Résumé : C'est l'histoire d'une romanichelle qui a été recherchée, aujourd'hui jugée et libre, et d'un chasseur de prime qui n'a peut-être pas eu la nouvelle autour d'une table de poker.
Avec de l'argent, on fait parler les morts. Sans argent, on ne peut pas faire taire les muets.
Sofia Ivanova
Inscris le : 10/08/2024
Messages : 71 Feuille de personnage Disponibilité RP: Dialogue: #cc6666 Age: 27 Métier: Medium Caractéristiques:
Nécromancienne romanichelle
Sam 26 Oct - 0:43
Des oiseaux de passage
Comme souvent, ce soir-là, la table de jeu m’avait appelée.
La Foire était repartie. Moi, j’étais restée. Je ne sais plus vraiment pourquoi, je n’aurais su l’expliquer mais il y avait quelque chose ici qui me donnait envie de mettre mon nez dans les affaires qui ne me concernaient pas vraiment. Le gros avantage était qu’on ne me connaissait pas. Je pouvais être qui je voulais. Et j’avais de l’argent à claquer. Alors, tout naturellement, le West Wild Saloon, solennel et fatigué au milieu de cette petite ville poussiéreuse m’avait appelée pour me mêler au bastion d’ombres et de murmures.
J’avais passé les portes battantes, branlantes et craquantes qui oscillaient au rythmes des allées et venues, qui, à chaque ouverture, laissait échapper un souffle chaud et enivré, un éclat de rires rauques et la troublante mélodie du piano qui jouait, sans trop me soucier du regard qu’on me portait. Je savais que certain m’avaient déjà abordée comme si je faisais partie des filles de l’établissement. Ils avaient vite compris qu’il n’y avait pas de concurrence : ça faisait des années que j’avais arrêté.
A l’intérieur, à la lumière des lampes à huiles était tamisée comme une brume fumeuse. Dedans, se perdaient les carrures des hommes accoudés au bas. Leurs visages burinés par le soleil et les épreuves grimaçaient entre chaque verre. Le comptoir de bois sombre, massif et bosselé, portait les stigmates des verres claqués, des bagarres qui l’avait amoché, des confidences glissées sous le murmure du whisky. Le patron de l’établissement, une silhouette trapue et silencieuse, paraissait toujours aussi étonnée de me voir entrer. Dans des gestes lents et répétés, il nettoyait les verres embués comme le gardien silencieux de cet endroit o les destins se croisent et se brisent.
Après avoir cherché à papoter avec un type qui était venu directement m’offrir un verre, je m’accoudais au piano pour regarder un temps le musicien jouer. Ses doigts osseux rebondissaient sur les touches. Une violoniste rousse avait entamé un air irlandais. Après avoir essayé de danser, je compris que personne n’avait envie de s’amuser. Alors, dépitée, je finis par errer entre les tables pour trouver un peu d’ébaudissement aux longues journées d’ennuie qui se succédaient depuis que j’étais partie.
Au fond de la salle, dans un recoin, des ombres plus épaisses s’ameutaient autour d’une d’able de jeu. Cet autel, voué à l’épreuve du hasard et des nerfs était surtout fréquenté par des hommes. Au centre, une lampe à huile vacillante éclairait les visages concentrés des joueurs.
Ils se tenaient dans un silence pesant voutés sur leurs cartes. Un vieux prospecteur, la barbe jaunie par la poussière et le tabac, gardait serrées entre ses doigts calleux. Il observait ses adversaire à travers ses yeux plissés, mi-clos, où brillait une lueur d’avidité contenue comme un loup qui attend patiemment le moment de mordre une proie à la gorge. A côté de lui, un jeune homme à la peau noire qui trahissait un passé d’esclave et à l’allure soignée contenait son agacement devant un jeu peu enviable. La mâchoire crispée, il dévisageait ses adversaire d’un regard presque aussi aiguisé que le couteau dissimulé dans sa botte.
Face à eux, un homme plus âgé, un joueur endurci, semblait faire corps avec la table marquée par les années et élimée à des endroits. Ses yeux perçant, d’un vert tendant vers le gris, me disait quelque chose. En fait, je le reconnus vite : je l’avais déjà croisé dans cette configuration à la Foire. Il avait vite quitté le jeu peu de temps après que j’eus rejoint la partie. A cause de moi ? Peut-être. Peut-être pas. Ce fut pour cette raison que, en particulier, je l’observais. Surtout sa façon de balayer les cartes, les mains et les visages, capturant les plus infimes mouvement, les respirations retenues, les tics nerveux. Sa main ferme avançait les jetons tandis que son visage paraissait rester aussi impassible que désabusé.
L’atmosphère autour de la table était tendue, saturée de défis et de secrets. C’était tout ce que j’aimais.
