de vie instable, entre misère et bonnes semaines. Elle n’avait pas le profil de la bohémienne habituelle. Avait-elle eu une autre vie, plus joyeuse, avant ? On croisait beaucoup de destins brisés dans l’Ouest. Une information en particulier retint l’attention du chicanos, ceci dit. Une histoire de chinois aux as. Intéressant, mais il fallait se méfier de ce genre de rumeurs. Les racistes dans son genre avait tendance à fantasmer la bonne fortune des étrangers. Les commerces asiatiques fleurissaient en Californie, mais ne roulaient pas forcément sur l’or, au contraire. Souvent, de vieux réflexes antisémites attribuaient de grandes fortunes aux diasporas juives aussi. Il était surpris que ce n'était pas encore sortis dans la conversation. Non pas qu’Emilio était un grand progressiste, il était peu éduqué. Mais son parcours et ses activités de détrousseur lui avait appris par expérience que l’argent et le vice n’étaient pas toujours là où les blancs l’imaginaient. Il ne croyait que ce qu’il voyait, sans avoir aucune foutue idée de qui pouvait bien être ce bougre de Saint Thomas d’Aquin. Même sa foi était vacillante.

Elle avait raison sur un point cela dit : il était temps de déguerpir.

« Vale. J’ai de quoi me rassasier pour… une journée, peut-être. » Décevant mais mieux que rien. Entre ça et les breloques de la caravane d’Octavia… Au moins il allait avoir un repas à l’œil demain. Il irait chasser un peu pour l’agrémenter de viande fraiche, s’il arrivait à tuer quelques lapins. Et il rêvait ou elle réclamait un billet pour la vie de ses tatouages ? Peu importe, il la prenait par le poignet et l’entraînait – sans trop la brusquer – dehors. Il avait à lui parler avant de disparaître dans la nuit. Il lui lachait le bras une fois dehors et lui fit un signe de tête, l’invitant à le suivre. « Par ici, la belleza furiosa. »

Une fois qu’ils furent à l’abri des regards derrière un amas de caisses, il s’assit sur un tonneau et commençait à éplucher une pomme à peu près potable qu’il venait de tirer, en retirant les parties impropres.

« Escuchame, Octavia. Tu as besoin de dollars, eh ? Peut-être que nous pouvons nous entraider à l’avenir. Je vais faire des affaires en ville, bientôt. J’aurai un peu d’argent, lo juro. Cette histoire de chinois là, j’ai besoin de savoir si c’est vrai, et pas simplement des rumeurs de ranchero. Et avec plus de précisions. Pourquoi tu ne te renseignerai pas un peu sur qui fait quoi dans cette ciudad para mi, eh ? Dans cette ville, je veux dire. Tu habites ici depuis quelques temps, tu connais les gens. Je te donnerai un peu d’argent lors de notre prochaine rencontre, si tu acceptes. De acuerdo ? »


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MessageSujet: Re: Poupée de cire, joyeux larron   Poupée de cire, joyeux larron EmptySam 27 Aoû - 14:08

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"Santa Mierda" ▬ Emilio Magón


Face à son avance qui suivit son insulte, elle ouvrit grand les yeux et les cligna très vite, sans vraiment répondre. Quel rustre, est-ce une façon de parler à une lady ? Enfin, pour peu qu'elle en soit réellement une. Elle attrapa ce qu'elle put et il finit par l'attraper par le poignet. Elle eut le réflexe de vouloir dégager son bras mais il fut plus fort qu'elle, alors Octavia le suivit comme un petit caneton jusqu'à derrière les caisses. Elle s'énerva davantage en se mettant à faire un grognement mignon et commença à vouloir y mettre les dents pour qu'il la lâche, mais ce ne fut pas nécessaire.

Octavia grimpa sur une caisse et s'accroupit dessus telle une gopnitsa, une position extrêmement confortable pour quelqu'un d'aussi souple qu'elle, et ça lui évitait de se salir les fesses. Elle écouta alors ce qu'il avait à dire, tout en mangeant un bout de viande séchée. Ses yeux noirs brillaient dans la nuit alors qu'elle mangeait en silence. Faire confiance à ce type-là...

- Ca sera louche, j'ai pas d'amis ici, les gens m'aiment pas tant que ça. Mais je veux bien essayer, peut-être que si je fais un pas vers eux, ils feront un pas vers moi. Maintenant, est-ce que je peux vous faire confiance ? Vous êtes un beau parleur et un menteur. Et moi je suis terriblement naïve.

Elle soupira.

- Si vous me payez, je veux bien collaborer. Il manque des gens qui veulent avancer dans la vie, ici, aller de l'avant. Moi, c'est comme ça que j'ai toujours fonctionné. Alors je vous tends la main. Ne me décevez pas.

Mince, elle était toute docile tout à coup. Elle leva les bras, étendit son dos et ses articulations douloureuse et se laissa partir sur l'avant pour faire une roulade avant aérienne et se retrouver sur ses petites gambettes, et dans ce mouvement gracile se retrouver à tendre la main vers son nouvel acolyte pour la saisir, et de son autre main se saisit du reste de pomme car elle voulait absolument manger son fruit, et le glisser rapidement dans sa bouche.