La partie se déroulait comme un duel silencieux. Chaque regard, chaque mouvement de main paraissait chargé de calculs et d'attentes. Le silence se ponctuait de chuchotements, d’un souffle retenu ici, d’un murmure là, et des rires étouffés de ceux qui, comme moi, dans l’ombre, pariaient sur l’issue de la partie. Parfois, le bruit sec d’un verre heurtant le bois du bar, ou le frottement sourd des bottes sur le sol couvert de sciure, résonnait dans le saloon. Mais rien ne semblait pouvoir perturber cette scène figée, ce cercle de regards et de mains où se jouait bien plus qu’une simple partie de cartes — peut-être des rêves, des colères, des vies entières, réduites au simple éclat d’un jeton glissant sur la table.
Du moins, jusqu’à ce que le prospecteur n’abandonne la partie. Là, un siège se trouva vide. Et je m’avançais pour prendre la place.
Moi, aussi, je voulais jouer.
— Messieurs... saluai-je vaguement avec un petit sourire sournois au coin des lèvres.
Je n’oubliai jamais un visage. Mais allait-on me reconnaître ?
Avec de l'argent, on fait parler les morts. Sans argent, on ne peut pas faire taire les muets.
Messages : 71 Feuille de personnage Disponibilité RP: Dialogue: #cc6666 Age: 27 Métier: Medium Caractéristiques:
Nécromancienne romanichelle
Mar 29 Oct - 20:53
Le joueur au visage buriné par le soleil et les années que j’avais déjà croisé m’avertis que je rejoignais la partie tant que « la grosse ». « La grosse » pour « la grosse blind », j’avais compris. Ça tombait bien : j’étais, certes, un oiseau de passage mais j’étais un oiseau de passage blindé.
Toutefois, sortie du contexte, la phrase pouvait prêter à confusion, il fallait avouer. J’eus un rire amusé. Un rire qui se passait de commentaire, juste là pour dérider ces bons sieurs que je soupçonnais d’être fort ennuyeux.
Pas de commentaire d’autant plus que j’alignais les dollars sans sourciller, les sortant élégamment du petit sac de perles et de breloques qui fut négligemment posé à même le tapis vert de la table de jeu. Les quatre cents et les deux dollars furent glissés dans le pot avec un petit sourire ironique au coin des lèvres. Après tout, qu’est-ce que représentait cette somme sur les soixante-dix mille avec lesquels je me trimballais depuis la Nouvelle Orléans ?
L’argent, c’est fait pour être dépensé. Et j’ai toujours aimé jouer.
Après avoir croisés quelques regards en coin, plus ou moins hostiles, plus ou moins patibulaire, les cartes furent consciencieusement distribuées par le croupier. JET DE DES "Chance" - REUSSITE (11) JET DE DES "Cartes" : Sofia reçoit des cartes « Connecteurs avec potentiel de couleur »
Je jetai un œil discret au coin des cartes en les tordants un peu. Ce n’était pas le meilleur des jeux. Ce n'était pas le pire non plus. Au bluff, ça pouvait passer en fonction des autres cartes qui sortaient. Alors je tentais de garder un visage impassible. Ou plutôt, le sourire narquois que j’affichais ne s’atténua ni ne s’accentua pas.
J’attendis que les autres joueurs soient servis pour demander à mon voisin qui fumait allègrement :
— Vous auriez une cigarette, s’il vous plait ?
Et comme je rejoignais la partie en tant que la grosse blind, j’attendis que les autres annoncent s’ils suivaient, relançaient ou se couchaient. Bien sûr, j’observais en détail les réactions des autres grognons pour trouver parmi eux, ceux qui feintaient et ceux qui, intérieurement exultaient, persuadés de gagner.
Pour ouvrir nonchalamment la discussion, je me risquais, l'air de rien, à une question :
— Est-ce que cette place porte malheur ? Combien a perdu le bougre qui était ici ?
Perdre paraissait être le cadet de mes soucis. Par contre, difficile d’éviter d’évoquer la scène qui avait précédée sa sortie.
Avec de l'argent, on fait parler les morts. Sans argent, on ne peut pas faire taire les muets.
Messages : 71 Feuille de personnage Disponibilité RP: Dialogue: #cc6666 Age: 27 Métier: Medium Caractéristiques:
Nécromancienne romanichelle
Jeu 31 Oct - 17:04
Sur le tour de table, deux hommes s’étaient couchés. Un avait suivi. Je prenais le temps de le dévisager et de le jauger avant de relancer quand le croupier s’arrêta net. Il se mit à engueuler celui qui venait de passer son tour en rangeant ses cartes face contre le tapis.
Il l’appela « Général ». Un titre que le quarantenaire devait trainer de la récente guerre. Côté de la Confédération, si je jugeais à la blague à tabac et le numéro d’unité gravé sur la pipe en bois qu’il venait de sortir de ses poches. Un partisan de la Sécession, donc. J’aurais été incapable de dire précisément de quel corps d’armée il venait mais c’était bon à savoir. Voilà qui permettait d’un peu mieux cerner le lascar.
Le croupier reprochait au joueur de fouiller dans des papiers ; une maladresse qu’on aurait pu apparenter à de la triche. Comme un enfant pris les doigts dans le pot de miel, il montra la paume de ses mains afin de ne pas être évincé de la table. Alors il commença à ranger.
Ne voyant pas où se trouvait le problème, et étant d’humeur à essayer de taquiner pour déstabiliser, je voulais profiter de cette animation. Me croyant maline, je repris audacieusement le croupier avec un sourire charmeur pour apaiser un peu ce pauvre garçon qui passait sa journée à tourner les cartes sans profiter du frisson de la mise et du jeu :
— Allons donc ! Qu’avez-vous donc dans les poches, m’sieur le chasseur de prime ? Vous ne voulez pas nous montrer ?
Ce ne fut que quand, un peu tard, je vis dépasser de sa pile un coin de l’esquisse de ma trogne qu’ils avaient trouvé utile de joindre au papier du New Orléans Times qui parlait de l'escroquerie dont on m'accusait, que je compris que mon effronterie me coûterait peut-être un peu plus qu'un regard de travers. Le revers de la médaille quand on avait une jolie gueule : parait-il que dans les faits divers, j’avais fait sensation au moment de mon incarcération. Peut-être même une raison pour envoyer ma gueule dans tous le pays pour les détraqués qui courraient après tous les malfrats que ces terres de dégénérés comptaient.
Je compris. Tout en essayant de garder la face, je blêmis, tirant machinalement sur la cigarette qu’on venait me de m’offrir et la recrachant lentement.
— Alors ? fit l’autre joueur joueurs toujours en lice alors que, sous la table, sa jambe tressautait pour évacuer la tension du bluff que je le soupçonnais de mener. — Je relance, fis-je en rajoutant cinq dollars au pot.
Le geste paraissait machinal, désintéressé. Mais je ne lâchais pas cet ancien militaire de mes yeux noirs.
Avec un peu de chance, il avait oublié et il rangerait sa paperasse. Le papier remontait au moins à une bonne année et n’était plus d’actualité.
Si j’étais venue dans ce trou paumé, c’était avant tout pour faire oublier les frasques du procès. Alors j’aimais autant ne pas trouver quelques lettrés un peu trop bien informés pour en parler. Marre de me justifier.
Bosmuki, je n’avais pas fait tous ces miles en roulotte pour avoir encore à rejouer les séances qui s’étaient tenues au tribunal ! Le jugement était en ma faveur. Maintenant, j’avais le droit de dépenser les indemnités sournoisement gagnées…
Avec de l'argent, on fait parler les morts. Sans argent, on ne peut pas faire taire les muets.
Messages : 71 Feuille de personnage Disponibilité RP: Dialogue: #cc6666 Age: 27 Métier: Medium Caractéristiques:
Nécromancienne romanichelle
Dim 3 Nov - 23:49
— Désolée, j'ai de la monnaie à écouler, fis-je un sourire aux lèvres feignant la naïveté et la crédulité dès que le croupier se fendit d’un rappel des règles.
Il faut dire que la relance dépassait l’entrée. Et la diversion était bien suffisante pour faire oublier les papiers que monsieur le Général, puisque c’est ainsi qu’il se faisait appeler, rangeait dans la poche de sa veste. Je m’attendais bien à ce que mon erreur intentionnelle fut relevée. Parce que j’aimais agacer mes camarades de jeux. Ils pensaient souvent pouvoir me plumer et, même si je ne gagnais pas, je ne perdais jamais la face ainsi, en prétendant ne rien connaître des règles et être incapable de manipuler et les joueurs et les esprits de la chance qui rôdaient autours de la table.
Grâce à l’argument de celui qui venait de se coucher, le pot fut exceptionnellement augmenté. Et j’aimais ce risque. Pour le dernier joueur qui ne s’était pas couché et attendait probablement le flop pour se décider, la tension augmentait d’un cran à mesure que les cartes sur la partie centrale se retournaient.
JET DE DES "CHANCE" – ECHEC critique (20)
Rien. Vraiment rien qui statistiquement pouvait m’appuyer. Cela dit, j’essayais de de pas paraitre le moins du monde déstabilisée en fixant mon adversaire. L’homme, pensif, paraissait prendre des distances pour ne pas avoir à croiser mon regard. Alors j’insistais. Espiègle, j’espérais l’agacer assez pour lui tirer un petit relâchement de nerfs.
— Je suis, choisit l’adversaire. — Moi aussi, annonçai-je sans faire de suspens.
Le croupier pris les jeu et retourna le turn. Et là… ça commençait à être intéressant.
JET DE DES "CHANCE" – REUSSITE (4)
Ce fut la bonne couleur qui sortit. Et j’essayai de masquer mon léger sourire par une fausse moue agacée. Histoire qu’on croit que je cherchais à cacher une forme de déception pour le pousser à poursuivre. J’avais envie d’aller jusqu’au showdown, quitte à ce qu’il y ait une relance.
— Je suis, refit l’homme, évitant toujours consciencieusement mon regard. — Moi aussi, m'engageai-je derechef.