- Pas de coup bas. Tu sais pas de quoi je suis capable.

Elle non plus, d'ailleurs. Octavia fit un petit pas de côté et se retourna avant de rentrer dans sa roulotte.

- Et que j'te revois plus errer près de mon lit sans mon autorisation.
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MessageSujet: Re: Poupée de cire, joyeux larron   Poupée de cire, joyeux larron EmptyLun 12 Sep - 0:01

Poupée de cire, joyeux larron Noche10
De prime à bord, la señora Octavia ne semblait pas emballée par l’idée de collaborer avec le malicieux mexicain. Pas d’amis, hein ? Emilio ne pouvait pas dire qu’il était surpris. Elle était sacrement rustre et désagréable. D’ailleurs, cela n’en faisait pas forcément un partenaire de crime idéal, mais le vieux Magón avait tendance à déceler un certain potentiel chez les gens. Parfois à tort. Et elle n’avait pas confiance en lui, bah ! Qu’elle se rassure, il n’avait aucune confiance en ce demi-morceau de bonne femme. Mais il fallait bien commencer à se faire quelques contacts, et maintenant qu’ils avaient volé ensemble… Il s’imaginait qu’ils étaient un peu liés par la force des choses. Si elle jactait trop, il pourrait toujours venir l’égorger dans son sommeil. Se faufiler dans ce cirque miteux avait été un jeu d’enfant. En plus, il était presque agacé d’avoir été autant déçu. Son esprit enfantin n’avait pas été satisfait de sa visite des lieux. Il reviendrait de jour, pendant les spectacles et attraction, en civil. Il comptait bien avoir son lot d’émerveillement lui aussi. Il voyait des naïfs et gogos se faire rouler par Odhran à longueur de journée, la vie n’avait plus vraiment de surprises ces derniers temps. Pas qu’il soit un naïf ou un romantique, loin de là. Mais les serpents les plus vicieux ont besoin d’un peu de fantaisie eux aussi. Il avait besoin, ne serait-ce une fois, de ne pas être celui qui connait les rouages, les petits accommodements de la vérité, et comment on trompait. Ensuite il pourrait repartir à sa vie de truand, escroquer et tuer sans compassion aucune, ne s’émerveillant que des paysages sauvages de cette partie de l’Amérique vierge de civilisation.

Tandis qu’il songeait, la drôle de poupée s’était faite à l’idée de collaborer, visiblement apatée par le gain. Ça, c’était universel. Que vous vous donniez des airs ou non, on court tous après l’or ou la gloire. Qu’on l’assume ou non. Emilio n’avait que faire de la réputation de son nom, il préférait qu’il reste discret. Il avait déjà bien trop circulé à la frontière. Il voulait de l’or et une vie de jouissance, facile, libre. Même les héros sur leurs montures blanches couraient après les pesos ou bien la réputation de gentleman. Les actions désintéressées n’existaient pas. Le meilleur des bons samaritains se gaussait de ses bonnes actions, améliorant son estime de soi et son image auprès des autres. Il jouissait intérieurement de se considérer ou d’être perçu comme quelqu’un de bon. Alors au diable les curetons et la morale catholique, protestante, hébraïque, les cultes mystiques et les gourous de tous continents… Tous n’étaient que des hypocrites. Emilio était un sacré baratineur, un voleur et un escroc, mais il était sacrément plus honnête avec lui-même que toutes ces bêtes de cheptel qui traînaient leurs égos boursouflés toute leur existence.

Après une drôle de pirouette, Octavia lui tendait la main. Il la prit avec un léger sourire, toujours dissimulé sous son foulard. Serrant d’une poigne ferme, sans l’écraser ou lui faire mal, il la secouait légèrement de haut en bas.

« Pas de coup bas, vale. Je vous renvoie l’avertissement, milady ! Quant à moi, je crois que vous devinez de quoi je suis capable. » Ses yeux brillaient avec malice. Il l’aimait bien, la petite garce. Mais il n’hésiterait pas à lui tordre le cou ou lui faire subir milles sévices si elle s’avérait être une balance. « Vous ne me verrez plus près de votre couche, lo juro señora ! Trop de puces par ici, je n’aime pas ça, aha ! Allez… Nous nous reverrons sous peu, parole, eh ? Fouinez, fouinez belle señora sans le sou, et nous deviendrons… peut-être pas riche, mais on se remplira les poches ! Hasta luego ! » finit-il tout en s’éloignant, lui envoyant un baiser de la main. Puis, il disparu dans la nuit, comme il était venu: tel un voleur de poules. Il ne tardait pas à regagner sa monture, bien plus loin, à l'abri des regards indiscrets. Alors qu'il montait en scelle et se mettait en route pour son campement, il jetait un dernier regard vers les faibles lueurs de Crimson et du cirque. A bientôt, petite poupée…


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