Et le croupier retourna la river qui sonnait le glas de cette partie.
JET DE DES "CHANCE" – REUSSITE (12)
Encore de la couleur. J’étais garnie. A la révélation des cartes, le tirage était à ma faveur. Je gagnais la partie ; ce qui ne manqua pas de tirer une mine assurément crispée à celui qui se sentait maintenant flouée. Il pouvait croire qu’il s’agissait là de la chance du débutant mais je n’étais pas à mon coup d’essai.
Je récupérai les dollars du pot et remisai immédiatement en gardant cet air arriviste et faussement naïf de celle qui n’avait rien à faire ici mais qui parvenait, sur un coup de chance, à sortir les cartes qu’il fallait.
Ce n’était que ma première partie et, déjà, je sentais l’irritation autour de la table montrer d’un cran.
Comme une dame bien née, sans lâcher mon sourire satisfait, je me retrouvais à tirer sur ma cigarette comme une dame. Depuis que les esprits m’avaient ramené de belles sommes en proposant à des clients d’investir dans l’immobilier posthume, je n’avais pas manipulé de telles sommes récemment gagnées. Comme au bon vieux temps, je retrouvais cette petite part d’exaltation décidément oubliée.
Avec de l'argent, on fait parler les morts. Sans argent, on ne peut pas faire taire les muets.
Messages : 71 Feuille de personnage Disponibilité RP: Dialogue: #cc6666 Age: 27 Métier: Medium Caractéristiques:
Nécromancienne romanichelle
Mer 6 Nov - 21:23
Pluie de jetons. Hallalujah ! Des félicitations ? Ah non.
Je n’aurais rien demandé de mieux. Et, une victoire, ça rendait d’un coup plus supportable, à la table, toutes les aigreurs des autres vieux grincheux.
Nouveau tour. Nouvelle main. Tous se jetèrent sur leur cartes comme des vautours. Et, le coin d’œil toujours pétillant de malice, je m’amusais à les observer. Bon jeu ? Mauvais jeu ? Quoi qu’il arrive je venais de débarquer et je ne les connaissais pas assez pour en juger. Par contre, il y avait un tour que je connaissais pour les agacer.
Je ne regardai pas mes cartes. Pas une seule fois je ne les touchai. Posées face contre le tapis, j’attendais. L’une sur l’autre, les deux cartes restaient face contre terre, impeccablement droites et borgnes. L’homme à ma droite l’avait remarqué. Il me scrutait, les yeux chargés de reproches. Alors, joueuse, je lui rendis son regard avec une petite lueur de défi au fond de ma rétine noire comme le pique et le trèfle des cartes.
En face de moi, le Général, comme il se faisait appeler, relançait de cinquante cents. Une jolie petite somme, avouons. En homme avisé, je me doutais qu’il n’était pas du genre à bluffer sournoisement. Il avait quelque chose, sinon j’étais intimement persuadée qu’il ne l’aurait pas tenté.
A mon tour, sans savoir ce que j’avais, j’exposai la décision qui ponctuerait cette partie pour y mettre un peu de divertissement :
— Je suis, fis-je.
Mon voisin, déjà agacé, maugréa, pour informer les autres, dans le cas où ça leur avait échappé :
— Elle n'a pas regardé…
Alors, avec un sourire amusé, je le sondais en le dévisageant assez longtemps pour que ses traits se durcissent et se figent de mécontentement. A sa froideur, j’opposai un chaleureux sourire mesquin. Contrairement à d’autres, mes dents n’étaient pas gâtées et j’étais assez fière d’en découvrir l’émail brillant comme des crocs de louve.
— Je crois que la chance et les esprits sont de mon côté, rétorquai-je sans animosité. Je n’ai pas besoin de m’en assurer.
Et, du bout des doigts remplis de bagues en argent et en étain, je poussais la mise vers le centre de la table vers le pot.
Avec de l'argent, on fait parler les morts. Sans argent, on ne peut pas faire taire les muets.
Messages : 71 Feuille de personnage Disponibilité RP: Dialogue: #cc6666 Age: 27 Métier: Medium Caractéristiques:
Nécromancienne romanichelle
Mar 12 Nov - 18:37
Dans la pièce sombre et enfumée, éclairée par une lumière vacillante, mon regards foncé oscillaient entre les différents joueurs, mais ils s’arrêtaient toujours sur le général. Son visage était dur, presque figé, comme sculpté dans la pierre. Les rides profondes, héritées de batailles et de nuits sans sommeil, renforçaient son expression impassible, lui donnant un air sévère, presque intimidant. Ses cheveux bruns, impeccablement coiffés, encadraient un regard perçant, où se mêlaient des nuances de gris et de vert. Ces ceux-là ne flanchaient jamais. Ils scrutaient chaque joueur autour de la table avec une froideur tranchante, comme s’il pouvait lire leurs secrets les plus sombres. Et, surtout, il me scrutait moi.
Sa carrure impressionnante lui conférait une présence imposante, et, bien qu’il soit assis, il dégageait une vigilance presque palpable. C’était pour ça que le croupier l’avait écouté sans chercher à le contredire. Chaque muscle de son corps semblait tendu, prêt à réagir au moindre signe de menace. Son habit, bien que vieilli et usé, ajoutait à son allure que je devinais autrefois martiale. Les boutons dorés ternis et les insignes effacés n’étaient pas là pour briller, mais pour rappeler silencieusement ses années de guerre et de commandement. Tout comme la blague à tabac qu’il avait ouverte.
Il se tenait dans une posture fermée, défensive, les épaules légèrement avancées, comme s’il s’abritait derrière une ligne de front invisible. Sa main gauche reposait près de ses cartes, mais c’était sa main droite qui attirait mon attention, car elle effleurait sa poche, avec une tension à peine contenue, comme s’il était prêt à en tirer une arme si la situation le demandait, ou ressortir encore ses foutus papiers. Tout dans son attitude était un avertissement : il ne se laisserait pas surprendre, et quiconque essayerait de l’affronter trouverait en lui un adversaire implacable.
Je tirai une nouvelle fois sur ma cigarette en ne le lâchant pas de mes yeux noirs. Lentement, je soufflai le nuage de fumée à l’arrière, sans chercher à indisposer les autres joueurs. Je pris le temps de me redresser, de poser un coude sur le tapis vers devant mes cartes en dédaignant toujours d’y jeter un œil.
Je fixai, ce « Général » suspicieux en articulant, avec une dose d’effronterie plutôt que de provocation :
— Et vous pensez que la chance se monnaye, mon Général ?
Mon visage irrémédiablement souriant chercher à le déstabiliser. Je voulais qu’il aille au bout de ses allégations pour me libérer des soupçons qu’il avançait éhontément.
Avec de l'argent, on fait parler les morts. Sans argent, on ne peut pas faire taire les muets.
Messages : 71 Feuille de personnage Disponibilité RP: Dialogue: #cc6666 Age: 27 Métier: Medium Caractéristiques:
Nécromancienne romanichelle
Jeu 14 Nov - 17:04
Systématiquement, je suivais. Les deux autres joueurs se couchèrent. Il ne resta plus que le Général et moi dans la partie. Et je voyais à sa mine renfrognée qu’il attendait le dénouement du jeu uniquement pour voir la tension encore monter. Peut-être était-ce un nostalgique de la guerre à qui la dose quotidienne d’adrénaline manquait ?
Soudain, sa remarque me fit tiquer. Selon lui, la chance se provoquait plus qu’elle s’achetait. Il affirmait bien for que les esprits n’existaient pas, qu’il s’agissait d’une forme de charlatanisme, avant d’évoquer une affaire d’idiots qui avaient achetés des concessions dans le monde d’après.
Mon regard noir frôla l’éclat des iris jades qui glissait sous ses paupières à demi-closes. Je voyais chez lui une forme de fierté le titiller. Il m’avait remise. Il avait compris que j’étais. Et à la façon dont les autres abrutis m’épiaient, je comprenais qu’il était bien le seul à comprendre de quoi il en retournait.
A vrai dire, je lui étais plutôt reconnaissante de ne pas m’avoir directement accusée frontalement. Les accusations mènent au doute. Et le doute, c’était tout ce que je fuyais en venant me perdre ici, où les publications contenant mon joli minois avait eu le temps de s’égrenait à tous vents. Il n’y avait que les adeptes de sensationnalisme et chasseurs de prime pour y faire attention.
— Vous ne croyez pas aux histoires de fantômes, mon Général ? repris-je.
Un sourire narquois s’étirait sur mes lèvres qui découvrait l’émail de mes dents dans un sourire un peu carnassier. Je ne le laissais pas répondre tout de suite. La réponse, je pouvais la deviner : il avait tout d’un cartésien comme le sont souvent les hommes de guerre et les militaires. Alors, sans le laisser en caser une, j’avançais :
— Moi, je ne crois pas au paradis promis par l’Eglise. Ma famille a toujours vu des choses. Et dans ses choses j’ai compris que le purgatoire ne ressemblait en rien à celui qu’on nous a toujours promis. Je crois que les lois de l’invisible sont infiniment plus nombreuses et complexes que celles sur lesquelles on s’accorde par commodité. Alors vous appellerez probablement des charlatans ceux que j’appelle des clairvoyants, personnellement.
J’étais une romani. J’en avais la dégaine et j’en avais le discours. Certains hommes autours de la table se signèrent, parce que, pour eux dans mes mots, il y avait parjure. J’attendais de voir ce que mon adversaire en dirait. Et pour finir de gratter le vernis de ce portait sinistre qu'il m'opposait, j’ajoutais :
— Vous n’avez rien vu sur le champ de bataille pour vous faire douter des formes que peuvent prendre l’enfer ? Et si vous aviez pu l’éviter, ne l’auriez-vous pas fait ?
Pendant ce temps, le croupier retournait le flush. Je ne connaissais toujours pas le contenu de mes cartes.
Avec de l'argent, on fait parler les morts. Sans argent, on ne peut pas faire taire les muets.
Messages : 71 Feuille de personnage Disponibilité RP: Dialogue: #cc6666 Age: 27 Métier: Medium Caractéristiques:
Nécromancienne romanichelle
Ven 15 Nov - 21:17
A la façon de laisser le poing mollement tomber sur la table et à abattre ses cartes, je comprenais que le joueur ne craignait pas le conflit. Rien d’étonnant chez un militaire, qu’on se le dise. Alors, patiemment, sans me démonter, j’écoutais ses arguments. Je le laissai parler et il causa longtemps pour parler de son expérience de la guerre qu’il associait irrémédiablement aux enfers.
Ce type n’avait rien d’un idiot. Pourtant, je trouvais quelques failles dans le discours qu’il utilisait. Il ne m’avait pas échappé qu’il voulait m’exposait tout en évitant soigneusement le fond du sujet. Très directement, il dévoila être persuadé d’avoir pratiqué le charlatanisme. Je ne pris pas la peine de m’offusquer, cependant mes lèvres s’étirèrent dans un sourire pincé.
Vraiment ? Il avait vraiment envie de rejouer un procès autour d’une table, au milieu des cartes à jouer ?
Il me fallut un court instant pour me remettre du fait qu’il m’avait appelé directement par mon prénom. Pour faire monter d’un cran la tension, je mis la mains sur mon jeu, prête à le dévoiler puisqu’il n’y avait plus que nous deux encore en lice pour ce tour.
Les autres joueurs de la table s’étaient suspendus à mes lèvres pour essayer de comprendre qui avait raison et qui avait tort.
— Monsieur le Général… murmurai-je. Si vous affirmez que l’enfer une création de l’esprit humain, comment pouvez vous ensuite dire que vous les avez expérimentés à Little Round Top ? Il y a, pour moi, une sérieuse contradiction.
Je ne connaissais rien des visions infernales qui habitaient ce type. Nous autres, les gens du voyages, nous avons toujours été doués pour éviter les conflits. On parle un peu. On flouze beaucoup. Et on passe toujours entre les griffes des loups. Par contre, à défaut de connaître la guerre, j’avais ma petite expérience de la rhétorique. Mon cerveau a toujours très bien retenu les différents argument et il m’a souvent été facile de retrouver les sophismes et les paralogismes dans les discours de mes opposant. Alors, ce n’était plus tant le fond des problèmes qui comptait mais la forme.
— Vous ne croyez pas que vous me jugez un peu rapidement monsieur … ?
Un général. Un général à Little Round Top. Il n’y en avait pas cinquante, nom de nom ! Et puis, tout au long de mes voyages j’avais déjà croisé des soldats et des officiers. Certains en avaient parlé. Vite, petite mémoire, vite ! Retrouve-moi le nom…
— ... Powell, finis-je, aussi naturellement que possible.
Pas besoin de lire des torchons pour savoir que je n’avais pas tué ou mené autant de gens que lui à la ruine et au néant.
Autour de la table les autres joueurs commençaient à s’agacer et j’entendis un :
— Bon, elle va enfin retourner son jeu, la voleuse de poules, là ?
Après avoir fusillé du regard le forcené, je me décidais à, dans un geste nonchalant, retourner mes cartes mollement.
JET DE DES "Cartes fermées de Sofia" - Rien (12) JET DE DES "Avec les cartes du flop" - ECHEC (17) JET DE DES "Avec les cartes du turn" - ECHEC (16) JET DE DES "Avec les cartes de la river" - REUSSITE (3)
Pas grand-chose. A peine une combinaison vague de couleur avec la river. Rien de bien fou. Ça ne battait pas le jeu de mon adversaire. Le pot était pour lui. Je passais à côté du gros lot.
Tant pis, aux jeux de la chance, il faut accepter d’être floué et la somme misée était encore dérisoire à côté de celle que je détenais. Il me restait une pirouette à trouver et c’était réglé.
— Même depuis l’au-delà, vos hommes vous sont fidèles, lâchai-je. Vous les avez menés au martyr et, pourtant, leurs esprits semblent derrière vous. En parlant de profiter de gens naïfs, enrôlés à la chaîne, avec de beaux discours, sous couverts de grandes ambitions et de bons principes… Je crois qu’ils n’étaient pas mauvais non plus, dans votre camp.
Je lui adressai un petit clin d’œil plein de sarcasme.
— Ma'ame, Général, il serait peut-être de bon ton de continuer cette discussion ailleurs. Il serait préférable que le jeu reste sérieux... se vexa un peu le croupier.
Je serai bien restée pour discuter mais j’étais assez de son avis. En plus, derrière moi, un jeune homme, le regard fixe et calculateur, bien que sa cervelle dût un peu baigner dans les quelques whisky qu’il s’était enfilé trépignait à l’idée de prendre une place et je la lui accordais sans chercher à me battre. Comme la tournure que prenait la partie m’ennuyait, je décidais de lui laisser la place en récupérant une part infime de la mise du tour précédent. Un tout petit bénéfice, rien de bien méchant.
— Je vous laisse donc, messieurs, murmurai-je. Bon jeu !
Et j’essayai de m’extirper de ce bourbier. Mais quelque chose me disait que le Général n’accepterait pas franchement de ne pas avoir le dernier mots après m’avoir ainsi publiquement accusée…
Avec de l'argent, on fait parler les morts. Sans argent, on ne peut pas faire taire les muets.
Messages : 71 Feuille de personnage Disponibilité RP: Dialogue: #cc6666 Age: 27 Métier: Medium Caractéristiques:
Nécromancienne romanichelle
Lun 18 Nov - 18:05
Après être passée régler honnêtement mes consommations auprès du tenancier, je décidais de m’en aller. L’endroit me renvoyait des mauvaises énergies. Je n’avais plus l’envie d’y trainer. Rien à voir avec le fait d’avoir perdu quelques deniers : j’avais l’impression que les ombres s’étiraient et que des mauvaises intentions se baladaient, s'étendaient et me rattrapaient pour m'avaler.
Quand je mis un pied à l’extérieur, dans la nuit sombre. Entre les habitations où ma lumière des lampes à pétrole s’étirait sous les ouvertures des fenêtres à battant, je distinguais un fin croissant de lune qui veillait sur les dormeurs, les somnambules et les quelques noctambules.
En m’enveloppant dans un manteau, je me jetais dehors, pressée de rejoindre ma roulotte où j’aurais été un peu plus en paix. Quand une voix, derrière moi, retentit pour m’arrêter.
C’était l’ancien Général. Le Powell. Il avait aussi quitté la table de jeu. Le bougre avait du coffre et, avec son air sévère et sa tronche de six pieds de long, il était d’un sérieux presque risible, s'il ne me tenait en joug. Au bout de son bras, je savais que son revolver était prêt à cracher. Un Roger & Spencer six coups si je voyais bien dans la pénombre. Sous mes jupons, ficelé contre ma cuisse dans une de ces vieux holster que l’on confectionnait pour les filles de joie, j’avais aussi un colt. Néanmoins, les instructions étaient claires. Lever les mains en l’air. Et mettre une joue dans la poussière.
Je sentais des esprits flotter autour de celui qui avait été un maître de guerre. Pour une fois, je n’avais vraiment – mais de chez vraiment – pas envie de faire la fière et de mettre la face par terre.
Une arrestation en règle comme j’avais déjà pu l’expérimenter à la Nouvelle Orléans, quelques mois plus tôt. Pour cette raison je ne me démontai pas :
— Je ne mettrai pas la gueule dans la poussière, mon Général, rétorquai-je avec aplomb, en me précipitant pour montrer mes mains désarmées, au-dessus de ma tête.
A part des ongles crochus, il n’avait rien à risquer. De toute façon, à part avec ses boules dans la poignes, je n’aurais pas pris l’ascendant physique sur un tel vétéran.
Je restais un moment figée et silencieuse. La respiration plombée à l’idée de me prendre une balle dans le front ou dans le ventre, j’essayais de réfléchir et de comprendre. Ce n’était pas dans ma nature de paniquer. Des armes, il y en avait déjà un paquet qui m’avaient pointée. Et, à la réflexion, ce n’était pas ici que j’aurais voulu mourir, : j’aurais simplement préféré ne pas finir dans une rue insipide, au fin fond de ce pays maudit, mais je n’avais nullement l’intention de m’écraser.
Alors je m’ancrais dans le sol sans bouger, en essayant de donner l’illusion de ne pas vouloir déguerpir et aller me planquer dans un trou comme une petite souris effrayée. Même si ma tripaille me disait de prendre la fuite, je savais que ça avait tout d’une mauvaise idée.
Qu’allait-il faire de plus ? M’abattre comme un chien affamé ? Je n’avais rien fait. Et pour ce dont on m’avait déjà accusée, j’avais déjà été proprement jugée.
— Donc vous vous êtes reconverti en chasseur de primes, si je comprends bien, hein ? déduisis-je. Elle date un peu l'affichette que vous avez, non ?
Sinon, quel intérêt pour lui de poursuivre du gibier recherché ?
— Vous arrivez un peu tard, m’sieur Powell. J’ai déjà été jugée. Et j’ai gagné. J’ai été relâchée le vingt-huit novembre dernier, affirmai-je les bras toujours levés au-dessus de ma tête. Blanche comme neige et avec les intérêts.
Je n’avais même pas à essayer de faire les yeux doux pour mentir : je disais l’absolue vérité. Une assurance qui ne m’empêcha pas de trembler quand je vis son canon légèrement osciller.
— Si vous ne me croyez pas, j’ai des papiers du tribunal, affirmai-je en faisant un minuscule pas en arrière. Moi, je ne sais pas bien lire, mais je suis sûre qu’ils pourraient vous intéresser…
Et, avec une moue embêtée d'une enfant accusée d'une bêtise qu'elle n'avait pas commise, je lui tendais mes poignets pour lui montrer ma bonne foi. Cela n’aurait certainement pas été la première fois que me serais retrouvée menottée mais si c’était pour la bonne cause, et pour ne pas finir bêtement amenée au poste auprès des officiers, j’acceptai de m’y plier volontiers…
Avec de l'argent, on fait parler les morts. Sans argent, on ne peut pas faire taire les muets.
Messages : 71 Feuille de personnage Disponibilité RP: Dialogue: #cc6666 Age: 27 Métier: Medium Caractéristiques:
Nécromancienne romanichelle
Mar 19 Nov - 10:44
Dès qu’on en comprenait les règles, on comprend vite que la vie est un jeu. Un jeu complexe, un jeu un peu fou mais un jeu quand même. Il y a ceux qui gagnent et ceux qui perdent. Et puis il y a ceux qui pensent avoir gagné alors qu’ils ont perdu… Le pauvre chasseur de primes ne savait pas encore qu’il appartenait à la dernière catégorie. Alors je lui pardonnais de passablement se montrer bien impoli. Aussi et surtout, parce que le canon de son revolver me pointait toujours. Et qu’à ce moment précis, je me sentais assez en sursis.
Il voulait nous trouver des points communs alors, se pensant sûrement grand seigneur, ils se mit à déblatérer quelques des généralités sur mon ethnie. Des clichés assez redondants de nuisible, de vermine, d’invisibles et de constamment rejetés. Je serrais un peu le poing pour essayer de contrôler la petite envie de lui répondre que, quand il s’agissait de faire le cirque, d’organiser de Foire, de fournir des travailleurs efficaces et informés ou des jolies filles toute bien dressées, là, personne ne nous traitait de poules. Au moins ma communauté a toujours semé plus de sourires qu’elle n’a jamais semé la mort. On ne pouvait pas en dire autant d’un confédéré.
Il me demanda de laisser le papier que j’avais évoquer par terre et de reculer. Comme si j’avais la tête ou la place dans mes vêtements échancrés de me balader avec toute la paperasse qu’on m’avait donnée à l’issue du procès…
— Désolée, mon grand, je ne me trimbale pas le dossier sur moi, rétorquai-je en essayant de contrôler un rictus qui aurait trahis mon infortune.
Je veillais à garder les mains en évidence. Insolente, oui. Opportuniste, sûrement. Mais ni suicidaire, ni téméraire.
Et, à toute vitesse, je réfléchissais pour, dans le calme, trouver une solution. Et toujours crispée par la situation, je proposai :
— Je crois qu’on a que deux solutions. Soit vous me suivez, je vous montre tout ça, que vous soyez rassuré sur l’idée qu’une méchante criminelle ne se trimballe pas dans les rues de votre charmante bourgade. Soit vous m’emmenez au bureau de shérif, vous envoyez un télégramme à La Nouvelle Orléans qui mettra des lustres à obtenir une réponse. Je pourrirai en prison. Vous n’aurez pas de prime parce qu’il n’y a plus de prime, et, pour vous comme pour moi, ça risque d’être bien long, bien ennuyant et finalement décevant. Enfin... Décevant pour vous, surtout, et ennuyeux pour moi, je crois.
J’essayai de ne pas parler trop vite, mais mon palpitant bondissait et me poussait à augmenter le début. En même temps, mes méninges s’activaient vite pour me sortir de cet étranger et inutile bourbier.
— Il y a une autre possibilité, mon chou, proposai-je en faisant un petit pas en avant un peu craintif. Je crois que la rançon fixée par les Vanderbilt était de deux cents dollars. Je vous les offre et vous me lâchez la grappe ?
Du fric, j’en avais. Un peu trop même au vu de mon mode de vie et ce que je pouvais dépenser dans ce trou à rats reculé où il était facile de poser quelques collets et de cueillir dans bosquets. J’avais déjà investi dans les essentiels. Le reste, je pouvais le claquer sans trop regarder, avant qu’on me propose de correctement le placer.
Et rester de ce monde, ça me paraissait un investissement plutôt intéressant, il est vrai.
— Vous en dites quoi, hein ? Vous ne voulez pas baisser votre putain de six-coups le temps qu’on discute ? grinçai-je. Je ne vais pas m'échapper... Parole !
Pas que j’étais particulièrement fatiguée de sentir ma vie tenir à un fil, mais je n’allais pas tenir les mains au-dessus de la tête toute la nuit…
Je n’étais pas un danger. Je n’allais pas déguerpir ou lui sauter à la gorge. Et il aurait fallu être fou pour mettre un ancien chef de guerre en joug…
Avec de l'argent, on fait parler les morts. Sans argent, on ne peut pas faire taire les muets.